Je n’ai rien dit de mal.

Qu’elle ose te dire. Qu’elle ose affirmer avec un léger sourire bien à elle, que tu reconnais bien. Tu te pinces les lèvres quand elle affirme qu’elle n’est en aucun cas responsable de comment ton cerveau interprète les choses. Elle n’a pas tort en plus, mine de rien. Elle sait que ton calibrage mental et de naissance n’est pas vraiment logique. Il est fonctionnel, mais pas vraiment comme tous le reste de la population. Pourtant, elle a toujours été très compréhensive là-dessus, elle ne t’a jamais fait regretter quoi que ce soit. Elle s’approche et tu déglutis à sa phrase.

Tu fais une légère grimace alors que tu as un sourire en coin, comprenant son sous-entendu avant de te mord la lèvre. Ouais non. Ce n’était pas vraiment le bon moment pour ça, vous n’étiez pas seul et vous aviez autre chose de prévu, mais tu gares l’idée en tête pour le reste de la soirée et ce week-end. Puis ce n'est pas comme si vos boules de poils à l’arrière commençaient à partir en sucette. Tu pouffes un peu quand ta Belle utilise le mot magique qui commence à faire réagir le Loulou. Tu profites alors pour sortir pour lui ouvrir avant de récupérer ses lèvres.

Tu gardes la tête baissée, souriant contre elle, la gardant contre toi autant que tu peux. Tu lèves les yeux vers la voiture, voyant la tête de Pablo qui s’impatiente et commence à aboyer lui aussi. Tu rigoles un peu et vas voir le coffre pour attraper sa laisse à lui.

- Insupportable… Aller, récupère le tient, je prends le mien.

Que tu dis en t’exécutant. L’eurasier descend tranquillement en s’ébouriffant le visage et cherche déjà à retrouver son copain dehors. Tu tires un peu pour le ramener vers toi, laissant la place à Corny pour qu’elle fasse de même et verrouille la voiture alors que les bruits de la fête au loin se font déjà entendre.

- Ils ont mis le paquet cette année. Il paraît que les peluches sont de plus en plus grosses.

Que tu dis, comme ça. Tu sais au fond de toi que tu vas en récupérer une de toute façon, au moins pour elle. Sur un malentendu, tu auras aussi quelque chose pour Andreas et Lisa, mais ce sera après. Quand la Princesse aura ce qu’elle désire, elle.

- Tu veux qu’on commence par quoi ? On passe par le parc pour les chiens et on retombe de l’autre côté avant d’tout redescendre pour revenir ici ?

Alors que Den lui ouvre la portière de la voiture et qu'ils s'embrassent tous les deux, leurs loustics ne manquent pas de se faire remarquer, piaillant dans la voiture, de peur probablement que leur papa et leur maman ne les oublient, comme si c’était seulement possible. Cornelia lève les yeux au ciel, pouffant un peu, s’inquiétant de savoir s’ils n’ont pas bientôt fini leur cinéma et les deux chiens la regardent bizarrement, alors, la tête penchée sur le côté. Elle rigole, Den aussi, de bonne humeur l’un comme l’autre à l’idée de ce week-end à passer en tête à tête, même si dimanche soir arrivera beaucoup trop vite à leur goût, comme tous les moments de séparation depuis deux semaines. C’est difficile d’accepter de quitter l’autre, même pour quelques jours, même alors qu’ils se voient quotidiennement à la patinoire, s’y croisant au moins, quand on a connu trois années de séparation. Une peur qui subsiste, un manque retentissant qui se rappelle à la réalité, aux souvenirs.

"- Allez Salchow. On y va ?" propose-t-elle en s’appuyant sur le siège passager pour atteindre l’animal.

Rapidement, elle passe le harnais à Salchow avant de faire descendre la petite bête de voiture, Pablo cherchant immédiatement à retrouver son copain, forçant Den à tirer un peu sur sa laisse pour permettre à la brune de vérifier l’harnachement. Comme il n’y a pas le moindre signe d’inconfort chez Salchow, elle lève le pouce en l’air.

"- Nous on est prêt !"

