J'écoute le manège se faire attentivement et je me retiens toujours de rire. Je me suis jamais fait aussi discret face à une demoiselle. Mais elle semble réceptive aux pitreries de mon partenaire.  Bouille de Bébé nous cite un prince Disney et Jay saute sur l'occasion, je le regarde s'agiter du coin de l'oeil. Lui, le Prince, il était plutôt le turbulent de nous deux. J'étais le "propre sur moi" comme on dit. Je sauvais les apparences, toujours polissé en société. Je ne dis pas que Jay était un sauvage mais il ne disposait d'un filtre sur la bouche. Ce que j'appréciais quand moi-même, je me retrouvais dans des situations délicates. C'était plutôt cocasse de le voir jouer les héros.. Surtout pour ramener que la petite sirène finisse becqueter mais avec beaucoup de royauté, qu'on se le dise !

Son nom était - il vraiment nécessaire ? Parce qu'en soi, demain, je l'aurais déjà oublié. Je ne fais pas parti de ces princes qui notent scrupuleusement le nom de leur conquête dans leur petit carnet. Non, moi, je consomme, et retour dans la mer. De préférence, quand je suis déjà parti. Jay n'est pas resté bien longtemps charmant mais les bases étaient posées. Et je préférais cela. Entrer dans le vif du sujet.  

- Je ne voudrais pas briser la magie mais les princes ont une validité limitée .. J'apprécierais de conserver notre véritable nature et t'offrir donner un peu de rêve avant. Pourrions-nous faire plus ample connaissance dans notre royaume ?

J'offre même une magnifique révérence et mon bras pour accompagner mes propos, tout en lui indiquant le chemin de la sortie, un sourire charmeur pour Bouille de Bébé. Perdre du temps ? Pas dans mon projet.

La jeune femme se mord la lèvre inférieure une seconde comme le sportif lui prend la main pour la baiser. Carrément. Il ne plaisante pas quand il parle de jouer le prince. Dire qu'elle ne disait ça que pour ne pas rester muette et essayer de répondre quelque chose d'un peu inspiré. Elle ne se doutait pas qu'en mentionnant le prince de son dessin animé préféré elle allait tomber aussi juste, Éric et Ariel étant justement, comme l'inconnu, Danois. Ne pas y perdre au change. La demoiselle frissonne, un peu. Contrairement au prince Éric, l'homme a l'avantage d'être réel. Cependant elle n'oublie pas que l'homme est en train de la draguer devant un pote et son esprit tourne à plein régime. Est-ce qu'ils essaient de voir lequel des deux pourra la ramener chez lui ? C'est bien le genre de concours que pourraient faire des mecs. Ou un concours de celui qui obtiendra le plus de numéros de téléphone. Il y a un truc en tout cas. Elle ne sait pas quoi. Dans lequel Jay a prit l'avantage de toute évidence. Quelque chose qu'elle doit comprendre si elle veut pouvoir jouer. Alors elle leur renvoie sa question, un moyen comme un autre de pouvoir découvrir les motivations des garçons à lui parler.

Elle manque de s'étrangler avec sa boisson en entendant la réponse de l'inconnu à l'allure sportive dont elle ignore toujours le prénom. Elle, son pote, lui et un lit ? Alexandra a mal entendu. Forcément. Est-ce que c'est leur manière de lui proposer un plan à trois ? Elle leur adresse un regard chacun comme si elle essayait de trouver une réponse dans leurs regards et elle presse ses cuisses l'une contre l'autre discrètement comme l'hypothèse est loin de la laisser de marbre. Elle mentirait si elle disait que ce n'est pas le genre d'expérience qui figure dans la liste de ses fantasmes. Mais se trouver face à l'opportunité de le concrétiser est un rien intimidant.

"- Alexandra." répond la demoiselle entre deux gorgées. "Et vous ?"

La jeune femme cherche à reprendre une certaine contenance. C'est sans compter sur le regard de l'autre inconnu, celui qui ne parle pas. L'homme la presse, d'ailleurs, proposant de continuer cette discussion chez eux. Alex presse de nouveau ses cuisses l'une contre l'autre. Discuter oui. Elle ne croit pas une seconde sur ce soit ce à quoi ce type pense. Alex réalise néanmoins qu'elle n'est pas venue seule ici.

