C'est la bataille dans tous les coins, devant une Naeun assise en tailleur, le visage posé dans ses paumes, fascinée par tout ce qui se passe. Ca se bat en l'honneur de Frodon dans un coin, alors que de l'autre, Gollum grimpe sur Sam et essaie de le bouffer, tout ça pour avoir son foutu précieux ( casse couilles ) en vain. Parce que le hobbit, il est déjà en route vers le sommet de la montagne. Ouf, bientôt la fin ! Enfin ça c'est sans compter sur le fait qu'il choisisse les dernières secondes où il ne faut pas céder pour... céder à l'anneau. Le mettre. Disparaître. Sauf que les gars, tic tac, Aragorn va se faire piétiner, c'est la merde de l'autre côté, il est temps de foutre le feu à la bague ! Et tu sais qu'y a de la tension quand Naeun ne dit... rien. Strictement rien. Elle est là, bouche ouverte, à regarder Frodon mettre la bague et disparaître, Gollum lui arracher le doigt avec les dents - bon, elle a quand même bien grimacé - et les beaux ralentis sur Aragorn qui est prêt à succomber au gros pied de troll. Mais HEUREUSEMENT que Frodon pousse Gollum dans la lave - dommage collatéral, il méritait anyway - et sauve littéralement tout le monde, sauf peut-être lui et Sam. « Me dis pas que c'est un de ces films où le héros meurt pour sauver tout le monde.. » qu'elle demande en venant ramper jusque Yukhei pour revenir timidement s'allonger dans le canapé, tête appuyée sur ses jambes. Un peu comme un chat, cette gamine. Caresse, humain. Et Heureusement, Gandalf débarque avec trois aigles. Précision de Yukhei qui arrache une grimace à la violoniste. « Effectivement, pour Smeagol, c'est un peu compromis. » Il doit plus rester grand chose de lui.

Tout le monde est sauvé, c'est la fête, tout le monde est sur son 31 pour couronner le roi Aragorn qui est coiffé cette fois. « Wow, j'allais te demander c'est qui. » Qu'elle taquine, Nana, pendant que monsieur entonne une petite chanson et retrouve sa donzelle avec une séquence émotion avec ses bros sûrs. Et évidemment, Naeun, elle a l'esprit qui divague quand le rodeur qui n'en est plus un relève le visage de sa dulcinée pour l'embrasser devant la foule. Laissant une Nana rêveuse, et contente - même si elle préfère quand même Eowyn. Et la suite est plus percutante encore, quand tous - même Aragorn - se prosternent devant les quatre hobbits qui ont plus ou moins sauver la Terre, hein. « Hey comme quoi.. la taille ne fait pas tout. » Too much ? Laissez là, elle évacue l'émotion, parce que ouais, elle a sa petite larme à l'oeil depuis tout à l'heure Naeun. Elle en a même éludé le fait que Yukhei aie encore doublé la scène. Et quand elle roule sur le dos, c'est pour voir que... elle n'est pas la seule émue par la scène. Attrape sa main pour en embrasser chastement la paume - elle choisit de ne pas relever pour ne pas l'incommoder - et regarder la suite, où finalement, Naeun a la réponse à sa question. Si Sam a son happy ending, Frodon ne guérit jamais pleinement du passage de l'anneau. « Ca laisse des marques.. » Et pas que physiques, c'est plus ou moins dans la tête, le pire. Et finalement, tout se termine encore chez les elfes, où Bilbo et Gandalf et... Frodon partent. Probablement qu'il sera plus heureux là bas. Y a une grosse mélancolie dans les adieux, et nouvelle séquence émotion chez Naeun qui chouine silencieusement devant la scène Sam/Frodon. Le film se termine sur Sam qui retourne auprès de sa famile, et aux dernières images, Naeun roule encore sur le dos. « Meilleure personnage. Au delà de Legolas et Aragorn et Eowyn. I said what I said. » Elle est catégorique.

