J'étais réellement nerveux à l'idée de ce départ. Ben oui, déjà, Joshua était amoureux de moi. Et je sortais avec lui. Avec un mannequin. Moi, on m'a bien regardé ? Un petit cancéreux tout maigre avec une coupe de cheveux à chier et un style vestimentaire basique. Rien que ça, ça devrait me convaincre que tout ça n'est qu'un rêve. Mais alors, je vais m'envoler pour New-York alors que je n'ai jamais quitté ma ville. Pour aller vivre avec lui. J'allais prendre l'avion en sa compagnie et j'allais connaître la vie qu'il menait depuis qu'il avait réussi sa carrière. J'allais rencontrer ses collègues et surtout ses amis. Son manager, aussi. Tout ça me rendait réellement nerveux et ça se voyait clairement.

En tout cas, lui il l'a vu, puisqu'il se déplace vers moi pour me prendre dans ses bras et me rassurer. J'écoute attentivement ses paroles et je lui souris souvent en hochant la tête. Je mordille ma lèvre tout de même, parce que le stress ne faiblit pas totalement... Il y a des restes. Il y en aura toujours, d'ailleurs. Comment je vais faire quand il rencontrera des gens beaucoup mieux que moi ? Je ne sais même pas si je vais pouvoir être à sa hauteur et savoir lui faire confiance. Mais là, c'est encore le cadet de mes soucis. J'aurais le temps d'y penser quand il partira en voyage professionnel. J'aurais clairement le temps de me faire tous les films possibles.

Il m'embrasse, je réponds à son baiser avant de soupirer lourdement, tentant d'effacer la tourmente qui m'habite. Je le suis docilement avec ma bouteille d'oxygène et je me sens coupable qu'il prenne toutes les valises. Mais je le laisse faire, parce que je n'ai pas le coeur à me battre avec lui pour ça. Alors je ne fais que le suivre en me traitant d'abruti. De toute façon, il ne me laisserait jamais faire. Bon, je me rattraperais chez lui en faisant le ménage. Je ne veux pas être un assisté à ses yeux, alors il aura tout intérêt à me laisser faire.

Ses collègues sont vraiment sympathiques. Ils ne me posent aucune question concernant ma maladie, ils préfèrent même me raconter des anecdotes ridicules sur Joshua, mais je n'écoute qu'à moitié. C'est marrant, oui, mais ça ne le dégrade pas, de toute façon. Il restera toujours extraordinaire à mes yeux, quoi qu'il fasse. Il pourrait se renverser une assiette de pâtes à la bolo sur la tête que je trouverais ça sexy. Oh, je suis peut-être un peu fou... Ou alors, c'est l'amour qui fait ça. J'opte pour la deuxième option.

Nous arrivons rapidement à l'aéroport où nous pouvons enfin être tous les deux. Je me blottis alors contre lui et hausse les épaules à sa question.

« Non, pas du tout. Ils sont même très sympathiques, je trouve. »

Je suis bien calé contre lui, malgré ça, je me redresse pour attraper la bouteille d'eau fraîche et en boire quelques gorgées. Puis je cherche son regard et adopte une petite moue triste d'enfant mécontent.

« Dis... J'aimerais bien que tu me laisses prendre ma valise. Tu sais, elle a des roulettes... Je me sens coupable de te laisser la prendre. »

C'est vrai, il ne faut pas qu'il s'habitue à tout faire pour moi, pour quelque raison que ce soit. Il pourrait me dire qu'il le fait parce qu'il m'aime, ça m'est égal. J'ai vraiment besoin de cette indépendance, aussi minime soit elle.

« Et si tu veux, pas, bah je ferais le ménage chez toi pour me venger. »

Je souris. Quelle menace ! Je suis pas certain qu'il ait eu peur... Mais bon. J'aurais tenté. Je profite du moment d'attente pour me replonger dans ses bras. Une petite session câlins c'est toujours rassurant pour un pauvre paysan qui prend l'avion pour la première fois. Mais elle fut malheureusement trop courte pour moi. Nous arrivons à l'heure fatidique où il faut monter dans l'appareil. Je le suis toujours docilement, laissant faire les contrôles et tout le toutim avant d'entrer dans l'avion. Bon sang, la première classe, c'est vraiment... Classe ! Chaque personne a son siège indépendant, tout est en cuir, il y a même un écran incrusté dans le dossier du siège devant le mien. J'en ai des étoiles dans les yeux...

« Alors ça, c'est ton quotidien, hein ? » dis-je une fois installé à côté de lui, côté couloir.

