Allongés l'un à côté de l'autre, vos corps chauds collés, tu profites du moment. Tes doigts sont toujours en mouvement, incapable de rester juste immobile à ses côtés, puis ton souffle n'est toujours pas lent et calme, même si l'excitation est terminée, tu fermes les yeux et écoute ce qui t'entoure ; tu sais combien tu pourrais t'habituer à tout ça. Une vie simple, en couple, à deux. Puis tu les rouvres et tu saisis que ce n'est pas possible, que vous avez chacun votre route à suivre.

« Derrière chaque face sombre, il y a une partie lumineuse. » Philosophie du soir ou du matin.. Quel jour est-on ? Tu t'en fiches et tu serres tes doigts contre les siens, ébouriffant ses poils au passage. « Tu crois au destin ? » Des mots ayant l'air d'être lancé comme ça, sans attendre de retour, sauf que tu le penses vraiment, qu'il y a eu quelque chose qui vous a destiné à être tous les deux là à cet instant présent. « Là je rêve d'avoir des pouvoirs magiques pour faire baisser la luminosité, lancer de la musique et nous faire apparaître des bières... » Tu ris doucement parce que de l'alcool ça fait bien longtemps que tu n'en as pas bu et tu n'as absolument rien pour créer une ambiance lumineuse ...

A chaque baiser sur ta peau, tu ressens des frissons de bien être qui te comble et tu respires fort. C'est donc ça la passion ? C'est donc ça que tu t'es refusé à connaître toute ta vie par peur de souffrir ? Mais est-ce que se sentir vivant -pleinement vivant- ne vaut pas le coup de souffrir ? Surtout que là, tu n'as pas de raison de souffrir, vous ne vous êtes rien promis, vous avez conscience de ce que vous vous offrez. Alors tu l'embrasses à nouveau, profitant de la chaleur de ses lèvres tant que tu y as le droit.

Tu souris quand il sort sa phrase philosophique. Tu es tout de même bien d’accord avec ce qu’il avance. Il te demande si tu crois au destin et à ce moment précis, tu n’y as jamais autant cru. Tu hoches la tête doucement pour toutes réponses, n’étant quand même pas complètement sûr de toi sur le sujet. C’est tout nouveau pour toi que la vie ait un sens et un positif en plus. T’es pas habitué à ça avec toutes les galères que t’as eu jusqu’à maintenant.

Ta main toujours sur lui, tu le caresses distraitement, t’as juste besoin de le sentir près de toi. T’aimes bien le plan qu’il a en tête. Pour que le moment soit encore plus parfait que ce qu’il ne l’est déjà. Tu réalises aussi que la musique s’est arrêté. Vous êtes venu à bout de ta playlist chansons douce.

« On ira se prendre une bonne bière tout à l’heure. »

Parce que toi aussi tu aimerais beaucoup ça. Le seul hic c’est que t’as toujours pas un sous en poche. Tu retournes l’embrasser assez rapidement parce que, c’est tout ce dont tu as envie là. Tu en veux plus. Beaucoup plus. Tu essaies de ne pas te faire trop de films sur la suite de vous deux, mais tu peux pas t’en empêcher. Même si vos routes vont se séparer à la fin du voyage, t’es sûr que Brett va rester gravé dans ta mémoire à jamais. T’es même sûr que tu pourrais faire des folies pour lui. Pour le revoir. Mais tu vas rien dire de tout ça. Tu verras avec le temps comment ça se passe. T’as peur qu’il ne veuille pas la même chose et tu ne veux pas t’imposer.

« On ira se prendre une bonne bière tout à l’heure. »

Sa phrase te reste en tête, tout à l'heure, comme si vous aviez une suite possible. Et tu souris, parce que tu sais que ça vous rapproche de la fin, quand vous parlez de futur. Alors oui, tout à l'heure, plus tard, un jour... ce sont des mots trop loin, trop compliqués. Là, vous vivez à fond l'instant présent, mais que se passera-t-il quand vous n'y serez plus ? Quand vous reprendrez la route et qu'il ne sera plus à tes côtés ? Quand tu écouteras à nouveau la musique de tes petites soeurs ?

« Merci pour ces instants de vie merveilleux passés à tes côtés Micah, je vais y repenser toute ma vie. »

Vous y êtes, à la fin de votre chemin ensemble, vos routes se séparent. Tu le regardes droit dans les yeux et attrape sa nuque entre tes mains. Toi qui n'avait jamais eu de relation ou connu l'amour, voilà que les deux te sont tombés dessus avec un délice semblable à aucun autre. Vous vous embrassez, une dernière fois et tu graves tout ces instants dans ton esprit, tu veux te souvenir à tout jamais de son odeur, de son sourire, des frissons qui te traversent quand il t'embrasse, de ses mains si douces, de lui en entier.

Tu remontes dans ton camion, lui adresse un signe de la main et démarre non sans douleur. Le camion te paraît si vide sans lui et tu regrettes d'avoir laissé la porte ouverte, son odeur a déjà disparue.