Et à l’évidence, Den et Pablo le sont aussi. Tant mieux, puisque Salchow a déjà les oreilles bien dressées et la tête tournée en direction de la fête d’où provient un joyeux brouhaha de festivités. Il paraît, d’après le goalie, que cette année les choses sont encore plus grandioses et, quand il mentionne les peluches qui sont encore plus grosses que d’habitude, Cornelia sait, définitivement, qu’il y en aura une sur le siège arrière au retour. Si tant était bien sûr qu’elle avait encore un doute sur la question, mais pas vraiment. Au bout d’un an, elle commence à le connaître, son hockeyeur au grand cœur.

"- Le parc c’est une bonne idée comme ça on les laisse faire leurs besoins et après ça on sera à peu près sûrs d’être tranquille un moment, probablement jusqu’à l’heure de rentrer. Tu crois qu’on pourra prendre des churros ?" elle fait la moue immédiatement. "Le coach risque de pas trop aimer…"

Vous êtes fin prêt. Prêt à entamer cette soirée à deux. Elle est d’accord pour la pause au parc, histoire que vos boules de poils ne s’excitent pas en plein milieu de la foule. Même si, tu connais Pablo. Il est assez craintif, mine de rien. C’est plutôt pour Salchow que tu t’inquiètes. Pas que le Loulou possède le même caractère de sa maîtresse quand on manque de lui marcher dessus, mais pas loin. Alors tu commences à prendre la direction du parc avec elle et rigole un peu à ses réflexions. Bien sûr que le sujet allait être abordé. Qui dit fête foraine, dit churros. Et qui dit churros…

Tu hausses un peu les épaules quand elle parle de son coach et lui poke le nez gentiment du bout du doigt.

- T’inquiètes. Au pire, il m’engueulera parce qu’c’est moi qui les aurait payé.

Ce qui n’est techniquement pas faux. Une main sur la hanche de la jeune femme, tu lui embrasses la tempe, comme pour la rassurer. Non, tu n’avais pas peur de son coach. Peut-être un peu plus de ta Princesse quand elle se mettait en tête de perdre ce qu’elle avait pris pour pouvoir se remettre en piste. Mais tu savais comment lui faire comprendre qu’un peu de rondeur sur ses cuisses la rendait plus que parfaite sur la glace.

- Ça changera rien à avant. Y s’méfiait déjà d’moi avant pour t’avoir fait faire quelques écarts, donc bons…

Tu gardes ton sourire, ayant aussi une pensée pour ton propre coach. Il n'avait pas besoin de craindre la patineuse de son côté, même s’il savait que tu étais capable de vouloir zapper des entraînements pour être avec elle ou pour la soutenir de son côté pendant des compétitions. Pourtant, avec Lisa, c’étaient bien les seules qui pouvaient te remettre dans le droit chemin de la concentration pendant un match. Tu fais signe alors que les bruits de la fête se faisaient de plus en plus présents.

- Tout ça pour dire que oui, t’en fais pas, tu auras des churros. Supplément Nutella ? Ou j’donne l’bâton pour m'faire frapper, là ?

Il affirme que, au pire, le coach de la demoiselle pourra s’en prendre à lui, le considérer comme responsable, car ce sera lui qui aura payé les churros que l’on pourrait lui reprocher d’avoir mangé. Evidemment. Dans quel univers Aayden Sachs ne tient pas à payer tout ce que sa chère et tendre pourrait désirer ? Dans quel univers Aayden Sachs n’est pas ce canard beaucoup trop généreux, à tel point que l’une de ses exs en avait largement abusé ? Dans quel univers Aayden Sachs ne se plie pas en quatre pour lui faire plaisir, pour lui être agréable ? Elle est à peu près sûre que la réponse à toutes ces questions se résume en un seul mot : aucun. Aayden oublierait presque, parfois, que sa belle gagne son propre argent et est parfaitement en mesure de non seulement s’acheter des churros mais également de lui faire plaisir à lui, aussi.

