Allenka et ses rêves étranges m'ont troublé pour le reste de la journée. Je ne cesse de penser à ce qu'elle m'a raconté , au fait que ce pourrait être un message des dieux...Je crois fortement en ce qu'on m'a appris depuis ma naissance , mais que les dieux passe par une étrangère serait un comble. J'essaie donc de chasser ces idées morbides de mon esprit.

Pourtant , l'idée de la mort , même imminente, ne m'a jamais troublée outre mesure. J'ai appris à vivre avec , à l'apprécier presque. Rares sont les vikings pouvant se targuer d'atteindre mon âge, malheureusement. Ceux qui sont vieux sont une espèce en voie de disparition.
Je ne me fais pas trop d'illusions sur mon avenir , encore plus en ces contrées. Je ne connais pas assez bien les peuples des alentours pour me faire une idée précise concernant une quelconque menace.

La jeune femme est ridicule à pleurer pour une bête. Elle est morte sur le coup. Je ne prends pas plaisir à tuer les animaux, je le fais car on me l'a demandé, mais aussi et surtout pour pouvoir me remplir l'estomac. Je remercie les dieux pour leurs vies , et je passe à autre chose. Ça n'a pas l'air d'être le cas pour Allenka , et dans le fond , son attitude à tendance à m'agacer.

"Toi manger les animaux ?"

Si ça la peine tant que cela , elle n'a qu'à en laisser aux autres. Mais , je ne me priverai pas de nourriture pour le salut d'une bête. Maintenant , je dois le préparer , l'attacher , pour qu'on puisse le transporter sans soucis , durant les 3 jours que vont durer le voyage retour.
Heureusement , Allenka m'aise , jusqu'à ce qu'une charmante grosse bête vienne nous rendre visite. Effrayante vision. Les battements de mon cœur s'accélèrent. Je suis à la lettre les consignes de la femme , sachant bien sûr qu'elle s'y connaît forcément mieux que moi dans ce domaine.

À ma grande surprise , l'ours finit par s'en aller. Il me faut plusieurs secondes pour réagir à l'ordre d'Allenka , visant à partir et à aller se cacher. Avec un juron dans ma langue , je rejoins ma compagne dans les talus , profondément agacé. L'ours est partir. Il faut que j'aille retourner mon gibier. Hors de question de retourner encore chasser dans les montagnes.

"Je vais bien. L'ours pas touché moi." , je réplique distraitement , agacé par son inquiétude. Cela dit , j'ai désormais assez de compassion pour elle , pour ne pas la repousser , et poser doucement ma main sur la sienne. "Toi devoir te calmer. Toi et moi aller bien. Ours partit. Pas de blessures. D'accord ?" , j'attend qu'elle se calme , un peu gêné toutefois. "Merci. Sans toi , l'ours aurait attaqué nous." , mon seul réflexe aurait sûrement été de courir le plus loin possible. Il m'aurait rattrapé, et mis en pièce. "Moi devoir aller chercher le cerf. Toi rester là."

Il est vrai. J’ai perdu toute politesse. Dignité envolée. Me tenir à distance aux oubliettes. J’ai eu peur. Voilà c’est dit. Pour lui. Surtout. J’ai perdu mon raisonnement. J'ai réalisé ce que je faisais quand sa main s'est posée sur la mienne. Son regard ancré dans le mien. Et je crois qu'il ne pouvait pas être plus expressif que maintenant. Je finis par me reculer, retrouvant ma gêne et potentiellement mon instinct de survie. Tout en me disant que s'il avait voulu me tuer, il aurait pu le faire maintenant. Alors je me sens un peu moins en danger à ses côtés.  Il ne semble pas m'en vouloir plus que de mesures. Tant mieux. Aller chercher le gibier. Et ça me soulage qu'il daigne y aller tout seul. Mais on peut quand même voir ma tête et mes yeux fixés sur lui pour hurler s'il y avait un danger. Mais rien, c'était le champ libre. Il faut quelques minutes pour venir jusqu'à et c'est peu sereine que je finis par l'aider. Nous ne pouvions plus perdre de temps. Notre retour, emprunt d'un regain d'énergie, c'est effectivement fait plus rapidement que l'aller. On ne pouvait se permettre d'échouer si près du but, dorénavant. Peu de pauses, des nuits où ne savions parfaitement ce que l'un et l'autre devaient faire. Je me suis même lavée sans me soucier de lui, à croire que nous venions faire sauter un verrou dans notre .. Relation ?

