Il s’intéresse à ton cursus universitaire. C’est vrai que c’est concrètement le seul sujet de conversation logique entre vous. Mais toi, t’as envie de plus. Tu réponds tout de même à sa question parce que tu comptes rester très correct avec lui. C’est quand même ton prof jusqu’à la fin de l’année scolaire et y’en a encore pour plusieurs mois. T’as besoin d’une relation cordiale avec lui, pas trop faire ton malin. En cours tu es un étudiant discret, celui qui se met au milieu de la salle. Pas devant pour pas faire lèche cul, pas au fond pour pas faire celui qui s’en branle. Juste assez proche pour avoir une bonne vue sur le morceau qu’est ce Mr Crawford. Il te complimente sur ton anglais ça te fait toujours plaisir ce genre de remarque. Malgré ton accent que tu n’arrives pas à te défaire, tu te débrouilles bien effectivement. T’apprends des mots tous les jours mais quand bien même, t’es pas mauvais.

« Faut dire merci à toutes les séries que je regarde. »

True story. Ca t’a beaucoup aidé dès ton arrivé à Brisbane. Tu matais déjà en anglais à l’époque chez toi à Bogota. Ca t’a permis de comprendre quasiment tout ce qu’on te disait. Pour parler c’était une autre histoire au début, mais tu t’en es sorti. Faut juste oser et pas avoir peur de faire des fautes. Parce qu’on en fait forcément quand on débute.

« Il me semble que c’était en option mais très conseillé alors j’ai dit ok. »

T’as de la chance d’avoir du temps parce que tu n’as pas de job étudiant à côté. T’as un beau stock de fric de côté grâce à un héritage qui t’es tombé dessus. C’est pour ça que t’es venu à Brisbane. Tu serais en train de moisir à Bogota sinon. Tu souris quand il te répond de nouveau en espagnol. Ca t’excite beaucoup trop de l’entendre parler ta langue natale. Complètement mouillé, il continue de boire sa bière et tu ne le quittes pas des yeux. Beaucoup trop plaisant à voir. Sauf que si tu continues comme ça, l’eau fraîche ne sera plus suffisante pour calmer tes ardeurs. T’en fais la remarque et il te regarde dans les yeux à ce moment là. « Oui, c’est bien à toi que je parle » que t’as envie de lui dire.

Parler de New York le fait un peu changer dans son attitude. Ou peut être que c’est toi qui l’a imaginé. Tu sais pas, mais en tout cas t’auras pas de réponses réelle à ta question. Juste un besoin de changement apparemment. Tu apprends quand même qu’il n’a pas prévu de faire sa vie ici contrairement à toi. Tu te sens bien ici, c’est vraiment ta ville, tu te vois pas ailleurs, en plus t’as un bon groupe de pote, t’es heureux.

« Suffit de se protéger. »

Oui. Toi aussi t’as bien compris le double sens de sa phrase. Ton esprit rapport naturellement tout au sexe quoi qu’il arrive alors c’était facile. Du coup tu remets une couche, espérant qu’il capte la profondeur de tes paroles. T’as un petit sourire en coin puis tu te lèches les lèvres. Tu commences à avoir un peu faim de cette masse de muscle sous tes yeux. Surtout qu’il a l’air de te mater lui aussi, t’aimes entretenir le fantasme dans ta tête. Tu vas clairement te branler en pensant à lui dès que tu en auras l’occasion. Peut être tout à l’heure aux toilettes. Certainement.

Matty saute dans la piscine mettant fin à ce beau moment. Tu le détestes à ce moment là. Putain. Du coup tu vas nager vers le bord, où se trouve ton prof et tu colles volontairement ton bras au sien alors que tu te hisses hors de l’eau.

« Besoin d’aller aux toilettes. »

Pour te branler.

« Faut que je m’occupe de quelque chose. »

T’es vraiment qu’un petit con. Tu crèves d’envie qu’il soit au courant de ce que tu vas faire là maintenant une fois que tu seras à peu près sec pour entrer dans la maison. Tu files prendre ta serviette et tu te sèches approximativement avant de filer dans la maison sans perdre un instant. Tu mets un peu de l’eau par terre mais tu t’en fou, c’est pas beaucoup.

Tu restes un bon quart d’heure dans les toilettes à faire marcher ton imagination et tu te soulages. Une fois de retour dans le jardin, tu cherches ton prof des yeux tout de suite.

