Il est là, devant l’entrée. Sur le trottoir. Je le vois depuis le comptoir. C’est le moment de prendre ma pause pour avoir une occasion de lui parler comme il se doit. On s’est croisé le matin et le soir de temps en temps. On se dit bonjour pour être poli mais rien de plus et mon dieu ce que je le trouve craquant. Je voudrais juste savoir son prénom pour pouvoir mettre un nom sur son beau visage. J’avoue j’ai fait des recherches sur le net en tapant le nom du dinner où il bosse pour voir si je trouvais son profil linkedin ou quoi, mais non rien. Dommage. Je préviens ma collègue que je prends ma pause et je sors. Il est là, à quelques pas. Je sors mon téléphone pour faire genre je check quelque chose et puis je me cale contre le mur, vraiment pas loin de lui. Je me dis que si je fumais j’aurai pu lui demander du feu mais non, j’ai pas cet avantage là. Je jette des coups d’oeil vers lui et je lui fais un petit sourire quand nos regards se croisent.

« Hey… Salut. »

Allé Imogen, on ose, on parle, on ne reste pas qu’à dire bonjour. S’il retourne à l’intérieur maintenant ce sera encore une occasion manqué.

« Ca fait plusieurs fois qu’on se croise. Tu bosses à côté c’est ça ? »

Genre je sais pas, alors que je le sais très bien. Il faut bien dire quelque chose pour engager la conversation alors je n’aurai pas mieux en stock.

« Moi c’est Imo. Enfin, Imogen. Je bosse là. »

J’indique le Starbucks derrière moi.

" Je sors prendre ma pause avant de m'endormir " Lançais-je à Eoghan alors que je pousse la porte à battant de la cuisine. Une clope entre les lèvres, le briquet en mains, je souris doucement aux demoiselles qui sont assises dans le booth au fond du restaurant et je sors. Un léger courant d'air vient me réveiller et j'ôte mon foulard rouge que j'enfonce dans la poche arrière de mon jeans noir. C'est une belle journée mais il n'est que 15h et je quitte à 23h ce soir. Alors forcément, je suis un peu frustré d'être là au lieu d'être en train de faire du sport, de délirer avec mes potes ou d'être au salon de Jeffrey pour participer aux séances de tatouages de la journée. Je lève le briquet, enclenche le mécanisme et allume le bout de ma cigarette. Je ne fume pas beaucoup mais... J'en ai besoin de temps à autre. Ça me dépend et ça me fait réellement décompresser. Je ferme les yeux, le dos appuyé contre le poteau juste à côté du restaurant et j'entends des voix. Des potentiels clients mais c'est pas bien grave, je les laisse à Eoghan. Son accent irlandais les fera craquer, aucun soucis là dessus. On cherche tous l'exotisme où qu'on soit. Et si en France j'étais l'exotisme pur, ici, je ne suis qu'un habitant des plus normal. Je rouvre les yeux, ma cigarette déjà bien entamée et je tourne le visage vers le Starbucks. J'en prendrais bien un mais il est trop tard, ma pause est presque finie. Et oui, si j'en avale un là, c'est soit je me brûle le gosier, soit j'ai la cervelle congeler pour les deux heures à venir. Un sourire à la barista du café et je lui porte toute mon attention quand elle me parle. Enfin, pour le 'salut', c'est un signe de tête de ma part. " Ouai c'est ça. Le clown que tu vois en patin à roulettes quand il y a trop de monde, c'est moi " Lâchais-je sur le ton de la déconade avant de sourire doucement. Elle est vraiment mignonne cette demoiselle. Imogen. Ça lui va bien. C'est joli et atypique. Tout comme Alfred. " Enchanté " Lançais-je doucement en tendant ma main vers la belle brune. Très solennel tout ça mais... C'est comme ça qu'on m'a élevé et je n'arrive pas à me débarrasser des codes que mon père a mis 25 ans à m'inculquer. " Moi c'est Alfred. Enfin, Alfie. Je déteste qu'on m'appelle par mon prénom " Lâchais-je en ronchonnant doucement, tirant sur ma cigarette. " Ça fait longtemps que tu bosses ici ? " Elle était là avant moi, ça c'est sur. Mais combien de temps avant ? Bonne question.

