Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux
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Crédits : Targui himself
Univers fétiche : Pas de préférence, avatars réels par contre
Préférence de jeu : Homme
Oskar
Jeu 2 Mar - 12:55
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit !
Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux. (*) « Derrière les nuages, le ciel est toujours bleu. » (Proverbe norvégien) »
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
« Qui court après l'incertain néglige bien souvent le certain » dit un proverbe de chez moi... Un autre précise « On ne peut choisir quand on va aimer » Il m'est toujours étrange de penser à la sagesse populaire que d'aucuns ont entreposée dans tant de sentences que nos contemporains entendent sans les comprendre... Posé sur la terrasse à regarder la mer, soutenu par la paire de béquilles comme un arbre serait tuteuré pour tenir droit, j'essaie de ramener à moi son parfum...
Je suis rentré... Sur le toit du monde, au pays des neiges éternelles, habité par des trolls et des elfes... En fait à Tromsø, Tromvik pour être exact... chez mon père Bjorn, dans sa grande « petite-maison » isolée, entre le fjord et la montagne, à vol d'oiseau à vingt-cinq kilomètres du centre ville, à roues de voiture à plus d'une heure, parce que la Norvège côtière impose des tours et des détours avant d'arriver à destination. Je pense que les temps de trajet imposent la réflexion, et que -pensant- mes compatriotes sont moins impulsifs que d'autres ? En fait je me leurre et le sais, l'immaturité et la précipitation n'ont pas de nationalité, elles sont inhérentes à l'Humain... Mais j'aime à croire que les hommes du nord sont plus sages que les autres... ça ne me fait aucun mal de le penser, alors je me berce de l'illusion...
Comme je me berçais de celle qu'un jour, une rousse Finlandaise, célèbre et belle, pourrait baisser son regard sur mon humble blondeur...
Je voulais du froid, des paysages hivernaux.
Je ne peux reprocher à l'Afrique et aux Africains de m'avoir mal accueilli, mais mon séjour au Congo a été aussi bref que dramatique, le soleil dans le ciel et les cœurs n'a pas suffi, j'ai failli perdre mes ailes et ma vie, je me voulais dans mon nid.
À nouveau, une image se superpose au soleil couchant, ou levant ? Une masse d'orangé qui se baisse sur mon lit de douleur, la peur qui me saisit ! Elizabeth ! Éloigne-toi ! « Ils » vont te prendre, t'enfermer, te torturer ! Des jours durant je n'ai eu que cela en tête, les bruits de l'hôpital me ramenant en arrière, loin, il y a plus de douze ans ? Quinze ? Je ne sais plus ! Je revoyais des couloirs larges dans lesquels des chariots et brancards circulaient, des hommes et femmes en blanc, des seringues, des entraves pour quand la souffrance menaçait de mettre à mal les expériences... Elizabeth ! N'approche pas ! Tu es dans l'antichambre de l'enfer ! Sauve-toi ! Sauve-nous !
L'ai-je rêvée ? A-t-elle vraiment traversé deux continents presque pour retrouver ma trace ? Elle est si lointaine, si fuyante ? L'avion qui m'a ramené ici n'a été qu'un intermède, j'aurais pu être téléporté que j'aurais eu la même impression ? J'y étais tellement sédaté que j'aurais pu m'imaginer dans le ventre d'une baleine volante traversant un royaume imaginaire. Un souvenir effleure mes lèvres, je me revois en Hongrie à quatorze ou quinze ans, avec pour distraction le sport à outrance et les jeux vidéo. J'aurais dû y rester, ne jamais me mettre en tête de financer ma participation aux Jeux Olympiques ! J'aurais dû grandir auprès des miens, mes parents, ma sœur et mon frère... Je ne serais qu'un homme banal, dépourvu d'ailes et peut-être de rêves ?
De rêves ? De féerie ? Non !
J'ai le nez qui cherche en vain, les aigles même humains n'ont guère d'odorat, c'est leur vue qui les aide en tout... Ma mobilité est si réduite dans ce corps d'homme brisé ! Je voudrais ouvrir les ailes et m'envoler ! Mes jambes disputent à mon cœur le titre de rescapé de l'extrême. Où es-tu ? S'il te plaît !
Redonne-moi une chance ? Je pensais faire pour le mieux ? Je nous ai juste sacrifiés aux convenances et à la bienséance stupide de notre société ! Je voulais te préserver, t'éviter d'avoir à rendre des comptes ! Aime-t-on un chauffeur de maître ? Un domestique ? Un invisible ?
Je t'aime !
Un autre proverbe norvégien dit avec justesse « Une occasion qui passe rarement repasse ». Je soupire, ai-je laissé passer ma chance ? Notre chance ? Que puis-je te dire ?
Ob le rêveur a écrit:
Jamais mon cœur ne s'est senti si lourd que quand soudain le lien qui nous unissait, comme au son d'un tambour ensorcelé a été rompu... Privé du poids de l'amour, il s'est senti entraîné dans les abysses, lesté du chagrin de nos deux âmes... Te souviens-tu ? Cette rose de fée agonisante que je t'avais offerte ? Elle a fané tout à coup, parce qu'il lui fallait les larmes de ton bonheur pour éclore ? Je t'ai fait mal, en voulant faire bien, j'en porte la coulpe et l'affliction. « L'amour et les pleurs viennent des yeux, et tombent sur le cœur » le mien peine à battre sans toi, et sans reine, le chevalier servant que je suis n'a plus de sens à sa vie... Pourquoi réparer ces jambes si jamais plus elles ne me porteront jusqu'à toi ? Pourquoi ouvrir ces yeux s'ils ne captent pas ta lumière ? Imagine... Voir un lever d'Elizabeth plutôt qu'un lever de soleil ?
Bien sûr je ne l'ai pas dit, à qui aurais-je dit tout cela ? Tu n'es pas là à mes côtés ! Bjorn dit qu'il t'arrive de venir, souvent ? Pourquoi toujours quand moi je ne suis pas au logis ? Tu pourrais prendre de mes nouvelles aussi bien de ma bouche que de la sienne ?
Je suis un idiot, ne me le dis pas. J'ai fait fondre la banquise qui protégeait notre pôle. Au contraire du conte où l'hiver gagne gelant les cœurs, j'ai fait naître un été permanent qui expose à tous ma sottise et liquéfie mon monde. Je brûle Elizabeth, je brûle de te revoir ! Et n'y parvenant pas me consume dans les braises de mon amour si maladroit.
D'un revers de la main, lâchant l'un de ces instruments de torture qu'on nomme béquille, je chasse mes regrets. A rien ni à personne ils ne sont utiles... Je sais depuis l'enfance qu'il faut regarder devant et non derrière, et qu'une erreur commise n'est jamais effacée, il s'agit juste de ne pas récidiver et d'en tirer un enseignement, s'il est encore temps.
Je me muerai en pierre pour t'attendre... Nul ne pourra me bouger, tant que je ne t'aurai pas revue.
et... If I be wrong :
« Et si j'avais tort, et si j'avais menti ? Et si je t'avais traînée ici dans ma propre nuit noire ? Et si je savais, si je voyais Il y a une fissure qui court juste en face de moi Et s'ils ont raison, et si nous avons tort ? Et si je t'avais attirée ici avec le chant des sirènes ? Mais si j'ai tort, si j'ai raison Laisse-moi être ici, avec toi, ce soir » ... Dix mille voitures, dix mille trains Il y a dix mille routes pour s'enfuir Mais je ne suis pas perdue, je ne suis pas trouvée Je ne suis pas la femme de Dylan, ni le chien de Cohen Mais si j'ai tort, si j'ai raison Laisse-moi être ici, avec toi, ce soir Et si je ne peux pas, et si je peux ? Et si je suis juste un homme ordinaire S'il y a une volonté, il y a un chemin Je m'évaderai à coup sûr, je suis David Blaine. Mais si j'ai tort, si j'ai raison Laisse-moi être ici, avec toi Si j'ai tort, si j'ai raison Laisse-moi rester ici dans tes bras ce soir Et j'ai eu tort, j'ai eu raison J'ai été ces deux choses dans la même nuit. Alors si j'ai tort, si j'ai raison Laisse-moi être ici, avec toi, ce soir
(*) Biographie de Isaac Félix Suarès dit André Suarès (1868-1948) poète et écrivain français.