Il ne put empêcher un sourire s'étendre sur ses lèvres à l'évocation de séries télévisées. C'était une méthode qui avait fait ses preuves, beaucoup d'étudiants étrangers lui en avaient parlé. Il n'était pas séries, il préférait regarder un bon film pendant deux heures que suivre des actions pendant vingt saisons. Il savait être patient mais il ne fallait pas toujours trop lui en demander. Il hocha la tête à sa réponse sur son cursus scolaire. Il savait que certains élèves de son cours n'étaient là que pour leur option, des points supplémentaires à ajouter à leur moyenne et ça lui suffisait, il s'agissait en général de ceux qui faisaient le moins de grabuge étonnement. Puisqu'ils savaient qu'ils n'étaient pas là par obligation, ils agissaient de manière différente. Un comportement que Dwayne s'amusait à observer à chaque cours. Pourtant, à mesure que la conversation avançait, il avait l'impression d'avancer en terrain miné. Il aurait dû être plus prudent et ne pas se laisser avoir par le sourire et le regard appuyé d'Andy. Il avait de plus en plus l'impression que le jeune garçon lui faisait du rentre dedans et ne s'en cachait pas. Il avait le réflexe de regarder sans cesse autour de lui pour vérifier que personne n'assistait à leur échange. Pourtant, il n'avait rien à se reprocher. Ses paroles n'avaient un double sens que parce que l'étudiant lui en donnait. Et il voyait son regard, il n'était ni aveugle ni stupide. Il n'était pas prudent pour un jeune homme de draguer ouvertement un professeur, il n'était pas sûr qu'il serait réceptif et si Dwayne n'était pas un violent, il savait que ses poings pouvaient faire mal. Pourtant, rien ne semblait arrêter le brun. Il avait un regard qui ne trompait pas et sa réponses à sa remarque à double sens ne prêtait pas à confusion. Mais Dwayne avait une volonté de fer, principalement dictée par les ratés qu'il avait pu avoir à New-York. Il se força à détourner les yeux du regard gourmand qui lui faisait face et à rester silencieux à nouveau. Il allait lancer un autre sujet de conversation, dévier sur quelque chose de plus innocent, lui demander s'il avait laissé une famille en Colombie ou le temps qu'il faisait en ce moment chez lui. Tout plutôt que de reprendre un sujet dangereux. Mais il entendit plus qu'il ne vit quelqu'un sauter dans l'eau et rompre leur tranquillité. Il s'en sentit instantanément soulagé. Il était entrain d'observer l'ami d'Andy qui refaisait surface quand il sentit quelque chose le frôler. Il tourna brusquement la tête et vit Andy sortir de l'eau. Il avait toute la longueur de la piscine mais il avait choisi de le faire assez proche de lui pour le toucher. Il leva les yeux pour suivre son mouvement et en entendant ses paroles, il serra instinctivement la mâchoire. Il n'y avait plus de barrière ni de filtre. Dwayne se força à ne pas le suivre des yeux, il resta obstinément bloqué dans la position qu'il avait quelques secondes auparavant.

Quand il sentit deux mains se poser sur ses épaules, il se retourna pour faire face à la magnifique jeune femme qui aurait dû occuper toute son attention. Elle lui demanda s'il passait un bon moment et il hocha la tête d'un air vague. Il se retourna pour pouvoir s'asseoir à côté d'elle tandis qu'elle plongeait les pieds dans la piscine. Il se pencha alors vers elle pour l'embrasser, comme pour se conforter dans ses idées. Il s'écarta une seconde avant de voir du coin de l'œil que le jeune étudiant était de retour dans le jardin, un air un peu trop satisfait sur le visage. Il capta son regard quelques secondes après tandis qu'il semblait le chercher et Dwayne se pencha à nouveau vers Sienna, sans quitter Andy des yeux une seconde. Il l'embrassa un peu plus longuement, passant une main dans ses cheveux, les doigts caressant sa nuque, tandis que ses yeux restés ouverts et braqués sur le jeune homme. Il ne savait plus vraiment s'il voulait lui faire comprendre qu'il n'avait pas la moindre chance avec lui ou si ce petit jeu mesquin était en train de l'amuser. Il finit par relâcher la jeune femme qui semblait surprise mais comblée. Il décida alors de se relever. Il ramassa son t-shirt et sa bière et déposa un dernier baiser sur les lèvres de sa petite amie avant de traverser la pelouse pieds nus pour rejoindre le buffet. Il passa près d'Andy, frôlant à son tour son bras. Il se pencha ensuite vers le buffet pour prendre une petite saucisse piquée au bout d'un cure-dent. " Tu devrais être prudent, ton petit jeu pourrait mal finir avec quelqu'un de moins ouvert d'esprit. " Il savait de quoi il parlait. L'homosexualité n'était pas quelque chose d'encore bien ancré dans la société. Il y en avait toujours pour évacuer leur haine et l'Asutralie, malgré son statut de pays développé, ne faisait aucunement exception. " Mais ça s'arrête maintenant. " Il avait la voix dure même s'il avait baissé d'un ton. Il plongea son regard dans celui du colombien. Il voulait lui faire passer le message. " Tu ne sais pas les conséquences que cela peut avoir. " Il avait tout quitté une première fois, il ne referait pas ça pour une histoire sans lendemain, même si Andy était sexy, même s'il avait l'air mature, il n'en restait pas moins un gamin de vingt ans. Si seulement il l'avait dit dès le début. Et si seulement son regard n'avait pas été attiré par une goutte qui venait de lui glisser de la pointe des cheveux et dont le danse le long de son épaule jusqu'à son torse ne l'avait pas captivé une seconde de trop. Il releva les yeux, se traitant d'idiot. Il n'était plus un gamin inconscient. Il serait inflexible.