Je ris un peu quand il se traite de clown avec des patins à roulettes. Je n’avais même pas remarqué pour dire la vérité parce que je ne l’ai jamais observé faire son boulot. Juste dehors quand il prend ses pauses. Oui j’ai déjà passé dix minutes à le regarde au travers de la vitrine et j’ai un peu honte de l’avouer. Quand je me présente il tend sa main et je vais la lui serrer. Oh mon dieu je le touche. Reste calme Imogen, surtout reste calme. Mais je sens déjà le rouge me monter aux joues et mon coeur battre un peu plus vite. Comme si lui parler n’était pas suffisant pour mon petit coeur.

« Enchanté. »

Je crois que j’ai mis un trop long moment avant de lui répondre cette banalité, mais je n’y peux rien. Il m’hypnotise ce mec. J’apprends qu’il s’appelle Alfred. Je ne l’aurai pas imaginé porté un tel nom. Il va par Alfie, je retiens, j’hoche la tête.

« Alfie c’est noté. »

Pire que noté c’est gravé dans ma tête. Il me manque plus que son nom de famille pour le trouver sur facebook, ça c’est une autre paire de manches. Je souris un peu trop quand il entame la conversation, me demandant depuis quand je bosse au Starbucks. C’est pas grand chose mais ça me fait plaisir de voir qu’il a envie de discuter avec moi. Au moins il n’est pas fermé. Et il est toujours aussi beau mon dieu.

« Ouais ça va faire trois ans que je suis là. Toi tu viens de débarquer non ? Je t’avais pas remarqué avant. »

Oops tu viens de balancer que tu le mates. Non, ça veut pas forcément dire ça, si ? Non. Tu juges que non. C’est une phrase tout à fait légitime à dire. Sauf que oui je le mate ouvertement depuis le premier jour où je l’ai remarqué, mais ça il n’a rien du voir de son côté. Je sais être discrète. Enfin je crois… Je me mordille la lèvre inférieur et je cherche autre chose à dire pour ne pas qu’il parte déjà. Je suppose qu’après sa clope il va filer et je n’ai pas envie que ça soit déjà la fin.

« T’es nouveau en ville ou t’as juste changé de job ? »

C’est nul comme phrase mais j’ai rien trouvé de mieux sur le coup.

Trois ans. Wouaw. C'est long trois ans. Je n'ai jamais eu de job aussi longtemps. Même à Paris, j'essayais de changer de bureau pour lequel je bossais tous les ans ou tous les deux ans, juste pour voir si l'herbe est pas plus verte ailleurs et pour voir différentes manières de travailler. La routine, c'est pas trop mon truc même si je dois avouer que je ne serais pas parti de la crêperie si elle n'avait pas fermé. Les crêpes caramel au beurre salé c'est meilleur que les burger et les frites d'abord. Enfin, pour moi. " Je suis arrivé y a un mois ou deux, je sais plus trop... Je bossais dans une crêperie à l'autre bout de la ville avant mais ils ont fermé, malheureusement " Malheureusement parce que j'adorais mon job. Mais sans ça, j'aurais pas rencontré Eoghan et toute la team du diner. Je l'aurais pas rencontré elle non plus. C'est comme ça, y a des changements qu'on peut pas contrôler, qu'on peut pas vraiment anticiper et ça peut nous apporter de très belles choses. " Mais avant la crêperie, j'habitais en France pour mes études. J'ai quitté la Nouvelle Zélande pendant huit ans, c'était quelque chose... " Mais on finit toujours par retourner à la maison non ? Enfin, moi c'est toujours comme ça que je l'ai vu. Et Kyla aussi. Elle va rire quand je vais lui dire que j'ai parlé à une nana aujourd'hui. C'est pas trop mon truc. Pas que je sois timide mais je suis pas trop le mec qui va discuter avec une personne sauf s'il est obligé. Enfin, c'est plutôt parce qu'on m'a toujours appris à respecter une certaine distance avec quelqu'un sauf s'il y a un intérêt particulier à aller les voir. Et je sais pas, j'ai encore du mal à me dire que je ne dois pas respecter les règles de mon père à 100%. Il n'en a plus rien à carrer de moi, de ce que je fais et de qui je fréquente alors... " Je suis trop triste que vous fassiez pas de pumpkin spice laté. C'était ce que je préférais à cette époque en France " Nostalgique que je suis. Je devrais peut être parler d'autre chose que de mon laté préféré non ? Mais je suis pas doué pour parler, sauf s'il s'agit de parler de lois, de politiques internationales et de tout ce qui va avec.

