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Les yeux du monde

Jo'
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Jo'
Mar 5 Sep - 13:08

Delphine
Kremms

J'ai 39 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis journaliste et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis mariée et mère de deux enfants et je le vis plutôt comme je peux.

Les yeux du monde - Page 2 Tenor
Un terrible changement d'air, comme si l'été tranquille de France était parti avec elles dans l'avion, mais qu'en arrivant, il s'était fait tabasser par la lourdeur sèche de la Libye. L'accueil était ce que l'on pouvait attendre : malgré la présence de leur fixeur supposé faciliter leur arrivée, la presse était reçue d'un mauvais oeil, et les deux femmes venues d'Europe savamment fouillées et malmenées par les autorités. C'était un rituel tendu mais habituel, avec le temps, elles avaient appris à faire en sorte de respecter au mieux les procédures - et les vices de procédure avec elles, qui étaient d'autant plus exacerbés dans les périodes conflictuelles. C'est ainsi que les deux lionnes ne leur laissèrent pas une fois l'occasion de les débouter : rigueur des accords diplomatiques, réponses irréprochables aux questionnaires, obéissance toutefois indocile, elles connaissaient ce ballet jusqu'à la pointe des pieds.

Bien sûr, ça aurait pu ne pas suffire : l'armée aurait pu faire une fausse déclaration pour renvoyer (ou pire) les deux collègues, mais on apprendrait près de dix ans plus tard que les petits arrangements entre Sarkozy et Kadhafi apaisaient alors largement les relations avec les ressortissants Français. Le gouvernement savait que, le cas échéant, les rapports de mission des deux femmes seraient disons ... maîtrisés. Elles avaient du moins été mises dans le bain vu l'ampleur de la mobilisation armée qu'elles purent constater dans le taxi en direction de l'hôtel. A la radio, des mots dépêchés que Delphine ne comprenait pas tonnaient les dernières informations - sensiblement, la répression à Benghazi, les révoltes rebelles, l'organisation de la milice parmi les civils et celle du gouvernement. Delphine comprit au visage déconfit de Maï Lan que ce qui les attendait ne serait pas tendre.

Elles rejoignirent nonobstant leur hôtel décrépit où elles avaient ordre de rester terrées jusqu'à la nuit noire, où une voiture avec leur fixeur viendrait les chercher pour Ras Lanouf. Elles arriveraient quelques heures avant le moment anticipé des affrontements entre les rebelles et l'armée en route depuis Tripoli. Elles décidèrent de profiter de cette journée chaude et morne pour dormir leur saoul, ce qu'elles parvinrent à faire allègrement, leurs corps conscients des priorités et qu'elles ne survivraient pas s'ils n'étaient pas coopératifs. Vers vingt et une heures, elles émergèrent pour prendre un repas, toujours cloîtrées, fort réveillées par l'adrénaline qui s'installait en elles.

"T'as raison, ça nique le dos ces lits, commenta comme pour détendre l'atmosphère Delphine. En tous cas la nuit il fait frais !"

Pour ne pas dire froid.


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Dim 17 Sep - 22:12
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Maï-Lan Anderson
J'ai 32 ans, bientôt 33 et je vis à Paris. Dans la vie, je suis journaliste de guerre et je m'en sors avec passion. Je suis une solitaire dans l'âme, je le vis très bien avec moi-même...

...Et avec mes démons...Mon père est marocain et diplomate. Ma mère est française et universitaire. Il parait qu'une de ses ancêtres était une princesse japonaise, d'où mon prénom. Les quelques nourrices qui se sont succédées me connaissent mieux que mes parents. J'ai grandi dans une très grande et très belle maison dans un quartier très chic à Paris. Fille unique, ma mère m'a justifié cela un soir en proclamant haut et fort qu'elle n'était pas qu'une matrice et que mes envies d'avoir un petit frère ou une petite sœur révélaient un manque de maturité notoire.

Mon père m'a transmis l'envie de parler plusieurs langues. Il connait l'arabe bien sûr, le français, l'anglais, l'italien et se débrouille en japonais, inspiré par les origines ancestrales de son épouse.
Ma mère...Je ne sais pas ce qu'elle m'a transmis. J'imagine qu'elle m'aime à sa façon? De loin? L'avantage en conséquence est que j'en ai acquis le sens d'une liberté solide et rebelle. On me demande quelquefois si j'en ai souffert ou si je souffre aujourd'hui de son indifférence à mon égard? Eh bien non. C'est ainsi depuis toujours, où est le problème? Et puis, je crois que c'est plus subtile que cela, il s'agit plutôt d'un détachement, ça n'empêche pas d'aimer.

