Ils avaient toute la nuit… Seth l’eut cru jusqu’au moment où la jeune femme évoqua la visite des trois hommes dans l’appartement à l’accent slave. La pièce principale devint soudainement silencieuse, et en un regard, Thomas comprit que leur mission venait de prendre un tournant. Ils pensaient les deux russes de retour dans leur pays. Ils s’étaient apparemment fourvoyés, et ils n’étaient pas revenus seuls sur le territoire. Leur visite inopinée n’était anodine et l’appartement était sûrement sous écoute, alors les échanges silencieux furent de rigueur jusqu’à ce qu’ils quittent l’endroit pour rejoindre un appartement moins spacieux mis à disposition par la CIA dans les cas d’urgence. C’était le cas ce soir. Seth aurait pu se mettre au travail dès maintenant, mais il avait besoin également de dormir pour avoir les idées claires. Il venait de rentrer de quatre jours à Baltimore, aux nuits courtes en raison des derniers évènements. Il avait besoin de repos. Il rejoignit donc la belle blonde dans la chambre, prit place sur le lit et fit signe à Abigail de le rejoindre. Un froncement de sourcils à sa question, suivit rapidement d’un signe négatif de la tête, et d’un « Non » et ajouta « Tu n’es pas un agent, tu ne pouvais pas savoir. On n’aurait pas dû s’absenter ». Ils étaient les seuls responsables. Il se redressa sur ses jambes, la dominant par sa taille. Il était si désolé de l’entrainer dans tous ces tourments. Abigail n’avait pas signé pour cela en tombant amoureuse de lui. Il déposa ses lèvres sur son front pour unique réponse.

Son regard sur Abigail, il posa sa main sur sa joue « Je suis là ». Comme si en entendant ces trois petits mots, il allait parvenir à la rassurer. C’était un peu naïf de penser cela. Son autre main se glissa sur sa joue, entourant ainsi son visage « Arrête ! Tu n’as rien fait de mal, tu n’es pas un agent, tu n’as pas suivi le moindre entrainement et ce n’est pas comme une MST, ça ne se file pas en tirant un coup » et esquissa un petit sourire en coin, puis se rapprocher pour l’embrasser, avant de reprendre son sérieux « Tout ce qui m’importe pour le moment, c’est que tu sois en sécurité, parce que s’il venait à t’arriver quelque chose… » et la serra dans ses bras « Je te promets une vie plus calme après tout ça. Une vie où tu seras en sécurité, en paix, sans Épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Une vie où on sera heureux ensemble » et se recula pour croiser ses prunelles claires « Je ne promets jamais rien, mais ça, je t’en fais la promesse ». Même s’il savait qu’une issue funeste pouvait l’attendre à l’issue de cette mission. Cela faisait deux fois qu’il échappait de peu à la mort. Il ne pourrait pas la défier éternellement. Tôt ou tard, elle viendrait récupérer son dû. Il espérait seulement que ça serait lorsqu’il aurait plus de quatre-vingt dix ans, et qu’il aurait vécu chaque jour aux côtés d’Abigail, à s’aimer, se disputer, se détester, à faire l’amour pour se réconcilier, à danser dans le salon ensemble…

Lorsque Seth se redressa sur ses jambes, Abby cru qu’il voulait s’éloigner d’elle. Il avait beau dire que ce n’était pas sa faute, elle avait bien du mal à le croire. Déjà elle n’aurait pas du faire rentrer ces types dans l’appartement. Même si elle s’estimait heureuse d’être sortie de là sans souci. Qu’aurait-elle pu faire face à eux si jamais ils avaient décidé de lui faire du mal ? Elle ferma les paupières en sentant ses lèvres sur son front. Techniquement, elle était sécurité avec deux agents de la CIA, même si Tom n’était pas encore un agent confirmé. Il avait téléphoné, la CIA était au courant. Ce n’était pas comme si elle était seule au milieu de tout ça. « -je sais… » bien sur qu’il savait qu’il était là, ça ne l’empêchait pas d’avoir peur. Pour elle, mais aussi et surtout pour lui. Ça se voyait dans la plus part des films, quand il y avait une femme et des sentiments, le type perdait sa capacité à réfléchir clairement. Elle avait clairement comprit qu’il craignait pour sa sécurité.