Ton prof en ligne de mire. Tu ne loupes pas ce coup d’oeil qu’il te donne juste avant de se mettre à embrasser sa meuf. Bitch please. Il fait exprès, c’est sûr. Non, rien n’est moins sûr mais t’aimes le croire. Sauf qu’il continue de l’embrasser tout en te regardant fixement. Ok là, tu ne te fais plus de rêve, tout est bien réel. Le mec il a envie de te manger la bouche mais il n’ose pas alors il le fait par personne interposé. Heureusement que tu viens de te soulager parce que c’est carrément hot comme image. T’aurais presque envie de lui demander d’aller baiser sa meuf dans une chambre alors que tu resterais à les observer. Oui, t’es comme ça. Tu restes immobile dans le jardin à le regarder faire jusqu’à ce que le baiser se termine. Tu l’observes ensuite sortir de l’eau, se rhabiller. Tu te détournes pour retrouver ton verre et voilà que ton prof est à côté de toi, te touchant légèrement au passage. T’es surpris de l’entendre te mettre en garde. Tu pensais pas qu’il aurait osé. C’est qu’un jeu après tout. Tu pensais tellement pas qu’il te cherchait en retour. Tu pensais que tout était que dans ta tête, mais après ce baiser, c’est sûr que lui aussi a des envies envers toi et ça te fait kiffer.

Il est dur dans sa voix. Il veut que ce petit jeu s’arrête. Mais ça ne fait que commencer ! T’as vraiment pas envie de stopper tout ça alors que ça devient justement très intéressant. Les yeux dans les yeux, t’as un air sérieux sur le visage, ce qu’il te dit te retourne un peu la tête. Il parle de conséquences et tu roules un peu les yeux.

« Je sais faire la différence entre les choses. »

Tu veux dire par là ton comportement à l’université et ton comportement en privé. Mais apparemment il ne t’en crois pas capable.

« Tu me connais pas. Tu pourrais être surpris. »

Tu vas piquer une petite saucisse toi aussi. Tu te retiens d’être trop suggestif dans tes gestes mais très clairement, tu prends plaisir à la mettre dans ta bouche. Rien d’anormal aux yeux des gens autour. Tu n’as rien fait de poussé. Tu sais que Dwayne supporterait pas. T’as pas envie de l’énerver, ou peut être que si ? Mais non… Si t’as envie d’avoir une chance tangible de te faire baiser par lui, autant rester courtois. Tu vois qu’il t’observe et tu restes à le regarder en retour.

« Je te ferai jamais d’histoires. »

T’es tout sérieux quand tu dis ça. Tu te dis que t’as besoin de plaider ta cause pour qu’il se laisse aller à cette folie. T’as réellement l’impression qu’il y a une possibilité et tu en reviens pas. S’il avait pas embrassé sa meuf en te fixant, t’aurais jamais réalisé que oui, c’est réciproque.

