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Ezvana
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Ezvana
Sam 13 Jan - 22:23

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


De la glace semblait s'être niché dans son corps, ses os devenant aussi froid qu'une brise polaire, son cœur ralenti brusquement jusqu'à devenir ténu, lointain échos qui reste malgré tout en vie pour ne pas lâcher cet esprit qui tourbillonne. Sa raison s'agite, se cogne contre des parois givrées et glisse dessus sans arriver à s'accrocher à une idée concise.
Les poings se serrent, les ongles courts s'enfoncent dans le creux de la paume. Feu froid qui ronge lentement ses entrailles et remontent, dévorent avec minutie chacun de ses organes, immobile poumons et reins d'une bise brûlante, la gorge se noue et la respiration devient bloqué, niché au milieu de cette poitrine qui cesse de bouger.
Le Loup vacille, bourdonnement sourd qui emplit ses oreilles, c'est à peine s'il entend la dernière phrase de la fée qui l'observe, attend une réponse, l'espoir dans ses prunelles dorées.
Automate qui tente de faire fonctionner la machine alors qu'il la regarde et qu'il desserre ses lèvres pincées.

- Oui, je serais là.

L'intonation de sa propre voix l'interpelle. C'était froid et distant, comme s'il était soudain très loin de cette chambre. Ses yeux se plissent dans une excuse qui semble faire reprendre vie à ce regard figés.

- Je te soutiendrais.

Toujours.
Mais même l'idée d'une excursion au milieu de la forêt n'arrive pas à dégeler ce serpent qui c'était niché autour de son corps. Il se détourne, fait quelque pas, se frotte la bouche alors que sa mâchoire lui fait mal tant il serre les dents.
Finnéas c'était redressé, s'éloignant de la fée en l'écoutant, la mine crispée.

- Tu sais ce que cela veut dire.

- La ferme.

Cette lèvre qui c'était redressé, ce grondement de loup qui résonne dans la chambre. C'était sec, hargneux, mais rien qu'une communication lupine classique pour un être partagé entre raison et sauvagerie chaque seconde de sa vie. Au quotidien, l'Ombre devait se maîtriser et rester celui aux commandes dans cette frénésie lupine qui ne cesse de le tourmenter, plus habile à grogner qu'à parler habituellement. Il lui a été facile de se glisser en tant que mercenaire pour ne pas avoir à communiquer avec d'autre personne, pouvant laisser libre court à sa véritable nature sans de réel retenue. Mais en cet instant, il ne pouvait museler ce qu'il était réellement, les muscles tendus comme sur le point de craquer, un grondement dans le fond de la gorge.

- Ne te retourne pas contre moi, tu dois…

- Et que veux-tu que je te dise ?! Que je me suis fait baiser jusqu'à l'os ?!

L'Ombre c'était retourné, éructant toutes dents dehors, postillonnant de rage. Image de la colère à peine contenu dans ce corps vibrant d'énergie, symbole d'une dualité qui se lisait dans ses yeux aux couleurs remuantes.

- J'ai parfaitement compris que je ne pourrais pas buter cet Alpha, parce que s'ils sont une organisation pour démanteler le pouvoir de Wraith c'est nos allier ! Que j'ai buté ce Skart pour rien et que c'était peut-être un innocent ! Que j'ai du sang sur les mains !

L'envie de mordre lui fait serrer les dents. Lui qui n'était que glace devient une boule de flamme qui ne cesse de prendre de l'ampleur alors que l'amertume ne cessait de lui donner la nausée. Il avait l'impression d'avoir glissé et d'être tombé la tête la première dans un trou qui n'avait pas de fin. Méléän prenait conscience qu'on l'avait manipulé avec une facilité déconcertante et il se sentait floué, rabaissé, humilié. Il a eu l'arrogance de croire que ce qu'il faisait pour une fois c'était quelque chose de bien, que pour une fois le sang qu'il avait versé avait vraiment servis.

Mais dans son crâne il en voit d'autre des cadavres, de ceux qu'il n'a pas hésité à tuer pour de l'argent sans vraiment se poser de question. Il n'était pas un sain, il n'était pas un sauveur. Il n'était qu'un idiot de plus, une marionnette que l'on utilise et que l'on jette à sa guise. Et lui qui se voyait enfin apercevoir un reflet de lumière dans son errance sans but venait à nouveau de fermer les yeux pour que les fantômes viennent le hanter.
Mains veineuses qui se glissent dans sa chevelure poivre et sel, ses doigts qui viennent s'enrouler autour de mèche pour les tirer en arrière avec brutalité. La respiration est lourde et sifflante alors que ses râles semblent sortir d'une autre gorge, plus animale.

- Maîtrise-toi. Tu es l'Ombre, pas l'un de ces vulgaires chiots errants.

Finnéas est d'un calme olympien, sa voix ne tremble pas alors qu'il observe un Lycan à deux doigts de se transformer. Il savait très bien qu'il pourrait se protéger suffisamment rapidement pour que son enveloppe physique ne soit pas atteinte, mais il n'était pas certains qu'il soit aussi rapide pour aider la Péri.

- Je n'ai pas scellé de contrat avec toi. Tu peux donc revenir sur ta parole.

Mais Méléän commençait à perdre pied. Aucune larme ne vient orner ses prunelles, pourtant une plainte s'écoule de cette gorge comprimée. Il avait merdé. Lui qui avait cru pouvoir faire le bien n'avait fait qu'asseoir le pouvoir d'un détraqué qui menaçait d'envoyer Pansy au Coven.
Finalement, il n'avait fait qu'enfoncer la fée un peu plus loin dans les bas-fonds du désespoir.
Finalement, cette mutilation était de sa faute.

- L'Ombre, pas ici, pas devant elle.

Cette information lui fait redresser le visage, un air terrible se lisant sur les traits marqués par son émoi intérieur. Cette mâchoire presque ouverte comme si elle ne pouvait plus contenir les canines, ces yeux fous, un alliage entre le brun et le jaune, striures tel des craquelures dans son regard d'habitude si calme. Et quand il observe son amie, celle qui était affaiblie dans son lit, il eut honte. C'était cuisant, comme une marque au fer rouge se gravant dans son esprit et cela plisse son visage qui retrouve peu à peu une normalité rassurante. Son physique n'était pas un problème, sa perte de contrôle en était une. Il n'était pas né de la dernière pluie, jamais quelqu'un ayant sa maîtrise de lui-même ne pouvait se permettre de déraper ainsi.
Son regard se perd sur le sol, dans les arabesques du tapis comme pour trouver quelque chose pour l'ancrer. Il agite ses doigts pour en faire disparaître les sensations brûlantes et il s'excuse d'une voix basse en s'essuyant la bouche.

- Je ne peux t'offrir cette âme. Il paiera pour ce qu'il a fait, s'il a l'arrogance de s'en vanter je lui arracherais le cœur de mes crocs. Mais peut être qu'il peut nous aider à tomber Wraith. Chaque chose en son temps. Je suis prêt à m'associer avec le diable s'il le faut.

Le Djinn affiche un léger sourire en coin et croise les bras, comme si c'était lui que l'on désignait.

- Il me faut un prix. Et tu le sais. Ce que tu demandes vas au-delà de tout ce que tu as pu souhaiter par le passé.

Méléän se redresse, les yeux secs et un rictus sur les lèvres. Il avait l'air rieur, d'un air presque mauvais.

- Je n'ai rien à t'offrir, à par des pièces d'or. Ou moi.

Finnéas est saisi, comme si une flèche venait de le transpercer. Il s'approche et fait lentement le tour du Loup comme s'il essayait de l'analyser sous toutes les coutures.

- Tu serais prêt à t'offrir ?

- Pour un temps. Tu pourras faire ce que tu veux de moi. Utilise mon corps, utilise mon âme. Peu importe mais aide-nous.

- Tu serais une gourmandise délicieuse, Grand Loup. Ton être torturé pourrait être un délice insatiable. Et physiquement tu n'es pas mal non plus.

Les yeux tachetés se plissent et il semble presque ne plus toucher le sol alors que sa main glisse sur le corps du Lycan, l'effleure du bout des doigts alors que de petits arcs électriques illumine ses ongles.

- Je ne suis pas certain que la Péri soit tout à fait d'accord.

- Cesse d'essayer de me torturer.

La mâchoire se serre. Il savait très bien qu'il devenait la souris coincée sous les griffes du chat, car s'il répliquait il blesserait Pansy. Elle n'avait rien à dire, c'était sa décision. C'était lui qui était mise en jeu. Parce qu'il voulait la protéger en la mettant de côté avec la maladresse d'un homme incapable de s'exprimer correctement.

- Je ne te ferais pas payer pour cette histoire de Nexus. Je donnerai ce coup de pouce gratuitement ce soir, car je t'apprécie l'Ombre. Ta petite Péri pourra retrouver ce qui lui manque si elle le désir vraiment. Pour ce Harlow, le retrouver ne demande pas grand-chose. Par contre faire partie intégrante de cette organisation, combattre ce Daeva, c'est autre chose.

Finnéas arrête son petit et s'écarte, tenant son menton entre ses doigts fins, caressant sa peau d'un air détaché.

- Si on peut détruire ce Daeva, j'en serais ravi. Ta petite amie pourra te raconter pourquoi nos espèces sont si… liés.

Ses yeux d'ordinaire rieurs deviennent sérieux, une colère sourde alourdissant son air mutin.

- Toutefois, m'attaquer à une telle personne, c'est prendre un risque. M'assures-tu que tu me donneras ce mage et ce nécromancien ?

Le loup hoche la tête d'un air assuré.

- Très bien. Je vais vous aider. Pour les négociations avec cette organisation, je serais là. Pour aspirer son âme à ce Daeva, je serais là. Et je te propose de payer le reste de ta dette une autre fois, pendant un mois, tu me serviras selon mon bon vouloir. Je pourrais utiliser ton corps ou ton âme.

Une main se tend prête à sceller le destin du Loup qui observe cette proposition en respirant profondément. Finnéas aurait pu le prendre pour des années, le torturer pour des siècles, faire de lui son jouet personnel. Finnéas devait avoir une idée en tête, un projet où il aurait l'utilité d'un mercenaire. Qu'est-ce que c'était un mois finalement ? Rien pour un immortel. Et l'éternité si on plonge en enfer. Mais si cela pouvait assurer la réussite de leurs projets alors soit. Sa main se tend et vient sceller son destin. Un filament lumineux s'enroule autour des poignets, glisse sur les paumes et vient se glisser sous la peau en une marque bleuté qui disparait presque instantanément. La magie venait d'opérer, le contrat venait d'être signé. Le jour ou la marque apparaîtra, il sera l'heure.

Un frisson hérisse le poil du Loup qui s'ébroue pour chasser cette sensation désagréable. Il se tourne vers Pansy, ignorant ce qu'il pouvait lire dans son regard, la dureté de sa détermination s'effaçant pour une douceur qui fait fondre le chocolat de ses yeux.

- La pleine lune est dans quelques jours à peine, tu penses pouvoir tenir jusque-là ? Je peux négocier avec Wraith pour qu'il te laisse tranquille ce temps-là et lui parler de cette excursion pour qu'il nous facilite la tâche. Les jours de pleine lune sont fériés, car beaucoup trop d'être surnaturelle y sont reliés, même je me doute qu'il n'est pas aussi conciliant.

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Dim 14 Jan - 22:16

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
PANSY'S POV. Serpent émergeant des lèvres de la candide, s'enroulant autour du buste de la bête. Les piqûres furent promptes, plongeant l'âme dans une suffocation intense, dans une détresse palpable. Les yeux impuissants s'accrochèrent à cette silhouette vénérée, dont l'humanité se désintégrait lentement devant eux. L'inquiétude y étincela, s'intensifiant au fil des secondes qui s'écoulaient, l'attirant inexorablement vers les abîmes d'une fureur bestiale.
N'étais-tu pas celle qui l’avait attiré dans ce piège ? Estime souffrante, qui avec hâte, s'abattit sur son hôte, tel un prédateur familière de ses proies. Furtivement, l'une de ses mains agrippa le drap, ses jointures blêmissant sous l'étreinte. Candeur funeste, la rendant au final aussi redoutable que le spectre qu'elle servait. Une détestation viscérale murmura qu'elle avait été crédule, insensée, une marionnette aveuglément guidée. Des siècles s'étaient écoulés avant qu'elle ne découvre que la bouche de son maître n’était rien d'autre qu'une source de venin, qui avait embaumé chacune de ses paroles.
Le flamboyant avait eu raison de vouloir anéantir son être corrompu, le daeva l'avait corrodée jusqu'à la moelle. Et pourtant, malgré tout, elle persistait dans son combat, la sylphide se demandait s'il subsistait la moindre chance de guérison pour elle, un jour.

