Je me sentais soudainement moins seul. Anna comprenait parfaitement ma situation! Au moins le sentiment d’avoir l’air complètement stupide s’en alla quand j’évoquais ma fouine de soeur et étrangement, je me sentais à l’aise en se moment. En même temps je n’étais pas pressé du prochain client donc je pouvais m’attarder. Bon en même temps, vu le nombre d'inscrits, je ne pouvais reprocher à ma sœur d’avoir en partie raison. Soit c’était plus difficile qu’on pensait trouver la bonne personne, soit on était des pauvres cloches… ou les deux. J’en profitais même pour lui dire ce que je trouvais stupide dans ce genre de soirée en ajoutant que j’aimerais bien qu’elle me tutoie. Quand elle me répondit, un petit sourire se dessina sur mes lèvres et il s’élargit quand elle affirma qu’elle me dirait tu quand ELLE aurait décidé. Donc elle a son petit caractère? Intéressant tiens donc!

- D’accord, je n’insiste plus alors. dis-je en lui servant un sourire en coin

Et la cloche retentit de nouveau me faisant pousser un long soupir alors que, bien malgré moi, je retournai pour un autre tour et ce pendant deux heures entrecoupés de pauses que j’allais prendre au comptoir préférant largement la présence d’Anna. Quand enfin ce fut terminé, je trainais un peu mais je n’avais pas de “match” vraiment donc je me retrouvais à ramasser les vestiges de mon assiette vide et ma coupe tout aussi vide. Voyant Anna ramasser pour nettoyer, j’enlevai mon veston, roulai mes manches jusqu’au coudes et entrai doucement dans la cuisine avec des assiettes vide et les plateaux de services. Je me raclai la gorge pour éviter qu’elle ne crève de peur.

- J’ai pensé t’aider pour ramasser. dis-je en posant les assiettes sur un comptoir, je n’ai pas réussi à vendre ma personne alors je me suis dis que je pouvais bien t’aider. Je vais faire la vaisselle, ça sera ça de moins à faire.

Je lui fis un sourire poli et plongeai les assiettes dans le lavabo et entreprit de laver les assiettes pour les mettre dans le lave-vaisselle. Je la laissai continuer son ménage alors que je sortais la vaisselle propre pour remplir à nouveau. Je lui demandais où ranger les choses, je sortis les poubelles enfin tout pour que le café soit prêt pour le lendemain. Quand on eut terminé, je me tournai vers elle avec un petit sourire gentil.

- Ça te dis de prendre un verre avec moi? Il reste un peu de champagne… Tu le mérite bien après une grosse soirée comme ça. Ou on sort il y a un pub pas trop mal à deux coins de rue d’ici.

–J’ai pensé t’aider pour ramasser, dit-il en déposant une pile d'assiette non loin de l'évier. je n’ai pas réussi à vendre ma personne alors je me suis dis que je pouvais bien t’aider. Je vais faire la vaisselle, ça sera ça de moins à faire.
– Oh, vraiment ? je rétorque, surprise. Après tout j'ai bien vu les regards que certaines femmes lui lançaient et j'ai bien du mal à croire qu'il n'a pas pu trouver son bonheur dans le lot. C'est gentil mais… Disons que je suis plutôt étonnée. Il y avait plusieurs jeunes femmes très intéressées pourtant.

Je ne vais pas pester contre son aide bienvenue, bien au contraire. Son initiative me touche et me permet de gagner un temps précieux. Je le laisse s'occuper de la vaisselle tandis que je raccompagne les derniers clients pour ensuite pouvoir nettoyer tables et sols. En moins d'une heure, tout est terminé et il ne me reste plus qu'à le remercier.

– Ça te dit de prendre un verre avec moi? Il reste un peu de champagne… Tu le mérites bien après une grosse soirée comme ça. Ou on sort il y a un pub pas trop mal à deux coins de rue d’ici.

Euh …

– Les enfants sont à l'étage, normalement ils dorment à cette heure mais, je ne me vois pas quitter les lieux sans qu'ils soient au courant, je rétorque en m'efforçant de sourire malgré mon malaise. Mais, je vous dois des remerciements…Attendez, ne bougez pas.