Pour mon grand plaisir, nous n'étions pas les derniers ! C'est donc avec énormément de fiertés que nous remontons l'allée composée de ma tribu pour aller nous présenter devant le chef. Je laisse l'étranger montrer notre gibier parce que c'est bien une partie de notre aventure dont j'en tirais aucun orgueil. Les mains dans le dos, je laisse mon partenaire présenté notre offrande. Je lui avais expliqué ce que nous devions faire. Déposer la bête aux pieds du chef, citant une phrase sur la prospérité puis faire trois pas en arrière tête baissée et attendre que notre guide approuve notre offre.

Le temps me semble interminable avant d'obtenir le verdict. Le sol se met à trembler provoqué par les pas sautillant pour accompagner le rythme des percussions. On relève la tête, et c'est un pouce levé qu'on obtient. Aussitôt, j'attrape le bras de Ragnar pour aller se reposer. Nous avions une tente exprès pour nous. Et je devine, que nous étions les septième, ce n'est pas trop ridicule pour une première pour nous deux. La joie s'empare de moi, et j'ose le prendre dans mes bras avant de le féliciter. - Tu as été parfait. A mon tour de lui montrer mes deux pouces. - Nous sommes libres jusqu'à que tous les groupes rentrent. Je ne sais pas s'il comprend tout ce que je lui dis mais je suppose que maintenant, il est en capacité de pouvoir le faire. - Encore quelques heures à patienter. Tu peux aller dormir, et de quoi te laver chaudement, je peux te préparer de l'eau si tu veux. Et je vais également préparer tes tissus de fête. Tu veux faire quoi ? Je trépignais sans savoir quoi faire de mes mains. Je voulais me laver, manger, dormir et surtout m'amuser. J'étais rentrée chez moi et je voulais que tout le monde voit que nous avions réussi, que j'étais belle et bien en vie et qu'il n'était pas un sauvage assoiffé de sang.  

Je suis heureux de ne pas avoir perdu le cerf. J'aurai vraiment eu la rage si on avait perdu l'animal , à cause d'un stupide ours.
Peut être qu'Odin veille encore quelques peu sur moi. Je l'espère , en tout cas.

Je me charge de porter notre plus grosse prise. Je pense que nous avons eu pas mal de succès. De plus , les bêtes sont tuées convenablement , ce qui veut dire que leurs peaux seront exploitables , ou même leurs foururres . C'est un grand avantage , et c'est une qualité recherché chez les chasseurs dans mon pays, j'ose espérer qu'ici , également.

Une fois arrivé au camp , je me comporte exactement comme Allenka m'a demandé de le faire , avec les bons mots. Enfin , j'espère ne pas m'être trompé. Mais , tout a l'air d'aller bien , en témoigne les regards un peu plus amicaux qu'on me lance.
Cela veut-il dire que nous avons réussi l'épreuve ? Que son peuple va m'accepter ?
Je n'ose pas encore me réjouir , ne comprenant pas encore très bien tout le rituel. Finalement , le pouce en l'air m'indique notre réussite . Je souris , largement.

Néanmoins , je suis un peu surpris par l'enthousiasme de la jeune femme à mes côtés. Je ne m'attendais pas du tout à ce qu'elle me prenne dans ses bras , devant ce que je suppose être notre tente.
Pourtant , malgré ma surprise , je souris et lui rend sincèrement son étreinte. Nous n'aurions pas pu survivre l'un sans l'autre , je le comprends aisément. Et , je crois être heureux d'avoir croisé sa route. Oui , quand nos regards se touchent , je sais que je suis véritablement heureux de l'avoir rencontré.

