Elle est là. Elle est de nouveau là, dans tes bras. Elle est là au réveil, elle est restée avec toi. Elle n’a pas fui dans la nuit, elle a dormi à tes côtés. Elle est là, te regardant quand tu la salues, s’approchant pour venir effleurer tes lèvres. Tu souris, lui rendant doucement l’invitation avant de venir rompre la distance, l’embrassant tendrement, fermant les yeux pour savourer l’instant. Elle t’avait manqué, il n’y a pas de doute. Tu continues de lui caresser doucement le dos avant de hocher doucement la tête à sa question. Oh oui, tu avais bien dormi.

- Très bien même… Et toi ?

Mais tu n’entends pas de suite sa réponse, entendant sa deuxième question qui te fait rire. De mémoire, elle a toujours été la seule que tu avais acceptée qu’elle use de ses ongles pour te marquer comme ça. Elle a toujours été la seule où cela ne te dérangeait pas, aussi étrange que cela puisse paraître. Tu hausses un peu les épaules, t’en fichant un peu. Peut-être que tu sentiras la douleur dans la journée, mais tu t’en fiches. Tu essayes de te redresses un peu.

- J’ai pas encore vu son état… Tu veux voir ?

Que tu demandes, innocemment, rigolant un peu. Tu te doutes bien qu’il est rouge, avec des marques improbables et tu vas avoir des cicatrices pour quelques jours. Mais cela en valait en peine. Même s’il y a une ombre au tableau qu’il faut éclaircir, maintenant que le plus gros est passé, la tension et le stress. Vous aviez besoin de vous retrouver, c’est un fait. Mais maintenant ? Vous comptez faire quoi ? Toi, tu le sais, tu veux la retrouver. Tu veux de nouveau te réveiller à ses côtés, prévoir des journées avec elle, la revoir patiner sans te cacher.

Tu veux de nouveau pouvoir l’embrasser quand tu en as envie, lui dire des je t’aime à longueur de temps. Tu veux retrouver tout ça. Tu te doutes qu’en trois ans, le caractère a possiblement changé, elle, toi, mais ce ne sera qu’un mauvais moment à passer pour rééquilibrer de nouveau tout ça. De retrouver vos marques et créer un nouveau quotidien, de nouvelles habitudes. Mais elle ? Le voudra-t-elle ? Tu réfléchis en regardant le plafond quand elle demande pour la journée.

- Et nan. J’crois qu’j’récupère Pablo demain aprèm chez l’véto, mais c’est tout… Puis on est dimanche… Pourquoi ?

Si elle a bien dormi ? Comme un bébé, oui, bercée par le rythme régulier du cœur du goalie qui avait battu contre son oreille tout au long de sa courte nuit. Bien sûr qu’elle avait bien dormi, se sentant enfin apaisée à sentir ses bras l’envelopper, la protéger de tout, même de dangers qui n’existent pas. Avec lui, elle s’est toujours sentie en sécurité. Parfaitement protégée. Et, au-delà de tout ça, toujours parfaitement à sa place lorsqu’il l’enveloppait de ses bras. C’était ce qu’elle voulait retrouver, pas seulement cette nuit, mais les autres jours. La tendresse de ses baisers, la douceur de ses caresses, la motivation de ses encouragements, la sécurité de ses bras…

”- Très bien…” souffle-t-elle en même temps qu’elle hoche la tête.

Il dit qu’il va bien mais… Est-ce que son dos ne le fait pas trop souffrir ? C’est la question qu’elle se pose. La question qui lui taraude l’esprit, qui n’est que la première de quelques autres, toutefois. Alors elle l’interroge, soucieuse de savoir si ça va, mais l’homme semble ne pas vraiment le savoir, n’ayant pas vu dans quel état est le dos en question, lui proposant de voir. Elle hoche la tête et comme il se tourne de manière à ce qu’elle puisse lui jeter un coup d'œil, elle porte une main à sa bouche en rougissant un peu plus, avant de caresser son dos du bout des doigts, sur chacune des rougeurs qui le recouvrent.

”- Je… je suis désolé…” souffle-t-elle en frôlant son épiderme. ”Ça… Ça ne te fait pas mal ?”

