Willow m'a visiblement reperé bien avant que je n'entre dans le dinner , mais est-ce vraiment une surprise ? Non , bien sûr que non.
Après tout , elle et sa meute sont entraînés à nous repérer , à se débarasser de nous rapidement , putain d'imprégnation ou non...Je ne m'attendais pourtant pas à ce qu'elle me touche , plutôt à ce qu'elle m'engueule , ou me dise de partir fissa.

Le contact de sa main brûlante sur ma peau froide aurait eu le mérite de perturber mon rythme cardiaque si toutefois j'en avais encore eu un. Je ne dirai pas que c'est forcément agréable , son odeur m'aparaissant toujours aussi infâme mais...Je me sens tout de même soulagé de la revoir en chair et en os.

"Bien reçu..." , je souffle à la fin de ces indications , les ayant facilement retenu , au vu des faibles détails donnés.

Je me doutais bien qu'elle ne voudrait pas parler ici , mais je ne pouvais pas juste attendre dehors. J'aurai laissé mon odeur sur chaque mètre carré de Forks par ailleurs. Bon , je mentirai si je dirai que ses indications étaient particulièrement clairs hein...Le Nord , la forêt , un bâteau , c'est vaste , hein ?
Mais , j'essaie de suivre mon instinct , de ne pas me perdre bêtement. Quelques vieilles effluves me guident également , sans doute est-elle venu plusieurs fois ici , même si c'était il y a longtemps.

J'arrive le premier , mais c'est plutôt logique. A vrai dire , je ne sais même pas quand est-ce qu'elle était censée finir son boulot. Quelques minutes ou plusieurs heures ?
Je vais me retrouver à poireauter comme un con pendant une nuit entière...Si ça se trouve , Willow voulait juse se débarasser de moi , en m'envoyant le plus loin possible de sa meute. Enfin , oui évidémment qu'on est loin de la meute pour que ses amis ne sachent pas que je suis là , ou qu'ils ne puissent lire dans ses pensées qu'elle s'est impégnée d'un putain de vampire...

Quoique ça réglerait une partie du problème nan ?

J'ai soif.
Horriblement soif.
J'en tremblerai presque , comme un accro à son rail de coke.

Mais , je n'en suis pas encore au point de rupture...J'ai déjà été bien pire. Et , je ne me vois pas saigner un humain juste avant de voir Willow , c'est juste...Je ne veux pas qu'elle me voit comme cela. Quant à un animal...Bordel non , c'est dégeulasse. Pourtant , ça ne manque pas de lapins , de chevreuils , ou de je ne sais quoi dans le coin...

Puis , je sens odeur. Je me redresse pour plonger mon regard dans le sien , et ce immédiatement. En louve , elle est venue. Ca me fait sourire. J'attends qu'elle se rapproche , conscient que même si l'on devrait raisonnablement être le plus loin possible l'un de l'autre , il n'y a pas de solutions...Non , il ne semble y avoir aucune issue dans cette histoire. Mon sourire se mut en un rictus un peu triste , sombre. Je ne saisis pas les choses davantage qu'elle , et pourtant je vais me retrouver à être celui qui doit prendre la parole.
Génial...

"T'es plutôt un beau spécimen mais tu pues encore plus que sous ta forme humaine." , je lâche , tranchant comme à mon habitude. J'avais déjà un côté un peu clasheur , hors des cases lorsque j'étais humain , et je sais que c'est ce qui plaisait à Maria entre autres..."Je ne sais pas ce que je suis censé te dire. Je ne pouvais juste pas...m'enfuir à des kilomètres. Je ne suis pas arrivé à te sortir de mon esprit , encore moins cette histoire d'imprégnation...Je n'ai aucune idée de ce que tout cela signifie , ni pourquoi t'as pu t'imprégner de ton ennemi mais..." , j'en serai presque à faire semblant de respirer pour lâcher un soupire. "Je ne vais pas repartir , ok ? Pas avant qu'on ait tiré cela au clair. J'ai conscience que ça va être compliqué , parce que les recherches que j'ai mené de mon côté n'ont rien donné , que ce sera la merde mais...Peu importe . Danger ou pas. Je reste avec toi."

C'est con , et je ne suis absolument pas prêt à lui dire mais...Pour la première fois depuis ma transformation , j'ai la sensation de vivre à nouveau.

Le vampire se dresse face à moi. Son regard me traverse et suffit à me faire sentir irrémédiablement lié à lui. Je me sens comme lui appartenir toute entière. Sensation fort étrange, et encore inconnue pour moi que de vouloir m’abandonner à un type qui, dans le fond, je connais à peine. Enfin, étranger, l’est-il vraiment ? La familiarité qui monte en moi face à ce visage et ces yeux bruns me conforte en chaque instant et justifie jusqu’alors le moment hors du temps de l’autre soir que nous avons partagé. La facilité d’échanger avec lui malgré toutes nos différences et cette tension qui ne cesse de grandir aussi. Matthias m’arrache à toutes ses vérités intrusives en adressant la question le premier. Ma condition ne permettant pas de parler dans l’immédiat.

