Rien n’a de sens. Voilà quelques mois (quatre tout au plus) qu’il est parti, et, déjà, c’est le monde à l’envers. Les colonisateurs sont désormais traités avec respect et bienveillance, ceux-ci s’instruisent quant à leurs langues et coutumes… Mais, le pire dans tout ça, c’est sa sœur. La divine Pocahontas, aimée de tous et surtout adorée des hommes, semble s’être éprise d’un européen.

En temps normal, Isha n’est pas un mauvais frère ; loin de là. A l’écoute et altruiste, il sait se montrer ferme mais reste toujours pragmatique. Il aurait sans doute pu accepter ce nouvel amour et encourager sa cadette, envers et contre les protestations de son entourage. Pourtant, cette fois-ci, il est loin de réagir ainsi. La jolie brune ne comprend d’ailleurs pas ce qui provoque cette fureur, ce jour-là. Il a été clair et net ; plus jamais elle ne doit le voir. C’est contraire aux traditions et il ne lui offrira que du malheur. Elle n’a pas cherché à se dresser contre lui et s’est plutôt réfugiée quelque-part. Quant à lui, le valeureux guerrier respecté, il erre dans la forêt en espérant une certaine rencontre.

Ceux qui ont eu vent de la colère du futur chef l’ont compris comme le résultat d’une tendance à la surprotection. Seul lui-même sait qu’il n’en est rien. Pour une fois, il agit égoïstement, mais ce serait mentir que d’affirmer qu’il s’en fiche. Il culpabilise déjà, mais ne peut se résoudre à penser au bonheur de Pocahontas ce jour-là. Pas alors que le fameux colon qu’elle convoite a une place toute particulière dans son cœur à lui aussi. Jamais il ne l’avouera (c’est déjà assez difficile de se l’admettre) mais ce James Doe hante ses pensées depuis qu’il a dû partir dans l’urgence. Il ne comprend pas bien pourquoi, mais c’est indéniable.

Dès l’instant où ils se sont rencontrés, quand leurs regards à la fois intrigués et méfiants se sont croisés, il a compris ; qu’il était fichu, tombé dans le piège d’un jeune homme qu’il ne connaît même pas et qui bouscule toutes ses certitudes sans le moindre remord. Il l’attire comme personne d’autre. Et pour ça, idiotement, il lui en a voulu. Mais à présent qu’il est enfin revenu de ces longues semaines, il n’a qu’une hâte ; le retrouver, même s’il se flagellerait pour sa niaiserie. Alors il s’approche, lentement mais sûrement, du campement, tout en prenant soin de rester à l’ombre dans la forêt, dissimulé parmi les arbres. Hors de question que quelqu’un d’autre ne le voit.

James se promenait tellement souvent à travers les forêts qu'il en connaissait désormais la moindre parcelle. Il le devait pour beaucoup à la belle Pocahontas qui lui avait montré tout les repéres et beaucoup des endroits les plus merveilleux de leur terre. Terre qu'il aimait au delà du mesurable. Il avait beaucoup voyagé en tant que soldat car Londre lui était toujours parrue comme trop petite, les citoyen trop égocentriques ne cherchant aucunement la sincérité dans les rapports humain. Rien de semblable ici. Parmis ce peuple, il apprenait que l'entraide existait encore et que chaque jour on pouvait apprendre de soi et des autres... Il ne croyait pas vouloir repartir un jour. Il aidait à constuire le fort le matin mais passait ses aprés midi à discuter avec les membres de la tribus, à étudier leur langue, leur apprendre la sienne, échanger sur leur culture et leur croyance. De tout le bateau c'était lui qui s'était le mieux intégré ici, il avait même un rôle particulièrement important auprès du chef . Son amitié priviliegié avec leur princesse en avait été la cause mais en avait découlé une relation particuliére avec tout les autres princes et princesses pour qui ils étaient insdispensable de les connaitres pour mieux traiter avec eux. Tout sauf un, l'ainé , Isha.

