La jeune mutante peste une fois de plus. Les mains pleine de cambouis, elle s’essuie le visage en sueur d’un revers de manche crasseux, laissant une trace noire sur sa joue.
Reprenant la clé en main, elle s’arc-boute sur l’écrou de 16mm récalcitrant. Bien qu’en alliage résistant à l’oxydation, c’est un modèle vieux d’une bonne trentaine d’années récupéré en ex russie. Un reliquat de l’armée, avant la fin des dernier états-nations.
Soudain la clé rippe sur le métal glacé, arrondissant l’écrou et envoyant les phalanges froides s’éclater contre une pièce de métal gelée…
Le cri de rage et de douleur qui s’ensuit déclenche l’alerte général dans le petit campement situé à une vingtaines de kilomètres à l’extérieur de la ceinture de la cité d’Anadyr.
A l’étage du petit hangar en rondin, deux têtes ensommeillées apparaissent à la rambarde de la mezzanine aménagée en sleeping.
Un jeune homme au duvet florissant sur les joues arrive affolé de l’extérieur, fusil en main.
Dehors, les chiens huskies aboient de concert.
De la minuscule pièce chauffée surgit alors une voix éraillée :
« Petit ! T’l’as foutu où la cafetière bordel de merde ! »
Kaësha sort de sous le quadr-ax qu’elle est en train de préparer pour le raid prévu dans un moi.
Elle hurle :
« Putain de fils de rat mutant de ses morts ! »
Le gamin au fusil, soudain blasé lâche un :
« P’tain Kaësha tu m’as fais flipper ma race ! » Puis au vieux « Sur le pare choc du fourgon-chenille, elle est, la cafetière. L’en reste dedans mais y doit êt’ froids ! »
« Raaah mais tout les matin c’est pareil, tu laisse le machin dehors en plein vent bordel ! »
« Bah justement ! Si c’est pareil arrête de poser la question tout les jours et va la chercher dehors ! »
« Putain d’môme de ses morts, m’en va t’filer une bonne raclée moi, t’vas pas l’oublier d’si tôt ! »
« Faudrait qu’t’arrive à courir plus de 10m pour ça ! »
« Vos gueules ! Y’en a qui dorment là ! »
Kaësha, se massant la main, en profite pour intervenir :
« Vous en avez ramené beaucoup, des batteries ? »
« Une vingtaine. On est rentré un peu avant l’aube, chu mort, et un peu de calme serait plutôt appréciable, les copains... »
« Désolée… Tu sais comme la méka peut être… putain de casse burnes… Surtout par ce putain de froid. »
« C’est bon t’inquiète mais Pépé Boris et Bébé Atoö pourrait fermer leur putain de gueule quand le jour est à peine levé, bordel ! » fit le type en haut en haussant le ton sur la fin.
Les dits « pépé » et « bébé » rugissent un concert d’insultes à son attention avant de reprendre leur chamaillerie sur les notions épineuses de respect dû aux anciens ou de sénilité précoce aveugle aux élans de la jeunesse...
Un moi environ qu’ils squattent cette vieille bâtisse abandonnée et isolée, perdue dans la taïga au sud de la baie d’Anadyr. L’année écoulée a été riche de péripéties…
Un an qu’elle a revue son père. Ce qu’ils ont fait de son père, plutôt… Un être difforme et torturé. Une ombre.
Après un an d’enquête, de raids sur des centre datas, de piratage de réseau, de sabotage et de galères, ils ont enfin réunis un méli mélo d’informations sur l’histoire récente et les liens entre les différentes corporations. Et tout ça commencent à tisser une toile cohérente dans l’esprit de la mutante.
Les infos réunies se concentrent principalement sur la jeune K-corp mais aussi sur la Mega-corporation la plus ancienne de toutes, Gaïllamesh.inc et enfin sur les étranges Jarréens…
Ce peuple eugéniste est un peu hors cadre des corporations classique. Ils fonctionnent comme une sorte de royaume mercenaire commandé par un être mystérieux et jamais vu par aucun étranger, le CyReï. Un roi-cyborg, une sorte de demi-dieu mêlant I.A. et cybernétique humaine, immortel d’après la légende...
Leurs légions ont longtemps constitué la force militaire dominante de tout le pacifique. Des milliers de drones autonomes, soldats sans peurs commandé par des cyborg humains. Cette élite guerrière est composée presque exclusivement de jarréens élevés dés le plus jeune âge en guerrier fanatique voué au CyReï et à leur peuple.