—  « Je suis désolée… C’est moi, qui t’ai approché… »

Les excuses, fragiles émanations d'une bouche empreinte de regrets, s'élevèrent telles des papillons éphémères dans l'atmosphère viciée. Cependant, leurs ailes délicates furent promptement brisées par le rugissement sourd de la rage abyssale de l’Ombre, les condamnant à l’obscurité.
Ses yeux, auparavant illuminés d'une lueur d'innocence, se courbèrent, leur éclat terni par la honte, la désillusion et la haine corrosive. Elle semblait n'être qu'une symphonie de désolations, douée uniquement pour les excuses, pour causer des ravages, pour décevoir, pour chuter.

Les échanges entre l'Ombre et le djinn se muaient en murmures indistincts, des bourdonnements étouffés s'évaporant dans l’obscurité de la pièce. Ses prunelles s'éteignirent dans un vide sans fond, son teint pâlit comme une marbre funéraire. La réalité, déjà floue, se noya davantage dans l’ombre.
Lorsque la voix du lycan s'éleva pour psalmodier des excuses, elle tenta de se raccrocher à cette note faible et discordante. Cependant, l'atmosphère se densifia, s'obscurcit davantage. Les mots du loup, prêt à tout pour faucher Wraith, suscitèrent un frisson d'excitation chez le djinn. Pansy le sentit, et un long frémissement de dégoût secoua sa charogne mutilée. Une inquiétude nouvelle s'insinua dans sa poitrine, et son regard s'accrocha à la silhouette du loup, implorant silencieusement qu'il n’embrasse pas l’abîme.

—  « ... Ou moi. »

Deux mots, un fracas qui pulvérisa son cœur en éclats. Elle le vit, le prédateur qui rôdait autour de sa proie, prêt à fondre sur elle, sa faim révélée par sa salive maculant le parquet. Il savait, il se préparait à satisfaire cette voracité inhumaine. L'excitation ignoble suintait dans sa voix, et elle ressentit son frémissement de désir alors que ses mains s'aventuraient sur la chair offerte.
Un haut-le-cœur abrupt ébranla Pansy, détournant son regard de cette scène abjecte, bien que ce fût elle qui l'avait instiguée. Tout cela, cette macabre danse, était destiné à l'anéantissement de Wraith, à sa libération. Peut-être le djinn percevait-il la détresse de la sylphide, car il fit observer au loup l'évident désaccord de celle-ci. Un espoir éphémère, tel un souffle fugace, s'éleva avant de se dissiper brutalement ; son ami s'empressa d'accepter le marché du démon.

—  « Non… Je t’en supplie… », gémit-elle, une supplication à peine audible, une lamentation crachée par un cœur dévoré par l'inquiétude, déchiré par la détresse.

Hélas, ses paroles se perdirent dans le gouffre de l'indifférence, incapable d'atteindre le loup, cette créature énigmatique aux contours insaisissables, perdue dans les dédales sombres de sa propre existence.
Les pulsations de son cœur, comme les roulements funèbres d'une procession macabre, redoublaient d'intensité, étouffant les murmures du monde environnant. Un tambourinement infernal résonnait dans ses oreilles, une symphonie maudite, rythmant sa détresse croissante. Son souffle, comme une vapeur suffocante, se contractait tandis que son poing serré se crispait davantage, les ongles s'enfonçant dans la chair jusqu'à la blessure saignante. Sa tête s'inclinait, abandonnée comme une marionnette dont les fils auraient été rompus. Une ombre insidieuse s'étendait sur son âme, la noyant dans une mer de remords. Elle aurait pu se perdre dans cet abîme de culpabilité, tant elle se haïssait. De nouveau, elle l'avait précipité dans les bras d'un démon.
Un silence d'une densité macabre s'abattit tel un linceul sur les lieux, enserrant les frêles épaules de Pansy, alors que le pacte infâme s'acheva entre le djinn et le lycan, qui venait de s’abandonner à des forces malfaisantes. Emprisonnée dans les replis de sa propre douleur, elle ne leva pas son visage, préférant plonger dans l'abîme de son propre chagrin. Les paroles du loup se dissipèrent dans les replis de son être meurtri, devenant à son tour insaisissable.
Mais peu à peu, la détresse qui la clouait au lit se transforma en une colère sourde. Une révolte muette s'insinua dans chaque fibre de son être, telle une tempête grondant silencieusement… Puis une lueur fugace d'audace illumina ses prunelles. Désormais, personne ne pourrait la réduire au silence.

— « Tu l’apprécies, hm ? » susurra-t-elle à demi-voix, le doute virevoltant sur les traits de la sylphide. « Et pourtant, tu veux en faire ta marionnette… L'affection et la manipulation ne vont pas ensemble. »

De même que nous, médita-t-elle, aspirant à insuffler une teinte glaciale à ses paroles. Néanmoins, la vipère, aux crochets encore en gestation, s'étreignit la langue, résistant à l'envie de libérer ces mots vénéneux.

— « Surtout après l'avoir vu fulminer en découvrant que Wraith l'avait manipulé... » ajouta-t-elle, son regard s'endurcissant malgré l'épuisement. « Je ne vois aucune différence entre vous deux », coup de grâce émanant de celle qui était lasse de fréquenter des génies du mal.

Son regard se déroba ensuite au loup, ses traits s'effleurant d'une douceur imperceptible, dévoilant une sincère inquiétude. Absorbée par ce visage où les ombres du temps avaient esquissé leur valse, elle ignora délibérément la possible réponse, amère ou autre, du génie des sables.

— « Je suis désolée… » confia-t-elle, cette fois-ci plus distinctement. « Si nos chemins ne s'étaient pas croisés, peut-être que tu n'aurais jamais eu à vendre ton âme à Wraith, ou à ce djinn » aimant à problèmes, jamais porteur de bonnes nouvelles. « J'aurais aimé rendre tes journées plus belles, pas plus éprouvantes... »

La culpabilité enlaça sa gorge, unique étreinte familière, et ses prunelles déclinèrent, alourdies par les remords. Toutefois, Pansy se redressa, rétablissant délicatement sa silhouette appesantie par la fatigue et la désillusion.

— « Je refuse ta magie, djinn… » lui affirma-t-elle, sa respiration chancelante. « Et je te montrerai… Que j'ai envie de vivre… Ne serait-ce que pour m'assurer que tu ne lui feras aucun mal, et pour te traquer si tu oses lui en faire… »

Consumée par une démence naissante, ou soudain embrasée par l'audace, la péri s'apprêtait à se lancer dans un défi risqué. Sa magie ne toucherait pas son corps. Elle préférait demeurer une demi-péri plutôt que de tirer parti des pouvoirs d'une entité prête à dépouiller le seul ami qu'elle ait jamais eu de son corps et de son âme, même si cela ne devait durer qu'un mois. Après tout, son immortalité n'avait-elle pas été chamboulée en une seule soirée ?
Pansy reprenait son souffle, un léger sifflement accompagnant son inspiration.

— « Pour Wraith… Je m'occuperai de lui moi-même… S'il voit mon état s'améliorer, il me laissera récupérer en paix… »

Il ne la livrerait pas aux griffes du Coven tant qu'elle pourrait encore lui être lucrative. L'abandonner là-bas représenterait, à ses yeux, une perte financière significative. Néanmoins, elle prenait des précautions.

— « S’il ne le fait pas… Il sera temps pour moi de prendre mon envol. »

Façon de parler. S'évader de cet endroit, dénicher un refuge où elle pourrait se dissimuler afin de recouvrer ses forces avant de dépêcher les érinyes sur le Nymphéa… Ou peut-être, afin de consacrer ses derniers jours à se libérer de ses regrets.
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Ezvana
Mer 17 Jan - 23:24

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Le cœur au bord des lèvres, le cœur qui ne cesse de battre trop fort à ses oreilles, la sueur perlant dans le creux des reins, Méléän sentait que tout son corps se révoltait sur ce qu'il venait de se passer. Il réagissait à cette marque invisible, son instinct lui hurlant de courir au loin, de s'enfuir le plus loin possible pour échapper au destin funeste qu'il venait de conclure. Hérésie de la nature qui est pliée sous le joug d'une seule entité qui se délecte de pouvoir aspirer son énergie pour ses propres plaisirs. Mais ce n'était pas la première fois qu'il pactisait avec Finnéas, alors il sut que cette sensation disparaîtra dans quelques heures, comme une maladie passagère.

Il retient à grande peine le réflexe de se gratter l'avant-bras alors que la sensation de chatouillis persiste. De toute façon son attention se porte sur la fée qui semble se durcir chaque seconde qui passe, rejetant la magie du Djinn, l'insultant et le menaçant. Du coin de l'œil il vérifie l'attitude de Finn' qui s'était tendu et dont la colère était visible.
Lui-même était mal à l'aise, comme si Pansy allait le rejeter pour ce qu'il avait fait. Peut-être qu'elle ne supporterait pas son lien avec le génie du vent, peut-être qu'elle aurait peur. Mais au lieu de cela elle lui présente des excuses et l'air semble à nouveau remplir ses poumons. Si pendue à ses lèvres qu'il en avait oublié de respirer.

- Je fais mes propres choix. Tu n'as pas à t'en vouloir, il n'y a que moi qui doit être punit de cela.

C'était une voix douce qui caresse les oreilles. Il voulait lui retirer cette culpabilité qu'elle ne devait pas ressentir. C'était son fardeau. Une manière détournée de lui indiquer que de toute façon les choses étaient faites et que l'on ne pouvait pas revenir en arrière.

- Et pour la première fois depuis longtemps, j'ai l'impression de faire la bonne chose.

Un aveu trouble alors qu'un léger sourire vient décrisper son visage. Comme il était étrange de se sentir lié e à une créature si différente de lui, de se sentir proche d'une femme qu'il voulait libérer de cette prison qui enserre son corps et son esprit. En si peu de temps sa propre vie fut bouleversée de manière définitive. Il sentait au fond de lui que cette histoire le marquerait profondément, d'une trace indélébile et qu'il la porterait pour les décennies à venir. Cela faisait longtemps que cela n'était pas arrivé, protégeant son cœur derrière une barrière infranchissable, n'autorisant personne à pouvoir l'atteindre d'une quelconque manière. Trop de fois cela c'était mal terminé, trop fois l'espoir fut anéantis et la douleur reste, permanente et indissociable à des sensations qui restent ancré. Parfois il oublie les noms et même les visages, parfois ils ne sont plus qu'une odeur ou un geste. Mais toujours il se souvient de choses qui le troublent et menace de lui faire perdre l'équilibre dans cette route solitaire.

Mais dans ce chemin boueux, dans cette pluie torrentielle qui ne cesse de le glacer de l'intérieur, il y avait un feu follet dorée, rien qu'une braise portée par le vent qui a croiser sa route. Cette boule de chaleur, il ne voulait pas la perdre. Elle devait grandir, prendre corps. Peut-être qu'il devait la laisser s'envoler une fois le temps venu. Mais elle ne s'éteindra pas, il s'en faisait le serment.

- De toute façon il faut que tu sois libre pour la nuit dans quatre jours, s'il ne respecte pas le traité de pleine lune et si tout ce passe bien, il verra bien qu'il y aura un changement. Je doute que l'on puisse passer outre.

La température de la pièce ne faisait que baisser, respirations lourdes qui deviennent buées alors que le froid donnait la chair de poule.

- Finnéas…

Une demande polie pour essayer d'apaiser la fureur de cet être qui tremblait si fort qu'il semblait devenir flou. Le Loup ne s'approche pas, bien trop conscient du danger de cette entité qui essayait de ne pas s'effacer au profit de son apparence primaire. Mais celui-ci semble reprendre peu à peu de stabilité alors qu'il croise les bras et que son regard tacheté se plisse.

- Le contrat est déjà passé, la magie a déjà opéré. Cela s'est fait grâce au filament magique qui t'a relié à ma paume.

Il semblait presque fier de tuer dans l'œuf l'espoir d'une rébellion d'une Péri devenu bien trop docile au fil des années.

- Tu me menaces, mais tu ne fais pas le poids. Tu ne ressembles pas à tes sœurs et frères qui eux étaient capables de combattre. Même si mon espèce se porterait bien mieux sans vous.

Une moue de dégout se lit sur les traits de son visage alors qu'il relève le menton.

- Le contrat c'est un travail comme un autre. Certains travail pour de l'argent, moi c'est pour autre chose. Tu voudrais quoi, qu'il soit mon esclave ? Vous feriez la paire. Et oui, je l'apprécie, sinon je t'aurais déjà éliminé. Ou mieux, je t'aurais laissé telle quelle.

- Finnéas !

La voix tonne, un pas en avant alors que la colère brille dans le regard du Lycan qui ne comprend pas ce soudain éclat venimeux dans la voix du Djinn. Il ne savait pas le passé que pouvait avoir ces deux espèces, mais visiblement les rancœurs étaient tenaces. Se sentant dépassé, il ne savait pas vers qui se tourner.

- Mettons un terme à ce petit jeu malsain. Finnéas, tu vas descendre avec moi pour inspecter cette chambre. Pansy, je te laisse ici pour te reposer, je te laisse la clé si tu désires t'enfermer. Je reviens très vite, promis.

