J'ai trente-sept ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis coach de vie, sportif, musicien à mes heures perdues et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibaire et je le vis plus ou moins bien.
Oscar n’est pas idiot, il voit bien que ses explications sont bien loin de donner une solution à son ami. Il a même dû mal à trouver les mots qui seraient susceptibles de l’apaiser quelques instants. C’est bien la première fois que ça lui arrive. Sans doute que cette fois, son mal-être empiète un peu trop sur sa capacité à s’oublier et à tout donner pour son semblable. Il se perd dans ses explications, dans ses omissions aussi. Sans doute qu’il n’aurait pas dû cacher la réapparition mystérieuse de Rousse Une à son ami, mais l’homme avait alors eu la sensation que c’était la meilleure chose à faire pour lui, et étrangement pour eux deux. Peut-être que tout simplement, il n’avait pas eu envie d’affronter une nouvelle rupture, de devoir récupérer Amand à la petite cuillère une fois de plus. Peut-être est-il protecteur envers lui, mais visiblement, cela n’est toujours pas suffisant pour lui épargner des peines de cœur inutile. C’est sans doute ce qu’il y a de mieux dans le célibat du musicien. Il souffre de la solitude, mais jamais il n’est déçu. Il est devenu ce loup solitaire qui prétend préférer une place vide dans son lit, à un amour loin d’être parfait. « Je te l’ai déjà dit : tu vas trop vite. Elles acceptent un rencard, tu leur passes déjà la bague au doigt. Tu précipites les choses, et tu ne leur laisses pas l’occasion de découvrir le mec fabuleux que t’es. » C’est le pire dans cette histoire. Les nanas qu’Amand fréquente le quittent bien trop vite pour avoir un aperçu de sa véritable personnalité. « Je ne suis pas le mieux placé pour avoir un point de vue là-dessus, mais. Je crois que ce que les gens veulent, c’est savourer les premiers instants sans prise de tête, découvrir l’autre. Savourer, ouais. Je pense que c’est le terme. Les débuts d’une relation sont magiques, on souhaite qu’ils durent le plus longtemps possible. C’est ça que les gens veulent. »
Regards croisés. L’homme ignore ce que l’autre attend pour lui offrir une réponse, ou même ce qu’il cherche dans ses yeux, alors il attend. Il attend que l’autre tourne la tête à nouveau pour faire de même, mais il n’y parvient pas, Oscar. Il continue de détailler les traits de son visage, il ment encore une fois pour ne pas enfoncer le couteau dans la plaie : il déteste ce film, mais il serait prêt à le regarder six fois de suite si cela pouvait suffire à réparer le cœur fendillé de son ami. Alors il se contente de répondre « Oui. ». Le voyant se perdre à nouveau dans ses pensées, le garçon vient lui voler sa cuillère de glace. C’est alors que le plus doux des rires lui parvient. Enfin. Il peut enfin l’entendre. Avec un sourire sur la face, le musicien s’allonge sur son ami. « Oui, sortir prendre un verre, te laisser tenter par de nouvelles expériences, sans penser à l’avenir, juste au moment présent. Coucher avec quelqu’un, puis l’oublier le lendemain matin. Ne pas vouloir se poser à tout prix dans une relation stable, mais profiter un peu de la vie. » Oscar hausse les épaules, gardant les paupières closes.
« Hey. » chouine le plus âgé, en sentant la main de l’autre s’aplatir sur son torse. Main qu’il vient recouvrir de la sienne. « Tu prends pas le temps. Je pense même que tu veux faire plaisir à tes parents en trouvant au plus vite la pseudo-femme-parfaite. Je me trompe ? » Oscar ouvre à nouveau les yeux pour guetter la réaction de son meilleur-ami. Cela pourrait expliquer un certain nombre de choses, d’ailleurs. Ne sachant pas quoi dire de plus, le brun passe sa langue sur ses lèvres abîmées.