Seuls de très rares étrangers sont parfois autorisés à intégré l’armée.
Les renseignements obtenus tout au long de l’année sur ces gens auxquels son frère semble s’être lié se sont finalement avérés l’une des origines du vaste projet en cours sur la Terre entière, ou au moins sur cette partie du globe entourant le très vaste océan Pacifique…
Le Cyber-Mal…
Sorte de maladie dont sont affecté tout les cyborgs, à divers degrés suivant le pourcentage d’organique restant, la technologie utilisée et beaucoup d’autres paramètres inexpliqué.
Or, c’est en croisant cela avec les registres d’activités piratés sur les data-centers de la K-corp qu’une question c’était alors posé : Pourquoi les Jarréens importent t’ils des quantité importante de « Pankhs » (façon détournée pour parler du bétail humain dont fait commerce la petite corporation fournisseuse en matière premières) ?
Leurs armées ainsi que leurs serviteurs sont totalement robotisé. Les gradés militaires uniquement Jarréens. Alors pourquoi avoir besoin d’esclave humains ?
La réalité s’est avérée glauque à souhait…
Kaësha est soudain tirée de ses réflexions par des cris.
Une dizaines de corneilles croassent dans un vacarme assourdissant après s’être posée à l’aplomb de la meute de chien-loups, qu’elle narguent à haute voix. Atoö porte sur son bras l’un des noirs oiseaux. Il est en train de détacher le message accroché à sa patte.
Khoï ! Son demi frère, demi-sauvage, dont elle a si peu de nouvelles. Le jeune pyros lui tend le billet roulé formé de papier antique. Les mains presque tremblantes, elle déroule le minuscule parchemin.
Son visage marqué par d’étranges cicatrices noires évoluant au fil du temps trahit la stupéfaction.
Dans sa main, une mèche de cheveux blancs. Pas blonds, non. Totalement blanc. Et sur le papier, une suite de chiffre suivi des lettres Hz. Une fréquence radio à ondes courtes. En dessous « Ana - 1week »
Et rien de plus.
Putain de Khoï ! Merde pourrait parfois être un peu plus loquace bordel de merde !
La jeune femme froisse le papier mais le fourre dans une poche de son pantalon de cuir fourré.
Une semaine.
Anadyr.
…
Julia…
Elle contemple le soleil radieux qui approche du zénith. Le paysage est calme, étincelant entre la neige immaculée et les nuances dorées sur les plantes encore brunies par le gel, ou celle verte tendre apparaissant sur les épicéas laissant éclater leurs bourgeons dans ce début timide de printemps.
Deux ans, maintenant, que leurs routes s’était entremêlée de façon éclair mais néanmoins indélébile et désormais liées quoi qu’il advienne… Maintenant qu’elle en sait autant sur les Corpos et leur visée trans-humaniste défiant la vie elle même… Eux disent qu’ils défient la mort.
Une semaine.
A Anadyr…
Bon, il va falloir que ces foutus quadrax démarrent plus tôt que prévu. Kaësha se replonge dans son chantier et ses écrous rouillés. La mécanique à ça de bon qu’elle est tellement prise de tête, qu’elle occupe chaque parcelle de pensée de ton cerveau tendues dans le but de trouver une solution au problème très concret d’un putain de boulons qui veut pas se dévissé… que la seule pensée externe capable de s’infiltrer par moment est une bordée acerbe d’injures destinée aux « salopards d’ingénieurs capable d’inventer un machin si galère d’accès putain de merde »
* * * * *
Deux jours plus tard, la radio tourne à fond. Pas vraiment une radio à l’ancienne. Mais des machin qu’on trouve en ligne sur le cyber réseau de la Confédération Libre, avec projections 3D...
Le pseudo journaliste s’extasie de s’entendre déblatéré ses propres conneries quotidienne mais dans le flots d’absurdité elle capte par moment des bribes de renseignements et surtout elle jauge le climat géopolitique tendu qui règne actuellement sur le Pacifique.
« Crise Jarréenne. La suprématie militaire du « Royaume », remise en question ? »
Titre le journal du soir.