J'aime l'aventure autant que les aventures. Il y a pas mal de raisons qui expliquent le choix de mon job et tout autant qui racontent pourquoi ce sont les filles qui m'attirent et me fascinent. Je n'ai pas envie de me limiter à une relation unique et exclusive. Je m'y sens enfermée, cloîtrée.
Explorer, découvrir sans cesse, rencontrer sans limite...Je collectionne des histoires de toutes sortes, plus ou moins courtes, celles d'un soir, d'une vie qui durent quelques semaines...quelques mois...Je les savoure toutes.

Toutes... Exceptée l'Impossible. L'Inaccessible. L’Indicible.

Incandescence glacée

Me mêle et m'emmêle à l'intérieur d'autres corps pour l'oublier.



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Ras Lanouf, 5h30 du matin.

Des lumières ici et là défilaient à la vitesse de la voiture, les rayures de leurs halos se succédant sur les sièges. Plus ils s'approchaient du front, plus il faisait noir comme dans un four, la voirie exhalant les combats de rue ravageurs. La Lybie était un des pays les plus riches d'Afrique pourtant en terme de PIB. Mais la chute du pétrole de 2009 avait plombé l'économie et la situation actuelle ne faisait qu'accentuer la débandade ambiante.

-On arrive au spot.

Ismaël se gara un peu en amont du centre, juste avant que le soleil ne se lève vers 6h du matin. Ces aurores brutalement lumineuses l'avaient toujours fascinée. L'on passait d'un ciel d'encre à un zénith digne d'un plein sud d'été à Paris et ce, en une brassée de minutes.

Elles sortirent le matériel du coffre, se répartissant les gilets pare-balles, la caméra, les casques équipés de micros, leurs sacs à dos, les GPS accrochés à un lien solidement noué autour de leur cou, le téléphone satellite affublé du numéro d'urgence. Le lieu se résumait à quatre murs en parpaings d'une huitaine de mètres carrés, une ouverture sans fenêtre, une vieille table dont le bois compressé s'effritait en miettes. Le sol jonché de papiers gras, de détritus, d'un rat qui s'enfuit à leur venue donnait la nausée mais tout ce fatras avait l'avantage non négligeable de se trouver dans une relative sécurité.

-Je vous montre le plan.

Il déplia sur la table une carte détaillée :

-Ici c'est un des grands axes principal qui traverse la ville. L'armée va arriver ici et là avec des chars, je ne sais pas dans quelles proportions mais il y en aura. Des groupes de soldats se posteront ici, là et là pour empêcher l'avancée des rebelles.  A l'entrée ouest il y a l'artillerie avec les canons pour essayer de faire une percée dans le terminal...

Le briefing dura une bonne demi-heure. Les points essentiels furent abordés, les journalistes posèrent leurs questions et puis à la fin, Ismaël, précisa :

-Si ça merde, vous lâchez tout le matos et on se tire à toute vitesse. Je connais les planques et pas question de me ralentir sous prétexte que votre bordel coûte une blinde. J'en ai rien à foutre et je ne vous attendrai pas. La semaine dernière, c'est deux de vos collègues espagnols qui se sont faits sécher à cause de ces conneries. Courir et se planquer très vite c'est la seule façon d'espérer de s'en sortir.

Il arma sa Kalach, vérifia sa réserve de balles avant de mettre le nez dehors. Les filles se lancèrent un regard particulier et puis Delphine lança :

-On y va.

Tel un rituel, c'était toujours elle qui donnait le signal du départ.
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Lun 25 Sep - 18:30

Delphine
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J'ai 39 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis journaliste et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis mariée et mère de deux enfants et je le vis plutôt comme je peux.

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Deux espagnols séchés la semaine dernière. Alberto Miramas et Mercedes Alvara. Tout cela se savait, car cette profession exigeante tissait tous ses membres dans une adelphité impérieuse, et la mort de chacun y coulait une chappe de plomb pour tous. Chaque mort rappelait le risque. Chaque disparition la peine de ceux qui attendaient un retour. Mais chaque détresse aussi l'importance de ce labeur. Alberto et Mercedes avaient perdu la vie lors de l'attaque kamikaze à Benghazi. Tragédie. Mais ce jour là, il est dit que la police s'était ralliée aux rebelles pour prendre la ville aux forces dictatoriales. Merveille. C'était là toute la complexité de leur profession, qu'Ismaël, tanné par le meurtre mais pour qui la vie avait la valeur la plus inestimable, résumait en deux espagnols qui se sont fait sécher à cause de ces conneries.

