À gauche et à droite, aussi loin que portait nos regards, nous ne pouvions observer que des rangées interminables de combinaisons aux couleurs de la Garde. Sous l’éclat aveuglant des lumières murales, le noir et le vert stagnaient ainsi à la manière d’une vague endormie. Nous remplissions la salle d’un silence lourd et imperturbable, qui traduisait non seulement la nervosité qui nous muselait, mais également le profond respect que nous ressentions naturellement pour cet homme et cette femme qui venaient d’apparaître sur le plateau en hauteur. Ils étaient éblouissants, majestueux, et examinaient nos visages minutieusement. Sur le bord de leurs lèvres, un sourire s’était dessiné et ne tremblait d’aucune précarité. Ils semblaient nous offrir à tous cette délicate attention, subjuguant ici et là quelques iris d’émeraude qui les contemplaient avec émerveillement. Nous ne les connaissions pas, mais savions au plus profond de notre moelle qui ils étaient. C’est pourquoi, à l’appel du Général, nous nous mîmes à scander : « POUR LA PROSPÉRITÉ D’OSAAR AAHE! GLOIRE À L’EMPEREUR! GLOIRE À L’IMPÉRATRICE! » La clameur se répéta, avec nos poings fièrement dressés vers le ciel. La devise s’évadait de nos gorges – toujours plus haute, toujours plus forte – comme un nouveau-né cherchant à attraper sa toute première respiration ; c’était l’instinct. Vivace. Puissante. Elle était marquée au fer rouge dans nos gènes.

« BELLONE! Comme un seul homme, nos voix ne produisaient plus le moindre son. Vous êtes aujourd’hui la cinquième Cohorte à intégrer la Garde d’Acier! Vous avez le privilège d’être, dès à présent, les Lames de Sa Majesté! De fait, partout où vous irez, vous représenterez la Couronne alors que vous tracerez un chemin pour la Paix et la Prospérité d’Osaar Aahe! Une pause fût marquée, le temps qu’il reprenne son souffle. Rappellez-vous que votre service est une source de fierté et d'honneur, peu importe votre mission, car en définitive, vous serez toujours les Gardiens de la liberté et les Protecteurs de l’innocent! Les hommes, les femmes, les enfants : pour tous, vous êtes les modèles de notre belle et grande nation. Et n’oubliez jamais, Bellone : chaque action que vous entreprendrez contribuera à construire un avenir meilleur pour les prochaines générations! Nous claquâmes, à l’unisson, nos talons sur le plancher. En ce jour, je vous demande de vous tenir debout, fiers et dignes! Vous ferez preuve de courage devant l’adversité! Vous ne capitulerez jamais devant le danger! Et vous ferez preuve de compassion à l’endroit de ceux que vous défendrez! Car nous formons ensemble une force invincible, une puissance qui ne peut être arrêtée! Comme l’Acier, jamais notre volonté fléchira! Jamais notre esprit cédera! Nous resterons forts! POUR LA PROSPÉRITÉ D’OSAAR AAHE!

- POUR LA PROSPÉRITÉ D’OSAAR AAHE! GLOIRE À L’EMPEREUR! GLOIRE À L’IMPÉRATRICE! »

Nous nous remîmes à rugir, le cœur hurlant d’une résolution qui serait désormais difficile à étouffer. Un brasier avait soufflé sur nos cœurs pour les embraser, et le discours du Général avait alimenté les flammes de cette nouvelle volonté; de cette raison d’exister. Nous étions une entité : la cohorte Bellone, les Lames de Sa Majesté, la Garde d’Acier d’Osaar Aahe.