Le générique défile, et Naeun finit par se redresser, d'abord sage « L'histoire était captivante, j'avoue, et j'ai pas vu les heures passer. » Puis pour... taper un Yukhei en train de s'étirer. « T'aurais pu me prévenir pour l'araignée, elle était énorme et dégueu ! » Qu'elle râle, croisant les bras pour le toiser d'un air remonté. On fait pas peur à une fille, encore moins sa copine. D'un air dubitatif, elle relève le nez d'un air dédaigneux avant de dire : « Je cherche à déterminer si je te déteste toujours ou pas. » Elle se redresse, fait sa drama queen en puissance. « J'veux dire, tu sais que ça pourrait être un motif pour que je prenne mon sac, mon tupperware de tteokbokkis vides, et que tu ne me revoie plus jamais ? » Comme si elle en était capable, meh.

Et bam ! Un coup dans les côtes qui lui fait replier les bras comme un poulet sous la surprise. La classe. Mais c’est un air aussi scandalisé qu’étonné qui se peint sur son visage. « Mais elle est magnifique !! » Il proteste. Fort. Il y croit grave, parce qu’il les aime bien ces petites bêtes et que y a pas à dire, Arachnée, elle envoie du lourd. Mais oui, bon, ce n’est pas le genre d’esthétisme qui plait à tout le monde. Semblerait que le brun est des penchants pour l’art du Mordor finalement. Il pince les lèvres pour ne pas rire, mais l’envie lui passe d’un coup, ses yeux menaçant que s’expulsés de leurs orbites. Mais non, mais non, c’est une blague, keep calm. Tellement calme que la seule chose qu’il trouve à répondre c’est un « Meeeh… » plaintif. Et puis il rit quand même, parce que c’est forcément une blague, right ? De toute façon, elle ne pourra pas mettre ses menaces à exécution puisqu’il revient contre elle et enroule ses bras autour de sa taille. Et il sait maintenant d’expérience qu’elle ne peut pas se sauver si facilement. Il cale son visage dans son cou avec un sourire en coin et souffle sur sa peau : « Faudrait déjà que je te laisse partir pour ça. » Ce qui n’est pas gagné d’avance, non madame. « Et puis je voulais te le dire hier soir… et j’ai été distrait... Donc pour résumer… tout est de ta faute. » Clairement, il la cherche. Mais il était déjà à peu près sûr de la trouver, ponctuant sa phrase de baisers papillonnants dans le creux de son épaule, pour conclure d’une légère morsure. Puis il se recule, fait mine de l’embrasser, mais non, en fait. Il pose juste son front contre celui de la brune, le bout du nez qui vient caresser le sien. « Mais vu que je suis un type gentil, je veux bien te pardonner. » Toujours grand seigneur, Yuk Hei.