Son ton se voulait doux, mais ferme. Une main de fer dans un gant de velours. Il ne supportait plus ces échanges mauvais, ayant l'esprit bien trop préoccupé par tous les évènements de la soirée.
Agitation alors qu'il pose cette clé prêt de Pansy, qu'il effleure sa cuisse du bout d'un doigt comme pour la rassurer. Le calvaire c'était enfin calmé, elle pouvait respirer.
Se retourner pour attraper le bras de Finnéas pour le sortir de cette chambre, ne pas écouter ses sifflements rageurs comme si soudain sa menace n'était plus si importante. Relâcher ce bras dans le couloir alors que Djinn réajuste son haut et lui lance un regard incendiaire.

- Tu peux vraiment être un connard quand tu t'y mets.

- Je déteste les menaces.

Les yeux qui roulent dans les orbites alors qu'il emmène le Djinn dans les couloirs de l'établissement, vers cette porte derrière les bassins chauds. Le calme de l'endroit était saisissant, apaisant. Un instant le Loup se demande si faire baigner Pansy ne serait pas une bonne idée elle qui aimait tant se prélasser après le travail.

Ouvrir cette grande porte, cette chambre verrouillée qu'il menace d'éventrer d'un coup de pied, mais que Finnéas ouvre en agitant les doigts d'un air exaspéré. La pièce avait été nettoyée, si finement que même l'odeur du sang avait été balayé. Jamais on n'aurait pu douter d'une attaque, tout était rangé.
Trop bien rangé.

Le Djinn fait le tour, agite ses doigts par endroit, marmonne dans sa barbe des sorts de sa voix natale, pendant ce temps Méléän cherche avec son odorat, hume des coussins en les portant à son nez, caresse des tissus. Même ceux qui avaient été abîmé par la furie des Vampires étaient intactes. Les sourcils se froncent alors qu'il est troublé. C'était presque à croire que tout cela n'avait qu'une illusion. Même Finnéas fait un commentaire sur cette allusion quand il mentionne le délicieux décolleté dévoilant la poitrine du Lycan, rappelant à celui-ci que sa meilleure chemise était foutue.
Fatigué, il s'assoit lourdement, balaye son visage de sa main pour essayer de chasser la rudesse de la soirée son pied tapotant le sol avec impatience. Plus il passait du temps dans cette pièce et plus Pansy reste seule. Cela ne lui ferait peut-être pas de mal d'être ainsi isolé, peut-être qu'elle avait besoin de remettre les choses en place, que le silence lui permettra de se reposer. Mais dans un élan égoïste, il ne voulait pas la lâcher, s'assurant de sa sécurité en faisant barrière de son corps désireux de chasser les fantômes qui tournoieront autour d'elle.

Finnéas lâche une insulte alors qu'il secoue sa main comme s'il venait de se prendre un coup d'électricité dans les doigts.

- On a essayé de camoufler un sort avec un autre. Il m'a posé problème, mais je peux te confirmer qu'un sort a été jeté sur les Vampires, pour libérer complètement leurs Soifs de sang. Mais je ne peux pas te dire lequel.

Cela travaille le Djinn qui pense à voix haute, émettant le fait qu'il était rare d'être ainsi bloqué. Le sort n'était pas lancé par un amateur.
Froncement de sourcil alors que le Loup se redresse et vient remercier Finnéas de son aide.

- Tu viens de t'embourber dans les problèmes pour une Péri.

- Finn' je n'ai pas la patien …


- Je t'ai déjà dit que je te comprenais. Cela n'empêche pas que l'espèce de ton amie sera un problème, avec ce Daeva ou d'autre, dans l'avenir. Je ne sais pas quel destin tu désires à ses côtés, mais tu devrais être vigilant. Elle ne pourra vivre sereinement seulement le jour ou tout collaborateur de Wraith seront morts. Tu laisseras un sillage de cadavre.

Bouche close comme s'il craignait de relâcher des démons qui le poursuivrons toute sa vie. Il se contente de hocher la tête et de serrer la main du Djinn qui penche la tête sur le côté et qui repars vite pour s'enfuir de ce lieu maudit.
Expirer, se frapper les joues pour raviver l'afflux sanguin alors qu'il était devenu blême. Rapidement, presque en courant, il remonte, rejoins ce couloir où il s'arrête devant sa porte et toque doucement.

- C'est moi. Je peux entrer ?

Une fois à l'intérieur, il regarde son amie et affiche un léger sourire apaisant. Si elle ne pose pas de question sur la chambre, il n'en parlerait pas pour ne pas la brusquer.

- Que puis-je faire pour t'apaiser ? Tu veux aller aux bains ? Je pourrais surveiller la zone et te laisser de l'intimité si tu le désir.



Lulu
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Lulu
Ven 19 Jan - 22:36

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
TRIGGER WARNINGS:

PANSY'S POV. L'or suave et docile se transforma en une nuance fauve, qui embrasa la silhouette du démon. Les murmures doux du loup échouèrent à adoucir ses prunelles aux éclats incisifs, même lorsqu'il lui confia un fragment des rêves qui caressaient son cœur endurci. Pour la première fois, il sentait qu'il accomplissait une bonne action.
Esclave, quant à elle, ne perçut qu'un déjà-vu glacial ; gamine manipulée par un spectre, convaincue qu'elle était sur le point de réaliser de grandes œuvres, et à qui elle livra corps et âme, afin de l'assister dans leur concrétisation. Aujourd'hui, le néant rongeait son corps, les porcs se disputaient ses vestiges, une aile lui avait été dérobée, et Spectre s'apprêtait à l'abandonner dans un lieu où des mâles défileront successivement sur sa dépouille, aspirant à arracher un bambin ailé de ses entrailles.

— « Évidemment… »

Soupir ardent échappé de sa mâchoire crispée, tandis que les prunelles s’échouèrent sur la mine du loup. La teinte fauve s'estompa, l'or doux enveloppant le preux. Bien sûr, qu’il éprouvait le sentiment d'accomplir une bonne chose. C’est comme ça qu’ils nous capturent.

L'air alentour se figea dans une morsure glaciale, et la silhouette de l’enfant du soleil, se crispa brutalement. Un instinct primal de survie cherchant à conserver la moindre parcelle de chaleur émanant de son être meurtri. Mais au cœur de cet océan glacial, là où tout n'était que frissons douloureux et souffrance apparente, les prunelles de la sylphide se ravivèrent d'un éclat féroce, dévorant l'ombre du génie furieux.
D'un orgueil inflexible, il lui annonça qu’elle ne pouvait revenir en arrière ; le pacte avait été tissé. Ce, qu’importe si les désirs de la péri n’avaient pas été déployés par une logique claire, mais plutôt par l'impératif brutal de la survie. La poitrine de la fourvoyée s'embrasa davantage, et même le froid impérieux imposé par le djinn ne parvint pas à éteindre les braises crépitantes qui rugissaient en elle.
Le djinn, lui aussi, n'avait pas encore cessé de rugir sa colère, qui le poussa à achever celle qui osait le comparer à leur ennemi commun. Elle n'était rien pour lui, pas aussi effrayante que ses feux semblables qui avaient embrasé son espèce, elle n’était plus que le fantôme d'une lignée éteinte. Là où les djinns avaient su préserver l'éclat de leur puissance.
Impossible de réfuter cette vérité, et pourtant, en elle, la révolte se mit à grandir, invaincue malgré cette réalité cruelle. Comme si son égo s'extirpait graduellement de l'ankylose, faisant naître une sensation curieuse dans sa poitrine, entrelaçant douleur et rébellion. La péri n'oublierait pas ces mots, ni ceux qui suivirent.
Seul le hurlement du loup sut réduire en lambeaux la cacophonie enragée des sylphes, autorité implacable et naturelle émanant d'un prédateur millénaire, qu'aucun sylphide, aussi puissant soit-il, n'oserait défier. Les deux se turent, leurs murmures de colère se dissipant dans l'air.
Les paroles du loup résonnèrent comme un écho lointain, et la nymphe émergea du chaos pour accueillir les paroles de son gardien. L'esprit toujours en état de bataille, elle opina néanmoins de la tête, adhésion muette, pour lui confirmer qu'elle avait bien saisi ses propos.

Et pour la première fois depuis l'attaque, le tumulte du monde se retira, laissant place à un silence abyssal et une solitude dévorante. Aucune vie n’ondulait à ses côtés, nulle étreinte chaleureuse pour son cœur affolé, aucun murmure complice pour dissiper le froid qui persistait, nul être cher dont la présence rassurante chasserait sa douleur.
Silence, solitude et souffrances s'enroulaient autour d'elle comme des menaces sifflantes, prêtes à empoisonner ses songes et à la plonger dans les tréfonds insondables de l'angoisse. Elle avait déjà été capturée, enserrée dans les griffes d'un lycan vorace, et maintenant prisonnière du sort d'un djinn. Mais dorénavant, la sylphide tenait à être insaisissable. Elle se dressa, presque par réflexe, contre l’étreinte oppressante du silence, de la solitude et de la souffrance. Ses pensées errantes, s’accrochèrent naturellement à son gardien, devenu refuge quand l’obscurité devenait reine… Malheureusement, elle ne perçut pas son éclat dans cette nuit noire.
Et là, une révolte ardente jaillit de nouveau, illuminant son cœur meurtri de visions tourmentées ; celui-ci se retrouvant piégé dans les rets d’un contrat vicieux, où le désespoir l'avait précipité. Ses poings se crispèrent dans une rage sourde. Hélas, les mots du djinn résonnaient comme une mélopée funeste dans son esprit, cherchant à tuer en elle toute volonté de se mêler de ses manigances. La captivité l'avait plongée dans une faiblesse qui la paralysait, l'empêchant de veiller sur ceux qu'elle chérissait et sur elle-même. L'amputation d'une de ses ailes symbolisait sa déchéance, la reléguant désormais au rang de fardeau.
D’ailleurs, une douleur aiguë irradia soudainement son dos, arrachant à ses lèvres une plainte étouffée. Son échine se courba sous le poids de la souffrance, sa main se lança à la recherche de ce qui n'était plus là, effleurant le vide, là où l'aile aurait dû s'épanouir majestueusement et son cœur s'alourdit dans un chagrin soudain. Cette souffrance, elle la connaissait trop bien.
Elle se souvenait de toutes ces fois où elle avait été mise à terre — et de peu sous terre. Et pourtant, malgré ces assauts incessants, elle se relevait toujours… Mais alors, pourquoi ? Peut-être était-elle aussi difficile à crever qu’un cafard, ou peut-être n’avait-elle jamais perdu espoir. Peut-être étaient-ce les deux à la fois.
Soudain, sa tête émergea de l'ombre, les mèches ébènes délaissèrent sa mine, et un éclat chaud illumina ses prunelles. Les douleurs qui la tourmentaient ne furent, pour le moment, plus que des échos lointains. Dans cet instant de réalisation, l'obscurité s'estompa, laissant place à une lumière intérieure qui transcenda ses douleurs. Elle désirait être bien plus qu’un amas de chair en souffrance. Elle devait être bien plus que ça si elle tenait à voir l’aube se lever, et pour l’y voir scintiller dans ce regard aux reflets chocolatés.

Voix caverneuse résonna derrière la porte, et décocha au corps de la sylphide un long frisson… Non pas d’effroi. Mélopée plus douce lui répondit, l’invitant prestement à retrouver ses appartements. Et la belle se fit miroir du bienvenu, reflétant son léger sourire. A peine de retour, il s’empressa de s’enquérir des besoins de la fée, qui jusqu’à ce qu’il le propose, n’avait pensé qu’un petit temps au bain la réjouirait autant.

— « Allons aux bains… » l’envie fit légèrement dérailler sa voix.

Désireuse de ne pas se laisser porter, la frêle carcasse s'éleva jusqu'aux confins du vaste lit, ses pieds à peine caressant le sol dès qu’elle y arriva. Ses prunelles se dirigèrent vers eux, une lueur d'appréhension planant. Qu’est-ce que ces prochains pas lui réservaient-ils ? Une légère crispation ébranla sa silhouette, puis la sylphide choisit de ne pas trop réfléchir, de ne pas laisser ses craintes l'immobiliser. L'ombre amputée vacilla légèrement, et un instant donné, elle crut s'éloigner du sol. Ses paupières se baissèrent, elle cligna des yeux maintes fois pour dompter ses vertiges. Une fois ces sensations domptées, Pansy avança lentement vers la silhouette lupine. Lorsqu'elle l'atteignit enfin, ses mains se cramponnèrent à son bras le plus proche.

— « Je vais avoir un peu besoin de toi, j'espère que ça ne te dérange pas... » ses prunelles se relevèrent vers l'astre brun, un faible sourire ourlant ses lèvres pâles... Avant de s'effacer légèrement dès qu'elle nota sa mine épuisée. Elle n'avait pas été la seule à traverser une soirée éprouvante. « Les bains nous feront du bien », ils s'y prélasseraient ensemble.