"On y va."

Et elles y allèrent.

"On va rencontrer les rebelles, adressa Ismaël. A leur demande. Ils ont un message à faire passer à l'Occident."

Ils rejoignirent un groupuscule d'hommes en surplomb de l'axe routier, tous réunis derrière des sacs de sable, harassés de fatigue. Ils avaient fait la route de nuit depuis la Cyrénaïque pour être certains d'arriver avant les forces militaires - l'interview ne se fit pas attendre. "On a besoin de l'aide de l'Europe ! scanda un décisionnaire de l'organisation traduit par Maï-Lan. Ce fils de pute (il cracha au sol) a été au pouvoir pendant quarante ans !" Un autre le reprit, plus jeune, un turban autour de la tête qui ne laissait voir que ses yeux cernés. "Réprimer des manifestants avec des bâtons cloutés et des sabres. Des snipers à El Beïda qui alignent treize civils ! Et la France se tourne les pouces !! Dites-leur !" Clameurs épuisées mais enragées qui eurent le don mordre l'appréhension des deux femmes. Ces types n'étaient pas des enfants de coeur et elles savaient à qui elles avaient à faire : descendants directs des combattants islamiques de 1990, proches d'Al Qaïda, ils s'étaient mis à fédérer la révolte civile forts de leurs expériences de guérilleros. Et ces machines à tuer en avaient entre autres après la France, que les journalistes représentaient malgré elles par l'encart PRESS écrit sur leur gilet pare-balles et la blancheur de leur peau. Mais ce qu'ils disaient n'était pas inexact non plus, puisque la violence du régime Kadhafi, et l'inaction des Etats membres de l'ONU avec elle, demeuraient impunies. Entre deux bêtes assoiffées, des civils motivés par les Droits de l'Homme. Et Maï-Lan comme Delphine ne rencontreraient que des types qui avaient déjà tué, voire torturé.

Ismaël compris, qui s'était habitué à l'animosité générale du camp, et à sa fragile stabilité tendue.

"Quel est votre message aujourd'hui pour les décisionnaires Européens ? Pour l'Etat Français ?
- Je veux que toutes vos petites miches blanches de putains privilégiées réalisent ce qu'il se passe de l'autre côté de la Méditerranée. Je veux qu'ils sachent que leurs salopes de bagnoles fonctionnent avec un carburant qui emprisonne des journalistes et fait sauter des cervelles de père de famille !"


Quelques crachats et signes de prière épars. Un homme, vraisemblablement un civil, prend la parole comme une caution.

"Mon fils est mort des mains de Khamis à Tripoli !" Emotion générale. Delphine s'imprégna de l'humeur pour mieux anticiper ses changements, mais ne s'agglutina pas à l'empathie.

"Ils seront bientôt là, les avertit un homme dressé en haut d'une colline depuis le talkie walkie." Les journalistes suivirent les mots du regard - l'observateur était posté, treillis entièrement couvert de sable, sur le pic de la crête qu'ils avaient occupé. Ils étaient totalement invisibles et l'armée allait s'engouffrer dans une cuve prête à être mise à sac.

"Combien êtes-vous ? se risqua la journaliste à questionner au manifeste chef de bande.
- Ici à Ras Lanouf ? 3 000. 3 000 frères."


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Mer 4 Oct - 10:36
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J'ai 32 ans, bientôt 33 et je vis à Paris. Dans la vie, je suis journaliste de guerre et je m'en sors avec passion. Je suis une solitaire dans l'âme, je le vis très bien avec moi-même...

...Et avec mes démons...Mon père est marocain et diplomate. Ma mère est française et universitaire. Il parait qu'une de ses ancêtres était une princesse japonaise, d'où mon prénom. Les quelques nourrices qui se sont succédées me connaissent mieux que mes parents. J'ai grandi dans une très grande et très belle maison dans un quartier très chic à Paris. Fille unique, ma mère m'a justifié cela un soir en proclamant haut et fort qu'elle n'était pas qu'une matrice et que mes envies d'avoir un petit frère ou une petite sœur révélaient un manque de maturité notoire.