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June
Lun 21 Mai - 23:53
Amand Bichard
J'ai 33 ans et je vis à Nantes, France. Dans la vie, je suis décorateur d’intérieur et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis viens de me faire larguer et je le vis plutôt pas bien. son métier et ses aspirations, plutôt associés généralement à des femmes, sont en décalage total avec son apparence physique ⊱ contrairement à ce que l'on pourrait croire, il est timide et a peu confiance en lui ⊱ il rêve de devenir strip-teaseur mais n'ose pas sauter le pas ⊱ son frère raphaël l'a toujours un peu pris pour un original sans le lui avouer ⊱ a un gros crush sur son ami oscar mais ne s'en rend pas compte
Quand Oscar lui parle de sortir, de faire de nouvelles expériences, coucher avec quelqu’un puis l’oublier… c’est vrai que, au départ, Amand a du mal à s’empêcher de faire les gros yeux. C’est la première fois que son ami l’incite à ce point à une vie de plaisir et à des mœurs aussi légères, et à sa surprise succède une forme assez avancée de timidité – celle qui lui murmure dans un coin de la tête qu’il ne sera jamais capable de tout cela. Comme s’il était question d’en être capable. Comme si les paroles d’Oscar étaient à prendre exactement au pied de la lettre. Amand n’a jamais pour réflexe d’accueillir les conseils d’autrui pour les réfléchir et se les approprier – sans doute parce qu’il est tellement plus simple de suivre docilement des indications que de prendre l’initiative. Il veut croire à l’existence d’une recette miracle – et quel meilleur candidat à la détention de cette recette qu’Oscar, pour lui ?
Amand ne répond pas ; il se contente d’accueillir les paroles de son ami, tout en descendant distraitement sa bière de la main gauche. Son regard tombe sur le visage qu’il sent tourné vers lui. « Eeeh, c’est comme ça que tu regardes le film, hein ? » le charrie-t-il en constatant qu’Oscar a les yeux fermés. À la nouvelle question qui lui est posée, Amand hausse les épaules et termine sa bouteille, qu’il se penche pour déposer sur la table basse, du bout des doigts. « Je sais pas, je sais pas. Peut-être pas. Même si je ne crois pas. Je sais pas, » répète-t-il. La mention de ses parents lui est désagréable. L’idée qu’il cherche à leur plaire et à correspondre aux normes sociales de son milieu aussi. Et pourtant, il y a du vrai là-dedans, c’est indéniable. Il ne peut effectivement pas s'empêcher de penser qu’il a trente-trois ans, est à nouveau célibataire et loin d’être fixé – contrairement à son frère, Raphaël, qui file une parfaite idylle avec une jolie blonde depuis déjà quelque temps, du haut de ses vingt-cinq ans et de son post idéal de chef de projet dans une grande entreprise. Amand hésite entre le jalouser et en conclure qu’il n’a absolument rien à lui envier – mais dans tous les cas, il ne parvient pas à ne pas se sentir juger. Il ne lui viendrait pas à l’esprit de se demander si cette façade exemplaire, ce profil aussi archétypal ne cache pas une réalité plus terne qu’il n’y paraît. D’office, le brun a la sensation que c’est lui qui est en décalage, lui qui est en situation d’échec. Il ne voit pas l’ampleur de sa chance, ne mesure pas quelle joie lui procure son propre parcours – le bonheur que lui apporte Oscar, aussi. Il n’apprend pas à voir ce qu’il a ; il voudrait encore ce qu’il n’a pas, et ce qu’il ne désire pourtant pas non plus.
Quoiqu’il en soit, Amand se sent soudain las. La bière lui pétille encore dans la gorge et il sent la légère euphorie se répandre dans son corps. Il reporte son attention sur le film, sans lâcher la main d’Oscar. Au contraire, il la serre. Il la serre, un peu plus fort, sans s’en rendre compte. Il est pris d’une soudaine lassitude, et comme d’une profonde nostalgie sans objet, qui le fait soupirer. Il a fait suffisamment d’efforts pour ce soir, il a remué suffisamment de choses si complexes, parfois douloureuses, qui le renvoient à son statut dont il n’a jamais été fier, à son incapacité à satisfaire aux attentes des autres tout comme à se défaire de celles-ci. Désormais, il ne s’agit plus là d’une simple peine de cœur – ce n’était que la surface d’émotions et de préoccupations beaucoup plus complexes, qui demandent trop d’efforts pour être solutionnées ce soir. Autant baisser les bras. Autant accepter de se sentir minable, mais au moins de profiter de cet instant – de ce film, de ce pot de crème glacée, de la présence d’Oscar surtout. Et du stock de bières dans le frigo.