Elle passe ses doigts sur sa peau encore quelques secondes, l’air désolé, avant de laisser retomber sa main, le laissant tranquille, se blottissant contre lui en caressant sa joue, soucieuse de savoir quels sont ses plans du jour, en espérant qu’il n’en ait pas. Parce qu’ils ne peuvent pas rester comme ça, dans cet entre-deux. Parce qu’ils ne peuvent pas se dire au-revoir comme ça, sans avoir clarifié tout ça. Mais, s’il n’a rien de prévu, il révèle tout de même une information qu’elle n’avait pas vu venir.

”- Pablo ? Qu’est-ce qu’il a pour être chez l’véto ?”

C’est vrai qu’elle ne l’a pas vu, elle ne le remarque que maintenant qu’il en parle, ayant eu bien d’autres choses en tête la veille pour y faire attention. Mais c’est vrai qu’il ne s’était pas manifesté, qu’il n’avait pas réclamé de promenade ce matin et n’avait pas non plus fourré sa truffe dans les poubelles ou dans leur pieds, la veille, quand ils avaient prit des “provisions” avant de retourner dans la chambre.

”- Parce que je… J’veux pas partir.” qu’elle souffle. ”Et je crois qu’on… qu’on doit parler, hein ?”

Tu te laisses faire, lui montrant ce dos qu’elle a marqué de ses ongles, qu’elle a tatoué de sa main, montrant sa possessivité. Tu frissonnes un peu en sentant ses doigts repasser sur les marques, lentement. La douleur qui s’en dégage n’est pas non plus un problème, juste t’aide à te remémorer la soirée de la veille, comment tu en es arrivé là. Tu revois ses baisers, ses caresses, ses lèvres sur ta peau. Tu te revois la dévorer, la prendre dans tes bras, la cajoler, lui demander si elle n’avait besoin de rien. Elle s’excuse, la petite patineuse, elle s’excuse et demande si tu n’as pas mal. Tu rigoles en te tournant un peu pour la regarder.

- Tu plaisantes ? J’aurais mal peut-être c’soir, mais c’est pas grave t’sais. C’est pas non plus d’la douleur désagréable.

Tu te retournes complètement pour lui faire face, fermant les yeux en sentant sa main sur ta joue. Toi, tu mets une main sur sa hanche, caressant sa peau du pouce, serein. Plus ou moins serein. Tu ouvres un œil quand elle demande pour ton chien, l’espèce de masse de touffe de poils qui te sert de chien. Elle l’avait connu chiot, n’avait pas eu le temps de le voir grandir. Elle ne sait pas que le machin fait son poids et fait presque sa taille en étant debout maintenant.

- T’sais, il est comme moi, ce con. Il bouffe. J’essaye d’le dresser pour qu’il attende, mais il bouffe tout et n’importe quoi. Il a fait une intoxication alimentaire, donc ils ont dû l’opérer.

Tu pouffes un peu nerveusement en expliquant le pourquoi du comment ton compagnon à poils est chez le vétérinaire. Mais bon, quand tu avais averti Lisa, elle s’était facepalm et avait dit que oui, évidemment, cela devait lui arriver à lui. Tel maître, tel chien, non ? Tu avais eu aussi un incident alimentaire comme ça, dans un restaurant en allant avec l’équipe de hockey. Tu avais trop mangé, te retrouvant à mourir le lendemain, vomissant tes tripes. Donc bon… Tu inspires doucement avant d’avoir la réponse qui ne te plaît pas. Tu hoches la tête et te redresses pour rester assis sur le lit, adossé à la tête.

- Ouais… Faut...

Tu la regardes en souriant doucement, tendant la main. Tu inspires doucement, serrant les dents.

- Tu veux quoi, toi… J’veux dire… Maintenant… De c’qui est d’nous deux ?

”- Un homme qui porte fièrement ses blessures de guerre, c’est beau !” souffle-t-elle, taquine.

