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Date d'inscription : 14/05/2019
Crédits : Tumbr
Univers fétiche : Vie réelle, victorien ou policier. Supernaturel léger Royaume-Uni.
Préférence de jeu : Homme
Nom et prénom(s) : Yeshaya (Isaiah) Blumenberg : Un nom hébreu que tu portes comme un fardeau. Ta mère t’appelait Yeshy avec tendresse. Tu te présentes comme Isaiah, pour faire plus simple, sans doute. Tu ne supportes pas les surnoms, à présent. Âge et lieu de naissance : Tu es né à la Yom Kippur, le plus saint des jours, le plus grand. Là où les hommes sont le plus proches de D-eu. Celui où tous les hommes expient leurs fautes. Comment expier celle de ta mère? Et la tienne, celle d’être né d’un adultère? Pour les Gentils, c’est plus simple. Tu leur diras que tu es né le 13 octobre 1986, dans la communauté hassidique de Wiliamsburg, New York. Nationalité : C'est facile de dire que tu es américain. Si facile... Mais Borough Park, Williamsburg, New York, où tu es né, ce n'est pas l'Amérique. Enfin, pas vraiment. C’est une bulle hors du temps. C'est encore la Hongrie, parfois l’Allemagne, quelquefois la Russie, que tes ancêtres ont emporté avec eux , en fuyant l'Holocaust.
Métier : Pianiste et compositeur. Enfin… c’est ce que tu dis. Tu es surtout serveur dans un restaurant huppé… Il faut bien payer les factures, non? Hormis ça, tu prends ce qu’on t’offre : jouer dans un restaurant, dans un cabaret ou dans un bar. Toujours la musique des autres, jamais la tienne. La tienne, tu la gardes pour toi, comme tous tes autres secrets. Tu resteras à jamais anonyme et tu le sais. État Civil :Tu as un jour été marié. Tu l’es toujours, sur le papier. Tu as vendu ton alliance pour une nuit de plus, au Cecil Hotel, à Los Angeles. Tu as prononcé tes vœux comme une marionnette, le cœur aux bords des lèvres. Une brave fille vraiment. Douce, docile, et pieuse, la énième fille d’un ami de ton père. Elle aurait été une bonne épouse, tu le sais, pourtant tu n’aurais pas pu la combler. Vos familles ont insisté. Vraiment insisté. Parce qu’elle n’était pas vraiment belle, aux yeux des autres et toi… Que dire de toi? Quelle fille veut épouser le 5e fils freluquet d’un épicier qui n’aura jamais d’argent? La sienne en avait. Tu avais 20 ans et avais déjà connu la pornographie gay. Un peu. Juste un peu. Et tu rêvais des hommes, en secret. C’était peine perdue, elle ne pouvait pas te donner ça. Tu le savais avant même d’avoir ta nuit de noces, avant même de poser ta main sur elle. Tu as fait ce qu’on attendait de toi. Tu l’as souillée, Isaiah, comme un rat, comme tu souilles tout ce que tu touches… et tu as fui. Et puis il y a eu l’amour. Toshiro. Enfin c’est ce que tu croyais. Et puis que des draps tachés et des nuits sans lendemain. Orientation sexuelle : Ta nuit de noces n’a fait que confirmer ce que tu savais déjà. Tu as toujours su que c’était les corps plats, sveltes et musclés qui t’attiraient. Toujours. Avatar : Ben Whishaw Signe(s) distinctif(s) : Des yeux aux couleurs changeantes. Comme tes émotions. Des yeux clairs où on peut lire toute l’amertume de la vie. Des yeux vert-de-gris qui ne seront jamais comme ceux de ton père et de tes frères. Les marques sur tes bras. Elles sont là, petites, présentes. Tantôt plus blanches, tantôt rouges et pourpres. Une chevelure sombre et indisciplinée, aux reflets d’auburn. Des vêtements souvent noirs et blancs. Sobres, auquel tu restes attaché, malgré tout. Certes, tu te permets parfois une ou deux frivolités, maintenant. Une veste ou une cravate de soie verte, discrète, pour complimenter tes yeux. Un peu de bleu marin, un peu d'eau de cologne, parfois, seulement parfois, mais jamais bien plus. Basheydnkeit באשיידנקייט. Humilité. Même dans ta vie moderne, même dans ta vie loin d'eux, tu ne peux pas tout à fait t'en défaire. Tu gardes souvent la barbe, même légère, sur tes joues. Tu aimerais être quelqu’un d’autre Isaiah… Mais jusqu’à quel point peut-on renier ses origines?