Je vais fouiller dans le réfrigérateur à la recherche de la dernière pâtisserie que j'ai préparée. C'est une tarte au caramel et aux noix de pécan que j'ai prévu de mettre à la vente prochainement. Je coupe deux parts généreuses et l'invite à me suivre jusqu'à la salle principale. Je dépose les deux assiettes sur une table vide et m'empare d'une bouteille de champagne ainsi que de deux flûtes propres.

– Tenez. Avec tous mes remerciements, dis-je en poussant une assiette dans sa direction. Alors, dites-moi, qu'avaient donc ces femmes pour ne pas réussir à attirer votre attention ? Elles étaient plutôt jolies et me semblaient intéressantes.

Je sais que certaines femmes avaient eue un intérêt envers moi mais je ne sais pas, il me semblait que rien n’accrochait. Peut-être aussi parce que je n’accrochait pas à cette soirée aussi. J’en sais rien mais j’aidais quand même Anna à ranger et faire le ménage alors que je me trouvais en chemise, les manches roulées aux coudes et les mains dans l’eau savonneuse. Son air… sirpris me fit sourire alors que je récurais une assiette de service.

- Ouais je sais mais… non…

J’avais l’air d’un de ces mec difficiles, endurci par le célibat alors que non. En fait j’attendais peut-être la bonne, celle qui me ferait vibrer, avec qui je connecterais. Pas dans une stupide soirée ou je devais me vendre comme une voiture d’occasion. J’aidais donc à la vaisselle, lavant, sortant la vaisselle du lave-vaisselle, les empiler et ensuite tout rangé selon ses indications. Une heure tout était terminé et c’est bien humblement que je lui demandai si elle voulait prendre un verre avec moi ou même sortir. Elle avait bossé dur et je n’ose même pas imaginer les jours de préparations avant ce soir! Il restait un peu de champagne alors pourquoi le gaspiller, puis elle méritait bien cela non? D’ailleurs j’étais certain qu’elle me rembarrait comme le précédent mais je fronçai les sourcils quand elle me dit qu’elle me devait des remerciements.

- Mais non je l’ai fait avec plaisir… dis-je alors qu’elle disparaissait en cuisine.

Elle revint avec une tarte me faisant hausser les sourcils et me fit signe de la suivre. Je ramassai mon veston au passage, défit les deux boutons de ma chemise - après avoir enlever la cravate bien sûr que je fourrais dans une poche de veston - et la suivit m’asseyant devant elle et me dit qu’elle voyait mon estomac beaucoup plus grand que la réalité.

- Ah mais je serais mal d’accepter sans payer Anna…

Dis-je pour la taquiner et prenant ma cuillère et en prendre une bouchée alors que la deuxième partie arriva. Ah mais c’était bien d’avoir la bouche pleine, ça me donnait le temps de réfléchir… rapidement car la dite bouchée n’était pas éternelle non plus.

- Je ne nie pas qu’elles étaient jolies mais… je ne sais pas. C’est difficile à expliquer en fait je n’ai pas senti… disons une connexion avec elle. Je n’accroche déjà pas au concept alors… ajoutais-je en coupant un bouchée avec ma cuillère, Je pense que c’est le fait de me vendre comme une voiture d’occasion qui me bloque. Ce n’est pas mon genre. Je n’aime pas… tu sais… Qu’on ne prenne pas le temps de parler, de discuter.

Hé merde… elle allait tellement me trouver vieux jeu mais en même temps je n’avais pas tellement tort non plus. Bon en même temps, je n’étais pas chaste non plus, il m’arrivait de ramener une fille pour un soir question de… vous savez assouvir mes bas instincts mais pour une relation? Non ce n’était pas moi ça. Je baissai le regard sur mon assiette en souriant doucement.

