Il lui avait déjà tout raconté… Nate en doutait mais il reconnaissait bien là le côté peu loquace de Matt. Et ça lui allait. Il avait appris à le connaitre doucement, plus en l’observant qu’en l’écoutant parler. C’était comme ça, il était comme ça, et Nate ne lui en avait jamais tenu rigueur. Au contraire. Ça faisait partie des nombreuses choses qu’il aimait chez lui. Aujourd’hui, il y avait évidemment tous un tas de choses qu’ils évitaient de se dire. Nate ne parlerait pas de la difficulté de son quotidien. Il n’allait pas se plaindre de devoir rentrer supporter sa femme et ses reproches. Tant pis, il rattrapera ça au bar un soir après le boulot pour faire comme tous ses autres hommes qui pleurnichent sur leurs femmes. Avec le temps, Nate était devenu un parfait caméléon. Mais il n’était pas aussi doué pour mentir quand il s’agissait de Matt. Depuis toujours, il avait été le seul à le voir tel qu’il était vraiment. Il n’avait aucune envie de lui mentir ou de tricher avec lui. Leur relation était de toute évidence bien assez compliquée pour qu’il n’ait pas besoin de mentir en plus. Ils avaient fini leur repas dans le plus grand des silences et quand Matt était parti faire la vaisselle, Nate n’avait pas pu s’empêcher de se lover contre son dos comme il l’avait déjà fait des dizaines de fois auparavant. Matt s’était retourné, nichant sa tête contre son torse et Nate sentait la force qu’il mettait dans son étreinte. Il l’avait alors lui aussi serré un peu plus fort, se doutant de l’origine de ce besoin de réconfort. Son coeur s’était serré bien avant qu’il ne se mette à parler. Nate avait lâché un soupir à se fendre l’âme. Il avait raison. Ça ne changeait pas grand chose. Ce n’était pas plus facile. Il était venu retrouver ses lèvres avec envie, Nate le lui avait rendu avec passion. « C’est moi qui suis désolé. » qu’il avait soufflé dans un murmure avant de retrouver ses lèvres. Il aurait aimé être un homme au moins aussi bien que Matt l’était. Mais il ne l’était pas. Il n’était qu’un imposteur et il n’y avait pas un seul jour de sa vie où Nate n’avait pas honte. Il avait hoché la tête quand Matt lui avait demandé de lui faire tout oublier. C’était peut-être dans ses cordes. Il avait d’abord poussé Matt contre le plan de travail avant de le soulever pour l’y installer, sans jamais quitté ses lèvres. Il s’était débarrassé de son t-shirt puis du sien.   

Et il m'avait aidé à tout oublier. Je m'étais laissé faire alors qu'il m'installait sur le plan de travail. Je l'aidais à me déshabiller, lui retirant moi aussi ses vêtements jusqu'à ce que nous soyons nus tous les deux. Je le serrais contre moi, gémissant en sentant le frottement de nos bassins l'un contre l'autre. Je me perdais dans ses baisers, mes mains allant caresser son corps tout entier. Puis j'avais cédé. J'étais décidé de mon plan de travail pour venir me coller à lui. Je l'avais poussé doucement pour qu'il vienne se mettre dos à moi, en appui sur le plan de travail. J'embrassais doucement son épaule avant de le prendre comme ça. Mes mains attrapèrent ses hanches alors que je me laissais aller à bouger en lui. C'était la première fois qu'on le faisait ainsi, quittant le cadre familier du lit. C'était terriblement excitant de le faire ainsi. Je risquais de ne plus voir ma cuisine de la même façon dans les jours à venir.

Je finis par venir ainsi, mon corps plaqué contre son dos, mes mains caressant son ventre, ses abdos, allant même saisir son membre. Je restais en lui un peu, cherchant à retrouver mon souffle. Je le serrais doucement contre moi, embrassant doucement son cou.

- Je crois que c'est la première fois que j'aime autant ma cuisine...

