“Bah. Je sûre qu'elle finira par t'apprécier.”

Après tout, en terme de psychopathe, elle en avait un sympathique en la personne d’Orochimaru dans son entourage. (Dont elle avait été amoureuse fut un temps donc qui était-elle pour juger.) (Pas que Kaeru soit déjà amoureuse d'Itachi, faut pas pousser mémé dans les orties. Mais ça en prenait doucement le chemin.) Et si comme la jeune femme le soupçonnait fortement, Itachi n’avait pas agit de son propre chef, Tsunade n'aurait de fait aucun grief contre lui. Et donc elle finirait par l'apprécier. Cqfd, héhé. Elle sourit en coin à cette petite démonstration mentale. Avant de pouffer quand le jeune homme lui parle de “celle qui voulait bien de lui”. C'est-à-dire ? Toutes ? À moins de préférer vraiment les petits blonds solaires, si on ne savait pas qui il était, on voulait forcément d'Itachi. Mais d'après ses dires, lui ne s'intéressait qu'à elle.

“J'espère bien.”

Quelle chuchote en retour, tachant de rester concentrée sur sa tâche. Elle l'écoute lui expliquer ce qu'il fait pour passer le temps ici. Et elle en déduit naturellement qu'il doit être quelqu'un de calme, discret et serviable. L'utilisation du mot illusion dans sa bouche l'amuse. Moins celle du “psychopathe” qui revient. Kaeru s'apprête à le contredire, mais le surnom que lui attribue Itachi la coupe. Elle reste brièvement surprise d'entendre ce petit nom sortir d'autres lèvres que celles de Kyoko. Si beaucoup de monde s'accordent sur le fait qu'elle soit angélique, il n'y a que sa meilleure amie pour l'appeler régulièrement, et littéralement, “mon ange”. Elle aimerait bien l'entendre de la part d'Itachi. Même s'il n'a pas encore utilisé le “mon”. La jeune femme sourit et dit finalement ce qu'elle a à dire.

“Tu n'es pas un psychopathe. Enfin je ne crois pas que tu en sois un. Et je ne suis pas la seule à le penser. A vrai dire, j'en suis même certaine maintenant. J'en connais un, et tu n'as vraiment rien à voir avec lui.”

Itachi fait ensuite une analyse de lui-même qui rejoint plutôt celle qu'avait fait Kaeru juste avant. Elle termine d'effacer l'une des nombreuses cicatrices laissées par Sasuke, et hoche la tête.

“Il me semble bien que tu étais comme ça. Que tu es comme ça.”

Oui. Il est maintenant qui il était avant le génocide de son clan. Débarrassé des souvenirs, souffrances et raisons qui l'ont poussé à faire ça. Et à rejoindre l'Akatsuki ensuite. Donc c'est comme ça qu'il est. Et il est devenu autre chose à un moment de sa vie. En tout cas, ça correspond bien à ce qu'on dit à son propos. Enfin, sauf pour le côté taquin. Mais vu son rôle et sa place, elle suppose que c'est quelque chose qu'il gardait pour ses proches. Kaeru espère pouvoir être “victime” de ses taquineries.

Et puis, tout à coup, comme ça, sorti de nulle part, Itachi affirme n'être pas vif. Et la jeune femme émet un bruit de cochon fort peu élégant en retenant un rire qui finit par sortir quand même. Kaeru rit, s'essuie le coin des yeux avant de justifier cette brusque hilarité.

“Pardon, pardon. Mais il est de notoriété publique que tu es un petit génie doublé d'un prodige. Alors tu n'es peut-être pas très vif dans tes souvenirs, mais c'est bien la seule chose qui te fasse défaut.”

Kaeru secoue la tête, toujours amusée et zappant la question sur ce qu'elle aime faire. T'façon la réponse n'est pas très intéressante. Elle préfère se concentrer ses les plaies à faire disparaître. Jusqu'à ce que le jeune homme l'interrompre en lui attrapant les mains pour la faire se redresser. La blanche se laisse faire, et lève ses grands yeux curieux vers Itachi. La question lui tire un petit rire cristallin et elle serre ses doigts sur ceux du brun.

“Bien sûr que tu peux.”

Elle lève le visage vers lui, la tête légèrement inclinée. L'invitant à venir l'embrasser sans venir chercher le baiser. Après tout il a demandé si lui pouvait l'embrasser elle. Alors elle ne va pas faire l'inverse, ahah. Elle lui laisse le plaisir de venir cueillir ses lèvres lui-même et lui rend son baiser à l'identique de ce qu'il lui donne. Ou peut-être avec un peu plus de cette douceur et de cet amour naturel qui émane constamment de la jeune femme. Quand il sépare leurs lippes, même de ça, elle le laisse décider, Kaeru caresse son nez du sien.