Non, je ne voulais pas voir ce qu'il allait se passer dehors. Je préférais garder mon souffle et être ignorant encore un peu. Contre toute attente, le décollage se passe bien, dans le sens où je n'ai pas si peur, finalement. Je me sens même comme un gosse dans des montagnes russes. Je m'amuse bien, tandis que Josh s'inquiète de mon état, je le rassure en serrant ses doigts entre les miens et avec un sourire.

« En fait, c'est ultra cool de voler ! »

« Non, pas du tout. Ils sont même très sympathiques, je trouve. »

Adorables oui ils l'étaient, je n'étais pas amis avec pour rien. Mais j'avais peur qu'ils ne soient un peu trop envahissant vis à vis de Sam. Ca faisait certainement trop longtemps qu'elle n'avait pas eu à supporter une telle horde de personnes lui tombant dessus. Alors je m'inquiétais, sûrement beaucoup trop, mais je n'arrivais pas à m'en empêcher.

« Dis... J'aimerais bien que tu me laisses prendre ma valise. Tu sais, elle a des roulettes... Je me sens coupable de te laisser la prendre. »

Je ne répondis pas, le laissant espérer que ce serait le cas. De toute façon la valise avait déjà été embarqué pour être installé dans la soute de l'avion. J'espérais qu'il soit assez fatigué par le vol pour oublier son idée ridicule et me laisser porter les deux valises pour rentrer chez moi, chez nous maintenant.

« Et si tu veux, pas, bah je ferais le ménage chez toi pour me venger. »

J'éclatais de rire à sa menace. Putain il était vraiment beaucoup trop mignon. Je l'aimais vraiment beaucoup trop. Ca me frappait à certains moments. Je le regardais et je me disais à quel point je l'aimais et à quel point j'étais heureux de l'avoir dans ma vie, même si ce n'était que pour un temps. Chaque minute à ses côtés étaient une bénédiction et je profitais de chaque instant.

L'heure d'embarquer arriva bien rapidement. Je repris sa main et le guidais sur le chemin avant de monter dans l'avion. Nous étions tous installer en première. On voyageait toujours ainsi et c'était tellement plus confortable. Même si ce n'était que pour un petit vol de quelques heures c'était toujours plus agréable. Et j'étais particulièrement soulagé que Sam voyage dans ces conditions. Je voulais qu'il se sente bien, qu'il ne soit pas mal installé avec ses problèmes de santé et je doutais que ça aurait été le cas dans classe éco.

« Alors ça, c'est ton quotidien, hein ? »

Je lui souris en prenant sa main pour la serrer et essayer de le rassurer un peu. J'avais voulu lui laisser le côté fenêtre mais il avait préféré prendre le couloir, peut être pour éviter de voir la vue et d'avoir encore plus peur.

- C'est ça ouais.. les défilés, les shootings, les vols et les hôtels. Je ne suis pas chez moi aussi souvent que je le voudrais.

Et j'espérais pouvoir réussir à l'être le plus possible pour être avec lui. Je ne voulais pas qu'il soit venu à New York pour finalement passer le plus clair de son temps enfermé seul dans mon appartement.

Je le regardais, serrant sa main alors que l'avion décollait. Je guettais la peur dans ses yeux, m'apprêtant à le prendre dans mes bras pour le rassurer. Mais c'est son sourire que je vis une fois le décollage terminé.

« En fait, c'est ultra cool de voler ! »

Je souris à mon tour, me penchant pour venir l'embrasser.

- Je t'avais dit, c'est agréable. On devrait se reposer. La nuit a été courte pour tous les deux.

La soirée et la nuit avaient été des plus agréables mais je restais quand même épuisé. Les vols rapprochés, le défilé et puis notre nuit, ça m'avait achevé. Je baissais mon accoudoir pour le rejoindre et le prendre dans mes bras. Je ne tardais pas à m'endormir, le gardant comme ça contre moi.

Et le vol passa rapidement. Il faut dire que j'avais dormi une bonne partie et qu'on avait commandé un peu à boire et à manger le reste du temps.

Une fois arrivé je repris sa main pour l'entrainer hors de l'avion récupérer nos valises. Je décidais d'ignorer sa remarque sur les valises et je les pris les deux, lui tirant allégrement la langue au passage. Qu'il fasse le ménage si il voulait je ne céderais pas et ne lui laisserais pas les valises.

Après avoir rapidement salué mes amis et mon manager, je l'entrainais vers la sortie pour trouver un taxi. La nuit était déjà en train de tomber. On allait surement pas faire grand chose de notre soirée. On commanderait un repas, là où il voulait ça m'était égal. J'avais juste envie de me poser pour diner en tête à tête avec lui, se caliner devant une connerie à la télé avant d'aller dormir. Une autre nuit dans ses bras... je n'avais même pas besoin de sexe, je voulais juste rester avec lui.

