Tu ouvres les yeux avec l’impression d’avoir pris une cuite carabinée la veille... Ta tête te lance, tu te sens nauséeux, et tu peines à clarifier ta vision.

Il te faut plusieurs minutes pour réussir à bouger. Tu te trouves dans un lit que tu ne connais pas, dans ce qui semble être une chambre de motel ou quelque chose comme ça... Ne te sentant vraiment pas bien, tu te traines jusqu’à ce que tu espères être une salle de bain pour aller te rafraichir à l’évier. Lorsque tu relèves les yeux sur le miroir, tu te figes un instant, fixant ton reflet sans réussir à dire ce qui te dérange. Ton loup est immobile au fond de toi, comme endormi. Tu as une impression désagréable, mais impossible de dire pourquoi.  

Complètement perdu, entouré d’odeurs que tu ne connais pas, tu décides de prendre une douche avant de sortir en quête de réponses. Des réponses à quoi, tu n’en sais rien...  

Tu trouves un jeans, une chemise blanche et des chaussures cirées rangés dans l’armoire. N’ayant rien d’autre que ton caleçon et ne pouvant décemment pas sortir comme ça (même si la nudité ne te dérange pas, ce n’est pas le cas des humains...), tu enfiles le tout et quitte la chambre après t’être assuré qu’il n’y ait rien d’autre. Pas de smartphone, pas d’ordinateur, même pas une montre... et encore moins un portefeuille... tu n’as rien à part ces vêtements...

De plus en plus incrédule, tu rejoins le hall d’entrée sans croiser personne. Il est apparemment tôt, au vu de la lumière qui filtre à travers les fenêtres humides. Dehors, une fine pluie vient te tremper en quelques secondes à peine, ruinant ta douche au passage. Heureusement que tu ne ressens pas le froid à cette température...

N’ayant aucune idée d’où tu te trouves, tu choisis une direction au hasard, ne sachant pas vraiment ce que tu cherches... Tu observes les lieux déserts, hume les odeurs, essaies d’entendre quelque chose, mais il te faut une bonne dizaine de minutes avant d’enfin croiser quelqu’un. Un jeune homme dont l’odeur t’interpelle avant tout autre chose. Ton loup remue enfin, réagissant à cette odeur inconnue et... étrange... Mais dans la mesure ou cet homme est la première personne que tu rencontres depuis ton réveil, tu n’as pas vraiment le droit de faire le difficile... Aussi, tu l’interpelles d’une voix rauque qui te surprend. Une voix qui te semble... inconnue...

"Excusez-moi ! Monsieur... Pourriez-vous m’indiquez où nous sommes, s’il-vous-plait ?”  

Ton accent américain semble ricocher entre les gouttes de pluie... Tu demandes où vous êtes, mais en quoi cela va-t-il t’avancer ?

Le sentiment de malaise qui t’assaille depuis ton réveil grandit un peu plus alors que ton loup se fait penaud. Quelque chose ne va pas, mais quoi... ?

- C’est une blague ?

Que tu avais dit à James au moment où l’inconnu avait atterri, littéralement, sur ce dernier alors qu’il sortait du bâtiment. Une chance que la rue était déserte lorsque l’incident est arrivé. Évidemment, par réflexe, tu avais regardé le ciel sans vraiment avoir la réponse que tu attendais sur la possible source d’arrivé de votre invité. Tu t’es alors approché pour aider ton fils à se relever et tu avais ramené l’individu à l’intérieur de votre appartement pour l'ausculter. Résultat des courses ? Vu l’odeur, Canis Lupus Homo Sapiens atteint de la douce malédiction du lykàntropos. Tu avais soupiré avant de le déshabiller avec l’aide de James pour le coucher dans le lit de la chambre d’ami.