- C’est vieux jeu non? dis-je en relevant le regard vers elle. Mais comment on peut connaître quelqu’un en quelques minutes à peine? J’avais l’impression qu’il fallait que je déballe ma vie en 10 minutes et dieu sait que j’ai besoin de plus que ça. Je ne sais même pas pourquoi ma soeur a pensé que ça serait une idée géniale. Et toi Anna? Qu’est-ce que tu pourrais dire en 10 minutes pour attirer l’attention d’un homme?

Je l'écoute me parler de son ressenti concernant la soirée et les femmes qu'il a pu rencontrer. Il évoque un manque de connexion et je dois lutter pour ne pas rire ou faire de blagues sur le wifi et la connexion filaire. Bref… Je prends sur moi pour ne pas lui donner l'impression de me moquer de lui. Après tout, moi non plus je n'accroche pas avec ce concept de Speed Dating. Je trouve cela stupide et dégradant.

– Non, ce n'est pas vieux jeu, dis-je en prenant une bouchée de tarte. C'est juste qu'à notre époque, les gens ne prennent plus le temps de faire les choses correctement. Ils semblent… pressés pour un peu tout en fait.

Il suffit de voir le nombre de fast food existants … Ou même le nombre d'agences de voyage qui proposent des circuits à faire en quelques jours à peine. Comment tout voir en peu de temps.. Tout va plus vite aujourd'hui. La communication, notamment. Les gens se rencontrent sur internet, s'envoient des messages… Ils ne prennent même plus le temps de s'écrire une lettre. Et que dire de ces appels passés en appuyant sur un nom dans une liste de contact ? Ce monde devient fou.

–Et toi Anna? Qu’est-ce que tu pourrais dire en dix minutes pour attirer l’attention d’un homme?

Sa question me surprend tant et si bien que je manque de m'étouffer.

– Moi ? Rien du tout. Je n'ai pas la moindre envie d'attirer l'attention de qui que ce soit, avoué-je en haussant les épaules. Je me complais dans le célibat en réalité. Je préfère laisser ma part aux autres.

Les relations amoureuses sont pour moi synonymes de problèmes inutiles. Je ne vois pas pourquoi les gens s'entêtent à vouloir se lier les uns aux autres pour se séparer à la moindre contrariété. Pour ma part, je préfère largement rester seule, surtout maintenant que j'ai bien d'autres soucis à gérer.

– Mais vous ne devriez pas laisser votre sœur décider pour vous. Je suis certaine qu'elle pense agir pour votre bien, mais personne ne devrait être poussé à faire une chose qui ne leur ressemble pas. Je suis certaine que si vous devez rencontrer quelqu'un, vous le ferez sans assistance et ce sera naturel.

 Elle ne me trouvait pas vieux jeu. C’était déjà ça! Je fis un petit sourire en l’écoutant et je ne pouvais pas lui donner tort non plus. Partout les gens couraient pour la moindre petite minute pour arriver plus vite, manger le plus rapidement… c’était désespérant. Même moi, on n’avait pas fini de parler du contrat qu’ils voulaient savoir quand je finirais. J’étais content qu’elle pense la même chose que moi, je me sentais moins extraterrestre.

- Je suis content que tu partage mon avis. Disons que j’ai un peu de mal à comprendre cette envie d’être toujours rapide et… enfin, j’aime mieux prendre mon temps quoi.

Peut-être parce que j’avais une soeur deux fois plus énergique que moi? Non en fait on s’équivalait beaucoup mais moi j’excellais dans l’art d’être soit casse-cou, soit casse-pied, soit juste lui jouer des tours. Cependant, aussi calme et têtu que je puisse être, j’aimais bien voir le temps s’écouler, prendre le temps de parler tranquille comme maintenant tiens! Pas de Speed dating… un slow dating c’était bien mieux. Bon en soit ce n’était pas un date mais on comprends l’idée. D’ailleurs ça me fit penser ce que ELLE elle aurait dit pour attirer l’attention d’un homme. Je me pince les lèvres pour réprimer une envie de rire quand je la vois manquer s’étouffer et me fit une bouchée laissant fondre la préparation de caramel sur ma langue. Cependant sa réponse me surprit, ok le célibat c’est bien mais être avec quelqu’un? Oui bon certains n’en ressente pas le besoin et c’est ok aussi. Mais je me voyais mal, moi personnellement, passer ma vie sans un minimum de chaleur humaine. La cuillère entre les mains je fouillais son regard un moment. Est-ce qu’elle savait qu’elle avait quelque chose de magnétique? Je plissai légèrement des yeux en l’observant finissant par simplement poser ma cuillère.