Il aura peut-être mal un  peu plus tard mais ça ne devrait pas durer, non plus. Pas être trop insupportable, même si elle a un peu honte de l’avoir griffé comme ça. En même temps… Elle sait que c’est ce qu’elle fait. Elle sait que ça a toujours été comme ça, depuis leur première fois. Elle avait été la première surprise de se découvrir sous cet angle là. La première étonnée de se découvrir ce côté bestial insoupçonné, tandis que son partenaire lui donnait exactement ce dont elle avait besoin. De la passion. De la brutalité. De l’intensité, surtout. Aurait-elle pu être autre chose qu’un peu sauvage, quand elle avait besoin qu’il le soit lui-même un peu, qu’il la dévore de ses lèvres au point d’y laisser des marques pour plusieurs jours ?

”- Tel maître tel chien quoi…” qu’elle remarque, amusée. ”Et ça s’est bien passé pour lui ? Il s’est bien remis ?”

Ça ne l’étonne même pas, dans le fond. Elle connait la bête, même si elle ne l’a pas vu grandir et ne l’a pas vu depuis un moment. Elle se souvient du bestiaux que c’était à l’état de chiot et elle se doute bien qu’avec un maître comme Den, même s’il a essayé de lui apprendre à rester calme face à la nourriture, ça n’a pas marché. D’ailleurs, ça lui fait penser…

”- T’as finis par trouver tous les canards qu’Lisa a planqué ?”

Ces fameux canards qui lui ont coûté sa relation avec Karine et qui, indirectement, leur ont permis d’être ensemble en éloignant la blonde. Ces fameux canards qu’elle-même a passé une après-midi complète à chercher dans tout l’appartement de son petit copain, sans pour autant tous les trouver. Quelque chose comme trois cent canards en résine planqué dans tout l’appartement… Andy avait été tellement hilare qu’Lisa avait fini par lui offrir l’un de ces fameux canards dédicacé et mit sous verre. En attendant, les autres s’entassaient dans un pot du salon. Ce souvenir lui fait esquisser un sourire, mais la réalité la rattrape rapidement. Ils doivent parler. Et il veut savoir ce qu’elle veut elle, les concernant.

”- Je voulais…” elle souffle, évite son regard. ”Je voulais que tu puisses avancer, que… Que tu puisses avoir tu sais… le mariage, les enfants… Et pas d’être freiné parce que moi je… j’veux une médaille.”

Avec elle, il n’est pas prêt d’avoir d’enfant, pas près de pouvoir devenir père et… Elle sait pas, elle aurait pensé qu’à trente-ans passé, ce serait quelque chose qu’il voudrait forcément. La pression du temps qui passe, de cette horloge biologique qui avance… Elle sait, en plus, qu’il ferait un papa merveilleux. Mais elle ne peut pas lui offrir ça. Pas tout de suite.

”- Mais tu me manques… Et ça fait peut-être de moi une égoïste… Sûrement même mais… Mais j’arrive pas à te laisser partir.” Elle souffle. ”Alors physiquement oui, peut-être que j’ai réussi mais…” elle se mord la lèvre inférieure. ”J’penses encore à toi tout l’temps. Tous les jours. Toutes les nuits. Tous les matchs, les compétitions… Quand j’cours, sous la douche… Bon sang, j’pense à toi quand j’me touche…”

Des blessures de guerre, qu’elle dit hein ? Tu pouffes doucement.

- Des guerres comme ça, j’préfère en r’demander.

Ce que tu dis, dans une petite blague un peu graveleuse, mais qu’elle approuvera, tu le sais. C’est ça qui a toujours été fascinant avec elle. Elle semble douce, délicate, naïve… Et en fait, elle peut avoir l’esprit encore plus tordu que toi. Elle t’a déjà sorti des "titre" sans que tu t’y attendes.

- Très drôle, mais ouais… Et apparemment, l’véto a dit qu’il pétait la forme.

Que tu dis pour Pablo. Tu sais pourquoi elle dit ça, tu le sais. Tu essayes de la rassurer avant de froncer les sourcils quand elle pose la question pour les canards en résine. Tu passes une main sur ton visage en pouffant doucement. Ces trucs… Une petite blague à la Lisa qui a tourné au vinaigre avant d’en faire une blague à répétition entre amis. Et Cornelia avait trouvé l’initiative de fouiller l’appartement pour les sortir de leur cachette. Un bon moment. Mais voilà, maintenant, tu as un pot plein de ces bêtises sans avoir réussi à tous les avoir.