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
L'infini n'est autre Que le va-et-vient Entre ce qui s'offre Et ce qui se cherche Va-et-vient sans fin Entre arbre et oiseau, Entre source et nuage.
F.Cheng
Wings to Paradise
Le cœur échoué, elle pêchait des étoiles sur un coin de lune Ne savait plus où il était, ce cœur, mais savait que lui, ne l'oubliait pas Et s'accrochait aux larmes du soleil pour ne pas noircir complètement
***
Helsinki. Ce fut bon de retrouver ses repères, les habitudes, le froid des petits matins, le printemps qui pointait son nez, l'immaculé sur les montagnes, sa maison, ses amis. Eli sortait souvent, allait danser, écouter des concerts, flânait à droite à gauche. On la trouvait tristoune, sans entrain mais elle souriait malgré tout, empreinte de la joie des grandes douleurs secrètes.
La jolie rose, ô douce rose, traînait sur la table de nuit. La plume se nichait sous son oreiller, doudou des heures creuses au bout des nuits d'insomnies. Elle s'en servait comme marque page, caressait machinalement sa joue avec, dessinait des arabesques dans l'air lorsque son esprit s'envolait. Mais il n'allait plus très loin se heurtant à un néant abyssal. Eli survivait sans rêver.
Les cauchemars la taraudaient, saignants, violents, récurrents : l'aigle noir arrachait ses entrailles, son cœur, défigurant ce qui lui restait d'humanité. Parfois, elle hurlait dans son sommeil agité ou bien se réveillait en nage, paniquée, horrifiée, terrifiée. Non ! Tout allait bien. Ce n'était qu'un mauvais rêve.
Seule. Creuse.
Eino avait appris son retour et l'avait appelée à plusieurs reprises laissant des messages éloquents dans sa boîte vocale. Mais la comédienne n'avait plus envie de jouer, se vivait au jour le jour et cela suffisait. Assassinée de l'intérieur par son propre rôle, il n'y avait pas de place pour quoi que ce soit d'autre.
Ob. Au fur et à mesure des semaines qui passèrent, les souvenirs affluèrent, viles vagues rongeant une psyché en détresse. Ils mordaient, lacéraient. Ob qui avait brutalement réduit en miettes ce sentiment d'exil qui la poursuivait depuis toujours, Ob qui lui avait donné l'espoir d'un amour à sa mesure, Ob dont le regard lumineux lui avait renversé le cœur, Ob suintant l'infini, l'absolu, l'éternité. Ob... qui l'avait abandonnée. C'était ainsi, point final. L'histoire s'était répétée, le trauma s'amenuisait lentement au fil du temps. Le choc l'avait éclatée en morceaux épars, elle apprenait simplement à marchander avec. Le manque s'en était allé, les émotions avaient muté en une espèce de bouffissures d'abîmes. Elle l'avait aimé, soit. Un amour réduit en une vieille chose poussiéreuse, calcinée, sans odeur et sans couleur. Elizabeth ne ressentait plus rien. De haut potentiel émotionnel, elle sombrait désormais dans une apathie parfaite. Peut-être était-ce cela la sagesse de l'expérience. Reposant, étrange. Ces fines ridules apparues autour de ses yeux lorsqu'elle souriait. Le pli du chagrin, la marque d'une épreuve. Peut-être le clin d’œil d'un courage.
Mais elle ne pouvait s'empêcher de se rapprocher de lui. Ainsi, aussi souvent que l'envie lui prenait, elle réservait un vol pour Tromsø, louait une voiture pour le rejoindre. Parfois, restait quelques jours dans un hôtel à Tromvik. Jusqu'à présent, le hasard œuvrait pour ses absences. À chacune de ses visites, il n'était pas là. Drôle de coïncidence qui la faisait sourire nourrissant l'indifférence des sentiments. Ne jamais rien forcer... Au fond, elle ne venait pas pour lui mais pour elle.
Elle discutait plus ou moins longtemps avec son père de choses et d'autres, jamais de son fils. Une connivence silencieuse et délicate était née entre eux. Parfois, ils se parlaient sans mot.
-Voulez-vous marcher un peu ?
Elle acquiesçait sans rien dire, ils partaient aux alentours dans un silence apaisant. Lui, laissait venir ce qui venait, elle, se laissait aller à ce qui lui passait par la tête. Elle demandait le nom d'une fleur, contemplait un oiseau qui voletait, respirait l'air pur de l'altitude. Leur lien se tricotait avec beaucoup de discrétion et de respect.
Et puis arriva ce fameux matin du premier mai, Vappu, le carnaval du jour de la fête du travail et du printemps qui avait commencé la veille. En fin de matinée, le parc de Kaivopuisto se noircissait déjà d'une foule joyeuse prête à pique niquer. Les rues s'encombraient des habitants bien décidés à s'amuser. Havis Amanda portait sa casquette blanche, ici et là s'éparpillaient des musiciens, des acrobates, des ballons, des serpentins, des stands de tippaleipä et de sima...Toute cette joyeuseté fit fuir la finlandaise. Trop de bruit, trop de gens.
Le front collé à la fenêtre à regarder sans voir le défilé qui passait, elle prit tout à coup une décision brutale, radicale : aller en Europe. Paris ! Tout quitter. Elle était riche Eli, pouvait se permettre de ne pas travailler. Vagabonder de par le monde pour oublier, pour remplir ce creux abyssal qui lui trouait les os et la peau. Dire adieu à Bjorn. Lui dire adieu, à Lui, l'Invisible, à sa façon. L'ultime voyage. Passer à autre chose, tailler dans le vif. Se désengluer. S'arracher. Demeurer ici à courir après une chimère, des milliers de riens, c'était s'enterrer vivante. Partir...S'enfuir...Se fuir.
Elle claqua la portière, s'avança vers la maison. D'ordinaire, au bruit du moteur, le vieil homme sortait à sa rencontre ou bien venait vers elle s'il était à l'extérieur. Pour une fois, il n'était pas là, lui aussi...Elle marcha encore un peu, jeta un œil à droite à gauche. Et puis elle le vit. Il était là, installé dans une chaise longue sur la terrasse. Elle ralentit, ralentit... Sidérée, se figea.
Et le vent murmurait...Even if the time will pass by...
Spoiler:
Même si le temps passera Je sais que ça ne te réparera pas Parce qu'à chaque fois que tu m'emmènes dans un endroit Je me reconnais dans ta façon de bouger
Et j'y suis déjà allé Déjà vu ça Je me suis déjà couché au fond de la cage
Et j'y suis déjà allé Déjà vu les démons s'animer Essaye de connaître ton esprit
Même si le temps passe Je sais que je ne te changerai pas Parce que chaque fois que tu regardes le monde, je sais que j'ai déjà vu ces yeux.
Ils me rappellent les miens Et j'y suis déjà allé Déjà vu ça Je me suis déjà couché au fond de la cage
Ouais, j'y suis déjà allé Déjà vu les démons revenir vivants Essaye de connaître ton esprit
Je vais te faire sortir de là Je peux te promettre que ça va arriver Je vais juste te montrer ta beauté Je vais juste te montrer que tu es belle
Je vais te faire sortir de là Je peux te promettre que ça arrivera Je vais juste te montrer ta beauté Je vais te montrer que tu es belle.
Même si le temps passe Je sais que je ne te changerai pas Parce que chaque fois que tu regardes le monde, je sais que j'ai vu ces yeux. Ils me rappellent les miens
Et j'ai déjà été là Déjà vu ça Je me suis déjà couché au fond de la cage
Ouais, j'y suis déjà allé Déjà vu les démons revenir vivants Essaye de connaître ton esprit
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Oskar
Jeu 30 Mar - 13:04
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux. (*) « Derrière les nuages, le ciel est toujours bleu. » (Proverbe norvégien) »
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
Le soleil est caché, une ombre fugitive, meurtrie, dissimulée qui se fige en me découvrant... Elle ! Elizabeth !J'ai dû m'endormir vaincu par le rêve qui s'impose et se refuse tout à la fois.
Bjorn a dit qu'elle venait, il n'a rien dit de plus... De la bouche de mon père ne coulent que les paroles voulues et les secrets ne sont pas faits pour être dévoilés ? Mais quel secret lui a-t-elle donc confié ? Rien, des banalités répond-il ? Si banales qu'elles ne peuvent être mémorisées et répétées les confidences de ma belle ? Je respire, fort, comme pour -en m'emplissant les poumons d'air- vérifier que je suis bien en vie ?