Assise sur le lit, elle se sentait toute petite. Toute petite et insignifiante. Que pouvait-elle faire mise à part stopper les tremblements de ses mains ?! Il lui tira un sourire avec sa réflexion. Du grand Seth. Elle adorait son franc parlé. « -ba pour une fois ça aurait été sympa ! » si c’était possible de faire comme dans matrix, de pouvoir apprendre l’art de la défense en quelques minutes… mais elle était totalement impuissante. Sa seule capacité était de parler russe. Et de savoir craquer de codes informatiques. « -il m’arrivera rien… » souffla la jeune femme en cherchant à le rassurer pour qu’il garde la tête froide. « -Seth… » souffla la jeune femme comme pour lui dire de ne pas prononcer ces mots et surtout de ne pas faire de promesse. Même si elle adorait ce qu’il était en train de lui dire. « -tu aimerais vivre où ? » demanda la jeune femme avec tendresse, voulant penser à autre chose quelques minutes. Elle voulait connaitre son petit coin de paradis idéal, pour pouvoir se l’imaginer, se projeter et s’accrocher à quelque chose.

Deux jours plus tard, elle avait des cernes sous les yeux. Abby dormait très mal. Elle tournait dans l’appartement comme un lion en cage. Elle avait prit un congé pour le travail. Elle ne parvenait pas à se poser trois secondes pour lire ou se changer les idées. A chaque fois que les garçons sortaient, elle mourrait de trouille. Ce soir, c’était encore différent. Tom avait proposé de se rendre à la coloc. Il devait aider Kim avec ses affaires, et Abby sauta sur l’occasion. Elle voulait sortir d’ici. « -je serais avec Tom. Tout se passera bien. » supplia la jeune femme à l’encontre de Seth qui ne semblait pas vouloir dire oui à ce plan.

Peu importe les paroles rassurantes qu’il pourrait prononcer, il sentait bien qu’Abigail était terrorisée face à la tournure que prenait la situation. Intérieurement, lui aussi avait peur. Peur de la perdre elle. Peur de devoir mourir pour accomplir sa mission et la laisser seule avec ses yeux pour pleurer un homme qu’elle n’aurait aimé que quelques mois. Elle s’en voulait d’avoir accueilli ces hommes chez eux, mais le trentenaire lui rappela à son bon souvenir qu’elle n’était pas agent et se mit à sourire en coin « D’avoir une MST ou d’apprendre à devenir un agent aussi rapidement ? ». La voir sourire à sa remarque était une petite victoire pour l’agent de terrain qui savait d’ores et déjà que les jours à venir seraient bien sombres. Il serra la mâchoire en entendant les mots qui suivirent. Il n’allait rien lui arriver. Pourtant, il était terrorisé à l’idée de la perdre. Il l’aimait à en mourir, et l’avoir ainsi à ses côtés était aussi rassurant que perturbant. Il n’avait pas les idées claires. Son cœur rappelait à son esprit que les enjeux étaient importants, qu’il ne survivrait pas à la perte de la jeune femme, et son esprit écoutait, et se laissait embrumer par ces pensées, par ces craintes. Alors il lui promis qu’ils vivraient heureux ensemble à l’issue de cette mission. Un regard pour Abigail « Juste une fois… » et sourit en l’entendant prononcer sa question « Si le monde entier nous ait offert, alors j’aimerais être sur une plage à Bali, loin du monde, seulement avec toi » et lui sourit avec douceur « Et toi ? ». Parce qu’en cet instant, tout était possible. Ils pouvaient espérer. Demain serait un autre jour…

Les deux jours qui suivirent furent synonyme d’insomnie pour le trentenaire qui ne ferma pratiquement pas les yeux de la nuit. Malgré tout, il tentait de verrouiller son esprit sur la mission. Plus d’une fois, il s’absenta en compagnie de Thomas, arpentant les endroits stratégiques repérés par la CIA, mais c’était un coup d’épée dans l’eau à chaque tentative de les retrouver et de les neutraliser. Puis il y avait eu cette idée saugrenue de la part de Tom et Abby. Il n’avait pas besoin de dire à voix haute ce qu’il pensait de ce plan foireux, mais son regard et son langage corporel parlait pour lui. Les bras croisés, il posa un regard peu convaincu par la jeune femme « Rien ne se passe bien dans ce genre de situation Abby ! Et s’ils sont là-haut ? C’est comme si tu acceptais que j’aille me jeter dans la gueule du loup sans rien dire. Tu n’es pas n’importe qui Abby ! Je… » et poussa un soupir « Peu importe ce que je peux dire de toute manière, tu iras » et pointa son doigt en direction de Tom « Vous allez vite ! Et s’il lui arrive quelque chose… » « Calme-toi, tout ira bien » « Oui, on m’a dit pareil à Kandahar, au Yémen et dernièrement en Irak… J’ai failli crever à chaque fois ! », puis posa son regard sur Abigail, l’attirant à lui et l’embrassa avec amour, comme s’il sentait son instinct lui crier de la retenir à lui, et souffla « Vous avez cinq minutes » et resta en bas, à surveiller les allées et venues des passants, jusqu’à ce que la déflagration l’éjecte quelques mètres plus loin, laissant les débris de l’immeuble qui venait d’exploser le recouvrir entièrement.

