A Tale of Love, Monsters, and a little bit more [Clionestra x Jen]
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Préférence de jeu : Les deux
Jen
Ven 2 Juin - 1:09
Le contexte du RP
Mise en situation
La situation
Inspiré du livre et du webtoon Under the Oak Tree
Il épousa une parfaite inconnue, puis disparut pendant trois ans. Elle retourna chez son père qui la détestait de tout son être. Il partit combattre des monstres pour protéger le royaume. Un beau jour, il revint quérir son épouse, comme si de rien n'était. Mais tout n'allait pas être aussi simple.
J'ai 24 ans et je vis à Anatol. Dans la vie, je suis fille unique de noble et je m'en sors très mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée à un illustre inconnu et je le vis plutôt mal.
Les yeux sombres de la jeune fille balayèrent la pièce. Tout autour d'elle, des étoffes voluptueuses s'éparpillaient. Une main lui attrapa le menton pour lui relever la tête tandis qu'une autre lui appliquait un rouge vif sur les lèvres. On tira dans son chignon élaboré pour y accrocher une broche sertie. Elle fut aspergée de parfum floral. Une voix appela soudain son nom. Gwendolyn tourna la tête vers l'encadrure de la porte. Sa gouvernante.
"- Maya, où est Hunter ?
- Il est retourné avec les domestiques pour le moment Mademoiselle. Il vous sera restitué dès la fin de la cérémonie."
La jeune fille soupira. La présence rassurante du petit chien lui manquait. Il lui avait été offert par les domestiques quelques jours avant la date fatidique du mariage, en guise de cadeau d'adieu. Elle était immédiatement tombée sous le charme de la petite bête enjouée. Il lui manquait terriblement maintenant, tandis qu'elle se sentait plus seule que jamais entourée d'une flopée de couturières et de femmes de chambre. Des dizaines de paires d'yeux braqués sur elle, pour la rendre irréprochable aux yeux d'un illustre inconnu. Gwendolyn déglutit tandis qu'elle sentait le noeud dans son estomac se resserrer.
Sa gouvernante s'approcha doucement, comme par peur de la brusquer. Puis elle lui saisit la main, signe d'une affection si rare que la brunette tressaillit.
"- Il est temps," murmura la vieille femme d'une voix inhabituellement douce.
Gwendolyn eut à peine le temps de traiter l'information que des pas qu'elle aurait reconnus entre mille retentirent dans le couloir. Elle se figea, et son corps lui envoya tous les signaux d'une attaque de panique imminente : sueurs froides, vertiges, nausée. Elle connaissait ces signes avant-coureurs par coeur. Ils se manifestaient précisément dans cet ordre là, toujours. Et lorsque son père apparut à son tour par la porte, son esprit s'éteignit momentanément. Elle n'était plus qu'une coquille vide, terrorisée, qui attendait que la tempête passe.
"- C'est mon argent qui te sauve aujourd'hui, ma fille.
Ma fille. Il employait si rarement le terme. Elle frissonna imperceptiblement quand son père lui saisit le bras pour la trainer au-dehors de la petite salle intimiste. Elle garda les yeux baissés tandis que la voix sèche de son père s'élevait à nouveau.
- S'il t'as choisi c'est uniquement pour ta dot, pour financer sa prochaine campagne de guerre."
Bien sûr, il ne pouvait pas en être autrement. Même elle l'avait compris. La seule raison pour laquelle un parfait inconnu pourrait la demander en mariage, était sans aucun doute la grande fortune de son père. Pour une raison qu'elle ne s'expliquait pas, il ne l'avait pas encore déshéritée. Alors l'épouser revenait à s'assurer une rente confortable, à défaut d'un véritable titre de noblesse. Son père n'était que baron. Et elle, n'était qu'une déception.
Ses escarpins frôlaient silencieusement le sol du long couloir qui les menait à la salle de réception. Gwendolyn avait toujours appris à se faire discrète, pour ne pas irriter son père plus que nécessaire. En sa présence, elle marchait silencieusement, respirait silencieusement, existait silencieusement. Une ombre. Il la regardait souvent comme s'il ne la voyait pas vraiment. C'était parfois même pire que lorsqu'il dardait un regard rempli de ressentiment sur elle. Et aujourd'hui, le regard de son père était rempli de colère. Au moins, ressentait-il quelque chose pour elle. Qu'avait-elle donc fait pour mériter sa colère cette fois-ci ?
"- Ce rouge est grossier sur toi."
C'était donc ça. La couleur de son rouge à lèvres. Elle ne l'avait pas choisi, elle ne l'avait même pas vu. Pourtant, elle sentit son coeur qu'elle croyait déjà annihilé sombrer encore un peu plus. Il ne l'approuvait toujours pas, même le jour de son propre mariage.
Sur ce constat amer, les lourdes portes de bois s'ouvrirent face à elle.
Son père resserra sa prise sur son bras et Gwendolyn se sentit défaillir. Tant de monde. Qui étaient-ils, tous ? Que venaient-ils faire ici ? Tous les regards étaient braqués sur elle, tandis qu'un orchestre plus loin s'était mis à jouer un air qui se voulait joyeux. Tout son corps lui envoya des signaux d'alerte. Fuir. Trop de monde. Elle suffoqua, manquant d'air. Une pression ferme de la main de son père la ramena à la réalité. Ne pas faire de scandale. Ne pas être un embarras supplémentaire. Elle inspira un grand coup, et fit son possible pour retrouver une expression neutre. Son regard trahissait pourtant toute la panique qui hurlait encore dans son esprit. Si qui que ce soit avait seulement pris le temps de s'attarder sur son regard.
Toujours au bras de son père, elle entama la longue marche à travers la salle jusqu'à l'autel qui avait été dressé pour l'occasion. Gwendolyn leva les yeux sur la silhouette qui l'y attendait. Un illustre inconnu. Dont chaque pas la rapprochait inexorablement de ce destin dont elle n'avait jamais voulu.
Le regard de la jeune fille se fit lointain de nouveau.
Où est Hunter ?
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Clionestra
Ven 2 Juin - 12:14
Riftan Calypse
J'ai 30 ans et je vis à Anatol, mon duché depuis que j'ai 14 ans. Dans la vie, je suis duc et général d'un cargaison de soldat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je n'ai pas vue ma femme depuis trois ans. J'ai dû l'abandonné sans notre première nuit alors que je l'aime depuis 9 ans. → Seul héritier du duché. → Honoré par le roi pour ses prouesses contre les monstres. → Possède une épée fait dans le sang et les os d'un dragon noir. → A dû mal à exprimer ses sentiments sur son visage → Ne sait pas comment les exprimer en plus → Semble froid, glacial voir méchant quand on ne le connait pas. → Il possède pas mal de cicatrice de ses croisades. → Il dort peu. → N'a jamais eu le temps de s'occuper des femmes
Riftan observait l’étrange petit animal. Se penchant de sa place, il attrapa le chien qui jappait joyeusement par le col. Qu’est-ce que c’était que ça ? Seul dans la pièce qui lui avait été donné pour se préparer, le chien était rentré en terrain conquis. Riftan le rapprocha de son visage. Ses loups le mangeraient.
- Qu’est-ce que tu me veux ? fit-il de sa voix rauque alors que le chien continua à désirer ses caresses.