Phrase et emplacement :He who has no blame is not born, derrière la nuque Âme soeur :Tu l’as vu, cette marque, une fois, sur la poitrine de ta mère. Par accident. Cette marque dans cette langue étrangère – du finlandais, tu ne le comprendrais que plus tard - qui était sa honte. Sa hantise. Sa damnation éternelle… et toi, tu étais à la fois ce qu’elle avait de plus cher au monde… et son erreur. Tu le sais, maintenant. Là d’où tu viens, ces marques sont l’œuvre du démon. Un subterfuge pour se détourner de D-eu et de la communauté. Tu n’y croyais pas. Et puis un soir, alors que vous étiez complètement défoncés, Toshiro et toi, tu les as vu. Tu les as vu flotter dans les airs, ces caractères japonais. Tu as senti leur chaleur, sur ta nuque… comme une caresse mais ce n’était que des chimères. Une illusion. Ces marques ne sont que l’invention de Satan pour faire souffrir les hommes, tu le sais maintenant. Thérianthrope : C’était à ta Bar Mitzvah. 13 ans, Isaiah, 13 ans. Tu avais des moites, le vertige et mal partout. Ça devait être ton premier chant de la Torah. Ton tout premier. À peine ta première note et une douleur fulgurante montait dans ta colonne vertébrale, devant tout le monde. Tu t’es réfugié dans les toilettes. Et quand ton père a ouvert la porte de celles-ci, fou de rage et de honte il n’a trouvé qu’un jeune rat. Un jeune rat qu’il s’est évertué à chasser à coups de pieds de la synagogue. Quand on a retrouvé, une heure plus tard, nu et le visage en sang, le bras cassé et le corps couvert d’ecchymoses, on a cru à un acte antisémite. Tu détestes ta forme. Tu la détestes. C’est le châtiment de D-eu, tu en es certain. Un autre secret que tu gardes, enfermé en toi. S’il t’arrive d’être corrompu par cette vermine et de la laisser sortir, à la noirceur de la nuit… tu n’en parles pas. Est-ce que Toshiro était comme toi? Peut-être. Peut-être oui, Isaiah. Tu le sentais. Mais vous n’en parliez pas. Anecdotes Genèse (בְּרֵאשִׁית) • Tu as toujours eu le sentiment d’être maudit, Isaiah. Toujours. Il y a de ces choses dont il ne fallait jamais parler, dans la communauté, dans ta famille. Jamais. De ceux qui étaient partis, à cause de leur manque de foi. De ces envies de rejoindre le monde moderne qui vous encerclait et de le vivre à fond, comme les autres jeunes de votre âge. Des choses contre-nature et de l’adultère. De l’adultère de ta mère avec un non-juif. De cet adultère dont tu étais le fruit. Pourquoi ton père avait-il fermé les yeux? Tu n’en sais rien, Isaiah, tu n’en sais rien. Elle aurait dû être répudiée et excommuniée. Toi avec elle. Mais ton père a fermé les yeux. Ton père a dit au rabbin que tu étais son fils. Ton père et tes frères, de modestes épiciers, travaillaient dur. Tu étais le cinquième. Le cinquième d’une fratrie de sept. Celui dont personne ne voulait, celui qui n’aurait pas du naître. Mais personne n’en parlait. Personne. Tu as vécu ton enfance comme tous les autres, baigné par la parole de D-eu, par la prière, la rigueur, et le Shabbat. Ta mère t’a appris à jouer sur le vieux piano de ton grand-père. Tu aimais tellement la regarder jouer. Même si c’était interdit. C’est ton plus beau souvenir. C’était votre secret à vous deux. Juste à vous deux.