Mon père m'a transmis l'envie de parler plusieurs langues. Il connait l'arabe bien sûr, le français, l'anglais, l'italien et se débrouille en japonais, inspiré par les origines ancestrales de son épouse.
Ma mère...Je ne sais pas ce qu'elle m'a transmis. J'imagine qu'elle m'aime à sa façon? De loin? L'avantage en conséquence est que j'en ai acquis le sens d'une liberté solide et rebelle. On me demande quelquefois si j'en ai souffert ou si je souffre aujourd'hui de son indifférence à mon égard? Eh bien non. C'est ainsi depuis toujours, où est le problème? Et puis, je crois que c'est plus subtile que cela, il s'agit plutôt d'un détachement, ça n'empêche pas d'aimer.

J'aime l'aventure autant que les aventures. Il y a pas mal de raisons qui expliquent le choix de mon job et tout autant qui racontent pourquoi ce sont les filles qui m'attirent et me fascinent. Je n'ai pas envie de me limiter à une relation unique et exclusive. Je m'y sens enfermée, cloîtrée.
Explorer, découvrir sans cesse, rencontrer sans limite...Je collectionne des histoires de toutes sortes, plus ou moins courtes, celles d'un soir, d'une vie qui durent quelques semaines...quelques mois...Je les savoure toutes.

Toutes... Exceptée l'Impossible. L'Inaccessible. L’Indicible.

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Ras Lanouf, 6h du matin.

La Z1 sur l'épaule, Maï-Lan filmait. Plus ou moins à l'écart, parfois placée très près,  elle gérait les prises de vues avec précision, l’œil affûté, zoomait pour capter les expressions des visages, l'épuisement, la rage des regards, les impacts de balles dans les murs, la rue dévastée, les monticules de pierres, la poussière qui s'envolait au rythme des coups de vent. Capter l'ambiance de guerrilla, la violence silencieuse du moment, gros plan sur les armes, puis cadrer la crête, reculer pour une vue d'ensemble...Immobile ou soudain mobile, sa caméra devenait les yeux du monde, furetant les hommes, les situations, le « paysage ».

Dès qu'elle enclenchait l'enregistrement, un phénomène assez étrange se produisait en elle : une espèce de distance comparable à de l'indifférence. Des briques de béton s'assemblaient tout à coup à l'intérieur. Ce que la machine gravait pour toujours ne la concernait pas. L'affect s'envolait, elle devenait à son tour une « machine de guerre » qui se contentait de filmer, fin de l'histoire. Le fait que la réalité soit réduite à une focale, un micro participait à cette neutralité d'état. Quand on lui demandait comment elle faisait pour supporter toutes les horreurs auxquelles elle assistait en mission, elle répondait invariablement que ce n'était qu'un boulot et que le jour où elle ne parviendrait plus à cloisonner ses émotions, elle changerait de métier. «  C'est comme être toubib. S'ils devaient s'écrouler à chaque malade perdu ou souffrant, personne ne serait médecin ».

La position de Delphine était plus délicate : elle se confrontait en direct aux gens, discutait avec eux cherchant à creuser les infos, orientant parfois ses questionnements sur les émotions pour faire émerger de l'essentiel brut. Aucun filtre ne lui donnait un espace de recul supplémentaire. Quand il fallait traduire l'arabe, c'est elle qui se trouvait entre la cameraman et l'interlocuteur. Maï était davantage épargnée d'une certaine manière, du moins c'est ce qu'elle ressentait au fond. Et inconsciemment, elle éprouvait le besoin de protéger Delphine.

3 000 frères... C'était à la fois beaucoup et peu face aux moyens engagés par l'armée. L'interview dura un bon moment jusqu'à ce qu'un grondement se fasse entendre au loin.

- * !هم قادمون


Le bruit des chars...Elles avaient appris à le reconnaître.


* Ils arrivent !
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Lun 9 Oct - 22:48

Delphine
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Elles se tapirent dans les recoins étudiés par les rebelles - Delphine avec Ismaël et le jeune enturbanné, Maï Lan avec le chef du groupe quelques dizaines de mètres plus loin. Il leur remontait un relent bien connu de terre battue et de sueur, car les hommes étaient en préparation depuis la veille sans discontinuer, et elles savaient qu'à un moment donné s'y joindrait l'odeur du sang. Le parfum de la mort ne viendrait que demain.

"Vous êtes du GICL* c'est ça ?" C'est Ismaël qui traduisit la question que posait la journaliste qui froidement cherchait à gratter l'information, car peut-être ce jeune homme ne serait plus là pour lui répondre dans quelques heures. "Le mouvement a déclaré rendre les armes y a dix ans, c'est le renouveau des désirs putschistes ?" Le mouvement n'en n'était effectivement pas à son coup d'essai, après deux tentatives d'assassinat du dictateur en place. Mais ses membres étaient partis en Irak pour former le bastion Libyen d'Al-Qaïda et Delphine ne comprenait pas leur retour.