“Dans les choses que j'aime faire, t'embrasser a une bonne place.”

Si Itachi devait faire son portrait, il ne serait pas glorieux. Il ne l’aurait pas déjà été avant de savoir être un monstre … Il ne le serait pas moins maintenant. Il ne pensait pas être quelque chose d’autre qu’un corbeau. Même s’il adore l’animal, on le voyait comme un animal de mauvaises augures, artisans de la mort et patientant calmement que la souffrance s’abatte sur une proie innocente. Même s’il adore les corbeaux. Il aime se dire aussi que les corbeaux aiment faire des roulades dans la neige et voler des choses pour en faire un nid douillé. Personne ne connait réellement les corbeaux, et il sait qu’il se sent ainsi parfois. Comme le corbeau que tout le monde croit mais qui était bien plus à l’intérieur. Sauf que lui, il n’était pas plus. Il laisse ses sombres pensées plus loin alors qu’il observe cette jeune femme qui semble croire qu’il puisse être plus. Il fit un doux sourire alors que ses yeux se posèrent sur elle dans une tendresse, une nostalgie et une gratitude qu’il n’avait jamais posé sur personne, même pas Grand-mère Yu. Il la laisse rire, ce rire que beaucoup trouverait moche alors qu’il le trouve mignon, il attend qu’elle se calme. Ainsi, il était vif. Pourtant, il se sentait plus quelqu’un qui n’attaque que quand il le doit. Quoi que vif ne voulait pas dire colérique. Ou calme ne voulait pas dire incapable d’être un « petit génie doublé d’un prodige ». Il était beau le prodige maintenant. Si sa mémoire du savoir avait été plus ou moins gardée, il savait encore lire, écrire, dessiner, compter et réfléchir, et même plutôt bien, il ne se souvenait même pas de ses techniques ninjas. Peut-être qu’un jour, un déclic lui ferait se souvenir de tout … mais il n’était plus sûr d’en avoir envie.

Bref. Il préfère se pencher vers elle et caresser ses lèvres des siens. D’abord avec une certaine douceur. C’était la caresse d’une pluie avant de lui demander timidement la permission de faire plus. Comment il a demandé dites-vous ? Il a fait en sorte de pousser un peu sa langue vers la bouche de la jeune femme. Et comme la mer avait laissé passer Moïse, sa langue avait pu passer la barrière des lèvres de la jeune femme pour rencontrer la sienne. Il sait qu’il avait déjà embrassé. Il sait parce qu’il le sent. Il sait parce qu’il sait. Donc, il joue timidement avec la langue de la jeune femme, mais rien de sexuel. Si, on peut faire quelque chose de non sexuel avec la langue, même quand cette langue appartient à Itachi. Il trouve que c’est doux encore. Il pense à ce qu’elle a dit. Le fait que leur expérience de sexto avait été un peu plus profonde que ce que le monde pourrait en comprendre. Il pense à ce baiser. Il était tout chaud, tout … calme. Pas vif. Mais pourtant, sans l’ardeur du feu du désir, qui n’était pas très loin tout de même, ce baiser était chaud d’une manière qui déconcerte les personnes comme Itachi. Qui avait fait en sorte d’être haï. Qui ne devait plus jamais s’attacher. Il se souvient de ça. Il se souvient qu’il a fait en sorte de devenir la personne à haïr pour une autre personne. Pour que cette personne ne pense qu’à lui, qu’elle tente de le tuer, et qu’elle soit ainsi protéger. Il s’écarte à peine d’elle avant qu’un minuscule sourire apparaisse. Si l’embrassait lui donner un peu de souvenir, qu’est-ce que ça sera quand ils feront l’amour ? Son sourire s’élargit quand elle commence à parler.

- C’est heureux, alors, que j’aime aussi particulièrement cette activité avec toi. Nous aurons au moins une chose de fort sympathique à faire.

Il se penche à peine encore et cette fois, il embrasse la commissure de ses lèvres dans un geste très chaste et doux. Ses mains étaient toujours enfermées dans les siennes et il lui repose sur son torse, là où son cœur battait trop fort. Itachi n’en fait pas cas. Ou plutôt, il se fiche totalement qu’elle sente le tambour de son cœur alors qu’il lui aplatit la main dessus et lui fait un sourire.

- Pour ce que ça vaut, merci.

Et le petit bisou était là pour ça. Pas pour leur relation, bien que ça aide, mais comme un présent. Parce qu’il ne sait pas ce qu’il serait advenu de lui si quelqu’un d’un peu moins tolérant l’aurait rencontré. Il finit par la laisser à nouveau faire ses techniques.