Dwayne était quelqu’un de direct, qui ne s’embarrassait pas à faire des courbettes quand il avait besoin de dire les choses. Il ne voulait plus jouer le petit jeu qu’Andy lui offrait et il lui faudrait être inflexible. Se laisser à nouveau aller dans les bras d’un jeune homme de sa classe avait quelque chose de tentant, il devait bien se l’avouer. Mais il avait payé trop cher sa dernière aventure, il y avait eu trop de conséquences. Il en avait trop souffert. Il n’assumait pas pleinement son homosexualité ou du moins sa tendance homosexuelle. Il aimait les femmes aussi, mais il avait plus de mal à se concentrer avec elles. Il y trouvait toujours son compte mais un jeune homme comme Andy lui faisait clairement plus d’effet que la belle jeune femme qu’il venait de laisser au bord de la piscine. Et il se détestait pour ça. Trois ans auparavant, le jeune homme n’était même pas majeur, il aurait pu être cet élève avec lequel il avait fauté et c’était hors de question qu’il reproduise les erreurs de son passé. Il crut pourtant voir une lueur s’allumer dans les yeux du sud-américain. Il n’avait pas l’intention de le défier, de lui proposer un challenge. Il ne gagnerait pas la partie, c’était ainsi que tout ce petit jeu allait s’arrêter. « Je sais faire la différence entre les choses. » Il lui offrit un air parfaitement interrogateur parce qu’étrangement, il n’y croyait pas une seconde. Il était jeune, impulsif, il avait toute la vie devant lui et n’avait aucune conséquence à assumer. Ce n’était pas lui qui se ferait virer, qu’on regarderait de travers, avec dégoût. Un frisson lui parcourut l’échine à certains souvenirs enfouis au fond de lui. Il secoua la tête. « Tu me connais pas. Tu pourrais être surpris. » Il observa son petit jeu avec sa saucisse dans le silence. Il en était à se demander s’il n’aurait pas mieux fait de la fermer au final. Il avait bien compris qu’Andy lui faisait du rentre dedans, un aveugle l’aurait vu. Il n’était pas idiot, naïf, ni un débutant dans le genre. Mais il n’aurait pas dû le regarder en embrasser sa copine. Il ne voulait pas qu’il croit que c’était en pensant à lui qu’il l’avait fait mais plutôt pour lui montrer qu’il était en couple et non intéressé par une quelconque aventure. « Je te ferai jamais d’histoires. » Il resta silencieux un instant devant son air sérieux. Il n’avait pas envie de parler de ça ici, ou toutes les oreilles indiscrètes pouvaient les entendre. Mais il savait que se retrouver à proximité du jeune homme seul à seul pouvait avoir des conséquences bien plus graves. Il ne devait pas avoir l’air menaçant quand il rétorqua, d’un sourire un peu froid. « C’est ce que tu dis maintenant. » Il darda ses yeux bleus dans ceux plus foncés du latino, pour montrer à quel point il était sérieux. « Tu peux te foutre de ce que ça pourrait impliquer, ce n’est pas mon cas. Tu n’as rien à perdre. » Il était étudiant et Dwayne passerait assurément pour le pervers un peu trop vieux pour son élève. Une étiquette dont il avait décidé de se débarrasser des années auparavant. D’ailleurs, c’était bien ainsi qu’il avait l’intention de l’éloigner, il finit par attraper une part de quiche pour lui accorder un regard presque ennuyé. « Tu peux retourner téter tes biberons gamin, et chercher un petit copain de ton âge. » Il n’en voulait certainement pas, de copain. Andy avait cette aura bien particulière du mec qui ne se case pas, qui pense au sexe en à peu près toutes circonstances et qui se fiche bien de ce que les autres pensent de lui. Dwayne avait compris tout ça en passant quelques minutes à lui parler et quelques heures à l’avoir dans son cours. Il l’avait branché alors qu’il n’était pas sûr de son orientation sexuelle, il n’avait pas froid aux yeux et les relations sérieuses ne devaient pas l’intéresser. Il n’en restait pas moins un gamin à ses yeux et c’était bien ainsi qu’il avait l’intention de l’éloigner de lui, de lui faire comprendre qu’ils ne jouaient pas dans la même cours. Andy pouvait bien retourner dans le coins des maternelles, il était un caïd du lycée. Ils n’étaient clairement pas du même monde, ils n’avaient absolument pas le même caractère. Une simple histoire de sexe aurait pu être acceptable s’il n’avait pas à croiser son regard lundi matin en retournant à la fac avec la peur incessante qu’il balance tout à tout le monde. Et s’il n’avait pas seulement vingt ans. Oui, il aurait pu se laisser tenter, se laisser aller, si seulement tous ses critères ne rentraient pas en ligne de compte mais Dwayne était fermé et s’il avait bien compris Andy n’était pas très patient. Il lâcherait l’affaire assez vite selon ses pronostics.  