"Je suis toujours parfait." , je réplique avec un sourire en coin , espérant avoir correctement compris le sens du mot qu'elle a utilisé. Je suis un homme qui a été élevé pour réussir. Et , j'entends bien être toujours le plus haut possible. Que ce soit au sein de mon peuple , ou du sien. Je crois que cela n'a désormais plus grande importances , les chances de rentrer chez moi , me paraissant de plus en plus minimes. "Nous allons faire...la fête ce soir c'est bien cela ?" , que je lui demande pour être certain d'avoir bien saisi le programme. "J'ai envie de dormir oui...Je veux bien de l'eau , je me sens...sale. Mais ..." , je me coupe avant de dire que je ne veux pas la déranger. Mon orgueil a rapidement repris le dessus. "Avec tes tissus...Je pense que je serai le plus beau de tous." , j'ose dire avec chaleur. "Alors...on se lave , nous dormons...puis fête ?"

Une fois qu'Allenka m'a confirmé la suite des événements , je me lave consciensement avec l'eau qu'elle m'a apporté , ne manquant pas de la remercier. Je m'excuse ensuite auprès d'elle , avant d'aller dormir , tombant de fatigue . Je ne tenais littéralement plus debout.
Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi , mais je me réveille brusquement. La jeune femme est à mes côtés , et j'entend les bruits de la fête qui va sûrement bientôt commencer...La musique bat son plein...

Et , ce soir , je serai l'un des leurs.

"Allenka..." , je commence en me relevant avant de sortir de la tente , et de la regarder bien en face , hésitant à lui tendre ma main. "Pouvons-nous danser ensemble ?" , au son de la musique , voilà l'étrange envie qui me prend.

Je ne pensais pas vivre une telle aventure avec cet étranger mais elle me rend plus vivante, je me devais de l'avouer. Jusqu'à présent, j'avais toujours refusé d'aller à cette chaste, la trouvant bien trop barbare à mon gout. Et je n'ai pas changé d'avis, ça l'est plus que jamais. Mais avec lui, à mes côtés, en plus de ne pas avoir eu le choix, ça me paraissait moins insurmontable. Et nous l'avons fait. Programme respecté à la lettre. Et j'en avais fait de même. Propre et magnifiquement bien habillé. J'avais fourni sa tenue à .. Mince, c'est quoi son prénom déjà ? M'enfin, il était superbement bien vêtu. Prêt à se mêler à nous. Sa question ne semble pas teintée de subtilités et je le réponds avec une joie non dissimulée. - Toute la nuit, si tu veux. Et avec tout le monde. Tu vas voir, tu vas adorer. Je ne sais pas s'il comprenait tout alors, je le prends par la main, sortant sous les vivats de mon peuple pour nous frayer un chemin jusqu'à la place. On écoute notre chef parler, féliciter tous les participants et lancer les festivités. Un gobelet de notre breuvage favori et des galettes.

Le temps s'écoule, aux rythme des percussions, des instruments à vent, c'est l'effervescence. Et comme promis, quand la nuit s'étend, c'est avec lui que je danse. Il ne semble plus être cet étranger qu'on regarde de loin. Il a commencé à faire ses preuves. Tout le monde l'a vu. Nos corps se frôlent, les mains s'entremêlent, les sourires ne cessent de s'élargir. Puis vient le moment où les duels vont se lancer. Je prends le temps d'expliquer à mon partenaire en quoi ça consiste. Trois combats d'une minute pour faire sortir son adversaire du cercle. Il y a dix adversaires à vaincre. Le gagnant remporte une nuit dans le Temple. C'est tellement .. Rien de beau ne sortira de ma bouche. Mais je ne pouvais pas lui cacher une telle information. Il demeurait être de chaire. - Veux-tu essayer d'aller dans ce lieu magique ? On dit que tous les vœux s'exaucent à celui qui les prononcent clairement. Que moults caresses peuvent faire apparaitre des rêves encore inexplorés. Et ce, jusqu'à l'aube. On dit que seules les veuves y sont admises pour continuer de servir .. Je trouve ça navrant. Mais bon ...

