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LE TEMPS D'UN RP

De métal et de griffe. [PV Mandrin] [+18]

Ezvana
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Ezvana
Sam 10 Fév - 19:17

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


Méditation de celui qui porte une main à son menton, que les yeux de pluie se perdent dans les méandres des pensées vagabondes.

- C’est une hypothèse intéressante. Et effectivement, si Vidal à déjà implanter ses griffes dans la … Terre du sang, tu disais ? Il va falloir agir rapidement. Il peut rapidement devenir une menace.

Sourcils qui se froncent alors qu’il envisage rapidement les pires possibilités.

- Ce n’est pas anodin que je sois tombé sur mon reflet dans le nouveau monde. Il a forcément des informations que je ne possède pas. Et cela est très contrariant.

C’était plutôt une rage froide qui le glace de l’intérieur plutôt qu’une contrariété passagère. A vouloir être sur tous les fronts, parfois, on était moins efficace, chose que ne pouvait supporter William. Il se devait d’être une machine implacable et sans grain de sable dans le rouage.
Mais impossible de libérer sa colère comme pouvait le faire d’autres personnes incapables de se contrôler, on ne dirigeait pas une faction en étant impulsif. Il se devait de rester de marbre et d’agir en fonction de ce qui se déroulait autour de lui.

- Il faut contrôler ces Seuils. Il est inacceptable qu’ils puissent être maîtrisés par des personnes autres que nous. C’est un trop grand risque pour la Ville.

Un jeu dangereux dont il désirait gérer chaque pièce sur l'échiquier. L'idée même que l'on puisse le doubler lui fait serrer la mâchoire. Visiblement, il n'avait pas fait asse attention aux détails, quelque chose lui avait échappé. Si ce monde apprenait l'existence d'autres univers, il imploserait.

- Ce qui est aussi dangereux pour nous, c'est qu'il peut trouver nos doubles dans les autres mondes. S'il a déjà réussi pour l'un d'entre eux, il a les codes pour trouver les autres.

Un regard qui se glisse sur Malkior. Avec un tel personnage, il se demandait bien ce que pouvait donner ses reflets. Son homme de main était une pièce maîtresse dans sa vie, un pion au départ qu'il avait appris à connaître et à comprendre malgré les eaux troubles qui l'entoure et son passé brumeux. Il n'avait pas besoin de tout connaître, contrairement aux autres personnes qui puissent être dans sa vie. Car il était devenu plus qu'un outil à sa disposition. Mais cela, c'était chuchoté au fond de ses pensées personnelles. L'homme à la chevelure de feu était redoutable et il espère intérieurement que ses doubles seront moins… terrible.

- Il faut trouver qui pourra protéger ces Seuils. Tu es efficace, mais tu ne pourras pas gérer tous les paramètres. L'Araignée ne peut rien faire dans le monde des Vampires, mais peu peut-être gérer celui du nouveau monde. Mais j'aimerais tout autant ne pas devoir compter sur lui. On peut utiliser Mr Lianev à sa place, une fois que l'on s'est assuré de sa … Fidélité.

Lui montrer qu'ici, il pouvait faire le fanfaron, mais il se devait d'obéir. La menace sera toujours là, une lame prête à se glisser entre les côtes de son humain et une fois qu'il aura pris connaissance de ses doubles, il le tiendrait en laisse. Il serait trop risqué de perdre l'un de ses reflets, cela serait perdre une part de soi. L'impact pouvait être dévastateur.

- Il va falloir que je rentre en contact avec cette personne dans le nouveau monde. Laisser en liberté mon double ne serait pas une bonne chose.

Un frisson le parcourt. C'était comme rencontrer un fantôme ou un clone déformé. Il avait le contrôle sur certains doubles des personnes qui pouvaient lui être utiles, mais rencontrer le sien, c'était tout autre chose. C'était comme s'il avait attendu cette personne toute sa vie et dans le même temps il désirait la fuir le plus possible. Vaguement il se souvient d'une grande silhouette, d'un manteau de cuir, des cheveux courts et sombres, avant d'être emporté par la vague sauvage. Et savait au fond de lui que c'était cet homme qui le trouverait en premier.

Le Géant blond sort de cette chambre pour réfléchir et mettre de l'ordre dans ses idées. La situation devenait de plus en plus complexe au fur a et mesure que le temps avançait. À croire qu'il y avait une horloge qui tournait et qui était en sa défaveur.Se faire couler un café noir dont l'odeur arrive à l'arracher à ses machinations. Un instant, il se dit qu'il aurait bien besoin des massages de Malkior, mais sur l'entièreté de son corps pour se débarrasser du trouble qui ne cesse de grandir en lui. Ses muscles étaient crispés et sa mâchoire le lance à force de grincer des dents. Heureusement qu'il avait une santé impeccable, sinon son cœur aurait lâché. Venir apporter sans y penser la boisson choisit par Malkior, exactement à son goût. Après ces années à ses côtés, il avait forcément retenu ce genre de détails.

- Je …

Une alerte résonne autour d'eux, telle une alarme à incendie. Les lumières se teintent d'un rouge criard. C'était un signal pour indiquer une intrusion dans le système et ce n'était pas anodin. Personne ne pouvait rivaliser avec les programmes de protection des Joyce. Cela n'était pas arrivé depuis des années. La petite machine volante émet un son étrange alors qu'elle vibre sur place avant de venir projeter un hologramme.

- Bonjour, Mr Joyce je présume ?

C’était un homme en costume parfaitement cintré qui était apparu, un faux sourire étirant sa bouche et dévoilant des dents trop blanches et bien trop aligné pour être naturelle. Même sa coupe de cheveux courtes était lustrée en arrière, des cheveux châtains reflétant la lumière.
Impossible de deviner son âge, car il était visiblement passé par de la chirurgie esthétique.
Tout cela, William l’enregistre à la vitesse de la lumière en buvant une gorgée de son café. Puis quelque chose l’interpelle. C’était invisible, c’était comme une intuition. Le sang déserte peu à peu son visage pour ne laisser qu’une peau presque cadavérique.
L’homme est visiblement aussi atteint, on voit bien ses mains jointes trembler, des tics nerveux agitant ses doigts.

- Oui, c’est bien vous. Je me présente, Louis Shaun. Je suis votre double du monde… sans magie ? Je crois que l’on m’a parlé de Vampire. Mr Vidal m’a mis au courant de toute cela ainsi que de votre existence.

William était profondément mal à l’aise, comme s’il voyait une chose interdite. Il se redresse, affiche une mine déterminée sur son visage aux traits tirés. Il était hors de question de paraître inférieur.

- Pourquoi m'avoir contacté ?

Mr Shaun bouge comme s'il retirait des fourmillements dans ses jambes.

- Je connais l'existence de votre monde étrange. Je sais aussi l'importance que vous avez, pour moi comme pour votre entreprise, Mr Vidal a été d'une aide précieuse et est très concis. Il serait profitable que nous établissions un lien professionnel pour consolider notre entente. Il serait idiot que votre réalité puisse être mise à jour.

Lentement, William sentait les tentacules froids de la manipulation enserraient ses membres. Figé dans la même posture, il se sentait attaqué au sein même de sa tanière et l'envie de se rebiffer menace de gronder dans sa gorge. Ce Shaun profitait du fait qu'il était son double pour le faire plier et accéder aux puissances du Diamant dans son monde. S'il ne se soumettait pas, les retombés pouvaient être destructrices. On tente de le mettre en cage.

- Mr Vidal semble être plein de surprise.

Shaun affiche un nouveau sourire, bien plus réel cette fois-ci.

- Il semblerait que vous aussi.