"- C’est vrai." observe la demoiselle. "Alors qu’il devrait surtout être reconnaissant pour tout l’exercice supplémentaire que tu m’fais faire…" souffle-t-elle dans un sous-entendu évident, ponctuant celui-ci d’un sourire qui en dit long sur le fond de sa pensée, au cas où son petit ami n’aurait pas comprit.

Il promet donc qu’elle aura des churros, posant la question de savoir s’il y aurait ou non du nutella pour les tremper dedans, supposant un instant que, là, il donne le bâton pour se faire battre. En même temps… Les churros et le nutella sont une combinaison incroyable. Parfaite. Le coach n’est pas obligé de savoir que les churros n’étaient pas simplement au sucre… Elle n’est pas obligée d’être à ce point honnête avec lui. Elle n’est même pas obligée d’avouer pour les churros, mais elle sait très bien que la balance ne manquera pas de jouer les traîtres, pour sa part.

"- Hé bien peut-être qu’il pourrait y avoir du nutella avec les churros pour les papilles d’un certain goalie et que peut-être, par hasard, par inadvertance même, les miens pourraient s’égarer dans ce pot…" remarque la brune avec un petit sourire, dérobant ses lèvres comme ils atteignent le parc pour leurs toutous. "PAR CONTRE !" dit-elle plus fort. "Si tu payes les churros, alors JE paye les boissons. Et ce n’est pas négociable, monsieur !" affirme-t-elle, se blottissant contre lui. "J’sais très bien que tu veux me traîter comme une princesse hein ? Mais laisses-moi, moi aussi, te traiter comme un roi…"

Comme le roi qu’il mérite d’être. Comme le roi qu’il est pour elle.

Tu manques de pouffer un peu à la remarque de la brune quand elle parle d’exercice supplémentaire que tu fais avec elle. Tu te pinces les lèvres en y pensant et… Elle n’a pas tort mine de rien. Tu rigoles de nouveau avant de l’embrasser sur le front une nouvelle fois.

- Roh d’suite. Dit qu’t’aimes pas faire de cardio aussi !

Que tu dis avant d’avancer complètement dans la foule. Tu profites pour jeter un coup d’œil rapide au Loulou, vérifiant que tout va bien pour lui avant de proposer pour le Nutella. De toute façon, Pablo se met devant en protecteur pour que Salchow ne soit pas non plus écrasé par les passants. Tu te figes un peu à la réponse de ta petite amie, reculant pour croiser son regard. Tu fais mine d’être outré, comprenant où elle veut en venir, commençant à bien la connaître.

- Han… Donc tu veux que J'ACHÈTE moi-même le bonus Nutella pour que TU le piques chez moi. Je vois…

Tu pouffes un peu, faussement énervé en vérité avant de secouer la tête en souriant. Tu l’écoutes, alors qu’elle continue à parler, qu’elle rajoute qu’elle veut payer les boissons en échange. Tu passes ta langue sur tes lèvres avant d’approcher ton visage du sien, front contre front et sourit, mettant ton index sous son menton.

- Ok deal. J’peux pas d’dire non d’toute façon.

Que tu rajoutes avant de lui voler un baiser avant de te redresser, faisant signe d’un mouvement de tête. Il faut avancer un peu, pouvoir profiter de la soirée. Tu la laisses attraper ton bras, alors que tu te diriges tranquillement vers les stands de nourriture, se repérant surtout à l’odeur de sucre qui envahit rapidement vos narines. Tu avances pour aller à la suite de la file et profites de l’attente pour poser ton front contre sa tempe en souriant.

- Tu voudras tenter quoi après ?

"- Au contraire. J’ADORE le cardio. Avec MON coach TRÈS particulier, tu vois…" lance la demoiselle avec un jeu de sourcil suivi d’un petit sourire innocent, comme si elle ne venait pas de faire un sous-entendu salace dont il a l’habitude.

Ils commencent à s’enfoncer dans la foule, le regard de Cornelia se rivant sur le Loulou à ses pieds en même temps qu’ils parlent, veillant à ce qu’avec tout ce monde, il ne se fasse pas marcher dessus ou ne soit pas blessé. Heureusement pour elle, Pablo, bien plus imposant, décide de se placer devant Salchow, faisant comme un rempart pour que son ami puisse le suivre sans danger. Pourtant, Cornelia continue de se sentir un peu stressée alors qu’ils avancent, continuant leur discussion.