Allongé au milieu des débris, le trentenaire se redressa lentement après quelques minutes. Ses oreilles sifflés, les alarmes des voitures à proximités résonnaient dans toute la rue. Sa main dans sa nuque en sang, il parvint à prendre appui sur ses jambes et posa son regard sur l’immeuble en feu, et cria un « Abby ! » venant du cœur, et se précipita jusqu’à la bâtisse, peu importe ses blessures. Il ignora la foule qui venait de s’accumuler soudainement autour de l’immeuble, et ne vit pas les russes à proximité s’éloignaient du lieu de l’explosion, laissant l’agent de terrain monter les marches en toute hâte et chercher parmi les débris, son ami et la femme qu’il aimait.

« -la MST bien sûr ! » ironisa Abby avant de lui adresser un sourire qui voulait dire merci. Merci pour ce trait d’humour, de parvenir à la faire sourire malgré le stress et l’angoisse. « -sers pas la mâchoire comme ça… » ajouta Abby. « -je sais parfaitement que tu t’inquiètes. Mais je ne suis pas toute seule. » elle sourit taquine : « -avec Tom je ne crains rien et tu le sais. » elle se pinça les lèvres en souriant. Il lui fit une promesse, et elle l’accepta. Parce qu’elle aimait ces mots, elle aimait entendre le fait qu’il voulait vieillir avec elle. Alors pour pousser les choses plus loin, encrer cela dans sa tête, elle demanda où il souhaitait vivre. Elle rit : « -Bali ?! Tu veux seulement me voir en maillot et étaler de la crème solaire sur ma peau ? » elle ne se moquait pas, il n’avait pas tout à fait comprit ce qu’elle demandait. « -je te demande pas où tu voudrais être là tout de suite. » elle se leva pour s’approcher de lui. « -parce que crois moi, là tout de suite, la plage à Bali, j’en ai très envie aussi. » elle caressa sa joue mal rasée. « -je… je voulais savoir où tu voudrais vivre… où tu imagines notre vie future. » elle pencha la tête avant d’ajouter : « -ici à New York ? Moi j’aime beaucoup les grands lacs… et je crois que… je sais pas après tout ça, une zone reculée sans personne autour m’ira très bien ! » un léger rire nerveux. Elle avait besoin qu’il réponde pour se projeter, pour garder espoir aussi que tout irait mieux dans quelques temps.

Abby s’était approchée de Seth, posant ses deux mains sur son torse : « -je sais Seth… je sais tout ça. Mais on peut pas vivre comme des rats pendant encore deux ans ! » elle pencha légèrement la tête : « -juste quelques affaires et puis ceux de Kim. » Ce n’était pas une décision prise à la légère. Ce n’était pas non plus un caprice de gamine. « -oui mais toi t’es une tête de con, forcement tout le monde à envie d’avoir ta peau. » avait ajouta la jeune femme avec un léger sourire en coin. Elle lui rendit son baiser avec amour. « -je t’aime. Et je suis de retour dans dix minutes. » il hurla qu’ils en avaient cinq.

Avec Tom ils étaient montés à l’étage le plus rapidement possible. Le plus discrètement possible aussi. Tom lui demanda de rester sur le seuil alors qu’il faisait le tour de l’appartement. « -Seth m’a demandé de te protéger, je n’ai aucune envie que ça soit lui qui me butte. » Abby avait sourit malgré le stress. Tom était entré dans l’appartement. Une main s’était posée sur le visage d’Abby, alors qu’un bras puissant l’avait ceinturé. Quelques secondes plus tard, elle tournait de l’eau sans doute à cause du produit qui se trouvait sur le mouchoir devant son nez. Elle se réveilla dans un espace minuscule. Dans le noir également. Un énorme morceau de scotch était coller sur sa bouche. Elle suffoqua quelques instants avant de chercher à se calmer. Il faisait noir ! Mais ce n’était surtout pas le moment de paniquer. Sinon elle allait y passer. Elle s’accrocha à Seth. Elle pensa très fort à lui, se forçant à se rappeler de chaque trait de son visage. Ainsi elle évitait de penser à l’espace dans lequel elle était. La plage à Bali, Seth en maillot de bain, qui sort mouillé de l'eau... son sourire...