- Tu pourrais me montrer deux trois techniques ninjas. Pas celle inné mais celle à apprendre. Voir si j’arrive à m’en souvenir. Ici personne ne connait aucune technique ninja alors j’ai pas pu observé pour essayer de me souvenir.

S’il était un prodige, il allait même peut-être devoir réapprendre. Et comme elle est en train de le soigner, peut-être qu’il pourra se mettre à l’entrainement plus vite que prévue… OU faire un footing. Autre histoire. Il ne doit pas penser à ce qu’il ne peut pas pour le moment (// Umi et Itachi, même combat x’D)

Bon. Elle ne s’était pas attendue à ce genre de baiser. D’ailleurs. C’est quoi ce genre de baiser ?? Elle n’en avait aucune foutue idée. Personne ne l’avait jamais embrassée de la sorte, et elle n’avait jamais embrassé comme ça non plus. Elle n’avait jamais utilisé sa langue avec autant de tendresse et tout ça la chamboule plus qu’elle ne l’aurait imaginé. A un point où Kaeru ressent le besoin de se raccrocher aux mains d’Itachi plus fort, comme si elle risquait de tomber si elle ne faisait pas. Ce baiser est … juste … waw. Inconsciente de ce qu’il se passe dans la tête du Uchiha, elle rosit doucement et profite simplement de la douceur entre eux. Ce qu’elle l’aime cette douceur.

“C'est bien d'avoir des loisirs en commun.”

Qu'elle plaisante en retour en le laissant déposer un autre baiser sur ses lèvres. Kaeru se sent vraiment très très bien, là tout de suite, aussi proche de lui. Elle le laisse faire comme il en a envie et se retrouve avec ses mains à plat contre son torse. Et la jeune femme réprime un sursaut qui se transforme en profond frisson quand elle sent le cœur d'Itachi battre aussi fort dans sa cacgr thoracique.

“Je-je t’en prie.”

Elle bégaie un peu, prise de court, rougit, et reprend le cours des soins sur le jeune homme. “Prise de court” ce n'est pas tout à fait le terme. Disons, que sentir son cœur battre ainsi lui a fait un brusque rappel de la situation. De l'espèce de responsabilité qu'elle a maintenant, envers Itachi, son passé, sa santé mentale et … et son cœur aussi oui. Elle n'a pas fait que rencontrer un homme avec un lourd passé. Sa situation brouille le lien entre eux. Ils ne sont pas qu'une femme et un homme à l'aube d'une relation amoureuse. Il y a beaucoup plus que ça. Elle est aussi son seul lien, positif, protecteur et affectueux, avec le monde extérieur et sa vie d'avant. Alors ce n'est pas qu'une histoire de cœur qui se joue entre eux. Elle a dans la vie du Uchiha le même rôle que maintenant, à le soigner et à le remettre sur pied. Quelque part, elle se dit qu'il faut qu'ils fassent attention, tous les deux, à ne pas tout mélanger entre eux. A ne pas confondre gratitude et envie de le protéger à de l'amour. Ouais. Il faudra qu'ils fassent attention.

Mais pour l'heure, elle hoche la tête quand Itachi lui demande si elle peut lui apprendre quelques techniques ninjas.

“Oui bien sûr. Le clonage, c'est la base pour les aspirants ninjas. Tu as essayé de marcher sur les surfaces verticales ? Ou sur l'eau. C'est aussi des bases très utiles. Et … tu ét-es, super doué au lancer de kunai et de shuriken. Alors on pourra voir ça aussi. On fera tout ça demain. Tu seras certainement plus en forme, maintenant que ton corps aura moins à soigner.”