Il te laisse dire ce que t’as à dire avant de reprendre la parole. Son air assez froid te fait clairement chier. Tu préférais quand il te regardait de cet oeil si gourmand, quand vous ne saviez pas vraiment de quoi tout ça en retournait. Maintenant que tout est clair c’est moins fun. Surtout parce qu’il te met des gros stop dans la gueule. Tu sais que c’est mort avec lui, même si tu tentes avec tes paroles, c’est mort. Tu n’auras pas le plaisir d’écarter les cuisses pour lui. C’est bien dommage parce que ça te fait vraiment trop envie.

Les conséquences sont ce qui l’inquiète le plus et toi t’en as un peu rien à foutre. Du sexe c’est juste du sexe. Deux personnes adultes et consentantes, peut importe le reste, ça devrait s’arrêter à ça. Ca devrait être simple. Sauf que y’en a qui savent pas le faire, alors ça fait des histoires. Des jaloux. Des potins. T’as déjà eu des meufs qui lançaient des rumeurs sur toi parce qu’elles ont pas apprécié que tu ne veuilles rien de plus que leur cul le temps d’une soirée. Mais t’as toujours réussi à être discret à l’université. Tu fais très bien la part des choses. Les mecs c’est tellement moins prise de tête. T’as déjà eu des aventure dans l’enceinte même de l’université. Des passes que tu n’avais pas prévu, mais tu ne laisses pas ce genre d’occasion filer. Tu t’es jamais fait choper. T’as eu de la chance.

Tu l’écoutes dire que tu n’as rien à perdre et tu roules un peu des yeux. Il croit trop que c’est l’affaire du siècle cette histoire. C’est vraiment que du cul et t’es sidéré qu’il mette ça à un rang si haut dans une liste de responsabilité. C’est du fun, c’est tout ce que c’est. Tu préfères ne pas commenter ses conneries parce que de toute façon, il l’ajoute un peu après, il te prend juste pour un gamin. Duh. Tu le trouves trop con, bien qu’il soit super hot. Tu roules de nouveau les yeux en reculant d’un pas.

« Ouais c’est ça… »

C’est du mépris qu’il y a dans ton air et ta voix. Ce prof se prend tellement pas pour de la merde. Tu retournes vers Matty qui est toujours dans l’eau et tu vas plonger à côté de lui. Ce prof va pas te ruiner ton aprem. C’est une occasion manquée, c’est tout. T’as déjà tourné la page, c’est trop une tête de noeud.


Quelques semaines plus tard, tu fais ton sport dans cette nouvelle salle. Elle est plus loin de chez toi mais elle est aussi moins cher, alors t’as changé d’abonnement pour tester. En plus, elle est ouverte 24/24, donc tu peux venir à des heures improbables pour que tous les équipements soient disponibles. Après avoir fait un paquet d’exercices pour entretenir ton corps d’apollon, tu files dans les vestiaires. T’es torse nu, transpiré, t’es seul aussi. Tu te déshabilles et tu vas dans les douches. Il doit être près de 1h du matin maintenant. T’as pas cours demain matin, c’est pour ça que tu te fais plaisir à cette séance de sport nocturne. Tu sors de la douche, tu te sèches un peu. Ton corps est complètement exposé alors que tu retournes du côté des casiers. C’est là que tu vois ton prof dans le vestiaire. Tu poses ta serviette sur le banc et tu ouvres ton casier tout en regardant Dwayne. Tu veux voir s’il te mate.