Je me lève ou du moins essaie. Les médecins à l'hôpital sont stupéfaits par mon taux de régénération osseux, le plus rapide disent-ils qu'ils aient jamais vu ! C'est possible, je ne marche toutefois pas encore comme je le souhaiterais... Mais pourquoi ? Je me fiche de retrouver ma patte en état si c'est pour vivre solitaire et déçu de ma propre bêtise ! Bête je suis, mais pas stupide, l'aigle est au contraire un animal intelligent à l'instinct sûr. D'ordinaire, quand sa nature n'est pas troublée par de « l'humanité » et un sens des convenances au delà du requis !
- Elizabeth ?
Pourquoi cette interrogation ? Parce que j'ai si peu confiance en mes sens humains que je me dois de douter de sa véracité ? Elle est là ! Elle !
- Elizabeth ! Je dois te dire... Je veux...
Je ferme les yeux, je dois, je veux, que vais-je rajouter ? Il faut que tu saches ? Que tu sois sure que je ne t'ai pas abandonnée de mon plein gré, que cela m'a coûté, tant et tant ? Que tu n'as jamais disparu de mon cœur, que je t'ai cherchée partout en m'interdisant de te trouver ? Dieu que les mots sont maladroits, formels, laids ! Et totalement inexpressifs !
Comment s'exprimer avec des phrases ? Des assemblages de phonèmes dénués de sens, comme le son désaccordé d'un chant d'oiseau dont la souffrance est telle qu'il en perd ses notes ? L'aigle n'est pas un oiseau chanteur, il ne lance son cri qu'en chasse, sa parade nuptiale est visuelle et charnelle, faite de chandelles, de piqués et de chutes vertigineuses, les oiseaux se tenant par les serres, puis reprenant leurs chandelles. Je suis un aigle, maladroit en parole, incapable de roucouler ou de danser de façon solitaire pour attirer l'attention de ma mie...
J'ai réussi à me lever et à saisir une béquille, je me tiens à la rampe de la terrasse pour approcher. Elizabeth ! Ne bouge pas, je ne peux pas encore courir à ta poursuite !
- Je suis heureux, heureux que tu sois là ! S'il te plaît, ne repars pas.
J'ai plus de force que je ne le croyais, ou la volonté en tient lieu, elle est là, immobile, proie consentante ? Je m'approche, lâche ce foutu support métallique, et l'enserre, l'emprisonnant de mes bras, posant ma tête contre la sienne... Elle est là, elle est vraie, pas un rêve.
D'ailleurs les rêves ? Pour ce que j'en ai fait... J'ai détruit par mon respect des valeurs sociales de l'humain le lien qui nous unissait et nous mettait hors du monde ?
- Si tu savais comme je regrette... Il ne faut jamais céder à la raison...
Elle est froide, figée ? Elizabeth ! Une fée prise dans la glace du néant ! Une reine des elfes emprisonnée dans une prison de givre... J'ai tellement besoin d'elle, je dois la réchauffer, lui rendre vie... Voilà, encore un « dois »...
- Elizabeth je te demande pardon. Peux-tu me pardonner ?
Je suis au bord des larmes, ma respiration est trop rapide, j'ai peur, je suis à mon tour un oiseau pris en chasse. S'il te plaît, t'avoir revue et te voir partir, un refus net sur tes lèvres ? Je n'y survivrais pas !
Je te voudrais aigle, ai-je le pouvoir de t'offrir ça ? Sans la douleur, sans la terreur, juste le bonheur de voler ? De s'oublier ? De se mettre en retrait de cette laide et pesante humanité qui te force à commettre des erreurs et des horreurs ?
Je ne le dis pas, j'ai trop peur « Elizabeth je t'aime ! »
Je n'ai pas pu mettre l'original, trop moche la vidéo:
Paroles de la chanson J'ai encore rêvé d'elle par Il Etait Une Fois J'ai encore rêvé d'elle C'est bête, elle n'a rien fait pour ça Elle n'est pas vraiment belle C'est mieux, elle est faite pour moi Toute en douceur Juste pour mon cœur
Je l'ai rêvée si fort Que les draps s'en souviennent Je dormais dans son corps Bercé par ses "Je t'aime".
Si je pouvais me réveiller à ses côtés Si je savais où la trouver Donnez-moi l'espoir Prêtez-moi un soir Une nuit, juste, pour elle et moi Et demain matin, elle s'en ira
J'ai encore rêvé d'elle Je rêve aussi Je n'ai rien fait pour ça J'ai mal dormi Elle n'est pas vraiment belle J'ai un peu froid Elle est faite pour moi Réveille-toi...
Toute en douceur Juste pour mon cœur Si je pouvais me réveiller à ses côtés Ouvre tes yeux, tu ne dors pas Si je savais où la trouver Regarde-moi Donnez-moi l'espoir Je suis à toi Prêtez-moi un soir Je t'aime Une nuit, juste pour elle et moi Et demain, enfin je vais me réveiller Je t'attendais, regarde-moi A ses côtés, c'est sûr je vais la retrouver Ouvre tes bras Donnez-moi un soir Je suis à toi Laissez-moi y croire
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
Supplier pour amaigrir l'âme Pour oublier Sceller en la mémoire le blême Le sublime À toute ombre sa lumière Prier les Cieux, les astres, l'Univers Et les étoiles hurlaient Agenouillée sur la glace du Tombeau Le cœur en loques Le cœur en sueur Et les pierres saignaient Rendre les armes S'accrocher aux mirages Tuer Dieu S'enivrer des senteurs du gouffre Errer sans peine en peine Succomber à l'extase spectrale Se mentir Et la Terre suçait la poussière Au bord de la fosse L’ivresse des larmes rouges Aimer DÉSAIMER
Brutalement elle eut froid, se mit à grelotter à grands coups de frissons.
Le Temps hoquète et il te gifle Elizabeth !
Ô Ventre de l'Imperceptible, Ite missa est ! Tristesse et Dévastation se baisaient sauvagement
La conscience floue, elle le vit à peine qui s'approchait. Pétrifiée en un amas de chair, de sang et d'os, elle s'entendit dans sa bouche : Elizabeth... Syllabes qui s'effacent. Elizabeth...
OB ! Le sais-tu ? Elle entend les couleurs
« Partir ? » Mais elle ne peut pas ! La glaise la retient, l'appelle ! Elle s'enfonce dans le sol, ses forces se dissolvent...Bras ballants, elle se laisse enserrer, appuyée sur sa stature pour ne pas tomber.
«...Regret... ? Raison... ? » « Pourquoi ?... »
L'air s'était assombri soudain léché par une averse.
OB ! Le sais-tu ? Elle EST la pluie, la brise, les nuages...Elle n'est pas d'ici...Elle s'évapore...Elle rejoint les fées ! Les elfes !
La respiration saccadée soufflait en flux chauds sur la carotide. Ça la fit trembler violemment, claquer des dents. Il y eut ce mot qui la ramena à la réalité. Prenant un long moment avant de reculer, elle se détacha de son emprise enveloppante. Ses iris absorbaient les siens, si bleus. Un sourire ...
-Pardonner...répéta t-elle, secouant doucement la tête de gauche à droite...qui s'accentua: il n'y a rien à pardonner. Est-ce une faute d'être soi-même ?
La pluie se mit à ruisseler.
-Je t'ai aimé.
« Je t'aime » gisait Ailleurs, sans vie et elle, allait se métamorphoser en sculpture de pierre plantée sur le flanc d'une colline de Norvège ! La légende raconterait l'amour malheureux entre un aigle et une humaine folle de chagrin.
L'éternité lui tombait dessus. Et le vent se mit à siffler.
-Tu es resté fidèle à toi même, tu ne t'es pas renié.
Tout près, un coup de tonnerre ébranla l'azur assombri. Elle dut élever la voix pour se faire entendre :
-Je ne toucherai jamais à ta liberté.
Des stries d'argent griffèrent le sommet de la montagne juste en face. L'écho du tonnerre se répercutait tout autour d'eux.
-Je...Ton absence...Ton silence...Je...Je n'ai pas pu faire autrement...Je n'ai pas su...Elle a murmuré, transie, dépouillée.
OB ! Le sais-tu ? Elle voit ton âme.