James avait mit ça sur le compte de sa position, il serait le futur chef. Il le regardait souvent et étrangement ça ne le génait pas tant que ça, il ne voyait aucune haine dans ses yeux, une curiosité différente des autres, de l'incomprehension, un peu de colére oui mais pas de haine. Le colon avait longtemps parler de lui à Pocahontas, son caractère, ses  habitudes. Après tout il serait un jour celui qui deciderait si cette entente continuerait ou pas. Son interêt était donc toujours justifié même quand Isha partie en expédition . Sa sœur parlait de lui d'autant plus ces derniers jours qu'il allait revenir. Elle s'était faite une joie jusqu'à ce que celle ci s'efface après une conversation avec lui. Elle l'avait retrouvé pour venir se plaindre et il avait du lui faire repeter plusieurs fois tant elle parlait trop vite pour le néophyte qu'il était. L'anglais finit par comprendre que son frère lui avait interdit de le voir et il fronça des sourcils. Cela n'augurait rien de bon pour leur colocation. Le corps divinement bien proportionné de Pocahontas se jeta dans ses bras et il la serra lentement contre lui. Il savait pourtant que l'amérindienne avait quelques sentiments pour lui, il pressentait que sa façon de lui parler des rituels de mariages n'avait rien d'innocent... James était un soldat de carrière et durant ses voyages il avait rarement dis non à une femme. Sauf que celle ci était princesse et que quelque chose t'arretait. Tu n'en appréciais pas pour autant qu'on veuille vous séparer. Embrassant instinctivement ses cheveux dans un geste plus fraternel, il entend un bruit dans les feuillages. Ils n'étaient pas seuls et il préssentait qui c'était. « Vas t'en, retourne au village » qu'il souffle à l'indigéne avant d'aller vers lui... vers Isha. « Je n'allais pas lui faire de mal... je lui en ferais jamais » prononce t'il en ayant l'impression de parler à un buisson . Cela faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas vu, il se demandait si ses traits auraient changés ou s'il était juste devenu plus réfractaires à eux.

Cette journée aurait dû être parfaite. Elle avait pourtant si bien commencé ; l’accueil chaleureux de son père et de ses frères, tous heureux du retour de l’aîné. Les retrouvailles avec sa cadette ont été douces, une longue étreinte témoignant de leur affection et du manque qu’a créé l’expédition. On lui a même annoncé qu’un banquet en son honneur serait organisé le soir-même. Et puis, empreinte de toute l’innocence qui la caractérise, Pocahontas a cru bon de lui annoncer son nouveau béguin et sa relation privilégiée avec le fameux colon Doe. Et là, la joie ambiante s’est évaporée. Les traits d’Isha se sont fermés, son visage assombri. D’abord simplement secoué par l’agacement, c’est bientôt une véritable colère qui est venue ébranler le jeune homme. Envers elle, mais également contre lui-même ; il s’est reproché d’être parti sans mettre en garde sa jeune sœur au préalable. Il aurait dû trouver une excuse valable, lui faire peur peut-être pour qu’elle ne songe pas à approcher ce James. Peut-être qu’il l’aurait ainsi privée d’une belle amitié, mais qu’importe ; savoir qu’elle songe au brun comme à son futur compagnon le met dans tous ses états. Et si personne ne s’est vraiment opposé à son emportement injustifié, il a parfaitement conscience d’avoir suscité l’interrogation ; en particulier du côté de la jolie brune, muette de stupeur et des larmes au bord des yeux. Il a détourné le regard pour échapper à cette vision pathétique. Et il est parti.

Il aurait dû se douter qu’elle allait se réfugier auprès du principal intéressé. Elle est tellement prévisible, finalement. Et cette simple vision, de ces deux êtres aussi proches et complices, le révulse. Il songe d’ailleurs à rebrousser chemin, à se faire violence pour détester cet homme et oublier que c’est sa sœur qui l’intéresse. Sauf qu’il n’en a pas le temps, James l’a vu. Et voilà qu’il s’approche déjà de lui. Très rapidement, le futur chef reprend une contenance, adopte une attitude intimidante et sévère. Il sort de l’ombre réconfortante de la forêt pour s’approcher de son interlocuteur, lentement. « Tu n’en auras pas l’occasion, de toute manière. » Son ton n’est pas hostile, même pas sec. Simplement neutre, et il ajoute d’ailleurs un haussement d’épaules quand il reprend ; « tu ne la verras plus. »

Il prend quelques secondes pour le détailler, ancrer à nouveau ses traits à son esprit. Il n’a pas tellement changé ; ses cheveux et sa barbe ont poussé, mais son visage est resté à l’identique. A son plus grand désarroi, il ne peut que constater l’évidence ; il plaît à Pocahontas certainement autant qu’à lui. « Je pensais que vous seriez partis à mon retour. C’est ce que tu m’avais dit. » Probablement ce qui était prévu également. A cette annonce, il avait fait son possible pour cacher sa déception et partir la tête haute. Et pourtant, le voilà encore, devant lui. Il n’avouera pas à quel point il en est soulagé.

