Une nouvelle douche s’impose, suppose-t-il. Elle hoche la tête. Entre le massage et leurs ébats, avec l’huile qu’il avait appliquée et tout ça, elle a plus que besoin d’une bonne douche, voire d’un bain chaud dans lequel rester un moment. Mais, bien sûr, il ne peut se priver d’une petite remarque taquine, quoique honnête, sur ce qu’il ferait s’ils prenaient cette douche à deux, si bien qu’ils feraient probablement mieux de la prendre séparément. Elle acquiesce. C’est un plan qui lui va.

"- Même si, dans l’idée, ça ne me dérangerait pas, je ne suis pas sûre que mon corps soit d’accord, lui." répond-elle mollement, ses doigts continuant de caresser doucement l’épiderme de l’homme contre lequel elle est allongée, tandis qu’il fait de même sur son ventre. "Il faudrait oui…"

Changer les draps ne serait pas une bête idée mais là, tout de suite, elle préfère rester contre lui. Ne surtout rien faire. Plus bouger. Elle n’a tout simplement pas la force de se lever, de tenir sur ses jambes. Vidée de son énergie, elle aspire simplement à rester là contre lui et discuter. Évoquer leurs passions, leurs centres d’intérêts. Refaire le monde. Apprendre à se connaître, alors qu’ils ignorent encore beaucoup l’un de l’autre.

Elle esquisse un sourire comme il commence, demandant ce qui semble être la première chose qui lui passe par la tête, comme il demande si elle habite encore chez ses parents. Elle secoue la tête. Non, ça fait un petit moment maintenant. Enfin, ça reste leur appartement, dans le fond, c’est eux qui le payent. Mais elle y vit seule.

"- Non, j’ai un appartement pas très loin de l’université."

Un appartement “étudiant” d’une superficie indécente quand il ne s’agit que d’y dormir et étudier, mais elle ne risque pas de s’en plaindre. C’est toujours pratique pour recevoir ses amis, ses proches, avoir son indépendance. C’est bien comme ça qu’elle l’a négocié, histoire de ne plus avoir à vivre sous la même toit que ses parents. A cela, elle avait ajouté dans ses négociations que ce serait bien plus pratique d’habiter à proximité de la fac, histoire de ne pas perdre trop de temps en trajets tous les jours. Traverser New-York n’est jamais une mince affaire. Rien que le voyage du Nord au Sud de Manathan pouvant durer entre une demi-heure et une heure… Les calculs n’avaient pas été longs. Le plus difficile avait été de les convaincre d’opter pour un appartement plutôt qu’une chambre dans le bâtiment de la sororité. Et de cacher soigneusement que l’appartement sur lequel ils avaient finalement jeté leur dévolu se trouvait être à maximum dix minutes à pied de chez Aayden et Andy.

"- J'en ai une ! Qu'est-ce que tu aurais fais... si tu n'étais pas devenu professeur ?"

L’idée de la douche chacun de son côté semble être validée, même si je dois l’avouer, j’ai émis cette proposition à contre-cœur. Il faut cependant se rendre à l’évidence, si elle doute que son corps ne survive à un énième round, je suis presque certain de ne pas être en état pour la satisfaire de toute façon. Le moment est donc venu de faire une véritable pause.

Plus tard, cependant, car, pour l’heure, nous sommes vautrés dans les draps, ignorant leur état comme le nôtre, appréciant simplement le bonheur d’être dans les bras l’un de l’autre. On se caresse avec tendresse et douceur, sa tête contre mon torse. Il me vient alors une question aussi basique que classique. Elle est peut-être un peu idiote comme question, mais cela m’offre le loisir de l’observer sourire contre mes pectoraux.

Ooh ! Intéressant ! Roucoulais-je en glissant un doigt sur l’une de ses fesses pour la pousser à imaginer différentes raisons possibles à cet “intérêt”.
Elle riposte en me demandant ce que j’aurais fait si je n’avais pas été prof. À mon tour, je souris en remontant la main vers sa nuque.

J’exerce à côté déjà, je fais pas mal de bénévolat dans une association pour personnes démunies. Sinon, avant de devenir prof, j’envisageais de faire une carrière d’avocat à temps plein mais ce n’était pas compatible avec mon investissement bénévole. Du coup, je suis assistant du procureur. Si je n’étais pas prof, sans doute aurais-je poussé jusqu’à devenir procureur moi-même, mais le caritatif me tient trop à cœur.

Je la serrais un peu plus contre moi, cherchant à sentir au maximum sa peau contre la mienne.