- Rigole pas, nan. J’sais pas où elle m’en a mis...

Que tu dis avant de devoir changer de ton, parler de ce qui compte vraiment. Tu la regardes, l’écoutant attentivement. Tu fronces un peu les sourcils. Comment ça mariage ? Enfants ? Hein ? Tu ne te souviens pas avoir abordé cette histoire avec elle et de toute façon, oui, tu le sais depuis le début qu’elle voulait une médaille, tu l’as toujours soutenu dans cette voie. Tu ne comprends pas, n’ayant jamais senti cette impression d’être… Stoppé dans la vie à cause d’elle. Le reste de son monologue te fige un peu, te rendant bien compte de l’erreur que vous aviez fait il y a trois ans.

- Mais… Princesse...

Tu grimaces, passant une main sur ton visage avant de secouer la tête. Tu la prends par les hanches pour venir la déposer à califourchon sur ton bassin, freiner par les draps. Qu’importe, là, tu voulais surtout croiser son regard, que ses amandes se figent dans tes billes grises. Tu prends son visage dans tes mains, un peu fort, sans vouloir non plus lui faire de mal. Tu plantes ainsi tes yeux et lui répond, laissant ton cœur parler, tes émotions, les larmes qui montent d’elle-même à cause de ta sensibilité poussée à l’extrême.

- Regard’moi… Et écoute… Parc’qu’j’pourrais pas m’répéter. Je t’aime. J’t’aime d’puis le premier jour. J’t’aime encore comme un fou et j’ai pas pu t’oublier. J’ai accepté ton départ parce que just’ment j’t’aimais comme un malade. J’me suis voilé la face parce qu’j’me disais qu’t’avais b’soin d’ta liberté aussi, d’pas gâcher ta jeunesse avec moi. J’me disais, qu't’avais b’soin d’grandir, mais pas trop vite, d’faire des erreurs comme j’en ai fait à ton âge… Et… J’ai pas vu les années parce que j’réfléchissais à autre chose… J’me suis repris tout ça dans la gueule avec nos photos, les souvenirs et… Quand j’t’ai r’vu… Et… J’veux pas non plus t’laisser partir… Parce que j’t’aime…

"- Ne me tente pas trop, soldat, je pourrai te laisser faire…" qu'elle murmure, ses lèvres s'étirant en un sourire, lui jetant un regard en coin.

Oh, ouai, elle visualise très bien comme elle pourrait le laisser recommencer, comment elle pourrait passer la journée à faire ça, après y avoir déjà passé la nuit ou au moins une partie de celle-ci. Évidemment qu'elle pourrait le laisser recommencer, il y a trois ans qu'elle voudrait combler, trois ans qu'elle voudrait rattraper, trois ans qu'elle voudrait oublier, trois ans qu'elle voudrait effacer, comme s'ils n'avaient jamais existé. Comme si tous les deux ne s'étaient jamais séparés.

"- Tant mieux s'il va bien !"

C'est le principal. Une intoxication alimentaire ce n'est pas l'idéal mais si l'opération s'est bien passée c'est une bonne chose. Et ce d'autant plus que, en y réfléchissant, ça aurait pu être pire. Il aurait pu s'étouffer en tombant sur un petit canard en résine que Lisa a planqué dans l'appartement il y a des années, bien avant que Pablo ne naisse. Bien avant qu'il ne s'installe dans l'appartement. D'ailleurs ça lui fait penser qu'elle ne sait pas, en fin de compte, si le goalie est venu à bout de ses recherches, trouvant enfin tous les canards planqués, ou non. Alors elle pose la question. Et la réponse qu'il lui fait ne la surprend pas vraiment. Trois cent canards en résine, tout petits en plus, ce n'est pas si simple à trouver

"- Est-ce qu'elle se souvient de toutes ses cachettes elle-même, telle est la question ! Tu finiras par déménager en laissant des petits canards derrière toi…"