Je me sens presque adopté , moi l'homme blanc , au milieu de cette tribu que je comprends de mieux en mieux. Je danse avec Allenka , mais pas seulement , découvrant enfin une once de respect dans le regard de ces gens. J'en verrai presque plus que dans les yeux de mon père . Quelque chose change en moi. Un attachement se crée , pas seulement envers Allenka , mais envers tout le peuple , dans son ensemble , comme si quelque chose me reliait à eux, désormais.
La musique est bien différente de chez moi , mais elle m'emporte loin très loin , mais aussi au plus près de chaque âmes qui se trouvent à mes côtés. Allenka m'explique ensuite le principe des duels et du Temple.

"De qui est-ce le Temple ?" , je demande d'abord . "Je ne peux pas renier mes dieux...Je ne crois pas en...avoir tous nos voeux. Toi , tu veux essayer ?" , j'essaie de m'exprimer avec un sourire en coin , un peu moqueur je dois dire. "J'aimerais bien essayer de me battre , montrer que je suis fort."

Et , que j'ai un peu la grosse tête...Si Je réussis aisément le premier affrontement , je me fais très , trop , rapidement dégager du cercle lors du deuxième , provoquant quelques rires dans l'assemblée. J'essaie de ravaler ma fierté , mais ça fait mal.

Je rougis quand il me parle du Temple. Je lui explique donc qu'il est interdit aux femmes ou alors avec des conditions bien précises, tel qu'au mariage, si l'époux accepte, l'épouse peut y assister mais c'est tout. L'idée même ne m'a d'ailleurs jamais traversé l'esprit. Visiblement lui, veut tenter sa chance ; Je fais quand même la moue quand il décide participer à la compétition. Oui, c'est anormal mais je ne peux pas m'empêcher de ressentir d'étranges émotions le concernant et d'être soulagée quand il perd. Ca me fait culpabiliser. Mais pas question d'aller m'excuser et devoir m'expliquer. Le restant de la soirée se poursuit sans encombre et c'est aux premiers rayons du soleil que nous décidons d'aller dormir.

Je réalise que nous sommes à une heure bien avancée dans la journée que je m'extirpe de ma tente. Ca me fait également penser qu'en me levant, je n'ai pas vérifié si l'étranger était présent ou non, dans le doute, je ne ferais pas demi-tour et me risquer de le réveiller. C'est avec un sourire aux lèvres, que je me dirige vers la rivière, pour me rincer de cette nuit et des ornements à l'encre restantes. Je fais la planche pendant quelques minutes dans l'eau avant d'en sortir et d'enfiler une tunique fraiche. Je ne sais pas pourquoi, je sens que ça va être une belle journée !

Je prends le temps de saluer les miens, m'assommant de questions notamment sur notre chasse et notre nuit.. J'écarquille les yeux démentant aussitôt un quelconque rapprochement physique, bafouillant beaucoup pour être crédible. - Il te plait ? me nargue une amie. J'aurais dû dire non, mais la seconde d'hésitation à parler pour moi. C'est l'éclat de rire général et une gêne présente sur mes joues pour moi. Déstabilisée, je pars préparer de quoi souper, dans l'hypothèse où il est encore dans les parages.

Il est effectivement là, encore endormi mais le voyant bouger, je comprends rapidement qu'il ne devrait pas tarder à s'éveiller alors je dépose doucement son bol et me met dans un coin de la tente, pour ne pas le déranger. C'était sans compter sur le manque de discrétion de ma cousine entrant comme un bœuf.. - Est-ce vrai que vous avez fait la chose ? Je ferme les yeux, totalement inconfortable à cette situation et pointant de l'index que je n'étais pas seule. Ma cousine s'excuse derechef et m'abandonne à mon sort.

Je me redresse, plus dignement et lui sourit. - Bonjour, bien dormi ? Va-t-il me questionner maintenant ? Bon techniquement, il ne devrait pas totalement avoir compris. Enfin, je vais quand même devoir lui avouer ce qu'il s'entend car on lui demandera également. - Hum .. Il se pourrait .. Qu'on vienne .. à te demander .. Si nousavonsétéintimecettenuit .. Le rouge me brule le visage, pourquoi moi .. ? - Si tu as faim, je peux aller te chercher d'autres galettes sans problèmes et fuir rapidement. - Tu es marié ? Quoi ?? C'est moi qui ait dit ça ?