Un sourire alors qu’il la couvait tendrement du regard en cet instant. Même dans les situations les plus difficiles, ils parvenaient à faire un trait d’humour, à s’enfermer dans une petite bulle aseptisé l’espace de quelques instants. Cela ne l’empêcha pas, pour autant, de serrer la mâchoire peu de temps après, fixant un point invisible au-dessus de la tête d’Abigail, avant qu’il ne baisse son regard sur elle, alors que cette dernière tentait de le rassurer à son tour, juste avant d’évoquer Tom « Très drôle ! ». Il considérait qu’elle était plus en sécurité avec lui qu’avec l’analyste qui découvrait seulement le terrain, et ajouta « Je m’inquiète parce que je t’aime et que tu n’aurais pas dû te retrouver dans cette situation ». Et ça l’irritait au plus haut point de la mettre en danger de la sorte. Un soupir, puis il lui fit la promesse d’un jour meilleur après toute cette histoire. Une vie à deux paisible, à l’autre bout du monde. Il aima son rire, et l’imita rapidement après « Pourquoi j’aurais choisi Bali sinon ?! » et c’était vrai. Il aimait l’idée de la voir en bikini toute la journée et la peinturer de crème solaire. Il l’observa se rapprocher de lui, et pencha légèrement la tête en sentant sa main sur sa joue « Je dirais un chalet au milieu des bois, loin de tout et de tout le monde. On aurait un lac et un ponton pour s’y rendre. Une petite barque lorsqu’on aurait envie de pêcher ou de seulement s’y reposer… On aurait une cheminée pour les sois d’hiver ». Oui, il n’avait aucun mal à se projeter dans ce genre de vie calme et sereine. A l’abri de tout et de tout le monde.

Mais deux jours plus tard, Seth craignait que ce projet-là ne se réalise jamais alors qu’elle avait décidé d’accompagner Thomas à l’appartement pour récupérer quelques effets personnels pour elle et Kim « Je te demande seulement de patienter le temps que tout ça se tasse et qu’on les attrape… » et poussa un soupir « C’est matériel, ça n’a aucune importance… ». Pourquoi vouloir à tout prix grimper dans cet immeuble ?! Il lui lança un regard noir en entendant son argument, et finit par se détendre légèrement « Et ils n’hésiteront pas à s’en prendre à toi pour s’en prendre à moi ». Parce qu’elle était son point fort autant que son point faible. Il déposa ses lèvres sur les siennes et souffla un « Je t’aime aussi » avant de la reprendre sur le temps qu’il leur octroyait.

Puis cette déflagration le projeta quelques mètres plus loin. Ses tympans sifflés et il parvenait difficilement à avancer parmi les débris alors qu’il criait le nom d’Abby. Son cœur battait à tout rompt, l’estomac dans un étau, il éprouvait une peur indéfinissable en cet instant à la seule pensée qu’elle avait péri dans l’explosion. Il gravit les marches en continuant de les appeler tour à tour. Son regard s’attarda sur une chaussure, et son cœur rata un battement. Il puisa dans le reste de ses forces pour soulever les morceaux de béton, découvrant ainsi le corps de son ami, Tom… Il posa ses doigts sur ses paupières pour les fermer à tout jamais. Accroupi à ses côtés, il ferma les yeux quelques secondes, serrant la main encore tiède de ce dernier qui venait de périr. Il finit par se redresser, partant à la recherche d’Abby. S’il avait eu peur en entrant dans l’immeuble, il éprouvait bien pire en cet instant. L’idée même qu’elle puisse être morte elle aussi… Non, ce n’était pas possible. Il fouilla donc chaque m² de cet endroit, jusqu’à l’arrivée de la police sur les lieux. Sans un mot, il quitta donc l’endroit et se saisit de son portable pour appeler son chef à la CIA. Il devait retrouver à tout prix Abby.