Bien sûr qu'elle taquine, qu'elle cherche, qu'elle joue Nana. Comme si une araignée - même si clairement, elle était, et elle le maintient, dégueulasse - pouvait lui faire prendre ses jambes à son cou. Sauf qu'à la seconde même où Naeun esquisse un geste pour s'écarter du canapé, des bras autour de sa taille l'empêchent d'effectuer le moindre geste. « Hey ! » Elle râle, chute contre lui, le souffle qui s'abat contre la peau de son cou. Freeze. C'est qu'elle est sensible, par là, la violoniste. « Tu oserais te risquer à faire une prise d'otage...? » Les protestations sont étouffées, les mains posées sur les épaules pour la forme, puisqu'elle n'a même pas poussé. Et elle se met à rire, Naeun, secoue la tête, le souffle qui saute quand il pousse l'attaque au level supérieur - fourbe - et embrasse son épaule tout en parlant. Pire,voilà qu'il mord. Fourberie extrême, et le pire c'est qu'il le sait. Doit probablement le deviner au silence de plomb de la poupée qui serre les lèvres. « T'es en train de me dire que ça t'es revenu de me le dire quand j'ai été prendre un verre d'eau.. c'est ça ? » Le fameux verre d'eau, on l'oublie pas. Il joue avec ses nerfs, Yukhei, le visage qui recule, et la brune qui capitule lorsqu'il approche pour... ne pas l'embrasser ? Les sourcils se froncent, et elle le fusille du regard, front contre front. « Tu es plus fourbe qu'un Gollum. Et c'est pas un compliment. » Pourtant, ça l'empêche pas de remonter ses mains autour de son visage, pour venir lui voler un baiser. Caresser sa bouche de la sienne en reculant, les mains coulant du visage jusque contre son torse, attraper sa lèvre inférieure du bout des dents, un brin plus audacieuse, plus en confiance. Oh non elle ne partira pas, Nana. Par contre, elle apprend vite, c'est pourquoi dès lors qu'elle sent les bras de Yukhei autour de sa taille se mouvoir, c'est d'un bond qu'elle se redresse. « Mais moi je suis pas gentille, alors je pardonne pas. » Et elle tire la langue, Nana, sourire malin sur les lippes, à s'écarter jusqu'au bar pour se resservir à boire. Et toc. Prends ça.

Si elle se défend aussi peu, ça risque d’être très agréable comme prise d’otage. Donc oui, il pourrait s’y risquer. Ça a l’air d’être plutôt sympathique comme projet. Ça donne de mauvaises idées aussi. Surtout. Et les mauvaises idées, ça se partage trop facilement semblerait. Passé le silence et l’immobilisme, la violoniste se remet en mouvement, pour reprendre un contrôle qui lui plait plutôt pas mal à Yuk Hei. Stupide mec qui se fait avoir comme un bleu, les mains qui glissent sur les hanches de Naeun qui s’éclipse d’un coup, le laissant un instant la bouche ouverte. Il cligne des yeux en la regardant tirer la langue et s’écarter. Et puis c’est à son tour de briguer l’oscar du meilleur acteur. Une onomatopée douloureuse qui franchit ses lèvres alors que sa main vient s’écraser sur son cœur et qu’il s’effondre entre la table basse et le canapé. En a en juger par la réaction d’Edward sur le bord de fenêtre, la représentation n’était pas très convaincante. Il se contentera d’un soap awards. Grand seigneur, toujours. «  Tu me brises le cœur ! » qu’il braille depuis son tapis, comme si cette petite improvisation sur le désespoir et la souffrance n’avaient pas été suffisamment éloquents.

Et puis il reste là, ce grand machin, allongé sur le dos à contempler le plafond. Avec un drôle de goût de début de la fin au fond de la gorge. En même temps, la prise d’otage c’était bel et bien une blague. Faut bien qu’elle reparte à un moment donné, la belle. Il sait bien que c’est pas le moment de penser à ça, mais maintenant qu’il n’y a plus … d’échéance, de film à regarder, ou de réception de récital à laquelle survivre, et que ça tourne en roue libre, il ne sait plus trop... C’est pas simple dans son crâne au scientifique. Sans doute pour ça qu’il est scientifique. Meh. Il finit quand même par se relever parce que sinon il va avoir vraiment l’air d’un type chelou et gratouille la tête d’Alphonse au passage, qui commençait à se demander s’il devait appeler le samu. Hissé de nouveau sur ses pieds le brun gagne la cuisine et Naeun planquée derrière son bar. Distance de sécurité ? Il sourit doucement, et laisse courir ses doigts le long d’une mèche ébène comme tout contact physique. « Ça va être bizarre de retourner aux textos… » On avait dit de ne pas penser à ça ! Mais trop tard, c’est sorti tout seul. « T’es sur que j’peux pas te retenir un peu en otage ? Contre un mois de tteokbokkis, comme ça, ça nous laisse le temps que ta mère les cuisine. » C’est reparti pour les plans débiles de l’agent Nam. En tout cas, on sait pourquoi il est pas espion …