Riftan abdiqua. Il aimait les chiens. Depuis toujours. Plus que les chats en tout cas. Il se demanda un instant si Gwendolyn aimait les chiens. Si Gwendolyn aimerait ses chiens. Il avait une meute de loup, de chien-loup et de loup-chien. Ce n’était pas la même race. Riftan arrivait à faire la différence. Les chien-loup était des animaux dit « adoptable » et qui se faisait acheter prix d’or sur les marchés noirs. Riftan fermait les marchés noirs d’humain et d’animaux et en récupéré les animaux. Les loup-chiens étaient des animaux qu’il récupérait dans des combats d’animaux illégaux. Et les loups c’était directement dans les forêts qui bordaient Anatol. Bien sûr, il récupérait aussi les autres animaux blessaient ou soumis aux autres. Tout le monde dans son village avait un animal offert par leur petit duc. Petit duc. Il caressa encore l’animal. C’était un peu différent maintenant qu’il avait 27 ans. Il n’était plus si petit. Il entendit la porte s’ouvrir.
- Petit duc, fit Park, son meilleur ami et majordome, tu es prêt ? - Non.
Le majordome rit en s’approchant pour prendre le chien des mains de son chef. Riftan était, en plus d’être le duc, un chevalier récompensé par la couronne. Park enleva les poils sur le buste de son chef avant de lâcher un nouveau rire.
- Toi, marié. Je ne l’aurais jamais cru. Mais si c’est avec l’ange, ça me surprends pas.
Riftan penche la tête, les yeux clairement jetant des éclairs pour intimer à son ami de se taire. Sauf qu’il repartit dans un rire. Tout le monde savait que le grand chevalier Riftan n’était pas le genre à se marier. Il avait refusé des mariages avec des femmes bien plus haut placé. Il avait refusé des mariages avec des presque princesses. Riftan se fichait de toutes ses femmes. Il n’y avait jamais eu que Gwendolyn. Cette fille si douce et pure dans son jardin. Il avait eu un coup de foudre pour elle. Le genre de coup qui arrête la respiration et qui laisse totalement désemparé. Puis il avait dû aller s’occuper d’une faille, puis d’une autre, puis d’une autre, que des failles mineurs. Son épée au poing. Il se demandait ce qu’elle faisait. Comment elle le faisait. Si elle était déjà mariée à un autre.
- Il paraît que la faille de la zone S a commencé à bouger, rajouta Park en posant le chien pour finir de mettre le symbole des généraux en or contre le costume de son chef.
La zone S était une zone, derrière les montagnes d’Anatol qu’ils protégeaient, qui ne bougeait pas souvent. Elle était bien plus loin dans la terre des monstres. Mais quand une faille décide de bouger, cela annonce l’arrivé de beaucoup de monstres. Riftan fit un geste dédaigneux. Il était à son mariage et on voulait déjà l’envoyer repartir tuer les monstres ?
- On s’y occupera après ma lune de miel.
Lune de miel pendant laquelle il allait devoir trouver le courage d’avouer son véritable amour à la jeune femme, de lui expliquer qu’elle n’avait jamais été qu’une femme au hasard pour lui, et l’inviter à entrer dans sa vie. Pour le moment, il savait simplement qu’elle avait accepté son mariage. Ignorant totalement qu’elle n’en avait pas eu le choix. Ignorant totalement qu’elle croit se marier pour l’argent. Si Riftan avait besoin d’argent pour la guerre, il savait y faire. Il était le genre économe. Donnant l’argent pour ce qu’il faut. Chez lui, pas de grande fête avec l’or qui coule des fontaines ou d’habit élaboré. Quand il faisait une fête, c’était toute la ville qui s’y mettait. Les gens venaient avec leur plus belle robe, mais aucun besoin qu’elle soit drapée d’argent ou de soie. Les habits étaient beaux mais aucun besoin d’être cher. D’ailleurs la ville vivait pratiquement entièrement sur l’argent que leur apporter la conception d’étoffe pour les autres villages alentour et même la capitale. Park le pousse devant l’autel jusqu’à voir des témoins et arrête.
Riftan ne connaissait pas la moitié des personnes présente à ce mariage. Il y avait ses soldats. Au-dessus, dans les ombres, les soldats avaient leur tenu de combat et faisait un sourire entre l’ironie et la joie pour leur chef. Le reste, il ne les connaissait pas. Il s’en fichait. Il allait se marier avec la femme qui hante ses pensées depuis tant d’années. Les lourdes portes s’ouvrirent et il arrêta de respirer à nouveau. Elle était si belle. Ce n’était pas que son physique. Pour Riftan quelque chose irradier de le jeune femme. Elle était magnifique mais il était sûr de pouvoir sentir la beauté dans son âme même. Pour quelqu’un qui voit les âmes des monstres tout le temps, il pouvait ressentir les âmes pures. Et Gwendolyn était une âme si pure que son cœur se serra.
Incapable de faire un mouvement, il tendit sa main pour l’aider à venir sur l’autel avec lui. Il la regarda, de ce regard bien à lui. On avait l’impression qu’il était froid. Ses yeux étaient bleus, glacial, et il fronçait à peine les sourcils. Il n’arrivait pas à sourire. Il était incapable de faire un geste. Lent. Devant la jeune femme, il était lent. Il regarda ses yeux. Et ce qu’il lit dedans lui fit l’effet d’un coup de poing violent. Il allait devoir lui expliquer. Lui prouver. Mériter le changement dans ses prunelles si délicates. Il prit sa main et fit une pression qu’il ne voulait pas pressante mais rassurante.
- Vous êtes magnifique, fit-il en coupant tous les brouhahas derrière lui.
Il se fichait du protocole. Il se fichait de couper la parole. Il se fichait qu’on le prenne pour un rustre. La jeune femme était magnifique et c’était bien la seule chose qu’il avait eu envie de lui dire. Entre toutes les choses qu’il voulait lui dire, commencer par ses pensées était la meilleure idée qu’il eut. Son cerveau ne fonctionnait pas réellement comme il faut en face d’elle. Il paniquait aussi. Bien que lui, ça ne se voyait pas dans ses yeux. On avait l’impression de voir un masque d’argile, immobile, incapable de sourire ou de bouger trop rapidement. Pourtant, il était honnête. Elle était magnifique. La main de la jeune femme semblait si petite dans la sienne. Il se tourna vers le prêtre qui se mettait à parler. Il demanda à Riftan de répéter les vœux après avoir parlé pendant une bonne dizaine d’heure, en ressenti, des obligations et des devoirs des époux. Riftan se tourna vers Gwendolyn. Sans expression mais le cœur en proie à la chamade.
- Moi, Riftan Calypse te choisis pour être mon âme sœur. Aujourd'hui, demain et chaque jour de ma vie. Mon épée est tienne, ma maison est tienne, mon lit est tien, mon cœur est tien. Jusqu'à mon trépas.
Ce n’était pas exactement ce qu’il était censé promettre. Dans leur époque, il n’avait même pas à lui promettre fidélité ou protection. Les femmes n’avaient pas besoin de ça. Personne n’en voudrait à un homme de ne pas jurer fidélité à sa femme. Riftan venait de promettre devant Dieu plus que beaucoup. Il avait promis sa protection, entière, toutes ses possessions, sa fidélité et même son amour. Il lui promettait tout ça. Il n’en demandait même pas tant. Il ferait en sorte que la jeune femme tombe amoureuse de lui. Il avait le temps. Sa promesse de voeux le ferait passer pour un rustre. Trop rapide. Trop d'énumération de ce qu'il lui donnait. Mais Riftan n'était pas bon avec les mots.
J'ai 24 ans et je vis à Anatol. Dans la vie, je suis fille unique de noble et je m'en sors très mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée à un illustre inconnu et je le vis plutôt mal.
Une porte. Ce fut la première image qui lui vint à l'esprit lorsqu'elle prit place aux côtés de son futur époux. Immense, carré, rigide. Une porte. On venait de la marier à une porte.
