Je l'écoute attentivement me raconter son enfance, sa vie d'avant, sa famille. Je ne sais pas ce que j'imaginais sur lui, sur son passé. Surement tout et n'importe quoi, mais je me rends compte qu'il est bien différent de ce que j'imaginais, et de ce que je n'imaginais pas. Finalement, j'apprends à le connaitre, différemment de ce que j'ai fais jusqu'à maintenant. Il avait une famille, un père, des soeurs, il s'était rebellé contre l'autorité parentale, quitte à se foutre dans la merde. Et pourtant, il ne s'en plaignait pas. Aussi réducteur et difficile son travail puisse être, il le faisait, la tête droite. Plutôt fort pour un Omega. A se demander même s'il n'y avait pas erreur quelque part. Je me redresse, embrasse doucement ses lèves. " Merci de t'être confié à moi. " Il n'était pas obligé de le faire, il n'était pas obligé de me raconter son histoire, mais ça me permettait de mieux le comprendre, de mieux le connaitre, et de me sentir un peu plus proche de lui. Mes doigts viennent effleurer sa joue avec douceur. " Et tu n'es pas rien Aaron. Au contraire. " Il était mon âme-soeur, mon équilibre, mon tout. Que je le veuille ou non. Mais peut-être que je le voulais finalement.

Lentement, je me relève, attrape mon sous-vêtement et ma robe que je renfiles, essayant de remettre de l'ordre dans mes cheveux. Je redonne ses affaires à Aaron avec un sourire, finalement, peut-être pas complètement rassasiée. " Comment puis-je négocier de te voir plus souvent dans cette tenu ? " Le costume fait son effet, il est vrai. Il était tellement élégant ainsi. "On va devoir y retourner. Tu te sens mieux ? " Je le questionne, inquiète qu'il ne tienne pas toute la soirée dans ces conditions, inquiètes que je ne tiennent pas tout la soirée dans ces conditions. Mais l'Alpha devait relever la tête.

Je laisse quelques minutes à Aaron pour se rhabiller avant de ressortir du bureau et de regagner la salle de réception. Là bas, la fête bat toujours son plein, et Aaron et moi nous réintégrons à de petit groupe pour discuter. Les heures passent, et finalement, la soirée commencent à toucher à sa fin. Comme annoncer par Roy, je suis appelée pour annoncée le montant récolté pour la soirée, et ce en compagnie du maire de la vielle, qui prend un peu trop ses aise avec moi. Je sens sa main glisser le long de mon dos alors que j'annonce la somme récolté, m'efforçant de garder le sourire malgré l'envie de lui arracher la main. Et si ce n'était pas moi qui le faisait je me doute bien que quelqu'un d'autre allait en mourir de rage s'il le voyait. Il me faut me prêter au jeu des photographes, des sourires et de quelques mains serrées avant qu'on arrête de me courir après, ce qui me permet de rejoindre à nouveau Aaron. " Je te propose qu'on s'éclipse rapidement et qu'on rentre, avant que qui que ce soit se souviennent de notre existence. "

T'as pas bien compris pourquoi elle te remerciait. C'était un passé qui ne te faisait plus rien. Tu n'as jamais appartenu à ce monde. Alors il n'y avait pas tant de manières à faire. T'es plus en contact avec ces inconnu.es. Tu ne réagis pas. Prenant plutôt le temps de puiser en toi pour demeurer le plus civilisé possible à cette soirée. Tu en as déjà marre et tu es fatigué. T'es pas certain de pouvoir la suivre en permanence, à toutes ces mondanités de merde. Au fond si tu le feras, rien que pour priver ces daleux de se frotter contre elle.

Tu te rhabilles, te reboutonnes. T'es rien, tu l'as toujours été. Un objet. Même elle, a tenté de se servir de toi. C'était une fraction de seconde certes mais déjà de trop. Tu reviens à ta place, derrière elle mais visiblement pas à ses côtés. enfin bon ce sujet ne devrait même pas te traverser l'esprit ; c'est ta condition, point final. L'illusion est juste présente pour flatter ton égo.

Une fois parfaitement revêtu, tu viens puiser la force d'être le parfait amant venant quérir un baiser et t'assurer qu'elle rayonne encore un peu. On ne négocie jamais avec moi ; je fais ce qui me plait. Si tu es sage, tu pourras le voir davantage. Tu lui fais un clin d'œil sachant déjà que tu le feras chaque fois qu'elle le voudra.