Tout ça avant d’ouvrir la boutique hein ? Et que ton fils devait aller à son cabinet ? Rat” hein ? Il s’était fait porter pâle pour te donner un coup de main, arranger l’appartement, faire quelques courses en viande pour que tu puisses cuisiner le tout au réveil de votre invité. Hors de question de laisser ce lycan ainsi, même si tu sais que vos deux races ne se sont jamais bien entendus. Il n’y avait qu’aux Etats-Unis que les choses changeaient légèrement, pour le mieux, mais ici en Europe… Les Roi et Reines vampyriques avaient encore du mal avec cette optique.

Tant pis, tu avais toujours eu pour bienveillance d’aider ton prochain. Tu ne dérogeais pas à la règle. Et ce n’était pas ton genre d’abandonner un homme dans une ruelle sombre de Londres par les temps qui courrait. James en profite pour monter, voir si tout va bien et redescend pour t’aider, mettant au sale les vêtements du lycan. Il finit ensuite par descendre à la boutique pour y déposer un mot. Il en profite aussi pour ranger un peu le sous-sol, te laissant alors seul dans la cuisine et salon. À le voir agir ainsi, tu te demandais où il tirait autant d’énergie, mais soit.

Et au moment où tu finissais de mettre le plat au four, tu entends une voix au loin. Pas celle de ton fils en tout cas. L’accent n’est pas d’ici et vu l’odeur, tu devines sans mal qu’il s’agit de votre voyageur. Tu te redresses, te retournes et souris, tes mains dans le dos. Tu le toises du regard, voyant qu’il avait emprunté des vêtements à ton fils dans le placard et ne dit rien sur le sujet. Tu bascules la tête sur le côté, lui montrant la table la plus proche.

- Posez-vous donc, dans un premier temps, l’ami. Vous avez fait une chute assez importante, il me semble. Vous n’avez pas dormi longtemps. Vous buvez quelque chose en particulier ? De l’eau ? Café ? Thé ?

Vous avez de tout, la chance d’avoir quelques amis humains dans le lot qui vous rendent visite régulièrement. Tu te diriges vers les placards, gardant un œil sur lui grâce au miroir sur l’horloge, rythmant de son tic-tac incessant le fond de la conversation.

- Vous êtes à Londres, en Angleterre. Vous n’êtes pas d’ici, je suppose.

L’homme à l’odeur étrange se retourne vers toi et te toise un instant avant de te faire signe de t’asseoir. Septique, tu tournes ton regard vers la table qu’il t’indique puis reviens sur lui, n’osant pas bouger. Une chute ?

Il te demande si tu veux boire quelque chose, mais tu secoues la tête en signe de négation. Ce simple mouvement relance ta migraine. Tu grimaces et finis par aller t’assoir, tes jambes ayant soudain du mal à te porter. Il te répond alors que tu es en Angleterre, à Londres plus précisément, et suppose que tu n’es pas des environs. Tu fronces les sourcilles à cette affirmation. L’Angleterre...

C’est alors que tu comprends ce qui te dérange depuis ton réveil... ta mémoire ! Tu ignores si tu es d’ici ou non. Tu ignores qui tu es, comment tu es arrivé là ou d’où tu viens...  

Figé, les yeux écarquillés par cette prise de conscience, ton cœur s’emballe dans ta poitrine alors que ton loup gémi au fond de toi. Tu sais ce que tu es uniquement parce que ton loup est là, mais pour le reste...

Tu poses tes coudes sur la table et enfui ta tête dans tes mains, te massant le front du bout des doigts, comme si ça pouvait t’aider à te souvenir. Evidemment, ça ne marche pas...

Tu te redresses en entendant du bruit venant d’en bas. L’homme n’est pas seul... Sentant la panique monter peu à peu, tu t’efforces pourtant de rester calme en apparence et finit enfin par reprendre la parole.

"Comment suis-je arrivé ici ?”  

Tu évites de confirmer ou non son affirmation concernant tes “origines”. Tu entends son accent, tu te doutes donc que tu ne dois pas y être habitué, sinon tu n’y aurais pas prêté attention...

Dans un premier temps, il te faut savoir comment tu es arrivé là, pourquoi, et qui tu es...