Dwayne avait bien besoin de se dégourdir un peu les muscles. Il avait eu pas mal de copies à corriger depuis quelques semaines, il avait tenu à faire quelques évaluations de niveau en cours de semestre et il s’était donné une surcharge de travail considérable. Il avait les muscles engourdis à force de rester sur une chaise et devant un bureau à corriger des copies. Ce n’était pas son activité préférée mais en tant que professeur, il ne pouvait pas vraiment y échapper. Il était presque minuit quand il retourna sa dernière copie de la journée et il s’étira longuement. Son dos était douloureux, ses muscles noués, il avait besoin d’un massage. Ou de faire du sport. A outrance. Il réfléchit en jetant un œil à l’horloge de son appartement. La salle de sport qu’il fréquentait depuis la rentrée était ouverte tout le temps, il pouvait largement y faire un saut pendant une heure histoire de se défouler et virer hors de lui toute la frustration qu’il avait accumulé. D’abord sportive puis sexuelle. Puisqu’il était célibataire depuis le lendemain même de ce barbecue maudit. Il avait décidé d’arrêter sa relation en cours, il ne supportait plus être en couple de toute manière et il s’était consacré à son métier de manière obsessionnelle. La conversation qu’il avait eue avec Andy lui avait remis les idées en place. Et il avait été satisfait du mépris qu’il avait manifesté à son égard, il était au moins sûr qu’il ne chercherait plus à le draguer ou à l’aguicher. Dwayne sauta de sa chaise et partit en direction de sa penderie pour y prendre son jogging, son débardeur de sport, ses baskets et ses chaussettes et pour fourrer le tout dans un sac. Il se changerait là-bas. Il eut beau se presser, il ne devait pas être loin d’une heure du matin quand il se pointa à la salle et qu’il se dirigea vers les vestiaires pour revêtir sa tenue. Il entendit la douche mais n’y prêta aucune attention et il retira son t-shirt quand un mouvement derrière lui l’obligea à se retourner. Il remarqua immédiatement la mine sombre et les traits fins du latino auquel il pensait justement quelques minutes plus tôt en faisant le récapitulatif de ses frustrations de ces dernières semaines. Il avait du mal à croire à une coïncidence mais plutôt à un sacré doigt d’honneur de la part du destin. Si bien sûr il avait cru un jour à ses choses-là. Mais quand il se rendit compte, par-dessus le marché, qu’il était dans le plus simple appareil et qu’il se contentait juste de se sécher avec une serviette de manière totalement impudique, il se demanda si quelqu’un n’avait pas œuvré pour lui tendre un piège. Lorsqu'il s'approcha de son casier en prenant soin de le regarder, Dwayne laissa ses yeux glisser probablement trop longtemps sur lui mais il se détourna quand il s'en rendit compte. Ils ne s’étaient pas quittés en très bon termes et il n’était pas sûr que le jeune homme veuille causer. Lui n’avait aucun problème, il avait fait ce qu’il fallait pour se protéger de tout problème éventuel mais il devait avouer qu’il avait la très nette impression que la température venait d’augmenter de quelques degrés. Il se précipita tellement à enfiler son débardeur qu’il ne prit pas conscience qu’il venait de le mettre à l’envers et il entreprit de retirer son pantalon sans la moindre gêne. Il n’allait pas se laisser troubler par un jeune homme de vingt-et-un ans alors qu’il l’avait franchement recalé quelques semaines plus tôt. « Je pensais être le seul fou à venir aussi tardivement ! » Oui voilà, parler d’autre chose, avoir l’air de rien mais rester poli malgré tout, ne pas faire comme s’ils ne se connaissaient pas puisque ce n’était pas le cas. Mais il préférait largement oublier ce qu’il s’était passé au barbecue pour pouvoir passer à autre chose plus rapidement. D’ailleurs, il ne s’était rien passé du tout au barbecue. Ils avaient discuté, Andy était allé trop loin, Dwayne l’avait recadré et à aucun moment, il n’avait maté son corps comme il l’avait encore quelques minutes auparavant. Décidément, quelque chose clochait réellement chez lui, c’était incontrôlable, plus fort que lui.

Bingo. Il te mate. Il se perd même dans sa contemplation parce que tu le crames s’en rendre compte et détourner le regard. Ca te fait sourire en coin. T’es bien fier de ton petit effet. Par contre ce qu’il risque de se passer c’est que tu deviennes hard dans pas longtemps parce que t’es en pleine exhibition sous ses yeux et ça t’excite beaucoup. T’as tourné la page sexy prof après le barbecue. Pas comme s’il avait déjà été réellement à l’ordre du jour à part ce samedi après midi chez la tante de Matty. Ton subconscient s’est chargé de te faire penser à lui quelques nuits. Rêvant que tu te faisait pilonner par ses soins. Ca reste un grand fantasme. Alors le voir là maintenant, ça réveil carrément tout ça. Tu prends ton temps afin de rester entièrement nu sous ses yeux par pur plaisir d’être maté. Tu continues de te sécher et voilà que Dwayne prend la parole. T’es surpris. Tu pensais pas qu’il ferait une quelconque remarque. Vu ce qu’il t’a mis dans la tête l’autre jour, t’aurais cru qu’il esquiverait tout contact avec toi. Surtout s’il se trouve que t’es complètement à poil.