Elle se tut, avala goulument leurs silences d'être. Au bout d'une brassée d'intensité, elle détourna son regard, ferma les yeux offrant son visage au ciel. Son corps s'abandonna à la terre. Baigné par les rivières célestes, son chagrin, enfin, fut libéré.
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Oskar
Mar 11 Avr - 2:16
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux. (*) « Derrière les nuages, le ciel est toujours bleu. » (Proverbe norvégien) »
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
Le mal que j'ai fait ! Stupide humain ! Maudit crétin !
Elle est là, dévastée, oubliée, à cause d'une image que j'ai eu d'elle aussi fausse que celle qu'elle a désormais de moi ? Qu'ai-je dit cet hier dont je n'arrive plus à me souvenir ? Comment suis-je parvenu -ou plutôt non- à justifier l'injustifiable ? L'éloigner pour la sauver de moi ? Ou d'être vue en ma compagnie, dans un déferlement de curiosité aussi malsaine que perverse... La presse surtout people est prête à tout pour obtenir l'attention d'un public malsain et avide de scandale !
J'ai à ce qu'il semble le don de défaire les vies... La mienne une première fois, et plus grave la sienne !
- Pardonner.. il n'y a rien à pardonner. Est-ce une faute d'être soi-même ?
Moi-même !
Voilà.
Elle a raison, c'est de ma faute ! En moi un orage de fureur dévastatrice voudrait anéantir l'homme que je suis ! Je suis né... dans une famille laborieuse et aimante, mon enfance a été celle de tout enfant premier né, une sœur, un frère... Nous étions unis, soudés, nous le sommes restés. Et puis je me suis dressé, face au monde, non pas en m'affirmant par la violence comme certains adolescents mais en poussant mon corps dans ses retranchements ! J'ai visé l'excellence, non dans les études dont je me fichais totalement, mais dans le sport... Je voulais être une fierté pour ma famille, mon pays. Je voulais la reconnaissance, la célébrité -même éphémère-
J'en suis mort.
N'ai-je pas compris que le succès ne suffit pas ? Je l'ai payé de plus d'un an de tortures pour arriver à mon but. J'ai perdu la guerre mais j'ai vaincu quand même ! Par delà la mort dans une renaissance insensée et indicible. N'ai-je pas saisi ? Que les rêves « réels » sont voués à l'échec... La préserver contre son gré était aussi illusoire que périlleux !
Ma mère est toujours par monts et par vaux, encore en exercice auprès d'un ex-ambassadeur devenu diplomate de la paix... Ma sœur totalement captée par ses patients animaux, et mon jeune frère dans une bulle d'études supérieures... Seul Bjorn a compris que sous des dehors trompeurs le calme de la mer cachait l'eau houleuse... Je ne leur ai pas dit. Pas plus que le pourquoi de ma tentative avortée de représenter la Norvège aux Jeux Olympiques je n'ai expliqué mon soudain départ pour l'Afrique au service d'un homme que les milieux éclairés savaient un escroc... Pourquoi ? Si j'avais parlé à mes parents de cette femme fabuleuse qu'ils avaient à peine aperçue et qui semblait tant chambouler ma vie, ils m'auraient -à n'en pas douter- dit de ne tenir compte d'aucun autre facteur que SON désir à elle de m'avoir auprès d'elle. Seulement je n'ai pas dit, j'ai l'art de taire les choses essentielles...
A-t-elle raison ? Quand je l'ai repoussée de ma vie, étais-je moi-même ?
A nouveau je me revois adolescent, vieilli prématurément par une expérience aussi douloureuse que traumatisante ! Ma révolte a atteint son paroxysme quand j'ai réalisé que j'avais perdu mon but de vue mais incarné celui de mes geôliers ! Ces gens, qui malgré moi ont fait de moi ce que je suis, ce que je pense être ? Déployer mes ailes m'a fait haïr les hommes ! L'enfant ambitieux et déjà rêveur s'est mué en un misanthrope taiseux et vagabond. Elle a raison !
L'aigle vole seul...
Et il en crève !
- Tu es resté fidèle à toi même, tu ne t'es pas renié. Je ne toucherai jamais à ta liberté.
Ma liberté !
Le ciel crie pour moi ma colère !
- Je...Ton absence...Ton silence...Je...Je n'ai pas pu faire autrement...Je n'ai pas su...
Là-haut, les nuages pleurent pour cacher ses larmes, mes larmes ! Ils nous font l'aumône de la dignité ? Elle s'affaisse, s'abandonne, se meure !
Je l'ai détruite !
- ELIZABETH !
J'ai crié moi aussi, pas assez fort, le tonnerre me couvre, les éléments se rient de mon idiotie ! Comme ils ont raison.
- Elizabeth. S'il te plaît, écoute moi ! J'ai cru qu'il le fallait, comprends-tu ? Je te voyais sur scène, célèbre, souveraine. Je ne voulais pas te faire d'ombre, pas te...
Je ris dans mes larmes, je lance la tête en arrière et la tourne de droite à gauche dans un « non » aussi tonitruant par l'ampleur que celui que je hurle en moi-même ! Comment ai-je pu être aussi égoïste, comment ai-je pu décider pour elle ?! Etait-ce si dur de dire « Elizabeth je t'aime, plus que moi-même, mais j'ai peur de te faire du tort. Crois-tu que nous pouvons ? Si tu me dis : pars, alors je partirai, mais j'aurais si mal de te perdre »... Au lieu de cela, j'ai imposé, je l'ai rejetée au loin.
Pour son bien !
Fidèle à soi-même ? Peut-être a-t-elle raison, avant ? Qu'ai-je fait avant de la connaître sinon prendre l'amour et le plaisir auprès de filles simples auxquelles je disais tout de suite qu'elles n'entreraient pas dans ma vie ? Si elle s'est renseignée sur Oskar Jensen, l'impeccable chauffeur de maître, c'est ce qu'on a dû lui raconter ? « Oskar est un tombeur, il glane, folâtre et part » ?
Je la serre contre moi à l'en étouffer, ne vais-je pas être plus égoïste encore ? Si c'est la dernière fois, je veux emporter le parfum de sa peau, l'odeur de ses cheveux, je veux me rappeler sa douceur, sa stature, même le goût de ses larmes ! J'embrasse la pluie de son cou, elle est là, abandonnée, les yeux fermés, le visage levé vers le ciel, et de ces yeux coulent un torrent salé et chaud ! Je suis un monstre, non seulement un imbécile mais un monstre ! Que pense-t-elle ? Que j'ai joué avec elle comme avec les autres ?
L'ai-je fait ?
Je me fais l'écho de ses paroles, elle a si bien décrit, comment faire mieux ? e ne fais que répéter ses dires...
Je l'embrasse plus encore, non, l'aigle n'a pas su voler seul, quel aigle le fait de son plein gré d'ailleurs ? La solitude est un passage vers la dualité ? Et l'unicité ?
- Je. Pensais te préserver, t'éviter d'avoir honte de ce type blond qui t'aurait suivi comme ton ombre ! Les convenances... les reines n'épousent pas les laquais, ça fait jaser...
Je pleure presque les mots, s'il m'est donné le temps d'expliquer mieux nous en reparlerons, si elle me chasse à son tour, tellement blessée par mon attitude dévastatrice et cruelle, alors au moins elle aura une idée de mes raisons ?
- Je t'aime Elizabeth ! Je t'aime ! Sans toi je ne suis rien, je n'existe pas
Je nous ai condamné à l'enfer en pensant faire bien... J'en ai même perdu le plaisir de voler ! Et ce qui est pire est qu'elle a traversé les mêmes affres de douleur et de souffrance...
Je murmure...
- Sais-tu ? J'ai fait un rêve nuit après nuit... Je te donnais des ailes... et nous volions ensemble, si haut dans le ciel que plus personne ne nous voyait, ne nous jugeait.
Je nous voyais, tournoyer en symbiose dans un soleil lumineux d'hiver, la neige à perte de vue, les montagnes, en bas il y avait du gibier et des hommes mais nous n'avions faim que de l'autre... que d'amour...
- Peux-tu me pardonner ?
Je marque une pause. J'ai le souffle court et une boule dans le ventre. Mon cœur a cessé de battre, trop anxieux pour le faire...