J’avais donc vu juste. Il n’est ici que depuis un ou deux mois. Je l’ai donc bel et bien maté depuis son premier jour dans le coin. Je n’ai pas mis longtemps à le remarquer ce grand blond. Gosh il me fait tellement rêver. Il dit que là où il bossait avant a fermé, je dois donc remercier celui qui a mis la clé sous la porte d’avoir fait venir Alfie aux pieds du Starbucks.

« Ah merde c’est con ça… »

Non en vrai j’en suis bien trop heureuse mais j’oserai pas le dire. Il commence à parler de lui, de sa vie d’avant. Il a été vivre en France. Je suis contente qu’il me partage ce genre d’infos, au moins je dois avoir une bonne tête, pas quelqu’un qu’on essaie de fuir. Non généralement je suis la personne que les passant accoste quand ils ont une question à poser. Souvent pour demander des directions. Et moi je suis pas doué pour expliquer, déjà que je sais pas ma gauche de ma droite.

« Wow huit ans en France ! »

Je suis impressionné, clairement. Et puis je suis en train de me dire qu’il doit savoir parler français, ça doit être terriblement sexy.

« Moi j’ai migré de Napier pour Wellington. C’est pas la France mais c’était un bon petit dépaysement. »

Je raconte ma vie moi aussi. Enfin de lui faire découvrir un peu plus de choses sur moi pour ce premier contact avec lui. En espérant que ça ne le saoule pas trop. Oui j’ai toujours peur de déranger les gens.

Quand il dit être triste à cause du Pumpkin Spice latté j’ai limite envie de le prendre dans mes bras pour le consoler. Ok j’ai envie de le prendre dans mes bras pour n’importe quelle raison, dans mes rêves, je sais.

« Owww! Ouais on a pas la même carte qu’en Europe. Mais si tu veux je peux essayer de trouver les ingrédients pour t’en faire un… Me faudra juste quelques jours. »

Dans quoi je me lance ? Je ne sais pas, mais c’est sorti tout seul de ma bouche. J’ai pas vraiment réfléchit, j’ai été attendri par son air triste. Et puis ça me fera une occasion de le revoir, et de lui reparler. C’est pas si bête au final, enfin j’espère qu’il me prendra pas pour une folle à proposer ce genre de chose.

« Je veux pas me vanter mais je suis plutôt très doué avec les boissons. »

Mais Imogen ferme ta gueule ! Tu dis n’importe quoi ! Je crois que c’est son histoire des huit ans en France qui m’ont perdu. Je voudrais bien l’entendre parler français mais je vois pas comment lui proposer ça sans passer pour une creep.

Je fais une petite moue quand elle me dit que c'est con que la crêperie ait fermé. Ouai, c'est super con mais ce sont les aléas de la vie... La concurrence, la vieillesse, quelques problèmes de financements et un restaurant de ce type coule vite. J'espère que les problèmes financiers des Levallois n'est pas trop grave. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de nouvelles de Julien. Je me mets une note mentale pour l'appeler ce soir ou au moins prendre le temps de lui envoyer un texto pour voir comment il va. Elle est surprise de savoir que j'ai passé huit ans en France. En même temps, ça ne se voit pas. Et puis, je ne suis pas français alors je n'ai pas un accent à couper au couteau - sorry not sorry - pour qu'elle s'en rende compte par elle même. Mais la France est une grande partie de ma vie au final. Presqu'un tiers de mon existence, c'est énorme ! " Il n'y a pas de petit dépaysement. Des fois c'est plus perturbant de changer de ville dans un même pays que de partir à l'autre bout du globe " J'ai presque envie de lui demander pourquoi elle a quitté Napier mais aussi - et surtout - où ça se trouve. En Nouvelle-Zélande, ok, mais après ? Je suis pas très bon en géographie, je l'avoue. Ca a toujours été un gros soucis pendant mes études d'ailleurs. Et plutôt que de me faire indiscret, je préfère parler de boissons et de la frustration que je ressens depuis quelques temps de ne pas avoir de pumpkin spice laté. Peut être qu'un jour... J'espère vraiment. Mais sa proposition m'intéresse grandement en fait. Je termine ma cigarette, souffle la fumée loin de la jeune femme et souris largement. " Bah si t'es très douée avec les boissons, je suis prêt à être ton cobaye pour un pumpkin spice laté dès que tu as ce qu'il faut " Lançais-je en me penchant légèrement pour écraser mon mégot de cigarette sous la semelle de ma chaussure et d'envoyer le-dit mégot dans la poubelle pas loin. Sauf que je loupe la poubelle. " Je suis pas très doué pour viser " Merci captain obvious, elle l'a vue. Je me déplace rapidement vers le déchet et le ramasse pour le mettre dans la poubelle à un bon mètre de là. " Heureusement que je m'en sors mieux pour servir à manger sinon on m'aurait déjà viré " Lâchais-je doucement. On m'aurait viré, j'aurais plus de job et je galèrerais fortement à joindre les deux bouts. " Je t'envie grave, tu finis bientôt " Lançais-je en regardant le panneau avec les horaires du Starbucks. 18h. C'est dans trois heures. Et moi il m'en reste encore 8 à faire. Nul. Vraiment très nul.