"- Non ! Je dis juste que par mégarde, un ou deux churros pourraient se perdre de ton côté, c’est touuuuut !" affirme la demoiselle en se baissant finalement pour récupérer son loulou dans les bras, craignant bien trop pour ses petites pattes.

Quand elle se redresse, l’animal entre ses bras, elle se retrouve face à son petit ami et au mouvement de sa langue passée sur ses lèvres. Pourquoi est-ce qu’il fait ça ? Pourquoi est-ce qu’il doit la regarder avec une telle intensité dans le regard et se rapprocher d’elle comme ça, au milieu de la foule, devant littéralement tout le monde ? Et il espère qu’elle se contienne, il espère qu’elle ne meure pas intérieurement devant ce spectacle ? Seule une sainte, et encore, pourrait rester de marbre.

"- Non, tu peux pas." souffle la demoiselle avant de reprendre. "Et je te promet que si je te vois encore passer ta langue sur tes lèvres comme ça, elle va finir dans ma bouche…"

Il vole ses lèvres et, bien que le loulou soit encore entre eux, elle lui rend son baiser, mettant sa menace à exécution avant qu’ils ne se remettent en route, essayant d’évoluer au travers de la foule pour rejoindre un stand de churros ou une attraction quelconque.

"- Ben j’sais pas, faut qu’on puisse emmener les chiens avec nous, ça peut être compliqué selon les attractions." remarque-t-elle. "Donc exit les trains fantômes et tout ça. Mais si tu veux tirer à la carabine ou je ne sais pas, j’peux te tenir Pablo… Sinon y’a les machines à sous aussi. Et la pêche au canard. J’suis sûre que t’es plus doué pour attraper du caneton que pour les retrouver dans ton appart…" qu’elle souffle, amusée, sourire en coin.

- Je plaide non coupable.

Que tu dis quand elle affirme qu’elle adore le cardio avec son coach. Particulier même qu’elle rajoute. Tu pouffes un peu et sait de toute façon qu’elle a raison, qu’avec le temps déjà passé ensemble, vous en profitiez, de ces petits moments retrouvés à deux, dans le noir. Ces petits moments où tes lèvres embrassent la peau de son cou, de ses épaules, de son dos. Ces petits moments où ses doigts se glissent dans tes cheveux, sur ton torse… Oui, tous ces petits moments… Vous aviez trois ans à combler, oublier, mettre derrière et vous dire qu’il ne s’agissait que d’un vieux souvenir.

Alors,oui, tu plaides non coupable et c’est avec ce regard amoureux que tu l’observes sans rien dire quand elle affirme qu’elle piquerait sans concession le nutella de tes churros. Tu souris, la voyant récupérer son chien dans les bras. Tu confirmes aussi que tu ne peux rien lui dire, rien lui refuser et pouffes un peu quand elle te menace avant de t’embrasser. Tu ronronnerais presque sous ces lèvres et essayes de reprendre tes esprits pour voir comment se déroulerait cette soirée. Une main dans son dos, tu avances un peu, la guidant. Tu hoches la tête quand elle propose certaines attraction.

- Ouais nan. D’toute? Pablo risqu’rait d’aboyer sur les forains pour protéger Salchow donc…

Tu vois ton chien qui se fige, se retrouve et approche pour lécher le loulou avant de se remettre en route en attendant de savoir quoi faire. Tu te figes aussi en continuant à écouter ta patineuse et la regardes en pouffant. Les canards. Elle remet sur la table ces fameux canards en résine qui sont toujours dans le bol du salon et dont tu sais de source sûr qu’il en reste de cacher dans tout l’appartement. Tu te facepalm et pouffes.

- Alors… C’était bas… J’sais qu’il m’en reste encore d’caché j’sais pas où… Et pour la carabine …

Que tu ne finis pas en cherchant le dit stand du regard. Tu te pinces les lèvres et pouffes un peu, te souvenant de la dernière fois où tu avais passé du temps au stand pour lui avoir une peluche digne de ce nom. La tête des clients et du forain étaient merveilleuse. La bonne idée d’avoir eu des cours de tir avec ton père hein ?