Sans surprise et fidèle à lui-même, Matthias me taquine de nouveau au sujet de l’odeur. Je me surprends à grogner doucement malgré moi et agacée, j’ai le réflexe animal de balayer l’air de ma queue. Bien sûr, ce n’était qu’une amorce pour entrer dans le vif du sujet. Il a cette habilité pour désamorcer le sérieux de nos conversations avec sa légèreté usuelle et je pense que c’est ce qui me plait le plus chez lui. Les confessions qu’il me livre viennent joindre les miennes. Je ne bouge pourtant pas d’un poil, quoiqu’ému par sa sincérité et sa franchise malgré les circonstances. Mes yeux de louve ne se détachent pas des siens tandis que le silence précède ses paroles. Une fine brise vient caresser ma fourrure me rappelant les choses en leur état. Je me redresse alors sur mes pattes et me détourne de lui pour m’engouffrer de nouveau dans la forêt. À quelques mètres de là, derrière un arbre, il me semblait avoir vu quelque chose… Une bâche. Elle s’y trouve au sol juste derrière un conifère derrière lequel je reprends forme humaine. Je m’en recouvre en plaçant celle-ci sur mes épaules et la serrant sur moi de mes mains. Il faut dire qu’il n’y a pas de logistique aisée pour l’après-transformation et j’ai un minimum de pudeur. Si la plupart des loups de notre meute sont tous des hommes et semblent s’en contrefoutre, ce n’est pas vraiment mon cas. Je reviens ensuite sur mes pas, là où j’ai laissé Matthias en plan pour quelques instants. J’hésite à l’approcher d’aussi près que je l’étais sous ma forme de louve. En vérité, je réalise que je me sens gêné de lui apparaître comme ça, recouverte d’un rien qui a traîné dans la terre pendant je ne sais combien de temps. J’aurai aimé qu’il ait une meilleure image de moi, disons. Je le regarde longuement. Là, à l’instant, j’ai juste le besoin criant de lui faire savoir ce que je ressens.

— Pour tout te dire… J’ai aussi pensé à toi… Plusieurs fois même. » Constamment, oui. Malgré moi je détourne les yeux sur le lac. Le malaise ne vient pas de nous, mais j’ai pensé un instant à Alex. Est-ce que je suis en train de le tromper ? Après tout, on ne fait que parler. « Je suis désolé pour ce que je t’ai dit l’autre soir, je n’aurai pas dû… je ne le pensais pas. » Je replonge mon regard dans le sien, sincèrement désolé.  « Pour ce qui est de l’imprégnation, qu’importe ce que ça implique ou non. Tout ce que je sais, c’est que je ne te laisserai plus repartir. » Je me sens prise de vertige et réalise que je suis soudain juste devant lui. À quel moment me suis-je avancée de si près ? Je ne m’en suis même pas rendu compte. Une de mes mains se fraie un chemin jusqu’à lui et vient chercher la sienne. Un geste qui m’est venu aussi naturellement que si je l’avais fait avec Alex. C’est étrange. Cette fois-ci, je ne sens pas notre différence de chaleur corporelle et ce touché vient profondément m’apaiser, chasser la peur que j’avais quelques instants plus tôt. « Danger ou pas. » que je lui réponds à mon tour. C’est un commun accord.

— Tu as faim n’est-ce pas? » Mes yeux plongent inquiets dans les siens. Si la meute savait ce que je m’apprête à faire, je serai probablement lapidé par les miens. « Je peux t’amener de quoi apaiser cette soif. Il y a un hôpital pas loin d’ici, celui où j’ai sé… Bref. À Portland. Quelques minutes de là où l’on se trouve actuellement. Je pourrai te ramener une poche ou deux de sang. Il doit bien y en avoir des stocks là-bas. » Une solution temporaire, mais une solution tout de même. Je connais assez bien l’hôpital dans lequel j’ai passé 2 mois de ma vie après l’accident. Je pourrais m’y repérer facilement. En revanche, au regard sombre de Matthias, je ne sais pas si l’amener avec moi soit une bonne idée. Je le tire à l’intérieur du hangar et remarque un livre sur le sol dont le titre ne m’est pas inconnu. J’ai dû l'oublier depuis la dernière fois que je suis venu. Je le ramasse et le lui tends. «  Ici, on n’est pas en territoire Quileute. On ne craint rien. » que j’ajoute pour ne pas l'inquiéter. « Je serai de retour dans une heure. Ça ira ? » mes lèvres s’étirent d’un sourire tendre, essayant d’être le plus convaincant que possible. Il n’a vraiment pas l’air bien, mais je me retiens de le lui faire remarquer.

Je pensais que je me sentirai gêné de parler à Willow sous sa forme de louve mais en fait pas vraiment...Ca me paraît naturel , de juster laisser les mots sortir de ma bouche , son regard fixé dans le mien. C'est à peine si je me sens encore dérangé par son odeur.

Mon coeur parle , et j'ai l'impression d'enlever un grand poids de mes épaules. Je ne partirai plus , c'est chose décidée , quand bien même je devrais avoir sa crétine de meute sur le dos ou pire , me priver de sang humain encore longtemps. Les effets du manque se font sentir du reste , mes yeux sont bien trop foncés , et je me sens sur les nerfs , presque tremblotant. Comme un humain en manque de sa dose d'héroïne , alors que ma seule véritable drogue se trouve en face de moi.

Willow détourne le regard , avant de regagner la forêt. Je comprends assez vite qu'elle prend le temps de se transformer à nouveau. Peut-être qu'elle réfléchit à comment me dire d'aller me faire foutre sans que je ne l'étripe. Non que je me verrai l'attaquer , néanmoins elle peut le craindre...Nan bien sûr que nous.
Je sais que je ne lui ai jamais réellement fait peur , pour être honnête.

J'hausse les sourcils en la voyant revenir simplement couverte de ce qui ressemble à une vieille bâche. Espérons qu'elle n'aille pas attraper je ne sais quelle merde avec cela sur le corps...
Evidémment , je ne m'attendais pas à ce qu'elle se montre nu devant moi (ceci dit , moi , ça ne m'aurait pas foncièrement dérangé).