« On a eu la même envie. »

Direct. Le double sens ne se loupe pas. Ta queue qui se durcit non plus, ça ne se loupe pas. La simple pensée de sa présence alors que t’es complètement nu t’excite trop. En plus, tu ne fais rien pour te cacher. Tu continues de te frotter avec ta serviette ici et là, t’attardant un peu sur ton entrejambe…

Tu fais tomber ta serviette par terre et tu te penches pour la récupérer. Tu fais un peu ton show avec ta mi-molle apparente. Tu te redresses en cherchant ton prof des yeux. Tu ne bouges pas de là où t’es.

En captant le regard d’Andy, il sut à la seconde qu’il n’avait pas loupé son professeur en train de le mater ouvertement et il s’efforça de détourner les yeux. Mais il ne pouvait pas vraiment s’étonner de sa réaction, il avait toujours su que les hommes l’attiraient bien plus que les femmes et faire semblant d’aimer les courbes gracieuses de ces dernières était un exercice fatiguant. Et même s’il arrêtait un jour de prétendre qu’il pouvait faire sa vie avec quelqu’un du sexe opposé, son corps était clairement attiré par la gente masculine, il ne pouvait pas le nier. Il se détesta aussitôt qu’il prit la parole. Il n’aurait pas dû entamer la conversation. Le jeune homme l’avait clairement méprisé la dernière fois qu’ils s’étaient parlé et Dwayne l’avait bien fait exprès. Il avait dès lors pris soin de discuter avec lui de la fac et des cours et leurs conversations pouvaient se résumer en trois mots. Mais malheureusement, il n’avait pas pu s’en empêcher, un peu comme le regard qu’il lui avait porté, tout était plus fort que lui. Ou du moins, il n’essayait pas d’être plus fort que ça. Il finit d’enfiler son jogging et se plaça sur un banc pour pouvoir nouer ses chaussures.  « On a eu la même envie. » Il était en train d’enfiler la première quand la voix du jeune étudiant lui parvint et il releva les yeux. Et en le faisant, il ne put évidemment rater la réaction tout à fait évidente du jeune homme à sa présence. Ou alors Andy s’excitait sacrément vite, Dwayne n’avait rien fait. Il releva les yeux vers son visage pour voir qu’il s’amusait clairement de ce petit jeu et Dwayne en oublia une seconde de lasser ses chaussures. En le voyant se frotter avec sa serviette alors qu’il était parfaitement sec et à continuer de se balader complètement à poil alors qu’il commençait à avoir une érection, Dwayne ne put s’empêcher de regarder malgré lui le show que lui offrait le jeune homme. Il finit par secouer légèrement la tête, comme pour se remettre les idées en place. « Est-ce que tous les colombiens sont aussi impudiques que toi ou tu fais juste une exception pour moi ? » Demanda-t-il dans un demi-sourire, sérieusement curieux. Il était américain après tout, élevé dans une famille traditionnelle qui recommandait de ne pas s’exhiber de la sorte n’importe où. Et surtout pas devant n’importe qui. Peut-être les traditions en Colombie étaient-elles différentes et ce genre de comportement parfaitement normal, et non dirigé contre lui dans le seul but de le narguer. Ou de l’exciter. Ce qui, à son grand malheur, était en train d’arriver. Il avait la chance d’avoir encore un minimum de self-control mais il avait du mal à ne pas laisser son regard s’attarder et il se maudissait clairement tout en se disant que regarder n’était pas toucher. Il venait de nouer sa première chaussure quand il sentit les muscles de son dos lui rappeler combien il était resté assis trop longtemps. Il poussa un soupire en se redressant, passant une main sur sa nuque pour essayer de détendre un peu ses muscles engourdis, une grimace de douleur sur le visage.

Ton show ne le laisse pas indifférent parce qu’il te demande à propos de ta capacité à rester à poil depuis tout à l’heure, sous ses yeux. Ca te fait sourire en coin. Tu te dis en même temps que ça suffit pour le spectacle. Qu’il est temps de te mettre tes fringues sur le dos. Mais tu vas prendre tout ton temps. De toute façon, lui, est presque prêt à partir, donc ça ne va pas durer encore très longtemps.

Comment répondre à son interrogation ? Tu te tournes vers lui, afin qu’il ait la meilleure vue possible sur ton anatomie.