« Suite à deux année consécutive de guerre en ex Chine continentale et en Mandchourie contre une horde mystérieuse de O.o.W. (Out of Walls nom donné aux habitants qui n’appartiennent à aucune corporation par les citoyen des Méga-cités.) les légions sortent victorieuses mais terriblement affaiblie par les rudes combats menés pour le bien et la sécurité des citoyens de la Confédération. Pensez vous Mr Wu-Parker, que cela signe la fin d’une domination militaire presque cinquantenaire du mystérieux royaume de fanatiques ? »
S’ensuit une gerbe de propos inintéressants sur qui a la plus grosse maintenant niveau testostérone entre corpos pour finir par conclure que bah nan, c’est quand même les Jarréens qui posent leur couilles en cyber-titane sur la table…
Les mains toujours plongées dans la méca, Kaësha retient tout de même un point intéressant. Deux petites corporations ont sut profiter du relâchement des légions robotiques au sein de la Confédération, dont elle assurait jusqu’alors la sécurité tant militaire que rapprochée, et fournissait aussi les forces anti-émeutes nécessaires à toutes Méga-cité corporative.
La Razor.inc, dont la mutante avait eu un aperçu pour le moins très personnel des capacités. La petite corporation avait fait un bond à la bourse de la Confédération en se spécialisant dans la sécurité rapprochée, et le combat défensif et anti-émeutes.
« La plus grosse part de son capital est aux mains de la famille Razamanov, également actionnaire de l’ANDRA.corp dont elle est l’une des famille fondatrice. C’est la AirCorp, la plus grosse entreprise de fret et transport basée aux îles Thaïtiennes qui possède l’intégralité des parts restantes de la Razor.inc, à savoir 24 % du capitale.
Pourtant fondatrice et jusqu’à il y moins de deux mois actionnaire majoritaire de Razor.inc, qu’elle à créé comme une filiale vouée à la défense de sa flotte marchande face aux attaques pirates de plus en plus fréquentes, la AirCorp aurai céder précipitamment une partie conséquente de ses actions aux Razamanov qui avaient au préalable racheté les parts de tous les autres investisseurs au court de l’année écoulée. »
Kaesha revoit les images et holo-vidéos qu’elle a vu concernant la famille Razamanov. Branche russe de la Méga Corporation AndRa – Anderson/Razamanov – et ses deux visages phares. L’un jeune et sous le feu des flash médiatiques, l’autre vieux et mystérieux, éloigné des cercles officiels et pourtant sur les lèvres de beaucoup de gens.
Deux monstres inhumains engendré par le système corporatiste ayant hissé une élite à une telle hauteur qu’elle semble désormais d’une autre espèce que le reste de l’humanité. Reste qui lui aussi se subdivise entre ceux de plus en plus mêlé à la machine et ceux qui subisse le fruit de mutations totalement hasardeuse.
Et puis il y a elle même, aussi, et ses semblables…
Kaësha est elle encore humaine ?
Évidement ! Se dit elle avec colère.
Pourtant elle ne peut s’empêcher de se poser la question. Le mycélium du lichen mutant auquel elle a été liée lors de la cérémonie d’initiation fait elle d’elle autre chose ? L’humanité se subdivise t’elle désormais ou de nouveau en multiple branches distincte ? Qu’est ce que l’humanité ?
Elle chasse ces pensées en reportant son attention sur le discours pompeux du commentateur qui parle maintenant de la deuxième gagnante dans le domaine lucratif de la guerre. Très récente, elle base ses actions sur l’offensive.
« … des six familles dirigeantes de la puissante POLYCORP. Les Mc Kingsley ont toujours été les plus belliqueux au sein de la deuxième plus puissante des Mega corporations après la géante Gaïllamesh. Créée en 2069 à l’origine mais restée très localisée côte américaine, AlphaSquad appartient à 49 % aux féroces McKingsley. 33 % des actions sont détenue par la AirCorp et le reste se divise en une dizaine d’investisseurs individuels.
AlphaSquad a pris un essor fulgurant lors des assault contre la Horde et opéré conjointement avec les Légions. Ils se sont également illustrés lors d’une bataille les opposant à des hommes de Razor.inc pour la possession de l’archipel Haïtienne, désormais aux mains de la polycorp. Adversaires de Razor aux côtés desquels ils combattent parfois lors de leurs mission pour la AirCorp… Dure loi du mercenariat.
Malgré tout c’est toujours la terrible armée du Roi-Cyborg, le mystérieux et immortel Cyreï jarréen qui est la force militaire dominante de la région pacifique et qui continuera à peser encore longtemps sur l’échiquier mondial. Toute attaque frontale contre les Légions pourrait en effet causer de terribles dommages collatéraux aux corporations, même les plus puissantes, qui n’exclue pas le risque de toucher même les familles corporatistes.