Ensuite, les silhouettes se laissèrent engloutir par l'obscurité du Nymphéa, leurs voix résonnant telles des échos lointains dans le temple désert. Pansy l'avait interrogé au sujet de la chambre, désireuse de ne pas demeurer dans l'ignorance quant aux événements survenus lors de cette soirée qui lui avait coûté son aile. Malheureusement, les deux enquêteurs improvisés n'avaient pu réunir qu'un modeste lot d'indices. Ils en avaient toutefois déduit qu'une force mystérieuse s'était appliquée à nettoyer intégralement les lieux. La sylphide inclina légèrement la tête, prenant scrupuleusement note de ces informations.

— « Almos est puissant... » instinct de nymphe, particulièrement réceptif aux énergies de ses semblables. « J'ignore l'étendue exacte de ses pouvoirs... Peut-être a-t-il collaboré avec quelqu'un de son groupuscule pour jeter ce sort... Ils semblent bien organisés. » assez pour éveiller l'intérêt de Wraith et de ses acolytes. « Harlow... Je crois que tu peux jouer une carte importante avec lui si nous voulons nous rapprocher d'eux. Il te respecte, malgré tout ce qui s'est passé. Il te considère davantage comme une victime des manigances de Wraith... Et il a raison », ajouta-t-elle, ne pouvant réfréner cette pensée. Ils avaient tous deux été dupés. « Mais bon... J'ignore s'il gardera de la sympathie pour toi maintenant que tu lui as arraché l'oreille », releva-t-elle, pinçant légèrement les lèvres. « Tu peux toujours la lui rendre... » ses lèvres pincées menacèrent de se transformer en un fin sourire amusé, imaginant le fils Maelstrom récupérant son oreille dans un bocal.

L'atmosphère, de plus en plus chargée d'une chaleur moite, annonçait l'approche des bains. Il était temps, car son corps n'aurait pu endurer quelques minutes de plus à errer. Un soupir, teinté de bien-être, se libéra de ses lèvres au contact du sol en céramique des sources thermales. Soutenue par le bras de son ami, elle s'installa avec précaution dans l'une des alcôves où trônait un divan, prête à se dévêtir. La pudeur demeurait un concept inconnu pour elle, une luxurieuse étrangeté à laquelle elle n'avait jamais pu prétendre.

— « Et... J'avais une petite idée pour gagner leur confiance... Car nous aurons besoin d'eux à l'avenir. Ne serait-ce que pour notre sécurité » assassiner Wraith et Roth ne serait pas sans conséquences, et elle n'avait pas pu taire ses préoccupations pour la sécurité du lycan. Surtout si elle venait à s'éteindre avant la prochaine pleine lune. « Une semaine après la pleine lune... Wraith prévoit de privatiser le Nymphéa pour certains de ses collaborateurs les plus éminents... » les dates étaient invariablement les mêmes, gravées dans la mémoire de Pansy depuis qu’elle était fillette. « Si j'ai réussi à survivre d'ici là, je peux m'occuper d'eux pour tenter de gagner la confiance de ces... Résistants. Si je... » sa voix s'estompa, la tristesse voilant ses prunelles. « ... ne survie pas, ils se chargeront d'eux-mêmes, ils les auront malgré tout. Quant à toi... » son regard se redirigea vers son ami, cherchant à retrouver un semblant de contenance. « Livrer Wraith et Roth... Le même soir, si vous voulez éviter d’être pourchassés avant de pouvoir le faire... Devrait probablement suffire à gagner leur confiance, et par extension, leur protection. »

Elle ne désirait pas le laisser seul, surtout en imaginant les desseins du djinn à son égard. De manière candide ou non, elle espérait qu’en leur rendant service ils veilleraient sur le loup. Toutefois, rien ne l’empêcherait de prendre ses distances une fois le carnage accompli. Pansy ne lui imposerait nul serment, respectant farouchement son souhait s’il désirait ne pas se mêler à eux. Jamais elle ne mettrait volontairement à mal sa liberté, et ce, d’une quelconque manière qui soit.
Ses doigts déambulaient sur son être, libérant sa chair des étoffes qui ne suscitaient d'intérêt que dans les regards avides des clients. Elles ne la protégeaient point du froid, et elle ne les trouvait nullement esthétiques. Cependant, celles qu'elle revêtait ce soir résonnaient d'une signification particulière pour elle ; elle n'avait pas choisi cette couleur au hasard, et la raison constituait un petit secret partagé avec son ami.

Elle laissa glisser sa robe jusqu'au sol, révélant une silhouette non pas gracile, mais marquée par la famine. Aucun doute que ce corps ne correspondait pas à celui qui autrefois s'épanouissait dans les forêts hyrcaniennes ; plusieurs vergetures marquaient ses courbes, jadis plus volumineuses. Sa stature actuelle n'aurait jamais permis tant d'efforts, l'aurait plutôt clouée au sol, condamnée à une mort inéluctable. Peut-être était-ce là le dessein de Wraith ; la maintenir dans un état de fatigue et de vulnérabilité - de presque mort - pour mieux exercer son emprise. Parfois, elle se préoccupait de son apparence émaciée, surtout lorsqu'elle s'observait dans un miroir à l'abri des regards, comme si elle ne se reconnaissait plus, déformée.
Mais en cas de doute, Pansy avait recours au désir des clients comme un refuge... Cependant, l'Ombre n'en était pas un, et pour la première fois dans son existence éternelle, elle ne parvint pas à ignorer cette sensation d'inconfort. Rapidement, malgré sa fatigue et ses douleurs, sa silhouette se réfugia dans les eaux chaudes et embrumées des bains, un frisson délicieux la parcourant. Assise sur les rebords, elle immergea son corps jusqu'à la naissance de ses seins.

— « Désolée de te dire tout ça ici et après une soirée aussi épuisante… Mais… Je préfère prendre des précautions… » confia-t-elle, plongeant son regard soucieux dans l’eau brumeuse.

Au cas où elle ne passerait pas la nuit, elle voulait au moins s’assurer qu’il réussirait à s’échapper du Nymphéa, et de l’emprise de Wraith. Bien que pour le moment, son état semblait s'être stabilisé, plus que ses inquiétudes ne voulaient l'admettre.
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Ezvana
Jeu 25 Jan - 22:00

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Dans un élan, Méléän s'approche de Pansy, lui offre son bras pour qu'elle puisse se soutenir et ainsi se déplacer, serviteur des envies de la fée pour essayer de l'aider du mieux qu'il puisse faire. Lentement, à pas mesurés, ils s'aventurent dans les couloirs dorées et coloré du Nymphéa et le Loup répond à toutes les questions de sa partenaire de soirée. Après tout, si elle désirait en savoir plus, elle faisait partie de l'équation. Impossible pour lui de retenir les mots et de lui mentir, le venin ne pouvant sortir de sa bouche. Les mots sont choisis avec soins pour ne pas la blesser plus que de raisons, essayant d'adoucir les angles rugueux des paroles de Finnéas qui résonnent encore dans leurs oreilles.

- Sa sympathie il peut se la foutre où je pense.

Un regard en coin vers la fée, une excuse vite lancée alors qu'il hausse les épaules. Les lèvres sont pincées alors qu'il retient à grande peine d'autre insulte. Ce Lycan pouvait bien ramper à ses pieds, chose qui n'arrivera jamais, il n'aurait aucun scrupule à l'écraser une fois que la mission sera terminée. Jamais il ne lui pardonnera son acte barbare et peu importe si ces intentions étaient louables.
Des images se glissent furtivement dans son esprit et agite son envie de mordre. Ce flash d'apporter cette oreille et lui faire avaler de force en bloquant sa mâchoire, voir ses yeux écarquillés, jusqu'à entendre cette déglutition satisfaisante.

Relever son visage alors qu'il ne faisait que regarder le sol, plongé dans ses pensées morbides, alors que l'humidité venait caresser son visage. Une fois arrivé il expire longuement alors que la moiteur chaude semble se coller à ses poumons et que les fragrances viennent chatouiller ses sens. Il en a la tête qui tourne un instant, c'était comme prendre une vague qui balayait tous les repères. Son nez était attaqué par ces notes parfumés, activant son côté animal, chatouillant les zones érogènes et primitives. Mais depuis qu'il connaissait l'origine de ce délice olfactif, il se régule et prend de la distance sur cette ivresse sensorielle. Comme à son habitude il reste dans le contrôle et ne se permet pas de lâcher prise. Toujours en tension, toujours sur les nerfs. Une grenade dégoupillée qui ne savait pas quand elle allait exploser.

C'est à peine s'il se rend compte que Pansy commençait à se déshabiller. Il se tourne prestement, détourne le regard pour ne pas la dévorer d'un regard trop lourd à porter. Respectueux de son intimité il se contente de croiser les bras et de l'écouter bien que cela son propre cœur semble tambouriner à ses tempes.
Un grognement sec retrousse sa lèvre supérieure alors que du coin de l'œil il incendie la fée d'un regard brûlant d'une colère mal retenue.

- Il n'y a pas de « si je réussi à survivre ». Tu survivras, point. Ce n'est pas une option.

Animal qui prend forme alors qu'il est un peu plus lui-même avec cette frêle créature. Ce n'était pas méchant ni menaçant, juste la manière lupine de s'exprimer qui traverse la peau d'apparence humaine. Plus naturel et moins engoncé dans un rôle d'une forme à deux jambes plutôt qu'à quatre pattes, là où était sa véritable nature. C'est pour cela qu'il devait être calme, du moins le plus souvent possible. Depuis trop de décennies il contient une rage qui le consume de l'intérieur, l'isole de chaque être vivant capable de le toucher. Mais parfois, quand il faisait tomber la barrière, on pouvait apercevoir qui il était réellement. Un homme sensible et maladroit.

Dans la périphérie de sa vision il la voit se déplacer et il se détourne une nouvelle fois, tournant son buste pour lui tourner le dos jusqu'à ce qu'il entende son corps entrer dans l'eau. Seulement à ce moment-là il se permet de la regarder. Il ne voyait que la ligne de ses épaules, la peau tendue sur ses clavicules. Il ne fait aucun commentaire sur la maigreur visible de ce corps perclus de douleur aussi bien physique qu'invisible. Jamais il ne lui imposerait sa vision des choses, jamais il ne la froisserait d'une langue trop libre. Il n'avait pas à lui rappeler son état, c'était son corps et elle le voyait tous les jours. Ce n'était que le reflet de cette captivité sans limite maîtrisée par un être vicieux.
Il se permet seulement d'espérer qu'à son contact, cette jolie fleur ouvrira un peu ses pétales pour découvrir le monde et apprécier le soleil.

D'un mouvement il vient retirer ses chaussures et ses chaussettes, remontant son pantalon et vient s'asseoir au bord du bassin pour y tremper ses pieds. Il n'osait pas rejoindre Pansy pour ne pas troubler son besoin de repos.
D'une main distraite il se gratte le nez, repousse une poussière imaginaire sur son pantalon.

- Il est hors de question que tu t'en « occupes » toute seule. Je serais là, d'une manière ou d'une autre. S'il faut que je donne de ma personne pour y arriver, je le ferais.

Son regard reste obstinément baissé pour ne pas croiser le regard de son amie. S'était dit d'une intonation neutre pour chasser toute émotion qui pourrait venir durcir ou faire trembler sa voix. Il vendrait son corps si besoin est, il fléchirait le genou pour le plaisir d'autre personne. Il savait très bien se montrer docile le moment venu même si à l'intérieur il mourrait lentement, brisant son égo et sa confiance personnelle. Mais son âme avait déjà été morcelée, il avait désormais l'expertise nécessaire pour recoller les morceaux. Un peu plus ou un peu moins, les décennies finiront par absorber le surplus de mal-être.

- Et cesse de t'excuser, Pansy. Tout cela, ce n'est pas de ta faute.

Adoucir sa parole pour mettre un baume sur l'esprit de la fée embrumé. Ce n'était pas à la victime d'accumuler la faute, de crouler sous le poids de la culpabilité. C'était ce que voulait tous les tortionnaires pour se délestaient de leurs responsabilités. Il était bien plus facile d'alourdir les épaules des autres que d'ouvrir les yeux sur ses propres tords.

- Il faudra voir comment on peut les contacter dans ce délai, il nous reste peu de temps. La pleine lune est dans quatre jours et dure quatre jours, mais elle est à son apogée seulement une nuit. Si les partenaires arrivent une semaine après il va falloir faire vite.

Agiter ses pieds dans l'eau, s'amuser à faire des remous dont les vagues caressent ses mollets. D'un ongle il vient gratter la plaie sur son torse à moitié dénudé par le coup de griffe. Rejeter la tête en arrière et fermer les yeux comme s'il écoutait quelque chose d'invisible.

- C'est déjà là, tout près. Je peux sentir son appel couler dans mes veines. Elle chante une mélodie impossible à ignorer.