"On vient pas prendre le pouvoir, siffla le rebelle sans quitter l'action des yeux. Mais ce salopard doit tomber. On profite de l'insurrection.
- Vous n'êtes pas 3000 djihadistes du GICL ici. Qui fait partie de votre coalition manifestante ?
- Tout ! T'as pas compris, putain ?! Y a des civils, y a des anciens détenus, y a ... Putain y a même des flics !
- Mais qui organise les mouvements ?
- Nous tous ! On n'est pas un pays de tarlouzes comme en France. Même nos mômes ils savent tenir des armes !"


Les chenilles des chars étaient en approche, et le soldat se tendait à mesure. Il restait peu de temps et la chaleur commençait déjà à les écraser à leurs postes de tir, des carcasses de bâtiments abandonnés. Ils se trouvaient nichés dans une zone en construction, et les pans de murs offraient tout juste de quoi se camoufler avec suffisamment de meurtrières pour regarder au dehors.

"Si vous parvenez à renverser Kadhafi, le GICL va donc simplement se retirer ? Si proches du but, vous ne tenterez pas la prise de pouvoir ?" Touché. Il hésita pour gagner du temps avant de répondre. "Vous avez peut-être reçu des consignes d'Al Qaïda ?
- C'est pas à moi de te dire ça. Maintenant ferme ta gueule."


Au loin, la silhouette sombre mordue par les volutes de chaleur s'élevant du sol. L'armée approchait, avec deux chars, et bien des hommes à l'intérieur. Delphine pensa à Maï-Lan recroquevillée plus près du chemin, suffisamment téméraire pour se poster en première ligne et tirer des images que le monde du journalisme respectait immensément. Elle était comme cela. Derrière l'objectif, elle devenait un animal de travail. Delphine l'admirait profondément pour cela.

*GICL : Groupe islamique combattant en Libye.


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...Et avec mes démons...Mon père est marocain et diplomate. Ma mère est française et universitaire. Il parait qu'une de ses ancêtres était une princesse japonaise, d'où mon prénom. Les quelques nourrices qui se sont succédées me connaissent mieux que mes parents. J'ai grandi dans une très grande et très belle maison dans un quartier très chic à Paris. Fille unique, ma mère m'a justifié cela un soir en proclamant haut et fort qu'elle n'était pas qu'une matrice et que mes envies d'avoir un petit frère ou une petite sœur révélaient un manque de maturité notoire.

Mon père m'a transmis l'envie de parler plusieurs langues. Il connait l'arabe bien sûr, le français, l'anglais, l'italien et se débrouille en japonais, inspiré par les origines ancestrales de son épouse.
Ma mère...Je ne sais pas ce qu'elle m'a transmis. J'imagine qu'elle m'aime à sa façon? De loin? L'avantage en conséquence est que j'en ai acquis le sens d'une liberté solide et rebelle. On me demande quelquefois si j'en ai souffert ou si je souffre aujourd'hui de son indifférence à mon égard? Eh bien non. C'est ainsi depuis toujours, où est le problème? Et puis, je crois que c'est plus subtile que cela, il s'agit plutôt d'un détachement, ça n'empêche pas d'aimer.

J'aime l'aventure autant que les aventures. Il y a pas mal de raisons qui expliquent le choix de mon job et tout autant qui racontent pourquoi ce sont les filles qui m'attirent et me fascinent. Je n'ai pas envie de me limiter à une relation unique et exclusive. Je m'y sens enfermée, cloîtrée.
Explorer, découvrir sans cesse, rencontrer sans limite...Je collectionne des histoires de toutes sortes, plus ou moins courtes, celles d'un soir, d'une vie qui durent quelques semaines...quelques mois...Je les savoure toutes.

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Le hasard des missions offraient très rarement l'instant « particulier » qui s'éternisait dans l'éphémère juste avant le début d'un combat.
Invariablement, les peu de fois où elles avaient été témoins de ces moments précis, Maï-Lan retenait son souffle tendue à l'extrême. Un dégoût incommensurable, le sentiment d'un gâchis infini lui serraient les tripes à en vomir. Son humanité se fissurait, blessée, démunie, impuissante. Et puis...