- Bah j’risque d’rafler le premier prix et si le mec ou la nana m’r’connait… Il va plutôt m’la donner direct la p’luche.

"- Plaide autant que tu veux mais tu es coupable et nous le savons tous les deux." souffle-t-elle avec un petit rire. "Cela dit ça ne me dérange pas que tu le sois…"

Évidemment que ça ne la dérange pas qu’il le soit. Et pour être honnête, elle est tout aussi coupable que lui, connaissant parfaitement les faiblesses de son partenaire. Enfin… Pas comme si elle avait vraiment besoin de s’en servir non plus. Depuis qu’ils s’étaient retrouvés, ils cherchaient tous les deux à rattraper le temps perdu, à oublier ce temps qu’ils avaient passé loin l’un de l’autre, à compenser l’absence et le manque des trois dernières années. Bien sûr, ils ne rattraperaient jamais vraiment ce temps. Mais ils finiraient, au moins, par oublier la blessure de l’absence.

"- Oui, on va éviter de le faire aboyer sur tout le monde, c’est mieux."

Et encore moins dans un train fantôme, vu le bruit que ça fait en général, ça résonne pas mal dans ce genre d’attractions. Elle imagine d’ici la tête des forains, donc, si Pablo commençait à aboyer à l’intérieur. Sans parler de leurs propres oreilles à tous les deux.

"- C’est surtout bas à Lisa d’en avoir planqué autant." remarque Cornelia avec un petit rire. "Elle pourrait te donner la liste des cachettes maintenant ! Tu cherches depuis…"

Elle semble réfléchir, grimaçant au passage. Au moins cinq ans. Il y en avait déjà de cachés quand ils étaient ensemble. C’est ce qui avait provoqué sa rupture avec Karine, un an avant leur propre histoire. Donc… ouai, cinq ans. Et elle en avait cherché elle aussi, passant toute une après-midi sur cette quête, sans pour autant tous les trouver. Il en restait encore. Elle doutait qu’il en ait trouvé beaucoup ces trois dernières années. Quelques-uns par hasard, sûrement. Mais les avait-il cherché ? Elle n’en était pas certaine. Aujourd’hui, cependant, avec Pablo qui pouvait tomber dessus et en avaler, ça n’était pas très prudent que des petites figurines continuent de traîner un peu partout. Mais Lisa elle-même avait-elle seulement connaissance des planques qui restaient ? Pas sûr.

Elle esquisse un sourire quand il tourne son regard vers le stand de tir, suivant celui-ci, se souvenant parfaitement de la dernière fois qu’ils étaient venus là tous les deux. La peluche est encore dans sa chambre, énorme, trônant dans un coin de la pièce. Le forain avait observé, médusé, la technique du goalie et les gens s’étaient arrêtés autour pour l’observer faire. La posture, la dextérité… Il n’avait pas été maladroit, cette fois-là, enchaînant les tirs les uns après les autres et faisant croître le quota de points pour obtenir LA peluche que Cornelia convoitait.

"- C’est vrai. Mais ce serait beaucoup moins drôle…" note la demoiselle en observant les peluches. "J’veux celle-là !" qu’elle finit par dire en désignant un énorme ours gris dans un coin de l’attraction, encore plus gros que le Stitch d’il y a quatre ans.

- Je cherche ces merdes d’puis BEAUCOUP trop longtemps…

Que tu réponds quand elle cherche depuis combien de temps tu vis avec ces petits machin cachés de partout. Par chance, il n’en reste plus au sol et dans les coin où ton gourmand de chien pourrait aller et en manger un par mégarde. Tu n’aurais jamais voulu avoir un animal avec cette peur au ventre de toute façon. Pour ça que tu avais bien vérifié ton appartement avant d’adopter l’eurasier et Lisa avait confirmé qu'il n'y avait plus rien dans le salon et la cuisine de toute façon. Tu gardes quand même espoir de trouver les derniers avant de devoir possiblement changer d’endroit.