Mes yeux sont toujours plongés dans les siens , lorsqu'elle m'avoue ressentir quelque chose de semblable. Que j'étais dans ses penséees également. J'aurai presque l'impression de ressentir de la chaleur , si toutefois je le pouvais. Je laisse apparaître un petit sourire sur mon visage de marbre.
Danger ou pas , oui.
Voilà notre promesse , notre serment.

"Ce n'est pas grave , pour l'autre jour. Même si tu le pensais." , je lâche calmement , d'une voix contrôlée , que je dois maintenir claire pour éviter de laisser trop apparaître ma soif. Et , on dirait que j'ai échoué comme un imbécile. "Ouais. J'ai pas bu depuis des jours." , j'avoue finalement. Je n'en suis pas honteux , je sais qu'elle déteste cet aspect de ma personne , mais je n'aime pas montrer mes faiblesses. Je me sens vulnérable en ce moment , et je hais ça. Bien sûr , je sais qu'elle ne m'attaquera pas , mais ce n'est pas ce qui m'inquiète le plus.

"Deux poches , ce serait sympa." , je réponds à sa suggestion. Si je le pouvais , j'aurai lâcher un soupire de soulagement , touché par sa sollicitude , par l'envie de faire les choses biens. "Je suis exigeant , je sais." , je continue avec un petit sourire en coin  , taquin. J'acquiesce quand elle dit qu'on ne craint rien , car loin de son territoire , mais je n'en suis pas intimement convaincu. "Ne t'inquiète pas , je sais me débrouiller. Je suis un grand garçon." , je n'ai pas bougé de ma position , mais je garde ce petit sourire. "Merci." , je finis par dire , conscient qu'elle me sauve la mise.

***

L'heure qui passe ensuite semble se dérouler dans un sorte de brouillard. Je m'assois sur une pierre pour la forme , reste attentif aux odeurs et aux différents bruits environnants , puis j'attend tout simplement que le temps passe.
Je sens Willow arriver bien avant qu'elle ne se représente sous forme humaine devant moi , avec les poches de sang.

Mes yeux sombres se fixent aussitôt sur elles , tel un diamant , mais je me contiens. Je dois savoir me maitrîser. Depuis la mort de mon créateur , je me suis trop souvent laissé aller à mes pulsions.
Je me lève doucement , restant à une certaine distance.

"Tu n'as pas eu de problèmes pour...les récupérer ?" , se contenir , se contenir Matthias. J'en viens même à fermer les yeux un instant , alors que ça ne va certainement pas m'aider. "J'imagine que tu ne veux pas trop que je bois ça devant toi ?"

[hrp=n'hésites pas à me faire savoir si tu avais une idée autre pour le retour de Willow et je changerai :)]

Récupérer les poches de sang aura été moins éprouvant que je m'imaginais. L’aide inattendue d’une personne que je n’avais pas revue depuis l’accident m’a facilité la chose. À vrai dire, c’était surtout trouver de quoi me vêtir avant d’entrer dans l’hôpital qui a été le plus compliqué. J’ai dû retourner au dépanneur, le même que celui de la nuit de ma première transformation pour piquer de nouveau des fringues dans le rayon vacancier. Cette fois-ci, le caissier m’a hurlé qu’il appellerait les flics pour exhibitionnisme. J’ai dû filer en moins de deux. Cette fois, avec une petite robe blanche à fleurs. Pas trop mon style, mais étrangement j’avais envie d’être coquette. Pour Matthias peut-être? J’ai laissé de côté les souliers faute de temps pour trouver chaussure à mon pied et j’ai filé direction l'hôpital de Portland. Me voilà, une quinzaine de minutes plus tard de nouveau enfoncée dans la forêt, direction le hangar à bateau. Un sac de sport en bandoulière sur mon épaule contenant les précieuses poches, cela fait plus de 30 minutes que je cours dans la forêt en pleine pénombre. Avant la transformation, me retrouver dans ce genre de situation m'aurait fait flipper. Mais ma vision nocturne me permet de discerner les formes dans le noir et mon ouïe, d’être à l’affût du moindre bruit anormal. Anormal dans le sens, si des vampires ou un loup de la meute étaient dans les parages. Heureusement, je ne tarde pas à sentir l’odeur de Matthias et discerner sa silhouette entre les arbres. Je peux enfin ralentir le pas et souffler un peu. Je sors aussitôt les poches de sang de leur sac et les tends au vampire. Malgré tous les efforts qu’il fait pour démontrer une certaine retenue, je vois bien qu’il est tendu et affamé.

— Ne te gêne pas pour moi. Vas-y, t’a l’air d’en avoir besoin.
Je m’approche doucement vers lui puisqu’il semble vouloir garder ses distances. C’est non deux, mais trois poches de sang que j’ai réussi à lui obtenir. Le vampire devrait avoir de quoi tenir un jour ou deux avec ça. J’ignore la quantité dont il a besoin par jour, mais il va falloir penser à une solution. Il est hors de question qu’il chasse en territoire Quileute et je ne le laisserai pas s’en prendre à des gens. Tout comme je ne le laisserai pas mourir de faim. Un sacré casse-tête pour plus tard.

— Eh bien… À vrai dire, c’était assez facile. C’est un de tes semblables qui me les a refilés. Je suis tombé nez à nez avec le Dr Cullen à l’hosto.
Je le regarde, intrigué. Une question me brûle les lèvres. « Comment les Cullen sont au courant de ta présence ici ? Ils t’ont senti ? De notre dernière discussion à leur sujet, tu ne semblais pas très proche d’eux…» Je me rappelle encore des propos accablants qu’avait tenus Matthias à leur égard dans ma chambre. Et le Dr Cullen a agit avec magnanimité, comme s’il savait pour qui les poches de sang étaient destinées. C’était vraiment étrange. Je m’attendais surtout à ce qu’il m’empêche de repartir avec les biens de l'hôpital, ou me pose des questions quant au pourquoi Willow Olsen chercherait à voler le sang de ses patients.