Je suis aussi nageur-sauveteur dans la brigade fluviale de l’hudson, tout ça mis bout à bout, j’ai parfois des semaines chargées. Concluais-je en lui embrassant le front. Et toi, qu'est-ce qui anime tes passions ? Demandais-je en enroulant une jambe autour d'une des siennes.

Mais du coup, je suis curieux de voir ton appartement moi, maintenant ! Gloussais-je.

Elle rit comme il semble apprécier l’information selon laquelle elle dispose d’un appartement à proximité de l’université. Elle imagine bien en quoi cela peut être intéressant, comme il dit. Elle n’a aucun mal à l’imaginer. Elle voit d’ici ce à quoi il peut bien penser et l’utilité qu’il peut trouver à cette information, alors même qu’ils viennent tout juste de remarquer qu’une douche s’imposait. Seuls chacun de leur côté, cette fois.

S’il n’avait pas été prof, qu’est-ce qu’il aurait fait de sa vie ? La réponse semble évidente puisqu’il occupe son temps de bien d’autres manières qu’en étant professeur, avec du bénévolat dans une association humanitaire, pour commencer, mais aussi en étant assistant du procureur, la grande classe. Des choix de vie qu’il a opéré, dans sa carrière, pour pouvoir maintenir ses engagements caritatifs qui lui tiennent à cœur, la preuve de la grandeur de son âme et de sa bonté. Elle vient déposer un baiser sur sa mâchoire.

"- Mais c’est que tu es un grand philanthrope en plus d’être un professeur incroyable !" murmure-t-elle en souriant, entre deux baisers.

Et il ne s’arrête pas là puisqu’il est aussi nageur-sauveteur dans la brigade fluviale ce qui, naturellement, lui donne parfois des semaines un peu chargé. Elle n’a aucun mal à se l’imaginer. Mis bout à bout, ça fait pas mal de choses, en effet.

"- Et tu vas trouver assez de temps pour moi, avec tout ça ?" souffle-t-elle avec humour, même si ses mots manifestent aussi, quelque part, une crainte réelle."Moi je…" elle hésite. "J’aime la danse classique, la gymnastique et surtout le patinage artistique. Je patine depuis que j’ai trois ans, c’est comme ça que j’ai connu Aayden - mon meilleur ami. Je me suis cassé la figure sur la glace un jour et il m’a ramassé. Il a pas lu les toutes petites lignes du contrat qui disaient que j’allais lui coller aux patins, après ça…" elle rit. "Mhhh y’a rien là-bas que nous n’ayons pas déjà ici tu sais. Mais on pourra toujours y aller. Un jour. Si tu veux…"

En entendant son rire, je comprends rapidement qu’elle voit parfaitement ce à quoi je pense de cette information. Un appartement personnel à proximité immédiate de l’université est un atout précieux en cas de… besoin.
Je lui coule un regard entendu et gourmand parfaitement assumé afin de confirmer ce à quoi me fait penser cet aveu.

J’aime cette relation, certes naissante, mais fraiche. Lorsque je repense à nous depuis la veille, un mot me vient à l’esprit, résumant notre situation : Simplicité.
Passé l’étrangeté du début où aucune de nous n’était trop sûre de rien, nous étions maintenant dans un océan de simplicité. Nous n’avions qu’une limite, au-delà de nos limites physiques, celle de ne pas craindre de se parler. Que ce soit pour partager un souci ou pour exprimer un fantasme, nous avions décrété que la seule limite était notre imagination et notre désir, tout en s’accordant silencieusement sur le fait de ne jamais se moquer.
Le reste, c’était secondaire.

Après avoir énoncé ce qui me tenait occupé, j’accueillais ses baisers avec un sourire tandis qu’elle complimentait mes engagements. Amusée, elle me souffla une question qui me tira un petit rire.

Bien sûr ! Il y a parfois des semaines un peu plus chargées que d’autres, mais j’ai appris à gérer mon emploi du temps comme personne. Gloussais-je avant de la serrer un peu plus contre moi. Et maintenant, tu vas y avoir une place de choix ! Soufflais-je à mon tour à son oreille avant de lui embrasser la tempe pour ensuite l’écouter à son tour.

À l'entendre énoncer les sports qu’elle affectionne et celui qui la passionne, un sourire étire mes lèvres. Que des activités sportives nécessitant souplesse, grâce, équilibre et puissance. J’apprends alors qu’elle y a rencontré son meilleur ami, s’amusant du pot de colle qu’elle est pour lui. Je parcourais tranquillement son ventre du bout des doigts, appréciant de sentir la douceur de sa peau contre moi.