- Jamais? Tu n’as jamais eu envie d’être avec quelqu’un? dis-je en croisant les mains sous mon menton. Pourtant j’ai bien vu que tu avais attiré l’intérêt d’un certain client… dis-je sur un ton taquin, mais en même temps ton prétendant attendait en haut alors…

Mon sourire s’élargit doucement parce qu’en fait, je la trouvais juste… charmante. Ouais, elle était charmante. Honnêtement je passai une bonne fin de soirée et je me sentais bien plus détendu, plus… à l’aise. Plus moi finalement. Je pris une gorgée de champagne quand elle me dit de ne pas laisser ma soeur décider pour moi, c’est moi qui manquait m’étouffer avec ma gorgée. Alors là si elle réussi à convaincre Ellie, je lui donne une sacré grosse médaille! Cependant sa dernière phrase qui attira mon attention, elle voulait dire quoi? Ou sous-entendait quoi? Je fis un petit rire reposant la flûte sur la table et secouant la tête lentement.

- C’est que tu ne connais pas Ellie toi pour dire ça. dis-je en riant doucement. Disons qu’elle désespère de voir son grand frère tout seul et aussi parce que c’est un peste incontestable. Mais j’adore ma soeur, elle est adorable en fait. J’ai l’air de m’en plaindre mais c’est ma complice, mon amie. C’est difficile à expliquer en fait, mais tu vois, je n’en suis pas sorti égratigné, je suis en un seul morceau alors ça va.

C’est surtout qu’Ellie était mariée depuis à peine trois mois, elle était folle d’amour pour Ian et elle tentait de caser tout les célibataires de son entourage alors… autant lui faire plaisir une fois de temps en temps. Bon même si je trouvais son idée complètement ridicule!

- Mais dis-moi… dis-je en coupant un petit morceau de tarte, Qu’est-ce qui te rends si certaine que je pourrais rencontrer quelqu’un sans assistance et tout naturellement? Tu ne me connais pas au fond…

Je glissai la bouchée dans ma bouche me disant que si je continuais, clairement j’allais finir par exploser.  

–Jamais ? Tu n’as jamais eu envie d’être avec quelqu’un? Pourtant j’ai bien vu que tu avais attiré l’intérêt d’un certain client… Mais en même temps ton prétendant attendait en haut alors…
– Ce n'est pas parce que l'on plaît à quelqu'un que cette personne doit nous intéresser, je rétorque en reposant ma fourchette. Et, en l'occurrence, non cela ne m'intéresse pas.

Je sais que ce genre de choses peut surprendre. C'est plutôt normal dans une société comme la nôtre, quand on y pense. L'on nous bassine depuis l'enfance que la réussite tient en trois points : mariage, argent, famille. Sans cela, on estime que la personne a raté sa vie. Personnellement, je ne suis intéressée par aucun des trois, je préfère les miens : Vis ta Vie.

Quand il me parle de nouveau de sa sœur, je me contente de hausser un sourcil perplexe. Ils sont proches, ok, je peux le comprendre. J'étais moi-même très proche de la mienne et il est vrai que Suzy avait développé une certaine passion pour mes relations…

– Vous m'en voyez ravie, je réponds en souriant.
– Mais dis-moi… Qu'est-ce qui te rend si certaine que je pourrais rencontrer quelqu’un sans assistance et tout naturellement? Tu ne me connais pas au fond…
– Je ne vous connais pas, c'est vrai, dis-je en souriant. Mais l'espèce humaine perdure et prospère … et je suis certaine que tout le monde n'a pas une Ellie derrière. Vous trouverez forcément, un jour ou l'autre.