C'est probablement la plus belle nuit que j'ai passé depuis ma défaite , et la perte de mes troupes. Je n'ai même pas tant pensé au fait qu'Anneka était juste à côté , parce que au fond de moi , je pense que c'est devenu naturel de l'avoir si près.

Il me faut un certain temps pour émerger , me souvenir de la veille. J'ai envie de m'enterrer six pieds sous terre en pensant à l'humiliation que je me suis prise en essayant le défi d'accès au Temple.
Clairement , je ne suis pas prêt , pas entraîné , comme eux le sont. Ce n'est pas un genre de combat auquel je suis habitué.

Peut-être que je retenterai un jour ma chance , si la fortune me laisse vivre en ces lieux encore quelques temps...Oui , c'est fort probable.

Anneka parle de choses étranges , que j'ai du mal à saisir , encore abruti par le sommeil. Je me redresse doucement , mettant une main devant mes yeux , le temps de m'habituer à la soudaine clarté des lieux. Je grimace en comprenant les mots qu'elle a rapidement bafouillé , avant de laisser échapper un rire.

"Ils pensent vraiment ça ? Ce...n'est pas mal vu ?" , n'ont-il pas de cérémonie de mariage ? Ou les femmes s'offrent facilement aux hommes ? Je ne sais point quoi penser. "Je ne te gênerai pas en allant dans leur sens , si c'est ce qui t'inquiètes." , je n'ai pas envie de la mettre dans l'embarras , mais sa dernière question me réchauffe étrangement le coeur. Comme si...Comme si une réponse positive nous aurait déçue tous deux. "Je ne suis pas marié , non. Je n'ai pas trouvé de femme qui me convenait chez moi." , autre bonne excuse pour ne pas fournir d'héritiers , également...

Je ne sais pas quoi penser de ses réponses. Je penche la tête, comme si ça allait m'aider à mieux analyser notre échange. Traiter au cas par cas. - Disons que l'intimité est propre à chacun. Personne n'est véritablement regardant sur ce qu'il se passe sous une hutte. Là où il peut avoir conflit est si la personne n'apporte aucune contribution à la communauté. Pour résumé, si tu es intime avec beaucoup de personnes mais que tu ne vas jamais à la chasse, à la cueillette ou ne participe pas aux conseils, tu peux être exilé très rapidement. Alors qu'à l'inverse, si tu t'adonnes à toutes ces tâches, on ne te dira rien. Bien sûr, il existe des unions officielles où viser la femme de l'autre peut-être mal vu. Par exemple celle du chef. En soit, je ne sais pas ce que nous risquons s'il existe une intimité avérée entre nous. Je suppose que tu devrais apporter des preuves de ta contribution pour être plus ou moins libre de t'adonner aux plaisirs de la chaire. Je fais la moue, sans trop savoir si j'aurais voulu que ça arrive véritablement.

C'est un très bel homme. Mais je ne sais rien de lui, tout comme je ne connais pas ses desseins nous concernant. Qui nous dit qu'il ne voudra pas nous écraser si un jour les siens le retrouvent. Un soupir m'échappe mais je reprends rapidement contenance pour continuer de lui répondre. - Tu peux totalement démentir si cela t'embête beaucoup trop. Je ne voudrais pas rompre les chances des autres femmes ou hommes de la tribu de te mettre le grapin dessus. Je rigole mais ça m'embêterait véritablement. - Faut juste me prévenir parce que je compte bien laisser le silence faire son œuvre, parce que j'aime trop alimenter les rumeurs, et attiser les curieux.

Je marque une pause, reprenant mon sérieux. - Qu'est-ce qui te dérange chez les femmes de chez toi ? Tu préfères les hommes ? La personne idéale pour toi, elle ressemble à quoi ? La curiosité atteint son apogée, comme si j'allais me gonfler d'espoir. J'ai perdu la tête.