« Attends, bouge pas, je vais choper des bières, » finit-il par dire. Evidemment, Oscar est pourtant obligé de se redresser pour qu’il puisse se lever. Amand traîne des pieds jusqu’au réfrigérateur puis revient s’asseoir, déposant plusieurs bouteilles sur la table basse, dans un bruit de verre sourd. Ses gestes sans délicatesse trahissent chez lui une once d’énervement – de colère ? Il décapsule une bière sans cérémonie et n’attend pas pour la boire à grandes gorgées. Puis il se cale à nouveau au fond du canapé. C’est le moment de mettre un terme à cette conversation, de battre en retraite. Le moment pour Amand de tout faire pour oublier qu’il se montre faible. « Oscar… Merci pour tout ça, pour tes conseils. J’essayerai de les suivre, je te promets. Mais je crois que… pour le moment, on ferait mieux de parler un peu d’autre chose. » Et d’un geste, il invite son ami à s’installer à nouveau sur lui ; il prend à nouveau sa main, qu’il ramène sur son torse. Il serre encore ses doigts, doucement, pour qu’il sache que ce n’est pas contre lui que sont dirigées sa colère et sa fatigue émotionnelle.
Et puis, il regarde l’écran de la télévision. Et il boit encore, encore quelques gorgées.
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SUNRISE
Jeu 24 Mai - 15:16
Oscar Comte
J'ai trente-sept ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis coach de vie, sportif, musicien à mes heures perdues et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibaire et je le vis plus ou moins bien.
Un sourire étire les lèvres de l’homme lorsque son meilleur-ami remarque son inattention et son désintérêt flagrant pour le film défilant sur l’écran de la télévision. L’œuvre cinématographique ne l’intéresse pas. Il pense. Il réfléchit. Il se laisse porter par ses pensées dans un tourbillon infernal, infini. Alors que la conversation s’essouffle, Oscar pose une question qui semble déplaire au brun, celui-ci déposant le cadavre de sa bière sur la table basse, avant de s’adosser une fois de plus au dossier du canapé dans lequel ils vont très certainement passer le restant de leur soirée, et pourquoi pas la nuit, si le film et la bière finit de les achever dans leur tristesse. De la pulpe de son index, le coach sportif dessine quelques cercles invisibles sur la peau d’Amand, gardant les paupières closes pour apprécier le grain de son épiderme. Il préfère garder le silence, réfléchir aux conseils qu’il vient de donner à son ami, gardant, ce goût amer sur la langue, sans connaître sa provenance. Sans doute est-ce l’état dans lequel se trouve le décorateur intérieur qui lui fait ressentir cette gêne, dans le fond de la gorge. Ça ne peut évidemment être que ça. Que cette tristesse qui l’habite qui résonne dans les entrailles de Scar.
Le silence refait doucement surface entre les deux hommes. Ils laissent le son de l’écran se répandre dans le cocon chaleureux du plus jeune. Les dernières bulles de la bière posée sur la table s’évaporent. La glace commence à fondre doucement dans son pot, créant condensation et marée de crème glacée dans laquelle se retrouvent entraînées les cuillères jetées là, pour s’en débarrasser. Le soleil commence à décroître derrière les rideaux accrochés aux différentes fenêtres. C’est sur ce spectacle, que le barbu ouvre les yeux. Il savoure les retrouvailles avec Amand. Il savoure l’instant qu’il passe contre lui. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pas passé un peu de temps avec lui, qu’il souhaite en profiter un maximum, quand bien même cela signifie regarder des films à l’eau de rose. Un rictus naît alors sur son visage, alors que cette pensée lui traverse l’esprit. Une soirée sans film à l’eau de rose ne serait pas une véritable soirée avec son meilleur-ami. C’est une drôle d’habitude qui a vu le jour des années auparavant, quand ils n’étaient que des adolescents, quand la vie commençait tout juste à les malmener, commençant à les éloigner un peu plus de jour en jour.
« D’accord. » finit-il par dire en se redressant pour laisser passer le garçon. Seulement, il aurait préféré qu’il ne bouge pas. Oscar aurait pu finir la soirée dans cette position, sans avoir la moindre envie de bouger, de se recaler contre lui. Il se serait contenter de sa tête contre les cuisses d’Amand, de sa main dans la sienne, contre son torse. Parce que c’est le seul réconfort qu’il a envie de demander, ce soir. C’est le seul réconfort qu’il peut espérer. L’autre a d’autres préoccupations bien plus importantes. Il détache ses cheveux, et fait glisser son élastique autour de son poignet. Un jour, Amand lui avait soufflé l’idée de laisser pousser ses cheveux, depuis, Oscar n’a jamais mis les pieds dans un salon de coiffure. Lorsque le cadet refait une apparition dans le salon, le sportif tourne la tête vers lui et l’observe s’installer avec lassitude dans son propre sofa, posant les quelques bouteilles brusquement. À sa demande, Scar se contente d’acquiescer en silence avant d’après une autre bière, avant même d’avoir terminé la première, celle-ci ne possédant plus aucun aspect pétillant. Le brun retrouve sa place contre son ami, mêlant à nouveau ses doigts aux siens. Les cercles continuent alors d’être tracé sur sa peau. Le goût amer de la boisson vient réchauffer sa trachée, faisant tomber ses barrières une à une, à chaque lampée. C’est bien plus fort que lui. Il se mure dans le silence, il ne fait pas part de ses démons, il les laisse se battre dans sa tête tout en essayant d’apaiser ceux de son ami. Il essaye. Il boit. Il se tait. Pression de ses doigts contre le dos de sa main. Il boit. Il garde le silence. Jusqu’à ce qu’une partie des boissons soient avalées.