Je m'assois sur un coffre près du hangar en ruine, non loin de Matthias, lui laissant son espace pour faire ce qu’il a à faire. Pensive, mes yeux parcourent la forêt. Tout est si calme. C’est difficile d’imaginer que les choses continueront ainsi dans leur état avec tous les obstacles qui s’offrent à nous. Mon regard se pose ensuite sur Matthias. Je commence un peu mieux à embrasser ce lien invisible. Quoique je ne sais pas pourquoi, mais  je sens que je ne m’ouvre pas tout à fait à l’imprégnation. Par moment, je ressens son effet, mais la majorité du temps, je refoule notre attirance. Et cette résistance en est douloureuse. J’en ai une boule au ventre persistante. Est-ce à cause de la meute ? Alex ? Le fait qu’il soit un vampire ? Peut-être toutes ces raisons. Ça n’empêche pas que depuis la dernière heure, je ne pense qu’à ses lèvres. Et pourtant, je demeure où je suis à mon poste, je ne bouge pas d’un cil et l'observe se nourrir. Il représente l’interdit, l’objet de mes pensées et il ne le devrait pas. Je laisse tomber ma tête par en arrière, et retiens d’échapper un râle. Je n’aime pas cette situation. Devoir se cacher comme on le fait n’a rien d’excitant quand on y risque nos vies. Je finis par rompre avec toutes ses pensées en rompant le silence.

—  Si ce n’était pas de l’imprégnation… Tu crois que l’un de nous y serait resté dans cette ruelle ? Je veux dire… mort ? Si je n’étais pas une modificatrice, nous aurions simplement croisé nos chemins sans rien comprendre l’un de l’autre, peut-être m'aurais tu aussi déjà bouffé…
Il a fallu que je vomisse des hypothèses qui n’ont pas lieu d’être. C’est juste que penser au fait, que si l’imprégnation permet de reconnaître soi-disant son âme sœur comme le prétendent Seth et les autres, il aurait suffi que je ne sois jamais devenu modificatrice et nous ne nous serions jamais reconnu l’un dans l’autre. Je crois que c’est l’idée que cette force invisible manipule nos sentiments qui m'angoisse. J’ai peur que ce que je ressens pour le vampire ne soit tout simplement pas légitime. Je ne voulais pas tomber amoureuse de mon ennemi.  

— Oubli. C’est idiot. »  Je replie mes jambes sur moi-même et détourne le regard vers la rivière.

[hrp=C'est parfait!]

Lorsque j'étais humain , je n'ai jamais ressenti une quelconque forme de manque. Les drogues n'étaient pas aussi facilement accessibles qu'aujourd'hui , bien que certains puissants anti-douleurs circulaient dans mon corps d'armé. Ceci dit , la plupart de ceux qui finissaient par en avoir mourraient rapidement car leurs blessures étaient trop graves , on leur donnait ça pour qu'ils crèvent vite et en silence.

Ce que je vis en ce moment n'a rien à voir. Je ne risque pas de mourir au sens propre , vu qu'il faut un sacré concours de circontances pour buter un vampire , aka un être déjà décédé par définition , mais c'est clairement la sensation que j'ai. Un peu comme quand j'étais désydrathé humain.
Une douleur , une envie irrépressible de boire , du sang cette fois-ci. Le genre de manque qui te ferait faire absolument n'importe quoi pour l'assouvir , et que je me dois de contrôler pour ne pas sauter directement sur les poches qu'a ramener Willow.
Je me suis promis de faire les choses d'une meilleure façon avec elle , quoiqu'il m'en coûte. Ceci dit , une fois qu'elle m'a remise les poches et dit que je n'avais pas à me gêner , je me sens soulagé d'un énorme poids.

Je marmonne un vague merci , avant de déchirer de mes crocs la première poche de liquide rouge , et j'inspire rapidement son contenu. Je la bois en seulement quelques secondes , en sentant aussitôt les effets bénéfiques sur mon corps. Mes tremblements diminuent , et mes iris reprennent leurs teintes habituelle. Je fais une courte pause , avant de me faire la deuxième poche : désormais je me sens à nouveau en pleine forme , la sensation de manque ayant enfin disparu.

"Merci." , je me répète en essuyant ma bouche d'un revers de la main. "Je commençais à devenir fou."

Le manque ne sera jamais compris pour quiconque n'est pas un vampire. Je n'ai pas choisi d'être un monstre , mais je n'ai pas non plus voulu combattre ma condition comme les Cullen. Je me suis toujours dit qu'il valait mieux accepter ma nature , l'embrasser tout simplement. Si je le pouvais , je me serai sûrement étranglé à la mention du Dr Cullen.

"Tu...Ah." , je ne sais pas trop comment réagir à cette nouvelle. "J'imagine que c'était la meilleure personne sur qui tu pouvais tomber là-bas. Même si je trouve cela étonnant qu'il te les ai refilé si facilement. Quoique , ce n'est pas le plus grand adepte de la transfusion." , je renchéris d'un ton un brin ironique. Je ne parle pas uniquement de sa nature vampirique. En fait , beaucoup de médecins essaient d'opérer ou de soigner en utilisant le moins de sang possible , les patients se remettant plus facilement des interventions dans ces cas-là.