Néanmoins on ne peut que tristement constater la montée en flèche de la tension géopolitique mondiale, ce qui cause des remous dans toute l’économie du pacifique profitant aux uns et plongeant dans la ruine d’autre malheureux.
Triste loi de l’économie.
Enfin au sein même des cercles les plus puissants, se trament de sombres affaires. Assassinats, disparitions, revirement brusques d’opinion et autres joutes horrifiques se multiplient en ce moment parmis la gente dominante. Ces croustillantes affaires sont à suivre dans notre série de podcasts humoristiques : « Very Inhuman People ».
Nous terminons ce bulletin d’information sur un flashinfo dépaysant et une note plus joyeuse en nous transportant dans le grand nord ! En effet cette région nous prouve encore son attachement naïf mais tellement attendrissant pour les vieilles traditions folkloriques, comme cette course de chien de traîneau, la Nadezhda, reliant deux continent !
Le périple devrait prendre fin dans environ trois jours dans la Méga-cité d’Anadyr côté asiatique, alors qu’elle partait de Nome en Alaska, côté américain. Les deux petites villes sont toutes deux détenues par AndRa.corp, il faut le préciser. Certe la plus jeune et pour le moment troisième des Méga-corporations, mais dont les crocs semble affûtés et avide du sang de Polycorp !
On nous apprends à l’instant que le grand Boss des AlphaSquad, Hackim Barcley,
participerait à la course sous drapeaux de la Confédération Libre ! Encourageons le à écraser ses concurrents ! L’AndRa aligne quand à elle et en toute logique le plus gros nombre de concurrent dont la célébrissime et ravissante, bien que timide Julia Anderson, qui vivrait une romantique idylle avec le plus glamour des russes, le plus féroce jeune loup des corporatistes en vue, j’ai nommé le divin Ivan Razamanov ! Nous suivront donc avec attention les résultats de cette course des plus pittoresque ! »
Tsss. Kaësha lève les yeux au ciel… Putain de corpo… Peut pas s’empêcher d’se foutre sous les projecteurs, ces gens là !
Mais elle capte tout de même ce que ça signifie. D’ici trois jour, il faut être à l’intérieur de la ceinture.
Voire même, dans la cité désormais fortifiée…
Elle va devoir appeler sont vieux pote de squat. Rach’. Ou plutôt K.O. Lire Key Over à la saxonne, et Kaos à la russe. Ou Knock Out si on veut. Bref, il aime bien faire courir les gens sur la signification de son pseudo. Il s’est reconverti dans le cyberhacking. Plutôt doué. C’est notre contact inside the city… Et un sacré punk…
** * * * *
Cinq jours plus tard, ça fait presque 48h que les trois pyros patiente dans le minuscule appartement de la « Fosse » d’Anadyr. Le niveau Zéro, qui s’enfonce parfois plus loin sous terre. Et communique par de rares passages avec le Dédale sous terrains constituant les fondations de la cité multi-niveau. Autrefois très peuplé par une faune variée de hors murs. Ou O.o.W. comme ils disent… Désormais quasi déserte, hormis des hordes de rats mutants avoisinant les trente kilos et de rares camps de travailleurs cyborgs bossant sur les chantiers d’entretient des « pilliers ». Campement surveillé par les forces militaires de l’Andra. Rash’ nous accueil dans son 9m2 situé au plus profond de la Fosse. Sérrés un max, sortir de là est quasi interdit tant qu’il ne nous a pas procuré de smartring. Des anneaux connectés, descendant moderne des antiques smartphones du début du siècle et déjà remplacés en partie par les implants de puces. Ces dernière font face néanmoins à encore une minorité conséquente de citoyen réfractaires aux implant intelligent. D’où la circulation d’un nombre conséquent de SmartRings. Ces anneaux ne sont pas de simple gadget, néanmoins. Ils appartiennent à la corporations propriétaire et sont aussi le passeport de chaque citoyen, ainsi que sa carte de crédit et son permis de circulation. Les zones de la ville autorisées à chacun sont inscrite dans leur anneau, et celui ci est reconnu par la multitude de capteurs et de bornes dont la ville est truffée. En zone interdite, un citoyen se retrouve rapidement intercepté par des drones autonomes. Ces drones bipède et humanoïdes sont réputés pour leur fermeté brusque et leur diplomatie basée sur le tazer.