Alors elle s'était attendu à des tas de scénarios, hein. Vraiment. Mais celui de "je tombe entre le canapé et la table basse" ne faisait pas partie de ses options, et Naeun, elle freeze total, les sourcils haussés, à le regarder avec un air presque aussi impassible que ses chats, jusqu'à.... éclater de rire. Totalement. Presque à en pleurer, en fait, de voir ce grand morceau d'humain étalé par terre. « Tu vas t'en remettre, champion... » Qu'elle s'amuse avec un rictus léger, avant de contourner le bar pour se resservir à boire... et le contempler. A se dire que dans quelques heures, c'est le retour en terre hostile, à tourner en rond chez elle, à surveiller son téléphone et surtout ses messages, et ne pouvoir que se souvenir du goût de ses lèvres sur les siennes... et sur sa peau... et merde. Secoue la tête, baisse les yeux, elle tape des ongles contre le bar, distingue du coin de l'oeil que monsieur a décidé d'arrêter de bouder pour se redresser et revenir rejoindre le commun des mortels à ses côtés. Quand elle relève les yeux, c'est pour le voir tendre les doigts vers une longueur brune, geste devenu commun, poupée esquissant un geste rapide pour venir placer sa joue au contact de sa main. Soupir qu'elle ne cache même pas à ses mots. A croire qu'il lit dans ses pensées... Ou tout simplement qu'ils pensent à la même chose. C'est bientôt la fin. « Ouais... » Elle se dégage pour finalement faire le tour du bar, revenir près de lui. Sourire et secouer la tête à sa phrase, quand bien même l'offre est... sacrément tentante. « Tu serais pas à l'abri que ma mère ne paie pas la rançon, et dise que je bouffe plus de tteokbokkis encore... niveau rentabilité, elle a mieux fait de m'abandonner à toi... » Elle sourit, mais le sourire est un poil triste. Se risque à tendre les bras jusqu'à venir se loger entre le bar et lui. Contre lui. Le nez dans son cou, la joue appuyée contre son torse, les bras noués dans son dos, elle souffle. Encore. « Mais j'ai déjà eu un très beau week end avec ma meilleure amie... » Un très beau week end passé près de lui. Elle lève le nez, embrasse la ligne de sa mâchoire délicatement, avant de murmurer timidement. « Puis ce n'est que partie remise...? » Maintenant qu'ils sont officiellement ensembles.

Elle partage sa pensée. Elle doit avoir la même sensation que lui. La même que celle qui l’a saisie à la fin du film, mais qui ne se dissipe pas. C’était un peu le risque de passer un weekend entier ensemble. Même si rien, ou quasiment rien, de ce qui s’était passé n’avait été prévu. Certes. Mais ils ont quand même eu le temps de se créer une bulle hors du temps et loin de leurs habitudes de vie… Assez pour la sentir s'effriter petit à petit en tout cas. Pas besoin d’être psy pour le sentir, il l’entend da sa voix, parce que la sienne sonne pareille. Et le lit sur son sourire, parce qu’il a le même. Qui pèse sur le coin des lèvres. Et elle revient, Naeun, contre lui, dans ses bras, peut-être pour prolonger tout ça. Lui rit quand même doucement, à peine, aux suspicions d’absence de coopération de madame Song. Il cale sa joue contre le crâne de la brunette et se permet d’en rajouter une couche. Avec toute son affection.[color=#006600] « Ooh, mais qui te dis que j’ai le budget pour te nourrir ? J’suis pas riche à ce point. » [/color]Il se moque, mais le cœur y est de moins en moins. Il en en limite à regarder les minutes s’égrainer sur l’horloge holographique. Et c’est presque plus triste que n’importe quel passage de la Saga qu’ils viennent de s’enfiler.