"Je connais les Cullen , mais je ne peux pas dire que nous sommes particulièrement proches. Le vampire qui m'a transformé , Stefan , était un ami du Dr Cullen. Alors , il existait quelques contacts entre nos deux clans , mais je n'ai pas dû lui parler plus de deux fois. Il y a quelques années , une de ses filles , Alice si je me souviens bien , était venue demander de l'aide , mais mon clan s'était déjà fait décimer j'ai donc décliner." , je laisse un petit temps de pause avant de reprendre. "Tu dois le savoir, mais Alice a des visions. C'est elle qui m'a dit qu'un évènement me ramènerait un jour à Forks , que quelque chose m'y ferait rester. Je ne l'ai jamais vraiment cru avant ce qui est arrivé entre nous et..." , j'hausse les épaules. "Je suppose qu'il est probable qu'elle ait su par une autre vision que je suis dans le coin."

Son don est imprévisible , et je ne le connais guère , néanmoins c'est l'explication la plus probable qui me vienne en tête.
Willow s'éloigne un peu , et je prends le temps de laisser le sang agir en moi un peu plus , histoire de recouvrir totalement mes capacités et de réléchir à tout cela. Malgré ce qu'elle vient de faire pour moi , je vois bien que la modificatrice est toujours méfiante à mon égard , et c'est on ne peut plus normal.
Nous sommes des ennemis naturels , qui ne devraient même pas se côtoyer plutôt se faire la guerre , s'étriper. Et ce , même si sa meute et les Cullen ont une espèce de trêve , en raison justement de l'imprégnation d'un loup pour l'hybride qu'il leur a causé la violence des Volturis. La dernière remarque de la louve me fait néanmoins lâcher un franc rire.

"Peut-être ? Qui sait ? En tout cas , en tant que louve , non je n'aurai pas pris le risque de t'attaquer en premier , parce que j'aurai eu peur d'avoir ta meute à mes trousses. Pour le reste..." , je garde mon sourire , un peu taquin. "Ce n'est pas idiot. Néanmoins , tu sais je ne bouffe pas tout ce qui passe à ma portée. Certains humains...ont un sang qui répulse , ou au contraire qui attire et crée la fascination. Stefan , celui qui m'a mordu , aimait vivre parmis les humains. Alors , pendant des années , comme les Cullens j'ai vécu comme un homme normal. Enfin , je faisais semblant. Il n'y avait pas de loups , alors on faisait simplement quelques centaines de kilomètres pour se nourrir." , je me raproche un peu d'elle mais timidement , sans oser envahir son espace.

"Il en reste que nous ne sommes pas dans cette situation. Je suis un vampire , t'es une quileute. Et l'imprégnation a fait son oeuvre , pour une raison mystérieuse. Imaginer des centaines de possibilitées...Je ne sais pas si cela nous avancerait à grand chose. Je n'ai pas la moindre envie de te tuer si ça te rassure..." , je l'embête encore une fois.

— J’étais assez surprise moi-même. Ce sang aurait pu sauver la vie d'au moins une personne… » que je l’avise sur un ton légèrement moralisateur. Je soupire, car je m’exaspère toute seule.  « Ce n’est pas ta faute, Matthias. C’est moi et mes choix. J’aurais simplement pu te laisser à ton sort… Ou au contraire, l’écourter… mais je le comprends maintenant. » Doucement, je lève les yeux vers lui. « Ce n’est pas dans ma nature de te détester. » Un sourire se dessine sur mes lèvres, je veux qu’il sache que je suis sincère dans mes paroles. Je suis prête à enfreindre mes propres principes pour lui et ça m’en fait presque peur jusqu'où je me sens capable d'aller.

Le vampire m’apprend par la suite qu’il faisait partie d’un clan autrefois, comme il en est commun aux vampires d’en appartenir de ce que j’ai cru comprendre. Stefan est donc celui qui a transformé Matthias en ce qu’il est. Je ne sais pas si je devrais le maudire ou le remercier, car en y pensant, nous ne nous serions jamais rencontrés appartenant tous deux à des temporalités différentes. Je ne peux toutefois m’empêcher de m’inquiéter et de me questionner sur les événements qui ont pu conduire à l’extermination de son clan. Mais surtout par qui ? Ou plutôt par quoi ?
— Ton clan s’est fait… décimer ? Quand est-ce que c’est arrivé exactement ? » que je lui demande doucement. C'est puissant. Toute l'inquiétude que je peux lui porter. Ça m'en tord le ventre. Je n'ai jamais ressenti ça pour quelqu'un auparavant.
Quant à Alice, je la connais de nom seulement, mais j’ignorais que son don consistait à avoir des visions. Maintenant, tout s’explique. La meute ne m’a pas tant parlé en détail des Cullen. Leah ne semble pas particulièrement les apprécier donc je ne les ai jamais rencontrés. Enfin, à part le Dr. Cullen qui à une époque a sauvé ma vie. À ce moment-là, j’ignorais qu’il était un vampire puisque je m’ignorais avoir le gêne modificateur des quileutes et étrangement, il n’est pas celui qui a avoir provoqué ma transformation.

Matthias se rit de mes propos sur l’imprégnation. Un peu offusqué et embarrassé, je grimace.
— T'oubli que t'étais quand même à deux doigts de faire de mon amie ton dîner. » je le gronde faussement, mais ce souvenir me glace le sang quand même.
Du coin de l’œil, je vois le vampire s’approcher doucement. Je me déplace sur mon bout de coffre pour lui laisser une place à mes côtés. D’où il est, je sens déjà le froid qui émanent de son corps. Cette sensation m’en fait frissonner. Pourtant, je le veux près de moi.
— Je ne mords pas et je sais que je ne suis pas de ton "goût". » Je lui lance en lui rendant sa pique et l’incitant à me rejoindre. Je sais que Matthias ne me fera pas de mal. J'ai cru comprendre que mon odeur ne lui était pas très appétissante. Je suis un peu vexé, mais c'est mieux ainsi. Autrement, nous ne pourrions pas nous tenir aussi prêt l'un de l'autre.