Au fond, si un ornithorynque peut trouver une compagne, je ne vois pas pourquoi, lui ne le pourrait pas. Il est plutôt bel homme, propre sur lui. J'ai bien vu comment ces femmes le regardaient.

– Peut-être êtes-vous trop difficile finalement, j'ajoute en souriant. Il y avait là au moins deux femmes à vos pieds et vous ne leur avez accordé aucune chance…. si ces quelques minutes ne vous suffisaient pas, rien ne vous empêchait de prendre leur numéro et voir si cette connexion existe ou non.

Étonnant d’entendre une femme dire qu’elle est bien toute seule. Enfin étonnant, disons que je l’ai rarement entendu et elle l’assume en plus. Une bonne tête sur les épaules, affirmée, têtue de ce que j’ai pu constater… Anna était surprenante en fait. Pas que je cherchais l’amour à tout prix mais je dois avouer qu’avoir quelqu’un avec qui partager mes journées, mes soirées ou même développer un lien de complicité ça je ne serais pas contre. Enfin, si Ellie pouvait me laisser tranquille. Je lui expliquais que juste L’IDÉE de lui dire de me foutre la paix ne serait que du feu de plus dans sa détermination à me rencarder. Ellie était juste une de ces peste adorable alors, je ne lui en voulais jamais longtemps. Mais ce qui me titilla était le fait qu’elle semblait si certaine que je rencontrerais quelqu’un par moi-même. Pas que je doute de mes talents ou de moi-même mais j’étais curieux de connaître son raisonnement. Qui finalement ce résuma en ce que mon entourage disait: Tu es un homme bien tu finira par trouver. Donc rien de nouveau finalement.

- N’empêche je te trouve vraiment convaincue. dis-je avec un sourire.

Je posai ma fourchette et prit la flûte pour en prendre une gorgée quand elle me dit que c’était peut-être moi qui était trop difficile. Je répondis à son sourire reposant ma flûte en l’écoutant attentivement les bras croisés sur la table. Ouais… ses deux-là. Je pris une inspiration avant de parler.

- Elles étaient jolies oui, je serais un menteur de dire le contraire. La raison pour laquelle je n’ai pas donné suite c’est qu’elle aimait disons l’enveloppe, ce que je dégageais. Cependant je ne veux pas d’une femme à mes pieds, je ne veux pas qu’une femme soit juste en admiration devant moi parce que je parais bien et que je serais… disons en quelque sorte leur “trophé” j’ai pas envie de ça Anna. dis-je en plissant légèrement le regard. J’ai envie qu’une femme soit avec moi pour moi. Pour qui je suis, ce que j’ai à donner, à offrir. Pas simplement parce que je suis un beau garçon j’ai plus que ça à donner. C’est pour ça que je n’ai pas donné suite.

Je pris une autre gorgée de mon verre et remplis nos flûtes avec les dernières gouttes avant de poser mon regard dans le sien.

- Tu ne trouve pas curieux justement que les gens ont la tendance de nous mettre avec quelqu’un parce que “On serait beaux ensemble” sans se demander si au-delà de ça si nos valeurs ou nos… envies sont semblables et communes? Si quelqu’un entre dans ma vie je veux simplement qu’elle m’accepte pour qui je suis et non celui qu’on voudrait que je sois.

J'écoute son discours avec grande attention… Cependant, très vite, je me retrouve à me pincer les lèvres pour éviter de rire.

–Comment savez-vous qu'elles ne s'intéresseraient qu'à… "l'enveloppe", vous n'avez qu'à peine discutés.

Il est gentil, mais il me paraît un peu trop imbu de lui-même ce garçon. Certes, il a un beau visage et semble fort bien bâti, il faudrait être aveugle pour ne pas le reconnaître… Mais quand même, de là à affirmer aussi facilement qu'une inconnue venue chercher l'amour dans une soirée stupide ne s'intéresse qu'à ça…

– C'est ce que je disais, vous ne leur avez laissé aucune chance, Fergus, je répète en croisant les bras. Et puis, vous savez, ce que vous êtes à l'intérieur, ce que vous avez à apporter… Tout ça, ça ne saute pas aux yeux des autres. Il faut un peu de temps pour pouvoir s'en rendre pleinement compte et… heureusement d'ailleurs. Et, effectivement, la première chose que l'on voit d'un livre, c'est généralement sa couverture.