- Et j’sais qu’il en manqu’ra toujours un, parc’qu’il est sous verre, signé et accroché chez Ande. Mais ! Au moins c’lui-là, j’sais où il est.

Que tu dis avec fierté avant de rigoler doucement quand elle affirme que ce sera bien moins drôle de presque ridiculiser les autres clients et de voir la tête du forain devant ta technique. Mais bon, le tir, comme le hockey, cela faisait parti des choses qui te permettaient de calmer ton cerveau, les voix dans ta tête, de contrôler ta respiration et d’agir sur ton corps du début à la fin. Tu tournes la tête d’ailleurs en avançant un peu alors qu’elle te désigne son futur trophée. Tu rigoles un peu avant de te tourner vers le vendeur.

- Ah ouais. On prend les chur’ et j’vais m’débrouiller pour t’le choper. Bonjour !
- J’vous sers quoi, les amoureux ?

Tu as un sourire en coin, parce que ça t’avait manqué d’entendre ça. Tu passes ta langue entre tes lèvres, heureux comme un ado et rigoles nerveusement avant de hocher la tête pour prendre ta commande avant de te tourner vers la brune.

- Un douze avec nutella pour moi et… Un douze, un huit ou un six pour toi, Princesse ?

Il cherche les canards depuis beaucoup trop longtemps, affirme-t-il, et elle le croit sur parole, puisqu’elle vient de calculer le nombre d’années elle-même, bien que le jeune homme n’en cherche évidemment pas tous les jours. Il y en a un, cependant, dont il sait où il est, maintenant. Bien caché - le terme est tout relatif - chez Andy, sous une cloche de verre, signée par Lisa. Exposé. Celui-là n’est plus à chercher. Mais les autres… Elle n’est même pas sûre qu’il sache combien il en reste à trouver, exactement. Quelques-uns. Enfin, il y en a plutôt pas mal dans le bocal alors elle ose croire qu’il n’en reste pas tant à dénicher.

Elle désigne une peluche au stand de tir, énorme, un nounours géant qui prendrait facilement la moitié de son lit ou une bonne portion de la chambre, avec lequel elle ne pourra jamais dormir, mais qui a l’air beaucoup trop doux pour qu’elle détourne les yeux. Il est presque aussi grand qu’elle et doit valoir pas mal de points, en réalité, mais elle sait que Den peut l’avoir. Que Den pourra obtenir assez de points pour demander cette récompense. Ce n’est pas comme si elle n’était pas au courant de sa technique et de ses capacités, quand il est question de tir. Elle est loin d’avoir de telles compétences. Elle se souvient au contraire d’avoir manqué beaucoup de ses tirs chaque fois qu’elle a essayé. Elle, elle est plus douée avec les machines à sous et les jeux tels que les parcours électriques. Ou avec les auto tamponneuses, mais on ne peut pas vraiment dire qu’il faille des compétences particulières pour foncer dans la voiture d’une pauvre victime. Son frère, le plus souvent. A l’époque, en tout cas.

"- Je sais que tu as faim, mais tu n’es pas obligé de manger les syllabes, tu sais ?" elle rit, offrant un dernier regard à l’énorme peluche qu’elle convoite, un peu plus loin, pour se tourner vers le vendeur de churros, offrant un grand sourire à ce dernier. "Bonjour !"

Elle laisse le goalie passer sa commande comme il sait déjà ce qu’il veut et, elle, elle hésite encore. Sa gourmandise lui souffle qu’elle pourrait en prendre douze, après tout. La raison en négocie huit. La peur, elle, souffle que six, ce n’est pas si mal. Elle fronce les sourcils, plisse le nez, continu d’observer les tailles de paquets, hésitant encore, quand elle entend la voix de Den prendre finalement les devants, en demander une deuxième douzaine.

"- Mais !"

Elle proteste en tournant la tête vers lui, piquant un fard avant de la détourner. Ouai. Il a compris. Évidemment qu’il a compris ce qui pouvait torturer son petit esprit. Il a presque toujours su la décortiquer et, en tout cas, toujours quand il était question des cheminements tortueux de son esprit pour gérer son poids.