"- C'est que… euh… je suis venue avec des copines et..."

Copines qui l'auraient déjà abandonnées, à sa place, sans même se poser de questions et qui la gronderaient si elles apprenaient que la créatrice a refoulé ces deux Apollon à cause d'elles. La jeune femme se mord la lèvre et semble hésiter un peu, essayant de trouver comme une réponse dans son shoot vide.

"- Je suppose qu'elles ne m'en voudront pas." finit elle par dire avec l'impression de se jeter dans la gueule du loup. "Mais j'ai mes conditions." affirme-t-elle.

Alexandra… Non pas que ça ait une grande importance sur le déroulement de la soirée, j’aurais pu me contenter de l’appeler princesse ou Ariel toute la nuit s’il le fallait, mais je devais avouer m’intéresser à cette charmante demoiselle. Après tout, elle était celle - je l’espérais - qui allait combler nos désirs cette nuit, et elle méritait un peu de respect et de curiosité à son égard, ce que Loyd ne lui donnerait pas, le connaissant, c’était donc à moi de le faire. Et j’étais certain que malgré ça, il doutait quand même de mes capacités de prince charmant. Une nouvelle fois,  je fais les choses dans les règles de l’art, arborant mon plus beau sourire. Comme une légère révérence à la jeune femme, avant de nous introduire à elle. Sans mauvais jeu de mot.

« Jay, pour vous servir. Et pour Monsieur j’ai aussi donné ma voix à une affreuse sorcière, c’est Loyd.  »

Des références à la petite sirène je pouvais en faire des centaines, facilement. Après tout, c’était un conte avec lequel les enfants de chez moi grandissait. Les français avait Perrault, les allemands Grimm, nous avions Andersen, et même mon nom semblait parfois lui rendre hommage. Mon acolyte se décide enfin à ouvrir la bouche, précisant un peu mes propos, et tentant d’accélérer légèrement les choses. Du Loyd tout craché dès qu’il s’agissait des femmes. Mais désormais les choses étaient claires, et si la demoiselle n’était pas intéressée par notre offre, nous aurions encore le temps de trouver une nouvelle proie pour la nuit, bien que jusque là, je n’avais rien remarqué de beaucoup plus intéressant qu’Ariel. Non, attends… Alexandra ! Loyd lui tend son bras, pour l’inviter à quitter le bar en notre compagnie. Seulement, notre chevelure de feu semblait montrer quelques réticences. Elle évoque notamment la présence de ses amies, avec qui elle était venue, mais j’étais certain qu’elles ne lui en tiendraient pas rigueur. D’ailleurs, un autre soir, je serais volontiers tenté de présenter des excuses à l’une d’entre elle. Mais ce n’était pas tout, Mademoiselle avait apparemment des conditions également. Comment lui dire poliment que c’était nous qui fixions les règles ?

« Et bien, je vous propose qu’on en discute sur le chemin. Si jamais nous n’arrivons pas à trouver un accord, on pourra toujours vous raccompagner. »

Je pousse légèrement la jeune femme pour l’inviter à prendre le bras de mon ami et ferme la marche alors que nous quittons le bar.

Demoiselle doute, concernant ses copines.. Cela ne tenait qu'à moi, j'en aurais bien emporter le lot mais soit.. Satisfaisant une d'abord et laissons le bouche à oreille délivrait sa magie. Qui sait, cela me facilitera la tâche surtout avec la jolie .. Enfin, bref, je m'égare. Mademoiselle a des conditions, je ris doucement. Mais où va-t-on ?

Depuis quand une partie de jambe en l'air avait des conditions. "Me tirer pas les cheveux trop fort, une claque que sur une fesse.." Je ris intérieurement. Je conserve le silence durant une partie du trajet dans l'Uber, c'est la fonction que Jay m'a donné après tout.

Cible assisse entre nous deux, je la sentais presque mal à l'aise. Je finis par pivoter face à elle, lui offrant un peu d'espace, parce que nos jambes qui se touchent, en soi, c'est pas désagréable mais cela peut vite se montrer anxiogène pour elle. Mais je ne peux tenir ma langue bien longtemps.. Du moins, pas encore lézarder sur son corps.

- Alors ... Alexandra, ces conditions .. De quoi, s'agit-il ?