Entre le regard glacial du jeune homme et celui insistant de son père qu'elle sentait toujours dans son dos, Gwendolyn se sentait prise entre le marteau et l'enclume. Tétanisée, la jeune fille ne put que regarder face à elle et faire de son mieux pour contrôler sa respiration. Ne pas être un embarras. Elle remarqua soudain que sa main était toujours prisonnière de la sienne. Percevait-il les tremblements qui parcouraient son corps ? Allait-il lui aussi lui en vouloir d'exister ? Elle leva un oeil lent, prudent, sur ce visage inconnu. Une expression de marbre, un regard polaire, un masque de fer. Une porte. Il lui souffla trois mots sans se dérider d'un poil. Gwendolyn serra la mâchoire pour toute réponse. Il était évident dans son regard qu'il n'en pensait rien. Mais au moins, faisait-il semblant d'y mettre les formes. Au moins, avait-il la décence de prétendre en public qu'il ne l'épousait pas uniquement pour sa dot. Elle apprécia l'effort et détesta l'homme.
Tandis que le prêtre débitait des sonnettes à tout va sur le devoir conjugal et autres réjouissances maritales, Gwendolyn se sentit suffoquer. Ce n'était plus tant le mariage, ni même le géant à ses côtés qui la rendait malade. C'était la présence incisive, sévère, tétanisante de son père quelques pas derrière elle. Finalement grâce à lui, elle faisait abstraction de la foule et des centaines de paires d'yeux rivés sur elle. Puisqu'elle ne sentait que son regard à lui. Ses lèvres la brûlèrent. Il n'en aimait pas la couleur.
La voix rauque du chevalier s'éleva à ses côtés, et elle s'empressa de l'imiter dès qu'on lui en fit signe, débitant mécaniquement les mots qui étaient attendus d'elle. Ils étaient vides de sens, tout comme ceux qu'avaient déblatéré le jeune homme juste avant elle. Ils savaient tous les deux pourquoi ils étaient là. Mais ce n'était pas ce que l'Eglise souhaitait entendre. Enfin, on leur remit les alliances, signe que la mascarade toucherait bientôt à sa fin. La brunette ne broncha pas tandis qu'on lui enfilait l'anneau au doigt. Le contact froid de l'alliage la fit frissonner. On les autorisa enfin à redescendre de l'autel, sous les applaudissements polis des convives.
De nouveau, le regard de Gwendolyn se perdit dans la foule. Là, la silhouette rassurante de sa gouvernante. Celle-ci lui fit signe à grands coups de main de sourire. La brunette essaya. Peine perdue. Puis son père se retira momentanément pour recevoir les félicitations des invités. Et la bulle qui s'était formée autour d'elle éclata. Elle se mit à percevoir les choses plus distinctement, son cerveau se mit à fonctionner de nouveau plus clairement. Les tremblements cessèrent quelque peu. Son regard retrouva un semblant de lueur vivante.
Les invités. Il fallait les saluer. Il fallait les remercier. Déjà, ceux-ci commençaient à se presser tout autour du couple pour leur offrir leurs plus sincères félicitations, selon leurs propres dires. Gwendolyn étira ses lèvres dans un semblant de sourire, saisit quelques mains qui se voulaient encourageantes, accepta des paquets qui lui étaient tendus. Son père était loin et il ne prêtait momentanément plus attention à elle. C'est ce moment précis que choisit un homme qui paraissait haut placé dans la noblesse pour leur tendre deux coupes de champagne, et les inviter à porter un toast.
"- Aux heureux mariés !" s'exclama t-il en invitant la foule à lever leur verre à leur tour.
Les convives reprirent l'exclamation en coeur, signant le début des festivités. On l'avait prévenue que la cérémonie serait suivie d'une réception dansante puis d'un long buffet - durant lesquelles son père se sera très certainement fait le plaisir d'étaler ses richesses aux yeux de tous. D'ailleurs, ne lui avait-on pas promis que Hunter lui serait rendu après la cérémonie ? Prenant congé des invités restants prétextant devoir saluer une connaissance, et profitant par la même occasion de fausser compagnie à son désormais époux, la jeune fille retrouva tant bien que mal sa gouvernante.
"- Hunter ?
- Allons Mademoiselle, répliqua la femme d'un air sévère. Vous ne voudriez pas être couverte de poils de chien avant votre nuit de noces.
Gwendolyn plissa des yeux. On lui avait expliqué dans les grandes lignes ce qui se passerait pour elle après la fin de ce fameux banquet. Et la perspective ne la réjouissait pas vraiment, c'était le moins que l'on puisse dire.
- Demain matin au plus tard, lui promit Maya avant de prendre son bras pour l'entraîner de nouveau à travers la foule. Et de grâce, faites au moins semblant d'apprécier le banquet servi en votre honneur."
Et sans plus de cérémonie, elle la renvoya au bras du duc. Calypse, se rappela t-elle brusquement. C'était son nom. Et c'était désormais son nom à elle aussi.
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Clionestra
Ven 2 Juin - 15:06
Riftan Calypse
J'ai 30 ans et je vis à Anatol, mon duché depuis que j'ai 14 ans. Dans la vie, je suis duc et général d'un cargaison de soldat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je n'ai pas vue ma femme depuis trois ans. J'ai dû l'abandonné sans notre première nuit alors que je l'aime depuis 9 ans. → Seul héritier du duché. → Honoré par le roi pour ses prouesses contre les monstres. → Possède une épée fait dans le sang et les os d'un dragon noir. → A dû mal à exprimer ses sentiments sur son visage → Ne sait pas comment les exprimer en plus → Semble froid, glacial voir méchant quand on ne le connait pas. → Il possède pas mal de cicatrice de ses croisades. → Il dort peu. → N'a jamais eu le temps de s'occuper des femmes
Riftan resta droit. Comme un piquet. Son cœur battait fort. Tellement que les félicitations et les encouragements qu’il recevait des gens totalement inconnu lui passer au-dessus. Il n’avait aucune envie de faire la politesse à des inconnus. Il avait envie de prendre sa femme et de lui dire … quoi ? Comment pourrait-il lui dire quoi que ce soit ? Le visage fermé, il se penchait, remerciait de sa voix rauque la présence de ces gens dont il se fichait totalement. Il lâcha plusieurs regards vers sa femme. Il avait envie de partir se promener, lui présenter les étoiles qui couvrent la plupart de ses nuits pendant les raides. Il avait envie de lui présenter ses animaux, tellement que la plupart oublie leurs noms. Mais pas Riftan. Riftan se souvenait de chaque prénom, chaque animal qu’il avait eu. Il avait même un petit mausolée où il notait les noms des chiens, leurs dates de naissance et de mort, et où il enterrait le corps.
Il était mieux au milieu des animaux que ce qu’il ne sera jamais au milieu des humains. Il jeta un regard froid vers l’assistance. Il avait porté un toast, aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau. Pendant que sa femme, cette femme si incroyable et dont la beauté rayonnait sur les pâles convives, supportait la pression des inconnus. Ses soldats descendirent de leurs ombres et arrivèrent pour serrer la main de leur chef. Riftan avait toujours un visage fermé.
- On dirait que tu es prêt à tuer un dragon, chef. Essaie de te dérider, fit un soldat en lui tendant un gâteau que Riftan ignora.
Il était incapable de manger, ou de boire. La coupe de champagne qu’on lui avait imposé pesé sur son estomac. Il savait qu’il devait rester ici, encore, pour le bien de la mascarade. Il avait simplement envie de partir pour Anatol, amenait sa femme dans son château, lui présenter sa chambre. Leur chambre. Il avait fait refaire la décoration rien que pour elle. Il avait essayé de rendre le tout le plus féminin possible. Sans qu’il n’en vomisse du rose au petit-déjeuner.
- Milady, fit-il doucement en lui tendant la main pour la rapprocher de ses soldats, je vous représente la première ligne d’Anatol.