Je comprends que me rapporter ces poches a dû coûter énormément à Willow. Ce n'est pas annodin. C'est aller au contraire de tout ce en quoi elle croit , de sa nature même. Je manque de baisser les yeux quand elle dit que ces poches auraient pu sauver une vie.
C'est relatif. La transfusion est loin d'être un remède miracle , souvent suivi d'innombrables complications , mais je ne suis pas avec elle pour parler de médecine.

"Ou alors tu vas contre ta nature."

Une réplique que je lui offre pourtant avec un léger sourire en coin. Nos deux espèces sont ennemies , pourtant aucun de nous deux n'a encore buté l'autre...alors qu'on a tous les deux eu notre chance , une circonstance favorable à un moment ou un autre pour prendre le dessus , mais on ne l'a pas fait.
Je laisse échapper le détail concernant Stefan , sa mort et celle du clan en particulier.
En fait , je ne pensais pas que Willow relèverait , ou me poserait une question. Je me tends aussitôt , les yeux dans le vague , replongeant dans d'atroces souvenirs. Images que j'essaie d'oublier depuis des années , mon excellente mémoire que je voudrais maudire , qui me fait me rappeler de chaque putain de détail.

Si j'étais humain , j'en tremblerai.

"Je...euh..." , je l'a regarde droit dans les yeux une seconde , avvant de secouer la tête. "Je ne suis pas...Je ne veux pas en parler , ok ? Pas des détails , en tout cas..." , je me passe une main dans mes cheveux , me faisant la réflexion qu'avec ce que vient de faire Willow pour moi , je lui dois bien une ou deux explications. "Bon...c'était un clan de vampire irlandais. Leur leader s'appelle Ambre. Je ne connais pas grand chose sur eux , Stefan et elle étaient déjà en conflit alors que j'étais encore un bébé. On les a semé pendant des dizaines d'années , esquivant les batailles...Quand on se battait y'avait toujours des pertes , des deux côtés. On était pas des gros clans , tu sais , une quinzaine de membres tout au plus..." , les souvenirs rappliquent encore une fois , et je serre les dents , une colère vivace faisant surface en même temps que la peur et la douleur. "C'était en 2008. Le point de non retour. Me demande pas...ce qu'il s'est passé exactement. J'veux pas revivre ça. Disons simplement qu'ils nous ont pris par surprise , en embuscade et..." , je lâche un petit rire nerveux , sans joie aucune. "Ils sont tous morts. Tout mon clan. On a été trois à se tailler mais Ambre a rattrappé les deux autres. Parfois...je l'a sens encore dans mon sillage."

Je me rapproche un peu d'elle , malgré l'odeur , qui avec le temps commence à se faire plus supportable , assez étrangement. Je prends place à côté d'elle , ricanant un brin à la mention de son amie , sans pouvoir m'en empêcher :

"J'étais affamé ce soir-là. Je te le redis : je ne passe pas mon temps à bouffer des humains. D'ailleurs qu'est-ce qu'elle foutait dans une ruelle sombre à une heure pareille , hein ?" , je lui demande avec un haussement de sourcil , un brin moqueur , la taquinerie semblant être naturelle , et de mise entre nous deux. "Tu ne mords pas en effet mais tu aboies beaucoup...ça dépend de quel goût tu parles , Willow." , je finis d'un ton beaucoup plus sérieux , mes paupières à nouveau rouges foncés s'attardant sur ses lèvres.

Cette phrase de Matthias me fait plus que réfléchir. Est-ce que c’est vraiment ce qui va se passer désormais ? Lorsque je serais avec lui ? Ce mal-être persistant qui me tord le ventre et cette nausée passagère ? C’est ce que me coûtera d’aller à l’encontre de mes principes pour lui ? Je préfère ne pas y penser pour le moment et préfère ignorer cet aspect de notre relation si je puis dire. Ce n’est pas quelque chose d’agréable.

Matthias me raconte un pan de sa vie assez sombre. Je ne m’attendais pas à ce que m’a question le perturbe autant et j’en comprends que cet épisode traumatisant hante toujours le vampire. Je me fais silencieuse du moins, et écoute son récit sans l’interrompre. J’avais une envie irrépressible de prendre sa main tout au long, mais je me suis abstenu et je ne sais pas pourquoi.

— Mais pour quelles raisons en aurait-elle après toi, encore aujourd’hui, si ce conflit datait d’avant ta naissance ? Et cette Ambre, tu l’as pense être toujours à tes trousses ? » que je lui demande avec beaucoup plus de sérieux.

La question mérite d’être relevée. De ce que me raconte Matthias, cette Ambre ne lâche pas prise facilement et je trouve alarmant qu’elle puisse encore être dans les parages pour lui. Autant que j’ai décidé que je ne me séparerais plus de Matthias qu’importe la tournure des événements, il est hors de question de ramener jusqu’à Forks une psycho et suceuse de sang de surcroît. Je laisse malgré tout ces craintes pour plus tard, car je vois bien que ces souvenirs font souffrir Matthias. Une fois le vampire assis à mes côtés, la conversation change vite de sujet et de toute façon je préfère ne pas insister. Pour le moment.