Gros plan sur Ahmed, le rebelle qui l'accompagnait. Soudain, alors qu'il venait de porter la main à son oreillette :



Sans couper l'enregistrement, Maï le suivit, ils reculèrent accroupis, longeant les murs épars. Delphine, Ismaël et l'autre homme avaient été rejoints par trois autres rebelles. Ils parlaient très vite entre eux, le visage grave. Sans attendre, le petit groupe se faufila entre les dédales de ruelles, de passages entre les logements. Ils croisèrent d'autres factions en mouvements, s'arrêtèrent à plusieurs reprises afin d'éviter les éclaboussures des explosions. La caméra se baladait tantôt sur l'épaule de sa propriétaire, tantôt au bout de son bras. Elle n'en subissait pas le poids s'entraînant depuis des années en salle. Sportive, Maï courait régulièrement, pratiquait le kravmaga par passion mais aussi pour se rassurer.

Presque placée coude à coude, elle entendait la respiration accélérée de sa collègue. Combien de temps s'était il écoulé ? Une heure ? Deux ? Tout s'effaçait sur le terrain, tout... Sauf son cœur qui battait plus fort, plus vite...Delphine...





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Sam 21 Oct - 12:54

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...Et avec mes démons...Mon père est marocain et diplomate. Ma mère est française et universitaire. Il parait qu'une de ses ancêtres était une princesse japonaise, d'où mon prénom. Les quelques nourrices qui se sont succédées me connaissent mieux que mes parents. J'ai grandi dans une très grande et très belle maison dans un quartier très chic à Paris. Fille unique, ma mère m'a justifié cela un soir en proclamant haut et fort qu'elle n'était pas qu'une matrice et que mes envies d'avoir un petit frère ou une petite sœur révélaient un manque de maturité notoire.

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J'aime l'aventure autant que les aventures. Il y a pas mal de raisons qui expliquent le choix de mon job et tout autant qui racontent pourquoi ce sont les filles qui m'attirent et me fascinent. Je n'ai pas envie de me limiter à une relation unique et exclusive. Je m'y sens enfermée, cloîtrée.
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Elle vérifia la position de ses écouteurs dans ses oreilles, claqua la porte et dévala les six étages. Rue Fabre d'églantine...ça sonnait joli cette rue de Paris et malgré l'absence d'ascenseur, elle avait eu un coup de cœur pour ce deux pièces perché. Personne au-dessus pour lui casser la tête. Un havre de tranquillité en pleine ville. Une nuit pas comme les autres où elle marcherait longtemps, prendrait un jus chaud dans ce café du Haut Marais qui ne fermait jamais. Une crise légère d'existence, le cœur en vrac. Le sentiment amoureux, l'émotion sacrée...ça vous tombait dessus comme une merde d'oiseau, un orage, un destin, un hasard, un cafard... Un truc improbable, non désiré, même pas rêvé qu'elle ne maîtrisait pas. Franchement, en pincer pour une mère de famille ! Depuis plusieurs années ! Elle se sentait complètement barrée avec « ça », en bavassait parfois avec humour voire ironie avec ses aventures d'un soir, d'une semaine, d'un mois. Face à celles qui semblaient vouloir s'accrocher quelquefois, elle s'enfuyait en courant, les plaquait sans état d'âme : «  Je t'avais prévenue, y'a pas d'avenir, c'est juste comme ça, on arrête là, je ne suis pas faite pour toi, tu n'es pas faite pour moi » fin de l'histoire. Elle se reposait des missions, flânait, « Delphine, je réussis presque à t'oublier ! » et patatras, perfusion de rappel, il fallait repartir. Tout remontait à la surface, tout! Dans ses tripes, son âme. Elle avait beau sourire, déconner, bosser à fond, ça ne bougeait pas d'un iota, c'était toujours là, dans ses veines, ses os. Ça s'endormait, ça se réveillait plus fort à chaque fois. Elle n'y pouvait rien.

***

Phrase 7



Enfin, elle la vit. Une tonne de plomb s'évapora de ses épaules. Silence et complicité. Sourires réciproques.

Il était 15H17.

Anywhere

N'importe où:


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Jo'
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Jo'
Lun 13 Nov - 9:37

Delphine
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J'ai 39 ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis journaliste et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis mariée et mère de deux enfants et je le vis plutôt comme je peux.

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"C'est mal barré, persifla Ahmed."

Un jeune garçon les rejoignit sous la terre comme un courant d'air ; il pouvait avoir entre treize et seize ans (sa voix leur confirmerait qu'il se trouvait dans une fourchette basse), tout en longueur et très fin. Ses avant-bras dépassaient de son treillis trop large comme des allumettes et il donnait l'air de flotter dans le pantalon cargo qui l'habillait - on n'avait pas le choix des tailles ici. Il portait des lunettes, dont une branche qui avait été brisée était rafistolée avec du chatterton. Les journalistes apprirent qu'il se prénommait Mouloud - Delphine changerait son nom à publication pour s'assurer de ne pas le mettre en danger - et que son habile discrétion n'était pas toujours à son avantage. S'il ne s'en émût pas, il fut accueilli en arrivant par quelques canons braqués sur lui, les hommes surpris de voir une intrusion silencieuse. Tous se calmèrent en voyant qu'il s'agissait du benjamin.