Les soldats, des hommes marqués par la guerre contre les monstres, forts, parfois un peu incomplet, comme Malik a qui il manque plusieurs doigts cachés dans sa poche, sourirent à la jeune femme avant de se courber. Riftan les présenta, conscient qu'elle ne pourrait retenir tous les noms tout de suite. Les soldats leur montraient le respect dû à son nouveau rang et la connaissait déjà. Plusieurs firent des sourires heureux. Malik se releva justement, faisant un sourire heureux vers la jeune femme alors que Park le frappa dans les côtes avec qu’il puisse parler.
- Quoi ? s’outra-t-il, j’allais simplement lui dire de ne pas avoir peur de notre petit duc sans expression.
Il fit un sourire angélique à Park avant de se tourner vers son duc et continua son sourire malicieux.
- Il ne sourit pas beaucoup, mais vous ne trouverez pas d’hommes plus courageux que lui. - Malik, grogna Riftan.
Il donnait l’impression d’être en colère alors qu’il était simplement gêné. Malik releva ses deux mains, montrant sa main abimé avant de la remettre rapidement dans sa poche. Il avait oublié. Il avait tellement l’habitude de vivre avec des personnes qui connaissaient sa condition, et n’en voyait pas de faiblesse, qu’il oubliait que les nobles n’étaient pas ainsi.
- Excusez-moi, se courba-t-il avant de faire un demi-tour et se retrouver à nouveau dans les ombres.
Park fit de même après s’être présenté.
- Je serais honoré de vous servir, Madame.
Riftan soupira. Incapable de savoir ce qu’il devrait dire alors qu’il se tourna vers sa femme. Il fallait normalement ouvrir le bal. Il n’avait pas le choix. S’il voulait faire « bien » alors il devait danser avec elle, rester tard, puis repartir au matin. Il ne voyait aucune raison de précipité ce qu’elle n’apprécierait peut-être pas. Il se pencha à nouveau et fit une révérence. Pour lui, elle était une princesse, elle méritait tout le respect du monde. Il avait appris à danser la valse pour elle. Heureusement que Mia, la femme de Malik, avait été une noble de la haute pour lui apprendre. Malgré qu’il doive se reposer depuis le dernier raide, il avait fait tout ce qu’il pouvait.
Au loin, alors qu’il essayait de se concentrer sur ses pieds sans les regarder, pour ne pas faire de bêtises, il vit Park récupéré une missive scellé avec un sceau trop doré pour être autre chose qu’un ordre royale. Il ne voulait pas. Il voulait rester auprès de cette femme qu’il venait tout juste d’épouser. Il allait ignorer les ordres, pour le moment.
- Aimez-vous les chiens ? finit-il par demander avec sa voix toujours si froide, je possède plusieurs meutes, et il faudrait que je sache pour vous éviter d’être effrayé si vous ne les aimez pas.
J'ai 24 ans et je vis à Anatol. Dans la vie, je suis fille unique de noble et je m'en sors très mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée à un illustre inconnu et je le vis plutôt mal.
A peine venait-elle de digérer l'amertume de se retrouver séparée toute la soirée du petit chien, qu'une ribambelle de gaillards à l'allure étrange s'étala face à elle. Une main froide la rapprocha des drôles de spécimens. Elle frissonna en entendant la voix rocailleuse s'élever de nouveau.
Pour une raison quelconque, il se fit un devoir de lui présenter un par un ceux qui, vraisemblablement, étaient ses subordonnés. Gwendolyn garda un visage impassible, masquant l'impatience qui commençait à monter en elle. Cet homme mettait beaucoup de zèle à y mettre les formes. Elle n'avait cure du nom de ces gens qu'elle ne reverrait probablement jamais et qui faisaient partie d'un monde si éloigné du sien. Son petit monde solitaire.
Néanmoins, elle rendit quelques sourires de connivence de peur de s'attirer les foudres de son père si elle manquait à l'étiquette. Si son époux souhaitait lui présenter ses soldats, alors il lui présenterait ses soldats. L'un d'eux eut un commentaire qui se voulait probablement humoristique. L'homme à ses côtés grogna, et elle afficha un sourire poli sans piper mot. Courageux il devait l'être sans aucun doute, pour avoir besoin de dilapider sa fortune familiale sur le champ de bataille.
Soudain, le duc se tourna vers elle et se fendit d'une révérence. Une danse. Gwendolyn se glaça. Oh, non. Et ce n'était que le début de la longue, très longue, soirée. Elle ferma brièvement les yeux pour se donner du courage. Ne pas être un embarras. L'orchestre sembla s'accorder aux désirs du jeune homme. Impassible, elle prit place dans ses bras pour entamer une valse sous le regard intéressé des convives, qui ne tardèrent pas à les imiter à leur tour.
Au bout de quelques pas, il se mit à vouloir lui faire la conversation. Elle s'en irrita quelque peu. Ils n'avaient pas à pousser la comédie aussi loin, ils auraient très bien pu s'en épargner la peine à tous les deux. Pourtant, avec son père qui devait encore trainer dans les parages, elle ravala son commentaire cinglant et se contenta d'éviter soigneusement le regard bleu glace.
"- Des meutes ? répéta t-elle sans parvenir à masquer son inquiétude.
Oui, elle aimait les chiens. De ceux qui rentrent dans un panier. Pas de ceux qui se déplacent en meute. Ceux-là la faisaient frissonner d'horreur : ils se rapprochaient plus des monstres que des animaux de compagnie selon elle. Mais était-ce si étonnant venant de la part d'un chasseur de monstres très justement ? Ou plus généralement, cela ne l'étonnait pas vraiment au vu de l'apparent caractère du chevalier. Impassible, apathique, indifférent. Fait pour la guerre et les tueries. Il était tout naturel qu'il ait des meutes d'animaux chez lui. L'espace d'un très court instant, elle se demanda s'il avait un labyrinthe dans son jardin lui aussi. Elle chassa cette pensée. Si labyrinthe il y avait, il était probablement infesté de ces meutes de chiens.
- Je ferai en sorte de les éviter", répondit-elle finalement d'un ton égal.
Ne pas le froisser immédiatement. Qui sait comment il réagirait ? Qui sait comment son père la punirait ? Alors elle se mura de nouveau dans le silence. Rigide, elle se laissait entrainer dans une valse maîtrisée par l'immense gaillard, tandis que le temps commençait à s'éterniser. Elle en venait presque à attendre avec impatience que le buffet ouvre enfin pour pouvoir se défaire de l'emprise du duc. Elle avait froid en sa présence.
Le concept même de danser dans une réception était quelque chose qui lui était pratiquement étranger. La jeune fille avait assisté à si peu de réceptions, et y avait encore plus rarement participé activement. Son père ne la faisait sortir du domaine que lors d'évènements triés sur le volet. Le reste du temps, il clamait vouloir s'éviter l'embarras de trainer son incapable de fille à ses côtés. La foule se faisait oppressante, et malgré le nombre réduit de convives, elle se sentait encore particulièrement mal à l'aise. Si cela n'avait pas été son propre mariage, elle aurait prétexté n'importe quoi pour s'enfuir loin de ces gens, de cette salle, et de lui.
Un homme se rapprocha d'eux et chuchota quelque chose à l'oreille du grand brun à l'expression toujours indéchiffrable. Il ne s'arrêta pas pour autant de valser. Gwendolyn continua donc à suivre, elle aussi. Du coin de l'oeil, elle aperçut les domestiques qui s'affairaient entre les cuisines et la salle de banquet. Bientôt, elle serait libérée pour quelques heures de ses bras frigides. Encore un petit effort.
Puis elle aperçut son père se diriger de nouveau vers elle. Une torsion dans ses entrailles. Nouvelle mise en veille de son cerveau.