Ca c’est une chose dont elle est sûre et certaine sur son futur. Il va nettement mieux dormir (surtout qu’elle sera avec lui, ahah) et il va récupérer beaucoup plus rapidement maintenant. Physiquement. Ses souvenirs, c’est autre chose. Enfin pour le moment, Kaeru se concentre sur les soins qu’elle lui prodigue, pendant longtemps encore, s’appliquant à faire disparaître un maximum de cicatrices pour aujourd’hui. Même si plus elle avance, plus elle se dit qu’elle ne finira pas aujourd’hui, la jeune femme fait sa tête de mule, et continue, même si Itachi l’invite a arrêter, plusieurs fois, en voyant les signes de faiblesses apparaitre chez elle. Définitivement pas douée en ninjutsu médical. Sa marraine aurait fait ça en moitié moins de temps. Mais bon, c’est elle qui est là. La blanche se distrait en racontant des trucs sur sa vie à Itachi. Elle parle de ses parents excentriques. De sa meilleure amie tarée, et leurs deux petits canetons dont elle est super fière. Quand même rockstar pour l’une et frangin bras droit du kazekage pour l’autre. Si c’est pas la classe. Elle lui raconte la fois où Kyo avait failli se faire tuer par un taureau qui lui avait roulé plusieurs fois dessus (un rodéo en plein festival de musique et une Kyo alcoolisée et droguée, oui, ça donne ça) et qu’elle avait dû se transformer en vache pour draguer le taureau le temps que leurs deux comparses récupère la rouge piétinée mais hilare. La drogue, c'est moche. Elle lui explique qu’elle a Genbu, la tortue serpent noire tatouée sur la hanche, et que ses amis ont les trois autres animaux totems des orients tatoués sur leurs corps, symboles de leur gang de fous. Bref. Elle leur change les idées, elle de la fatigue et lui de son absence de souvenirs, jusqu’à ce qu’Itachi l’interrompt pour de bon dans ses soins. Sans appel cette fois. Puis le jeune homme lui propose qu’ils aillent se poser près du lac pour picniquer. (Et pas niquer tout court ok !! On se calme !)

Victuailles récupérés dans la cabanes d’Itachi, ils se retrouvent finalement devant le lac, et Kaeru reste un petit moment immobile, à regarder, tout simplement. Parce que l’un des trucs qu’elle aime faire dans la vie, c’est regarder. Et profiter. De tout. Même de la vue d’un petit lac près du petit village perdu et ignoré du monde des ninjas. Alors elle le fait. Avant qu’un ENOOOORME gargouillement absolument monstrueux ne résonne depuis son estomac. Kaeru écarquille ses yeux d’horreur en posant une main sur son bidon et en se tournant vers Itachi avant de se mettre à rire.

“Oouhaaaa ça creuse tellement les ninjutsu médicaux !! Mon dieu le monstre, ahah. Promis je fais pas des bruits assez affreux d’habitude.”

Il l’avait troublé, et même s’il avait envie de dire qu’il ne l’avait pas voulu, ça avait fait grossir un sentiment de fierté dans son esprit. Il était heureux de réussir à la troubler. Troubler un ange, ça avait de quoi faire gonfler l’égo. Lui, il ne pense pas à cette différence de protection et d’amour. Parce que la jeune femme n’avait pas pris en compte dans son esprit qu’elle n’était pas la première personne à vouloir le soigner et lui montrer un intérêt certain. La plupart des jolies filles du village avait voulu être à ses petits soins. Si Itachi la voulait auprès de lui, ce n’était même pas à cause de son savoir sur son passé… Il ne le savait même pas avant de vouloir la connaître. Il ne pouvait pas imaginer qu’elle allait le reconnaître. Il n’avait même pas imaginé sérieusement cette hypothèse. Alors que ça arrive, c’était merveilleux, d’une côté, et affreux, de l’autre… Mais pour lui, les sentiments qui l’habitent n’étaient pas parasiter par cette histoire de protection et de protégé. Il la voulait, elle. Il l’appréciait, elle. Il n’avait pas eu envie d’être proche ainsi de quelqu’un, et il ne parle pas que physiquement, depuis son réveil. Il était assez heureux que la jeune femme accepte de lui montrer des techniques. Pour le taijutsu, son corps s’était rapidement réhabituer à certains gestes. Même s’il n’avait lancé aucun kunaï pour le reste, il promit de faire comme il peut. Il la laisse finir de le soigner en silence, lui, parce qu’en réalité il l’écoute, et en réfléchissant à la marche à suivre. Plusieurs fois, il lui demande d’arrêter mais elle refuse, jusqu’à la fois de trop. Ce n’était pas quelques marques sur son corps qui auront été recollé à la colle à bois qui allait lui faire un changement. Ils finirent devant le lac, et Itachi en profite pour respirer l’air. Il avait aussi cette impression. De ne pas avoir respiré depuis des années. D’avoir retenu son souffle, ou ses pensées, ou même ses paroles. Qu’avait-il donc pu faire pour tuer une partie d’un groupe et simplement arrêter de parler par la suite ? Et même de respirer. Comme si chaque geste aurait été un signe de trahison supérieur. Ses pensées furent interrompues par la jeune femme alors qu’il lui lança un regard clairement inquiet.

- Je suis désolé, dit-il en préambule alors qu’il finit par mettre une nappe emprunté sur le sol pour en sortir la nourriture qu’il avait apporté.

Rien de bien folichon, des sandwichs de beurre, de jambons et de cornichon avec un peu de tomate. Quelque chose de très simples. Des ships. Une bouteille de soda, une bouteille d’eau ainsi que … pas de verre. Tant pis. Ce n’était pas comme s’ils allaient craindre la salive l’un de l’autre après leur baiser.