« -tu trouves ça drôle ! » affirma la jolie blonde en souriant. « -j’ai vu le coin de tes lèvres frémir… oh c’était léger mais c’était bien là ! » elle avait besoin d’un peu de légèreté. Pour mieux vivre ce moment d’angoisse et de doutes. « -je comprends, sauf que maintenant j’y suis et… » elle remonta ses épaules à ses oreilles : « -sauf que j’avais pas cette vie, tu aurais le cœur brisé. Ça voudrait dire que je t’aurais jeté ou que je n’avais pas de sentiments pour toi. Alors tu sais quoi, je choisi les emmerdes avec toi. » ça sonnait presque comme des vœux de mariages à ses oreilles. Elle lui demanda où il souhaitait qu’ils vivent. Elle rit pour Bali. « -je sais pas, le sable qui gratte dans le maillot. » s’amusa Abby. Elle lui expliqua ce qu’il n’avait pas saisit avant de sourire avec douceur. « -et un tapis super moelleux juste devant. Sans parlé de la vue sur la vallée. » elle se l’imaginait sans le moindre problème et elle avoua : « -c’est amusant… qu’on soit raccord là-dessus… » soit ils étaient vraiment bien assorti, soit elle avait peut-être trop vu de films d’espionnage. Mais elle aimait cette idée de vivre loin de tout.
Deux jours plus tard… « -j’en suis consciente Seth. Et on en a déjà parlé. Je sais quoi faire dans les grande lignes. » elle l’embrassa. « -ça n’arrivera pas. »

Flash Back :

Allongée à côté de lui, le regard fixé au plafond, Abby ne parvenait pas à dormir. Seth non plus. Elle en était certaine. Alors elle avait déclaré à voix basse : « -je sais qu’on a dit que ça n’arriverait pas. » enfin qu’elle avait dit. Seth n’était pas aussi confiant. « -mais si jamais il m’arrive un truc. Si je prends pas une balle tout de suite, je fais quoi ? » elle se tourna vers lui : « -je sais, tu ne veux pas y penser. Sauf que… sauf que si jamais vous merder. Enfin Tom merde surtout, on est d’accord que ça viendra de lui hein… » elle parlait beaucoup et assez vite. « -je veux pouvoir survivre et gagner du temps. Pour que tu en ai justement pour venir me chercher et tuer tous les méchants russes. » elle avait sourit et ses yeux avaient supplié Seth de lui dire ce qu’elle devait faire.

Fin du Flash

Sauf que c’était arrivée. Elle s’était fait enlevée. Elle n’avait rien capté. Même pas vu l’explosion. Abby prit conscience des chose lorsqu’elle ouvrit les yeux, muselée, à l’étroit, totalement dans le noir. L’obscurité… rien que ça, elle était déjà terrifiée. Mais Abby prit sur elle, vraiment, pensant à Seth. D’abord sur cette plage à Bali, puis torse nu en maillot de bain, sortant de l’eau. Elle tenta de contrôler sa respiration. Elle allait suffoquer sinon. Il y avait une odeur étrange. De l’huile… non de l’essence… Elle chercha dans son esprit les conseils que lui avait donné Seth. Faire attention à l’environnement. Elle était… elle était dans le coffre d’une voiture. Combien de temps avaient ils roulé ? Combien étaient-ils? Que voulaient ils surtout ?!

Aux mots de la jeune femme, Seth laissa ses lèvres s’étirer dans un sourire et ça lui fit le plus grand bien. Il avait besoin de quelques secondes hors du temps avec Abigail, parce qu’aucun d’eux ne savait de quoi serait fait demain. Avec le temps, le trentenaire était devenu pessimiste quant à l’idée de vieillir sur cette terre. Il n’était pas encore certain de parvenir à conclure cette mission. Donc il accepta ce petit moment hors du temps que lui octroya Abigail, même s’il s’en voulait de lui faire endurer un tel quotidien. Il la regarda avec amour en cet instant, en entendant les paroles rassurantes de cette dernière, et souffla un « Je suis fou de toi », parce que c’était bel et bien le cas. Il n’avait jamais aimé une personne aussi fort auparavant, et ce qui faisait que l’idée même de la perdre ou de la laisser le terrorisait au plus haut point. Donc pour ne pas y penser davantage, ils s’imaginèrent dans un autre pays et sourit « Tu as raison. Pas de maillot de bain alors. Nue » répliqua-t-il en laissant glisser son regard sur le corps de cette dernière. Mais Abigail parlait d’un futur tous les deux, dans un endroit à leur image. Elle évoqua un lac ou un étang, il renchérit en envisageant un chalet au bord de l’eau, éloigné de toute civilisation, paisible et sans bruit « Sur lequel on ferait l’amour » et acquiesça d’un signe de tête « Nous ne sommes pas si différent finalement ». Mais lorsque la déflagration le sonna, Seth eut la sensation que tout cela risquait de devenir utopique… Elle lui avait dit que ça n’arriverait pas, il lui avait répondu « Nous ne sommes jamais sûr de rien », parce qu’il sentait au fond de ses entrailles que tout pouvait arriver, et la vie lui donna raison.