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Ven 2 Juin - 18:48
Riftan Calypse
J'ai 30 ans et je vis à Anatol, mon duché depuis que j'ai 14 ans. Dans la vie, je suis duc et général d'un cargaison de soldat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je n'ai pas vue ma femme depuis trois ans. J'ai dû l'abandonné sans notre première nuit alors que je l'aime depuis 9 ans. → Seul héritier du duché. → Honoré par le roi pour ses prouesses contre les monstres. → Possède une épée fait dans le sang et les os d'un dragon noir. → A dû mal à exprimer ses sentiments sur son visage → Ne sait pas comment les exprimer en plus → Semble froid, glacial voir méchant quand on ne le connait pas. → Il possède pas mal de cicatrice de ses croisades. → Il dort peu. → N'a jamais eu le temps de s'occuper des femmes
Riftan essayait. Pendant la valse, il comprenait qu’il ne faisait pas ce qu’il faisait. Il le comprenait mais il n’avait aucune idée de ce qu’il devrait faire alors. Il essayait, réfléchissait, son visage absolument fermé par l’incertitude. Il avait déjà eu dû mal avec le fait de se marier. Pas de se marier avec elle. Mais de comment dire, faire, s’exprimer. Il n’était pas doué avec les mots. Il fallait vraiment qu’il apprenne mieux. Malik était plus doué avec les mots que lui. Même Park était plus doué. Park aurait exprimé sur son visage son amour. Malik l’aurait clamé avec simplicité et sincérité. Lui, même s’il était honnête, son visage ne pouvait qu’exprimer la neutralité. Même ses yeux ne semblaient rien transmettre. Il ne savait pas pourquoi il était comme ça. Peut-être parce que, à l’inverse de ce que le monde pense, il avait dû enfermer ses sentiments pour devenir duc si tôt. Et chevalier. Il était un leader depuis toujours. Il ne pouvait pas être heureux en emmenant des hommes se faire blesser devant des armées de monstres. Il avait toujours appris à enfermer ses sentiments. Il lui fallait faire là, encore.
- Ils se forment en groupe, expliqua-t-il.
Pour lui, la manière hiérarchique de ses meutes était logique, normal. Il s’avère qu’avec plus d’une centaine de chien à son nom, Riftan savait qu’un ordre de dominance avait été fait entre les animaux. Il ne s’en occupait pas plus que ça. Simplement, ses chiens avaient plus de droit que ce que les animaux avaient le droit normalement. Il pencha la tête pour lui accepter cette demande. Les éviter. C’était triste. Ses chiens adoraient se faire câliner et sautaient de joie quand une nouvelle personne pouvait leur apporter des papouilles. Peu de ses chiens l’accompagner dans ses raides contre les monstres. Si Riftan le pouvait, il n’amènerait même pas ses hommes. Riftan se mettait souvent en danger pour éviter que ses hommes ne soient blessés. Pour protéger les autres. Le plus de monde possible.
Riftan remarqua ses hommes en train de faire un Pierre-papier-ciseaux. Celui qui perds, Park pour ne pas changer, il faisait toujours papier pour une raison que personne ne comprenait … et personne n’avait le cœur de lui dire. Ou l’envie. En tout cas, il s’approcha pour lui parler.
- Riftan, code noir, zone S. Les éclaireurs ont vue une vague et jure avoir vu un dragon.
Riftan n’avait pas son épée sur lui, pour un mariage ça faisait mauvais genre, mais il pouvait jurer la sentir contre sa paume. Irradiant d’une manière bien différente de sa femme. Merde. Merde. Merde. Et re-merde. Il allait devoir laisser sa femme, maintenant. Il ne pouvait pas éviter et refuser la demande d’assistance. Si un dragon de la zone S venait à arriver sur les Terres habités, il ne laisserait aucun survivant. Il n’avait même pas eu le temps de dire ses véritables sentiments à sa femme. Il n’avait le temps de rien. Il finit la valse, réfléchissant à quoi dire ou quoi faire. La valse se termina.
Son beau-père, un homme que Riftan n’avait jamais senti et ne sentirait peut-être jamais s’approcha. Riftan fit une révérence à l’homme bien qu’il ne lui porte aucun respect. C’était le genre de personne qui juge ses soldats mal élevés et indigne de la cours mais se plait à être protéger de leurs muscles. Il se tourna vers sa femme, décida que l’homme ne méritait rien comme explication quand sa femme le méritait bien plus.
- Ma chère femme, je vais devoir m’absenter. Une faille s’est ouverte et le roi nous demande.
Park à côté fit un signe de la main, la missive du roi toujours entre ses doigts. Le sceau du roi dansant de couleur d’or et d’argent. Il attrapa la main de sa femme dont il n’avait pu, littéralement, échanger plus que des banalités inutiles.
- Je vous prie de croire que ça me désole et que j’aimerais rester avec vous. Je compte bien me rattraper dès mon retour.
Il embrassa sa main avant de relever les yeux vers elle. Il était toujours froid. Mais c’était que son visage était ainsi. Il ne voulait réellement pas la laisser. Et pas pour des idées lubriques. Même ses soldats le savaient. Riftan avait tellement de respect pour cette femme qu’il ne lui aurait fait aucun mal sans son absolu consentement. Il se pencha à nouveau, mis son front contre le dos de sa main avant d’entendre Park s’excuser en disant qu’ils devaient y aller. Riftan eut un grognement. Il se releva, se retourna avec un dernier regard en arrière pour sa femme. Il fit à peine un petit sourire, un sourire timide presque, qui changer son visage tout entier. Mais elle ne sembla pas le voir.
Il partit à bride abattu. Il ne pensait qu’à sa femme. Bien sûr, il ne pensait pas qu’il aurait dû dire à la jeune femme de venir à Anatol. Pour lui, il était évident, comme il en avait fait le vœu, que Anatol lui appartenait comme à lui. Il était normal qu’il lui laisse le temps de faire ses affaires, de faire ses adieux à sa famille. Il avait d’ailleurs dis au père qu’elle avait le droit de prendre autant de chose qu’elle désire pour venir dans sa demeure. Il ne pouvait pas se douter qu’aucun mot ne serait entendu et accepté par le père. Il ne pouvait pas savoir que le père allait la garder chez lui pour l’humilier, la rendant responsable de son départ précipité. Il ne pouvait pas savoir tout ça.
Parce qu’il n’y pensait pas. Parce que pour lui, c’était évident.
Il savait que la jeune femme n’allait pas avoir la même attente que lui, pour partir. Il espérait revenir dans un mois. Il espérait revenir dans un mois. Pas plus. Il ne supporterait pas plus d’un mois loin de la femme qui avait enfin accepté de faire partit de sa vie. Son humeur fut maussade la semaine pour se rendre jusqu’à chez lui. Encore plus quand il passa comme un ouragan pour préparer sa meute principale pour partir encore plus loin derrière les frontières.
Le raide ne dura pas qu’un mois. Le raide ne dura pas qu’un an.
Le raide dura trois longues années où Riftan et ses soldats n’avaient même pas le temps d’écrire à leurs familles. Ils n’avaient même pas le temps de pleurer le soldat mort. Ils n’avaient même pas le temps de dormir. Le raide fut violent. Et trois ans plus tard, Riftan réussi enfin à enfoncer sa lame dans le monstre principal avant que la faille ne se referme et ne laisse que des monstres apeurés partant se cacher dans les forêts. Il voulait retourner à Anatol. Trouver sa femme. Lui dire qu’il l’aime. Peut-être que, depuis le temps, elle s’était habitué à ses meutes. Dans le camp qu’ils avaient fait pour contrer l’armée de monstre, il avait envoyé une missive au roi pour lui dire que tout était sous contrôle. Il laissa ses hommes se reposer. Qu’importe que tous voulait rejoindre leurs familles, il fallait se reposer.