- Elizabeth ? Veux-tu voler avec moi ? Pour l'éternité ? Au-delà du temps ? Nous trouverons ! Nous rêverons un temps infini ! Rien que toi et moi, s'il te plaît...
Ma demande commencée sur un ton normal est devenue un murmure, j'ai peine à articuler, peine à respirer... Je l'enlace à l'étouffer, pour retarder son possible refus. S'il te plaît, recommençons ? Repartons du début, ce jour où Eino a voulu pour toi un chauffeur parce que tu étais blessée, te souviens-tu ? « Ne vous garez pas là ! J'attends un taxi ! » Je crois bien que même ses paroles m'ont jeté en amour...
Ne me quitte pas ! Je t'en prie...
Ne me quitte pas Il faut oublier Tout peut s'oublier Qui s'enfuit déjà, Oublier le temps Des malentendus Et le temps perdu A savoir comment Oublier ces heures Qui tuaient parfois A coups de pourquoi Le cœur du bonheur Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas
Ai-je autre chose à dire ?:
Les paroles ? Arch Enemy - the eagle flies alone Isak Danielson - Start again
et bien sûr, l'inoubliable Jacques Brel et ses mots si justes...
et encore évidemment, elle est libre de faire ce que bon te semble
Ne me quitte pas:
Moi je t'offrirai Des perles de pluie Venues de pays Où il ne pleut pas Je creuserai la terre Jusqu'après ma mort Pour couvrir ton corps D'or et de lumière Je ferai un domaine Où l'amour sera roi Où l'amour sera loi Où tu seras reine Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Je t'inventerai Des mots insensés Que tu comprendras Je te parlerai De ces amants là Qui ont vu deux fois Leurs cœurs s'embraser
Je te raconterai L'histoire de ce roi Mort de n'avoir pas Pu te rencontrer Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas On a vu souvent Rejaillir le feu de l´ancien volcan Qu'on croyait trop vieux Il est paraît-il Des terres brûlées Donnant plus de blé Qu'un meilleur avril, Et quand vient le soir Pour qu'un ciel flamboie Le rouge et le noir Ne s'épousent-ils pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas
Ne me quitte pas Je ne vais plus pleurer Je ne vais plus parler Je me cacherai là A te regarder Danser et sourire Et à t'écouter Chanter et puis rire Laisse-moi devenir L'ombre de ton ombre L'ombre de ta main L'ombre de ton chien mais, Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas Ne me quitte pas
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
Elle sourit au miroir, replaça une mèche rebelle. La coiffeuse avait travaillé ses cheveux en boucles serrées, réalisant ce chignon coiffé décoiffé qui lui seyait à merveille. Se donner une allure de dix neuvième siècle mais pas trop, juste assez pour se sentir à cheval entre hier et maintenant avait déclenché les sarcasmes de ses frères et sœur. Aucune importance, la soirée, la nuit qui s'annonçaient supplanteraient les aiguilles du quotidien. Le bal du Printemps ouvrait ses portes, étalant son faste prestigieux où tout le gratin aristocratique se donnait rendez-vous une fois par an. On célébrait l'entrée officielle de la progéniture des noms à particules dans la majorité. Un prétexte pour commencer à tricoter les filets dans lesquels ces jeunes de bonne famille se prendront le cœur et les comptes en banque. L'aristocratie ne se mélangeait pas.
La rousse avait bataillé pour faire accepter par les instances familiales cette robe improbable -trop originale-, sans parler de cet « immondice rididule », -un léger bandeau de dentelle noire- qui voilait ses yeux ! Il fallut des mois avant que Madame la Comtesse ne finisse par céder brutalement paraissant acter que sa petite dernière puisse s'habiller comme elle voulait.
Son parfum, ici...là où le sang affluait. Il y eut un bruit de voiture au loin mais elle n'y prêta guère attention, toute joyeuse à l'idée de s'amuser, de rencontrer des gens, de danser. Il y aura un feu d'artifice à la fin et une envolée de papillons de papier juste avant que la seconde partie de la soirée ne commence. Les parents disparaîtront et le somptueux château des hôtes se transformera en immense boîte de nuit.
Elle descendit le grand escalier qui menait dans le hall d'entrée prenant soin de relever sa robe. Plus que quelques marches. Personne, elle devait être en avance finalement. Elle attendit et au bout de quelques instants, s'avança vers la fenêtre, nota que la grille au loin était ouverte.
-Kal ? Avez-vous vu Mère ?
Le domestique se racla la gorge, une ombre passa sur son visage. Le personnel demeurait parfaitement professionnel mais entre eux, ils en parlaient...
-Mmh, ils sont partis Mademoiselle.
Dents serrées, l'ébauche d'un sourire blessé.
-Merci.
Le glaive s'enfonça jusqu'à la garde. Engluée dans l'émotion, elle hésita, jeta un regard à l'extérieur et puis marcha d'un pas vif vers le grand salon, poussa les verrous des portes afin de ne pas être dérangée. Ce n'était franchement pas grand chose, n'est-ce pas ? Une soirée de plus ou de moins ? Une déception de gosse de riches ? Des drames se déroulaient partout dans le monde, tout le temps, c'était bien pire, bien plus grave ! Soit, mais ne pas être aimée, surnager sans cesse entre indifférence, mépris et cruauté...Ce sentiment d'abandon récurrent, vêtu de milliers d'aiguilles qui s'enfonçaient à chaque fois dans chaque cellule...
« Rêver...mes Rêves...S'enrêver...mes Songes... Mes Princes, mes Amants...mes Amours...Aimez moi comme je vous aime...»
***
"Ce qui peut me briser, ce n'est pas que tu t'appuies trop sur moi, c'est que tu m'abandonnes." G.Thibon
Autant d'étoiles que de larmes, au Temps des larmes et des étoiles, elle pleurait Eli comme jamais elle n'avait pleuré. Flot de tristesse, cascade de blessure s'éloignaient au gré de la tempête, loin, très loin.
Elle t'aime Oskar ! Elle t'aime à en mourir ! N'as tu pas compris ? Tu es le Rêve qu'elle attendait dans une autre vie. Elle ne l'espérait plus en ce monde, patientait pour s'en aller le rencontrer de l'autre côté...N'as-tu pas vu cet élan transcendant qui palpitait ? Toi l'oiseau, n'as tu pas repéré ce vol solitaire qu'elle nourrissait en secret ? Et elle t'a vu. Elle t'a reconnu, elle a su. C'était TOI, ici et maintenant, pour l'Infini ! L'entends tu ce perpétuel ? L'entends-tu ?...
Au creux du tumulte, elle s'apaisait avec lenteur, sanglot à sanglot, se laissait serrer, embrasser.
Cela avait commencé avec toi. Le chemin sans fin s'ouvrait enfin ! Tout d'elle l'avait pressenti, tout ! Chaque cellule en avait frémi, chaque os en avait tremblé, les veines en dentelle, la peau hérissée, l'âme...L'âme...Il n'y a pas de mot Oskar et tu le sais aussi bien qu'elle. Il n' existe aucun mot, aucun langage parce que cela se vit et rien d'autre. C'est. Ce sera.
Elle t'écoute Ob! Son cœur sourit à tes peurs qui t'ont trompé. Elle, n'a jamais craint de t'aimer tel que tu es. Elle t'aime... alors elle t'a laissé partir, incapable d'abandonner son chagrin. C'est pour ça qu'elle t'a cherché avec acharnement, parce qu'elle était sous l'emprise de sa peine. Aujourd'hui, regarde, elle est venue simplement te dire adieu sans penser à te revoir une dernière fois. Comprends tu cet amour là ? Elle ne t'en dira rien parce qu'elle sait que tu sais.
L'excès se tarit, elle rouvrit les yeux, regarda l'azur assombri par dessus son épaule. Fatiguée, si fatiguée mais tant heureuse : Il était là et elle s'en abreuvait jusqu'à l'ivresse. Elle n'avait rien demandé pourtant le Grand Mystère avait œuvré.
Se blottir contre lui.
-...S'il te plaît...Il n'y a d'ombre que ton absence...Tu t'es trompé de combat...Ne te fuis pas...N'aie pas peur...
N'aie crainte Ob, va et sème l'éternité !
Et puis elle bougea, posa ses mains contre ses joues, le contempla, câlinant son âme à travers ses yeux.