Une voix rauque, charger d'une énergie presque sensuelle. C'était l'appelle de la nature, celle-ci pure et instinctive, dénué de toute intonation malveillante. Ce n'était qu'un outil que l'on pouvait manier de différentes façons, comme le couteau capable d'égorger ou de couper du pain. Sensibilité accrue à cette mélopée alors qu'il erre seul depuis si longtemps. Car la pleine lune était synonyme de beauté et de tristesse, comme le doux souvenir d'une personne aimée qui a disparu.

- Et si c'est la dernière lune que je vois, je serais heureux d'en profiter à tes côtés.

Enivrer il s'ouvre, dévoile une facette de ses pensées qu'il garde précieusement de l'ordre de l'intime. Aveu délivré de sa cage. Réaliser ce qu'il venait de dire et pousser un soupir en gardant ses yeux fermés, les plisser alors qu'il se mord l'intérieur d'une joue.

- Navré, j'espère ne pas t'effrayer

Un timbre plus doux alors qu'il se sent presque gêné soudainement. Ce n'était pas dans ses habitudes.
A croire que la lune était déjà là.


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Sam 27 Jan - 14:34

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Doutes mortifères furent déchirés par la bête impitoyable, avide de préserver l'esprit fragile qui en était infecté. Les lambeaux n'eurent pas l'opportunité de se décomposer en son sein, d'y déposer ne serait-ce qu'un infime dépôt, car le feu nouveau, crépitant dans son cœur, les consuma entièrement. Un feu invoqué en elle par celui-là même qui avait enflammé sa silhouette d’une détermination féroce. Celle dont la carcasse avait enduré, à travers les siècles, un froid paralysant et meurtrier, se sentait toujours vulnérable aux ténèbres qui soufflaient en elle, et qui la faisait osciller aussi violemment que la flamme d'une bougie frappée par le vent.
Malgré ses tremblements, la fée s'accrochait farouchement à l'espoir que le loup avait attisé en elle et qui s'intensifiait de plus en plus. Néanmoins, nourrir le feu demeurait nécessaire, particulièrement lorsque son être vacillait entre l'obscurité et la lumière. Et alors, ce grognement sourd, ces paroles assurées et ce regard incendiaire, parvinrent à alimenter les braises, et à dissiper les ombres qui obscurcissait son esprit. Pansy survivrait, une fois de plus, et cette fois-ci, l'aube s'annoncerait plus belle.
Si quelque chose caractérisait bien son ami, c'était assurément sa volonté de fer et sa fidélité indéfectible. Pour celle qui avait erré solitaire à travers les siècles, assimiler cette nouvelle réalité, où la solitude cédait le pas à la compagnie, constituait une épreuve difficile. Contrairement à son désir ardent de préserver l’intégrité de son nouveau compagnon, qu’elle n’hésitait pas à revendiquer farouchement, une fermeté nouvelle s’installant sur ses traits de poupée.

—  « Tu ne te sacrifieras pas… Je ne le permettrai pas », détermination indomptable incisant les lèvres de la feu muette, ses sourcils se fronçant pour conférer du poids à sa volonté.  « Je veux que ceux qui nous veulent à genoux s’effondrent à nos pieds… Et seulement eux », et péri ne put s’empêcher de zieuter discrètement la main du loup, là où s’épanouissait le sceau invisible du génie.

Hélas, elle ne pourrait le contraindre à inviter l'entité maléfique au dernier repas. Bien qu’elle aurait pris un plaisir indicible à lui insuffler ne fût-ce qu'une lueur d'effroi, à lui démontrer que sa force s'apprêtait à renaître, aux côtés de sa liberté, de sa dignité et de son épanouissement.
Toutefois, cette absence la pousserait à accomplir un saccage suffisamment grandiose pour que son écho parvienne aux oreilles du malin. Elle souhaitait qu'il comprenne qu'il avait tout intérêt à ne pas briser le loup dès qu'il l'aurait entre ses mains. S’il venait à faire la sourde oreille, elle serait prête à le briser de la même manière.
Ne pas sous-estimer une entité prisonnière des serpents, condamnée à côtoyer ces reptiles jusque dans les replis les plus intimes de sa chair. Pansy était consciente qu'ils avaient tous distillé un peu de leur venin en elle, et elle était prête à le répandre sans hésitation si cela signifiait préserver son soleil.
Puis le loup s'efforça d'adoucir le fardeau qui pesait sur le cœur lourd de la sylphide, en usant de mots aussi doux et agréables qu'une brise estivale. Mais les prunelles de l'âme tourmentée retrouvèrent les abysses vaporeux des eaux envoûtées, la honte s'abattant sur elle telle une ombre.

—  « C’est plus fort que moi...  »

Il était des luttes qu'elle avait encore à livrer, des entraves dont elle devait se défaire, et captive, semblait se désoler de certaines d’entre elles. Sa confiance était encore trop chétive et chancelante ne suffisant pas à extirper définitivement sa tête de ces eaux troubles. Pourtant, cela ne l'empêchait pas de remonter de temps à autre à la surface, pour travailler sa stabilité.
La démonstration en fut faite lorsque la fée releva son minois délicat, le dirigeant résolument vers le loup, dès que celui-ci rebondit sur la stratégie de leurs assauts. Alors, ses globes incertains se métamorphosèrent en perles dans lesquelles scintillaient une assurance encore balbutiante.

—  «  Ils répondront rapidement, une opportunité pareille ne se présente pas souvent. Au minimum, on devrait au moins capter leur intérêt, et ils nous surveilleront… Mais il se peut qu’ils nous acceptent seulement s’ils nous trouvent une utilité. »

Mâchoire se raidissant à la perspective de régresser en marionnette, le regard s'évapora de nouveau dans les eaux, l'âme emportée par l'incertitude. Était-il vraiment nécessaire de solliciter leur protection ? Difficile pour elle de se prononcer, alors que les hostilités n'avaient même pas encore été lancées. Et alors, l'optimisme se mêla à la sarabande des songes, murmurant doucement que peut-être, ils adhéreraient à leur cause, qu’elle rêverait de voler aux côtés des pourfendeurs de sorciers... Mais qu’en serait-il du loup ?
Nulle voix ne se fit l'écho d'une réponse, seule une émotion vint emplir le vide ; une douleur profonde, que la simple pensée de se séparer de lui suscita en elle. Pansy réalisa que l'unique utilité à laquelle elle aspirait était de se consacrer au bien-être de cette âme qui chamboulait son existence, de cette âme qui l’apprenait à (re)vivre. Ses certitudes s'étiraient en elle tel un fil d'or, inébranlable, une nécessité impérieuse, presque vitale. Telle une fleur, elle ne pouvait éclore et perdurer qu'au gré des caresses quotidiennes de ces rayons cuivrés.

Pansy se déroba à l'agitation de ses pensées, dès que la voix rauque du loup s'enroula autour de ses tympans. Un frisson glissa le long de sa peau, même plongée dans les eaux tièdes des sources. La chaleur n'était pas en reste, enveloppant son corps, bien au-delà de la fièvre légère qui la prenait. C’était une chaleur plus profonde. Une chaleur qui embrasait les pulsations de son cœur, les faisant résonner faiblement dans le creux de son ventre. Elle était là, grâce à la simple lueur ardente qui avait imprégné sa voix. En cette entité, ou plutôt, dans l'aura qu'il évoquait, résidait une magie inexplicable, dont elle se délectait sans pouvoir en saisir l'essence.
Et alors, son buste, tel un astre qui n'oserait rater une seule étoile, s'inclina gracieusement vers lui, déposant son coude sur les rebords. La sylphide lui offrit le même émerveillement qu'à l'azur infini, lorsqu'elle désirait s’abandonner à la splendeur, loin des souillures du Nymphéa et des superficialités citadines. Les cieux, reliquaire de son passé, seul éclat de nature dans cet océan d’artifices, étaient le seul fil ténu qui la rattachait à ce qu'elle fut. À nouveau, le lycan lui offrit une parcelle de cette splendeur adorée et sacrée, en lui dévoilant que les mélopées de l'astre d'argent vibraient en harmonie avec lui.
Alors que ses opales envoûtées le dévoraient d'une admiration évidente, ses tympans recueillirent une douce confidence ; il désirait admirer la prochaine lune à ses côtés — dernière fut sciemment ignorée. La confidence fit tressaillir de joie la nymphe, dont l'aile frémit d'allégresse malgré la douleur. Jamais l'oubliée n'aurait imaginé être l'objet de faveurs aussi sublimes. Peut-être que le Nymphéa ne l'avait pas souillée ni brisée à ce point, peut-être percevait-il en elle quelque chose de précieux, que ses propres yeux ne parvenaient pas à discerner.

—  « Tu ne m’effraies pas », confidence dépêchée d’être soufflée, désireuse de ne pas laisser ses inquiétudes lui voler son éclat. « Je suis pleine d’admiration… Tu rayonnes d’une beauté à la fois envoûtante et familière. Longtemps désirée, même. »

Il n’y avait pas seulement sa beauté humaine ciselée par le temps, qui séduisait celle qui avait, dans son enfance, éprouvé une curiosité ardente à l'égard des mortels. Ni seulement cette beauté lupine, qui ressuscitait ses instincts longtemps prohibés et lui rappelait les entités majestueuses qui veillaient sur son peuple. Il y avait ce que seul le cœur pouvait voir, ou du moins, entrevoir puisque Pansy n'avait pas encore exploré tous les méandres de cette âme providentielle. Cependant, les éclats qu'elle avait déjà découverts suffisaient à infuser en elle une énergie nouvelle, vivifiante, délicieuse.

—  « Et je serai très attristée de ne pouvoir passer qu’une seule lune avec toi » dernière fut seulement brièvement ignorée. « J’espère que tu feras tout pour que ça ne soit pas le cas… Ni que ça soit notre premier et dernier rencard… », péri saupoudra son souhait de malice, un sourire espiègle ourlant ses lèvres. « De même que je n'accepte pas que nous nous séparions sans avoir partagé un bain… »

Capricieuse leva son menton, ses pupilles pétillantes d’une malice persistante, celles-ci suggérant qu'elle ne se prêtait pas vraiment au sérieux, laissant à son ami l'entière liberté de décliner son invitation s'il souhaitait éviter de se mouiller davantage.

—  « Mais peut-être que tu te souviens de ce que j’ai pu te dire au sujet de tes râles… Dis-moi, est-ce que tu redoutes ce que je pourrais te faire pour les entendre de nouveau ? » mélopée enlacée d’une sensualité maîtrisée, qui éleva les lèvres de la belle sybarite.

Les frivolités réanimèrent l'éclat de sa carnation pallide, reléguant la fièvre au second plan, au profit d'une toute nouvelle fébrilité. Malheureusement, Pansy n'avait pas découvert un remède prodigieux, car son corps, lui, persistait dans sa lutte pour la maintenir éveillée. Ainsi, une raideur à la nuque l'incita à reposer sa tête contre son avant-bras, son être semblant se dissoudre dans les eaux troubles, mais ses yeux espiègles demeurèrent captivés par ceux du loup. Pour voir naître ne serait-ce qu'un sourire sur ses lèvres, elle persisterait dans sa lutte. Un seul sourire, assurément, ne saurait rassasier l'appétit de la petite goule avide de ses soupirs amusés, de ces rides rieuses, ou encore de ses réparties toutes aussi délicieuses.

—  « Ne me dis pas que le grand méchant loup est effrayé par une douce petite fée… » ondine se fit à la fois joueuse et aventurière, titillant le lycan du bout des lèvres tandis que ses prunelles curieuses le sondaient discrètement.
Ezvana
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Sabrina
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Ezvana
Dim 28 Jan - 23:22

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Une vague doucereuse caresse les pensées vagabondes en entendant l'intonation de la voix de la fée, l'interdisant d'agir. Cela aurait même pu lui arracher un sourire en coin, trouvant cela dérisoire et attendrissant, rare étaient ceux qui pensaient à son bien-être. Mais c'était à lui de choisir ses entraves, lui qui mettait à ses pieds le boulet qu'il devrait traîner. Captif de ses propres choix et ceux depuis si longtemps qu'il ne se souvient plus du vrai goût de la liberté totale, doux rêve perdu dans les méandres du temps qui s'écoule invariablement.

Remous dans l'eau qui attire son attention, nymphette de brume qui s'approche de lui tout en délicatesse, baisé humide et chaud qui caresse sa peau et le fait frissonner un instant. Sensation délicieuse dans le creux de ses reins qui éveille ses sens entendant le velours de cette voix qui ne cesse de le chambouler, cette façon dont il la regarde comme s'il voulait briser cette douce barrière entre eux, cette proximité encore maladroite de deux êtres essayant de se comprendre. Ses prunelles chaudes semblent presque fondre, particulièrement ému qu'une telle créature puisse parler ainsi pour le décrire.