J'aurais peut-être dû mettre les formes que de passer pour un affamé.

- Comment peut-on te mettre en confiance ?

Je me radoucie aussitôt. Ce n'est pas le moment de faire foirer le plan. Jay me lacherait plus sinon. J'esquisse un sourire des plus charmeurs.

A quoi, veut-elle nous soumettre qui soient impossible à réaliser ? Parce que je me fais déjà violence pour ne pas venir chatouiller son intimité et dispenser sa mélodie à notre chauffeur du moment. Mais non, je me contente juste de mettre mes mains dans mes poches. La bienséance Loyd, la bienséance.

La prochaine fois, j'en prends une dans un Uber, c'est décidé.

Jay. Loyd. Les présentations sont rapidement faites. Avec humour, qui plus est, comme Jay ne semble pas en manquer pour présenter son ami. Des prénoms qu’elle n’oubliera jamais, qui marqueront son esprit, sa vie, son âme, à compter de ce soir et jusqu’à la toute fin. Si le sportif se montre charmant, presque princier à son égard après qu’elle ait évoqué le nom d’un prince danois, son acolyte se fait nettement plus discret. Plus déstabilisant aussi de par son silence, en fin de compte. Mais c’est bien quand il ouvre la bouche qu’il déstabilise le plus la demoiselle. Tout en indiquant clairement qu’il voudrait bien faire plus ample connaissance avec elle, il donne le ton de la soirée sans plus laisser de doute à la jeune femme. Ce n’est pas un concours entre les deux hommes non. Elle le comprend dans cette réflexion, devine ce que cela implique. Ils n’ont pas besoin d’en dire plus pour que la jeune femme comprenne ce qu’ils désirent, ce qu’ils attendent d’elle.

Un regard à ses copines et la demoiselle pense, une seconde, qu’elle ne peut pas les lâcher sans un mot, avant de se raisonner. Les filles ne lui en voudraient pas. Et puis, ils titillaient sa curiosité avec cette proposition. Enfin, elle avait cette impression qu’il lui fallait y aller. Une intuition. Elle essaie néanmoins de poser une condition, mais Jay la presse déjà vers l’extérieur et le trio s’engouffre rapidement dans un uber, les deux garçons encadrant la demoiselle. Ok, ça devenait carrément intimidant. Excitant aussi. La jeune femme se mord la lèvre inférieure. Et le dénommé Loyd revient à la charge. La rassurer.

«- Oh il… il n’y en a qu’une, en fait.» répond la demoiselle.

Parce qu’elle ne sait pas s’ils ont l’habitude, s’ils font ça souvent, mais pour elle ce sera une première. Forcément, c’est un peu intimidant. Inquiétant aussi. Et le fait qu’il y ait un chauffeur – un homme aussi – à l’avant, la bloque un peu pour en parler. Une seconde, elle songe qu’elle n’a peut-être pas vraiment choisit la meilleure des options. Et pourtant dans un même temps, il y a toujours cette petite voix en elle qui pense qu’elle a bien fait au contraire. Elle prend une grande inspiration, sa voix se fait basse. Un murmure imperceptible pour le chauffeur.

«- Je veux juste… enfin… je ne sais pas si vous avez l’habitude...» elle souffle. «Mais pas moi. Donc… je veux donner le rythme. Si je puis dire.»

Je me posais des questions sur l'utilité de prendre un Uber alors que Loyd était venu en voiture. Pourquoi ne pas reprendre tout simplement la sienne ? Il fallu que j’attende d’être installer dans la voiture pour commencer à y voir plus clair. La jeune femme assise entre nous, nos corps déjà si proche, se frôlant de temps à autre, et l’envie de la titiller dès maintenant se faisant plus présente. Ok, je comprenais mieux pourquoi il avait choisi cette option. Si on avait prit sa voiture, ça aurait surement été moins amusant. Surtout pour lui, car pour ma part, je ne me serais pas gêné pour commencer à travailler la jeune femme au corps. Dans ces conditions, les choses étaient un peu plus modérées. La présence du chauffeur nous empêchait de craquer immédiatement et la tension montait progressivement. Pas de doutes que nous serions prêt et à bloc une fois à l’appartement de mon ami. Je pouvais déjà voir que Loyd se retenait comme il pouvait, les mains dans les poches, probablement pour s’empêcher lui même de les laisser se balader librement sur le corps de notre sirène dont nous tentons de connaître les conditions.