Il a été visiblement mis au courant de la situation délicate de Vidal.

- Ce n’est donc pas anodin que vous me contactiez maintenant.

- Non, en effet. Nous sommes des personnes intelligentes Mr Joyce. Je suis certain que cela nous sera bénéfique. Nous nous verrons très prochainement.

Pour réponse il n’a que le silence et le dédain du Géant blond. Son orgueil était à vif et lui d’ordinaire si calme, était à deux doigts d’exploser.
Shaun hoche la tête, recevant la réaction qu’il attendait. Il mit un terme à l’appel sans attendre la suite.

Dans la main de William, la tasse tremble de plus en plus, à deux doigts d’être brisé par la poigne de fer. Il relève son visage pour s’adresser à l’I.A centrale.

- Code 896, je veux savoir comment cet appel a pu passer à travers nos systèmes. Je veux tous les codes, chaque ligne qui existe, d'où il provient exactement.

Chaque expiration devient plus profonde que la précédente, ses yeux se parent d'ambre tel deux pierres précieuses qui ne reflètent qu'une colère intense.

- Dès que tu es en état, il faut que tu trouves comment Vidal fait pour traquer les doubles. C'est impératif. Il commence par me tenir en laisse, s'il trouve les tient si tu en as, je suis immobilisé.

Une voix aussi froide qu'une lame alors que l'ordre tombe de sa bouche. Reposer la tasse fumante pour ne pas se brûler les mains.
Tout était en train de s'accélérer.

Mandrin
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Dim 7 Avr - 11:09

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


"Nous en avons trouvé un avant lui," sourit Malkior. "Du moins, c'est une impression latente qui ne me quitte pas. Je l'avais réprimée mais je comptais vous en parler... quand nous aurions du temps pour nous."

Malkior n'était pas le genre de personne qui débattait longuement de ses sentiments et de ses ressentis. Ces choses-là se domptaient à base de magie noire, se canalisaient pour être transformées en énergie pour le combat. Mais cette fois il lui semblait que ça en valait la peine. Il n'avait aucune certitude... Il savait reconnaître la mort, voilà tout. Il était déjà mort à quelques occasions. Il s'était senti mourir. Les mains du praticien posées sur lui avaient su le ramener, et si la technologie incroyable de l'endroit et l'habileté de l'expérience avaient joué leur rôle, la mort était toute-puissante : il fallait plus que cela pour la contrer. Il fallait un éclat extraordinaire.

"Je songeais à cela en tout cas, à s'allier avec des spécialistes qui ont peut-être déjà de l'intérêt pour les Seuils, une forme de contrôle, et à les renforcer au lieu de les combattre. Un empire ne se bâtit pas d'une seule main, il faut une armée."

Il ne déniait pas à son tigre d'acier l'envie, quasi maladive chez lui, et pourtant justifiée à bien des occasions, d'être la seule tête. Les mains qui le secondaient ici étaient principalement mécaniques et pilotées par cette tête. Mais ailleurs, le métal n'avait pas cours, ailleurs les machines n'existaient peut-être pas. Et ils n'avaient pas forcément le loisir d'introduire une nouvelle technologie, peut-être de gérer la création d'une nouvelle religion. Il faudrait composer avec les atouts du terrain. C'était à la fois grisant et vertigineux de se lancer dans de tels raisonnements du fond d'un lit d'agonie. William avait toujours eu ce pouvoir : lui donner tout à coup l'impression de tenir tout un univers flamboyant entre ses mains. Lui qui n'était rien, littéralement, un déchet que le directeur avait ramassé sur le bord de la route.

Il ne fallait pas s'épancher. La meilleure manière de prouver son indéfectible loyauté était de la traiter comme un outil de travail. Le travail était ce qui régnait ici.
Un bref instant, Malkior songea aux jungles lointaines de l'autre univers et à une pause dans leurs existences, loin de tout ceci. A d'autres langages. Il en eut la gorge sèche.

"Il a tant d'avance sur nous que nous pouvons en tirer un avantage. Il a déjà dû traquer d'autres doubles... et certains d'entre eux ont dû lui échapper. Lors de la phase d'expérimentation, quand il ne contrôlait pas encore totalement le processus. Il a dû sous-estimer la force de la connexion au moment où elle s'établit. Si cette expérience manquée s'est échappée dans la Ville, il ne nous sera pas trop difficile de la trouver."

Il brûlait déjà de se lancer sur cette piste, que ce soit physiquement ou à travers les systèmes de calcul de la Tour. Il brûlait d'en savoir plus sur le phénomène, et de ramener cette connaissance à son maître comme un bouquet de roses de sang.

La rencontre dans l'autre monde avait secoué monsieur Joyce comme un addict en manque, auquel on fait miroiter tout à coup une dose pharaonique de son produit : la magie, certainement. Sa propre rencontre ici avec le médecin avait été plus en demi-teintes, un malaise obsédant, une pulsation tellurique, une évolution accélérée pour Ismaylov, pour Malkior la sensation de renaître sous une forme améliorée. Parce qu'ici, ils baignaient tous dans la magie. C'est ainsi qu'il se l'expliquait. Elle était dans leurs poumons, dans leurs veines, dans leurs rétines, jusque dans la moelle de leurs os. Elle ne demandait qu'à s'exprimer à son plein potentiel, celui que les jeunes gens de la ville cherchaient à acquérir en oeuvrant dans leur faction avec un acharnement de toute une vie.

"Nous pouvons expérimenter sur moi pour établir un profil des événements tels qu'ils ont pu se dérouler," offrit-il. Tant qu'il était encore souffrant, il pouvait toujours se rendre utile ainsi.


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Lun 15 Avr - 18:00

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


Les paroles le percutent avec la violence d’un camion lancé à pleine vitesse. Les yeux d’or se braquent sur le rouquin allongé dans son lit, semblent dépecer vivant cet être qui lui avait caché une information si importante. Cela roule sous sa peau, vague presque visible de ce pelage tigré qui ne demande qu’à remplacer l’inutilité de l’épiderme humain, la façon dont les pupilles se rétrécissent et deviennent verticales. À deux doigts d’imploser l’homme qui tente de réfréner les envies maladives de faire ses griffes sur le torse de son homme de main.
Ainsi, Ismaylov était son double ?

Logique que cela soit se Vampire, qui d’autre ? Lianev n’était que le reflet de l’Araignée, même sans le chercher, c’était criant de vérité. Certainement pas cet humain collé à ses basques. Évidemment que c’était ce médecin trop froid, qui flirt avec la mort comme on danse avec une femme. C’était aussi limpide que de l’eau de roche. Pourtant. Pourtant, la colère ne cesse de flamber dans son cœur. Trop aveugle le Titan de métal qui n’a pas été capable de percevoir les liens invisibles. Qui aurait pût l’en blâmer ? Mais non, c’était inadmissible. Il était celui qui était le proche de Malkior, il aurait dû voir.
Voix susurrants qui se penchent à son oreille, en lui disant que finalement, il ne le connaissait pas si bien que cela. Il se croyait le plus intime de son gardien, mais finalement, il ne savait rien de la vie privée, intime de cet homme. Percevoir son essence, comme on renifle la mort qui est froide et lointaine, avant qu'elle ne face pourrir la chair. Perfidie aussi, qui s'insinue dans ses veines avec la lenteur d'un poison acide, lui offrant la possibilité de maîtriser son homme de main, que si un jour cela dérape, il pouvait l'enchaîner et lui mettre une muselière.
Un battement de cils, pour chasser ses pensées vagabondes qui ne cessent de le tourmenter. Jamais il n'a mis en doute la loyauté de Malkior. Si cela devait arriver un jour, il le briserait de ses mains.