Quand il fait sa petite moue je sens mon coeur partir encore plus vite et mes joues s’empourprer légèrement plus. Je suis un livre ouvert c’est fou. J’apprécie qu’il dise qu’il n’y a pas de petit dépaysement. Il valide mon expérience et ça me fait bien trop plaisir. Beaucoup trop même. Je crois que je le regarde un peu trop longtemps avec mon sourire sur les lèvres. Je n’ai pas de mots pour le remercier de ce qu’il vient de dire, et ça serait bizarre de dire ça d’ailleurs alors je reste silencieuse. On parle de sa boisson et il me propose d’être mon cobaye et ça me plaît bien trop si vous voulez mon avis.

« Deal. Je t’apporterai ça au boulot dès que ce sera fait… »

Je m’assurerai qu’il sera là avant parce que je ne vais pas le faire dans le vent et me le garder sur le ventre. En tout cas j’ai une mission à partir d’aujourd’hui. Trouver tous les ingrédients et la recette de cette boisson. Ca devrait pouvoir être possible, y’a pas de raison. Quitte à commander des trucs dans un starbucks à l’étranger, on verra si je trouve pas tout dans les supermarché ici. Oui je me fais déjà tous les films, c’est très important pour moi. Ca va déterminer mes prochaines interactions avec lui. Je vais y mettre tout mon coeur dans ce Pumpkin Spice latte.

Je souris de manière amusé quand il loupe la poubelle. J’essaie de pas trop le mater mais bordel ce que j’ai du mal. Il est vraiment trop agréable à regarder c’est pas humain. Il fait de l’autodérision et ça me plaît. Décidément tout ce qu’il fait me plaît, faut que j’arrête.

« Faudra que je vienne manger dans ce dinner un jour pour vérifier de mes propres yeux. »

Et pour mater ouvertement aussi oui oui. Je vais pas lui dire ça, je ne suis pas folle. Je viendrais toute seule manger au comptoir, pour avoir plus d’occasion de lui parler. Oui je me suis déjà fait tout le film. Je regarde l’heure sur mon téléphone portable quand il me dit que je termine bientôt. Ah oui c’est vrai plus qu’une poignée d’heures. Mais j’aimerai bien rester tant qu’il est là.

« Tu finis tard ? »

J’ai pas envie de le voir filer alors je fais durer la conversation le plus longtemps possible.

« Je passerai peut être prendre un milkshake à la fin de mon service. Je viendrais te faire un petit coucou, ou peut être que ça va t’enrager plus qu’autre chose de savoir que j’ai terminé ma journée et pas toi ? »

Je fais une petite moue à mon tour, enfin, je sais pas si je suis doué pour ça, c’est une tentative, je n’ai jamais fait ça avant, encore moins à un mec. Généralement les crush que j’ai je ne leur parle pas, je les observe de loin. Mais lui il est tellement proche avec son dinner juste à côté que je ne pouvais pas rester qu’à l’observer. Fallait agir et je suis pas peu fier de moi pour dire la vérité. Je ferai une petite danse de la victoire quand je serai toute seule.