Un être vivant non muni d’une de ces foutu bague, ou d’une saloperie de puce ne peut pas mettre un ongle ou une griffe voire même une racine dans la cité sans déclenché un concert d’alarmes silencieuses ameutant toute une série de cerbères peu avenants allant du plus stupide robot au forces armées de l’Andra.
Ou de Razor, auquels l’Andra sous-traite désormais une grosse partie de ses affaires de protection…
Et toujours aucun signe de Julia.
Les infos ont pourtant raconté la fin de la course, mouvementée pour certains et certaines et l’annonce des résultats est imminente.
Les images de l’holo-écran sont à vomir… Un banquet indécent accueil des concurrents aux allures variées. Les tenues de certain frôle la pure ostentation. Mais toujours pas de Julia.
Les journaliste font patienter le publics avec une série de commentaires plus ou moins fumeux sur des histoires de « coulisses » de la course. Telle supposée relation entre deux concurents, qui à été équipé par qui. Enfin le présentateur annonce :
"Bien ! Nous apprenons tout juste que Madame Anderson est victime d'un malaise, probablement du à sa disparition inexpliquée, et fort heureusement momentanée lors de la course. Nous lui souhaitons de se remettre promptement. Passons au résultats ! Le, ou plutôt la gagnante de cette année est..."
C’est à ce moment que le récepteur radio branché sur la fréquence annoncée dans le message par Air corbeau des bois, se met à crépiter puis à diffuser un signal numérique.
Le mot de passe pour entrer en communication avec une messagerie cryptée en ligne.
« Atoö bordel ! Comment ça marche s’te merde ? »
Questionne la mutante avec son habituel phrasé fleuri alors qu’elle s’échine à faire fonctionner le vieux poste connecté au réseau de la confédération libre.
Le jeune homme interpelé s’approche en marmonnant des choses qu’il prend la précaution de rendre incompréhensible.
Il pousse Kaësha du fauteuil faisant face à l’écran et prend place avec un soupir de plaisir alors qu’elle se pelotonne sur l’un des accoudoir tant la place est exiguë.
En quelque gestes de manipulation complexe des commandes, il ouvre un canal de communication.
« Zee’ ? » S’affiche sur l’écran.
Le jeune pyros se tourne d’un air dubitatif vers la mutante. Celle ci ne daigne même pas lui accorder un regard et le dégage à son tour du fauteuil, place la plus confortable de la pièce unique.
Elle réfléchit quelques instants. Puis elle tape les coordonnées d’un appartement sans résidents d’un agglomérat de tôle appelé pompeusement « Résidence des Doux Rêves » et abandonnée depuis des lustres. Cet édifice fait face au bloc contenant la pièce où ils se trouvent… Risqué. Mais bon. Kaësha a un bon pressentiment et elle a toujours tendance à suivre son instinct…
Elle se lève alors en hâte et fouille dans la malle prévue à cette occasion. Elle en sort une combinaison de combat poussiéreuse, qu’elle avait retrouvé l’an passé dans l’une des antre des pyros. La tenue de combat de Julia, des forces de l’ordre de l’AndRa. Elle y ajoute la parka et le sur-pantalon en fourrure retournée qu’elle a préparé.
Suivant où la corpo se trouve ans la cité, elle devra parcourir au maximum 21km ce qui dans le pire des cas, si elle est à pieds devrait être possible en à peine plus d’une heure pour quelqu’un d’entraîné comme elle doit l’être après la course.
La jeune mutante se redresse après avoir ajouté un flingue sur le tas de vêtements. Elle est soudain prise d’un drôle de sentiment. Quelque chose comme… de l’apréhension. Comme si… comme si elle redoutait le jugement de cette femme. Son jugement inévitable sur son nouvel aspect clairement étrange. A commencer par ses pupilles fendues et ses oreilles pointues et mobiles… Sans parler des sortes de tâches sombres et en reliefs se déplaçant lentement sur tout son corps en formant d’étranges arabesques changeantes. Les cellules cancéreuse rejetées par son corps mutant, capable de cela… les limites entre les sorte de scarifications et la couleur grise vert de sa peau étant en fait la frontière entre les cellules malades et le lichen qui recouvrait toute sa peau, comme un très fin duvet.
D’après ce qu’elle sait de ses semblables, cela continuerait d’évoluer tout au long de sa vie.