J’ai presque envie de rire lorsque je l’écoute. Déjà car je ne m’attendais pas à quelque chose de si niais, mais en plus, parce que le fait qu’elle puisse penser qu’on faisait ça chaque semaine me donnait encore plus envie de jouer de la situation. Je me fais un peu moins timide que Loyd et mes doigts viennent effleurer sa cuisse dans toute sa longueur. Juste histoire de lui donner un petit avant gout de ce qu’il l’attendait, et nous aussi.

« Je vous promets que nous respecterons vos limites. Et vous aurez tout le loisir de tempérer les choses quand vous le voudrez. »

Après tout, Loyd et moi n’étions pas des sauvages, et je pense que ça nous ferait également du bien. C’était la première fois pour nous aussi, des règles étaient bien évidemment sous-entendu entre nous, mais le fait que Alexandra soit là pour temporiser encore plus les choses ne pouvait pas nous faire de mal. La course se termine, nous descendons tous de la voiture, et je laisse Loyd ouvrir la marche jusqu’à son appartement.

« Je veux juste… enfin… je ne sais pas si vous avez l’habitude...» Elle souffle.« Mais pas moi. Donc… je veux donner le rythme. Si je puis dire. »


Des plans à trois oui, deux demoiselles pour mon plus grand plaisir. Mais jamais avec mon meilleur ami. J’aurais pu le stipuler mais non, j’avais bien envie de laisser l’imaginaire de la demoiselle galoper à tout va. Je dois bien l’avouer que je l’a trouvé tellement mignonne, à nous souffler sa crainte. J’avais envie de lui tirer les joues et me nicher dans son cou. On est loin de Bouille-De-Bébé ! Mais je me fais violence. Jusqu’à que je vois, notre faux prince briser la glace. Mais quel enculé celui-là. Mais je ne fais rien pour autant. Le laissant faire son petit manège.

« Je vous promets que nous respecterons vos limites. Et vous aurez tout le loisir de tempérer les choses quand vous le voudrez. »

Me faire rythmer par une femme ne me pose aucun problème, surtout si elle est au dessus de moi. Il s’engage pour nous deux et je hoche la tête pour confirmer nos dires, si cela peut mener à bien notre défi, je n’allais certainement pas la priver de nous contrôler sexuellement parlant.

Véhicule qui arrive enfin à destination, je le paie gracieusement, échauffé par les ébats qui allaient suivre. Je m’apprêtais à lui demander si elle était certaine d’elle mais non, hors de question de nous tirer une balle dans le pied. Et j’étais suffisamment alcoolisé pour aller jusqu’au bout, ‘fin, je n’allais pas non plus, la forcer si elle émettait le moindre non. On entre dans le sas d’entrée, j’appelle l’ascenseur. Et on entre.

« Il y a des choses que tu ne supporterais vraiment pas ? Des zones à ne pas toucher ? Des positions impossibles pour toi ? »

Je me fais plus prévenant, jalonner notre parcours, pour attraper la finale. Rien n’était joué et je n’allais pas supporter d’échouer si près du but. Regard fauve qui détaille l’objet de nos désirs. Si cela ne tenait qu’à moi, j’aurais déjà emprisonné ses lèvres dans les miennes. Mais je me fais sage.


Les portes s’ouvrent, ma main passe machinalement dans le bas du dos d’Alexandra pour l’inviter à sortir, la sécuriser un peu aussi, du moins, le but. J’extirpe mes clés pour ouvrir la porte de chez moi. D’extérieur, je pouvais paraître des plus calmes alors que je bouillonnais en moi. Je lui offre un sourire charmeur.

« Bienvenu chez moi. Fais comme bon te semble. »

Je lui fais un rapide tour des lieux avant de revenir dans la cuisine ouverte. J’ouvre le mini bar pour y ressortir une bouteille d’un alcool fort mais suffisamment sucré pour le boire. Un élan de courage, au cas où il nous ferait défaut. Je sors trois verres et y verse un fond, glissant vers mes deux partenaires de crime.

« Puisse la sublime sirène être satisfaite tout au long de la nuit. »