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June
Mer 30 Mai - 8:03
Amand Bichard
J'ai 33 ans et je vis à Nantes, France. Dans la vie, je suis décorateur d’intérieur et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis viens de me faire larguer et je le vis plutôt pas bien. son métier et ses aspirations, plutôt associés généralement à des femmes, sont en décalage total avec son apparence physique ⊱ contrairement à ce que l'on pourrait croire, il est timide et a peu confiance en lui ⊱ il rêve de devenir strip-teaseur mais n'ose pas sauter le pas ⊱ son frère raphaël l'a toujours un peu pris pour un original sans le lui avouer ⊱ a un gros crush sur son ami oscar mais ne s'en rend pas compte
Les bouteilles vides ont fini par s’accumuler, sur la table basse, à côté du pot de crème glacée devenue liquide – elle a fondu comme neige au soleil, et cette vision est si triste, se dit Amand. Aussi triste que son cœur d’artichaut, serré par la nostalgie et la lassitude que lui apportent autant l’ivresse que les dernières scènes, poignantes, heureuses ou inévitables, du film. Le temps a passé légèrement, la nuit est tombée et il semble à Amand qu’il est déjà tard, si tard. Désormais, les deux amis sont pelotonnés l’un contre l’autre, sous un plaid qui les réchauffe. Plusieurs pots de jelly vides se sont entassés à côté des cadavres de bières, que probablement Amand s’est, à un moment, levé à nouveau pour aller chercher dans le frigo, d’une démarche de zombi. Il a toujours adoré ces petits pots de gelée anglaise et colorée. C’est l’une de ses innombrables lubies étranges qui font pourtant immanquablement rire Oscar.
Amand repousse la dernière bière, vide. Il est passé par tous les stades émotionnels, ce soir, et il se sent maintenant exténué. Il n’est plus capable de rien penser. Il a bu, trop et trop vite, et le ventre presque vide et il a la tête lourde. Il est devenu las, y compris des fantômes de ses relations avortées. Il a la tête lourde d’un monstre de lassitude. Pour une raison obscure, la présence d’Oscar à ses côtés, pourtant infiniment réconfortante, lui semble aussi ajouter à la tristesse sourde et sans objet qui serre sa poitrine. Il se sent agité, intranquille – comme si la seule chose qu’il parvenait encore à ressentir, comme si la seule émotion qui perdurait quand toutes les autres avaient fini par s’éteindre, était une forme de rancœur inexpliquée. Tout son corps lui pèse, et il change régulièrement de position, jusqu’à finir par se caler contre Oscar, presque jalousement. L’alcool lui brouille les idées, ne lui laissant qu’un amas brut et informe de raisonnements inaboutis, un chantier émotionnel qui le désespère. Bien des choses que son subconscient avait sagement refoulées émergent dans son esprit. « Tu as toujours veillé sur moi, pas vrai… » marmonne-t-il, presque inintelligiblement et en s’adressant avant tout à lui-même.
Peu à peu, les pensées s’éteignent, le calme le gagne à nouveau. C’est presque la fin du film, les destins des personnages achèvent de se croiser et Amand s’endort, tout doucement, dans les bras d’Oscar. Ce contact lui est doux et douloureux à la fois, mais bientôt il ne le sait plus lui-même. Demain, il aura oublié pourquoi. Et tout sera alors à refaire, à reprendre – recommencer du début.