Que va penser une princesse corporatiste fiancée à l’un des type qui rends folle trois quart des femmes de la ville, voire même des villes de tout le pacifique, d‘une fille grotesque et hirsute comme elle ? D’une… mutante qui plus est ? D’une sauvageonne sortie tout droit des forêts sauvages du nord ?
Puis elle se mord l’interieur des joues en s’injuriant vertement elle même. Mentalement, évidement.
« Qu’est c’t’en as à foutre de ce que va penser cette… cette… cette espèce de condée recyclée dans le sport nordique… »
Enfin elle se calme.
Bon. Après tout, cette meuf avait prouvé qu’elle n’était pas que cela.
Et Kaësha espère tant de la mise en commun de leur efforts qu’elle ne peut se permettre de douter.
Peu importe, en vérité de ce que pensera Julia de sa nouvelle identité. Désormais, elle lutte contre un adversaire à multiples têtes et aux dessein encore indistincts et sombres mais dont l’avant goût est amer. Alors il va falloir mettre de côté les à priori et autre mesquinerie humaine, justement, pour se concentrer sur ce qui les attends, pense t’elle.
Sur ce, elle saisit la pile de vêtements sous un bras, le flingue dans l’autre main et elle fonce hors de la petite pièce et court se poster dans la résidence vide.
A peine quelques minutes plus tard, elle entends des bruits de pas ténus dans le couloir vide faisant résonné l’echo. Quelqu’un qui prends pourtant d’infinies précautions en avançant. Mais Kaësha a l’oreille fine, tellement plus que l’ancienne Zee’…
Une odeur subtile pénètre ses narines. Parfum suave et subtil, mêlé d’odeurs plus intimes. Son nez aussi est bien plus développé qu’avant.
La fragrance la replonge dans un flash brutal de souvenir vieux de deux ans.
Elle se recentre.
Pas d’autres odeurs…
Elle est seule.
Elle aura mis moins de quinze minutes entre l’envoi des coordonnés et cet instant…
Même si elle est très rapide, l’endroit d’où elle est entré dans la Fosse n’est pas loin. Et donc, potentiellement, d’éventuels suiveurs non plus…
Quand les pas s’arrêtent à la porte la mutante déverrouille immédiatement le battant coulissant et ouvre la porte.
« Putain t’en as mis un temps ! »
Ne peut elle s’empêcher de lâcher en lui balançant le tas de vêtements aux pieds. Elle remarque la lueur de plaisir dans les yeux de la corporatiste quand elle reconnaît sa vieille tenue. Puis le regard de Kaësha se pose sur sa coiffure hallucinante.
Il descend ensuite sur ses épaules dénudées et ses courbes mises en valeur par des vêtement si sophistiqués que la jeune mutante en reste quelques seconde ébahit.
L’autre ne s’en aperçoit pas tant elle est affairée à vérifier le fonctionnement du revolver qu’elle lui a filé. Elle réponds distraitement à son accueil pourtant si chaleureux :
« Oui oui Zee’, moi aussi je suis heureuse de te revoir ! »
La femme si pâle pose enfin son regard sur elle. Kaësha ne distingue pas le moindre frémissement d’étonnement sur le visage parfait de la fille au cheveux blanc. Que pense t'elle de son... changement. Elle ne s’attarde pas sur la question et balance d’un ton désinvolte :
« Bah, dis ! Fallait pas t’mettre sur ton 31 comme ça, princesse ! Ici y a qu’de la vermine à impressionner, nan ? »
Toujours le tact qui la caractérise. Elle se reprends immédiatement.
« Désolée. Moi aussi ça me fait grave plaiz de te voir, en vrai. Par contre, dépêche d’enfiler tout ça, tu brille comme une lumière digne d’un ange au milieu d’un marais sombre, glauque et puant ! Dans l’coin on a du te r'pérée à des km habillée comme ça. Pas que ça t’aille mal, hein, soit dit en passant ! »
Termine t’elle avec un clin d’œil. L’autre accepte l’excuse bourrue et se déshabille sans complexes pour enfiler en vitesse les vêtements plus discrets bien que pas beaucoup moins saugrenue au sein de la Fosse. Des vêtements faits pour dehors.
En un rien de temps elle est équipée et le holster de sa tenue enferme déjà l’arme qu’elle lui a donnée.