Bar Mitzvah (בר מצוה)• Toutes ces années de préparation pour enfin vivre ce moment. Ta voix venait de muer, quelques jours plus tôt et défaillait tout le temps. Tous ces hommes, dans la synagogue, tous ces hommes présents juste pour toi. Pour t’acceuillir à l’âge adulte.. Tu avais peur Isaiah, si peur de fausser… La tête te tournait, tu avais les mains moites, les os qui faisaient mal, si mal. Et puis dès la première note, ta voix a flanché et une douleur fulgurante t’a plié en deux. Tu t’es réfugié dans les toilettes, pour te calmer mais tout a empiré, tout. Tes os se sont tordus et brisés, tes genoux se sont renversés et une fourrure noire est apparue sur ta peau de garçon et tes cris sont devenus des couinements. Lorsque les hommes de la synagogue a défoncé la porte de la salle de bains, ils n’ont trouvé que de la vermine. Un rat dans ce lieu si saint. Poursuivi. Houspillé. Piétiné. Chassé. Lorsqu’on t’a retrouvé, nu, le visage en sang et le corps couverts d’ecchymoses, une heure plus tard, on a prétendu à un acte antisémite. Tu n’as rien dit, Isaiah. On ne parle pas des choses contre-nature. Est-ce là que tu as compris que tu n’avais plus ta place parmi ta communauté? Est-ce là que tu as perdu la foi? Est-ce là que le monde moderne s’est mis à t’appeler? Tu te faufilais hors de ton quartier, dès que tu le pouvais. Même s’il fallait se retranformer dans cette chose ignoble, pour échapper au regard des autres. Dès que l’étude du Talmud te pesait, sur tes épaules, dans ton coeur. Tu te glissais en douce dans les cyber-café, pour observer. Tu as découvert la musique, les bibliothèques séculières, le cinéma, l’alcool, l’herbe… et les garçons. Mariage et fuite(חתונה און פלי) •C’était la fille d’un ami de ton père. Miriam Schwartz. Son nom, à défaut du reste, demeure imprimé sur papier et dans ta mémoire. Ta femme, Isaiah. Ta femme. Tu as accepté le mariage comme un automate. Célébré tes vœux, les yeux fermés, comme un pantin. Tu t’es soumis à tous les rituels, tous les chants. Et puis est arrivé la nuit et le malaise. Elle ne savait pas quoi faire. Elle avait mal. Et tu n’étais pas confortable. Tu ne connaissais pas grand chose non plus, sauf les vils magazines que tu avais feuilleté. Le Rabbin t’a visité trois mois plus tard, pour te parler de tes devoirs. Tes devoirs conjugaux, Isaiah. Ceux que tu n’accomplissait pas. Pas complètement. Pas toujours. Tes ancêtres étaient morts dans l’Holocaust. Il fallait repeupler le monde. LUI rendre son peuple et ses enfants. Ses 6 millions d'enfants, tués par les allemands. Et toi, tu faiblissais entre les cuisses de ta femme? Le soir suivant, tu volais 500 dollars de l’épicerie de ton père et tu t’envolais vers cette ville que ces rares films que tu avais vus en douce te vantaient. Los Angeles. Est-ce ton inexpérience qui t’as plongé dans le gouffre? Probablement. Tu ne savais rien de la vie. Pas vraiment grand chose des gens. Tu parlais anglais avec avec un accent à couper au couteau et tu n’avais aucun diplôme. Aucune expérience. Tu es tombé entre les mauvaises mains. Et tu es tombé dans l’héroïne et la prostitution.