« Ca doit être un truc de colombiens ouais. »

T’as pas envie qu’il pense que c’est spécial pour lui alors que c’est la pure vérité. Tu la joues passif pour tenter de l’atteindre d’une façon ou d’une autre. Tout porte à croire que ça fonctionne et t’en es ravi. Tu te lèches les lèvres en le regardant. Tu te retiens de dire plein de choses qui te passent par la tête. Des choses très direct. Non. Il est ton prof. Il t’a mis en garde. Tu sais que c’est du sérieux, qu’il pourrait être dans la merde. Toi non plus tu veux pas être enrôlé dans une histoire scandaleuse. Tu veux pas te faire virer de l’université. Tu veux juste qu’il te baise sans aucune autre conséquences.

« Mais c’est normal dans des gyms non ? »

Ton anglais n’est pas toujours au top, mais tu te fais toujours comprendre, c’est l’important. Tu prends ton boxers et tu l’enfiles même si tu préférais être à l’air. Il n’aura plus que le reste de ton corps à admirer. Il se passe une main sur la nuque et tu admires les muscles de son bras. Il est vraiment trop bien foutu.

La situation commençait à le tendre sérieusement. Ils étaient seuls dans des vestiaires, à priori la salle de gym devait être complètement vide et Dwayne avait clairement passé trop de temps à corriger des copies et pas assez à s’occuper des tensions qui le parcouraient. Et pas seulement celles de sa nuque et de son dos. Il grimaça légèrement en sentant qu’il réagissait un peu trop au show du colombien. Et pas seulement parce qu’il le dévorait des yeux depuis de longues minutes et ne perdait pas une miette du spectacle qu’il offrait. Parce que le jeune homme était vraiment bien bâti. Il sentit ses pensées dévier vers un sujet qu’il ne pourrait pas contrôler et il préféra se concentrer sur la bouche du garçon quand il lui répondit. « Ca doit être un truc de colombiens ouais. » Il ne put retenir un rire devant la nonchalance du jeune homme. Décidément, il était complètement décomplexé et il n’avait pas peur des conséquences de ce qu’il pouvait faire. Il était insouciant et visiblement il savait ce qu’il voulait. Mais il était bien trop jeune, il était son étudiant. Il aurait dû rester à l’écart. Il finit par secouer légèrement la tête en frottant sa barbe de sa main. « Je suis pas sûr que tu tentes ce genre de truc devant une dizaine d’hétéros qui pourrait très mal le prendre. Surtout si tu les regardes comme ça. » Il releva les yeux vers les siens et il eut un sourire en coin. A quoi bon prétendre faire partie des hétéros haineux ? Il n’avait rien loupé de l’anatomie du jeune étudiant, il n’allait pas commencer à lui dire qu’il n’avait jamais été attiré par le corps d’un homme et qu’il ne comprenait pas ce qui était en train de lui arriver. Il aimait être franc et direct, il n’aimait pas le mensonge et la duperie et c’était sûrement pour ça qu’il appréciait autant la compagnie du jeune homme et qu’il avait du mal à se taire, à faire comme s’il n’était pas là. « Mais c’est normal dans des gyms non ? » Il secoua légèrement la tête d’un air dépité tandis qu’Andy enfilait son boxer. Dwayne se secoua un peu les puces et essaya de ne plus prêter attention au jeune homme et se redressa après avoir fini d’enfiler sa seconde chaussure. Il prit sa bouteille d’eau et avança vers Andy. Le jeune homme était proche des robinets et il allait devoir passer à côté de lui pour s’y rendre. Il le fit d’un pas décidé et sans hésiter. Mais il était tant concentré pour ne pas jeter un œil au jeune homme et de ne pas faire le moindre écart qu’il ne vit pas que l’étudiant avait laissé de la flotte sur son passage au retour des douches et son pied nouvellement chaussé glissa dans une flaque. Et au lieu de se retenir au mur le plus proche, au casier à côté de lui, la première chose qu’il attrapa fut apparemment le bras de son étudiant et il l’entraîna avec lui dans sa chute. Il atterrit lourdement sur le dos et reçut comme punition les muscles du colombien directement dans le ventre. Il expira bruyamment. En se rendant compte de ce qui venait de se passer, il eut un fou rire absolument incontrôlable qui se bloqua dans sa gorge quand il croisa les yeux du jeune homme qui se trouvait toujours au-dessus de lui et il déglutit en constatant leur proximité plus que flagrante.