- J'ai l'impression de connaître ton essence comme si je l'ai toujours su. Semblable au soleil caressant la peau, la douceur du vent dans les ramures. En toi pulse une mélodie magnifique pour celui qui veut bien écouter.

Compliment singulier, mais passionné pour un être que cet homme aux yeux plissés de tendresse. Ses pieds s'immobilisent dans l'eau alors qu'il est saisi par les sous-entendus qui caressent ses oreilles, son cœur rate un battement avant de tambouriner dans sa poitrine tel un oiseau en cage qui tente de se libérer. Un sourire glisse sur ses lèvres, impossible à maîtriser, trahissant que cela le touche de toute manière. Il expire par le nez un amusement sincère et il hoche la tête comme s'il s'avouait vaincus avant qu'un léger rire le fait pencher en avant, ses mains agrippant le rebord du bassin pour ne pas tomber, le son revenant en échos vers eux.

- Disons que la douce fée à des armes qui pourraient faire tomber le plus grand des rois. Même le grand méchant loup se doit de se plier devant le chaperon doré.

Un nouveau rire étouffé, la pointe de canines qui viennent mordre doucement sa lèvre inférieure. Il n'était clairement pas à arme égale avec cette fée, sa beauté intérieure irradiant sur son physique tel de la poussière scintillante. Il n'arrivait pas à imaginer à quel point elle devait étinceler une fois libéré de toute ses entraves, le corps et l'esprit enfin libre d'être ce qu'ils devaient être depuis toujours. A n'en pas douter elle serait loin de cette apparence fragile et craintive, un esprit empreint de liberté et vibrant de puissance capable de s'élever loin au-dessus des simples mortels. La tristesse étreint son cœur d'une poigne de fer et vient atténuer ce rire qui se meurt lentement. Se pencher vers la fée comme pour venir avouer un secret, un sourire en coin étirant ses lèvres, habile manœuvre pour effacer les signes de son émoi.

- Quant à mes râles, ce n'est pas intentionnel. On verra bien si tu arrives à m'en arracher d'autres. Et pour ce qui est du rencard, on commence fort je dois dire.

Un clin d’œil alors qu’il se redresse, sort ses pieds de l’eau.

- Et si tu ne peux pas envisager l’avenir sans un bain commun, je me dois de m’exécuter.

D’un pas maîtrisé pour ne pas glisser sur le sol miroitant, il se dirige vers une alcôve. Lentement il déboutonne sa chemise, un juron discret lancé à l’égard des dégâts irréparables. Le claquement sec de la ceinture, le froissement du tissu alors que le pantalon et le sous-vêtement glisse sur le sol. Ombre ouaté, vapeur humide qui camoufle ce corps élancé qui sort de l’alcôve, perles cristallines qui s’accrochent aux poils de son torse alors que ses muscles roulent sous la peau tel un animal parfaitement adapté à la chasse. Vallons et courbes soulignant le tracé de ce corps puissant, machine impressionnante qui se met en marche à chaque mouvement, à chaque respiration qui soulève le poitrail. Des cicatrices ça et là, des boursouflures qui ne font qu’accentuer ce sentiment de se retrouver face à un prédateur, d’un guerrier arborant les trophées de ses exploits. Quintessence brute d’une beauté primitive, bien loin de ces Apollon aux lignes parfaites et à la peau lisse tel celui d’un nourrisson. C’était le fruit d’un entrainement constant, d’une rigueur maîtrisée sur le bout des doigts. Dans son allure, il transpire une assurance trahissant la confiance en l’efficacité de son corps, une nonchalance typique de celui qui sait ce dont il est capable.
La nudité ne semble pas déranger le Loup qui s’avance vers le bassin avec tranquillité. Il n’y avait que son dos qui n’était jamais visible, il reste toujours de face pour ne pas laisser apercevoir son passé malgré la lumière tamisée de l’endroit.
Pourtant, on pouvait lire sur la ligne de ses épaules, sur l'arrondit de ses bras, des cicatrices profondes qui tailladent la chair, gravure d'une époque révolue, mais qui restera la honte de son existence. Alors, presque par pudeur, il ne laisse jamais la fin de l'histoire être découverte par les autres, personne pour apercevoir la véritable apparence d'un rescapé plusieurs fois centenaires. Il laisse deviner, il comprend la curiosité. Mais rare était ceux en qui il avait suffisamment confiance pour laisser tomber l'armure.

Le corps pâle qui s'immerge lentement, cette façon dont il transperce la brume de sa haute taille pour trouver enfin un lieu où il peut recouvrir son corps, pourfendre de ses puissantes jambes le fond sombre et se rapprocher de Pansy tout en gardant une distance pour ne pas empiéter sur son espace privé. S'approcher du rebord et poser ses bras pour se tenir, rejetant la tête en arrière pour savourer la chaleur qui se diffuse dans chacun de ses membres.

- Demain, quand je te ferais faire un tour dehors… Tu as quelque chose que tu voudrais vraiment voir ?

Il rouvre les yeux et tourne son visage vers la fée. Un instant il observe la façon dont l'eau glissait sur sa peau de velours, comment la lumière chaude de la pièce se reflète en particule dorée aussi incandescent que son regard, cette façon sont sa crinière sombre se colle en vagues sur son corps. Détourner le regard alors qu'il ne souhaite pas ressembler à tous ceux qui osent la déshabiller du regard et la convoite comme un objet de désir. Il aurait pu lui dire qu'elle était belle, mais ces mots non plus la même saveur quand ils sont sortis constamment par le même type bouche. Elle était plus que cela, d'une splendeur fanée mais magnifique ; Aphrodite des temps modernes.
Elle n'avait pas besoin de bijoux ou de soie pour recouvrir ses courbes. Méléän la voyait avec une couronne de fleur sur la tête et un sourire resplendissant pour maquillage. Elle n'avait pas besoin de vernis, mais de la terre sous les ongles, ses pieds libres de tout escarpins pour sentir la mousse des sous-bois. Elle était le courant d'air inattrapable et espiègle. Mais les mots n'étaient pas son domaine de prédilection, alors il se contente de tourner sa langue dans sa bouche et d'éviter son regard. Main trempé qui vient attraper ses cheveux pour les plaquer en arrière et un soupir se fait entendre. Te des baumes curatifs l'eau picotait ses blessures, des doigts viennent parcourir le sillon sans y penser.

- Tu verras, cette fameuse boulangerie propose des beignets à la framboise qui sont à tomber. Si c'est trop de je te proposerais autre chose. D'ailleurs est-ce que tu as faim malgré toutes ces péripéties ? Je peux te préparer quelque chose de rapide si tu le souhaites. Demande moi et je m’exécuterais.

Il tend son visage vers l'avant, un sourire étirant ses lèvres d'un air narquois.

- Et tes désirs seront des ordres.

Mots qui roulent dans sa gorge et se glisse sensuellement sur sa langue.
Se reculer en essayant vainement de restreindre ce sourire si rare sur ses lèvres. Après tout, ils avaient peut-être besoin tous les deux d'un moment de détente et de quoi reprendre une respiration qui gonfle les poumons et aère l'esprit.


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Lulu
Lun 29 Jan - 22:57

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
Langue spectrale, effleurant les phonèmes délectables, caressa avec grâce ce cœur longtemps délaissé des énonciations, et des mots en général. Ses prétendants habituels préféraient l'assaillir avec leurs grondements bestiaux, leurs gémissements frénétiques, et leurs soupirs incandescents. Ils ne reconnaissant pas son existence, convaincus que leurs prédécesseurs impurs avaient jadis arraché de sa poitrine ce cœur trop sensible. Auquel cas, comment la délicate aurait-elle survécu jusque-là ? Et pourtant, c'est bien lui qui frissonna de plaisir dès que les déclarations du loup l’enlacèrent.
L'émoi répandit sa grâce sur son minois, qui se mit promptement à l'abri des yeux lupins, l'ondine le dissimulant dans l'étreinte de l'un de ses bras échoués sur les rebords des bains. Si ses yeux étaient liés à ceux de la fée, il aurait pu contempler les bienfaits qu'il avait semé dans cet or étincelant d'amusement et d'allégresse.
Hélas, le lycan n'avait pas fini de jouer avec les palpitations du cœur de la dorée, s'inclinant vers elle d'un sourire malin, et la lançant en défi. Alors, Pansy dégagea son visage de l'étreinte de son bras, la succube en elle ne pouvant décliner une opportunité qui, pour une fois, lui était des plus alléchantes.

— « Profite de pouvoir encore formuler des phrases cohérentes, petit loup… Parce que si l'on continue à jouer à ce petit jeu, ce ne seront plus que des râles qui sortiront de ta bouche. »

Avant que leurs corps ne se consacrent à une possible débâcle à venir, l’espiègle accorda à la brune l'opportunité d'admirer son imposante stature. Ce fut sous les lueurs tamisées des bains que la nymphe put contempler un spectacle que nulle nuit, nul météore, nulle lune n'avait jusqu'alors pu lui offrir.
Il y eut d’abord ces mèches d'argent qui s’épanchèrent, pareilles à des rayons lunaires filant à travers la nuit. Chacune de leur reflet semblait détenir à la fois un éclat d’immortalité et de mortalité, qu’elle n’avait jamais contemplé sur les traits d’un autre surnaturel. Chimère dont le regard, telle une incandescence bestiale, jetait des étincelles de braises inextinguibles, éclipsant de son intensité la scintillance des astres, emprisonnant l’esprit de son admiratrice dans une valse ensorcelante.
Déité arésienne révéla une puissance en sommeil, à travers ses muscles ciselés par les doigts d’une existence vécue avec une férocité indomptable. Chacun de ses mouvements, chacun de ses pas, résonnaient comme le rugissement d'un fauve. Symphonie primitive qui fit ressurgir chez la péri, des souvenirs et des sensations longtemps oubliées. En lui, la beauté trouvait refuge dans l'obscurité et la bestialité. Cette beauté primaire et libre qui l’avait façonnée, bien loin de celle superficielle dans laquelle des mains avides l’avaient fait sombrer.
L’immortalité se lovait elle-aussi contre la chair de ce guerrier séculaire, et notamment au creux de ses nombreuses cicatrices. Mémoire vivante gravée à même la surface, épitaphe rugissant à ses adversaires à faire preuve de prudence ; il était celui qu’aucun n’avait su mettre à terre, qu’aucun n’avait su terrasser, qu’aucun n’avait su vaincre. Il était l’incarnation même du Furieux, sculpté par les cris de guerre helléniques.

Et mignonne contemplait la tempête qui s'approchait d'elle, son être frémissant non pas de terreur, mais plutôt dans l'attente ardente que celle-ci vienne la heurter et l'étreindre. Beauté préserva sa quiétude, même lorsque le loup transperça les flots, et que son ombre engloutit la sienne, toujours échouée sur les rebords du bain. Si elle avait eu la force de se déplacer, ce n'aurait pas été pour fuir le prédateur, mais bien plutôt pour embrasser ses crocs et les laisser se repaître de ses rondeurs évanouies. Hélas, le désir demeura figé en songe, car la proie ailée avait déjà été dévorée par d'autres canines plus tôt dans la soirée, des mâchoires bien plus hargneuses et cruelles que celles qu'elle convoitait.
Un soupir languissant de désarroi fit trembler ses lèvres, la nymphe se révélant un chouilla capricieuse, s'irritant fugacement d'être entravée dans l'expression de ses envies. Elle, qui ressentait enfin l'éclosion de désirs en elle, se voyait à nouveau prohibée de les faire naître. Toutefois, elle ne permit pas à ces petites contrariétés de ternir son éclat ni d'altérer ces instants précieux. Les ombres l'avaient déjà suffisamment dépouillée par le passé.
Ce, particulièrement lorsque l'aube des lendemains s'annonçait plus clémente. C'est alors que le lycan, malgré l'incident de la soirée, lui assura qu'il ne renoncerait pas à leur prochaine sortie. Un sourire sincère se dessina sur les lèvres de la péri, submergée par une multitude de désirs longtemps étouffés. Tel un vol d'étourneaux, échappant soudainement à leur cage, s'en allant chatouiller les cieux.

— « Mh… »

Ses prunelles songeuses s'évadèrent de l'ombre du loup, voguant vers les eaux éthérées, avides d’y trouver une réponse. Soudain, une révélation l'éblouit, sa tête se redressa brusquement, et ses yeux retrouvèrent leur éclat momentanément égaré, se posant à nouveau sur son ami.

— « Vous avez des arbres, ici, en ville ? Ou des fleurs ? Des vraies… »

Non pas comme la flore stérile dont la colombe avait paré son nid. Plutôt celle que l'on observait croître et décliner, celle qui ne se pliait à aucune frontière, celle qui recelait en son sein un univers microcosmique tout entier, celle que l'on chérissait avec une tendresse désintéressée.