FLASH-BACK

Seth ne parvenait pas à trouver le sommeil, et lorsqu’il entendit la voix de la jolie blonde résonner doucement dans la pièce, il comprit alors qu’il n’était pas le seul. Il tourna lentement la tête en sa direction alors qu’elle se tournait entièrement vers lui. Silencieux, il l’imita et la laissa poursuivre tout en l’observant, et vint caresser sa joue délicatement « Tu observes tout. Tu restes à l’affût du moindre détail. Une odeur, un bruit, un virage, la lumière… Tout. Et si tu peux, joue au Petit Poucet et laisse-moi des indices pour que je te retrouve au plus vite ». Il approcha son front du sien « Je te retrouverais ».

FIN FLASH-BACK

L’appel à la CIA n’avait abouti à rien. Ils se moquaient bien d’Abigail ou encore de la mort soudaine de l’analyste. Cooper avait préféré le fustiger pour son manque de vigilance durant la mission. Seth avait fini par l’insulter de tous les noms et avait raccroché sans rien ajouter. Il avait alors composé le numéro de Harry, un ancien de l’agence qui avait tiré un trait sur sa carrière d’espion à son retour d’Afghanistan. Toutefois, le trentenaire savait que ce dernier avait toujours des contacts à droite et à gauche. Ils s’étaient donnés rendez-vous dans un café hors de la ville quelques heures plus tard. Une enveloppe était passée d’une main à l’autre, et une promesse d’un retour avait été formulé, puis Seth avait appelé le numéro affichait sur le post-it « Sergei Leonov ? » « Dimitri Kirsanov… Bonjour Monsieur Hobbes. Vous cherchez votre fiancée ? ». Seth serra fermement la mâchoire « Si vous touchez un cheveu… » « Tututut. Monsieur Hobbes, c’est moi qui donne les règles du jeu. Si vous voulez retrouver votre copine pas trop abimée, va falloir écouter » et reprit « Votre Gouvernement travaille actuellement sur une formule d’arme chimique et nous voulons la récupérer ». Seth eut un rire nerveux « Vous rêvez ! Jamais ils n’accepteront ! » « Je m’en moque, ils nous la faut, sinon on va détruire votre amie. Quand on en aura finit avec elle, elle nous suppliera de la tuer ». Le trentenaire imaginait le pire au fil des mots du dénommé Dimitri, et sentit son poing se serrer jusqu’à en blanchir la jointure de ses doigts « Touchez là, et c’est vous qui allez me supplier espèce d’enfoiré de fils de pute ». Le russe raccrocha avant même qu’il ait finit sa phrase. Seth prit une seconde pour reprendre le contrôle de ses émotions et appela son contact au Gouvernement…

« -bien évidemment ! » avait renchérit la jolie blonde en prenant un air angélique, pensant déjà à ce qu’ils pourraient faire sur ce tapis. C’était peut-être loin, peut-être seulement un rêve, mais elle estimait qu’ils en avaient besoin l’un comme l’autre. Et ce n’était pas interdit de rêver justement. Ça évitait à Abby de céder à la panique. Et ça permettait à Seth de se détendre un petit peu. Juste un petit peu.

Flash Back

Abby espérait que Seth répondrait. Elle ne voulait pas entendre des : ça va aller, tu es en sécurité… Elle voulait pouvoir assurer au mieux si jamais il y avait un problème. Elle observa Seth quelques secondes lorsqu’il tourna la tête dans sa direction. « -ok… et t’as un truc de pro pour éviter de paniquer ? » c’était peut-être le plus important. « -parce que toi… ba t’as l’habitude… moi je flippe déjà devant une grosse araignée et j’ai besoin d’une veilleuse pour dormir alors… » ce qui voulait dire : dans le genre agent zéro pointé ! « -et… et il vaut mieux que je me taise ou que je… je sais pas que j’essaie de supplier, de charmer ? De casser les couilles ? »