Ses lèvres se soulèvent tout de même à l’évocation de la fameuse ‘‘meilleure amie’’. « Je crois que tu vas avoir des comptes à lui rendre d’ailleurs. A la vraie je veux dire… » Il se doute que ça ne doit pas trop être possible de demander à une amie d’être son alibi sans lui donner aucune explication … Et si un mec est amené sur le tapis … C’est pareil chez les gars de toute façon, faut pas rêver. C’est juste moins … plus … bref. Il se recule pour observer Naeun un sourcil en l’air. Partie remise ? Alors elle ne lui en veut pas trop finalement. « Donc ça va, je pourrais passer un film avec une araignée encore plus grosse la prochaine fois ? » Le salaud. Il le sait alors il l’embrasse pour ne pas qu’elle réponde. « Mais oui … d’ailleurs tu me dois toujours un McDo. A moins que ce ne soit l’inverse… » Il ne sait plus bien, mais se souvient parfaitement que le fast-food avait été évoqué, ma-la-droi-te-ment, en comparaison aux petits fours douteux de la réception post-récital. En tout cas, ils s’en sont nettement mieux sortis cette fois.

Ils le savent, l'heure est proche. Et ça sonne presque aussi solennel et tragique que ça l'est vraiment. Pourtant, ils arrivent à en rire, Naeun qui pince la hanche de Yukhei dans un éclat de rire. « Eh mais je t'oblige à rien et vas-y, dis que je mange pour une armée ! » Et doux paradoxe que celui de râler tout en venant se pelotonner dans les grand bras qui se referment autour d'elle. Profite de la chaleur du visage de Yukhei contre le sommet de son crâne, des accents de sa voix, de son parfum. Elle pense aux heures d'interrogatoire qu'elle va passer auprès de Johee, sa meilleure amie, et grimace. « Ouais... j'entends d'ici ses multiples questions. » Elle se prépare déjà à garder un air impassible et à hausser les épaules pour éviter de devoir s'étaler. Parce qu'elle a quand même un peu de garder tout ça pour elle. Pour eux. Dans leur bulle qu'elle veut emporter jusque l'extérieur. « Toi ça va aller avec l'abominable coloc des neiges ? » Elle lève le nez pour le regarder. Donc ça va, je pourrais passer un film avec une araignée encore plus grosse la prochaine fois ? La bouche s'ouvre, scandalisée. « Ne... » N'essaie même pas. C'est probablement ce qu'elle aurait voulu dire, grosso modo, s'il ne l'avait pas fait taire d'un baiser. Et elle fronce le nez. « Probablement l'inverse, à moins que je ne sois hors budget.... » Qu'elle taquine avant de l'embrasser une nouvelle fois. Et encore. Et juste un peu. Jusqu'à sentir la cage thoracique qui s'agite. Faut y aller, Nana. Et elle sait qu'elle ne s'aide pas, et que lui non plus, elle ne l'aide pas. Recule à contre coeur... avant de croiser son regard. Souffler, vaincue. « Allez.. le temps de prendre les transports... il va falloir que j'y aille... » Elle récupère son verre sur la table basse pour le placer dans l'évier, traîne carrément des pieds jusque la chambre où elle récupère son sac. Sourit devant les draps défaits où ils s'enlaçaient hier soir. Puis devant le ruban rouge. Et quand elle ressort de la chambre, elle a la mort dans l'âme. « Bon.. me snobe pas par message hein. Je le prendrai très mal.. » Elle ironise pour cacher sa tristesse, mais personne n'est bluffé. Ni lui, ni elle. Arrivée près de la porte, elle se tourne encore vers lui. Se hisse autour de ses épaules, revient lui voler un baiser léger, doux, lent. Murmure contre ses lèvres : « Tu m'as fait tourner la tête, Nam Yukhei... Merci pour ce week end. » Elle redescend sur le plat de ses pieds, la langue qui glisse entre ses lèvres, timide, avant d'ouvrir la porte pour s'évader. Garde les yeux sur lui - qui garde la porte ouverte - jusqu'à ce qu'elle aie disparu dans les escaliers.