"Etat des lieux des pertes, somma le chef de groupe."

C'était bien sûr très approximatif et n'entendait que donner une idée aux terroristes. Le visage d'Ahmed se crispa violemment, toute l'ossature de son profil contractée autour de sa mâchoire et de ses tempes. Une veine semblait menacer d'éclater sur son front, et sa carotide pulsait dans sa gorge visible à l'oeil nu.

"On réattaque cette nuit, avant eux, déclara-t-il."

Enfin, il eût du répondant pour contrer cette hiérarchie verticale qu'il imposait naturellement. Un homme légèrement plus âgé que lui, couvre-chef kaki et barbe grisonnante (la fin de quarantaine ou la poussière pouvaient en être les responsables) jusqu'au torse, prit la parole.

"Ils vont pouvoir avoir du renfort, et nous ... C'est juste nous. Faut la jouer finement et trouver un autre plan. Même si c'est la merde partout ailleurs dans le pays ce salopard a des moyens.
- Tu proposes quoi ?
- On peut être les premiers sur le port pour le bloquer. Si on enclave le commerce, déjà qu'avec le bordel qu'on a foutu la raffinerie est pas prête de redémarrer, on va foutre un sacré coup au portefeuille de l'Etat. Et c'est avec la thune qu'on gagne des guerres."


Ils considéraient la chose alors qu'un nouvel intervenant alimenta le débat. Delphine notait scolairement les arguments.

"On pourrait utiliser le port à notre avantage. Si l'Occident se bouge, ils pourraient nous envoyer du soutien par là, matériel ou humain.
- Tu crois vraiment que l'Occident va se soucier du sort des Libyens ?
tonna une brute dans le fond de la pièce mais qui n'avait pas tort.
- Je pense qu'on pourrait motiver leur aide, ouais. Par exemple si on ouvre le port aux aides humanitaires, c'est leur truc ça, pour se faire élire. Envoyer de la bouffe aux civils.
- Est-ce qu'on veut vraiment prendre le risque de laisser circuler du monde ?
demanda le barbu. C'est à double tranchant ! Ca se trouve, ça permettra aux renforts pour l'armée de se pointer dans notre dos. Des civils ici, les seuls qui restent, c'est les familles des rebelles. Nos familles. Et j'ai pas besoin d'la putain d'Europe pour protéger et nourrir les miens. C'est la guerre : y a des morts et des vivants, inch'allah."

Ahmed tu la conversation et donna le fin mot.

"On n'y est pas encore. On mène un assaut ce soir : dynamite dans les souterrains sous leur camp, mines dans le rayon de fuite tout autour d'eux - vous faites pas gauler. Et on fondra sur eux par les crêtes. Ceux qui posent les bombes y vont maintenant et dorment ce soir. Les autres, vous dormez maintenant. Vous faites quoi les poufiasses ?"

Il s'agissait de ne pas s'offusquer. Les deux femmes se regardèrent, sans besoin de se parler pour communiquer, et assurées par l'habitude et le savoir-faire de ce qui produirait le meilleur reportage.

"On aimerait suivre une petite heure la pose de bombe puis venir ce soir avec les assaillants."

Ahmed ne les regarda même pas, et s'adressa directement à Ismaël.

"C'est tes poules, on fait pas de gardiennage ici."


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Dim 26 Nov - 21:11
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Maï-Lan Anderson
J'ai 32 ans, bientôt 33 et je vis à Paris. Dans la vie, je suis journaliste de guerre et je m'en sors avec passion. Je suis une solitaire dans l'âme, je le vis très bien avec moi-même...

...Et avec mes démons...Mon père est marocain et diplomate. Ma mère est française et universitaire. Il parait qu'une de ses ancêtres était une princesse japonaise, d'où mon prénom. Les quelques nourrices qui se sont succédées me connaissent mieux que mes parents. J'ai grandi dans une très grande et très belle maison dans un quartier très chic à Paris. Fille unique, ma mère m'a justifié cela un soir en proclamant haut et fort qu'elle n'était pas qu'une matrice et que mes envies d'avoir un petit frère ou une petite sœur révélaient un manque de maturité notoire.