Fin du Flash

Comment laisser des indices à Seth ? Elle n’avait pas la moindre idée d’où elle se trouvait. Elle avait dormi, et elle n’avait pas la moindre idée de la durée de ce dodo forcée. Bon, elle pouvait se baser sur son envie de faire pipi, sa soif aussi… ou l’engourdissement de ses membres… Elle avait mal à la tête, mal à cœur aussi… Faim… en gros physiquement, elle était déjà dans la merde ! Lorsque la voiture s’arrêta, Abby ouvrit les yeux. Non ! Non elle préférait qu’ils roulent encore et encore ! Lorsque le coffre s’ouvrit, elle fit mine d’être encore dans les vapes. Mauvaise idée… elle fut sortie de la voiture comme un vieux sac à patate. Et elle eut droit à une gifle afin de la tirer du sommeil. Une voix sombre dit alors en russe : « -ne l’abime pas tout de suite. » Abby sentit son sang se glacer dans ses veines. Les yeux grands ouverts, elle était pétrifiée. Elle n’osa pas se débattre. Elle venait déjà d’en prendre une, pas la peine de se faire démolir tout de suite. Seth ne devait pas avoir la moindre idée d’où elle se trouvait. Alors elle chercha quelques choses de reconnaissable dans les environs. Une antenne relais. Blanc et rouge. Sinon… cela ressemblait à un demeure luxueuse. Au moins avec un peu de bol elle ne serait pas mise à la cave et ne sortirait pas de là avec le typhus.

On la déposa sur un lit, dans une chambre immense. Une heure plus tard, elle fut déplacé. L’un de hommes étaient au téléphone. Il fit un signe de main et celui qui la tenait lui arracha le sparadrap qui lui mangeait le visage. Il n’y alla pas de main morte. Cela la fit hurler.

FLASH-BACK

Seth aurait pu se montrer rassurant, mais il s’abstint parce qu’il savait mieux que quiconque que personne n’était à l’abri du danger, pas même Abigail. Alors au lieu de trouver des paroles rassurantes, le trentenaire décida de lui répondre avec sincérité. Il se recula légèrement et se mit à sourire en entendant la question de la jolie blonde « Dis-toi que ça sera pire si tu paniques. Tu as besoin de garder le contrôle. Pense à moi et à quel point je serais dévasté s’il venait à t’arriver quelque chose » et ajouta à la question qui suivit « Te taire ?! Toi ? », se moquant gentiment d’elle « Ne dis rien. Les défier, c’est te mettre en danger », et il ne voulait pas que ça se produise.

FIN FLASH-BACK

Son cœur rata un battement en reconnaissant le hurlement de la femme qu’il aimait de l’autre côté du téléphone. Les russes ne mentaient pas en le menaçant ainsi. S’il n’obéissait pas, ils feraient vivre les pires tortures à Abigail, et cette idée qu’ils puisse s’en prendre à elle lui donna soudainement la nausée. Pour autant, il ne fléchit pas durant l’appel et lorsque leur conversation tourna court, il appela son contact au sein de la CIA « Tu plaisantes j’espère Seth ?! Jamais on ne te donnera la formule. Tu aimes peut-être cette nana, mais on parle de sûreté nationale, voire internationale » « Tu n’as qu’à la modifier quelque peu, je ne sais pas, mais hors de question que je la laisse mourir ! » « Tu débloques Seth ! Tu en trouveras une autre, tu as bien réussi après Inaya » « Je te conseille de fermer ta gueule et d’obéir ! Sinon je raconte à Cooper dans quelles circonstances est morte cette famille à Kandahar, et ce que tu as fait subir à la femme » « Je t’ai sauvé ta putain de vie ! » « Rien à foutre ! Tu es un criminel de guerre et je n’aurais aucun état d’âme à te tirer une balle dans la tête si Cooper ne fait rien. Alors maintenant, tu as 24 heures pour me communiquer cette putain de formule à la con » et raccrocha sur ses mots.

Un regard à droite et à gauche, puis se laissa choir sur un banc près de Central Park. La tête entre les mains, il était à fleur de peau, qu’il sursauta en entendant son téléphone sonner. Kim. « Eh merde ! » souffla-t-il avant de porter ledit téléphone à son oreille « Salut Seth, je n’arrive pas à joindre Tom ou Abby. Tout va bien ? ». Il se recula contre le dossier du banc dans un silence de plomb, et finit par tout raconter à sa colocataire. Quelques minutes plus tard, il l’entendit s’effondrer en pleurs de l’autre côté du combiné, et se surprit à souffler un « Je suis désolé Kim » avec une sincérité déconcertante. Il resta avec elle au téléphone durant pratiquement une heure, avant que son contact ne coupe court à la conversation en le rappelant « Ce soir, à minuit, dans Central Park, sous le pont ». Comme prévu, il fut à l’heure et à l’endroit du rendez-vous, son arme à la ceinture juste au cas où. Son contact eut quelques minutes de retard, mais lui tendit l’enveloppe « Tout ça pour une nana. Elle doit sacrément bien sucer » et il se prit le poing de Seth dans la gueule, suivit d’un coup de genoux dans les parties intimes, puis lui saisit fermement la nuque, le canon de son arme contre la tempe de ce dernier « Un mot de plus, et je te bute ici même sans le moindre état d’âme. A l’heure actuelle, j’ai peut-être plus rien à perdre alors fait attention à ta sale petite gueule ». Il relâcha sa prise, le cogna du canon de son arme, puis partit après s’être assuré d’avoir les bons documents en sa possession. Sur le retour, il appela le russe « Quand et où ?! ».