Les deux femme se regarde, un peu gênées par les retrouvailles. Puis Kaësha lui fait signe de la suivre.
Coup d’oeil dans le couloir.
Vide.
Elles filent sans un mot, se faufilent hors de la « résidence » en ruine et traverse en vitesse.
Retour à l’appart de Rach’.
Il est rentré, justement.
Les trois gars sont là, tous tourné vers Kaësha.
Tous observent avec avidité l’encadrement de la porte derrière la mutante. Julia apparaît alors.
Même dans ses fourrures qui dissimulent son corps, elle fait sensation.
Atoö a tout simplement la mâchoire béante. Il ne s’en rends même pas compte. Les yeux du vieux pétillent d’une lueur malicieuse tandis que l’immense personnage à la peau noire et à la crête multicolore fabuleuse, au visage percé d’une multitude d’implants et de piercings est le seul qui parvient à avoir l’air de rien. Il s’écrit d’un ton jovial, en s’inclinant dans une simili révérence des plus comiques :
« Bienvenue en ma modeste demeure gentes Dames ! Julia ! On ne se connaît pas mais j’ai ouïe tant de choses sur votre seigneurie que j’ai l’impression de déjà vous connaître. »
Clin d’oeil.
Pas une once de concupiscence.
« Veuillez poser vos nobles fesses sur le trône de mon royaume, trône au combien misérable je l’imagine comparé au faste auquel vous devez être accoutumée mais néanmoins place la plus confortable de ma vaste demeure. »
Kaësha donne un leger coup de coude à Julia.
A voix basse :
« L’a fait du théatre… L’aime bien en faire des tonnes, mais c’est un bon gars… »
La jeune corpos sourit en répondant par une courbette ironique. Puis d’une rapide regard circulaire elle se rends compte que tous semble attendre qu’elle veuille bien accéder à la requête.
Elle s’assoit donc, après s’être débarrassé de la parka.
Kaësha se fait une place sur le lit entre le vieux et le jeune en jouant des coudes. Rash’ reprends.
« Bon. Moi c’est K.O. Prononce le comme tu veux. Les autres te diront leur blaze si ils veulent. J’touche une pension pour service rendus en tant qu’ancien sapeur pompier. Pas grand-chose, mais je m’en sors en bricolant deux trois trucs pour des copains.
Bon commençons par l’essentiel. Tu veux boire quoi ? On a pas toute la nuit tu t’en doute. Alors on boit un coup, on papote cinq minutes et vous vous taillez rapido.
Deuxième question. Es tu, ou pense tu être suivie.
Troisième question : Si oui, par des amis, ou des ennemis ? »
Il pose alors cinq bières sur la table, une bouteille de vodka, et une autre de mousseux bas de gamme.
« Désolé, j’ai pas mieux. J’te conseille pas de d’mander un verre d’eau, ici c’est la boisson la plus toxique qu’on peut trouver... »
Comme Julia confirme être possiblement suivie, le géant farfelu s'empresse de la rassurer.
"T'inquiètes, meuf. La cave de ce machin où j'habite, mène droit au dédale. J'y ai aménagé un garage, où deux Quadrax biplaces attendent sagement de tracer la route à la moindre alerte. Et pis, guette donc..."
Il lui désigne deux trois trucs sur son écran et un sourire incroyable se dessine sur le visage de la corpo.
Un truc que Kaësha ne la soupçonnait même pas génétiquement capable de faire. Un vrai sourire humain et sincère.
En moins d'une fraction de seconde les voilà tout les deux agités à parler presque en même temps et sans interruption, sauf par ci par là par le rire tonitruant de Rach'.
Mouais.
Des connerie de pilotes de drones, à tous les coups !
Pfff.
Kaësha s’empare d’une bière sans attendre et la décapsule d’un coup de dent. Le gamin fait pareil. Le vieux commande un verre de vodka ce qui ramène le grand punk au monde réel. Fin humain quoi. Fin bon...
Il ramène sa carcasse qui prend les cinq quarts de la pièce vers la table basse dégueulasse et encombrée de mégots, de canette vides et autre trucs plus vraiment identifiable.
Sur le mur en face de Julia, projetée par l’holo-écran, s’étale une gigantesque carte du pacifique. Rash’ l’a piratée aux serveurs de la AirCorp.
On y distingue les différentes aires d’influence des corporations.
Il sert sa vodka à l'Ancien.
Puis tout le monde se tourne vers la nouvelle venue...