Je souris, déposant de petits baisers dans son cou. Il était parfaitement à sa place ici. Je me sentais bien avec lui. J'aurais voulu qu'il puisse vivre ici avec moi. Mais c'était trop compliqué je le savais. Il avait son travail au garage et il ne pouvait pas le laisser tomber. Alors oui, il pourrait divorcer. Je pourrais aller vivre là bas avec lui, rien ne me retenait ici à part un travail merdique, mais je pourrais très bien en trouver un autre ailleurs. Mais ce serait toujours la même chose qui bloquerait. On ne pourrait pas vivre ensemble avec sa mère à côté et son ex femme aussi. On ne pourrait jamais vivre ensemble, sauf si il renonçait à sa famille et ça je ne pourrais jamais le lui demander.

Le seul moment où Nate arrivait à mettre complètement en pause toutes les pensés parasites qu’il avait en présence de Matt, c’est quand il s’adonnait au plaisir de la chair. Ses lèvres accrochées aux siennes, il oubliait tout. Quand Nate faisait ça avec Matt, il ne pensait à rien. Quand il faisait ça avec Alison… il pensait à Matt. C’était inévitable et c’était bien la seule manière qu’il avait trouvé pour accomplir son devoir conjugale. Et encore, ce n’était pas infaillible. Des fois, Nate devait prétexter un mal de tête pour justifier une envie qui ne se manifestait pas. S’il voyait Matt plus régulièrement ça n’irait pas en s’arrangeant. Bien plus vite que prévu, Nate se retrouva retourné sur le plan de travail. Il s’agrippait au bois pour mieux supporter chaque coup de rein. Le plaisir se diffusait dans son bassin par vagues de chaleur qui furent de plus en plus intenses jusqu’au bouquet final. Il mit du temps à récupérer ses esprits après coup. Ça avait été puissant en plus d’être fulgurant. Il en avait encore le tournis quand Matt avait pris la parole. Il avait rigolé autant parce qu’il était amusé par ce que son amant venait de dire que parce que ses baisers dans le cou le chatouillaient. « Va savoir, ça va peut-être te donner envie de te mettre à faire la cuisine… » qu’il avait émis comme hypothèse en retrouvant la faculté de parler. Après un dernier baiser, il s’était éloigné pour se rhabiller. Il y avait un autre vice que Nate avait maintenant furieusement envie de combler : la cigarette. Son besoin de nicotine s’était fait ressentir, sûrement boosté par la montée d’ocytocine qu’il venait de connaitre. Il était allé chercher deux cigarettes, tendant la deuxième à Nate avant de les allumer. C’était loin d’être aussi bon que ce qu’ils faisaient ensemble mais cette première bouffée de nicotine lui fit le plus grand bien. Il avait attrapé un cendrier et la main de Matt pour l’entrainer sur le canapé sur lequel il s’était lové contre lui. Sa tête contre son épaule, il avait laissé échapper un soupir de bien-être. Après un long moment de silence, il avait demandé : « T’aurais aimé avoir des enfants toi ? » Pour lui, la question ne se posait pas. Ça avait toujours été en lui. Il n’était pas le meilleur père du monde parce qu’il n’était pas le meilleur des maris mais ce qu’il vivait avec sa fille était beau et sincère malgré tout.      

- Aucune chance pour que j'aime ça un jour.

Et j'aimais trop le voir cuisiner pour me priver de ce spectacle. Je le laissais se reculer avant de le suivre sur le canapé. Une cigarette aux lèvres, nos corps blottis l'un contre l'autre sur le canapé. Je caressais doucement son bras, perdu dans mes pensées. Je me sentais bien là. Le temps pouvait s'arrêtait, je voudrais bien rester comme ça pour l'éternité. Juste lui et moi, sur ce canapé, une cigarette aux lèvres.

Puis il vint rompre le silence, me posant une question dont il n'aimerait certainement pas la réponse. Je réfléchis un peu, tirant une bouffée de ma cigarette avant de faire tomber la cendre dans le cendrier qu'il avait pensé à prendre. Je tournais la tête pour souffler la fumée avant d'aller déposer un baiser sur son front.