Je le gardais dans mes bras dans le taxi. J'étais complètement accro. Je ne le lachais que très peu depuis que je l'avais retrouvé la veille. Je voulais juste le garder collé à moi et le serrer à m'en faire exploser les bras.

On arriva finalement devant mon immeuble tout en brique, perdu au coeur de Manhattan. Je lui fis signe de me suivre et montais grâce à l'ascenseur au troisième étage.

- Tu verras c'est assez sympa. L'appart donne pas sur la rue mais sur la cour intérieure avec des arbres... on a pas vraiment vu sur les voisins c'est agréable et surtout rare en plein Manhattan. Mais bon... c'est petit et... enfin tu verras.

J'ouvris finalement la porte pour lui faire visiter mon petit chez moi. Les murs de l'appartement étaient tous dans la même brique que l'immeuble. Ca donnait un petit côté industriel à l'appartement que j'aimais beaucoup. Après un petit couloir où se trouvait des placards, on arrivait dans la cuisine ouverte sur un salon. J'avais misé sur le confort pour mes meubles, choisissant un canapé et deux fauteuils aux couleurs claires. Les baies vitrées du salon donnaient sur la cour, les arbres étaient plongés dans le noir à cette heure ci. Dans un coin se trouvait un escalier en colimaçon en fer forgé qui montait vers une mezzanine.

- La chambre et la salle de bain sont là haut. J'espère que ça sera pas trop compliqué... J'ai que ça mais... je l'aime bien. Le quartier est agréable, la vue aussi alors...

Alors j'attendais de voir ce qu'il en pensait.

- Et... euh... j'ai un dressing là haut. Je t'ai fait un peu de place dedans.

J'avais appréhendé le fait de voler en avion. Mais il faut avouer que la sensation était plutôt cool, finalement. J'étais presque comme un gamin et après le baiser de Josh, je me penche même pour regarder le vide. Bon... Je ne vais pas en abuser non plus, j'ai le vertige. Je me blottis alors contre Josh. C'est vrai, la nuit a été courte mais tellement agréable. Et que ça fait un bien fou de se sentir ainsi aimé. Josh ne se décolle pas de moi et après tant d'années passées seul enfermé chez moi, ça fait un bien fou. Je n'avais plus eu ce genre de contact depuis que j'ai su pour mon cancer. Ça commençait à faire long... Mais maintenant, Joshua est là. Et je ne suis pas près de le lâcher, ça c'est certain. Je crois que lui non plus, vu comment il me colle. Mais j'aime ça, je ne vais pas le repousser. J'en ai réellement besoin.

Je m'endors calmement dans ses bras pour la plupart du vol. Après, on mange et on boit jusqu'à ce qu'on arrive. J'ai l'espoir qu'il me laisse prendre ma valise mais il ne cède pas, ce qui m'arrache une moue boudeuse. Je n'avais pas envie qu'il me traite comme ça... Je voulais quand même assurer, être un peu indépendant. Mais il en décide autrement. J'aurais pu, dans le taxi, bouder comme un gosse mais je ne peux pas lui résister. Alors je boude, mais dans ses bras. Mais je boude ! ... Enfin, je crois.

Dans l'ascenseur, il me décrit un peu la vue qu'il a dans son appartement. Il commence même à me dire que c'est petit, je l'écoute mais en vérité, j'ai juste envie de rentrer pour voir où il vit. Je suis certain que ce sera parfait, et puis, si c'est petit, ce n'est que pour le mieux. Ma mère a une grande maison et je n'aimais pas faire autant de pas pour aller à la cuisine. Pas que je sois flemmard mais... En fait, si. Complètement.

Une fois la porte ouverte, on entre. Je me déchausse en observant la pièce. Il me fait visiter, je le suis docilement, en observant tout. Quand il m'indique où est la chambre et la salle de bain, je remonte les yeux vers la mezzanine et souris légèrement.

« Tu sais que t'as pas à te justifier ? En plus, il est cool ton appart'. T'as de bons goûts ! »

Bon, j'allais avoir un peu de mal au début avec cet escalier. Mais j'étais certain de m'y faire. Puis c'est pas un escalier qui va me faire chier. Je me rapproche de lui et passe mes bras autour de son cou avant de déposer un petit baiser sur le bout de ses lèvres.