-Je t'aime, tu n'es pas rien, tu es Tout et tu existes sans moi comme j'existe sans toi sinon nous ne serions pas. Ne t'égares plus mon amour, je t'en supplie, ne t'égares plus...
Elle sourit, oh comme elle sourit ! -Mon roi a oublié ? Un jour vous aviez demandé « ...que voudrez-vous faire Ma Reine ? » Elle, avait répondu « Voler avec vous...»
Ses pouces écrasèrent tendrement les larmes qui coulaient sur son beau visage. A son tour, elle le serra si fort contre elle. Ob, Ob...Tu es si têtu quelquefois !
-Je ne peux pas te pardonner parce que je ne t'en veux pas ! Je ne t'en veux pas, tu comprends ? Je ne te reproche rien. Tu as fait comme tu as pu, j'ai fait comme j'ai pu et l'essentiel c'est maintenant, maintenant et rien d'autre...
Eli avait bien des défauts mais ne connaissait pas la rancune, alors quoi ? Qu'il cesse de se flageller à cause d'une fausse pensée !
"Elizabeth ? Veux-tu voler avec moi ? Pour l'éternité ? Au-delà du temps ? Nous trouverons ! Nous rêverons un temps infini ! Rien que toi et moi, s'il te plaît..."
“J'aime quand le temps s'envole. Perd son propre temps. Se perd en homme. Et ne sait plus de quoi il retourne.” *
Grandiose ! Somptueux ! Mais comment pouvait-il « demander » une chose pareille? L'évidence la fit rire soudain. Elle recula légèrement, emplie d'une profonde et douce lumière. Ne dit aucun mot puis se rapprocha, l'embrassant intensément.
Lorsque le millénaire de leur baiser fut consumé, elle lui sourit et s'avança vers les montagnes. La pluie était devenue moins dense mais ils étaient trempés, leurs cheveux dégoulinaient. Eli se mit à grelotter de froid cette fois-ci mais c'est le cœur et l'âme brûlants qu'elle étendit les bras face au vent. Chuchoter suffisait, Ob possédait l'ouïe d'un l'aigle.
-Apprends moi...
Entière, excessive, elle voulait tout Elizabeth, Réalité et Songe, vivre et s'envoler avec Lui, littéralement. Mais elle ressentait à l'extrême et les séquelles auront besoin de temps pour disparaître. Du temps...pour s'apprivoiser...l'éternité les enlaçait n'est-ce pas ?
* G. Perros
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Préférence de jeu : Homme
Oskar
Sam 29 Avr - 15:16
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux. (*) « Derrière les nuages, le ciel est toujours bleu. » (Proverbe norvégien) »
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
Je ne sais si elle l'a chuchoté ou pensé, oui, pensé ! Je me sens capable de saisir la signification du moindre de ses souffles, de ses souffres... mélange de vie et de la mort qu'occasionne la confrontation de l'espoir et de la douleur. « Apprends-moi » ? Comment ? Ne suis-je pas fou ? Pourtant le rêve la montrait avec des ailes ! Si belle, si Elle...
J'essaie de me le remémorer... Il doit traduire ma perception de ce couple d'elle et moi tel que je le perçois, socialement... L'ambiance était... historique ? Je n'ai guère écouté les professeurs d'histoire et peu m'importe l'antiquité, l'époque médiévale, la Renaissance ou je ne sais trop quoi d'autre... Tout cela n'est pour moi qu'un passé dont le sens échappe aux contemporains à cause du biais qu'ils empruntent pour le regarder...
Mais dans ce rêve, d'immenses étendues de sable et des palais de pierre jaunes commençaient ma vision... Une ambiance à la fois brûlante de lumière et sombre, une guerre, une reine omnipotente, solitaire, sublimée ; un soldat à ses ordres... La guerre se perdait et les sujets de la reine disparaissaient... Pas de morts, pas de sang, juste un vide de plus en plus perceptible qui l'environnait et l'étiolait, jusqu'au jour où le soldat fut le dernier, et lui offrit ce qu'il avait... des ailes ! Au lever du soleil, l'enchanteur protecteur de la reine, ce soldat si inefficace l'arme à la main, lui dévoilait sa nature... Aucun sujet n'était mort, à tous il avait offert un autre royaume, un endroit sûr où dans l'attente de sa venue à elle, ils œuvraient pour le rendre aussi magnifique que l'avait été l'ancien ! Un royaume qu'il ouvrait désormais à sa maîtresse, parce qu'il l'aimait à en perdre jusqu'à sa nature d'homme... Une fois le soleil aspiré pour donner vie à la reine-oiseau, il se transformait à son tour, et quittant la chaleur de l'enfer qu'était devenu leur monde ils volaient ensemble dans des cieux surplombant la neige et les fjords...
Le soldat payait le prix de leur liberté... Jamais, jamais plus il ne serait un homme !
Je me réveillais, matin après matin, désespéré de me sentir des jambes ! Si je pouvais me dresser, bipède misérable, et me lever c'est que j'avais échoué à lui offrir mes ailes ! Le rêve bien souvent persistait, longtemps, bien au delà du premier café, et je me surprenais à chercher comment je parviendrai à l'emporter dans le ciel, mon égale, pour … l'éternité !
Ce rêve, je le lui offre, je le narre, je l'explique, j'en dis ce que j'ai compris...
Elizabeth ma Mie, si nous voulons voler, il nous faut rêver, non pas en dormeurs humains épuisés par leur journée de labeur, mais comme les fées que nous sommes ! Rêver, t'en souviens-tu ? Nous avons réussi à créer un mur de neige entre le réel et la féerie pour nous préserver et nous offrir le temps et l'espace pour nous rencontrer ! A n'en pas douter, ce soleil, je réussirai à l'aspirer pour t'en faire un cœur d'oiseau, il ne se lève que pour ça ! Il attend, il patiente, nous trouverons...
Je parle et je parle et je parle...
Je la tiens serrée contre moi, je l'ai entraînée dans la maison, une maison où mon père a mis beaucoup de lui et qui lui ressemble, qui me ressemble car c'est bien de lui que je tiens ma tendance à déraper et à m'évader de la réalité parfois si morne... L'espace y est immense, comme si le le plafond et le sol se mêlaient pour ne faire qu'un cube, un salon hors d'âge, encombré, « sur »-meublé dit ma mère, des lambris, des fauteuils de taille et de facture différente, des tas de photos, une multitude de lampes pour les hivers si longs de la Scandinavie... Tout cela dans un dégradé de couleur du beige au bois passant par le jaune... La chevelure de feu d'Elizabeth s'y confond avec les murs, irradie, illumine la pièce aux larges croisées donnant sur la terrasse et le spa qui nous permet hiver comme été d'admirer les sommets enneigés dans l'eau fumante !
- Je découvrirai la clé des cieux ! Je dénicherai la magie qui te donnera ce pouvoir, et la seule douleur que tu ressentiras sera celle de l'attente, parce que je vais tâtonner, me fourvoyer, mais tu me guideras, je sais qu'à nous deux nous saurons, comme nous avons su nous trouver l'un l'autre ! Veux-tu ? Dis-moi ! Je l'ai rêvé Elizabeth, donc c'est possible !
A m'écouter, d'aucuns, ceux que fréquente l'Oskar qu'elle a rencontré, dans ce monde où il conduit une voiture de maître et ne chevauche pas de licorne, me diraient dérangé et me conseilleraient avec plus ou moins de doigté de consulter rapidement un médecin des esprits ! J'en suis sûr, et je m'en fiche pour rester poli... Elle, et moi, nous sommes au delà de ces considérations terre à terre et de cette foi imméritée qu'ils ont en la raison. Pour calmer son impatience je l'embrasse, je m'enivre de sa présence, je lui impose ? Propose ? D'en faire autant. D'un geste je l'invite à choisir un siège et je m'assois tout près d'elle, presque à ses genoux comme le soldat-magicien de ce songe qui m'a tant poursuivi en s'instituant rêve prémonitoire. Je prends sa main et la baise, avec ferveur, fougue, et … embarras quand mes yeux croisent les siens, mutins et moqueurs...
- Ferme les yeux, écoute-toi, tu es la reine de ce royaume, écoute... entends-tu le froissement de tes ailes ? Dans le cœur, le feu du désir et de l'espoir te brûle au point de permettre l'éclosion … tu tends les bras, ils sont longs, des plumes les parent, tu es...
Un aigle !