J'ai compris depuis un certain temps que nos us et coutumes différaient.
Ceci dit , je n'aurai pas pensé que nos usages concernant l'intimité seraient si différent. Une femme ne peut guère se donner à un homme à la vue de tous , mais si elle est unie à un homme dans ce cas , si elle va voir ailleurs , cela sera une grande honte , une humiliation des plus extrêmes pour l'homme bafoué.

Là , il s'agit d'éviter celle du chef , je ne suis même pas certain de savoir de laquelle il s'agit.

"Hum. Vous êtes donc plutôt...libres dans ce domaine." , probablement qu'elle pourrait choisir l'homme qu'elle désire sans s'émouvoir d'éventuelle conséquences néfastes , ou d'une désaprobation grandissante de sa famille. Sa petite moue m'amuse. " Alors ? Il semblerait que le sujet de nous deux étant intimes te perturbe ma chère Allenka. Soit. De toute manière , vous m'avez aidé , et je me suis engagé à participer à la vie de la communauté , et à ses tâches , peu importe une certaine proximité avec toi ou non." , les mois ayant passé , je me rends compte à présent que leur langue me vient de plus en plus aisément et même...que j'aime vivre avec eux ici.

La pensée d'être plus...proche de la femme qui m'a tant aidé n'est pas désagréable. Ceci entendu , je n'ai pas le sentiment que cette idée soit réciproque , et jamais , ô grand jamais , je ne la pousserai dans ce sens si elle ne le souhaite pas.

De toute manière , ou cela nous mênerait-il ?

"A vrai dire , cela ne m'embête pas." , je dis simplement , d'une voix égale , le visage éclairé par un mince sourire. "Malgré la beauté évidente des gens de votre tribu , je n'ai posé les yeux sur personne qui me donne envie d'entretenir ce genre de relations charnelles. Néanmoins , si la chose te gêne , tu es libre de faire cesser les rumeurs. Mais..." , j'hausse les épaules , mon sourire s'agrandissant. "Au contraire , si cela t'amuse que de répendre cette idée , je ne m'y opposerai pas." , je laisse mon regard la parcourir un bref instant , réfléchissant à sa question suivante , à comment l'amener , comment exprimer mes sentiments de manière honnête , car Allenka mérite mon honnêteté.

"Hum. En réalité , beaucoup recherchaient mon intention de manière intéréssée. Après que mon frère aîné ait rejoint nos ancêtres , j'étais celui devant fournir le prochain héritier. Un grand honneur , mais aussi une responsabilité , qui attirait des femmes qui ne se préoccupaient pas de découvrir quel homme j'étais. Mon père se montrant également très insitant...J'ai fini par me fermer totalement à l'idée d'une union , peut être aussi pour énerver mon paternel." , je lâche un petit rire ironique. "Ma mère éprouvait des sentiments forts pour mon père. Je crois que je rêvais de cela aussi...Quand j'étai naïf. Quant à ta question , non , les hommes en ce qui concerne les plaisirs de la chair , ne m'attirent pas." , je laisse planer quelques secondes avant de reprendre. "La personne idéale ? C'est une grande question...Quelqu'un d'abordable , de bon , mais qui saurait me remettre en place quand c'est nécéssaire , j'en aurai besoin je ne peux que l'avouer. Pas quelqu'un de soumis. Qui a de l'humour. Qui sait se battre. Qui voudrait fonder une famille. Une femme avec qui je voudrais être constament , pour qui mon regard brûlerait de désir et d'affection non feinte." , je ne peux m'empêchr d'ajouter. "Et toi ? De quel genre de personne rêve-tu ?"

Tu ne sais pas trop ce que voulait signifier libre de son côté mais tu hoches la tête. Est-ce qu'il voudra .. s'adapter à nos coutumes ? D'un sens, tu aimerais l'encourager mais de l'autre .. Ah .. Tu ne sais pas trop comment définir ce que tu ressens actuellement. Une part de toi, se réjouira forcement. Mais l'autre .. C'est nettement plus compliqué.