- Et puis, même ça, je l’ai trouvé mignon, avoue-t-il une fois qu’il eut fini alors qu’il lui tend le premier sandwich avec un large sourire. Je promet de faire des bruits bien moins mignon que toi.

Surtout quand il souffre. Surtout quand il souffre la nuit. Il avait l’impression d’être un moteur en train de se mettre en route avant que le cauchemar ne l’envoie sur les roses et le réveille dans une douloureuse et cuisante humiliation. Le traumatisme gagnait toutes les nuits dans ses songes. Et il ne savait même pas de quoi il avait si peur. Non. Pas peur. Quoi que la peur soit toujours là comme une vicieuse petite maladie, ce n’était pas de peur qu’était fait ses rêves, c’était d’emprisonnement. De suffocation. Le traumatisme, toutes les nuits, l’obligeait à mourir en suffoquant à mort. Ce qui n’était pas donc un rapport aux marques sur son corps.

- Je peux me coller à toi ? demanda-t-il encore pour être sûr d’en avoir le droit.

Si elle lui disait oui, il comptait se mettre derrière elle, collant le dos de la jeune femme à son buste pour poser la tête sur son épaule. Être proche d’elle, ça lui fait du bien. Parce que c’était elle. Et que c’était si bien. Et dans sa tête, quelque chose lui disait qu’il n’avait pas à rougir d’une pareille intimité. De base la jeune femme était venue pour faire l’amour avec lui. Donc il ne voyait pas pourquoi être gêné de la tendresse qui accompagne, forcément pour lui, un acte charnel. Surtout que là, il n'y avait aucune allusion sexuelle.

“Désolé de quoi ?”

La question est pure. Itachi s’excuse et Kaeru n’a aucune foutue idée de pourquoi il le fait. Elle le regarde, regarde autour d’eux, regarde aussi la nappe qu’il installe et la nourriture qu’il sort et … non. Rien. Zero. Aucune idée de pourquoi il vient de s’excuser auprès d’elle. Bah, tant pis. La jeune femme hausse les épaules et vient s’installer sur la nappe. Aucune envie de lui demander de justifier les raisons de son excuse et de les entraîner dans une mauvaise ambiance pour … sans doute pas grand chose. Alors au lieu de dire quelque chose, elle prend le sandwich qu’il lui tend.

“Et bien si mes bruits de dinosaures te plaisent … c’est mon seul défaut, héhé.”

Elle plaisante, lui embrasse la joue.

“Tu peux faire tous les bruits que tu veux avec moi. Ça ne me dérange clairement pas. J’ai l’habitude de fréquenter des gens bruyants en plus.”

En plus. Les trois autres loustics de leur quatuor étrange étaient bruyants individuellement, mais ensemble, c’était cacophonique. Bref. Itachi lui demande l’autorisation de se coller à elle, et bien entendu, la jeune femme le laisse faire. Elle se demande s’il y a vraiment des gens qui renonceraient à ce genre de câlin. Se caler dos à quelqu’un qui nous prend dans ses bras. Enfin quelqu’un qu’on apprécie, hein, sinon c’est facile de dire oui, ahah. Mais être là, c’est doux, calme, chaud. Kaeru lève une main pour poker la joue du jeune homme une fois qu’il pose son menton sur son épaule.

“Ça va ? Je suis confortable ?”

Elle le charrie d'une voix toute douce et réitère le même geste que quelque minute plus tôt, en tournant brièvement la tête pour déposer un baiser sur sa joue. Une plaisanterie, un geste tendre. C’est le modèle habituel de Kaeru. Sans quoi elle serait sans doute mal à l’aise à faire des plaisanteries avec les autres, même si elles ne sont pas dirigées contre eux. Quand on dit qu’elle est trop gentille, Kaeru, elle est VRAIMENT trop gentille. Enfin sauf avec quelques élus qu’elle n’hésite pas à tacler nettement plus violemment … mais qui ont souvent droit à un câlin ou à un bisou après quand même, héhé. Même si meilleurs amis, elle a toujours un peu la trouille de les blesser. Bref. La jeune femme gigote un peu pour s’installer encore plus confortablement contre Itachi et commence à manger son sandwich en regardant le petit lac devant eux et le soleil qui descend tranquillement sur l’horizon.

“C’est joli. C’est chouette comme endroit. Je comprends que les villageois se contentent de rester ici sans s’intéresser aux affaires du monde.”