Mon père m'a transmis l'envie de parler plusieurs langues. Il connait l'arabe bien sûr, le français, l'anglais, l'italien et se débrouille en japonais, inspiré par les origines ancestrales de son épouse.
Ma mère...Je ne sais pas ce qu'elle m'a transmis. J'imagine qu'elle m'aime à sa façon? De loin? L'avantage en conséquence est que j'en ai acquis le sens d'une liberté solide et rebelle. On me demande quelquefois si j'en ai souffert ou si je souffre aujourd'hui de son indifférence à mon égard? Eh bien non. C'est ainsi depuis toujours, où est le problème? Et puis, je crois que c'est plus subtile que cela, il s'agit plutôt d'un détachement, ça n'empêche pas d'aimer.

J'aime l'aventure autant que les aventures. Il y a pas mal de raisons qui expliquent le choix de mon job et tout autant qui racontent pourquoi ce sont les filles qui m'attirent et me fascinent. Je n'ai pas envie de me limiter à une relation unique et exclusive. Je m'y sens enfermée, cloîtrée.
Explorer, découvrir sans cesse, rencontrer sans limite...Je collectionne des histoires de toutes sortes, plus ou moins courtes, celles d'un soir, d'une vie qui durent quelques semaines...quelques mois...Je les savoure toutes.

Toutes... Exceptée l'Impossible. L'Inaccessible. L’Indicible.

Incandescence glacée

Me mêle et m'emmêle à l'intérieur d'autres corps pour l'oublier.

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Isolated System

Dans un système isolé, entropie*
Système isolé
L'entropie ne peut qu'augmenter
Système isolé
Isolé
Système Isolé
Système Isolé
Système Isolé
Système Isolé, entropie
Système Isolé
Isolé
Isolé

Laconiques, détaillées à point juste ce qu'il fallait, les infos fusaient, directes, sans fioritures, mortifères. La guerre n'avait pas d'âme, pas de conscience, pas de frontière. Tuer ou être tué, se défendre, attaquer,  résumaient le nerf vicelard des combats. Les deux journalistes pouvaient témoigner de cette espèce de voracité de survie animant tout belligérant.  La mort s'imbriquait dans un quotidien fracassé, la violence s'immisçait dans une folie furieuse. L'Homme devait oublier son humanité pour survivre...Il n'y avait pas d'échappatoire. Le temps passait, les aubes et les crépuscules se succédaient. Brutalement mutés en dureté, âpres, les jours et les nuits se déformaient contaminés par le sang, le deuil, la souffrance, le désespoir. À force, elles avaient « l'habitude ».

Maï ne disait rien, avait demandé d'un geste entendu à Ismaël si elle pouvait filmer. « Pas longtemps » avait-il précisé. Quelques minutes sans les dials suffiront au montage. Pour l'ambiance. Pour que le reportage soit  le plus percutant possible. En studio, la journaliste s'avérait redoutable. Alors, elle profita de la situation, zooma ostensiblement sur la scène avec le gosse. Les âges se dissolvaient quand les armes hurlaient.

« Suivre une petite heure ». Elle retint un sourire à la demande de Delphine. Le deal de base, la même chanson sans cesse répétée sachant pertinemment que cela ne se passait jamais comme prévu. Ça pouvait durer des heures et des heures entières ces histoires là mais le discours rassurant les embobinait tous irrémédiablement. « Juste un peu », deux petites souris discrètes qui finiraient pas s'en aller, vite, sur la pointe des pattes. No way.

Le temps que les rebelles préparent le matos, que les équipes s'organisent, Maï éteignit sa caméra, se soulagea du gilet pare balles qui pesait sur ses épaules, la protection de niveau 4 les contraignant à porter en sus deux plaques de presque 3 kilos chacune. Du regard, elle fit signe à Delphine de la suivre.

-On s'assoit ? Dit-elle, indifférente aux propos méprisants d'Ahmed, se retenant d'hausser les épaules.

Un banc rustique était collé contre le mur du fond. Une pause, même courte, leur ferait du bien, la suite s'annonçant délicate, risquée. Jambes allongées, les mains dans les poches, elle murmura à sa binôme :

-Tu vas déchirer.

Peu de leurs confrères se trouvaient actuellement au cœur du conflit. D'autres allaient se pointer mais pour le moment, elle appréciait la fausse impression d'être les seules sur place. Et elle connaissait d'avance la qualité des lignes qu'écrirait Delphine.



*Dans le sens d'un état de « désordre » d'un système. Déf. Larousse.
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