On y est. Enfin. Au premier rendez-vous officiel entre Song Naeun et Nam Yuk Hei. Et pas « rdv » pauvre type. Il ne s’en remet toujours pas de l’avoir abrégé comme ça, comme si c’était un rdv chez le coiffeur. Bref. Enfin il y aura fallu deux rencontres plus ou moins empruntées et qu’ils passent, quand même, la nuit ensemble pour en arriver là. Doués. Mais faut dire ce qui est, ils ont l’art et la manière de ne pas faire comme tout le monde  ces deux-là. Dès que ça vient à causer de ce qu’il se passe entre leurs côtes respectives, il n’y a plus grand monde. En tout cas, pour Yuk Hei, clairement. Même s’il fait de son mieux pour pas rallier trop rapidement sa nature de panda roux et retourner pioncer tout seul en haut de son arbre, après avoir collé un coup de patte aux touristes trop câlins. Et cette métaphore va trop loin.

Bref, avant dernier jour de 2020, il remonte tranquillement la Gyeongui Line Forest sur son skate, jusqu’au point de rendez-vous indiqué à son chauffeur de uber préféré. Ouais, il n’est pas fou le petit, s’il n’a pas envie de laisser sa belle s’entasser avec les autres Séoulites dans des transports en communs bondés, il ne va pas non plus la coller entre les pattes d’un parfait inconnu. Lui a fait le chemin à pattes, ou plutôt à roulettes, puisqu’il n’habite pas bien loin. Deuxième fois qu’ils se voient sur son territoire. Il serait curieux de retourner sur celui de la brunette. Ou d’y aller tout court, parce qu’elle n’avait pas l’air des masses en terrain conquis à la réception post-récital. Bref. Un sac à dos sur une épaule, Yuk Hei slalome presque paresseusement entre les passants, jusqu’à arriver au point de rendez-vous. Naeun en vue, le sourire du brun s’agrandit et il descend de sa planche en la faisant voler jusqu’à sa main d’un coup de pied. Nan, il ne sait pas faire cuire des légumes, mais ça, il sait parfaitement faire. « Salut ! » Arrivé à sa hauteur, il lui embrasse le bout du nez maladroitement. Emporté par l’élan de son skate, son enthousiasme, et soudainement freiné par le souvenir d’être en public. Ayé, il a déjà les oreilles qui rosissent. Merci les cheveux longs. « Prête pour ma journée ? » Bah oui, c’est elle-même qui l’avait dit. Aujourd’hui ils allaient passer une journée comme … bah à vrai dire il n’en passe que très rarement, parce que la flemme. Disons un condensé de ce qu’il peut faire sur une ou deux semaines plutôt…  

Et il avait raison : à quatorze heures tout rond, une voiture avait ralenti devant la demeure familiale, Naeun collée à sa fenêtre depuis dix minutes déjà. L'abus quoi. Mais apparemment, il allait falloir qu'elle s'y fasse, et pour une fois - pour cette fois, qu'elle se promet - elle avait faibli face à l'ennemi son petit ami. Son petit ami. Et aujourd'hui, pour la première fois de façon officielle en tant que couple, elle allait passer la journée avec lui. Son sac sur l'épaule, et beaucoup de tension dessus au passage (sur les épaules), elle claque la porte de la maison pour filer à l'intérieur du véhicule, et observer les rues qui se substituent, progressivement, à d'autres plus lumineuses, plus remplies par la foule. Tapotant du pied, elle vérifie trois fois son reflet dans le miroir, cinq fois ses sms, six fois qu'elle a bien pensé aux genouillères. Ok, on est bon. On est bon ? Et elle vérifie. Juste une fois encore...