« Tu sais, même si tu m'avais emmené dans un taudis je serais resté parce que t'es là. »

Je souris niaisement. Que je suis con des fois... Mais c'est la vérité, en fait. Il peut m'emmener où il le veut, tant qu'il est là, je me fiche du reste. La preuve : il m'a bien fait monter dans un avion... Je laisse alors mes doigts se balader dans son cou en arborant un sourire en coin alors que mes yeux pétillent de malice. Bien sûr que j'étais gourmand. Mais en même temps, c'était tellement bon la veille que j'ai envie de recommencer. J'y peux rien !

« Il est tard... Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? »

J'attendais son verdict un peu inquiet. Il y avait tant de choses auxquels je n'avais pas pensé en acceptant qu'il vienne vivre chez moi. Avec la chambre à l'étage, je le voyais déjà obligé de faire des tonnes d'aller et retour dans la journée, s'épuisant en le faisant. Il allait peut être falloir qu'on change d'appartement à l'avenir. Je l'aimais beaucoup mais si le bien être de Sam exigeait qu'on le quitte pour en prendre un plus fonctionnel, je le ferais sans hésitation.

« Tu sais que t'as pas à te justifier ? En plus, il est cool ton appart'. T'as de bons goûts ! »

Je rougis un peu en le remerciant. Les choses devenaient tellement plus concrètes. Il venait vivre chez moi, entrant dans mon petit monde. J'avais même réussi à lui faire de la place dans mon dressing, un exploit quand on voyait la tonne de fringues qui en débordaient. On allait vite c'était sur mais vu le temps qu'il nous restait à passer ensemble on ne pouvait pas se permettre d'aller lentement.

« Tu sais, même si tu m'avais emmené dans un taudis je serais resté parce que t'es là. »

Je souris à sa remarque. Mon dieu que j'étais amoureux de ce mec. Et ses mains qui venaient se perdre dans mon cou. Je frissonnais, perturbé par ce simple geste.


« Il est tard... Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse ? »

Et j'avais une petite idée de ce qu'il voulait faire. Je faisais taire la voix en moi qui s'inquiétait et se demandait s'il n'était pas trop fatigué pour faire ça. Il savait ce qu'il faisait. Il saurait m'arrêter s'il en avait besoin. Je le pris dans mes bras, façon princesse romantique. Je l'embrassais tandis que je le portais à l'étage. Le reste la soirée se passa comme dans un rêve, aussi délicieuse que la première fois. Je savais que je ne pourrais jamais m'en lasser. Je l'aimais trop et j'aimais beaucoup trop ces moments où on ne faisait qu'un.

Les deux jours suivants passèrent trop vite. On passa du temps chez nous, profiter simplement l'un de l'autre, nous calinant toute la journée. Je lui fis découvrir les joies des livraisons à domicile par les nombreux restos new yorkais. Il se moqua allégrement de moi et de la mixture que je prenais au petit déjeuner.

Le deuxième jour on alla voir le spécialiste new yorkais que mon agent avait trouvé. Il me plut de suite, nous rassurant quant à ce que le médecin de Chicago lui avait transmis. On y passa l'après midi, le médecin voulant faire un tas d'examen avant de proposer un traitement. On le reverrait la semaine prochaine et j'avais hâte autant que j'étais mort de trouille.

J'aurais voulu qu'on puisse rester ainsi encore longtemps, tous les deux dans notre petite bulle, passant tout notre temps ensemble. Mais la réalité nous rattrapa et surtout mon boulot qui m'obligeait à partir à Miami pour trois jours pour un autre défilé.

Je devais partir le matin même et j'étais fébrile, vérifiant ma valise une centaine de fois, remuant tout dans la maison.

- Tu as tous les numéros en mémoire c'est bon? Tu sais que tu peux m'appeler n'importe quand. Mon agent sera parti avec moi mais t'as les numéros d'amis à moi. Appelle Nath' en premier si tu as besoin d'aide. Il habite pas loin. Il pourra venir rapidement.

Je me répétais. J'avais du lui dire tout ça pleins de fois déjà mais je lui disais une fois de plus. J'étais beaucoup trop inquiet à l'idée de le laisser seul ici. A Chicago il avait sa mère en permanence pour l'aider en cas de problème.

Je le rejoignais pour prendre son visage entre mes mains et l'embrasser doucement.

- Promets moi... de me donner des nouvelles régulièrement, de manger quand même et surtout de me prévenir si ça ne va pas. Appelle Nath' et mon agent si je ne réponds pas il pourra me passer le message.

Je le fixais dans les yeux, mon inquiétude se lisant clairement sur mes traits.

- Promets le moi.