— Je te dis juste d’être plus sélectif !» Que je grogne avant de reprendre d’un ton plus neutre et un peu détaché : « Avec Dollie - c’est mon amie d’enfance - on devait célébrer la fin d’un chapitre quand tu as débarqué. Depuis quelque temps, notre dynamique n’était déjà plus la même. J’ai quand même disparu pendant deux mois après ma première transformation… Et j’ai dû arrêter l’école… »

Penser à mon avenir me fout le cafard. J’ai toujours performé à l’école dans le seul but de sortir un jour de ce trou. Ça me paraît tout à fait impossible aujourd’hui… D’autant plus avec mes responsabilités envers la meute. Je lâche un long soupir. « Heureusement pour nous, elle avait pris un truc ce soir-là et elle pense nous avoir hallucinés. »

Je tourne la tête vers lui et vois son regard. Je le soutiens avec douceur. J’en ai aussi envie que lui, mais je ne peux pas. Pas tant que je n’aurais pas clarifié ce que je ressens avec Alex. Je ne veux pas lui faire ça, il ne le mérite pas. Je ne veux pas être ce genre de personne, malgré le désir intense qui nous lie, Matthias et moi. La situation me fait échapper un rire étouffé. On a tous deux besoins de reprendre nos esprits et j’ai une idée pour ça. Je secoue la tête pour chasser la tentation et recale Matthias gentiment.

— Un bain de minuit, ça te dis ? » que je lui demande avec une pointe de malice.

Je n’attends pas une réponse de sa part que je me lève la première et me dirige sur la berge. La lune est presque pleine et donne une brillance à l’eau presque irréelle. Je profite de l’obscurité pour retirer hâtivement la robe du dépanneur et du coin de l’œil j’épie la réaction du vampire. Je ne traîne pas lorsque la robe tombe à mes pieds et me jette dans l’eau tête la première. Je devrais déjà être rentrée à cette heure-ci, mais je veux faire durer cette nuit aussi longtemps que possible. Et entraîner Matthias dans mes folies nocturnes me semble être un bon début.

C'est la première fois que je parle véritablement de ce qui est arrivé au clan , à mes proches. A une modificatrice , comble de l'ironie. C'est un sujet qui me hante , et me hantera sûrement pour les siècles à venir si je ne suis pas tué d'ici là. On vivait bien , avec le clan. C'était comme une nouvelle famille pour moi , une manière de faire le deuil de ma vie d'humain , de ma fiancée perdue...De trouver de nouvelles raisons d'avancer finalement.
Et , cela m'a été pris , comme tout le reste.

Qu'est-ce que j'étais censé faire ?
Créer mon propre clan ?

Je me suis toujours refusé à transformer le moinre humain. Pour ceux que je ne tuais pas , je leur enlevais le venin ce qui demande un putain de contrôle pas évident à maîtriser. Je n'ai jamais voulu imposer cette vie à quiconque , et je n'ai pas changé d'avis.
Quant aux clans existants , ce sont souvent des familles / amis de longue date , et il est hardu de s'y intégrer. J'ai donc préféré faire chemin seul , acceptant la solitude , mon destin sans aucun doute.
Néanmoins , Willow vient tout remettre en question.

"Cette vampire voulait exterminer l'ensemble du clan. Purement et simplement. Qu'elle ai un grief contre tous les membres en particulier ou non ça n'avait guère d'importance...et je l'ai fait échouer." , petit sourire amer en coin. "Je suis toujours en vie si l'on puis dire et ça ne lui plaisait pas. Question d'égo je pense...Ceci dit , cela doit bien faire 2 ou 3 ans que je n'ai pas senti son odeur dans mon dos..."

Avec les années , j'ai fini par m'habituer à cette course poursuite.
Puis , j'ai cru qu'elle s'était laissée.
J'espère que c'est le cas , et qu'elle ne prépare un nouveau génocide en douce. Je n'ai aucune envie de me relancer dans un affrontement , et je n'aurai que peu de chances , sinon aucunes face à un clan de vampires en entier et aigueris.

Heureusement , la conversation repart sur un sujet plus...pragmatique dirons-nous , aka ma tendance à bouffer des gens qu'elle apprécie.

"Encore désolé pour ça...Je pouvais pas savoir ! Je vais faire de mon mieux pour ne pas vider les humains que je croiserai. Juste...me servir un peu. Et si tu veux , tu peux euh...me faire sentir l'odeur de ceux que tu ne veux vraiment pas que je touche. Et peut-être que je tenterai un ou deux pumas...une fois...Juste pour essayer." , ce serait uniquement pour lui faire plaisir , et patienter entre deux possibilités de sang humain , bien plus appétissant. "Je suis loin d'être un pro dans les relations humaines tu sais mais...Rien n'est jamais perdue dans une amitié. Je suis certain que les choses peuvent s'améliorer. Puis , tes transformations se sont stabilisées , désormais non ?"

Mon regard est éloquent et mes mots suggestifs par la suite. Willow peut avoir une drôle d'odeur , mais ce lien particulier , et surtout la facilité avec laquelle on parle et se comprends me donne envie de plus tout à coup. Comme une prise de conscience sur ce qui se passe à travers l'imprégnation , tout ce qu'elle me fait ressentir.
Mais...elle rit la louve , et me repousse gentiment. Petit rateau. Ok , juste un petit...
Je ne m'en vexe pas. Je comprends facilement. C'est tout nouveau , on ne sait pas vers quoi on va , ni si on pourra vraiment y aller...Et , je respecte son envie d'avancer doucement.

"Repousser les avances de quelqu'un pour l'entraîner dans un bain de minuit , c'est un sacré concept , tu le sais Willow ?" , je fais remarquer en haussant un sourcil , avant de rire.

Je ne me gêne pour la dévisager alors qu'elle se dirige vers l'eau , qu'elle retire ses vêtements , et plonge hâtivement dans l'eau.