L'envie aussi qui se mêle à l'incompréhension. Pourquoi il ne réagissait pas de la même manière ? Là où pour Malkior cela semblait naturel, comme une réalisation douce, pour lui c'était un tsunami. Aucun plaisir dans cette expérience, ou son cœur semblait être sur le point d'exploser et un malaise terrible lui vrillait les nerfs. C'était comme un rejet, profond, viscéral, de ce reflet. L'envie de mordre de fuir tout autant.
La raison qui tente de rassurer la bête fauve, il était normal que tous soient différents. Il ne pouvait pas calquer son propre ressenti sur tout ce qui existait. Eh oui, il n'était pas le centre du monde.

Vertige qui lui fait tourner la tête, se rattraper sur le bord d'un meuble pour ne pas glisser à terre alors que les genoux tremblent. Bruit discret d'un robot infirmier qui s'avance, tente de relever l'homme trop lourd, lui proférant moult paroles sur le fait de se reposer. Qu'il n'était pas l'heure. Que c'était dangereux. Bruit terrible du métal qui se froisse, poigne invisible et dévastatrice qui réduit en morceaux l'infirmière dans un renfort de bips sonores qui viennent à s'éteindre tout aussi vite. Pas un mouvement de William, pourtant sa rage c'est libéré d'un souffle, avec une puissance presque terrifiante.

Loin le regard de braise, retrouvé les yeux d'azur qui ne reflètent plus l'abyssale colère qu'il tentait toujours de camoufler. Il s'était redressé sans jeter un regard à sa victime, rassemblant les pans de son peignoir pour plus de décence.

- Ne crois pas que je n'ai pas déjà rassemblé des pions pour tenir les Seuils. Seulement, aucun ne mérite ma confiance et je ne peux pas me permettre de tout diriger au vu de l'accélération des apparitions des Passages. Il n'y a qu'en toi que j'ai confiance.

Une grimace presque féline, on en percevrait presque la babine se relever pour dévoiler l’ivoire d’un croc, agitant les vibrisses d’un soubresaut. Après cet élan d’émotion, avouer qu’il lui faisait confiance lui arracher la langue. L’intonation aussi, rêche et brutal qui trahit ses pensées.

- C’est pour cela que je te confie la mission de trouver ceux qui seront idéals, ceux que l’on pourra maîtriser. Moi, je trouverais celui qui chapotera tout cela à ma place quand je ne pourrais être présent.

La ligne des épaules qui c’était détendu, muscles froissés dans son dos qui lui était douloureux. Mais sa voix avait baissé d’un ton, le calme avait repris sa place. Il ne désirait plus faire souffrir l’homme roux juste pour se défouler.
Soupirer bruyamment, la fatigue plombant la hargne et ourlant la bouche d’un pli soucieux.

- Je t’avouerais que tout ceci m’échappe. C’est une piste de phéromones, c’est un ressenti que l’on comprend un peu instinctivement et encore, ça, je le conçois. Mais j’ai l’esprit trop critique pour ce genre de compréhension. J’ai été ciblé par Vidal, j’étais la proie évidente. Mais pour toi par exemple, je ne sais comment les trouver. Je peux rassembler des morceaux, calculer le pourcentage de chance que cela se produise. Je peux établir des probabilités et tout mettre en code dans mes registres. Mais tout cela… Tout cela n’est que mirage à mes yeux.

Il n’y avait que Malkior qui pouvait entendre ce genre de parole provenant du Géant de métal. Admettre une faiblesse devant un autre ? Impossible. On s’en servirait contre lui sans tarder. Mais pour avancer, il devait avouer qu’il ne pouvait pas tout maîtriser, même si cela lui en coûte.

- Il a y tant de réalité, de monde qui s’ouvre à nous que le nombre de possibilités ne fait que croître de façon indécente. Imagine seulement, si on tenait chacun de nos reflets dans chaque Seuil d’une autre facette.

Au début, la découverte des Passages était éblouissante. Tant d’opportunités, tant d’horizons qui s’alignent ! S’expandre, exploiter chaque possibilité. Puissance démentielle de la famille Joyce, projet fabuleux, parfois déraisonnable, rechercher cette immortalité tant désirée pour ne jamais devoir lâcher les rênes. Rester le Seigneur tout-puissant.
Mais depuis quelque temps, les Seuils n’étaient que sources d’angoisses. Si cela ouvrait le champ des possibles, cela amenait aussi les problèmes. Concurrence, d’autres manières de fonctionner. Et surtout, surtout les doubles. Tant d’êtres qui pouvaient faire basculer son univers. À tout moment, tout pouvait s’écrouler et cette idée le terrifiait bien plus qu’il ne voulait l’admettre. Quand on voulait envisager toutes les possibilités, le sommeil est vite chassé par les inquiétudes.

S’approcher du lit et s’asseoir sur le rebord en observant Malkior.

- Comment veux-tu que l’on s’y prenne comment ?



Mandrin
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Mandrin
Mar 23 Avr - 9:38

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


Malkior était un homme du monde de la mort, un combattant de l'arène : c'est pourquoi il supposait que ce face à face, indécent comme le décrivait son patron, lui était naturel. C'était ce qu'il avait toujours attendu, le gouffre qui l'avait toujours appelé.

Joyce en revanche dirigeait le monde clair et acéré du Diamant ; toute perte de contrôle, tout vertige, ne pouvait que le menacer. Mais il n'était pas que cela. Il était aussi le Tigre. C'était cette seconde nature qui, chez lui, tendait vers le terrestre, vers les racines, vers les profondeurs - vers Malkior, peut-être. Il savait quoi faire de la menace et il savait quoi faire de lui. En toutes circonstances. L'homme de main n'avait jamais vu l'animal se tourmenter ou hésiter.

"Attachez-moi au lit. Sinon, je ne pourrai pas m'empêcher de courir ça et là. Vous voir dans cet état me prive de toute maîtrise." Malkior était sérieux. Il ne supportait pas l'agitation de son patron et d'autant moins sa propre impuissance ; il fallait l'y contraindre, ou il allait se surmener à errer dans la Ville en quête de solutions. Il avait du moins l'intelligence de comprendre son propre travers, et la discipline de réclamer les précautions nécessaires. "Et voyons ce que le vampire a répondu au test que je lui avais soumis. Vous savez, l'un de ces tests de personnalité qui évaluent dans quelle faction il pourrait s'intégrer. Singulièrement, je ne le vois pas dans la mienne et cela pourrait répondre à une théorie que j'ai formée au sujet des Doubles."

Il regrettait l'audace directive dont il faisait preuve envers son dirigeant, au lieu d'attendre ses ordres et de les exécuter comme toute bonne machine ; en ce moment il ressentait le besoin d'être un homme à ses côtés, mais il craignait de l'offenser. Leur lien lui était précieux, davantage que son emploi. Lorsque celle qui l'avait lâché sur le monde avait jugé bon de l'extirper de ses entrailles, Malkior avait été lavé à l'eau froide, vêtu à la manière des poupées de porcelaines, et disposé dans une chaise-carcan, afin de poser pour un portrait de la galerie familiale. Telle avait été son entrée dans cette vie. Le bonheur n'était pas un concept doté de sens.

Des vies, il en avait eu trop depuis lors. Il avait survécu à ses propres ambitions et à leur mort, à ses rêves et à leur mort, et jusqu'à la mort de son envie de vivre, à ses corps eux-mêmes par deux fois. Et il aurait pu à nouveau mourir et renaître, c'était dans sa nature ; mais il y était désormais opposé. Il considérait sérieusement que seule la disparition de son maître, ou la volonté de celui-ci, pouvaient réellement avoir raison de lui désormais. Et dans ce cas, cette fin serait bien ordonnée. Il connaissait le bonheur à ses côtés, par sa compagnie.
Tout cela, il ne pouvait pas le dire à voix haute, mais son regard parlait pour lui.