Ça ne serait même pas surprenant, à moins qu'il ne trouve les derniers en faisant ses cartons ou en les défaisant, qui sait. Enfin, pas qu'un déménagement soit à l'ordre du jour, du moins pas à sa connaissance. Mais il y a beaucoup de choses qu'elle ignore aujourd'hui sur Aayden. Et pas mal de choses dont ils doivent discuter. D'ailleurs, le ton devient sérieux et, finalement, la jeune femme se jette à l'eau, expliquant pourquoi, il y a trois ans, elle avait décidé de quitter l'homme qu'elle aimait, pour lui rendre sa liberté. Aujourd'hui, elle veut simplement le retrouver, tant pis si cette volonté, si ce désir, est un peu égoïste. Elle a trop besoin de lui, elle l'aime trop, pour pouvoir avancer sans lui. Il est encore dans toutes ses pensées, dans tous ses rêves, tout le temps… Il était toujours là dans ses pensées, dans sa vie, partout, comme en témoignait le petit pendentif discret à son cou, frappé du numéro 25, ce numéro qui ornait ses maillots de hockey.

Il semble choqué, la faisant venir sur lui, simplement séparés par les draps entre eux, à califourchon sur son bassin. Malgré sa nudité évidente, son buste découvert, il ne semble pas s'en soucier, prenant son visage en coupe dans ses mains, la rapprochant de lui, leurs regards se plongeant l'un dans l'autre tandis qu'il lui demande de l'écouter, de l'écouter attentivement, parce qu'il ne pourra pas se répéter. Et c'est là, à ce moment précis, que son cœur cesse de battre, qu'il manque un battement. Quand elle le voit pleurer. Quand il avoue qu'il l'aime depuis le premier jour. Elle n'est pas sûre qu'il sache exactement à quel moment remonte réellement ce fameux premier jour, mais peu importe. Peu importe car cette déclaration, soudainement, fait s'emballer son cœur. Il l'aime. Toujours. Malgré tout. Malgré ces trois ans.

"- Je t'aime…" qu'elle souffle. "Je t'aime !" répète-t-elle plus fort, ne résistant pas à l'embrasser. "Pleure pas mon coeur. Pleure pas, sinon je vais pleurer…"

Mais c'est trop tard, elle pleure déjà.

Trois mots. Répétés. En réponse. En écho. Tu fermes doucement les yeux, reniflant un peu, ne pouvant pas contrôler tes larmes qui coulent le long de tes joues. Elle le répète à son tour. Elle le souffle et pose ses lèvres sur les tiennes, comme prouvant par les actes ce que vous aviez déclaré l’un à l’autre. Elle aussi elle pleure, elle aussi ses larmes viennent rejoindre les tiennes. Tu gardes son visage contre le tien, essayant de sourire alors que tu éclates en sanglots. Tu ne saurais dire si c’est la joie qui s’exprime ou le soulagement, le résultat de trois ans d’errance.

Tu te redresses pour la ramener un peu plus vers toi, lui rendant le baiser tendrement, approfondissant le geste, tes mains dans son dos. Plus doux que la veille. Plus doux que lorsque vous vous êtes retrouvés. Tu recules un peu, retrouvant ton souffle, rigolant nerveusement, avant de nicher ton nez dans son cou, inspirant comme un junkie son parfum qui t’avait tant manqué. Tu la serres dans tes bras, trop effrayé désormais à la simple idée de la laisser partir. Tu essayes de te calmer de ce surplus d’émotions soudain. Tu mets plusieurs minutes à retrouver tes esprits, voyant bien qu’il ne s’agissait pas d’un rêve éveillé.

Tu souffles un peu, venant poser ton front au-dessus de ses seins, venant y déposer des baisers entre… Et tu murmures.

- Pars pas… Pars plus… J’pourrais pas l’supporter une nouvelle fois… M’fait plus ça…

Pas comme il y a trois ans. Tu sais que cette fois, c’est quitte ou double. Vous n’avez plus droit à l’erreur. Si elle venait à s’en aller de ta vie une nouvelle fois, tu ne t’en relèverais plus jamais. Tu le sais, au fond de toi. C’est elle la dernière. C’est elle que tu veux. Tu redresses péniblement la tête et embrasses son cou.

