Mon contexte
(Non, non, je suis toujours pas droguée...)
Le ciel s'était soudainement couvert, sans que personne n'y fasse réellement attention. C'était plutôt normal en plein été. Tout du moins en France, où les gens commençaient à être habitués aux changements brusques du climat. Les parisiens avaient commencer à blâmer ce « temps de merde » en râlant. Et finalement, le silence s'était abattu sur la ville. Un silence perplexe.
Le monde découvrit alors ce qui avait attiré leur attention. Au début, tous tentèrent de se persuader que c'était une mongolfière, ou une opération marketing très réussie, comme on pouvait en voir souvent dans les rues de la capitale. Mais une sirène retentit non-loin de là, puis une autre. Les cloches des églises s’affolèrent. Le gouvernement était en train de sonner la retraite, toutes les personnes présentes dans la ville devait évacuer, et pour cause : une tomate titanesque, de la taille d'une grosse île, du style La Réunion, était littéralement en train de tomber du ciel, et ne tarderait guère à s'écraser sur la ville.
La Tomatéorite, comme avait commencé à la surnommer les médias, devait toucher la terre ferme à 14h26 précises. Ce qui n'arriva malheureusement pas. Sur les douze coups de midi, la Tomatéorite sembla se figer dans le ciel, détruisant deux millénaires de recherches sur la gravité. De gigantesques cratères se formèrent alors à sa surface, et elle commença à en jeter partout, tels des missiles : des carottes, des aubergines, des poireaux, de la taille d'immeubles de trois étages. Ils venaient s'écraser sur le sol, sur les voitures, explosant parfois à l’atterrissage, couvrant les parterres de la plus grande macédoine de légumes jamais créée.
L'environnement était désormais idéal, « l'invasion silencieuse » pouvait commencer. Partout, les gens se mirent à hurler. Dès qu'ils touchaient la ratatouille, ils se métamorphosaient eux-mêmes en légumes : tout d'abord les jambes se régidifiaient, puis le corps. Leur conscience disparaissait pour laisser place à celui du végétal. Bientôt, des milliers de carottes, navets, salsifis, artichauts géants recouvrirent les routes, débordant des voitures.
La Tomatéorite toucha finalement le sol, explosant dans la Seine, empoisonnant l'eau et produisant un grand tsunami qui recouvrit entièrement la ville d'une bouillie rouge. Cet événement fut nommé la grande vague sanglante. Dès lors, ce ne fut plus qu'une question de semaines. L'eau commença à transformer les habitants d'autres pays. Les gouvernements européens tombèrent, les uns après les autres, abandonnant les résistants à leur sort dans un monde devenu hostile et où la survie était grandement compromise. Ce pauvre Emmanuel Macron lui-même fut réduit à l'état de courgette. Petit à petit, le mal s'étendit à l'Asie, puis à l'Amérique et à l'Océanie. En exactement huit mois et treize jours, le nombre de légumes dépassait déjà de très largement celui du nombre d'êtres humains encore vivants.
Cinq années s'était écoulées. Les survivants ne se comptent plus que sur les doigts d'une main. Voici leurs aventures.