Elle commente doucement, l’orange de soleil couchant se reflétant avec un fort contraste dans ses yeux bleus. Elle parle des villageois dans la forme, mais elle parle d’Itachi dans le fond. Elle fronce un tout petit peu les sourcils, à peine, parce que le double-sens qu’elle entend dans ses propres paroles ne lui plait pas. Elle veut lui laisser du temps. Elle veut le laisser tranquille pour au moins le reste de la journée avant de retomber dans les horribles choix qu’il va devoir faire très bientôt. Alors elle change tout de suite de sujet.

“Tu crois que grand-mère Yu et les autres habitantEs du village vont me laisser faire ? Leur gâcher toutes leurs chances avec toi ? Ou je dois m’attendre à des représailles ?”

C’est une vraie question autant qu’une blague. Est-ce que les villageoises ne risquent pas de râler de sa présence ici ? C’est un vrai risque, quand un homme comme Itachi tombe du ciel (ou sort des eaux) et qu’on est une jeune femme dans un village paumé … y a de quoi mal le prendre qu’une étrangère à forte poitrine débarque pour le voler sous leur nez. Kaeru mêle ses doigts à ceux du brun posés sur sa taille, et sourit en coin en grignotant son sandwich.

“Si j’dois me battre pour toi, ça me va. Ça peut être amusant.”

- Je ne sais pas avoue-t-il.

Il s’excuse d’être lui. D’être un boulet dans cette histoire. De ne pas être totalement comme il faut. Il s’excuse de faire de la merde. Il s’excuse de ce qu’il a fait. Bref, il s’excuse pour un peu tout et rien. Il s’excuse pour ce qu’il peut, parce qu’il ne voit pas comment il ne pourrait pas s’excuser sur tout ça. Il s’excuserait même d’être lui, s’il ne savait pas déjà qu’elle n’apprécierait la phrase. Il préfère, lui aussi, s’occuper de quelque chose de plus simple.

- Je crois que j’aimais les dinosaures, quand j’étais petit.

C’était flou, mais il se souvient d’une peluche verte. Il se souvient d’une peluche verte qu’il aimait bien jouer avec. Une autre coloré, peut-être. Il devait aimer les dinosaures pour se souvenir d’une peluche comme ça, non ? Il réfléchit. Il finit par secouer la tête. Il ne se souvient pas, tant pis. Il se cale un peu mieux contre elle et il fait un oui de la tête quand elle lui demande si elle est confortable. Ouais. Très. C’est chaud et calme. Il aime bien cette sensation. Il hoche alors simplement la tête et s’approche à nouveau d’elle, se colle à elle, comme si ça pouvait effacer toutes les peines. Il l’écoute et frisonne en regardant le spectacle de la nature. Ouais. Lui aussi il comprend qu’on veuille oublier le monde alentour et ne penser qu’à soi quand on est dans ce genre de lieu. La question suivante lui tire un sourire. Il ne sait pas mais …

- Elles n’ont jamais eu aucune chance. Si elles m’ont fait réaliser que j’étais maintenant « vierge », il y a qu’avec toi que j’ai ressenti une … connexion, pour avoir envie de ne plus l’être. Et je pense qu’elles le savent.

Il n’a pas été trouvé depuis très très longtemps … mais assez pour savoir que s’il y avait dû y avoir une romance avec l’une d’elle, il l’aurait fait. Il l’aurait fait et elle ne serait pas là. Donc personne à craindre, tout le monde peut admettre que la jeune femme avait gagné haut la main et sans la moindre concurrence. Un peu comme une Miss Univers qui viendrait participer à un concours de beauté dans une province reculé. La même chose. Y avait pas de comparaison et la gagnante était évidente à la présentation des candidates. Il la resserre contre lui et cache sa tête dans son cou.

- Que tu combattes pour moi et que tu me protèges, c’est vraiment le rêve que tout homme devrait avoir. Je te remercie. Et saches que je me battrais pour toi aussi. Surtout une fois que j’aurais toutes mes capacités. Je ne laisserais personne ne te prendre loin de moi.

Même s’il ne savait pas du tout à quel point il pouvait être puissant. Cela il l’ignore. Il se dit simplement qu’il ne la laisserait pas à grand monde… personne … lui prendre la jeune femme. Mais … est-ce qu’il peut avoir ce genre de désir ? Peut-il vraiment vouloir la jeune femme, alors qu’elle sera alors la copine d’un psychopathe ?

- J’espère être assez bon pour te laisser partir si tu le désires en revanche. Tu penses que je suis le genre de personne possessif malsain ? Non. Pas malsaine, tu ne resterais pas avec moi dans ce cas là, n’est-ce pas ? C’est compliqué. Mais en tout cas, je me battrais contre tout le monde, même ton gros crapaud. Voilà.