- J’te veux...

Que tu dis, simplement… Encore. Toujours… Tu en redemandes à ton tour. Après les larmes, tu la veux contre toi, de nouveau peau contre peau. Tu veux de nouveau sentir ses mains sur ton corps, la dévorer toute entière… Tu le veux, tu ouvres lentement les yeux, cherchant à croiser son regard, prouvant ta détermination, attendant son accord, comme toujours, une main sur ses hanches, la deuxième qui s’approche de ses seins, se baladant sur son ventre. Tu le veux…

- Ma Princesse...

Il pleure. Il pleure et, le constatant, elle pleure elle aussi. Le soulagement de le retrouver enfin, la joie de le sentir tout près d'elle, l'amour... Sont autant de sentiments qui l'envahissent, qui l'enveloppent, la submergent. Et son coeur s’emballe dans sa poitrine comme il la ramène contre lui, comme il répond à ses baisers, comme elle se sent de nouveau complète, parfaitement à sa place, d’une place qu’elle n’avait plus trouvé nulle part pendant trois ans, qu’elle n’avait pas non plus vraiment cherché, comme si une partie d’elle-même avait toujours su qu'il n’y en avait qu’une faite pour elle. Celle-ci, juste là, entre ses bras. Près du cœur de son goalie.

”- Plus jamais mon coeur, plus jamais.” qu’elle jure en embrassant le sommet de sa tête, comme il est venu poser son front dans l’espace entre son cou et ses seins. ”Plus jamais.”

Qu’il ne la laisse plus jamais partir, lui non plus, si pour une raison ou pour une autre, une telle folie la reprenait. Qu’il ne la laisse plus s’éloigner, alors même qu’ils savent qu’ils ont besoin l’un de l’autre. Besoin au point qu’elle n’est pas encore sûre de pouvoir supporter les séparations, même celles qui seront provisoires, le temps d’une nuit avant de se retrouver. Elle ne veut pas partir, elle ne veut pas le quitter, elle ne veut pas même rester plus de cinq minutes loin de lui. Plus jamais.

Il embrasse son cou et elle frissonne, fermant les yeux en le laissant faire, se mordant la lèvre inférieure. S’il dit avoir envie d’elle, il n’est pas seul. Elle aussi a encore envie de lui. Elle non plus n’en a pas eu assez cette nuit, malgré toute l’attention qu’ils se sont donnés l’un à l’autre. Elle aussi en veut encore et, bon sang, n’est pas même lassée, quand bien-même il a déjà tatoué son corps de ses lèvres, y laissant des marques violacées.

Il attend, il ne poursuit pas, malgré sa main qui a rejoint sa hanche, l’autre qui, elle le sent, approche de sa poitrine et ses lèvres qui ne sont qu’à quelque millimètres de son épiderme. Il attend et elle sait exactement quoi. Son accord. La confirmation qu’elle le veut autant qu’il la veut. Une confirmation qu’elle ne se fait pas prier pour lui donner, attrapant son téléphone pour relancer une playlist qu’ils ont déjà écouté cette nuit. L’objet reposé, elle frôle ses lèvres des siennes, sans pourtant franchir la limite, désireuse qu’il le fasse lui, qu’il la réclame de ses lèvres.

”- Alors vient, soldat...” qu’elle souffle à son oreille, sa main se perdant dans ses cheveux, la seconde glissant le long de son buste, plus au sud.

Plus jamais. Une promesse prononcée. Une promesse que vous vous faites, dans l’intimité de cette chambre, dans cette lumière absente, alors que vos lèvres se cherchent en se frôlant doucement. Tu grimaces un peu en la voyant se détacher, la voyant bouger de sa place avant d’afficher un grand sourire en entendant la musique qui se lance et alors qu’elle te donne réponse à ce que tu quémandes d’elle, ce que tu désires. Tu te redresses alors que ses doigts se glissent sur ta peau. Tu frissonnes violemment, souriant contre ses lèvres. Tu grognes doucement, venant lui mordre doucement la lèvre en réponse à sa provocation.

- Tes désirs sont des ordres...