Tandis que les résultats du test se chargeaient et se quantifiaient sur son écran, il se risqua à quelques mots de réconfort : "Vous n'êtes pas entièrement démuni face à l'écho que déclenchent les doubles. Vous l'avez ressenti envers moi après tout, et cela ne nous a pas rendus plus faibles. Je crois sincèrement que cela nous a rendus plus forts." Les derniers événements l'avaient-ils prouvé ? La soeur de Monsieur n'aurait pas été de cet avis, mais Malkior l'était. Et le choix de William était fait. "Mais nous serons moins surpris si ma théorie se vérifie. L'effet de surprise est ce que votre adversaire a employé contre vous. Il l'a fait une fois et il a manqué sa chance. C'est fini, maintenant. Il ne pourra pas recommencer."

Son envie de ramener un peu de sérénité sur le front de son employeur confinait presque à la tendresse soucieuse d'un vieux couple en difficulté, au-delà d'un mur de professionnalisme que leurs blessures avait entamé. C'était aussi une raison pour laquelle Malkior était plus à l'aise d'être solidement maîtrisé que libre de ses mouvements. Qui sait quel geste inconvenant finirait par lui échapper... et monsieur Joyce n'avait pas besoin de ce genre de distraction dans un pareil moment de crise.

Les résultats étaient encore incertains. L'intégration du médecin-légiste dans la société locale était encore approximative, il avait beaucoup à découvrir. Mais il tendait en direction de l'arrogance souveraine, du baroque flamboyant, de la gloire pharaonique. Rubis.

"L'écho des doubles ne s'aligne pas sur les Factions. Ou alors- nous en avons un pour chaque faction existante. Je n'ai vraiment pas envie de rencontrer mon double Emeraude," grinça l'homme de main avec une grimace de dépit, "mais si cela se vérifie, c'est très intéressant. Nous pouvons prévoir leur nombre, leur personnalité dans une certaine mesure, comment les attirer ici et acheter leur allégeance, où les chercher s'ils sont déjà ici... Expérimentons tout cela sur moi. Comparons nos profils, construisons des modèles de profils annexes. Confrontez-moi à eux, voyons comment j'y réagis... Je le supporterai et nous pourrons créer un algorithme universel. Qu'en pensez-vous ?"

Ce n'était pas une question, c'était un appel à l'aide pour rester rationnel. Pour sa part, il avait du mal à penser. Il avait envie d'autre chose. L'effet des médicaments, sans doute. Il avait été désensibilisé à tous les poisons courants dans son enfance et cela devait provoquer des réactions imprévues dans la chimie de son sang.


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Mer 22 Mai - 19:45

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


À peine une ride pour trahir l’émoi intérieur de l’homme qui regarde Malkior sans broncher. Cette façon dont le regard se fait un instant plus intense, plus profond. Juste peu le masque tombe et dévoile le véritable visage de l’homme approchant la trentaine, touché en plein cœur par cet aveu qui glisse à ses oreilles telle une prière. Le regarder avec des yeux d’une personne attentionnée, qui s’inquiète réellement de l’état de son partenaire de tous les jours. Cela l’agace, le titille à l’intérieur de son crâne, d’imaginer le rouquin mal à l’aise à cause de son état. Il se devait d’être encore plus sévère, plus strict avec lui-même. Si son homme de main était dans cet état à cause de lui, le métal se devait d’être plus rigide.

Seulement, si avec lui, il ne pouvait pas être lui-même, avec qui pourrait l’être ? Aveu du cœur quoi bat un peu plus fort, résonne à ses tympans en une symphonie dérangeante. Il avait beau s’ériger comme le maître incontestable d’un empire florissant, il n’en restait pas moins un Humain. Peut-être que le projet de remplacer son corps par un androïde était une bonne idée. Plus clinique, plus froid. Sa conscience serait préservée, mais ses émotions seraient lisses. Son cœur de Fauve serait privé de cette envie de liberté, peut être alors qu’il pourrait mieux s’élever.

Mais tous ces troubles, ils ne les évoquent pas. Il n’y avait que son regard trop intense pour le trahir, ce tic qui agite sa joue. Un sourire ravageur qui étire ses lèvres, cette main qui se tend et ses doigts qui se posent sur le torse de l’homme, le plaque en arrière pour le maintenir en place. De quoi sentir cette peau un peu trop froide, ce cœur un peu trop lent. Mais c’était lui.

- Cesse de me provoquer ainsi. Si je t’attache, mes pensées ne cesseront de fluctuer vers toi.

Presque un ronronnement. L’idée ne lui était pas déplaisante. Penser à autre chose pendant un certain temps pouvait chasser la nervosité qui glisse sur sa peau tel un avertissement. Ce désir qui lui prend souvent aux tripes de décharger toute cette pression, de se laisser aller rien que quelques heures. Envies et pulsions déviantes pour beaucoup, une échappatoire pour le Joyce. À peine une rougeur pour souligner les pommettes alors que des images fantasques balayent son esprit, bousculent ses pensées rationnelles. Cette lutte intérieure constante, entre l’animalité et l’inflexibilité. À ce moment, la bataille fait rage en silence derrière la barrière de l’azur de son regard.

Alors il hoche la tête quand Malkior lui présente ses propres décisions. Autrefois, cela l’aurait agité et irritable. Mais depuis qu’il se repose sur son homme de main, il lui laissait libre cours pour ce genre d’action. Savant mélange entre autorité et permission, un jeu d’échec ou savoir placer son pion correctement était synonyme de réussite ou de perdition. Malkior était un homme intelligent, capable d’anticiper et d’agir en fonction. C’était rafraîchissant dans son environnement où il contrôlait tout.

Pourtant, le regard ne cesse de scruter les expressions de Malkior, comme si ces prunelles pouvaient creuser le visage de son ami. « Vous l’avez ressenti envers moi après tout. » Cela monte jusqu’à ses pensées qui tremblent, tout vibre jusqu’aux fondations, manque de faire flancher toute idée rationnelle. Il ne voulait pouvait pas accepter une telle évidence.
Jouer avec le bout de la ceinture de son peignoir, détourner le regard pour se focaliser sur autre chose. Quand on était dirigeant d’une faction, on savait contrôler ce genre de réflexion.

- Je ne veux jamais rencontrer un double chez les Améthyste.

Un grognement presque félin, une moue dédaigneuse. Imaginer seulement les problèmes que cela engendrerait lui donne envie de se faire les crocs.

- Cela dépend aussi de ce que l'on trouvera. Je pensais plutôt que l'on avait des doubles dans chaque nouveau monde, plutôt que dans chacune des factions. Certes, cela n'empêche pas que les reflets trouvés soient d'autres factions. Je suis plutôt… Connu, étant d'une famille dirigeante. Il serait étonnant qu'après toutes ces années, je ne sois pas tombé ou traquer par un double d'ici.

Un frisson qui lui arrache un marmonnement, rouler des épaules pour faire bonne figure.

- S'il y avait vraiment des reflets dans chaque faction… C'est problématique.

Se pincer l'arête du nez en soupirant un instant.

- Il va falloir régler rapidement mon histoire avec ce double dans le monde des Vampires. Je le sens venir de très loin, les problèmes vont arriver rapidement.

Et il en faisait une histoire personnelle. C'était épidermique, une bête qui parcourt ses muscles et lui donne envie d'agir. Un problème, une solution. Une gorge, une main pour l'étreindre.