Une réponse du roi arriva par la suite. Il voulait faire une fête en leur honneur et oblige Riftan à venir le plus tôt possible à la cour. Il n’en avait aucune envie. Mais on ne refusait pas l’ordre d’un roi. Il passa par Anatol, déposant plusieurs soldats blessés et les laissant avec leur famille. Là, il apprit que sa femme n’était jamais arrivée à Anatol. Un message de son père attestait qu’en l’absence de son époux, elle refusait de venir dans son château. Riftan sentit son cœur se briser. Il n’aurait pas dû la quitter. Il voulait la retrouver. Le château du roi était proche de la maison de sa femme. Il irait la chercher après sa visite avec le roi. Il en faisait le serment.
La fête fut énorme. Riftan fut de mauvaise humeur. Surtout quand le roi lui proposa, à nouveau, d’annuler son mariage pour le marier avec sa propre fille. Il refusa. Il n’avait que faire de la princesse. Tout le monde, hors de ses soldats, s’accordait sur le fait que la jeune femme n’était certainement pas restée pure en son absence. Qu’elle devait avoir au moins trois bâtards qui trainent dans sa demeure. Riftan en avait que faire. Même si elle ramène des bâtards, sa femme était sa femme. Il retourna vers elle. Aussi vite qu’il le pu.
J'ai 24 ans et je vis à Anatol. Dans la vie, je suis fille unique de noble et je m'en sors très mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée à un illustre inconnu et je le vis plutôt mal.
Malgré la brume qui avait envahi son esprit à nouveau, Gwendolyn perçut que quelque chose clochait. Le duc était toujours aussi impassible face à elle et pourtant, quelque chose n'était pas normal. Soudain, il se mit à débiter des excuses, avec des envolés lyriques qui la firent grincer intérieurement. Ma chère femme. Cela me désole. Quel culot. La jeune fille sentit un élan de colère noire, brutale, se répandre dans tout son corps. Malgré la terreur que lui inspirait son père, et malgré son état second, quelque chose au fond d'elle trouva le courage d'affronter fermement le regard glacial de son époux. Et sa bouche parla avant qu'elle ne puisse se contrôler.
"- Mais bien sûr, mon cher époux."
Sa voix dégoulinait de sarcasme. Cet homme voulait se jouer d'elle ? Elle ne céderait pas. Pas avec lui aussi. Il ne deviendrait pas le successeur de son père. Elle résisterait. La colère noire monta encore d'un cran. Incontrôlable. Elle s'effraya elle-même de la violence qu'elle contenait de plus en plus difficilement. Puis le duc tourna les talons et toute la tension retomba d'un seul coup. Ne restait plus que la léthargie, et la voix ferme de son père qui résonna dans toute la salle.
"- La fête est terminée mes très chers."
Elle sentit le regard qu'il darda sur elle. Avant même qu'il ne prononce un seul mot, elle savait déjà : tout était de sa faute.
"- Ce n'était pourtant pas compliqué !" tonna la voix de son père, déformée par la rage, tandis qu'il la raccompagnait à ses appartements après avoir congédié tous les invités.
Gwendolyn frémit. Pour une fois, elle était plutôt d'accord avec lui : cela n'aurait pas dû se passer ainsi.
"- On ne te demandait pas grand chose petite imbécile, reprit-il sans ralentir le pas. Sourire et te taire. Et même ça, tu en a été incapable ! Il pointa un doigt accusateur sur elle. Tu as même réussi à le faire fuir avant même votre nuit de noces. Je n'ai jamais entendu une telle aberration. Tu me couvres de honte."
La jeune fille garda les yeux rivés au sol. Elle l'avait déçu, encore.
"- Hors de ma vue", la chassa t-il finalement avec un geste de la main.
Elle détala sans demander son reste. Une proie apeurée. Elle repensa aux trois mots qu'elle avait échangé avec le duc avant qu'il ne se volatilise. Une meute. Allait-il lui aussi devenir un nouveau prédateur ? Non, se promit-elle à nouveau. Avec lui, ce serait différent. Avec lui, elle ne plierait pas. Pas comme avec son père. L'histoire ne se répéterait pas. Ce rustre l'avait humiliée au possible, et c'était à cause de lui si son père était en colère. A peine avait-il empoché la dot qu'il avait filé à l'anglaise. Il y avait pourtant mis les formes jusque là. Il aurait pu faire perdurer la comédie quelques heures de plus, le temps de faire croire que. Histoire de lui épargner la colère noire de son père qu'elle devrait désormais affronter. Par sa faute.
Sa détermination était restée de fer quelques semaines. Peut-être même quelques mois. Mais au fur et à mesure que le temps passait, la jeune fille se rendit à l'évidence : il ne reviendrait pas. Il n'avait été qu'une bizarrerie dans le cours insignifiant de sa vie. Son souvenir commençait à s'estomper. La colère aussi. Et même son père mentionnait de moins en moins le nom du duc maudit. Tous avaient fini par l'oublier. Puisque des années s'étaient écoulées, sans que rien ne bouge. Tu finiras vieille fille, lui disait parfois son père, mais c'était les seules paroles qui la rattachaient encore à cette étrange journée. Elle n'en avait cure désormais : elle avait retrouvé son labyrinthe, ses casses-têtes, et elle avait Hunter avec elle.
"- C'est comme si on m'avait mariée à toi finalement ce jour-là", s'amusa t-elle un après-midi tandis qu'elle déambulait dans le dédale végétal, le petit chien trottinant à ses pieds.
Il jappa comme pour approuver à sa manière. Elle ne se séparait jamais de Hunter. Il dormait à ses pieds, la suivaient partout où elle allait, lui tenait compagnie tandis qu'elle s'arrachait les cheveux devant une énigme particulièrement difficile. Les domestiques l'avait pris en affection eux aussi. Mais son père ne cachait pas son aversion pour le petit canidé. Tout se qui se rapportait à sa fille n'était que source de rejection, et Hunter n'y avait pas fait exception. Elle avait pourtant cru que son père affectionnait les chiens, d'une manière ou d'une autre.
"- Mademoiselle ! l'appela soudain une voix en dehors du labyrinthe. Quelqu'un pour vous !"
Gwendolyn fronça des sourcils. Ce n'était pas normal. Il n'y avait jamais personne pour elle. Sans hésiter, elle retrouva son chemin vers la sortie et se figea. Une porte sur un cheval. Lui.
La jeune cuisinière qui l'avait appelée n'avait pas pu le reconnaître : elle avait été engagée au domaine bien après l'étrange cérémonie.
"- Lucia, fit la brunette d'une voix blanche. Faites appeler mon père. Vite."
Précaution inutile. Son père venait d'apparaître sur le pavillon, fier comme un coq. Elle le vit échanger quelques mots avec le duc. Peut-être ne l'avaient-ils pas encore vue. Peut-être pouvait-elle fuir là, tout de suite sans plus jamais regarder en arrière. Ses folles rêveries furent coupées court. Son père se dirigeait d'un pas entendu vers elle. Son coeur s'affola. Cette fois-ci c'était réellement la fin.
"- Tu as dix minutes, pas une de plus pour préparer tes affaires et déguerpir, siffla t-il arrivé à sa hauteur, loin des oreilles du duc. Tu as une chance inouïe qu'il daigne revenir à toi alors tâche de ne pas me déshonorer une seconde fois."
Pour une fois, son esprit ne s'était pas entièrement éteint à l'approche de son père. Elle était trop occupée à recoller les pièces du puzzle. Pourquoi cet homme s'était-il soudainement intéressée à elle après tant d'années ? Etait-il déjà à court de fonds pour ses campagnes ? Non, réalisa t-elle soudain, une vague de panique l'envahissant. Après la guerre, il devait vouloir s'assurer un héritier légitime. Il avait besoin d'elle à nouveau, aussi simplement que ça. C'était pour ça qu'il était revenu. Pour se servir d'elle.