Flash Back

« -ouh là non je ne vais pas penser à ça ! Enfin à toi si ! Mais pas de cette façon-là ! Parce que ça me fera déprimer plus encore ! Donc heu… » elle avait fait des moulinets avec ses bras comme si elle cherchait une belle image : « -je vais penser à toi à la plage ! A Bali tiens ! » elle avait souri. Elle souhaitait ne jamais avoir à le faire. Mais plutôt à voir cette image en vrai de vrai. Elle notait surtout qu’elle devait garder le contrôle. Chose qu’elle ne savait pas vraiment faire de base. Tout comme se taire. Seth ne se fit pas prier pour le faire remarquer. « -oh ba j’imagine que j’aurais pas vraiment envie de faire la maline de toute manière… » marmonna la jeune femme avant de hocher la tête. « -et les supplier ? » grimaça-t-elle avant d’ajouter : « -quoi que si je les saoule, ils me foutront dehors d’eux même ! » c’était de l’humour. Elle avait totalement comprit que si elle ouvrait trop la bouche, elle y passerait. « -et parler en russe ? Avantage ou pas ? »

Fin du flash

Abby pensait débarquée dans un vieille entrepôt pourrit comme on voyait dans les films et les séries. Au lieu de ça, c’était une villa de luxe qui se trouvait devant ses yeux. On la laissa dans une chambre, toujours entravée, pieds et poings liés. Toujours impossible de parler. Du mal à respirer. Mais au moins, elle n’était plus dans le noir. C’était déjà une bonne chose. On vint la chercher. Elle sentit la panique grimper en elle alors qu’un des types s’approchait d’un pas lourd. Un autre était au téléphone quelques pièces plus loin. On lui arracha le scotch, elle hurla. « -qu’est-ce qu’on fait d’elle ? » demanda son gardien, toujours en russe. Elle sentait sa poitrine se soulever avec rapidité. Garder le contrôle ! Bien sûr ! Super facile ! Elle garda le silence, son regard passant d’un type à l’autre. Quelques minutes plus tard, on la laissait libre de ses mouvements des retours dans la chambre. Portes et fenêtres fermées à clés bien évidement. Abby observa par la fenêtre. Ils n’avaient pas quitté la ville. Ils étaient dans les beaux quartiers.

La jeune femme décida d’aller dans la salle de bain. Elle prit le temps de se soulager, pas la peine qu’elle se fasse dessus à cause de la peur. Là c’était une question de fierté, elle ne voulait pas que Seth la récupère dans un sale état. Puis elle se passa de l’eau sur le visage. Les idées claires… garder son clame. Et la fermer ! Elle se mit à marcher en long et en large dans la chambre, priant même si elle ne croyait pas en dieu, priant pour que Seth la retrouve. Quelques heures plus tard, on vint de nouveau la chercher. Cette fois-ci on la fit asseoir, on attacha ses mains dans son dos, ses pieds à la chaise. Celui qui semblait être le chef était à nouveau au téléphone: "-vous croyez pouvoir décider de quoi que se soit Monsieur Hobbes?" il se mit à rire Seth avait été trop rapide pour obtenir ces documents. Cela glaça le sang de la jeune femme. "-je ne vous fais pas confiance. Et j'aimerais être certain que ce que vous allez me livrer est véridique. Je veux donc une assurance." il sourit en venant caresser la joue d'Abby. Elle se raidit: "-je veux que les documents de la formule soient signés par le directeur de la CIA en personne." il passa en caméra pour faire voir Abby à Seth. "-ça serait dommage que je lui fasse du mal... elle est si jolie..." Un regard pour le type, un regard pour Seth à l'autre bout du fil et elle se décida: "-Seth on a pas quitté la ville. Les beaux quartiers! Ne fais pas ça! Ne..." la fin de phrase fut suivit d'un cri de douleur et la conversation se coupa.