J'ai l'impression qu'il a une vision idéaliste de l'amour ou même seulement du processus de séduction. L'attirance débute forcément avec l'apparence, enfin… Surtout quand on n'a pas le temps de discuter avec la personne en face.

– Ce que je trouve curieux c'est le besoin de se mettre en couple, mais chacun fait ce qu'il veut, dis-je en récupérant mon assiette vide pour la poser sur le côté. Mais je suis curieuse, quand vous m'avez vu la première fois, qu'aviez-vous à dire sur moi ? Qu'aviez-vous appris en dehors du fait que j'ai les cheveux noirs et les yeux bleus ? Pourtant, vous avez toujours cherché à lancer la conversation… Même si toujours très maladroitement. Vous aviez envie de me parler et ce sans me connaître… Et pourquoi ? En dehors du fait que vous me trouviez à votre goût ?

Mon sourire s'étire. Je me sens d'humeur taquine. Je veux juste le provoquer un peu pour lui faire comprendre que son raisonnement n'a rien de logique. S'il n'a pas cherché à parler à ces filles, c'est uniquement parce qu'il ne voulait pas être là ce soir. Il s'est senti forcé…

– Vous devriez dire à votre sœur que vous n'êtes tout simplement pas prêt à trouver quelqu'un. Sans quoi, même si vous faites l'effort de venir à ce genre de soirée pour lui faire plaisir, ce ne sera jamais constructif.

Je sais que ça pouvait paraître limite narcissique, même imbu de ma propre personne mais on le sent quand c’est ça. Je ne saurais l’expliquer et c’est pas faute d’essayer de le faire même avec Ellie qui ne comprenait que dalle. Un instinct de mec sans doute, j’en sais foutrement rien mais quand je la vois pincer les lèvres, je me sens vraiment idiot. Cependant je ne dis rien ravalant simplement ce sentiment horrible. Et bien sûr elle me demanda elle aussi comment je pouvais savoir qu’elle ne s’intéressaient qu’à l’enveloppe. J’ouvre la bouche pour répondre mais me la refermai aussitôt quand elle enchaîna. Et semblait vachement sûre d’elle en plus!

- Je ne sais pas comment l’expliquer Anna. C’est… un instinct. On le sent, on le vois. Puis comment vous les filles savez qu’un homme veut juste vous mettre dans son lit? dis-je mon regard planté dans le sien un sourire en coin flottant sur mes lèvres. Moi j’ai pourtant vu un homme intéressé à vous inviter à dîner et pourtant c’est moi qui est ici avec toi. Donc pourquoi moi plus que lui?

Ajoutais-je en haussant un sourcil mon sourire s’étirant un peu plus. Je repoussai mon assiette à la tarte même pas terminée sur le côté et avant même qu’elle réponde j’enchainas avec ses autres questions. Je croisai les bras sur la table légèrement penché en avant.

* Ne parle pas des fées surtout elle va te prendre pour un débile profond!* pensais-je.

- La première fois que je t’ai vu je me suis dit que tu avais l’air amicale, gentille. Tu vas me dire que tu dois l’être par rapport au métier que tu fais et je te l’accorde, mais il y avait quelque chose de doux et de gentil dans le ton de ta voix. Puis ce que j’ai appris sur toi… hum… dis-je en me tapotant la lèvre, Que tu étais bien gentille en effet, amicale aussi, têtue, ambitieuse, fonceuse. Tu refuses qu’on te fasse la charité même si, pour ma part, c’est un échange de bons services. Quoi d’autre? Que tu es empathique en plus d’être généreuse de ton temps parce que tu t’occupes de deux enfants au caractère différent. Tu es imaginative aussi pour trouver de nouveaux plats, de nouvelles thématiques de repas du soir et nouvelle facette que je vois ce soir, tu es même taquine. Puis j’avais envie de te parler pour toutes ses raisons mais aussi parce que, en-dehors de Sarah et des enfants, je ne t’ai jamais vu avec d’autres personnes.Tu en veux d'autres? Puis peut-être parce que les fées ont décidé que c’était le bon moment de se parler…