Ouais, il s’était un peu mélangé en parlant. Mais il espérait que tout serait compris, et il se mit à faire des bisous sur sa joue pour la faire sourire, et faire comprendre qu’il n’était pas malsain. Pas qu’il pense. Que c’était compliqué tout ça. En tout cas, il se sentait tout à fait à l’aise avec la jeune femme, et très heureux, alors il en profitait. Adviendra que pourra, tout à l’heure. Plus tard.

“Ouaaiiiiiis. Je t'ai que pour moi alors.”

Qu’elle chantonne d'une voix un peu enfantine, mais surtout très malicieuse et satisfaite. Elle gigote un peu dans ses bras, et continue de manger dans le calme. En plaisantant à propos de lui ou elle devant se battre pour garder l'autre. Lui, en pleine possession de ces capacités, n'aura pas trop de mal à la garder et à la protéger, haha.

“Heee. Laisse mon gros crapaud tranquille. C’est mon deuxième papounet.”

Kaeru pose son nez contre la joue du jeune homme et le frotte doucement contre sa peau.

“Je ne sais pas si tu es du genre possessif. Mais ça ne me dérangerait pas que tu le sois. Parce que si je suis avec toi, je suis avec toi. Point. Il n’y a pas un homme qui t’arriverait à la cheville. Il n’y en a déjà pas beaucoup qui t’arrivent à la cheville.”

Elle pouffe doucement, embrasse sa joue et revient sur son sandwich. C’est clair que dans le genre … mmmmh. Qu’elle réfléchisse. A sa connaissance … Et bien en dehors de son petit frère, d’éventuellement quelques membres de l’Akatsuki (enfin pour ceux qui restent, elle est pas tout à fait au courant de tout, mais il n’y en reste pas beaucoup de ce qu’elle sait …), peut-être le Raikage, le Tsuchikage, son propre père, et … mmh. Voilà. Sans doute Naruto quand il aura un peu plus grandi. Oui. Mais en dehors d’eux … restent éventuellement Hatake et Maito. Kyoko, certainement. Des personnes qu’elle connait, voilà la liste exhaustive de ceux qui pourraient, ÉVENTUELLEMENT rivaliser avec le Uchiha. Et mise à part son père et Kyo, elle ne voit personne qui irait se battre contre lui pour la récupérer. Et encore. Il leur faudrait une très bonne raison de le faire, si elle-même veut rester avec Itachi … Bref.

La jeune femme ne tient pas à s’alourdir sur le sujet de la puissance du Uchiha. Pas que le sujet lui déplaise, mais … et bien ça veut forcément dire parler des choses dont il ne se souvient pas. Alors ce n’est pas agréable pour lui, en plus d’être un rappel constant de son amnésie, c’est aussi un rappel de son sombre passé. même s’il doit y penser, très, très, très, souvent. Même sans cela. Alors au lieu de ça, elle lui parle d’autre chose. Du sud du pays de la foudre, de la jungle et des îles. L’un de ses coins préférés en ce monde. Et pas uniquement pour les hommes, héhé. Il y a aussi les fruits exotiques, le rhum, la salsa. Elle affirme que si être de gentils pirates était possible, c’est sans doute la voie qu’elle et ses amis auraient empruntés. Mais bon. Mis à part être des pirates chassant d’autres pirates … Il n’y avait pas forcément beaucoup d’alternatives, haha. Et puis bon, sur quatre moussaillons, l’une étant une rockeuse et l’autre le frère de kazekage, … et bah ils avaient autre chose à faire. Donc pas de remake étrange (et lubrique) de one piece à l’horizon. Bref, elle lui raconte tout ça pendant qu’il mange. pour occuper son cerveau à autre chose qu’à son passé inconnu. Glissant pas mal d’évocations et double-sens salaces pour être certaine d’avoir bien toute son attention et qu’il puisse reposer un peu son esprit dans ses histoires.

Ils terminent de manger et le soleil s’est déjà couché. Ce sont les étoiles qui brillent dans le ciel maintenant, et Kaeru pousse doucement Itachi à se coucher, pour venir se réfugier contre lui et puis … lui faire un cours sur l’astronomie maintenant. Et puis l’astrologie.

“Là c’est la constellation de la vierge, la tienne. Et tout là-bas, il y a la mienne qui disparaît, celle des gémeaux. Et … je ne sais absolument pas quelle est la compatibilité amoureuse des vierge et des gémeaux, haha. Mais tu es un signe de terre, et moi un signe d’air. Donc tu devrais pouvoir m’aider à garder un peu les pieds sur terre. Et moi je devrais pouvoir t’aider à te libérer un peu de ton fantastique esprit.”