James avait eu vite fait d'écarter Pocahontas. La jolie amérindienne ne craignait pas grand chose de son frère s'il ne se trompait pas. Impossible pour lui de penser que cet être qu'il avait rencontré puisse faire du mal à sa sœur et cela combien même sa future position serait chef de son peuple, guérrier et sage... Non le colon avait encore un souvenir très doux d'Isha. Le jeune homme avait toujours semblé vaillant et bienveillant, utilisant sa musculature et son agilité au combat, son cerveau avant de prendre une décision et surtout son cœur afin d'être sûr de prendre les bonnes décisions. Le colon avait souvent parler de lui à son père dans un vieux tipi enfumé de calumet, à comparer ce que leur chef devait inspirer contre l'image que donnait la royauté anglaise. Cela en avait rajouté à une certaine fascination et curiosité pour qui deviendrait Isha et une envie d'être là pour l'observer et pourquoi pas le guider vers le chemin d'une certaine  modernité même s'il n'avait aucune envie de briser ce qui faisait l'essence de leur mode de vie. Oui il avait encenser Isha , influencer peut être par les propos de sa sœur mais surtout à force d'apprendre à le connaître plus ou moins de loin.

Alors non il ne croyait pas qu'il ferait du mal à Pocahontas, mais qui savait si à lui ? Pensait il comme une poignée de pohwatan qu'il n'avait pas sa place parmi eux ? Était il devenu l'ennemi à ses yeux. En tout cas ils les fixaient, essayant de se juger sans doute. Jusqu'où tout avait changé ? « Tu prendrais les armes pour m’empêcher de la voir ? Vraiment ? » Attrapant la tienne tu la jetais en sa direction « Fais donc Isha... Mais saches que ton père n'a rien contre notre relation »  La qualifier de relation était sans doute dangereux même s'il ne savait pas à quel point. Peut être même se trompait il de mot, il utilisais une langue qui n'était pas la sienne de toute façon.

  « Désolé de te décevoir... le bateau est reparti oui , pour faire un rapport à la couronne, dire qu'ici il n'y avait pas ce qu'elle aurait voulu... » Oui au lieu d'or, ils avaient trouvé un terre pleine d'opportunité, peut être que d'autre famille viendraient dans six mois ou un an. Tout plutôt que des prisonniers dangereux expatriés dans le seul but de creuser. James voulait tellement mieux pour ce nouveau monde, le bâtir ensemble. « Encore une fois ton père, le chef actuel, celui qui a encore le pouvoir de décider, si tu l'avais oublié, est au courant...et puis je pouvais pas partir. » Pour retrouver un peu de sérénité, ou échapper au regard d'Isha bien trop différent et difficile à vraiment cerner, James caresse avec délicatesse le tronc d'un arbre. Il aimait cette forêt, il aimait ce peuple il n'avait pas pu partir avec les autres, comme s'il pressentait qu'il avait autre chose à trouver ici . « Isha... » reprit il en le regardant de nouveau. « On fait tous des efforts pour que cela se passe bien... ne brise pas tout pour rien du tout. » Il s'approcha de lui . « Tu sera un merveilleux chef, laisse moi être là pour le voir, non ? »

Il voit bien que le colon n’y comprend rien. Il se méprend, doit sûrement penser qu’Isha ne le trouve pas assez bien pour sa sœur. Qu’il agit là simplement en tant que grand-frère qui veille sur les siens. Or, il n’en est rien. S’il savait que ses motivations sont, pour une fois, horriblement égoïstes…