- Non je n'en ai jamais voulu. J'ai un sacré écart d'âge avec mes soeurs. J'étais encore ado quand le plus grande s'est mariée et est devenu maman. J'ai vu comment ça se passait, avoir des gosses et tout. Ca ne m'a jamais attiré.

Je soupirais, caressant distraitement son bras et évitant son regard.

- Je n'ai jamais été vraiment doué pour les contacts humains. Je pense que tu es la seule exception.

Quoi que... quand on voyait le nombre de disputes qu'on avait pu avoir dans notre vie, je n'étais même pas sur de pouvoir dire que pour notre relation aussi j'étais doué.

- Enfin je ne suis pas doué avec les gens et avec les gosses c'est pareil. Je suis beaucoup mieux seul.

Ou avec des animaux, mais ça c'était terminé, il fallait que je me fasse une raison. Je soupirais doucement avant de continuer.

- Et toi alors? Je sais que tu as toujours voulu des enfants, mais la paternité c'est comment? Ca te plait?

« Le contraire m’aurait étonné. » qu’il avait répondu avec un sourire amusé. Imaginer Matt aux fourneaux, c’était vraiment improbable. Lui, il avait toujours aimé ça et il le faisait avec application. Il n’avait plus vraiment l’occasion de se prêter au jeu depuis qu’il avait emménagé avec Alison mais, de temps en temps, il se mettait en cuisine quand même. Ça lui arrivait de pâtisser avec sa fille, elle adorait faire ça avec son père. Alison trouvait ça bizarre mais Nate n’avait jamais vraiment relevé. Elle avait des valeurs bien plus conservatrices que lui, ça lui venait de sa famille qui était au moins aussi extrême à ce niveau que l’était la famille de Matt. Des fois, Nate se demandait ce qu’elle penserait si elle savait qu’il avait une aventure avec un homme. Est-ce qu’elle serait énervée ? Dégoutée ? Triste ? Il n’en avait aucune idée car il n’avait bien évidemment jamais abordé le sujet. L’homosexualité était un tabou de manière générale de toute façon, Nate n’en parlait jamais avec quiconque. Au bar, il lui arrivait d’entendre les mots « pédé » et « tapette » , c’était bien souvent des insultes ou une manière de se charrier entre mecs. Il détestait ça… Mais il souriait quand même à chaque fois. Matt n’avait jamais voulu d’enfant. Nate l’avait regardé du coin de l’oeil, bien incapable de comprendre comment c’était possible. Il aurait aimé, lui, le voir avec des enfants. Il aurait été si mignon avec un petit mec qui lui ressemblerait. Mais ce que Nate aurait aimé par dessus tout, c’était avoir des enfants avec lui. Et c’était complètement débile parce que ça ne pourrait pas arriver. Jamais. Nate tirait sur sa cigarette, recrachant des volutes de fumée qui planaient au dessus d’eux. Il était resté silencieux, il ne savait absolument pas quoi dire alors qu’il avait lui-même lancé le sujet. Finalement, il prit la parole que lorsque Matt lui avait retourné la question. « C’est chouette… » qu’il avait dit dans un premier temps, pas sûr qu’il pouvait parler librement de ça. Et si c’était une mauvaise idée finalement ? La simple idée qu’ils puissent se fâcher lui avait suffit à lui retourner les entrailles. « C’est pas pareil quand c’est ton enfant… Je veux dire, elle me rend dingue des fois Penny. J’ai bien cru que je survivrais jamais à sa première année de vie, elle passait ses nuits à brailler. » Nate n’oublierait jamais les nuits qu’il avait passé en tête à tête avec ce bébé si énervé. « Mais je peux plus imaginer ma vie sans elle et pourtant… » La gorge de Nate s’était serré sous le coup de l’émotion. C’était horrible à dire et à penser mais si Penny n’était pas là, il serait peut-être avec Matt à l’heure qu’il est. Il écrasa sa cigarette dans le cendrier. « Peu importe. » qu’il clôtura en se ruant sur une autre cigarette. « J’aurais bien aimé avoir des enfants avec toi, moi. C’est bête, tu crois ? » qu’il avait fini par dire en reposant sa tête sur l’épaule de Matt.   