Parfait chien de garde suit son maitre de banalités en banalités jusqu'au clou du spectacle. Ton nœud papillon t'étrangle à mesure où tu regardes le maire prendre ses aises sur ton ame-soeur. La colère t'emplie. Tu enfonces tes ongles dans tes paumes, le sang tache ta chemise. Te retenir que tu te répètes. Tu fixes le porc. T'as envie de l'égorger. De le vider. Te déchainer sur sa personne. Tu oublies tout ce qu'il y a autour de toi. Jamais, tu n'avais ressenti une telle haine envers quelqu'un. Tout est exacerbé. Ta respiration devient courte.

La voix de ta moitié ne perce pas jusqu'à toi. Tu tentes de te frayer un chemin jusqu'à l'ennemi. Tuer appelle ton être. T'as senti l'homme la toucher. Ca t'a brulé. Tu dois éteindre les flammes maintenant. Tu bouscules sans t'excuser. Tu souffres. Faut que ça s'arrête. Tu n'avais jamais ressenti ça jusqu'à présent. Pourquoi ça t'arrive ?

Je savais que nos mondes étaient différents, de par nos statuts, mais jamais je n’aurais cru qu’ils puissent l’être plus encore. Aaron et moi ne partagions rien en commun, et c’était vraiment à se demander pourquoi il avait fallu que l’on soit âme-soeur, lui et moi. Quels plans l’univers avait-il pour nous ? Difficile à deviner pour le moment, mais je suppose qu’un jour, tout cela ferait sens. Peut-être. Après tout, tout cela était vieux comme le monde mais personne n’arrivait à expliquer pourquoi. On avait comprit la rotation des planètes, le fonctionnement du cerveau, marché sur la lune mais personne n’avait encore compris comment et pourquoi ces liens d’âmes-soeur existaient. Et si certains diront que la beauté réside dans le mystère, pour ma part, la beauté résidait dans la connaissance.

Toujours est-il que notre aparté touche doucement à sa fin alors que nous nous rhabillons. Un spectacle qui ravit mes pupilles bien trop souvent négligé. On fantasmait sur le fait de voir une personne nue, mais on oubliait trop souvent l’effet que cela pouvait produire de voir une personne si élégamment habillée. Et en ce qui concernait Aaron, le plaisir était présent dans les deux cas. Je réponds à son baiser, ne peut m’empêcher de laisser mes mains s’égarer sur lui alors que je tente de négocier cette élégance au quotidien. “ Mais je suis toujours sage voyons.” Ou en tout cas, je feins de l’être chaque fois que j’en ai l'occasion, comme ce soir.

Dans la salle de réception, la fête bat toujours son plein. Les groupes se font et se défont dans une danse invisible à l’oeil et qui pourtant rythme chacun des pas, y compris les miens. Mais la danse s’arrête, je me retrouve sous le feu des projecteurs, malgré moi annonçant l’argent récolté ce soir. De la poudre aux yeux, pour nous encenser plus que cela ne servira vraiment. Mais c’était ainsi, c’était le jeu quand on était Alpha. Une partie qui allait enfin prendre fin. Rapidement, je rejoins Aaron, cherche à quitter les lieux. C’était fini pour nous ce soir. Mais il ne m’écoute pas, il ne réagit pas à mes mots, à ma voix. Je le sens tendu, crispé sans comprendre pourquoi. Il me bouscule, en bouscule d'autres sur son chemin. Il me faut un moment pour comprendre vers quoi il se dirige. Vers qui. Mes talons claquent le sol frénétiquement pour le rattraper alors que je me poste devant lui et attrape son visage. “ Regarde moi Aaron. Regarde moi et n’écoute que moi. “ Mes lèvres soufflent contre les siennes, essayant de lui faire retrouver sa lucidité. “ J’ai besoin que tu te calmes Aaron, j’ai besoin que tu rentres avec moi maintenant. S’il te plait, j’ai besoin de toi Aaron. Ton âme-soeur a besoin de toi. “ Je tente tous les mots qui me viennent à l’esprit pour le ramener dans la réalité, pour l’obliger à me voir et le faire redescendre en pression. Je ne sais pas bien de quoi il serait capable dans cet état, mais je n’ai pas envie de le découvrir.