« Il n’a jamais été question de prendre les armes pour une chose aussi futile. » Il sait comment se comporter avec sa cadette, ne doute pas qu’il arrivera à lui faire entendre raison et, par conséquent, à la convaincre de ne plus fréquenter le brun. Seulement, les remarques suivantes le font serrer les poings et crisper les mâchoires. Mais il ne dit rien, le laissant poursuivre. Par respect ou curiosité quant à la tournure que prendra la conversation, il n’en sait rien. Il comprend alors que James aurait pu partir en même temps que le bateau, mais qu’il ne l’a pas fait, qu’il a décidé de rester. Même s’il en est plutôt soulagé, l’indigène ne se fourvoie pas ; il n’est pas stupide et sait parfaitement que c’est Pocahontas qui a motivé son choix.

Et ça le frustre autant que ça l’énerve, l’attriste même. Seulement, comme on le lui a toujours appris, il ne laisse rien paraître et s’applique à conserver cet air fier et vaillant. Alors qu’à l’intérieur, ça bouillonne. « Tu ne devrais pas t’avancer sur de telles sottises. Il est parfaitement évident qu’entre elle et toi, il n’y a aucune relation qui tienne. » affirme-t-il en faisant quelques pas vers lui, sans réellement s’en rendre compte. « Mon père ne cautionne rien de tel, et tu ferais mieux de ne pas considérer cette entente comme acquise. Pocahontas est déjà promise, de toute manière. » Il n’y a dans ses paroles rien de faux – malgré sa fureur, il reste un homme juste et honnête. Peut-être un peu trop affecté par les événements, mais il n'en montrera rien.

Il ne peut s'empêcher de froncer les sourcils ; il n'a aucune envie de briser cette collaboration qui s'installe peu à peu entre les deux peuples. Il en est heureux d'ailleurs et est assez réfléchi pour comprendre que ces Européens pourraient leur apporter beaucoup. Seulement, il y a un point noir à l'équation ; ce foutu rapprochement. Il ne demande pas grand-chose si ce n'est qu'il se désintéresse de la belle brune.

En le voyant s'approcher, il a un mouvement de recul instinctif, comme si craignait de se brûler les ailes auprès de lui. Néanmoins, il doit se faire violence pour ne pas se montrer impressionné par son compliment. Hors de question qu'il ne se mette à rougir. « Tu n'as rien compris, hein ? » lance-t-il alors qu'un mince sourire empli d’une sorte de tristesse difficile à cerner fait son apparition à la commissure de ses lèvres. « Je n'ai jamais dit que je voulais que tu partes. » A ne pas confondre avec je voulais que tu restes. « Tu dois juste l'oublier elle, rien de plus rien de moins. » Tandis qu'il s'adosse contre le tronc d'un arbre, il passe une main dans ses cheveux, feignant la nonchalance quand il souhaite finalement masquer son trouble. « Ne brise pas ma confiance, c'est tout ce que je te demande. »

« Une chose aussi futile ? » répéta James de plus en plus déboussolé par le comportement d'Isha. Est ce qu'il s'inquiétait pour sa tribu, pour sa sœur , est ce qu'il fuyait le combat ? Non impossible qu'il ai tant changé que ça . Le colon lui , en tout cas , ne l'avait pas vraiment fait. Il était toujours porteur d'espoir concernant cette terre, la façon dont il pourrait y vivre ensemble, apprendre des uns et des autres. Les différents voyages, les rencontres mais aussi le fait de vivre dans le combat perpétuel l'avait poussé à vouloir plus : bâtir plutôt que détruire.

Il ne tente pas de cacher sa surprise. Pocahontas a bien évidement oublier de lui parler d'un éventuel fiançé. Il n'éprouve aucune jalousie, ne l'envisage pas de cette manière mais il n'est nullement étonnant que la famille du chef garde des secrets , combien même James soit l'anglais en qui ils faisaient le plus confiance. « Promise à un homme qu'elle n'aime pas... Finalement on se rapproche de ce qui se fait chez moi sur certaine chose. Les princesses sont des marchandises... c'est triste. Mais ça n'enlève rien au fait que je suis ici, que je le reste »