Elle remonta précipitamment à sa chambre, sa gouvernante sur les talons. Celle-ci se mit à empaqueter avec dextérité l'entièreté de sa garde-robe. De son côté, Gwendolyn ramassa autant de livres d'énigmes qu'elle put, autant de casses-têtes que possible, et les fourra dans une malle. Elle aurait aimé emporter le labyrinthe aussi. Et Maya. Mais elle n'emporterait que Hunter.
On fit descendre ses malles, qui furent chargées dans un carrosse. Après y avoir installé Hunter, elle fit mine de vouloir y prendre place à son tour mais on lui tendit un cheval à la place. Elle devrait donc chevaucher jusqu'à Dieu ne sait où ? Et laisser Hunter seul dans le carrosse ? Mais elle ne put protester. Son père la surveillait du coin de l'oeil, tandis qu'il échangeait des formalités avec le cocher. Sans broncher, elle mit le pied à l'étrier. Ce duc avait bien de la chance qu'elle sache tenir en selle. Ce rustre ne s'était certainement même pas posé la question de savoir si elle savait seulement monter à cheval avant de lui préparer une monture. Il ne demandait pas, il ordonnait. Il ne s'embarrassait pas, il prenait. Mais elle ne le laisserait pas faire.
Elle entendit à peine les mots d'adieux faussement polis que lui adressaient son père. Elle jeta un dernier regard à la flopée de domestiques qui était apparue à l'annonce de son départ précipité. Alors elle leur adressa un sourire. Un vrai. Pour les remercier silencieusement d'avoir été là, tout ce temps. Pour leur faire croire que tout irait bien pour elle. Pour se convaincre elle-même qu'elle était assez forte pour survivre au calvaire qui allait suivre inévitablement.
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Clionestra
Sam 3 Juin - 0:54
Riftan Calypse
J'ai 30 ans et je vis à Anatol, mon duché depuis que j'ai 14 ans. Dans la vie, je suis duc et général d'un cargaison de soldat et je m'en sors bien. Sinon, grâce à ma malchance, je n'ai pas vue ma femme depuis trois ans. J'ai dû l'abandonné sans notre première nuit alors que je l'aime depuis 9 ans. → Seul héritier du duché. → Honoré par le roi pour ses prouesses contre les monstres. → Possède une épée fait dans le sang et les os d'un dragon noir. → A dû mal à exprimer ses sentiments sur son visage → Ne sait pas comment les exprimer en plus → Semble froid, glacial voir méchant quand on ne le connait pas. → Il possède pas mal de cicatrice de ses croisades. → Il dort peu. → N'a jamais eu le temps de s'occuper des femmes
Riftan pensait à sa femme, tous les jours. Toutes les heures. Toutes les minutes et parfois chaque seconde. Plusieurs fois il avait réussi à ne pas se faire tuer en imaginant le visage de la jeune femme. En se disant qu’il devait revenir. Il avait maudit le roi. Il avait maudit les monstres. Trois ans. Il avait perdu trois ans. Quand il était arrivé chez la jeune femme, il avait été accueillit comme un inconnu. Il avait compris que la plupart des gens ne le remettait pas. Cela devrait l’énerver. Pour tout avouer, il avait été énervé quand il avait vu que sa femme n’était pas là. Il avait été énervé parce qu’il avait tout fait pour elle. Tout le château était décoré pour elle, pour qu’elle soit heureuse. Il avait même fait des cadeaux. De beaux cadeaux, de ce qu’elle aime le plus. Mais elle n’était pas là-bas. Alors il avait été énervé. Puis triste. Surtout triste. Mais comme il ne savait pas être autrement que cette poupée d’argile, rien ne se lisait sur son visage. Il avait parlé avec son père.
Rapidement. Avec le moins de mot possible. « Où est ma femme ? » et « Je veux ma femme chez nous ». Ce qui faisait, à nouveau, passer Riftan pour un rustre. Il ne savait simplement pas comment expliquer autrement ce dont il avait besoin. Elle. Il avait besoin d’elle. Depuis trois ans. Depuis avant. Elle était un rayon de soleil dans le noir. Elle était un phare sur une mer déchainé. Elle était tout ce qu’il pouvait espérer de mieux dans une vie. Alors il voulait la faire revenir chez lui. Et lui faire comprendre ses pensées. Profonde, intense et pleins d’émotions positives. Il ne savait pas l’exprimer, ni en mot, ni sur son visage, mais il pourrait lui prouver. Ne dit-on pas que les actes valent milles mots ?
Il n’avait pas utilisé son argent, et il était à des années lumières de penser à un enfant. Fin. Un bébé Gwendolyn, il aimerait bien, mais parce qu’il voulait une famille, et l’amour de la famille. Pas pour une histoire stupide d’héritier. Bref. Des années de là. Il n’y pensait même pas. Il laissa la jeune femme se préparer alors qu’il retourna vers le jardin. Il se souvenait l’avoir vu la première fois ici, sortant du labyrinthe. Il se souvenait de son visage baignait dans la lumière du matin. Elle n’avait que 16 ans à l’époque, et bien que les mœurs l’acceptent, Riftan s’était senti bien … malsain. Mais son amour pour elle, cette attirance qu’il ressentait pour elle, avait continué. Chaque fois qu’il l’apercevait au loin, chaque fois qu’il pouvait voir son visage dans les ombres, son cœur ratait des battements. Et quand il admit avoir eu le coup de foudre plus rien n’avait d’importance que l’envie qu’elle l’aime en retour. Il était à cheval, lui aussi, avait préparé le carrosse pour elle. Il s’approcha de sa femme, se surprends à la voir chevaucher.
- Voulez-vous réellement faire le chemin jusqu’à Anatol à cheval ? fit-il en baissant la tête.
On pourrait croire qu’il ne croit pas en ses compétences. Mais ce n’était pas le cas. Il savait que le temps d’arriver à Anatol, une bonne semaine en chevauchant tous les jours, elle pourrait se fatiguer. Ils comptaient chevaucher, et avancer, pendant la nuit… mais si sa femme désire chevaucher alors il faudra ralentir l’allure. Il décida que ce n’était pas grave. Un hurlement de loup se fit entendre. Tekula approcha. C’était un gros loup qui gérer quatre autres loups.
- Tekula, stop.
Le loup avait posé ses fesses sur le sol et montra sa langue joyeusement avant de japper. Tout comme le cheval de Riftan, le loup était parsemé de cicatrice. Tous les loups avaient des marques sur lui. Le loup jappa joyeusement avant que Riftan ne siffle et qu’il ne parte avec les autres.
- Désolée. C’est une des meutes. Elle n’est pas méchante. Ils avaient hâte de te rencontrer, fit-il en regardant la jeune femme mais sans sembler désolée.
Son incapacité à montrer ses véritables sentiments allé doucement devenir problématique. Il laissa sa monture à côté de celle de la jeune femme. Il était gêné aussi d’avoir pris autant de temps.
- Vous savez, vous auriez pu ne repartir que demain. J’aurais pu attendre. Je vous ai fait attendre trois ans. J’aurais pu attendre.
Il était bien content de ne pas avoir à attendre pour tout avouer. Il avait hâte de rentrer chez lui, plus longtemps encore. De voir comment va toutes ses meutes. Les soldats pouvaient faire des allers retours, en trois ans, entre la maison et la zone de combat. Ils échangeaient ainsi les meutes, se reposaient, protégeaient aussi la ville en échangeant, s’ils étaient blessés, ils pouvaient être soigné, etc. Il n’y avait que lui qui n’en avait pas le droit. Et maintenant, il comprenait pourquoi personne n’avait eu le courage de lui parler de sa femme. Personne ne la connaissait, personne ne l’avait vu, et personne n’avait osé lui dire. Peut-être n’aimait-elle pas Anatol ? Peut-être qu’elle détestait l’idée de se retrouver entre deux montagnes de monstre, au climat si différent. La montagne du Wons était continuellement enneigée, passant pour morte malgré l’écosystème étrange qui y vivait. La montagne Tserof était feuillis, plein de vert et de plantes diverses. Il n’y avait rien de plus incroyable qu’Anatol… mais il fallait aimer. Riftan aimait son village, coincé entre deux montagnes et en face de la plus dangereuse des zones de monstres. Bon dit comme ça … Il observa à nouveau le jeune femme, lance un regard à Malik avant que celui-ci ne s’approche en faisant une révérence à la jeune femme.
