Pour toute réponse, Jaime l’embrassa. Ce geste l’emplit de bonheur. Il y vit de l’espoir, peut-être une réponse positive à tout ce qu’il venait de dire. En aucun cas Elias ne se méfiait de ce retournement de situation. Comment aurait-il pu se douter de ce qui se passerait par la suite ? A la place il se contenta de profiter, de savourer ce deuxième baiser dans lequel il se sentit bien plus à l’aise, car c’était Jaime qui l’avait initié. Il posa ses deux mains sur les joues du garçon et l’embrassa une autre fois, puis une autre… De quoi lui redonner un énorme sourire. Bien sûr que son père lui manquerait. Qu’il lui manquait déjà. Mais Jaime rendait les événements moins difficiles à supporter. D’ailleurs… Entre deux baisers, il se mordit la lèvre. « Je sais que ce serait une grande première pour toi et pour moi mais… Enfin… » Il se sentait tout gêné de lui demander ça. Alors peut-être que des gestes valaient mieux que des mots : il passa ses mains sous le t-shirt de Jaime. Toute cette semaine il n’avait pas imaginé coucher avec Jaime mais maintenant qu’ils étaient ensemble, ça lui paraissait logique. Ca lui permettrait de voir, de comparer sachant qu’il avait déjà eu des expériences avec des femmes. Pour autant Jaime n’était pas un jouet, il voulait vraiment s’unir à lui, partager ça avec lui et il était certain que ça lui plairait – même si ce serait un peu bizarre au début. Bon, il ne se sentait pas forcément en joie à l’idée d’avoir quelque chose dans les fesses… Mais si Jaime faisait attention à lui, ça irait. Parce qu’il les voyait assez mal tenir les positions inverses, en fait. Il le regarda un petit moment et lui sourit. « Qu’est-ce que tu en dis… ? »

C’avait été génial. Douloureux, mais génial. Il avait d’abord cru qu’il n’arriverait jamais à apprécier l’acte. C’était bizarre et ça faisait vraiment mal. Mais Jaime s’était montré patient, attentif et avait su trouver des parades, des distractions pour engendrer autre chose que de la douleur. Il était sûr maintenant. Il était vraiment amoureux de cet homme. Parce qu’il était gentil, drôle, beau… Attentionné. Il avait tout pour lui. Et Elias n’était pas peu fier d’avoir réussi à le faire craquer ! Il était aussi content d’être sa première fois, c’était un beau moment de partage. Il n’avait pas envie que ça s’arrête cela dit, même s’il était très fatigué lui aussi. Nuit blanche, tout ça… Ayant un peu peur de le voir s’enfuir, il posa sa tête contre le torse de Jaime et sourit. Son cœur battait un peu vite mais il mettait ça sur le compte de l’activité physique qu’ils venaient d’entreprendre ensemble. Après un petit moment de silence, il ouvrit la bouche : « Merci Jaime… J’suis content d’avoir partagé ça avec toi. Tout me fait un peu moins peur quand t’es là. J’ai plus vraiment envie de te quitter. » Peut-être que c’était trop tôt pour dire ça…. Peut-être qu’il allait lui faire peur. Mais Elias avait besoin de lui dire ce qu’il avait sur le cœur, ça lui semblait être le bon moment pour ça.
Il aurait pu rester contre lui pendant une éternité. Il ferma les yeux un instant. Et alors qu’il n’était pas loin de s’endormir, il se redressa. Il avait oublié quelque chose d’important. Ca aussi, ça lui tenait à cœur. « L’enterrement de mon père est demain… Tu… Tu veux bien venir avec moi ? » C’était peut-être un peu déplacé. Peut-être que Jaime n’avait pas sa place là-bas. Mais Elias allait avoir besoin de lui plus que jamais. « T’es pas obligé de dire oui mais je… Ca m’aiderait beaucoup. J’me sens pas capable d’y aller tout seul. »

Mon coeur battait à toute allure. J'avais l'impression qu'il allait s'arrêter à tout instant tant l'effort était intense pour lui. Pourtant il tenait le coup. Battement après battement il était toujours là, me maintenant un peu plus en vie. Combien de temps encore ça durerait ça je n'en savais rien. Pourtant j'étais sur d'une chose, c'était que chaque battement erratique de mon pauvre coeur me rapprochait un peu plus de ma propre fin.

Il vint se blottir contre moi et je le serrais doucement. Sa tête contre ma poitrine sembla apaiser un peu mon coeur qui finit par ralentir, me permettant de retrouver une respiration à peu près normal. Je fermais les yeux soulagé. Ce ne serait pas tout de suite que j'allais claquer. Je le gardais contre moi et profitais de ce petit moment de bien être. Je ne voulais pas penser au reste, aux décisions difficiles que j'allais devoir prendre. Je voulais juste profiter de l'instant et ne penser à rien d'autre qu'à sa présence tout contre moi, de son odeur, de la douceur de sa peau contre la mienne. J'étais dans ma bulle de bien être et je ne voulais pas venir la briser.

« Merci Jaime… J’suis content d’avoir partagé ça avec toi. Tout me fait un peu moins peur quand t’es là. J’ai plus vraiment envie de te quitter. »

Pourtant elle éclata... Ses mots jetèrent un froid sur moi. Il devait s'imaginer des choses. Je lui avais dit que je ne voulais rien de sérieux alors me voir comme ça, se dire que j'avais fini par faire l'amour avec lui... Il devait se dire que j'avais cédé et qu'on allait pouvoir vivre une belle histoire maintenant ensemble. Peut être que ça pourrait être vrai. On pourrait peut être avoir un ou deux ans tous les deux. Puis je lui ferais vivre l'enfer à nouveau avant de finalement le quitter pour de bon. Et ça je refusais.

Je le sentais s'endormir doucement dans mes bras. Je le laissais faire, attendant d'être sur qu'il dorme pour pouvoir partir. C'était lâche, horrible même mais je n'avais pas le choix. Je préférais tout arrêter maintenant que d'attendre qu'il s'attache encore plus à moi. Ca serait plus horrible de me perdre après qu'on ait vécu une histoire ensemble que de se prendre un rateau maintenant. Les rateaux on s'en relevait plus facilement que de la mort de son conjoint. Si je la jouais bien, si je le repoussais assez, il ne serait peut être pas au courant de ma mort quand elle arriverait. Je serais sorti de sa vie avant ça et il m'aura oublié. Il n'aura pas à vivre ça...

Je commençais à bouger quand il se réveilla et me parla à nouveau.

. « L’enterrement de mon père est demain… Tu… Tu veux bien venir avec moi ? T’es pas obligé de dire oui mais je… Ca m’aiderait beaucoup. J’me sens pas capable d’y aller tout seul. »

Je le serrais un peu plus et embrassais doucement son front.

- Bien sur que je serais là...

Je le pensais, je viendrais... mais pour le moment je devais partir. Je ne voulais pas me retrouver face à la discussion qui allait venir ensuite. Je le laissais s'endormir puis une fois sur qu'il était profondément endormi, je quittais doucement le lit. Je fis le moins de bruit possible tandis que je me rhabillais. Je partais alors que Sparky me regardait tristement. Quelques minutes plus tard j'étais chez moi. Je rentrais et allais me poser dans mon canapé. Je craquais à ce moment là, pleurant sur ce gâchis qu'était ma vie.