Il veux voir l’avènement d'Isha, veux le voir mener cette tribu plus loin. Il s'approche et son interlocuteur recule. James soupire de nouveau « Explique moi alors... » Il l'écoute attentivement mais n'est pas plus fixé, il s'approche encore comme si la proximité allait provoquer une réaction qui éclairerait tout. Toutefois à part de l'agacement et une fébrilité qu'il expliquait mal : non , il n'arrivait pas à saisir les rouages du cerveau du prince indien. «  Ta confiance ?  Elle ne tient qu'au fait que je vois ta sœur ou pas ? Je pourrais t'aider à comprendre le reste du monde , à parler leur langage, je pourrais aimer ton peuple, ta terre … tout ! » Il était désormais à quelques centimètre de lui et posa sa main sur le tronc , à coté de sa tête. « Mais il ne faut pas que je vois Pocahontas ?! Pourquoi ? On ne fait rien qui peux mettre en péril son future mariage ! Fais lui confiance, fais moi confiance Isha ! » Il attrape sa main et la pose sur son cœur, comme lors d'un rituel qu'il a vu célébrer par son père . « Je peux pas m'éloigner de vous... j'aime votre famille depuis le premier pas que j'ai fouillé sur ce continent ! Si je m'éloigne de Pocahontas, je m'éloigne de vous tous alors j'aurais du prendre ce bateau, rentrez chez moi sauf que mon chez moi maintenant c'est ici bordel ! Isha ! Je veux bien suivre tes instructions comme ceux de ton peuple mais je ne serais pas un chien qui ne réfléchit pas, qui ne discute pas. Donne moi une bonne raison pour laquelle notre amitié avec ta sœur est une menace ? !? »

« Je peux pas m'éloigner de vous... j'aime votre famille depuis le premier pas que j'ai fouillé sur ce continent ! Si je m'éloigne de Pocahontas, je m'éloigne de vous tous alors j'aurais du prendre ce bateau, rentrez chez moi sauf que mon chez moi maintenant c'est ici bordel ! Isha ! Je veux bien suivre tes instructions comme ceux de ton peuple mais je ne serais pas un chien qui ne réfléchit pas, qui ne discute pas. Donne moi une bonne raison pour laquelle notre amitié avec ta sœur est une menace ? !? »

Ma main sur son cœur, je ne sais que dire, que faire mais je ne baisse pas le regard, préférant me plonger dans ses iris. Prêt à succéder à mon père mais pourtant tant de questions subsistent. Au-delà de savoir si je serais un bon guide pour mon peuple. Un mari digne.

Déjà qu’en tant que fiancé, il faut l’avouer que je ne suis pas le bon gendre. Je ne peux refuser cette obligation. Il ne peut pas s’éloigner de nous et pourtant, cela résoudrait une question. Je serre la mâchoire. J’avais une raison mais elle était inaudible. Non, une telle déviance est infâme de ma condition. Pourtant … Je reste impassible.

Maelstrom de sentiments. Etat que je ne devrais ressentir. Je le hais de m’affaiblir. Lui expliquer au travers de mon froid regard. J’en doute qu’il puisse percevoir la lueur qui git au fond.



Durant mon absence, j’ai compris. Tenir et revenir victorieux, était indubitable. Mais j’ai su, que je demeurais vaillant à la seule pensée de le revoir. Faible. Je le suis. Il est un ennemi. Mais guère comme on pourrait le penser. Et cela me fait peur. Je décide d’en avoir le cœur net et je nous tire loin des regards autant que possible.



Je pourrais toujours prétexter une fièvre pour justifier mon acte. Deux pas, je souffle, apeuré. Comment ai-je pu en arriver à cet acte ? Il est dans l’attente, son perçant regard qui me foudroie sur place. Cesse de réfléchir et tu sauras.

Mes deux mains s’emparant de son visage et je dépose mes lèvres avec force et fougue sur les siennes. Le temps de réaliser ce qui m’a tenu sur le champ de bataille.



Et j’ai mal de le découvrir. Interdite relation ? Voué à l’échec. Et pourtant, je suis là, à lui faire comprendre ce que j’enterre depuis des semaines dans les tréfonds de mon être.

Le souffle me manque et je me recule. Je lui parle durement, froidement. Un goût d’encore sur mes pulpeuses. Faible que je suis, je pourrais réitérer la folie. Cœur qui se serre, à cette révélation.

« Ne me pose plus jamais la question, à présent. »