Quand le véhicule ralentit - chauffeur très sympathique, par ailleurs - elle le remercie aimablement, Nana, avant de laisser l'hiver seoulite mordre ses joues chaudes, les rosissant légèrement. Tenue sobre - pas de jupe ni de talons, duh - c'est en pantalon noir et avec un col roulé bleu qu'elle se pointe sur place, tournant sur elle-même. Une fois. Deux fois, avant de voir quelqu'un rouler vers elle  en slalomant entre les couples et autres retraités en pleine promenade. Oh damn that was hot. Le coup du skate. Ok, bat des cils meuf tu vas avoir les yeux tous secs. « Heeey... » Les mains enfoncées dans les poches de sa veste, elle se dirige vers lui, fige environ trois secondes quand il vient.. embrasser le bout de son nez. Ok, là c'est plus à cause du froid qu'elle rougit. « Hein ? oh, ah, euh... » La langue glisse entre les lèvres, rouges, oui, mais surtout sèches, tandis qu'elle papillonne des cils et regarde autour d'eux pour paraître décontractée. Meh. « Définis "prête", sachant que je n'ai pas la moindre idée du programme... » Mais alors rien du tout, sauf le fait que ça ne se fait pas en jupe. Et que ça nécessite des genouillères. D'ailleurs, elle agite son sac. « Je suis venue équipée, chef. » Le sourire s'agrandit, moins gêné, avant de remettre le sac sur son épaule. « Au fait, j'ai pas pu venir avec ton cadeau d'anniversaire, mais c'est pas pour autant que je l'ai oublié. » Disons qu'aujourd'hui, ça aurait été compliqué de... le transporter. « On commence par quoi ? » Elle est curieuse, mine de rien.

Bon, il bug d’entrée de jeu, et elle aussi dans la foulée. Try again. Ce serait vachement bien de pouvoir rembobiner et recommencer. Mais on ne peut pas, alors on assume. Avec un sourire en coin un peu embarrassé et les doigts qui renvoient les mèches brunes en arrière. « Mmh… pas trop effrayée ? » Ce serait déjà un bon début. Même s’il n’aide pas à la détente en insinuant que a puisse être effrayant. Et bien sûr qu’il le sait, Yuk Hei, ponctuant sa phrase d’un clin d’œil. « Mais ne t’inquiètes pas, y a que la première partie du programme qui comporte des sports extrêmes … » Il dramatise àààà peine. Il hoche la tête devant le sac agité par Naeun. Et puis il lui attrape la main, entrelace leurs doigts et la conduit tranquillement un peu plus loin. Sourcils en l’air à cette soudaine annonce, il ne peut s’empêcher de tenter de deviner la nature de ce fameux cadeau. De la bouffe, c’est le premier truc qui lui vient à l’esprit, mais elle a déjà réfutée l’idée. Il fronce le nez, pour la forme. « Je t’ai dit que j’en avais marre des poneys. » Clairement, un poney, elle n’aurait pas pu le ramener. C’est plausible. Non ? Non, ok.

« Tu n’as pas déjà deviné ? » Avec les genouillères, c’est plutôt évident. Encore quelques mètres et ils arrivent en vue d’un espace qu’il fréquente d’ordinaire de nuit. Quand la moyenne d’âge des personnes en présence passe les 20 ans. Là ça tourne plus autour de 12 ans, entre les petiots et les collégiens. Si on oublie les parents des plus jeunes qui veillent pas très loin. Prêts à bondir dès que l’un de leur rejeton  tombe de ses rollers, ou de sa planche à roulette. « J’ai bien constaté que tu étais une fichue maladroite, mais tu veux prendre le risque ? » Il la bouscule doucement de l’épaule, pour la narguer. L’épisode de la brûlure au tupperware bien en mémoire. « Su Ah m’a filé des gants et des protège-poignets aussi. Pas bête cette petite, vu que t’es violoniste, c’est presque plus précieux que tes genoux. » Il n’a pas poussé jusqu’au casque, mais de toute façon, il ne compte pas la lâcher d’une semelle.