- Ce Shaun, on va s'en occuper et vite. Cela m'apaisera. J'ai l'impression d'avoir un concurrent déloyal et cela m'agace.

L'enrage. Mais il faut bien garder ses bonnes manières.

- Et cela alimentera cet algorithme d’une autre manière. Dès que tu te sens en état, on se penche sur son sujet.

Se glisser dans le lit dans une attitude qui ne lui ressemblait pas. A rester ainsi immobile sur un matelas, les nerfs le vrillent et l’impatience lui donne des soubresauts dans les jambes. C’était comme si toutes les douleurs refoulées faisaient surface et lui ordonnait de se mettre en marche pour penser à autre chose. Et puis c’était du temps perdu, chaque heure pouvait être décisive. Mais si cela permettait à Malkior de tenir en place un peu plus longtemps, il ferait taire les souffrances. C’était une pause avant de replonger dans la jungle urbaine.

Repousser négligemment le pan de son peignoir et dévoiler la cicatrice beaucoup trop rose sur sa peau. Une rayure qui disparaîtrait rapidement, il n’y avait que celles du Félin qui étaient acceptables.

- En fait, je me dis que chaque reflet dans une faction différente pourrait être l’autre côté du miroir si on était d’une autre couleur. Je ne vois pas comment je pourrais être aussi efficace qu’en étant autre chose que Diamant. Mais imagine les possibilités ?          

Allonger ses longues jambes et faire tourner ses pieds pour alléger les décharges électriques. Lui en Ambre serait un monstre délirant et ronger par ses pulsions, un contraire total de ce qu’il était actuellement. Ou presque.

- Et toi alors ? Une autre version de toi chez les Opales ? Les oreilles pointues t’iraient bien. Mais ne t’en fais pas, ma version préférée est et restera la tienne.

Un petit sourire alors qu’il s’étire et glisse ses mains sous sa nuque. Ce jeu l’amusait toujours autant, cela montait autant sa frustration que son intérêt et surtout, c’était sa manière d’être prévenant. C’était une vérité tintée de gourmandise, mais c’était la réalité.
Malkior est et restera unique.    




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Mandrin
Jeu 23 Mai - 9:47

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


"Eh bien, ils sont perdus dans les divers mondes mais ceux-ci sont reliés à nous par les Seuils... je vois la Ville comme une araignée au centre de sa toile, pardon pour cette image."

Il aurait pu dire le centre d'un vitrail, mais l'image qui lui venait en tête était celle d'une inexorable dévoration. Et ce n'était pas négatif, à ses yeux. Pour un être qui évoluait quelque part dans un monde dénué de magie, ou qui ne connaissait qu'une seule forme de magie, même si c'était la sienne, la magie de la mort, la vie était incomplète. Il essayait d'imaginer l'un des mages vaudous de sa connaissance isolés sur une planète entière sans autre forme de magie, et il se sentait immédiatement oppressé, pris à la gorge par un sentiment de naufrage. C'est pourquoi ceux qui passaient un Seuil restaient généralement ici. Ils n'étaient pas appelés pour rien, et une fois transformés par leur rencontre avec la Ville, tout le reste devait leur sembler fade. Il n'avait jamais connu cette métamorphose, personnellement ; né ici, d'une dynastie enracinée ici, il ne faisait qu'imaginer.

"Et lorsqu'ils sont happés, ils y sont assimilés et rejoignent alors la faction à laquelle ils ont toujours été destinés. C'est ce qui arrivera à tous vos vampires."

En réceptionnant les données, il songea avec un certain amusement que cette expression, "vos vampires", lui donnait l'air presque jaloux. Il ne l'était pas. La complémentarité était une réponse à un monde changeant, une adaptation qui respirait l'intelligence et la sagesse. L'ego des Joyce était ainsi fréquemment dompté par la compréhension d'un besoin auquel répondre sans états d'âmes, et c'est ainsi qu'il avait eu sa place lui-même. Il se fondait dans la machine et en acceptait les rouages.
Et il pouvait apprécier que le docteur Ismaylov se soit lui aussi plié à l'exercice sans fard. Apparemment, cet homme se moquait bien de ce qu'on penserait de ses réponses les plus intimes. Il faut dire qu'il n'avait pas vraiment de vie intime à dévoiler, apparemment...

"Pour moi, les mondes sont des rayonnements extérieurs des diverses réalités qui coexistent toutes ici. Mais c'est peut-être mon nationalisme qui parle. Je ne peux imaginer la ville qu'au centre."

Distraitement, il commença à parcourir les réponses du vampire, en calculant au fur et à mesure ce que cela semblait indiquer.

"Et je ne vous imagine qu'au pouvoir. Entouré de vos doubles des autres factions qui régneraient là-bas comme vous régnez ici."

Lui-même avait pensé à l'Ambre immédiatement ; la teinte aurait convenu merveilleusement à un tigre, et il y avait ce fantasme insensé d'un Joyce qui lâche soudain la bride à ses envies les plus secrètes... d'autant plus étourdissant que c'était inimaginable. Il se maîtrisa pour chasser cette idée loin de lui ; son maître était une perfection et il n'y avait rien à y changer. Il serait intéressé de croiser d'autres versions de lui, par curiosité et pour les associer à leur montée vers le pouvoir. Mais il ne les servirait jamais. Il était l'homme d'un seul roi. Sa dévotion était absolue.

"Peut-être... pourrez-vous alors vous reposer un peu. Je serai honoré d'être à vos côtés ce jour-là, comme en toutes autres circonstances."

Un léger sourire passa sur son visage, dont il dissimula les brèves émotions à cette pensée en pivotant sur une plaisanterie. L'humour n'était pas exactement son fort. Il s'y essayait depuis très peu de temps. Il avait pratiqué la jubilation sadique et acerbe des siens dans sa jeunesse et n'y avait trouvé aucun plaisir sincère. Aujourd'hui, il se sentait capable de s'essayer à un humour discret et hésitant, dont il n'était toujours pas très sûr. Mais lorsque William démarrait les hostilités lui-même, il ne demandait qu'à le suivre.

"Je porterai des oreilles pointues si cela peut vous divertir. Après tout, je vous ai vu avec des oreilles de fourrure. Ce ne serait que justice."

Son regard courut au long du corps de son patron. Il en ressentait la tension et il savait exactement ce qu'il aurait pu proposer pour les en délivrer tous les deux. Soudain, il eut la gorge sèche. Ce lit, cette proximité, cette conversation, et cette chaîne invisible qui les attirait tous les deux à leur en faire oublier quelques secondes les tâches importantes qui les attendaient... Tout allait trop loin aujourd'hui. Pourtant il n'aurait pas été si mauvais de se débarrasser de cette tension avant de s'attaquer à leur principal adversaire ; il était simplement incapable de le proposer directement.

"J'exagère." Peut-être n'attendait-il que d'être châtié. Une manière indirecte de glisser sur cette pente... Il acheva sa lecture et releva les yeux. Surpris mais pas tant que ça : à nouveau, la couleur... "Rubis ? Allons bon. Il va vous coûter cher, celui-là."


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Lun 10 Juin - 17:38

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


Une grimace exagérée. Des Araignées, il y en avait suffisamment dans son entourage pour que cela le dérange. Mais il voyait également les choses ainsi. Comment imaginer que la magie puisse venir d'ailleurs ? Elle était née ici, puissante et impériale, distillant émerveillement et horreur sans parcimonie, dans toute sa beauté terrifiante. Les autres, n'étaient que ses enfants perdus qui se sont égaré à vouloir marcher sans elle, ou alors elle les a abandonnés sans un regard en arrière pour des raisons secrètes. Peut-être que tous imaginaient au fond d'eux-mêmes de retrouver le sein de la Ville, de sentir son cœur battre à nouveau contre leurs poitrines. Impossible d'imaginer un monde sans tout ceci, si intrinsèquement liée à leurs personnalités et à leurs factions qu'elle en était indélébile. C'était comme s'amputer d'un membre de ne pas avoir accès à la magie, une hérésie qui donne la chair de poule. Ailleurs, il était comme un nourrisson impuissant.