Toshiro •. Tu étais complètement défoncé, lorsque tu l’as vu, pour la première fois. Ses cheveux de jais et son air digne au travers de cette pièce toute blanche, trop riche et trop dépravée pour vous deux. Était-ça, un coup de foudre ? Tu n’en savais rien. Mais à l’instant où tu l’as vu, tu t’es juré de ne plus jamais le quitter. Jamais. Il connait mieux le monde. Il connait mieux la réalité, que toi, Isaiah. Combien de questions idiotes lui as-tu posé? Sur des choses pourtant élémentaires. Les tremblements de terre. Sur l'histoire. La musique. Le pourquoi de la couleur de sa peau. Où se situait le Japon. C'est lui qui t'apprend à survivre. Toshiro. Tu t'accroches à lui comme un naufragé s'accroche à la lumière vacillante du phare, dans l'obscurité. Comme un camé à sa drogue. Toshiro. Quatre ans d'échanges de fluides, d'échange de seringues. Quatre ans à l'entendre jouer de son violoncelle, à tous les soirs. À l’accompagner, avec ta voix timide et ce vieux clavier électronique, trouvé dans les poubelles. Jouer, chanter. Danser comme quand tu dansais pour honorer D-eu jadis, au son de son instrument. Jusqu'à ce que les coups sur la porte éclatent et que les injures fusent autour de vous. Quatre ans de fusion. Quatre ans à croire dur comme fer qu’il n’y aurait que toi et lui, à jamais. Tu te souviens de cette fois où cette infection t'avais complètement terrassé et où aller à l'hopital, était impensable. Tu te souviens de cette sensation floue de d'être réfugié au creux de son bras troué et de t'être blotti en boule, calmé par les caresses de ses doigts, sur ton pelage. Lorsque tu as repris tes esprits, il t'a demandé ce à quoi tu rêvais. Tu n'as pas eu le courage de lui dire et tu as inventé d'autre chose. Tu n'oublieras jamais ce regard songeur qu'il a eu. À peine un mois plus tard, un chef d'orchestre renommé le ramassait, sur le coin de Sunset Boulevard où il jouait. Et Toshiro est parti, sans même dire aurevoir. Toshiro est parti en te laissant tout ce qui restait de came. Alors tu l'as prise, Isaiah. Tu l'as toute prise pour vous deux, en remettant ton âme à D-eu. Et tu as fait une overdose.
Yechiel(יחיאל) • C'est le propriétaire de cette chambre miteuse qui te retrouve, les lèvres bleues, la peau grise, sur le point d’agoniser. Tu te souviens de cet ambulancier et de sa seringue de naloxone, plantée dans ta cuisse, au travers du jeans. De l’air qui ne passait plus dans tes poumons. De l’air qui ne passait plus alors que tu voulais lui dire de tout arrêter. De te laisser mourir là. De te remettre à Lui. Lorsque tu te réveilles enfin, 36 heures plus tard, tu retrouves ta vieille mère, droite et digne, à ton chevet. Ton frère ainé l’attend dehors, incapable d’être dans la même pièce que toi. Ta mère, Isaiah, ta mère. Tu veux parler, lui dire de te ramener avec elle, avec vous, mais elle te fait taire d’une caresse. Elle dépose deux photographies sur la table, près de toi, avant de se lever, de t’embrasser sur le front et de quitter la chambre, sans se retourner. Celle d’un homme de vinq-cinq ans, prise dans les années 80. Il le même visage que toi. Le même visage que toi. Avec des inscription à demi effacée, derrière. « Viens me rejoindre Rachel, viens me rejoindre. Henrikki. » Une adresse à Helsinki, Finlande.
Et une autre photographie. Celle d’un garçonnet de 5 ans. Ton fils.
Father (טאטע) • Il te faut plus de trois cures de desintox inefficaces à Los Angeles et presque autant de rechutes. Plus jamais tu ne parleras à ta famille. Tu finis par quitter la ville, avec, enfin, un diplôme un peu bidon en hôtellerie, incapable d’y vivre sans Toshiro. Les corps se suivent, dans tes draps. Et la drogue continue d’affluer, dans tes veines. Parfois, seulement parfois. Quelques fois par mois, c’est tout. Tu fais des efforts. Pour être un jour, prêt à sortir ton fils de Williamsburg. Pour être un jour prêt à répondre à ses questions. Ses question à lui, s’il se présente devant toi. Pourquoi tu as quitté. Pourquoi tu n’étais pas capable d’accepter la Torah telle qu’elle était. Ni l’obéissance. Pourquoi tu as trahi ta famille. Ta femme. Pourquoi tu l’as abandonnée, elle. Pourquoi tu l’as abandonné, lui. Pourquoi tu as renié D-eu. Tu ne sauras pas lui expliquer. Tu ne sauras pas lui expliquer pourquoi les os craquent, la douleur paralysent, la