Il n'est pas très convaincu par le caviar, et se demande bien pourquoi on en parle autant. Avec une petite grimace, il le met de côté et mange plutôt les pâtes américaines, elles n'ont pas beaucoup de goût mais il préfère, ça ressemble plus à ce qu'il connaît.

Une fois que les deux collègues et amis sont rassasiés, un moment de silence s'installe entre eux. La satisfaction d'avoir un estomac pleine les plonge dans une légère torpeur. Anatole se dit qu'il retournerait bien faire une sieste à l'ombre sur un transat.

« Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ?, demande Johanna.
- Une sieste ?, répond-il avec un sourire. »

Le regard sérieux de la jeune femme est posé sur lui, et elle sait qu'il n'a pas vraiment répondu à sa question.

« Franchement je... je ne sais pas. Moi il faudrait peut-être que je finisse mon diplôme. Et toi... ? »

Que va-t-il se passer, après ? Est-ce qu'ils vont se séparer ? Ils n'en ont jamais parlé.

Il répond à ta question sans broncher. Il semble sincère. Il t'explique que les touristes viennent y prendre des photos. Tu regardes autour de toi, les pensées toujours teintées de peur.

« Ok. »

Un seul mot, porteur de ton doute et de ta décision.

Au moins, ici, tu es loin de là-bas. Loin de la Corée, loin des managers, loin des caméras. Au moins ici, tu es tranquille. Alors peu importe ce qui t'arrive ici. Au moins, tu te seras échappée.
Tu le suis à petits pas lorsqu'il reprend la route en direction des machines. Au moins, tu découvriras quelque chose.

Johanna hoche la tête lorsqu'Anatole affirme qu'il a peut-être l'intention de finir son diplôme. C'est une bonne idée. Et puis il lui renvoie la question. Tout comme lui, elle n'est pas sûre. Mais elle a possiblement une petite idée. « Je pensais commencer par louer un appart un petit peu plus grand, un peu mieux placé... Je pourrais même l'acheter, » dit-elle, réalisant, lorsqu'elle en parle, que c'est quelque chose qu'elle peut faire.

Et puis, elle propose : « On pourrait peut-être se prendre une place ensemble ? » Pas par nécessité. Ils ont l'argent qu'il leur faut. Simplement si c'est une chose qu'ils veulent faire. Johanna se sent certainement attiré par la perspective de se réveiller tous les matins dans la même demeure que son meilleur ami, que cette personne qui a toute sa confiance et auprès de qui elle aime être.

Cela tient à son regard, à sa façon de répondre, à celle d’avancer.
Cela tient à ce frisson qui remonte le long de mon cou et me fait tendre l’oreille.
Je sens sa présence obéissante derrière moi.
Je sens sa gène à me suivre dans l’inconnu.

Arrivés en bas de l’escalier, je lui tends la main pour mieux la guider.
« Attention à ne pas vous salir. »
Je lui montre mon collègue mécanicien, penché au-dessus des bielles, une boite métallique à la main. Il en vide quelques gouttes d’huile pour assurer un minimum de friction.
« C’est mon travail. Nous nous relayons. »
Nous suivons l’axe qui mène jusqu’à l’une des deux roues.
Toute une machinerie savamment mise en place pour les faire tourner. Elle et sa jumelle.
Des rotations infinies.
Comme la vie même.

Les bruits me sont familiers. 
Je sais reconnaitre les sons liés aux mouvements de chaque élément mécanique.
« Parfois, je me dis qu’il y a ici un orchestre. »
Celui qui veille au bon fonctionnement de l’ensemble, perçoit sa musique. Je le crois.
Bien que... Peut-être suis-je le seul à entendre l’harmonie ?
J’entends toujours son piano.
Je la vois toujours quand je ferme les yeux, elle, capable d’en extraire le meilleur.




@Tulipe

Je le voyais s'agiter. Il triturait son cahier dans tous les sens. Il était évident que mes questions le rendaient nerveux. Puis, il m'avait confié qu'il était sur le point d'écrire son premier roman. Intéressé et amusé par la confiance qu'émanait ce jeune homme, je m'étais laissé serrer vigoureusement la main. Quel enthousiasme ! Or, quand il s'était mis à parler du navire, j'avais immédiatement perdu le sourire. Ce navire. Ce satané rafiot.

-« Oui, c'est exact. Ravi de faire votre rencontre.» Avais-je dit, d'un ton jovial.

J'écoutais attentivement le jeune homme tandis qu'il décrivait son travail dans un prestigieux musée de New-York. J'avais sifflé impressionner. Je l'imaginais en train de manipuler des os de dinosaures et des corps de momies. Le rêve de tout gamin ayant écouté Jurassic Park en grandissant.

-« Vous êtes américain donc, si je puis me le permettre qu'est-ce qui vous a emmené jusqu'en Égypte ?»

J'étais curieux d'en apprendre plus sur cet aspirant écrivain. Il me semblait être quelqu'un de discret, peut-être un peu lunatique. Il avait les yeux d'un rêveur, de ce genre de personne qui, à la manière d'un peintre créait des univers à partir d'idée. Le genre de choses que mon esprit trop cartésien n'arrivait pas à reproduire. Cependant, j'appréciais de loin ce langage qui m'était interdit.
@June (Excuse-moi pour mon retard   )