Si les excursions dans les Seuils étaient intéressantes, jamais il n ‘était plus satisfait que quand il retrouvait la Ville.

- Non, je pense ainsi également. Difficile d'imaginer les Seuils autrement que des fragments parsemés çà et là qui ne demande qu'à être restauré.

Un ricanement, flatté dans son ego un autre aurait rougi. Lui ne faisait qu'imaginer et apprécier.

- Si tous mes doubles sont des dirigeants, la Ville sera en feu. Je doute que les familles Dirigeantes apprécient la blague. Mais c'est… Agréable à envisager.

Un instant, il se souvient de la silhouette là-bas, près de la tombe. De cette haute stature, de ses cheveux parsemés de mèches plus claires. Un froncement de sourcils. Non, lui n'était pas un dirigeant. Il avait plus l'air de c'être fait dévorer par la vie qu'autre chose, comme un rocher creusé par l'eau qui coule sans s'arrêter. Curieusement il n'avait pas de ressentiment à son égard, pas comme l'autre Shaun, plutôt une attraction étrange et magnétique, repoussante et dérangeante. Qu'est-ce qui influençait cela ? L'approche ? Le fait qu'ils soient trop ressemblants ? Trop différents ?
Comme deux notes de musiques incapables d'être sur la même corde en même temps.

Un regard sur le côté pour observer Malkior. Se reposer ? C'était impensable. Il y avait trop à faire. Trop de responsabilités juste dans sa propre faction. Un instant, pourtant, il rêve de ce qu'aurait été sa vie sans tout cela. Se poserait-il au bord d'une plage, bronzant au soleil en sirotant un cocktail fruité ? Grimperait-il des montagnes pour admirer d'autre sommet ? Des nuits faîtes de soirées cinéma, d'apéro et de jeux.
Non, c'était dérisoire. Inutile. Une perte de temps. Jamais on ne lui a appris à agir ainsi, jamais il n'a connu la douce vie d'une personne lambda. Le repos, c'était pour les faibles ou quand il serait mort, c'est ainsi ce qu'on lui à marteler dans le crâne. On ne pouvait pas espérer souffler dans la faction du Diamant, on endure et encaisse, encore et encore, on donne une image parfaitement lisse pour que personne ne puisse l'attraper du bout des doigts.
Et sortir, pour aller avec qui ? Il n'avait pas d'amis. Rien que des connaissances au sourire aussi faux que le sien.

Les yeux bleus qui glissent sur le corps à ses côtés, imaginant brièvement une soirée avec lui. Non. Il ne voyait pas son homme de main devenir aussi banale qu’un autre, partageant au creux de son oreille des confessions devant un film minable, lui piquant des pop-corn juste pour le taquiner, ses doigts effleurant sa main juste pour attiser cette tension palpable.

… Ou alors il plongerait dans les forêts luxuriantes pour laisser libre cours à ses envies félines. Oui, cela il pouvait l’envisager. Un monde sans règles humaines, rien que l’envie d’assouvir ses pulsions, de parcourir son territoire, de sentir le cœur battre contre sa langue et le souffle heurter d’une proie dans sa gueule. Il lutterait pour garder main mise sur ses terres, qu’il partagerait seulement avec ceux choisis. Un homme à la crinière de feu serait accepté.

L’envie subite de se rapprocher de ce corps trop froid, de le presser contre lui pour lui susurrer à’ l’oreille que lui aussi serais honoré d’être à ses côtés. Que toujours il sentirait l’étreinte de sa poigne autour de son cou, maintenant et à jamais. Car il ne pourrait plus s’échapper, il était prisonnier de ses griffes.
Trop intense, trop désordonné.

Puis un rire franc qui se libère, permet de laisser s’échapper ses envies malsaines. Le blanc des dents qui accroche la lumière, joie enfantine et pure et qui se lit dans les yeux ombrageux. Gourmand le fauve qui ne laisse pourtant pas tout partir, retient un peu de ses images florissantes juste pour les sentir s’agiter.

- Ose un jour, que je te dévore, petit elfe pâle perdu entre mes griffes.

Presque un soupir qui roule sur sa langue, cette envie de se pourlécher les babines rien que d’imaginer assouvir ce fantasme. Elfe pâle bien trop flamboyant pourtant, bien loin de cette image candide et fragile. Malkior était un guerrier de l’ancien tant, Apollon prenant vie. Il serait un partenaire idéal, puissant et efficace.

Impossible de l’exprimer. Cela serait une déclaration qui pourrait être mal perçu, trop franche, trop considérable.

- Rubis ? C’est marrant, je ne sais pas si j’aurais imaginé cela pour lui. Remarque, recouvert de poudre d’or, tu serais une statue que j’achèterais volontiers.

Un demi-sourire. Une façon de jouer avec lui, de signifier son intérêt comme ils le faisaient depuis si longtemps, de le taquiner sur son double.

- Si un jour, tu tombes sur un de tes doubles qui est Ambre, tu te débrouilles avec. Je devrais l’attacher au mur avec des menottes et le bâillonner et je suis certain qu’il aimerait ça.

Peut-être qu’il serait un reflet plus ouvert sur ses déviances et ses envies ? Parfois cela avait du bon. Un frisson en imaginant Malkior dans cette situation et pourtant les narines se froncent. Non, il fallait que cela soit son garde du corps, un de ses doubles ne serait pas intéressant. Cela ne serait pas la même chose.

Avec un soupir, il saisit son ordinateur portable, commence à effectuer des recherches. Shaun lui trottait en tête de façon désagréable et il voulait arracher cette épine le plus vite possible. Il récolte les signaux de l’intrusion, cherche où se trouve cet énergumène.

- Shaun est dans le monde des Vampires, en… Amérique. New York.

Rapidement, il trouve son adresse, son entreprise. Avec un plaisir malsain, il se dit que la biche tombe entre ses pattes.

- C’est un PDG d’une entreprise d’armement. Guère étonnant.

Avoir ses clients, ses contrats, ses horaires. Traquer la moindre information.

- Je sais où le plumer. On ira lui faire une petite visite dès que l'on est en état. On lui apprendra ce que c'est de menacer les Joyce.

Les doigts le démangent. A nouveau un spasme secoue ses jambes. L'envie de bondir, d'aller dans une salle de sport, de se dépenser et d'évacuer ses pensées vagabondes. Sculpter et entretenir cette machine parfaitement huilée. Il se rend compte qu'il insiste peut être un peu trop avec Shaun.

- Je ne sais pas comment les gens font.

Une pensée dite à voix haute. Quoi faire sans travailler ? Sans action urgente ? L'impatience lui donne des fourmillements.
Pendant ce temps, des droïdes entrent et nettoie l'infirmière en miette un peu plus loin. Les yeux dans le vague, William observe sans rien dire.

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Mer 3 Juil - 12:01

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


La folie à deux pouvait être quelque chose de froid et délicat, du moins en apparence... calme, translucide, comme un éclat de verre ou les cristaux d'une neige vierge- ou un diamant. La puissance invisible d'un glacier. Avec un autre, blessé ou non, la représaille aurait été immédiate. Un petit elfe fragile... ce genre de suggestion réclamait d'être écrasée dans l'oeuf et avec le poing. Pourtant, la seule réaction fut un sourire presque inquiétant.