— « Je n’en ai pas vu depuis des siècles… C’est comme si la nature n’arrivait pas à s’épanouir dans cette ville. »

Réflexions qui trouvèrent écho dans le tumulte de sa propre condition, frappant le cœur vulnérable de ses poings navrants. L'organe sensitif, pourtant, ne chancela pas, sauvé in extremis par les paroles aériennes de la créature éblouissante qui rêvait de... Les sourcils de la captive se froncèrent fugitivement, butant sur un mot qui lui échappait. Et pourtant, elle maniait cette langue depuis des siècles.
L'insouciant continua avec une proposition séduisante, arrachant même un grognement à ses entrailles évidées par le vide. Un repas quotidien ne suffirait pas, si elle nourrissait le désir de retrouver la lumière solaire ; sa carcasse devait regagner des forces, s’éloigner du néant.
Les prunelles commencèrent à étinceler, et une fois de plus, la fée entrelaça un léger rire à un sourire, une mélodie discrète s'élevant dans les hauteurs Nymphéa. L’émoi la rendait toute chose, et surtout, faisait devenir une petite chose excessivement ravie.
Puis sensualité exquise parcourut la langue habile, parvenant à électriser la chair de l'élue d'une onde de frissons aussi délectables que intenses. Le corps résista péniblement à cette marée enivrante, dont les caresses se faufilèrent jusqu'au creux de ses reins. Une jugulaire palpitait plus vivement que de coutume dans son cou, et la détentrice savourait ces pulsations effrénées.
L'interpellée avala sa salive, comme si le loup avait su éveiller son appétit, puis la fée le surprit en train de tenter en vain de maîtriser son sourire. Alors, la douce créature claqua sa langue à plusieurs reprises, comme pour le réprimander délicatement, puis son bras s'éleva, peinant à atteindre l'objet de son désir, la fatigue alourdissant chaque membre. Tant pis, elle ne frôlerait pas ces lèvres espiègles du bout des doigts, se contentant d'agiter son index de droite à gauche devant le faciès du loup. Elle les toucherait une autre fois, peut-être.

— « Que je ne te surprenne pas à t'éloigner de moi... Et surtout, ne t'avise plus d'essayer de dissimuler ce sourire. »

Douce, enjouée, se plut à revêtir l'habit de l'autorité, mais ne tarda pas à voir ce masque se dérober sous l'assaut de son propre sourire taquin, saccageant impitoyablement ses traits sérieux. Un rire délicat s'empara d'eux, les faisant définitivement voler en éclats.
Ensuite, elle reposa son bras languide sur le rebord des bains, son buste étendu dans une posture de quiétude, pareille à une muse en son repos éphémère.

— « Tout d’abord… Aide-moi à m’instruire un peu… Qu’est-ce qu’un… beignet ? »

Bouche fredonna maladroitement les syllabes d'un mets inconnu, et qui suscitait sa curiosité. Une pitance qui serait capable d'exaspérer Wraith, qui préférait l'alimenter comme un piaf pour la maintenir assujettie.
Les doigts de l'ingénue effleurèrent par la suite l'épiderme dénudé de son ventre, qu'elle caressa avec une délicatesse feutrée, comme si ceci lui permettrait de savoir par quoi il aimerait être rempli. Hélas, Pansy demeurait étrangère aux délices culinaires, n'ayant jamais été exposée à l’art culinaire. La cuisine n'avait jamais été une pratique familière, même à l’époque où elle évoluait en toute liberté dans les cieux.

— « Ensuite… Je serai prête à engloutir tout ce que tu pourrais me cuisiner » confia l’affamée, son sourire s’accentuant. « Personne n’a jamais cuisiné pour moi. »

Et cela la fit pétiller de joie. C'était, en effet, ce qui avait précédemment suscité son émoi, et cette agitation ne l'avait pas désertée. Une attention délicate qui perturbait celle qui découvrait que l'affection revêtait des langages variés, des moyens distincts de s'exprimer, et qu'elle n’avait pas seulement pour messager le toucher. C’était exquis, voire bouleversant, pour celle qui s'émerveillait de cette opulence, que le loup acceptait de lui offrir.

— « Merci beaucoup » murmura le cœur qui conquit ses lèvres, déployant une reconnaissance sincère. « Je cuisinerai pour toi, un jour… » dès qu’elle s’échapperait du Nymphéa, peut-être dans un futur proche. Mirettes qui scintillèrent, et sourire faisant toujours frémir le coin de ses lèvres gourmandes. « Et tes désirs seront des ordres, petit loup » clin d'œil malicieux de l'espiègle, laissant le loup savourer à son tour ce jeu de mots, faute de lui faire déguster l'une de ses créations culinaires.
Ezvana
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Sabrina
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Ezvana
Mer 31 Jan - 3:05

Méléän Hastros
Je suis un loup-garou, vivant entre la ville et les forêts. Je n'ai pas d'attache, plus de famille, pas d'amis, pas de meute. Je suis un solitaire mais cette situation me pèse. Aucun loup ne choisit d'être un solitaire. C'est juste qu'il n'a pas trouver de compagnon, ou de meute pour l’accueillir. Un renégat. Moi, j'ai du me sacrifier pour pouvoir vivre. Je suis un mercenaire et je survis au jour le jour.

Après des années d'errance, je cherche une âme, une présence. Mais la vie me contraint à vivre de contrat tous plus dégradant les uns que les autres. Mais un jour une mission me met sur la voie de quelqu'un. Elle.


Son corps se réchauffait avec douceur comme s'il reprenait vie après toutes ces péripéties. Il pouvait enfin prendre de vraies inspirations sans avoir une douleur costale qui lui brille les nerfs, apaisant son esprit obstrué par l'inquiétude et le besoin d'agir. Depuis qu'il était arrivé, chaque heure passent sans être identique, les évènements terribles se suivant à la chaine. Méléän était un homme d'action, toujours en mouvement et en quête d'une autre raison d'arpenter les rues de toutes les villes qui croisent sa route, cherchant sans cesse un prétexte pour ne pas sombrer sous sa forme lupine et ne jamais revenir en arrière. Mais il devait bien avouer qu'être en apnée constante était difficile à tenir, même pour lui.

Un regard de côté pour admirer le profil de Pansy, admirant la résilience de cette femme. Idiot celui qui ne lit que la couverture, qui ne prend pas la peine de lire entre les lignes pour apercevoir la véritable identité. La captivité, c'était une lutte de tous les instants. Soit on combat, soit on sombre. Et savoir relever la tête chaque fois que le soleil se couche était une épreuve lassante. Il n'a pas vécu un emprisonnement aussi long que le sien, bien incapable de mesure l'âge de la fée, mais il pouvait comprendre. Cela ne fait que rajouter quelque chose dans son regard, une admiration qui teinte ses prunelles d'un doux éclat. Se tourner de côté alors que son corps réagit subtilement à sa façon de voir son amie, cette pulsation douce dans le bas-ventre qui n'avait pas lieu d'être. Cela lui déplu fortement et il retient à grande peine une morsure pour endiguer se désir, mais cela aurait très bien pu accentuer son malaise. Il aurait honte si Pansy se rendait compte de la situation, alors il se contente de brasser l'eau d'une main pour troubler la vision jusqu'à ce ça disparaisse.

- Je t'emmènerai demain dans un lieu qui devrait de te plaire dans ce cas.

Il hoche la tête, convaincu que son idée initiale était bonne. C'était déjà prévu, une surprise qu'il avait planifiée en découvrant peu à peu ses plaisirs et ses paroles ne font que confirmer ce qu'il avait en tête. C'était un espoir dans l'avenir qu'il voulait offrir, une raison de se battre pour tenir jusqu'au lendemain. Tant qu'il serait là, il ferait tout pour que les jours se suivent et l'approche de la liberté.
Le claquement de langue tonne à ses oreilles et cette main qui s'approche de lui l'intrigue et l'électrise en même temps. Sa réponse l'étonne et le son de son rire lui ravit les oreilles, oiseau chanteur qui ose enfin délivrer les notes enchanteresses de sa voix. Il l'observe, voit la façon dont son visage se pince d'un air mutin, cette fossette qui appariait, l'éclat de ses dents. Capturer ce moment inédit précieusement, tel un cadeau que l'on lui offre et qu'il garde jalousement. Un véritable sourire vient étirer sa bouche alors qu'il se frotte l'arrière du crâne d'un air gêné.

- Vieux réflexes, promis je ferais des efforts.

Il penche la tête en arrière.

- Et je n'avais pas l'intention de te lâcher.

Un regard plein d'une ferveur muette, ce sourcil qui se hausse à peine, la commissure de la lèvre qui laisse apercevoir un sourire en coin. Quelques secondes seulement il laisse apercevoir l'homme capable de séduire derrière celui qui préfère fuir, apporte une douceur bienvenue à son apparence de militaire endurcis. Parfois lui aussi pouvait laisser tomber la raideur pour se laisser tenter à croquer le fruit défendu.
Se reprendre très vite en entendant la question qui l'interpelle. Cela le trouble et le fait vaguement froncer des sourcils, prenant conscience de l'éternelle prison qui entourait la fée, que jamais on ne lui a proposé autre chose qu'un quotidien rythmé par les ordres et des sous-entendus l'entourant de barbelé pour l'immobiliser. La colère gronde à nouveau derrière ses yeux tandis qu'il maudit ce Wraith. Son poing sous l'eau se serre et la respiration se fait plus longue pour maîtriser sa rage qui n'avait aucun but. Il devait cesser d'être sur les nerfs constamment et apprendre à digérer les informations bien qu'elles soient injustes. La voix de Pansy l'attire, si bien que son visage se déride, chasse les traits de la furie. Un tendre sourire vient aligner quelques rides sur le coin de ses yeux alors qu'il apprécie cet air taquin qui sied à ravir à sa partenaire de soirée.

- Un jour peut-être, petite libellule.

Surnom qui lui vint naturellement et qui déploie un peu plus ses dents dans un sourire bienveillant.

- Un beignet est une pâte que l'on pétrit et que l'on fait lever, c'est-à-dire que la levure agit et permet de faire gonfler la pâte, pour ensuite la faire frire. Cela gonfle et devient dorée. Ils peuvent être mangés nature donc avec du sucre saupoudrer dessus ou fourré.

Il agite ses mains comme pour illustrer ses dires, déçu de ne pas pouvoir les faire découvrir immédiatement toutes sortent de délice qui lui ont été refusées pendant temps de temps.

- Et je suis prêt à cuisiner tous les jours pour toi. Je te ferais découvrir, je t'apprendrais. Ce n'est pas bien compliqué pour celui qui s'y applique. Bien se nourrir, c'est important.

Il passe sous silence ses propres déboires avec la nourriture, préférant souvent manger rapidement que correctement, emmagasinant une grande quantité de calorie pour faire fonctionner son corps sans se soucier de la qualité. A manger toujours sur le pouce, sans jamais prendre le temps de savourer. Errer dans les ruelles, avalant le bitume de ses semelles, la gueule ouverte et l'œil alerte, le cœur tambourinant et les yeux injectés de sang. S'alimenter plus pour ne pas faiblir que par plaisir, n'ayant jamais eu les moyens de pouvoir se le permettre. Mais il devait montrer l'exemple, il était visiblement nécessaire que la sylphide prenne des forces pour affronter les jours sombrent qui profile à l'horizon.

Des souvenirs affluent soudainement, brouillant sa vision. La vision d'une cuisine, lui en train de préparer un repas, la présence de quelqu'un qui s'approche de lui, une main sur sa taille. C'était un homme portant une odeur unique, une peau couleur d'été chaleureux. Il se met sur la pointe des pieds, vient embrasser dans le cou cet homme trop grand avec son mètre quatre-vingt-dix qui coupe des aliments. Il parle mais sa voix s'enfuit, emporté par le vent des années. Un rire qui résonne un peu au loin, comme enchevêtré avec celui d'autres personnes ayant rencontré le Loup. Son cœur se serre avec brutalité, son menton se penche alors que le poids de la douleur fait ployer son échine. Réminiscences d'une ancienne vie, d'un partenaire à ses côtés qui a aujourd'hui disparut. L'amour peut garder des fragments, mais le temps emporte le reste. C'est depuis cette époque mortel qu'il n'a pas vécu de tel moment et cela l'atteint de plein fouet comme si un bus venait de le faucher.

Mettre de l'eau vaporeuse dans le creux de ses mains, se barbouiller le visage pour chasser toute trace de cet émois intérieur qui l'attrape avec violence. Ce n'était pas la première fois que les fantômes du passé viennent le hanter, déboulant invariablement sans prévenir par une étincelle involontaire, mais il avait en horreur que l'on puisse le remarquer. C'était comme un aveu de faiblesse, comme si son cœur n'était que pierre avec la solidité du granit. Il n'était plus homme, mais machine et devant cette fée il était plus … lui-même. Il avait flanché, avait fait glisser ce masque. Il était de moins en moins l'Ombre et de plus en plus Méléän. La barrière s'amenuisait de jours en jours et cela était effrayant. Il ne savait plus vraiment qui il était réellement, simple mirage du passé ou homme troublé par son vécut ?