L'est-elle ? J'ai fermé les yeux aussi et moi le suis... Je regarde le ciel dans mon esprit et je nous vois, la réalité est légèrement distordue, les fjords sont toujours là, mais comme … dessinés ? Les oiseaux qui volent dans le ciel ne sont pas totalement parvenus à perdre leur humanité et présentent quatre serres, mais qu'importe, ils ont les ailes que je veux lui offrir...
Je cherche, je cherche un aigle royal dont le plumage serait plus roux que l'ordinaire ? La nuit tombe, comme pour ouvrir davantage le monde où tout est possible si l'on a suffisamment de volonté pour le vouloir et le créer !
Ai-je autre chose à dire ?:
La musique ? Estas Tonne - Inner Worlds Dhafer Youssef - Soupir Eternel
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
Au bord de ce si long temps... Et le cœur bat ! À la croisée des étoiles lactées Laisse aller, laisse...
L'extase éphémère tarie, ses bras se replièrent. La montagne en face, teintée de gris et de pluie semblait lui sourire. Elle savait, du haut de sa cime et de son grand âge, écouter les mystères du Ciel qui chantait ou pleurait.
Et toi Elizabeth, pressens tu l'Appel ?
Guidée jusqu'à la maison, appuyée contre lui, l'Eve s'enveloppa de son aura chaude et douce. Était-ce l'épuisement de tous ces jours et ces nuits de douleur qui rendait soudain les armes ? Ou bien une confiance sans fond qui coulait tout à coup sans discontinuer? Elle se sentit avancer au ralenti, évanescente. La terre ne tournait plus, les nuages s'alourdissaient de lumière, le vent les emportait là-bas... Il n'était pas parti, ce n'était qu'un pitoyable cauchemar dans lequel elle s'était noyée par erreur.
Et le cœur bat !
À la croisée des astres argentés Laisse aller, laisse... Sais tu, oh sais-tu comme je t'aime ? Si tu savais...Si tu savais, tu en mourrais.
La soie de l'Ange... Mes os se dissolvent...Je marche mais je ne sens plus le sol. Chaque pas me rapproche...m'éloigne...Tu es là tout contre moi...Tu es là tout contre là-bas...
L'ivresse de l'Amour... Mes veines s'en imprègnent . Je l'inspire... l'inspire...l'inspire...L'apnée me berce... me suspend...Ob, je te respire sans expire...
L'histoire de ce rêve...Elle l'écoutait, l'entendait, se repaissait de chaque image, de chaque mot, de sa voix, de ses intonations. Touchait entre ses doigts les « immenses étendues de sable et des palais de pierre jaunes », sentait la brûlure sombre de la lumière sur ses joues, regardait le vide juste à fleur, souriait au soldat-oiseau.
-Tu m'aimes à en perdre ta nature d'humain...
Elle chuchotait, nageait dans le flot de ses paroles qui coulait comme une rivère fraîche et douce sur son âme. L'ambroisie oskarienne lui donnait des frissons, des papillons dans les yeux, le ventre. Voler avec Lui...
L'effleure du vertige...
Souveraine d'un royaume invisible.. Une destinée aux fragrances inassouvies...
-Oui, je le veux. À peine audible.
Il l'embrasse, elle l'embrasse. Iel s'embrassent, unis en un. L'Onde tricotait, versatile, imprévue, sibylline, mystérieuse d'une primauté qui ne leur appartenait pas. Elle était là, l'Orbe, tissant en filigrane une affinité réservée qui n'en était qu'à ses balbutiements, se mêlait à leurs cœurs, fluide, délicate.
Elle n'avait guère envie de s'assoir, ne pensait qu'à s'abreuver de sa présence, le toucher, se lover. Docile néanmoins, elle s'installa sur le bord du fauteuil, s'emmitouffla dans un pilou qui traînait, la mine heureuse, les yeux brillants.
« Veux-tu ? » avait-il demandé. N'avait-il pas compris à quel point il lui suffisait de peu pour décoller ? Qu'elle empruntait sans cesse d'autres chemins pour rêver ses lendemains ? Que le Songe était son sang, une raison de vivre ?
Close Your Eyes .
Fermer les yeux pour ouvrir les mondes d'Ailleurs...C'était si facile, si doux...Ne plus être d'ici...S'en aller en vrai...
Quand ses lèvres se posèrent sur sa paume, ce fut comme...un déclenchement, une décharge suave. L'opulence invisible frémissait, fascinante, tentatrice. Avant, juste avant, elle lui sourit d'un air mutin. Ob, n'as-tu pas compris ?...
Elle se pencha, son front sur le sien, buvant littéralement ses paroles, reine gourmande de leur royaume, coincée entre l'Amour et l'Amour. Mais là-bas...ici-loin...palpitait quelque chose de plus grand encore...
-Oui...Je vois, je sens tout ça...Mais j'ai besoin d'un peu d'aide.
Elle n'était pas aigle comme lui ! Se reculant, elle chercha du regard dans la pièce. Il lui fallait...Là, près de la grande fenêtre, une tour de sons, pianoter sur son téléphone, coupler les deux appareils et le miracle pouvait commencer...
-Viens.
Il ne refuserait pas cette fois-ci ! D'un geste, elle l'invita à s'assoir en tailleur sur le gros tapis moelleux puis se cala tout contre lui entourant ses hanches de ses jambes. D'un sourire indéfinissable, elle posa ses paumes sur ses joues l'embrassant à pleine bouche. La musique les enveloppait, rebondissait sur les murs, participait à les emmener...Enfin, elle rouvrit les yeux, l'interrogeant avec intensité du regard : « Pour te rejoindre, veux tu me suivre ? » En silence, ses lèvres bougèrent demandant à leur tour : « Tu veux bien ? »
À sa réponse silencieuse, lumineuse, Eli se débarrassa du plaid, enleva son gros pull, son tee-shirt et d'une lenteur désarçonnante, fit de même avec les siens. Le vêtement de coton remontait contre la chair tendre du ventre, de la poitrine, le long des épaules. Le doux frôlement s'étendait sur le dos, mordu par l'infinie tendresse des doigts.
Peau contre peau.
Paupières closes, joue contre joue...elle chuchota à son oreille: " Oublions qui l'on est, d'où l'on vient...Je fais le vide pour me remplir de toi...Ne penser à rien..."
Elle commença à bouger en mesure, à gauche, à droite, le buste appuyé contre lui. À l'aveugle, la pulpe de ses doigts suivit les courbes de ses avant-bras, dessus, dessous, descendant lentement sur ses hanches, puis elle les étendit comme s'il allait voler. Bras contre bras, mains enlacées, c'est tout leur corps qui se mouvait en un seul mouvement, une seule ondulation, longue, profonde.
Elizabeth plongea en elle. D'inspiration en expiration, son souffle devint plus profond, plus lent. La détente s'installa, l'état second prenait le pouvoir.
I'll See You in the Stars
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Date d'inscription : 07/03/2022
Région : France, Ile de France
Crédits : Targui himself
Univers fétiche : Pas de préférence, avatars réels par contre
Préférence de jeu : Homme
Oskar
Sam 27 Mai - 13:47
Oskar Benedikt Jensen, dit "Ob"
J'ai 32 ans et je vis à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis chauffeur de maître et je m'en sors bien. Sinon, je suis célibataire et je le vis bien. Accessoirement, j'ai la faculté de me transformer en ... aigle royal. Mais ne le dites pas, c'est un secret !
O. B. Jensen a écrit:
Le destin dit-on, donne à chaque homme, chaque femme, un être "lié" qui viendra le compléter. Chacun porte une phrase, une marque, qui lorsque cette moitié qui lui est réservée sera croisée, changera de peau pour aller sur la sienne, celle que portait l'âme-soeur venant orner la vôtre. Depuis la fin des temps, les textes et les légendes rapportent que jamais cette phrase ne disparaît... Parfois, elle change, parfois immuable, elle avoue votre échec à trouver votre double. Si l'on tente de la supprimer, elle renaît, sur une autre partie du corps... Elle ne s'efface, que lorsque le lien est rompu, lorsque amputé de votre moitié, vous errez entre l'être et le non-être, à jamais solitaire. Je viens de perdre la mienne, ce qui signifie que Maïween, mon faucon blanc, a disparu. Pourtant, je ne me sens ni déchiré, ni en deuil, j'ai accueilli cette découverte comme l'aveu d'une erreur de la destinée, sinon, pourquoi elle et moi ne serions-nous jamais parvenus à nous rejoindre, remettant au lendemain, sans cesse, nos projets ? Je suis un homme d'honneur et de devoir, alors j'ai téléphoné, cherché, me suis adressé à tous ceux qui connaissaient mon âme soeur... Elle a non seulement disparu de mon bras, le libérant de toute inscription, mais également de toutes les mémoires ? Une ébauche de rêve, retournée à la nuit dont elle était sortie ? Etais-je le rêve de l'ombre qu'elle est redevenue ?