mâchoire saigne alors que les incisives poussent et le pelage sombre et les griffes apparaissent. Pourquoi D-eu t’a donné une forme aussi ignoble. Tu ne saurais pas. Alors tu es parti. Tu es parti vers Helsinki trouver ces réponses, à défaut des autres. H like Harm, I like Imprudence, V like Virus • Tu vis à Helsinki depuis six ans. Tes recherches, sur cet Henrikki n’ont pas porté fruit. Pas encore. Mais tu sais, maintenant, que tu es là où tu devrais être. Tu le sens. Tu arrivais presque à avoir une vie normale. Tu t’étais dégoté ce job de serveur dans ce restaurant étoilé Michelin. Tu étais presque sobre. Presque. Tu as un peu remplacé l’héroïne par l’alcool, il faut bien l’admettre. Un peu. Beaucoup. Tu avais bu plus que de raison, ce soir-là. Tu bois toujours plus que de raison, de toute façon. Et puis tu as eu le vertige, sur cette scène un peu minable. Tu es tombé dans les pommes. Le médecin a exigé un dépistage, cette fois-ci, alors que tu t’étais dérobé, en inventant toutes sortes de prétextes, les fois d’avant. Et les résultats des tests sanguins sont arrivés. Depuis quand, Isaiah? Depuis quand? Depuis quand portais-tu ce virus en toi? Tu n’en sais rien. Ta charge virale était forte. Quelques années déjà. Qui as-tu infecté, qui? Tu te poses la question chaque jour. Certes, tu n’en mourras pas, avec la trithérapie, mais le diagnostic t’a glacé les os. Tu ne parles pas de toi. Et tu en parles rarement. Très rarement. Tu as trop peur Isaiah. Trop peur des préjugés. Des stigmates. D’être vu comme de la vermine. Tu le dis sur le bout des lèvres à ceux qui partagent ton lit. Parce que tu sais que la prison attendent ceux qui le cachent. Tu te protèges, tu les protèges et tu envoies promener ceux qui rechignent à porter le préservatif. C’est tout. Combien de temps encore de faudra-t-il pour être indétectable? Tu n’en sais rien. Alors tu pries. Tu pries en silence pour qu’Il t’accorde son pardon.
Varia • Fume comme un cheminée • boit des litres de café noir et passe souvent ses nuits debout, à jouer du piano et à composer, au grand dam de ses voisins • Boit trop. Beaucoup trop. Il lui arrive encore de faire de l’héroïne mais c’est rare. Il est sous méthadone. Les bouteilles de vodka et de vin rouge ne sont pas rares, elles,, le matin et s’empilent et s’empilent.... • se dit complètement athée, aujourd’hui, si on lui pose la question… Mais depuis qu’il est sorti de desintox, parfois, tard le soir, il lui arrive de mettre sa kippa, de se glisser à la synagogue d'Helsinki et de prier. Prier pour demander le pardon de D-eu, pour ses nombreuses fautes • À chaque vendredi soir, il allume ses chandelles et récite les prières du Shabbat. Par habitude. Par réconfort. Il tente d’éviter le porc, lors qu'il mange seul. • Parle couramment Yiddish et anglais, aujourd’hui. Son finlandais s’est beaucoup amélioré. • Il a une voix très mélodieuse et est excellent au piano • C’est un rat de bibliothèque… et d’égoûts. Il aime caresser la couverture des livres. Il les dévore. Son petit appartement ressemble à l'antre d'un libraire et disquaire d'occasion, avec la poussière et le cahut qui vient avec. Et le soir, le soir, il lui arrive de traîner dans les bas-fonds, pour s'enivrer et trouver des amants... • Certes, les cyber-cafés de New-York lui ont ouvert le monde et l'ont sauvé de son milieu... mais il reste toujours un peu technophobe, aujourd'hui. Il préfère de loin le papier. Il sait googler et a une adresse mail, comme tout le monde. Mais c'est tout. Son téléphone? Un bon vieux flip-flop. Il peut recevoir les textos et appeler... et ça lui suffit.
Caractère Amertume et cynisme : Il y a cette amertume, dans tes yeux qui ne disparaît pas. Le regret. Comme si tous les gens que tu avais perdus, au fil de ta vie avaient laissés une partie d’eux dans tes yeux. Ta famille. Ta mère. Ton fils, Isaiah, ton fils et Toshiro. Et tous ces hommes qui sont passés entre tes draps. Tu souilles tout ce que touche. Même l’amour. Même le sexe. Crois-tu encore en D-eu? Crois-tu encore à l’amour, après tout ça? Plus vraiment… L’amour, tu l’as connu. Et tu l’as perdu. Et si tes doigts tremblants sur les touches de ton piano trahissent ta passion et ton désespoir, tu te garde bien d’en parler. Le sexe, il n’y a plus que le sexe pour remplir le vide qui te glace la poitrine.