Que tu souffles avant de la faire basculer sur le côté, inversant vos positions dans un rire sincère, lui accordant encore une fois le plaisir que vous réclamiez, avide de sentir vos corps unis…

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Le souffle court, la sueur sur le front qui s’écoule, te voilà en train de regarder ton plafond en essayant de retrouver tes esprits. Tu passes une main sur ton visage en souriant avant de rigoler doucement. Tu serais bien incapable de compter le nombre de fois où vous l’aviez fait entre hier soir et ce matin. Mâtiné bien entamé d’ailleurs. Possible que ce soit le début d’après-midi même. Tu te tournes un peu vers la demoiselle à tes côtés, lui caresse la joue du pouce avant de murmurer.

- Hey… Idée… Quand même... J’vais m’doucher rapid’ment et j’vais t’faire à manger. Ça t’va ? J’suis pas loin d’toute. Puis au pire, tu peux prendre un d’mes pulls pour t’habiller. Ça t’fera une robe.

Que tu dis en quittant les draps pour rejoindre ta salle de bain. Tu te passes un peu d’eau sur le visage pour commencer, essayant de voir dans quel état tu étais. Épuisé. C’était le mot, mais heureux. Tu pouffes un peu avant de te retourner pour commencer à entrer dans la douche avant d’écarquiller les yeux devant le spectacle.

- Ah ouais nan… Tu m’as pas loupé, Princesse ! C’est mort pour la sortie piscine là !!

Tu éclates de rire et secoues la tête.

Dans sa poitrine, son cœur bat encore la chamade et elle fixe son regard sur le plafond, haletante, comme il se laisse retomber à ses côtés. Elle vient se blottir contre lui, rabattant la couverture sur eux avant de reposer sa main sur le ventre de son goalie, comme incapable de ne pas chercher le plus de contact physique possible. Comme si elle avait peur qu'il disparaisse, qu'il s'évapore. À le sentir là tout près d'elle, elle espère qu'elle pourra oublier, et lui faire oublier, surtout, les trois années qui venaient de s'écouler l'un sans l'autre et dont elle espérait qu'elles ne seraient bientôt qu'un vague mauvais souvenir.

Il se tourne vers elle et elle ferme les yeux en sentant sa main sur sa joue, appréciant le contact de ses doigts sur son épiderme, qui la caressent tendrement. C'est si doux qu'elle n'aurait aucun mal à s'endormir à nouveau, comme ça, bercée par le rythme de son cœur et le contact léger de ses doigts. Il faut dire que la nuit a été courte, épuisante, et que la matinée n'est pas plus reposante. Cette pensée lui arrache un sourire. Elle n'est peut-être pas allée courir ce matin, comme elle en a l'habitude mais, niveau cardio, elle ne doit pas être trop mal.

"- Mh ?" demande-t-elle comme il semble avoir une idée.

L'écoutant elle hoche la tête quand il parle de faire à manger en revenant de la douche. Ce ne serait pas une mauvaise idée, tant elle se sent affamée. D'un autre côté, la simple idée qu'il ne soit plus avec elle, même une dizaine de minutes, est suffisamment désagréable pour qu'elle dessine sur ses lèvres une petite moue, avant de le laisser partir malgré tout. Elle se rallonge, fixant le plafond à nouveau, l'entendant bientôt l'apostropher. Elle repousse la couette et se lève alors, avançant en direction de la salle de bain, sans avoir même prit le temps d'enfiler ne serait-ce qu'un t-shirt. Pas comme si elle avait besoin de lui cacher grand chose. Pas comme s'il ne connaissait pas déjà exactement ce corps.

"- Ah bon ?" qu'elle demande en passant la tête dans l'encadrement de la porte, jetant un regard à son dos.

C'est vrai. Et elle sait que c'est vrai. Elle sait qu'elle ne l'a pas épargné. Qu'il risque de garder des marques toutes la journée ou du moins ce qu'il en reste et peut-être même encore le lendemain. Elle se mord la lèvre.

"- Qu'elle sortie piscine ?" qu'elle demande en l'observant encore. "Dit... J'me pose la question depuis cette nuit mais... T'as pris combien de muscle ?"

En trois ans, elle a l'impression qu'il s'est bien développé.