Et pourtant quoi j'avais envie de lui demander. Mais je ne dis rien. Je savais que la réponse ne me plairait certainement pas. J'étais heureux pour lui, qu'il puisse avoir un enfant comme il l'avait toujours rêvé. Une petite puce qui lui ressemblait et qu'il aimait plus que tout. J'essayais de l'imaginer un instant, comment il était avec elle. Est ce que ça lui arrivait de se mettre au fourneaux avec elle? J'étais certain que c'était un papa poule, absolument fou de sa fille. Il devait être absolument merveilleux avec elle et je ne pouvais pas m'empêcher d'être jaloux de mon côté.

J'éclatais de rire quand il m'avoua qu'il aurait aimé avoir des enfants avec moi. C'était plus fort que moi, impossible de m'empêcher de rire tellement je trouvais la situation improbable.

- Ma parole tu veux me tuer! Moi? Avec un gamin? Non mais quelle horreur!

Hors de question que je m'inflige ça. C'était une des raisons qui faisait que je ne m'étais jamais marié et que je ne comptais pas le faire. Parce qu'être avec une femme, ça voudrait forcément dire que je devrais lui faire un gamin un jour. Déjà rien que le concevoir me donnait envie de gerber, mais alors me dire que j'allais devoir l'élever... ah ça non c'était hors de question. J'étais beaucoup mieux tout seul.

Je finis par me calmer, allant embrasser doucement sa tempe pour me faire pardonner de mon éclat de rire.

- Mais non ce n'est pas bête. Moi aussi j'aurais aimé pouvoir me construire une vie avec toi. Qu'on puisse vivre ensemble sans craindre le regard des autres. Avoir une vie de famille comme celle que tu as avec ta femme, mais ensemble. Et dans cette logique, vu que tu as toujours voulu avoir des enfants, c'est normal que tu ai envie qu'on les élève ensemble. Mais je pense que c'est une bonne chose que je n'aime pas les femmes, que je n'arrive pas à me résoudre à l'idée de me forcer pour me marier. J'aurais été un père et un mari horrible.

Peut être qu'un jour les gens évolueraient. Peut être qu'on pouvait espérer qu'un jour les hommes puissent être ensemble sans risquer de se faire tabasser à cause de ce qu'ils étaient. Et on pouvait même rêver, peut être qu'un jour ils pourraient adopter un des enfants dont les orphelinats débordaient. Deux pères ça valait sûrement mieux que pas de parents du tout. Mais je doutais de vivre assez vieux pour voir un monde dans lequel ça se produirait.

- Mais je suis sur que toi tu es un papa merveilleux.