"Je suis un grand elfe, permettez... et même si vous me donnez la chasse un jour, je m'en relèverai. Tant que vous aurez besoin de moi, William."

Malkior était sincère, mais en même temps il plaisantait. Cette dynamique était nouvelle entre eux. Il analysait l'évolution de leur entente en même temps qu'ils conversaient, concentré sur ces deux dimensions à la fois, émotionnelle et stratégique, car elles étaient entremêlées à un niveau indiscernable et tout aussi importantes. Frôler la mort leur était déjà arrivé, mais jamais sur une période aussi longue et aussi chargée de stress. La perspective d'un accident technique, d'une explosion imminente, immédiatement digérée et résolue, ce n'était pas comme ce long séjour hospitalier semé d'interventions médicales pinçantes, de

"Peut-être serez-vous surpris par une statue dans la jungle et par la force qu'elle vous opposera. Je ne sais pas non plus m'amuser comme les autres..." Malkior ravala le souvenir pénible mais diffus, appartenant à quelqu'un qu'il n'était plus, des moments d'inadéquation sociale qui l'avaient coupé de tous et l'avaient rendu amer, dangereux et mauvais. "Mais je sais m'amuser comme moi. Cela pourrait vous plaire, jeune homme."

Il jouait rarement de son ancienneté vis à vis du dirigeant, pour ainsi dire jamais. Ce n'était pas une question de crainte mais de vénération. Le cycle des morts et des renaissances lui donnait l'impression d'avoir débuté sa vie actuelle le jour de leur rencontre, et d'être largement son cadet de ce point de vue. Son expérience dans le monde du Diamant reflétait d'ailleurs cet état de faits.

Mais peut-être que pour une fois, dans cette autre terre où le tigre rêvait de déployer ses griffes, tout serait différent. William serait la jeune créature fougueuse et en pleine découverte de ses propres sens. Et il lui reviendrait de le guider, puisque cette exploration ne l'affectait pas autant. Parfois il aurait aimé avoir une seconde nature animale, partager cette expérience avec son patron, mais il fallait être pragmatique : c'était souvent pratique de pouvoir regarder tout ce chaos de loin, avec du recul.

"Dites-moi que nous allons cueillir ce bel oiseau dans son nid, et le traîner dans une jungle obscure pour lui faire payer ses affronts. Et je serai en état. L'excitation est la meilleure médecine."

Ils étaient deux fous, deux dangers publics avec beaucoup trop de moyens entre leurs mains réunies. La délicieuse soeur Joyce n'avait peut-être pas tort de désapprouver leur rapprochement, mis à part pour d'évidentes raisons de jalousie. Si leur monde et les autres partaient en flammes un jour, ils n'y seraient probablement pas étrangers. L'un poursuivait l'ivresse du pouvoir, et l'autre les charmes vénéneux de l'au-delà, et main dans la main ils pourraient aller loin. Plus loin que chacun séparément ne serait allé, et plus loin que leur entourage n'y était prêt.

Malkior lui-même, quand il regardait vers cet avenir incertain mais flamboyant, éprouvait un certain vertige, mais il y était trop addict pour s'en plaindre. Au contraire, son regard s'était troublé d'une lueur d'envie qui peinait à s'en effacer. Un sourire étrange avait fleuri sur son visage. Il la ressentait, cette excitation qui l'entraînerait une fois de plus à dépasser ses limites. Elle courait dans ses veines, et l'entraînait vers cet homme à ses côtés avec la force d'un aimant. Elle l'emmènerait à sa suite, où qu'il aille. Cette seule certitude était la seule stabilité dont il ait vraiment besoin. Elle était la racine de toutes ses autres sensations : la certitude d'être en vie. Il se redressa précautionneusement, quitta le lit et fit quelques pas.

Aussitôt, les robots infirmiers l'entourèrent pour examiner ses signes vitaux. Il se laissa faire, indifférent. Leur opinion ne comptait pas à ses yeux.

"Emmenons le vampire, si vous n'êtes pas sûr de mes forces. Il nous soignera en cas de nouvelles blessures. C'est le genre de mission qui s'accomplit de nuit."


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Lun 29 Juil - 20:11

William Joyce
Je suis un homme d'affaire, vivant dans la Ville. Dans mon monde, la magie existe et je maîtrise le métal et je peux prendre la forme d'un tigre. Je cherche la perfection en chaque chose, inflexible  dans mon travail, rigide dans mon privé. Mon passe temps est la création de bolide. Je veux étoffer le règne des Joyce, toujours plus loin.

Il existe des Seuils qui relient nos mondes. Tous autant qu'ils sont. Je cherche ses Seuils pour en maîtriser l'accès, cherchant les doubles qui sont nos reflets dans d'autre monde. Avec l'aide de Malkior, mon second, nous partons à la conquête de ces passages.


Un froncement de sourcil, à peine un signe qui trahit l’émoi intérieur. Cette pensée qui avait fusé dans son crâne, imprévisible et avec la précision d’une flèche décochée. Non, il ne pouvait passs e permettre ce genre de fonctionnement. Alors il compartimente, modifie et martèle son esprit, même s’il rechigne, souffre de cette façon de fonctionner tel un robot. Mais l’homme était inflexible, autoritaire.

L’interpellation de Malkior le déride, le fait cligner des yeux lui si raide et impassible. Il y avait même un semblant de sourire qui étire la commissure d’une lèvre. Puis les doigts pianotent sur la cuisse à découvert, cette envie frénétique qui lui donne un long frisson, lui fait pousser un discret soupir. Cet homme avait le don d’exacerber des sensations, des envies profondes qu’il réfrénait du mieux qu’il pouvait. Difficile de canaliser des envies primitives dans un carcan inflexible. Mais Malkior était l’huile qui alimentait le feu, il était l’étincelle qui ravivait un brasier vivotant. L’homme d’affaire lui en voulait parfois, de titiller ainsi ses pulsions envahissantes, d’appuyer sur la corde sensible que lui seul pouvait toucher. Pourtant, c’était grâce à stout cela qu’il se sentait vivant. Parfois, le chrome et le verre ternissaient ses éclats vifs qui virevoltaient dans son cœur, le gant de fer trop serré l’empêcher d’accéder à certaines positions plus confortables. Et son homme demain arrivé à glisser dans sa bouche un bonbon qu’il savourait pleinement.
Même l’esprit Humain avait besoin de liberté et le Joyce apprenait encore à définir ses limites. Les séances de bondage ne pouvaient pas être la seule issue, ce n’était pas suffisant.

Sa sœur lui avait dit qu’il était devenu plus dur, plus dangereux. A ses yeux, c’était un compliment, pour elle, il était dans la mauvaise pente. Trop imprévisible, pas asse lisse. Ce n’était pas bon pour leurs affaires, pour leur relation. Mais impossible de revenir en arrière, cette excitation était une drogue que le jeune homme ne pouvait délaisser.

Un regard de biais alors que l’homme c’était redressé, faisait quelque pas. Aucune sollicitude provenant du Joyce, à peine une critique dans le fond de ses prunelles. Si Malkior pensait être capable de se relever, c’était à lui d’en jauger. Il était aussi une arme qui se devait d’être fonctionnelle et il était le seul à être capable de savoir s’il était toujours efficient.

- C’est à toi de voir, Malkior. Si tu penses qu’il faut un appui, on engagera Mr Ismaylov.

Des robots infirmiers s’approchent de lui, vérifient ses constantes ainsi que sa cicatrice encore beaucoup trop rose sur une peau trop lisse de toute imperfection. Heureusement que l’Ia ne connaît pas la peur, sinon ils trembleraient devant le regard inquisiteur de William, capable de les écraser d’une pensée trop appuyée.