Je ris légèrement. " Je suis pas sur que mon patron apprécie que je boive une boisson de la boutique voisin pendant mes heures de service " Lâchais-je doucement. Ouai, il serait capable de me dire que je leur fais de la publicité alors que j'ai tout un tas de boisson possible ici, dans le restaurant dans lequel je travaille. " J'te file mon numéro et tu m'envoies un texto le jour où tu comptes le faire et je prends ma pause quand il est fait ? " C'est une solution comme les autres. Peut être pas celle qu'elle espérait mais c'est le plus simple je pense. Un texto pour me demander si je bosse, l'autre pour me dire que c'est prêt et moi, en gouteur professionnel - ou pas - je viens goutter le pumpkin spice latte de mes rêves. " Par contre s'il est vraiment bon, tu vas devoir en refaire souvent hein " La taquinais-je doucement. J'allais devenir demandeur et aussi, voire surtout, devenir leur plus gros consommateur. Ils allaient bien finir par mettre cette spécialité halloweenesque à la carte grâce à moi ! J'essuie mes mains sur mon pantalon noir après avoir ramassé mon déchet et je lève les yeux au ciel. " Si c'est dégueulasse, c'est pas ma faute hein ! Je suis pas cuisto " Tentais-je de me défendre alors qu'il n'y avait pas à se défendre. C'est très bon ce qu'on vend voyons. " 23h " Soupirais-je doucement. Je sors mon cellulaire de ma poche et regarde l'heure. Et 23h c'est dans super longtemps quand j'y pense... Mais bon, une fois 18h30, on ne voit plus le temps passer mais, là encore, c'est très loin. " Je suis en repos demain.. Alors, c'est qui la jalouse là ? " Lâchais-je, tentant de retourner la situation. Ça se trouve elle aussi. Et ça se trouve, elle s'en contre fou aussi, par la même occasion. Je sais pas trop, mais ça m'étonnerait pas trop.

Il me reprend sur mes paroles. C’est vrai qu’un gobelet Starbucks ça ne passe pas inaperçu. Je me sens conne sur le coup. J’aurai pu y penser c’est vrai. Mais il me trouble et je dis n’importe quoi de toute façon depuis le début. Non en vrai je pense que je me débrouille plutôt pas mal pour une première véritable interaction avec lui. Et puis qui sait, peut être qu’il aime les filles maladroites.

« Oops. T’as raison. »

J’ouvre de grand yeux quand il me dit me passer son numéro de téléphone. Je me reprends bien aussitôt, n’ayant pas envie de passer pour une folle. C’est juste un numéro de téléphone OUAIS CEST UN PUTAIN DE NUMERO DE TELEPHONE OH MON DIEU !

« Ouais. Bonne idée le numéro de téléphone. »

Surtout que j’ai déjà le mien dans la main depuis tout à l’heure. Je me détends et je souris quand il me dit que je devrais en faire souvent s’il est bon. Y’a pas de soucis mec. Je t’en fais quand tu veux même au beau milieu de la nuit si t’as une envie. Avec un petit hug au passage je dirai pas non. What. Je m’éparpille je crois.

« Ca me dérange pas. »

Non pas du tout même. Autant de raison de le revoir et lui parler. Je bénis ce Pumpkin Spice Latte pour le coup. Je souris de manière amusé quand il se justifie suite après s’être essuyer sur son pantalon. Je pose une main sur mes lèvres en souriant toujours.

« J’ai rien dit. »

En plus je n’avais même pas pensé à le juger là dessus. Je suis bien trop hypnotisé par lui pour penser à ce détail. En tout cas ce que j’ai découvert de lui aujourd’hui me plaît encore plus si c’est possible. Et le son de sa voix, j’aime trop mon dieu. Il me taquine par rapport à son jour de congé et je fais une petite moue. Enfin j’essaie.

« Je bosse jusqu’à dimanche. Mes jours de congés c’est le lundi et le mardi en temps normal. Enfin ça c’est quand j’ai la chance d’en avoir deux à la suite. »

Je crois que je lui raconte un peu trop ma vie là. J’ai juste pas envie qu’il s’en aille déjà. Oh et le numéro de téléphone ! Faut pas oublier ça ! Moi j’oublie pas. Je lui tends mon téléphone, déverouillé où il peut voir mon fond d’écran, une vue de la mer au travers d’arbres. Très joli paysage.

« Ton numéro de téléphone, parce que je sais pas quand on va se recroiser du coup. J’aurai peut être déjà terminé la confection du saint graal d’ici là. »