Elle ne dit pas ça juste parce qu’il est vierge, mais parce qu’il est lui. Tout le monde sait, sans vraiment le savoir certes, combien l’esprit d’Itachi Uchiha est différent de celui des autres. Kaeru se redresse sur un coude pour pouvoir se pencher sur le brun et elle caresse ses traits du bout des doigts, admirant les ombres sur son visage créées par la lueur des étoiles. Puis elle dépose un baiser sur ses lèvres avant que les siennes ne s'étirent dans un sourire malicieux.

“On dort ici ou on retourne chez toi ?”

- Rien que pour toi, ma douce. Toujours rien que pour toi, qu’il répond en chantonnant de la même manière qu’elle avant de s’arrêter avec sérieux, ton gros crapaud à tout de même menacer de me tuer, tu t’en souviens ?

Il rit un peu, contre son cou. Il rit et il se demande si la jeune femme sait ce qu’il se passe en lui, pendant qu’il était en train de la câliner ainsi. Est-ce qu’elle sait ce qu’il se passe ? Ou même ses pensées si douces et incroyables qui gonflent son cœur de plein de sentiment positif. C’était bon. Naturel. Si doux. Il adorait ça.

- Je ne sais pas si j’étais le genre possessif… Mais maintenant, je le suis. Il l’affirme avec douceur. Je suis possessif avec toi. J’ai envie de te garder dans mes bras jusqu’à la fin des temps.

Il frisonne à l’idée d’être toujours avec la jeune femme. Pas de peur. Il frisonne de bien être. Il frissonne d’amour. De besoin. Mais pas un besoin physique. Il frissonne d’un besoin émotionnel profond. Comme s’il n’avait plus été aimé depuis des millénaires. Il avait l’impression que la jeune femme était la première personne à l’embrasser, à le toucher délicatement, à l’aimer un peu, depuis des années. Il ne se souvient pas. Il ne se souvient de rien. Il n’a aucun souvenir. Mais son corps se souvient qu’il n’avait jamais eu ça. Il se souvient…. Il se dit qu’il n’avait jamais connu ça, et sa pression se resserre autour d’elle.

Il l’écoute parler. Il aime sa voix. Il aime ce qu’elle dit. Il aime l’écouter et ça le détends. Il ne pense plus qu’à eux alors qu’ils discutent. Mais plus elle que lui. Parce qu’il n’a rien à dire. Parce qu’il ne veut rien dire. Parce qu’il aime vraiment biiien biiiien l’écouter. Il adore l’écouter parler. Il adore ça. (Ouais c’est passer d’aimer à adorer, y a quoi ?). Il répond à ses intonations sexuelles par une caresse sur son bras. Il ne répond qu’ainsi avec douceur et amour. Il caresse cette peau pour dire qu’il l’écoute, le comprend et qu’il était toujours totalement et complètement attentif au moindre de ses mots. Il finit sur le sol. Et se laisse faire. Continue de caresser son bras à intervalle différent. La jeune femme pouvait clairement voir la différence de caresse quand il répond à une phrase un peu intime et quand il voulait simplement lui donner du réconfort. Il la tient ainsi, et il est si heureux de pouvoir sentir quelque chose comme ça. De si nouveau.

- Je suis vierge ? (et oui, il a compris que la jeune femme parlait du signe astrologique), je ne savais pas. Je suis content alors si on est compatible. Et d’ailleurs, si nous ne le sommes pas, je ne préfère pas le savoir !

Il la tient un peu plus fort et il l’embrasse doucement sur la tempe. Il apprécie ce moment avec elle. Il se pose la question aussi pour ce qu’ils allaient faire ensuite. Il relève les yeux avec un sourire tout mignon. Il se relève, enlève sa petite veste, la pose sur le corps de la jeune femme avant de faire un sourire.

- On dort ici, si tu n’a pas trop froid. La seule chose qui m’intéresse c’est que tu ailles bien.

Et il se met à faire des petits bisous sur le visage de la jeune femme. Il embrasse la jeune femme et ils finirent par parler encore. Ils parlèrent de tout et de rien. Ils parlèrent jusqu’à l’épuisement. Ils s’endorment en même temps. Ils s’endorment en couple, ensemble, et il dort bien pour la première fois depuis des années. Il se sent bien là. Il se réveille le lendemain alors que les oiseaux gazouillent. Il relève les yeux. Il la trouve elle. Dans ses bras. Et il se penche pour embrasser son front. Il se sent heureux avec elle. Et ça lui fait un peu peur, mais il n’avait aucune envie de changer cette situation.

- Bonjour, ma douce. Tu as bien dormi ? Tu as fait de beaux rêves ?