- Si tu te sens prêt, nous allons mettre en cage l’oiseau. Je te laisse choisir où et comment. S’il faut le transvaser de son monde à celui que l’on vient de découvrir. Peu importe. Je me sens d’humeur à me faire les griffes.

Vérifier également l’heure du monde de cette proie si irritable. Il pouvait faire jour dans la Ville mais pas à New-York.
Une fois que les soins sont terminés, il s’approche de son dressing, comment à choisir ses affaires. Un instant, les doigts tremblent et le Géant s’immobilise, se fige en une statue au regard polaire. À peine un rictus, de ce tremblement de lèvre, et les spasmes disparaissent. Mit à rude épreuve, le corps envoyait des signaux d’alerte. Mais ce n’était pas le moment.
Rapidement, il enfile un costume qui lui allait à la perfection, ceignant les courbes de son corps massif. Et quand le dernier bouton de manchette est ajusté, il se sent un peu plus lui-même, plus en forme. Pelisse plus sombre, moins flamboyante que l’autre, le plus félin. Mais il y était plus habitué.

Loin les envies sombres de soupirs et de râles, de faire glisser du cuir sur une peau d’albâtre. Le cadre froid et ferme de l’entreprise avait repris ses droits.

Prendre son téléphone, lire rapidement les messages reçus, parcourir les derniers mails qui étaient trop pressés. Se retrouver dans la cuisine ou un instant la tête tourne, vague sentiment de nausée qui lui noue l’estomac. Pourtant, il ne s’arrête pas, ne prend aucune pause pour souffler. Saisir le malaise et le déchirer dans sa poigne de fer. Un regard incisif, presque autoritaire. Cette faiblesse passagère était inacceptable et le mettait en colère.

- Fais-moi signe quand on peut y aller.


Mandrin
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Mandrin
Ven 6 Sep - 10:10

Malkior
Je suis un garde du corps, vivant dans la Ville, où les factions aux couleurs des différentes gemmes cohabitent, s'allient et s'affrontent, chacune dotée de ses domaines de pouvoirs et de ses formes de magie. Au service de William Joyce, je lui ai consacré ma troisième existence après une renaissance volontaire, lorsque j'étais nécromancien, puis une autre lors d'un long affrontement avec un homme-araignée, véritable messager de la Mort. J'ignore sur quelle trajectoire mon illustre ami s'est lancé avec son complexe industriel, mais j'en verrai le bout à ses côtés : nous sommes aussi différents que les ténèbres et les néons, et aussi inséparables - comme les rayures d'un tigre.


"Laissez-moi consulter la base de données. Je vous prie de faire examiner vos signes vitaux vous aussi avant notre départ. Nous ne voulons pas trébucher en chemin."

Malkior s'était motivé pour l'action, il était maintenant impossible de l'arrêter. Sur ce plan, ils étaient semblables : ils s'acharnaient jusqu'à tomber. On racontait que les tigres, même morts, avaient assez de tension dans leurs muscles pour se maintenir debout, terrifiant leurs adversaires pourtant victorieux ; c'était certainement vrai pour Monsieur Joyce. En promenant ses doigts sur une tablette, Malkior résista à l'envie de suivre du regard les mouvements de la bête féroce, qui semblait maintenant en cage, attendant avec impatience le lever de rideau pour faire son grand numéro.

"Vous connaissez le Seuil de l'Ile, en Perle. Le capitaine Mac Febail, qui tient maintenant cette péniche dotée d'un pub médiéval sur le Fleuve... Il est arrivé par là avec vingt matelots il y a quelques années."

Tout en montrant l'article à son maître, il en envoya une copie au vampire qui les assisterait, en lui demandant de se mettre en contact avec la péniche et d'obtenir les renseignements utiles. La créature de la nuit provenait d'un univers semblable à celui du capitaine, un univers en apparence dominé par les humains, où quelques rares créatures surnaturelles exerçaient des ponctions discrètes en tremblant elles-mêmes pour leurs vies, et nourrissaient des légendes urbaines tenaces.

"Son second a voulu rentrer au bercail au bout de quelques mois et s'est effondré en cendres alors qu'il passait le Seuil. Les mages locaux ont calculé que c'était le résultat d'un vieillissement accéléré de plusieurs siècles. Eux-mêmes traversaient sans encombre, et la plupart des arrivants s'intégraient en Ville définitivement," - par quoi Malkior entendait aussi bien la mort qu'une métamorphose magique qui leur rendait le retour impossible : la Ville se nourrissait de tous ces petits événements à parts égales... - "donc ce phénomène n'avait jamais été étudié. Eh bien, tant pis pour lui."

Et pour les nécromanciens. Malkior aurait adoré tenir entre ses mains une poignée de ces cendres. Mais là n'était pas la question. En parlant de différences d'heures, celle-ci avait des ramifications qu'il était possible d'exploiter à leur avantage. L'homme de main avait initié une conversation en direct avec la péniche, écrivant quelques messages nerveux. Son interlocuteur était un peu surpris de ses questions, mais répondait volontiers, en bon commerçant.

"Le fait est que nous pouvons oeuvrer longtemps là-bas sans que notre absence soit remarquée ici. Votre planning n'aura perdu que quelques secondes. D'après Mac Febail, nous débarquerons en... Irlande ? De l'autre côté d'un océan, vite traversé grâce aux technologies locales."

Avec un sourire, il referma la fenêtre de conversation, laissant le marin interloqué. Il avait à planifier avec le vampire à présent. Ah, il faudrait s'y habituer, à avoir des vampires de compagnie. C'était si contraire à leur image... du moins, à celle de Joyce. Mais il y avait tout de même dans leur efficacité froide quelque chose de mécanique, surtout chez ce docteur qui confinait agréablement au cyborg.

"Votre ennemi compte sans nul doute employer votre double de là-bas pour vous piéger. Donnons-lui ce qu'il cherche, l'appât dont il ne se méfiera pas, le seul qui lui fera baisser sa garde. Un double de votre personne, mais simple mortel, débarquant à l'aéroport de New York pour un innocent voyage d'agrément."

Ismaylov le conseillerait quant aux coutumes de cet univers : les siens l'avaient, après tout, parfaitement infiltré. Des faux papiers maintenant... L'impression ne prit que quelques instants. Dr Harland Ismay, parfait. Wilhem Joy - il fallait rester assez proche mais tout de même attirer l'attention. Et pour lui - Mellor Shackleton ? Pourquoi ? Bah, l'imagination du vampire et ses références ne regardaient que lui, ça n'avait que peu d'importance. Malkior l'oublia aussitôt pour reporter son attention sur son maître. Ce dernier avait un besoin urgent de repos et de lâcher-prise. Depuis combien de temps ne s'était-il pas transformé tout à loisir ?

"Vous allez vous comporter normalement. Vous incarnerez, après tout, un double qui n'a pas vos responsabilités. Une nuit de sommeil dans le meilleur hôtel, officiellement pour vous remettre du décalage horaire. Le temps pour moi de vous préparer quelques surprises. Un dîner au restaurant. Une promenade dans un grand parc qu'ils ont au coeur même de leur ville... là, soyez certain qu'il vous aura repéré et aura élaboré une approche. Qu'il profite de ce parc pour tenter quelque chose. Nous serons prêts."

Son regard demandait surtout s'il avait l'accord de William pour ce plan. Un geste, et leur véhicule viendrait les cueillir. Il n'y aurait plus de retour en arrière. Une folie à deux (deux et demi, avec le vampire dans leur sillage) loin de toute force locale pour contrôler les risques... ou les contrôler, eux.


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