Le rêve, encore lui, s'est imposé à moi, brûlé par le feu d'une chevelure et l'incandescence d'une personnalité hors du commun... Le hasard est parfois cruel, à mettre en présence des êtres improbables et fragiles... Elizabeth, croisée déjà trois fois, à chaque fois, sa présence ruine tous les projets de raison et de sagesse que je peux me faire... Je succombe, je me noie, entraîné par les sirènes d'un espoir insensé ! Je t'aime ! Je t'aime ! Dans ce royaume inaccessible et magique, magnifique et irréel, le rêve, je partage avec toi une intimité que le réel nous interdit ! @Dreamcatcher
Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux. (*) « Derrière les nuages, le ciel est toujours bleu. » (Proverbe norvégien) »
Avant ce chapitre...:
Oskar Benedikt Jensen et Elizabeth Van Sechtelen... Deux destins qui n'auraient pas dû se croiser l'un l'autre... Comme le blond le dit et le répète, les laquais n'épousent pas les reines... Mais ils peuvent leur donner et en recevoir... un bonheur indicible ! Du bonheur, ou un chagrin à la mesure du bonheur perdu... Oskar s'est éloigné, pour la préserver, chose qu'elle n'a pas compris, ni supporté... Comment font les aigles pour ramener le sourire sur les lèvres des femmes ? A voir...
Ma dernière pensée consciente est pour l'adolescent que j'ai été et qui à cette injonction aurait pris la fuite... Pourquoi ? Parce que l'Oskar « d'avant », le « Ob primitif » craignait par dessus tout de perdre son libre arbitre ! Quand je pense à ce qu'il a vécu quelques mois plus tard, j'en rirais d'un rire tragique et pourtant s'il n'avait pas extorqué leur signature à ses parents confiants et crédules, pourrais-je aujourd'hui proposer de voler ?
- Viens.
Je veux obéir, je veux me soumettre... Mon corps entier à force de retenue est tendu comme la corde d'un arc ! Je veux le feu de sa chevelure qui se transmet à sa peau, courant dans ses veines comme un élixir de force et de jeunesse ! Je veux... enfouir mon bec dans son cou, prenant garde de ne pas la blesser, je veux... entourer ses épaules de mes ailes ! Je veux...
Aimer !
Baisser la garde !
Enfin !
Ma vie entière depuis... la parenthèse qui a fait de moi ce que je suis... est une bagarre constante pour rester dans ce monde. Présenter aux autres un visage acceptable, masquer le « fond de moi » avec art, imperturbable, inconsistant, présent mais invisible, serviable mais fier, un mélange que j'arrive parfaitement à concocter sur ma table d'alchimiste et à rendre stable... Il n'empêche, sous la surface, la lave bouillonne et le rêve flamboie, prêt à jaillir, à prendre possession non seulement de mon être mais de mon environnement !
J'ai connu ce que personne d'autre n'a pu expérimenter, je suis passé « de l'autre côté » ! Laissé pour mort par mes bourreaux, jusqu'à ce que l'aigle apparaisse, Afterlife ! Cela, je ne l'ai jamais raconté, même pas à celui qui m'a recueilli à ma sortie du labo... J'étais déjà étiqueté, expérience ratée, rebut dédié au four... La vie a eu en moi un sursaut que je ne veux pas gâcher et que dont je compte bien profiter ! Puisqu'une seconde chance m'est donnée...
Avec elle...
J'ai trouvé la moitié qui manquait à mon âme !
- Oublions qui l'on est, d'où l'on vient...Je fais le vide pour me remplir de toi...Ne penser à rien...
Je me laisse perdre, les yeux fermés et le nez en alerte, je m'imprègne de son odeur, de son toucher... Comme elle dit, je m'emplis d'elle ! Au point qu'à un moment -proche- nous fusionnerons !
Est-ce cela la magie? Lorsqu'elle sera suffisamment imprégnée de moi, mêlée à moi, mi-moi mi-elle, aura-t-elle des ailes ? Je dérive suivant les errances de ma pensée tandis qu'elle m'égare dans les méandres du plaisir... Ne dit-on pas « Atteindre le septième ciel » ? Dans l'air de la pièce, un râle franchit les murs du son pour dire combien elle me comble ! Mais les aigles ne râlent pas ? Je suis humain ? Désespérément humain ? Non ! Je ne le veux !
Volons Elizabeth, Elizabeth !
Oh ce prénom ! Si tu savais ! Je l'ai prononcé dans mes rêves comme dans ma conscience, crié ou à mi-voix, appelé et perdu, j'ignore ce que tu ressens toi... Mais moi je sais que pour exister...
J'ai besoin de toi !
Je sens sous mes doigts des plumes, leur soierie raide ? Des rémiges, primaires, leurs barbes raides accrochées les unes aux autres, des barbes libres qui forment un duvet ! À y passer la main, je palpe même l'échancrure commune aux rapaces... Les miennes ? Les siennes ?
Du fond du rêve remonte un chant de triomphe... ou de mort ? Qu'avons-nous fait ! Elle est mienne et je suis sien... Quelle folie ! Je m'étais juré de ne jamais, jamais m'attacher ! J'avais comme dans l'idée, un fond d'idée peut-être ridicule et sans fondement, que celle à laquelle j'offrirais mon cœur serait en danger... Pourquoi ? Aimant suis-je soudain plus bestial ou agressif ? J'aurais tendance à dire que c'est au contraire le manque d'amour qui me met dans cet état, en sont témoins les nombreux voyages que je fais chez mes parents, pour retrouver un semblant d'équilibre malgré le secret toujours pas confié ?
Renversé le buste en arrière, planté en elle comme une graine d'ailes, j'entends la voix de la prophétie de mon rêve : la reine sera un oiseau, par la volonté du magicien, dut-il se perdre pour la lui donner !
Par la magie du rêve !
Vole !
Ai-je autre chose à dire ?:
La musique ? Walking In The Air - Nightwish AD INFINITUM feat. Nils Molin - Afterlife Babylon - Ancient Female Vocal A Capella | Cleared For Remixing on Krux Audio
Veux-tu conclure cet épisode ou part-on à la recherche de tes ailes ???
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement. Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
Regardez ! Le Soleil embrasse la Lune, l'embrase et l'enlace ! Il la tient serrée contre son Feu, bercée d'étoiles et de poussières de fées.
Tu es né mêlé à moi comme à l'archaïque lumière les eaux sans pesanteur*, et je m'efface pour te laisser la place. De mon âme errante, je t'appelle à la folie somptueuse de l'éternité qui nous étreint ! Ma peau se fond dans la tienne, mon cœur s'amalgame au tien qui bat de plus en plus fort, de plus en plus loin ! Je coagule, liquéfiée au creux de ton mystère!
Sa conscience s'enfonce à s'élever, elle s'en va Elizabeth, se perd en lui pour le retrouver. L'esprit fusionné, l'osmose la consume.
-JE T'AIME !
Apothéose en métamorphose
Cri jaillissant, sursaut de tout son être. L'orgasme cosmique l'arrache ! Son corps s'affaisse inexorablement.
Ob s'est envolé, transformé et l'aigle passe par la fenêtre soudain grande ouverte. Elle, est passée de l'autre côté. Elle plane à l'attendre près de l'immense conifère. Ses grandes ailes frappent le vent, ses pupilles ébènes brillent l'Absolu.
Un peu plus loin, à quelques tires-d'ailes, une fine ouverture arrondie béait sur le ciel. Un halo de clartés multicolores perçaient les nuages.
Golden Eagle
Le Portail s'était ouvert...
*R.Lasnier
My Lord...:
Conclure? Jamais...
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Comme une langue de chimère, comme une flamme liquide et bleue, le fjord dort entre les monts à pic, tel un long lac tortueux