Jalousie : Tu es toujours un peu jaloux, envieux. Jaloux de ces jeunes hommes souriants et heureux que tu vois main dans la main, dans la rue. Jaloux de ces pères de famille qui te parlent des premiers babillages de leurs bambins. Jaloux des autres musiciens qui eux ont réussi...
Compréhensif : Tu comprends la souffrance humaine, Isaiah et s'il t'arrive d'avoir de sombres pensées, tu n'es pas celui qui jettera la première pierre. Tu comprends bien plus que tu ne le laisses paraître.
Impassivité et hypersensibilité : Tu ne montres pas souvent tes émotions. Tu fais comme si rien ne t’affectait. Rien ne te touchait… alors que c’est pourtant tout le contraire. Mais lorsqu’elles brisent tes murs de papier, c’est la tempête. C’est le déluge. C’est la mer rouge qui déferle et emporte tout avec elle.
Culture et intelligence: Est-ce à cause des limitations de ta vie précédente? Tu dévores tous les livres qui te tombent sous la main avec avidité. Tout. De Kafka à Edgar Allan Poe. De Shakespeare au plus profane des dramaturges. Le classique te transporte. Le jazz te donne des ailes. Le rock t’enchante. Comment as-tu pu passer la majeure partie de ta vie sans tout ça? Tu es insatiable. Des piles et des piles de livres, de disques et de partitions de musique s’entassent dans ton studio. Ton piano y trône. Tu es excellent au piano. Excellent. Plus que tu ne le crois toi-même. Un prodige, vraiment. Mais comment faire vibrer ta musique si ton âme est vide?
Discrétion, mensonge et solitude : Il y a la honte et la concupiscence. L’athéisme et le besoin de sens. Le besoin de réconfort. Qui a dit que les deux ne se côtoyaient pas? Tu croyais que le monde extérieur t’emmènerait la liberté et le bonheur. Mais tu sens seul, si seul maintenant. Dépourvu de sens. Tu peux discourir des heures et des heures sur les travaux de Nietzche et de Jung avec la véhémence d’un étudiant du Talmud, mais tu ne veux pas parler de toi. Encore moins d’où tu viens. Comme si l’autre en face de toi allait te prendre pour un taré, pour un fou de D-eu, un anachronisme. Un poison. Comme si tu trahissais ta famille. Ton fils. Comme si on allait venir te chercher et t’enfermer de nouveau au Satmar. Celui que tu étais déjà mort. Dès qu’un de tes amants arrivent à déchiffrer le yiddish sur ta nuque, tu te replie sur toi-même et l’envoie promener. Il ne reste qu’une carcasse vide et infectée. Tu as pris durement ta séropositivité, très durement et ça non plus, tu n’en parle pas. Si tu évoques le fait d’être gay, avec détachement, il n’en reste pas moins cette lourdeur au fond de ta poitrine. Cette impression d’être anormal et indigne. Tu dis à qui veut bien l’entendre, souvent après plusieurs verres d’alcool, que tu es athée et que tu ne crois en rien. Mais qui trompes-tu quand tu entres en catimini, kippa sur la tête, pour prier, le lendemain? Ses envies • Tu rêves de voir ton fils. Tu rêves de revoir ta mère et de la serrer dans tes bras. Tu rêves parfois de retourner chez les tiens… tout serait tellement plus simple… Mais tu sais très bien que c’est impossible. Tu n’es plus comme eux. Tu n’as jamais été comme eux. Tu rêves autant que tu redoutes de revoir ton ancien amant. Tu rêves de te retrouver un jour sur scène pour jouer et jouer encore du piano. D’être un musicien. Un vrai. Ses peurs • Toi qui n’a jamais passé un moment seul de toute ton enfance… tu as peur maintenant de mourir seul. Tu as peur que la maladie t’emporte, malgré ces médicaments que tu prends. C’est irrationnel, tu le sais. Mais tu as peur. Tu as peur parfois qu'on t'attaque, en sortant la nuit de la Synagogue, tu sais qu'il y a une hausse d'actes antisémite, en Europe. Tu crains ce jour maudit où un homme t’abordera dans la rue et te dira que c’est toi, qui lui a donné le Sida. Tu as peur que ton fils soit comme toi, un thériantrope. C’est ta pire terreur. Avoir donné cette tare à ton fils. |