L’hilarité de Matt, ce n’était pas vraiment la réaction que Nate attendait de sa part. Il l’avait regardé faire, médusé. Est-ce qu’il l’avait seulement vu piquer un fou rire comme ça un jour ? Il essayait de se mesurer mais sa première réaction fut évidemment celle d’être vexé. Il s’était pincé les lèvres parce que, même si ça piquait un peu, il était hors de question qu’ils se fâchent. Nate ferait avec. Peu importe… Il devait faire avec. Ce n’était jamais qu’un week-end, ça passait déjà trop vite. Et puis c’est lui qui avait lancé le sujet… Ça lui apprendra au moins à ne plus jamais l’aborder. Mais Matt avait repris la parole et avait su rassurer Nate. Il l’avait écouté attentivement, essayant de faire preuve de la plus grande empathie envers son amant afin de le comprendre au mieux. Mais c’était terriblement dur et il avait un peu du mal à accepter qu’il puisse s’imaginer être un mauvais père. Il l’aimait tellement… Il ferait forcément un père exceptionnel. Nate était resté songeur un instant. S’il était un père merveilleux ? Il n’en savait trop rien et, à vrai dire, s’il devait y réfléchir il dirait plutôt que non. Ses absences pour le boulot, au bar, et maintenant pour Matt entachaient beaucoup trop son rôle de père. Il avait beau aimer sa fille et la chérir comme la prunelle de ses yeux, il n’en faisait pas assez pour elle. Il avait beau essayer de se rattraper dès qu’ils se retrouvaient ensemble tous les deux, ça ne suffisait pas. Leur complicité était réelle mais Nate n’oubliait pas qu’à elle aussi, il lui mentait. Il s’était raclé la gorge après avoir recraché la fumée de sa cigarette. « Je ne le suis pas. » qu’il avait fini par dire d’une voix étrangement assurée. Il préféra ne pas relever l’incident du fou rire de Matt, ils n’étaient pas capables de se comprendre sur ce coup-là et ce n’était même pas la peine de discuter. « Je dis pas ça pour me plaindre. Je le suis pas, c’est tout. » Et tout à coup, il avait une furieuse envie de se faire un verre. Il se garda bien de le dire, évidemment. A la place, il avait embrassé tendrement les lèvres de Matt. A défaut d’être ivre d’alcool, il serait ivre de lui.  

Je le forçais à bouger en l'entendant parler ainsi. J'avais besoin qu'il me regarde tandis que j'allais parler. J'avais une petite idée de pourquoi il disait ça, pourquoi il pensait ne pas être un bon père. J'étais même persuadé d'être le responsable de tout ça. Il était là dans mes bras, loin de sa famille pour le week end. Il les avait fui pour être avec moi.

Mais je n'étais pas d'accord avec cette façon de voir les choses. Et surtout je n'aimais pas l'idée qu'il se fasse du mal comme ça, qu'il se torture, tiraillé entre moi et sa famille.

J'attendis qu'il se redresse pour venir caresser tendrement sa joue.

- Tu es un bon père... Tu n'es pas parti loin de ta famille pour faire la guerre, absent pendant des mois pour finalement ne jamais revenir, ne jamais être là. Tu n'es pas... le genre de père qui rabaisse son enfant sans arrêt, qui lui dit qu'il est un bon à rien et qu'il ne fera jamais rien de sa vie, qu'il ne le rendra jamais fier. Tu n'es pas tout ça Nate. Toi tu es là tous les soirs pour elle. Tu es à ses côtés quand elle a besoin d'être consolé. Tu lui apportes la vie de famille dont elle a besoin. Et tu as le droit d'être heureux toi aussi. Tu as le droit d'avoir du temps pour toi de temps en temps. Ca ne fait pas de toi un mauvais père, juste un être humain.

Je me penchais pour l'embrasser doucement. Malgré tout ce qu'il pensait, sa fille avait de la chance de l'avoir. Parce que même si il devait faire quelques erreurs, il restait un père aimant. Il ne l'avait pas abandonné et il ne le ferait pas.