- Tu aurais des repas que tu connais, mais que tu souhaites découvrir ? Juste après le bain je ferais avec ce que j'ai sous la main, mais cela peut être une forme de découverte.

Un raclement de gorge pour dénouer cette boule qui le dérange. Enchaîner sur la conversation pour ne pas perturber la discussion et atténuer cette symbiose délicate et pétillante qui s'installait entre eux.

- Demain je t'achète un téléphone portable. Comme ça tu pourras me contacter à tout moment et on te mettra des musiques pour te changer les idées.

L'envie de se retourner, de poser son visage dans le creux de ses bras. Mais cela consisterait à lui dévoiler son dos et il ne le pouvait pas. Pas encore. Pas comme ça.

- Je me souviens que tu m'as dit qu'autrefois tu dessinais. Veux-tu que l'on te prenne de quoi reprendre ?

Délicate attention du Loup qui se soucie de ce que l'on pouvait lui confier. Douceur dans cette voix pour ne pas la brusquer et lui laisser l'opportunité de refuser si elle le désirait.

- Cela me dit bien de pouvoir te voir faire.

Une voix rêveuse, attendrit rien que d'imaginer cette scène, un sourire venant s'épanouir sur ses lèvres.



Lulu
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Lulu
Jeu 1 Fév - 1:18

Pansy
Doe

Sylphide aux ailes diaphanes se confronte aux années d'une manière bien singulière, échappant à la course effrénée du temps, elle irradie d'une jeunesse éternelle. Son cœur de verre, avide de tendresse, ne demande qu'à vibrer au rythme des mélodies romantiques, mais une pesante solitude le condamne à les savourer à travers le vécu des autres. Derrière le voile de ce nom aux sonorités florales, Pansy dissimule sa véritable identité, étranglée par les années qui passent. Prisonnière d’un cycle infernal : à chaque tombée du jour, elle se dévêt de ses pétales, cédant sa chair aux guêpes insatiables, puis renaît à l'approche de l'aube, revêtant une splendeur éphémère, pour à nouveau se dénuder à la chute nocturne. Elle est le fantôme à l’agonie du Nymphéa, les murs et les planchers, portent les cicatrices de ses griffes et sont imprégnés de sa fragrance étourdissante.

Après des années à survivre seule dans cet enfer, mes rêves semblaient évanouis. Chaque performance me volait un peu plus ma dignité et mon identité. Je pensais devoir les abandonner pour toujours, jusqu'à ce que qu'une histoire de vengeance me mette sur la voie de quelqu'un. Lui.
TRIGGER WARNING:

Délicat surnom qui s’envola jusqu'aux oreilles de l’ailée, ne fit qu'élargir ce sourire qui planait sur ses lèvres depuis que les bains étaient devenus leur sanctuaire. Cocon où s'épanouissaient des mélodies légères et complices, pansant de leurs doigts de fée les coupures qui faisaient saigner le cœur de la délicate créature.
Puis grâce à des lèvres rêveuses, ses songes purent dessiner les volutes de cette pâtisserie dorée aux saveurs fruitées. Pansy salivait d’avance, s'agitant avec une fébrilité réprimée, son corps, plombé, ne consentant pas à la danse. Mais cette geôle charnelle ne saurait étouffer ses sourires, ni ses rires, et encore moins son désir de perpétuer ce brasier délicieux qui dorlotait son être, celui s'alimentant de ses échanges tendres avec le lycan bienveillant.

— « Alors je sais déjà ce que je prendrai demain… Et peut-être que la framboise deviendra également mon fruit favori », aveu qui insuffla une pointe d'impatience au sourire de celle qui, pour la première fois depuis une éternité, se permettrait le luxe de choisir ce qu’elle mangerait.

Loup qui s'engagea à la plonger dans une nuée de découvertes culinaires, et à apprendre à les maîtriser. L'impatience fit bouillir ses veines, chatouillant son imagination, et alors, manger ne signifiait plus fardeau ni obligation. Elle ne se nourrirait plus seulement pour maintenir en marche cette machine fragile, mais aussi pour s'octroyer des plaisirs. Et si elle parviendrait à maîtriser cet art, pour préparer des festins à son ami lupin.
Bien que ses iris s’entrelacèrent à un sourire sincère, ils demeurèrent toujours autant scrutateurs. Ainsi, ils remarquèrent cette silhouette massive qui, subitement, se laissa choir, le corps engloutit par le fardeau d'angoisses inconnues. Les recoins de ses yeux en amande finirent par se dérider, se parant d'une phanie soucieuse. Une inquiétude si intense, qu'elle parvint à élever le corps alourdi de fatigue de la fée ; cette dernière redressant son buste, une épaule s'appuyant négligemment contre le rebord pour y trouver appui.
Ses lèvres se libérèrent, avides de le tirer de ce naufrage, mais aucun son ne franchit leur barrière charnelle. L'eau qui submergea soudainement ses mains calleuses engloutit ses maux, asphyxiant temporairement ceux de la demi-ailée ; puis sa question les souffla définitivement.
La réponse mûrit difficilement en elle, toujours perturbée par cette vision aussi énigmatique qu’inquiétante. Elle lui évoquait ses clients, un peu plus réguliers que les autres, dont elle avait observé le visage se ternir, devenant insensible même à son effeuillage, incapable de les faire refleurir. Ces petits fantômes qui venaient corrompre les instants de délice et de douceur, et que seule elle n’arrivait pas à entendre. Des ombres insaisissables et surtout redoutables, au point de faire fuir du Nymphéa ces femmes et hommes estimés, et dont les terreurs demeureraient à jamais étrangères à celle qu’ils avaient laissé derrière. Candide aurait souhaité connaître ces silhouettes, afin de ne pas perdre les muses qui l'avaient aimée d'un amour factice.
Le temps de formuler intérieurement le souhait qu'un tel sort ne s'abatte sur le loup, celui-ci la rappela, malgré lui, à la réalité en éclaircissant sa gorge. Ses longs cils d'ébène papillonnèrent fugacement dans le néant, et la poupée ne rencontra aucune peine à retrouver son sourire, qui s'avéra être un tantinet plus léger et songeur que celui qui l'avait précédé.

— « Je ne connais pas de repas… Mais peu importe ce que tu me prépares, je serai ravie de découvrir tes talents culinaires. »

Pansy avait vu certaines assiettes défilées, ceux que certains danseurs avaient ramené du monde extérieur, mais elle n’en avait jamais su le nom exact, reléguée de nouveau à l’ignorance par son propre mutisme.
Tout pour s’extirper de ces eaux tumultueuses, jusqu'à même lui confier son désir de lui offrir un téléphone. Curieuses babioles dont Wraith s’était évertué à lui expliquer le fonctionnement, en vain. Assurément, la belle n’avait pas été séduite par ce qu'il voulait qu'elle en fasse, à savoir enregistrer des confessions ou capturer des images compromettantes. Et ainsi, l'actrice feignait la stupidité, l'incitant discrètement à se charger lui-même de ces tâches ou à déléguer ces besognes à d'autres danseurs. Ce ne fut que lorsqu'il la manipula en invoquant le sauvetage de fillettes qu'il avait réussi à la convaincre d'abandonner son petit jeu.

— « L’idée me plaît » félicité qui s’ancra de nouveau un peu plus sur sa mine. « J’ignore le prix de ces gadgets, mais ne te ruine pas pour moi… J’ai quelques économies qui pourraient nous être utiles. »

Pièces d'or, plongés dans le sommeil depuis des ères révolues, quelques-unes avaient été émoussées par le temps, et avaient perdu leur valeur. Mais ça, elle l'ignorait également. Captive, qui en avait encore beaucoup à découvrir et à apprendre de ce monde qu’elle s’apprêtait enfin à embrasser.
Monde que péri avait longuement fantasmé, et dont elle avait saisi quelques éclats, à jamais scellés dans des carnets à présent imbibés de griffonnages, ou plutôt, de ses propres dessins. Des esquisses aux arabesques singulières, presque abstraites, témoins de son apprentissage solitaire.
Au fil des tracés, Pansy avait forgé son propre style ; une symphonie de couleurs souvent chaleureuses, et dont jamais la tristesse ne glaçait les traits, préférant immortaliser ce qui avait tendrement enflammé son cœur. Ainsi, foisonnaient les portraits des passants bienveillants, des petites créatures et divers animaux, égayant les pages de ses précieux calepins.
Malheureusement, les dernières années s’étaient assombries, ses doigts délicats délaissèrent les crayons, et ses yeux embrumés n’étaient plus en mesure de percevoir la moindre parcelle de beauté dans ce monde qui l'avait souillée. Ainsi, les carnets perdirent leurs teintes, au même rythme que ses ailes. La neurasthénie l'empoisonnant, aurait pu la faucher, si elle ne s'était jamais laissée engloutir par cette ombre, qu'elle avait pour la première fois contemplée dans une ruelle pourtant aussi sombre que ses songes.
Voici désormais que le détenteur de cette ombre lui offrait l’opportunité de ressusciter cette passion, et elle aurait pu repousser cette proposition si son cœur n’avait pas repris sa danse. Mais dernièrement, Pansy se sentait comme un bourgeon à l'aube du printemps, se préparant à accueillir son soleil. Elle voulait lui murmurer qu'elle avait survécu à l'hiver, à ses neiges et à ses morsures, tout cela pour pouvoir l'admirer... Et qui sait, peut-être même l'honorer à sa manière.

— « J’ai envie de reprendre le dessin » douce ferveur dans sa voix, caressée par un sourire lumineux. « Tu me verras faire, sois-en sûr » et il ne serait pas que spectateur de ses coups de crayons « Tu accepterais que je te dessine un jour ? » mais aussi de la tendresse qu’il lui inspirait. « Je ne dessine que ce qui me rend heureuse. »

Et soudain, délicates épaules s'élevèrent, portées par une gêne discrète, jeune péri séculaire craignant que le chant tendre qu'elle offrait au loup ne le dérange. Nombreux étaient celleux qui avaient maudit la tourterelle, désireux de délester sa bouche de toute douceur afin de la combler de leur souillure. Peut-être était-ce de sa faute, peut-être donnait-elle un peu trop.

— « Excuse-moi si… » mélopée prohibée traversa ses lèvres, sourcils se froncèrent et paupières s’abaissèrent, soulignant la petite colère que ses excuses éveillèrent en elle. « Comme ça tu auras un dessin de toi, que tu pourras encadrer chez toi… Ou ici, dans la chambre que tu occupes. Enfin, si jamais il te plaît. »

Et que l'apathie n'avait pas corrodé ses doigts, Pansy ignorait le laps de temps écoulé depuis son arrêt. Ignorante, elle se laissait engloutir par les méandres du temps, incapable de connaître ne serait-ce que l'heure actuelle.
Ses prunelles se dérobèrent une fois de plus dans l'abîme, avant de se fixer finalement sur la mine lupine, une lueur de curiosité y étincelant.

— « Il y a des choses que tu as abandonné il y a longtemps, et que tu aimerais également retrouver ? » activités, lieux, ou quoi que ce soit d’autre. Pansy était simplement curieuse, désireuse de le connaître un peu plus, lui, qui s’était rendu insaisissable, laissera-t-il sa curiosité l’effleurer ? « Enfin il y a longtemps… J’ignore ton âge exact, ça pourrait très bien être un hobby abandonné il y a quelques mois, quelques années ou plusieurs siècles… Voire millénaire. Ce qui signifierait que tu es plus vieux que moi, et ça serait un exploit. »

L’amusement caressait ses traits, créature égarée presque convaincue de n'avoir pas encore franchi le seuil du millénaire, mais peut-être n'en était-elle pas très loin.

— « Quand on gagne un millénaire, une seconde paire d’ailes pousse juste en dessous de la première. Je me rappelle que certaines d’entre nous en avaient tellement, qu’elles n’avaient même plus la force de voler » et rares étaient celles qui survivaient longtemps à terre, nombreuses étaient celles qui, sans crainte, s'abandonnaient à la mort, vieille amie leur offrant l'union éternelle avec la forêt qu'elles chérissaient.« J’ignore si vous avez quelque chose de similaire chez les loups. »

Espèce qu'elle n'avait eu le loisir d’apprivoiser. Créatures à la fois ensorcelantes et redoutables, qu'elle avait épiées dans son enfance, se souvient que ces géants avaient suscité chez elle une curiosité ardente. L'écho lointain d'une aînée résonna subitement dans son esprit, lui susurrant de ne pas les approcher, que la connaissance viendrait avec l'âge, dès qu’elle serait en mesure de songer à sa propre descendance.
Songe qui fit naître un sourire rêveur sur ses lèvres, laissant flotter en elle le pressentiment qu'il était peut-être temps de percer les secrets de cette espèce, sans pour autant se sentir contrainte, pour une fois, de sacrifier sa chair.

— « Dis-moi… Qu’est-ce que tu aimes dans ta nature ? » souffla curieuse, à la mine légèrement penchée.
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