- Je suis ravi de vous revoir Madame, fit-il doucement avant de se mettre en avant.
Riftan restait à côté de la jeune femme, à côté du carosse si la jeune femme décide d’y aller. Il ne voyait pas pourquoi il refuserait. Il avait vu la jeune femme y mettre un chien. Il l’avait reconnu tout de suite ce petit canidé. Et il adorait les chiens. La jeune femme le verrait bien vite. Tout le monde savait que pour lui faire plaisir, il fallait bien traiter un animal. Il réalisa ne pas avoir de cadeau sous la main. Il en avait préparé avant, mais il n’avait rien de plus. Il réfléchit. Il réfléchit vraiment en laissant le temps devenir silencieux. Il pouvait trouver une énigme pour elle, non ? Mais il était incapable de trouver les mots.
J'ai 24 ans et je vis à Anatol. Dans la vie, je suis fille unique de noble et je m'en sors très mal. Sinon, grâce à ma malchance, je suis mariée à un illustre inconnu et je le vis plutôt mal.
C'était fou. Cet homme était capable de jouer la comédie avec les mots, mais incapable de faire suivre le mensonge sur son visage. Son expression trahissait toujours le fond de sa pensée - ou plutôt très précisément l'absence de ses pensées. Si sa bouche débitait des mots d'excuses qui se voulaient peut-être polis, son faciès lui, restait constamment de marbre à la limite du blasé. Gwendolyn serra les mâchoires. S'il était incapable de jouer la comédie jusqu'au bout, il pouvait très bien s'en passer entièrement. Et même s'il était meilleur comédien, elle ne voulait pas de ses fausses bonnes intentions. Il pouvait lui parler franchement ou encore mieux, ne pas lui parler du tout comme il l'avait fait ces trois dernières années avant de se rappeler brusquement qu'elle avait encore une quelconque utilité.
"- Je n'y vois pas d'inconvénient", fit-elle sèchement pour toute réponse à sa première interrogation tout en ignorant copieusement les animaux qui s'étaient approchés et qui en toute franchise l'effrayaient.
Elle mit en avant son cheval d'une pression de jambes. Pour s'éloigner au plus vite du regard brûlant de son père dans son dos qu'elle sentait encore sur elle. Pour s'éviter la présence désagréable du duc. Mais celui-ci ne semblait pas l'entendre ainsi. Il se mit à son niveau, et déclara qu'elle aurait pu au moins prendre un jour de plus, puisqu'après tout, il l'avait attendre trois ans lui. Estomaquée par tant de culot, la jeune fille ne put s'empêcher de tourner la tête et de le dévisager. Evidemment, son expression était restée frigide. Pas même l'ombre d'un sourire ironique. Elle aurait presque préféré. De son côté, elle ne put s'empêcher de rire jaune à la remarque. La désormais familière sensation de colère noire revint au galop dans ses veines. Violente. Hors de contrôle. Non.
Elle sentit son cheval frémir sous la selle. Il devait ressentir le brusque changement d'humeur de sa cavalière. Cela lui fit l'effet d'un coup de poignard. Elle ne voulait pas effrayer sa monture. Et pourtant, la colère était de nouveau là, sourde, bouillante, prête à se déverser à tout moment. A grand coup d'inspirations profondes, Gwendolyn fit son possible pour se calmer, et évita soigneusement de formuler toute réponse qui aurait sans aucun doute attisé les braises déjà bien brûlantes de sa rage contre le chevalier.
Puis le jeune homme ouvrit de nouveau la bouche et cette fois-ci, Gwendolyn ne put s'empêcher de rétorquer, trop irritée pour rester passive.
"- Je vous en prie Milord, coupa t-elle à brûle-pourpoint. Epargnez-nous donc la peine de poursuivre cette comédie ridicule. Elle balaya les alentours d'un geste de la main. Plus personne aux alentours n'attend cela de vous désormais."
Ils étaient entourés de ses gens à lui, et d'animaux. Plus personne qui n'attende quoique ce soit de la part du duc. Il n'avait plus à feindre - et très mal de surcroît - la politesse. Son cheval trépigna. La colère. Elle devait la faire redescendre.
"- Si vous voulez bien m'excuser", lâcha-t-elle avant de presser l'allure et bifurquer de l'autre côté, mettant le carrosse entre sa monture et celle du duc.
Une fois le jeune homme hors de sa vue, elle se sentit bien mieux. Finalement, c'était peut-être une liberté retrouvée pour elle. Si elle parvenait à ne pas céder au duc comme elle avait cédé à son père, peut-être pouvait-elle espérer une vie différente. Plus libre. Plus heureuse. Elle ralentit doucement l'allure pour jeter un coup d'oeil par la vitre du carrosse. Sur le siège où elle l'avait déposé plus tôt, Hunter s'était roulé en boule et dormait paisiblement. Imperturbable. L'ombre d'un sourire passa sur les lèvres de la brunette. Tant qu'il était là lui.
Son regard se porta sur les nombreuses malles qui étaient empilées dans l'habitacle et celles attachées à l'extérieur de celui-ci. La plupart contenaient de simples affaires de toilette et sa garde-robe. Celle qui l'intéressait le plus était celle aux côtés de Hunter. Ses livres, ses casses-têtes. Sans ses domestiques pour lui en fournir des neufs, elle devrait désormais trouver un autre moyen de s'en procurer. La plupart des livres qu'elle avait emmenés étaient de ceux qu'elle n'avait pas encore pu toucher, alors elle aurait certainement de quoi s'occuper les premières semaines voire les premiers mois. Car elle ne doutait pas un seul instant qu'elle ne serait pas moins seule dans ce nouveau domaine dans lequel on la trainait. Une fois s'être assuré d'un héritier, le duc reprendrait sans l'ombre d'un doute le chemin du champ de bataille, avec tout autant d'empressement que ce jour maudit. Et elle ne doutait pas non plus qu'il y restait encore de longues très longues années. Elle ne s'en plaindrait pas, au moins n'aurait-elle pas à supporter constamment sa présence comme elle avait eu à endurer celle de son père. A cette pensée, quelque chose au fond d'elle-même se serra. Le reverrait-elle un jour ? Aurait-elle un jour la chance de faire ses preuves pour se racheter ? Se racheter. Elle savait qu'elle n'avait rien fait qui justifie un tel traitement. Et pourtant. Elle avait besoin de son approbation. Rien qu'une fois, elle voulait que son père la considère autrement que comme une déception vivante.
Perdue dans ses pensées, Gwendolyn ne vit pas le temps s'écouler. A l'orée d'un bois, elle prit soudain conscience que le soleil était déjà bien bas dans le ciel. Il faudrait penser à établir un camp. Ou alors le duc insensible était-il de ces hommes qui chevauchent jour et nuit jusqu'à l'épuisement de ses montures ? Cela ne l'étonnerait même pas. Un loup s'approcha des jambes de sa monture et la jeune fille frissonna. Elle ne se faisait décidément pas à la présence de ces créatures qui se prétendaient amicales. Elle jeta un coup d'oeil à Hunter. Toujours endormi. Au moins l'un d'entre eux vivait-il ce moment paisiblement.
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