Tu baisses la tête quand il prononce ton prénom, sonnant différemment venant de lui. Est-ce ainsi que les femmes perdent les moyens face aux hommes ? Tu te sens bien naïve d'agir de la sorte.

Tu relèves la tête et reprends contenance. - Je n'ai jamais été intime avec un homme ou une femme. C'est .. un domaine dont j'ignore les effets. Je ne veux pas ternir ta réputation non plus ou ... Tu hausses les épaules, intimidée. Le ou non, te fait quand même tiquer mais tu préfères sourire. Tu es ignorante et pour une fois, ça te déplait fortement.

Tu crains quand même les foudres de ta communauté et qu'on t'impose de n'être qu'à lui, en guise de .. punition ? Ca y est, tout s'entremêle, ça te gêne. Pour autant, vous décidez - enfin tu crois - à laisser courir les rumeurs sur votre compte et de découvrir ce que ça pourrait provoquer. Au fond, tu restes joueuse un minimum. Et tu le sais parfaitement, que Ragnar demeure une attraction autant chez les femmes que les hommes. Et ses relations ne regardent que lui, après tout. Que ça te plaise .. ou non. C'est un sourire plus ravi que tu lui offres. - Bien, faisons ainsi que tu conclus et tu te redresses pour imprimer les explications qu'il te donne.

Tellement de différences, tu es fascinée. Tu comprends qu'il est fils de Roi mais parait si sage, contrairement aux fils d'ici. Epatant. Tu notes chaque mot comme si tu avais ces critères là. T'as envie de les avoir mais déjà tu ne sais pas te battre et tu refuses d'apprendre. Fille de la forêt, tuer n'est pas ton domaine et la violence encore moins. T'as le sentiment d'avoir été éliminée avant même de proclamer une quelconque candidature. T'as définitivement perdue la tête. - Je te souhaite de rencontrer cette admirable femme. Tu es tellement un homme bon, que tu ne peux qu'avoir une merveille à tes côtés. Et tu le penses sincèrement.

La question t'est retournée et tu prends le temps d'y réfléchir. Le regard se fronce, comme si tu allais jouer ta Vie. - Hum .. Un homme intègre, transparent, avec le sens de l'equité.. Qui saura se montrer fort et bon en toute situation. Qui ne me prendra pas pour un être inférieur et acceptera de m'écouter quand il le faut. Pas d'humiliation et aucune violence. Qu'on puisse partager de tendres moments et avoir de beaux enfants. T'éclates de rire, tellement tu rougis de ta dernière révélation. La maternité est quelque chose dont tu aimerais vivre un jour.

Tu te redresses vivement, époussetant ta robe. - Bon, je ne sais pas ce que tu veux fa.. Tu n'as pas le temps de terminer ta phrase qu'un enfant accourt dans votre hutte. C'est à tout vitesse qu'il explique qu'une tribu voisine arrive avec des hommes blancs, pointant Ragnar en même temps. Rapidement, tout le monde s'est activé pour les accueillir. Tu expliques la situation à ton partenaire de chasse avant de sortir de votre chambre.

Vous vous frayez un chemin vers le centre du camp pour apercevoir l'arrivée à cheval de vos congénères. Tu aides Ragnar à identifier qui a quel rôle et comment se comporter. En tant qu'étranger, il devra attendre qu'on lui donne la parole et toujours baisser les yeux. C'est déplaisant comme règle, à tes yeux mais tu préfères le prévenir.

Tu tends l'oreille et le cou pour remarquer les autres étrangers. - Tu les connais ? Tu le questionnes, songeant déjà à sa réaction - quand tu découvres que ses amis sont ligotés. Tu oses agripper son poignet pour l'intimer de ne pas se lancer dans une phase destructrice et lui traduis ce qu'il se passe. - Ils ont appris que tu étais là, en liberté et ne comprennent pas cette décision. Tu vas être appelé, garde ton calme, je t'en prie. L'inquiétude résonne dans ta voix. Un mot de trop, et lui aussi pourrait être étiqueté comme ennemi - ce qui est furieusement ridicule.