Seigneur...Comment je suis censé resté de marbre ?

Forcément , je l'a suis. Je retire mes vêtements , avant de sauter dans l'eau à mon tour. Elle n'est pas spécialement chaude , mais je ne le sens pas de toute manière.

"C'est le moment où je t'avoue que je ne sais pas nager ?" , je lance à l'instigatrice de cette folie avec un sourire en coin. "Bon ok j'ai appris depuis ma transformation donc tu n'auras pas à me sauver..." , même si je ne risque pas de me noyer bien sûr. "Raconte moi quelque chose sur toi. Sur tes passions , ton enfance...Ce que tu veux." , je lui demande en nageant près d'elle , enfin je me laisse surtout porter par le léger courant.

J’écoute le récit de Matthias qui m’assure que la vampire sociopathe n’est plus dans les parages depuis quelques années, bien que j’ai de la difficulté à le croire. J’espère sincèrement qu’il lui est arrivé la même chose qu’au clan de Matthias et me promets sinon d’être celle qui lui arrachera la tête si jamais elle décide de se pointer. Je ne laisserai rien arriver au vampire quoiqu’il m’en coute.

La discussion autour de son alimentation a le don de me mettre profondément mal à l’aise. Comment suis-je censé agir en connaissance de cause que Matthias se nourrit d’humains que j’ai potentiellement croisé ?
— C’est assez difficile pour moi de rester indifférente sur ce sujet Matthias. Que ce soit mes proches ou non. Je ne suis pas spécialement "une bonne personne" et je suis mal placé pour te dire de ne pas tuer qui que ce soi… » (Je ne me rends pas compte sur le moment du sous-entendu dans mes propos) « …alors, n’en parlons plus. Juste… Ne fais pas ça à Forks.» Mon estomac se serre rien qu’à l’idée de son prochain "repas". Je sais qu’accepter la situation telle qu’elle est est mal et que c’est maintenant mon problème. "Mon problème" dans le sens où j’ai décidé de préférer l’ennemi aux vies qu’il consume.

Les paroles de Matthias concernant Dollie sont un baume sur le cœur. Cet air attentionné le rend encore plus craquant.
— Merci, je l'espère. Et oui… je pense avoir compris le mécanisme de la transformation. Mais je t’avoue qu’elle est parfois difficile à réprimer si mes émotions sont à fleur de peau.

Quelques instants plus tard, ses yeux dérivent sur mes lèvres et ce serait mentir que de dire que je n’y avais pas pensé plus tôt. Je me lève avant de céder à la tentation, et l’invite plutôt à me rejoindre dans l’eau. Le vampire ne comprend pas qu’on puisse refuser des avances pour mieux engager dans un autre genre de flirt par la suite. C’est vrai que ma proposition est sacrément osée en soi. Mais je me dis que dans l’eau, ce sera plus facile de garder nos distances. J’essaie de ne pas me laisser submerger par l’imprégnation et me prouver que je peux rester en maîtrise. Au moindre doute, je me promets de sortir.
— C’est que… » Je me mords la lèvre et hésite un instant à lui dire la raison de ma réticence. « J’ai quelqu’un. Et même s’il peut être un véritable connard sur les bords, il ne mérite pas que je lui fasse "ça" dans son dos. J’espère que tu comprends.  »  Souhaitant toutefois le réconforter sur ce baiser manqué, je lui lance un sourire emprunt de malice. « Ce n’est pas l'envie qui manque, je te rassure… » J’espère que cette révélation sur l’existence d’Alex ne changera pas les sentiments du vampire à mon égard.

Matthias m’annonce qu’il ne savait pas nager avant sa transformation. Je m’étonne.
— C’est vrai, ça !? » je m’exclame amusée. « Tu ne savais pas nager ? C’est pas la base pour avoir passé notre temps immergé quand on était encore à l’état de fœtus ? » Je le taquine pour l’embêter.

L’intérêt de Matthias pour ma personne me fait sourire.
« Quelque chose sur moi… » je lève les yeux vers le ciel pensive, et essaie de me concentrer sur les choses positives qui me sont arrivées dans ma vie plutôt que les mauvaises. Je sais que nous avons la lecture en commun pour passion, mais j’ai comme l’impression qu’il le sait déjà. « Eh bien… si tu ne l’avais pas remarqué, j’adore nager. J’aurai tout donner pour me transformer en baleine plutôt qu’en un quatre patte. » Je dis à la blague, même si c’est une vérité. « Bon, peut-être pas en baleine ! Mais un animal marin ne m’aura certainement pas déplu. Sous l’eau, tout est si calme et paisible. C’est mon remède contre les pensées intrusives. » La deuxième partie de la question sur l’enfance vient chasser mon sourire cependant. Je regarde le vampire un peu déconcerté. C’est un pan de ma vie que j’ai fermé à double tour depuis longtemps et je ne suis pas certaine d’être prête à affronter le souvenir de ma mère adoptive. Même si pour une curieuse raison, le visage de Matthias m’arme de courage pour le faire.
— Mon enfance… n’était pas terrible. » je finis par dire avec un léger sarcasme pour cacher les plaies. Puis, pour changer de sujet : « C’est fou de se dire que lorsque j’avais 8 ans, tu étais le même qu’aujourd’hui. Ça fait de toi un pédophile, tu crois ? » Je lui lance comme pique, mais avec tout le sérieux du monde sur le visage pour le déstabiliser tandis que je m’approche légèrement. Quelque chose sur son visage traverse son regard, une mèche de cheveux indocile. J’approche une main avec naturel et balaie doucement celle-ci de son front sans me rendre compte que j'ai enfreins ma propre règle.