Nate se fit bouger de l’épaule de Matt sur laquelle il était confortablement installé. Il haussa un sourcil, perplexe. Visiblement, il avait quelque chose de sérieux à lui dire. L’espace d’un instant, Nate eut des appréhensions. Est-ce que c’était le moment où tout allait leur échapper ? Est-ce qu’ils allaient quand même s’engueuler en dépit de tous leurs efforts ? Nate était bien loin du compte. La caresse sur sa joue, le réconfort que lui apportait Matt en parlant… C’état bien loin de tout ce qu’il pouvait espérer. Un sourire n’avait pas tardé à poindre sur ses lèvres. Il ne savait pas ce qu’il avait fait pour mériter d’avoir Matt dans sa vie mais, mon Dieu, qu’est-ce qu’il pouvait l’aimer. Et il avait raison dans un sens, Il n’était qu’un être humain… Mais qu’est-ce que ça voulait dire d’être un humain quand on a toujours appris à être parfait ? Eh bien c’était insuffisant. Quoi que Nate faisait, il avait l’impression que ça ne suffisait pas. Il avait répondu tendrement au baiser de son amant, son coeur était si léger qu’il semblait s’être envolé dans sa poitrine. Il était resté un moment privé de paroles, trop chamboulé par celles de Matt. Comment est-ce qu’il faisait pour croire encore en lui ? Après tout ce qui s’était passé entre eux, toutes les déceptions que Nate lui avait infligées… Nate se sentait chanceux. Il en avait même oublié le verre qu’il avait tant voulu boire juste avant. « Mais qu’est-ce que je ferai sans toi, moi ? » Il avait lancé ça sur un ton léger mais c’était sincère : personne d’autre ne lui apportait ce soutien et ce réconfort. Il déposa un rapide baiser sur ses lèvres. « T’es exceptionnel. » qu’il avait rajouté, conscient à ce moment-là qu’il ne lui arriverait jamais à la cheville. Il reprit sa place initiale sur l’épaule de Matt, admirant le plafond. « Elle t’aimerait bien Penny, elle sait y faire pour mettre tout le monde dans sa poche. Tu te souviens comme elle s’était endormie dans tes bras ? Je te jure, elle avait jamais fait ça. Elle avait jamais passé autant de temps sans brailler, je sais pas si je dormais plus de trois heures la nuit à cette époque. J'avais halluciné. » Et la bonne humeur était de retour. Le souvenir de sa fille dans les bras de Matt était impérissable. Ça avait marqué Nate comme jamais. A l’époque, il aurait aimé que ça n’arrive pas et aujourd’hui… Aujourd’hui, il aimerait que ça puisse se faire de nouveau. Mais c’était impossible. Les deux êtres qu’il aimait le plus au monde n’avaient paradoxalement rien à faire ensemble.  

Qu'est ce qu'il ferait sans moi? Déjà pour commencer il serait auprès de sa famille et pas avec moi sur ce canapé. Il aurait une vie beaucoup plus équilibré que celle qu'il avait maintenant. Il ne passerait pas son temps à attendre le moment où il pourrait me revoir. Il serait avec sa famille et peut être qu'il profiterait, qu'il savourerait davantage cette vie qu'il avait. Peut être n'aurait il jamais été l'homme imparfait que nous étions tous les deux. Il serait un type normal et peut être plus heureux.

Je le serais doucement contre moi, reprenant une bouffée de ma cigarette perdu dans mes pensées. Moi j'étais déjà foutu avant même de le connaitre. Je n'avais jamais été fait pour les femmes. Le trouver m'avait juste permis de réaliser ça, d'arrêter de me voiler la face et de me forcer à faire semblant de trouver ça excitant. Ca ne l'avait jamais été et ça ne le serait jamais. C'était lui, lui et personne d'autre que je voulais dans mon lit et dans ma vie.

Je laissais un petit rire alors qu'il me reparlait de ce fameux jour où il était arrivé chez lui pour me trouver avec son nouveau né dans les bras.

- Je suis arrivé et ta femme courrait partout. Elle n'arrivait pas à calmer le bébé. Elle devait se préparer pour partir et tu n'étais toujours pas là. Alors elle me l'a foutu dans les bras avant d'aller s'occuper de ses affaires, sans cesser de parler un seul instant. Moi j'étais comme un con. Même mes neveux et nièce je ne les avais jamais pris dans mes bras quand ils étaient si petits. J'avais peur de la faire tomber, de la serrer trop fort et de la casser. Je n'osais même pas la bercer de peur de le faire trop fort et de lui faire mal. Alors je suis juste resté sur place, la tenant contre moi et marchant dans la pièce. Ca a suffit à la calmer.

Je haussais vaguement les épaules. Je ne savais même pas ce que je faisais à l'époque. Je savais juste que je n'avais aucune envie de lui faire du mal.

- Il parait que les premiers temps avec un gamin sont horribles. Je suis bien content de ne jamais devoir vivre ça.