Ah…. mais… merde! Je n’avais pas dit ça! Pas devant elle! Là clairement elle allait me prendre pour un triple idiot! Allez cachons ce trouble avec une gorgée de champagne, maintenant comment j’allais expliquer ça? Mais quand elle me parla de ma soeur et du fait de lui dire que je n’étais pas prêt à être en couple, je relevais mon regard vers elle.

- Qui vous dit que je ne suis pas prêt? dis-je en me redressant et croisant les bras sur mon torse. Ok alors… à mon tour. Moi aussi je suis curieux. Qu’est-ce que tu t’es dit la première fois en me voyant? Qu’est-ce qui t'empêchait de juste lancer la conversation avec moi, outre le boulot, tu as des temps mort parfois quand je suis ici. Qu’est-ce qui t'empêchait de juste venir t’asseoir deux minutes?

J’étais curieux de savoir parce que Sarah arrêtait parfois en débarrassant les tables et on parlait un peu, pas de grosse conversations philosophiques mais un échange sympa.

– Je ne sais pas comment l’expliquer, Anna. C’est… un instinct. On le sent, on le voit. Puis comment vous les filles savez qu’un homme veut juste vous mettre dans son lit?
– On en sait rien. Sinon on ne se ferait pas avoir aussi facilement,répondis-je, tout à fait sérieuse.
– Moi j’ai pourtant vu un homme intéressé à vous inviter à dîner et pourtant c’est moi qui est ici avec toi. Donc pourquoi moi plus que lui?
– Parce qu'il ne m'a pas aidé avec le nettoyage, vous si. Ce maigre repas fait foi de ma reconnaissance, c'est tout.

Je ne sais pas trop où il veut en venir en disant cela, mais j'avoue me sentir quelque peu irritée.

Je lui demande ensuite ce qui lui a donné tant envie de me parler et sa réponse me surprend… C'est qu'il en sait beaucoup des choses sur moi sans m'avoir parlé d'autre chose que de la pluie et du beau temps. Puis voilà qu'il me parle de fées comme d'autres impliquent Dieu. Soit, chacun ses croyances, même si je préfère généralement qu'on ne me mêle pas à l'équation.

–Ok alors… à mon tour. Moi aussi je suis curieux. Qu’est-ce que tu t’es dit la première fois en me voyant? Qu’est-ce qui t'empêchait de juste lancer la conversation avec moi, outre le boulot, tu as des temps mort parfois quand je suis ici. Qu’est-ce qui t'empêchait de juste venir t’asseoir deux minutes?
– Ok, je pouffe en souriant. Ce que je me suis dit : "Super, un client." Rien ne m'empêchait de lancer une conversation en dehors de ma propre volonté. Je n'ai jamais spécialement eu envie de me perdre dans de grandes discussions avec vous. Ni avec qui que ce soit d'autres d'ailleurs. Vous êtes un client, pas un ami. Alors je n'ai aucun intérêt à venir m'installer à table pour papoter de la pluie et du beau temps.

Je sais que je peux être brutale dans mes explications, mais je suis ainsi faite. Je ne vais pas par quatre chemins. Quand j'ai quelque chose à dire, je le fais clairement, sans détour. Je ne cherche pas à le blesser, pas du tout même, mais je préfère faire preuve d'honnêteté. Même si la vérité ne fait pas toujours très plaisir.

– Navrée si mes propos vous heurtent, mais je tiens à rester franche. Je ne cherche pas à me faire des amis, Fergus. J'aime ce travail et la relation de surface que j'entretiens avec mes clients me convient parfaitement.