Hmm! Tant de souplesse ? Cela pourrait nous ouvrir pas mal de possibilités ! Raillais-je gentiment en lui attrapant l’oreille avec les dents. Finalement, je concluais en avouant être curieux de découvrir son chez-elle. Elle rétorqua à cela qu’il n’y avait guère de différence entre ici et là-bas, confirmant cependant que nous pourrons bien y aller un jour.

Ah ! Chez-toi, il n’y a pas les draps à changer ! Rétorquais-je en me redressant, un sourire hilare aux lèvres.
Je me dégageais de son étreinte, à contre coeur, pour m’agenouiller sur le lit, lui exposant, sans aucune pudeur, la vue de mon corps nu et luisant et de mon entre-jambe endormi. Je m’offrais alors quelques secondes pour l’admirer des pieds à la tête, appréciant chaque parcelle de son anatomie, sentant mon désir toujours largement vivace. Alors, je me penchais sur elle, frôlant ses courbes de ma peau pour l’embrasser avec douceur.

Tu es belle ! Glissais-je secrètement à son oreille, dans un murmure sincère. J’effleurais son oreille de mes lèvres quelques instants avant de me redresser pour me lever. Je vais me doucher, ne t’envole pas ! Lançais-je avec un clin-d’oeil avant de lui tourner le dos, sachant pertinemment maintenant, qu’elle avait souvent observé mon postérieur. J’osais espérer qu’elle se réglait de le voir nu, moi, j’adorais sentir son regard sur moi !

Une fois sous l’eau, je me demandais si nous devions nous considérer comme étant en couple ou, en simple “apprivoisement”. Ce serait un point à aborder, afin que l’on puisse rester dans cette simplicité qui nous qualifie depuis la veille. Que les choses soient simples et claires, afin d’en profiter au mieux !

Naturellement, avec autant de cordes à son arc, l’homme a parfois des semaines plus que chargées, il ne le nie pas. Forcément, tout cela exige une organisation rigoureuse. Heureusement, avec le temps, il a appris à gérer les choses et son emploi du temps. Il a appris à gérer les impératifs, de sorte qu’il lui est possible de maintenir une sorte d’équilibre entre tous, qu’il peut promettre qu’il trouvera du temps pour elle. Et pas seulement un peu de temps, en réalité, mais une place au premier plan, une affirmation qui lui arrache un sourire.

“- J’espère bien que tu me réservera une place de choix !”

Elle a un petit rire. Elle réalise que leur complicité semble innée, bien que leur relation soit encore jeune. Si jeune, d’ailleurs, qu’elle peine à définir ce lien naissant. Hier soir, prudents, ils s'entendaient dans l’idée de ne pas se précipiter. Une liaison sérieuse, sans engagement ultime. Pas pour le moment. Pas de promesse de mariage ou quoi que ce soit dans ce goût-là. Et pourtant, à présent... tout semble s’harmoniser parfaitement, comme si cette relation était prédestinée. Comme si leurs âmes s'étaient toujours connues, s'adaptant l’une à l’autre avec aisance, s’accordant en symbiose.

“- Cela m’aurait étonné que tu ne fasse pas une réflexion de ce genre…“ remarque-t-elle en riant.

Il est curieux de voir chez elle. Elle éclate de rire. Il n’y a rien chez elle qu’ils n’aient pas déjà ici : un canapé, un lit, une salle de bain... Il n’y a en définitive rien de véritablement nouveau, comparé à l’appartement de Robin. Enfin, si ce ne sont des draps propres et qui n’ont pas besoin d’être changés, contrairement à ceux dans lesquels ils viennent de passer la nuit. Elle laisse échapper un léger rire, complice.

“- Note qu’on doit le faire mais qu’on ne s’est pas encore penché sur la question !” objecte-t-elle comme ils sont encore allongés entre les draps, justement.

Il se sépare d'elle, se redressant doucement, et murmure à son oreille combien elle est belle, ce qui lui fait esquisser un léger sourire. Entendre ces mots reste toujours plaisant, surtout venant d'un homme séduisant, comme elle le souligne spontanément. Si elle est belle… Il n’est pas en reste. Il est loin de l’être. Surtout en tenue d’Adam, curieusement.

Elle grogne quand il lui demande de ne pas s’envoler alors qu'il s'éloigne pour aller se doucher. Son regard glisse sur les fesses qui se baladent nues au milieu de la pièce, alors, comme pour mieux la taquiner, et elle se mord la lèvre inférieure, se prolongeant entre les couvertures.

“- Y’a aucun risque !” promet-elle avant de grimacer. “Vil tentateur !”