Pour l’heure, Amand s’endort d’un sommeil d’ivrogne. Son menton retombe contre son torse, sa tête dodeline doucement et tout son corps glisse, peu à peu ; vient prendre appui sur le corps d’Oscar. S’abandonne à lui. Il voudrait tellement plus que cela. Tellement plus que de simplement s’endormir contre lui, et que l’alcool lui fasse oublier à quel point cette étreinte lui est vitale. Ou plutôt, que l’alcool l’autorise à s’avouer à quel point cette étreinte lui est vitale, uniquement parce qu’il sait qu’il ne s’en souviendra pas le lendemain. Dans un dernier sursaut de conscience, Amand approche son visage de celui d’Oscar, et pose son front contre la joue de son ami. Il lui suffirait de lever la tête, rien qu’un tout petit peu ; il lui suffirait d’une impulsion, presque imperceptible, pour que leurs lèvres se rejoignent. Et le monde pourrait cesser d’exister. Et plus jamais rien n’existerait que lui, et Oscar.
Mais déjà, il s’est endormi. Sa tête glisse au creux du cou de son ami. L’une de ses mains s’est perdue sur son torse, comme pour s’y retenir. Et il ronfle, très légèrement. Son sommeil est sans rêve, seulement peuplé d’une idée vague et diffuse – celle d’un immense désir, immensément frustré.
J'ai trente-sept ans et je vis à Paris, France. Dans la vie, je suis coach de vie, sportif, musicien à mes heures perdues et je m'en sors plutôt bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibaire et je le vis plus ou moins bien.
Au fil de la soirée, Oscar change de position au fur et à mesure que l’autre brun se dandine sur le sofa. Les cadavres de bières s’accumulent sur la table basse, au même titre que le nombre d’emballages de jelly. Ce soir, l’homme en a même avalé un, quand bien même il trouve cela trop sucré. Il s’est même surpris à regarder le film avec plus d’attention qu’il ne l’a jamais fait. Pour la simple et bonne raison qu’Amand a besoin de regarder ce navet pour se sentir mieux. C’est tout ce qui compte. Il en oublie la raison de sa venue ici. Du moins, il préfère oublier. Seul le bonheur de son meilleur-ami possède une quelconque importance. Il s’oublie. Il se laisse emporter par les paroles de l’autre, et cherche une solution adaptée pouvant apaiser les tourments de son âme torturée. S’il y a bien une chose que le musicien a appris au fil des années, c’est que donner son cœur est source de souffrance, quand les écrivains ne leur donnent que toutes les couleurs, et toutes les saveurs du monde. Aimer revient à souffrir. Aimer, c’est souffrir. Les histoires du garçon coincé dans le creux de ses bras ne font qu’appuyer son refus de s’y engager. Cela fait bien longtemps qu’il a abandonné cette idée.
Le film se termine. La respiration de l’homme au cœur brisé ralentit doucement, tandis que les noms des acteurs défilent sur l’écran. Oscar caresse distraitement le dos de son ami. Ses propres yeux finissent par se refermer. La fatigue, accompagnée de la douce ivresse, cherche à l’emporter loin. Loin de ce salon baignant dans une musique à peine audible. Loin des derniers mots d’Amand avant que ce dernier ne sombre. « Toujours. » marmonne-t-il, ses doigts s’enfouissant alors sous le t-shirt pour découvrir la peau de du décorateur d’intérieur. La chaleur de ce corps brûle la pulpe de son index. Une brûlure agréable qui le berce un peu plus dans le monde du sommeil. La tendresse de leurs échanges lui fait resserrer son étreinte autour du corps du garçon endormi. Ce besoin irrépressible de caresser son dos d’un geste lent. Ce besoin de le tenir contre lui, de peur qu’il ne s’envole, de peur d’avoir rêvé cette proximité grisante. Sa joue s’appuie contre le front du brun. Scar hésite un moment. Il veut embrasser ce front, il souhaite laisser une trace de ses lèvres sur lui. Son palpitant se moque de lui, ratant un battement pour le rappeler à l’ordre.
Le film s’arrête. L’écran se fige. Le silence s’installe. L’une de ses mains remonte pour se poser dans le cou de son ami. Ses doigts entortillent une mèche brune autour de son index. Mais cette envie dévorante d’embrasser le garçon lui tord les entrailles. Ce besoin ne le laissera pas tranquille avant qu’il ne le fasse. Doucement, il relève la tête d’Amand – lourde de sommeil – et approche ses lèvres des siennes. Avant que sa bouche ne s’écrase contre sa joue. Un « bonne nuit » et Scar s’endort à son tour, pris soudainement d’une tristesse indescriptible qu’il aura probablement oublié demain.