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LE TEMPS D'UN RP

De pluie et de sang • Dinamite

Dinamite
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Dinamite
Mer 31 Jan - 11:44

Ashild Vekeldottir
Ashild Vekeldottir est la fille du Jarl de Skorravik.

A 30 ans, c'est une guerrière accomplie et cheffe des Vikings. Elle s'est battue pour en arriver là, et mériter sa place.

Pourtant, Ashild n'en doute pas un instant: si son père la savait tribade, il la tuerait de ses propres mains.

L'amour saphique lui étant refusé par les traditions ancestrales, seuls la sécurité de son peuple, la prospérité des serfs de son père et Seigneur, et la satiété de sa famille lui importent.

Ashild est un peu trop fière, sanguinaire, tête-brûlée, mais bonne vivante, avec un côté plus mélancolique et doux, le cœur sur la main avec ses proches. Elle vit et combat pour offrir l'abondance à la population de son village bien-aimé.

Avatar Assassin's Creed  .
Après plusieurs demandes récidives d'Olaf et un signe d'Ashild sa cheffe, qu'il interpréta comme un ordre, Knud le Sorcier se leva en grinçant des dents pour suivre le Sage qui lui ouvrait le chemin.

Knud, comme tous les hommes présents dans la salle, commençait à se sentir fatigué par cette longue journée, et le vin qu'il avait ingurgité commençait à faire son effet. Il serait bien resté dans la grande salle surchauffée, à profiter de la fête jusqu'à ce que le sommeil ait raison de lui. 

Au lieu de quoi, il se retrouvait à suivre Olaf dans les couloirs traversés de courants d'air glacés de l'immense chateau.

Heureusement, ceux- ci étaient presque déserts, et les rares anglais qu'ils croisaient, baissaient les yeux et s'écartaient de leur chemin, l'effroi se reflétant dans leurs regards.

Olaf et Knud n'y prêtaient pas trop attention, le premier plutôt titubant sur ses jambes, et le second pressé de terminer cette mission et de pouvoir aller reposer sa carcasse épuisée. 

Arrivé dans la chambre de la jeune Seigneure, Olaf regarda autour de lui et poussa un juron sonore, agacé. La gamine n'était plus dans la pièce.

Cette garce lui avait posé un lapin, alors même qu'il lui apportait l'aide qu'elle lui avait réclamé. Maudite anglaise! Il se demanda un moment s'il devait partir à sa recherche, mais un reste de lucidité lui fit comprendre que les chances de la retrouver, dans l'état où il se trouvait et l'immensité de ce château étaient minces, voire nulles.

- Elle s'est barrée, annonça t-il a Knud le Sorcier en vieux norrois. La compensation dont je t'ai parlé. Elle s'est barrée. Viens, nous n'avons plus rien a faire la.

Les deux hommes se retournèrent pour sortir de cette chambre lugubre, mais Knud le Sorcier s'arrêta sur le pas de la porte et hésita un moment.

Il ne comptait pas perdre sa nuit auprès de ces sales anglais, mais la Cheffe avait donné des ordres.

Faisant volte face, il revint rapidement sur ses pas, s'approcha du médecin anglais qui dodelinait de la tête sur sa chaise et l'attrapa par le col de sa veste.

- Toi, dehors! lui intima-t-il avec force, le faisant lever de sa chaise, et le poussant vers la porte.

Puis, il sortit de sa besace une petite boîte ronde qui contenait l'Onguent de Guérison à base de plantes médicinales, dont la recette secrète avait été transmise de génération en génération de Sorciers vikings pour arriver jusqu'à lui. 

Il la déposa un peu rudement sur une table basse près du lit de la Dame Rouge, avant d'adresser un signe de tête a la vieille femme qui veillait toujours la malade, pour lui faire comprendre de l'utiliser.

Puis, sans ajouter un mot, les deux vikings quittèrent la chambre de la jeune anglaise avec soulagement.


Opale Or
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Opale Or
Lun 12 Fév - 22:37

Annlise d'Ysthierde
J'ai 28 ans et je vis dans le château de mon père, au duché de Scarborough, en Angleterre. Dans la vie, je suis dame et chevalier et je m'en sors très bien. Sinon, je suis célibataire et pure et je ne laisserais aucun homme voler mes titres ou ma gloire.

Je suis née dans la noblesse et une famille aimante, bien que ma mère soit morte en couche.
Mon père aurait préféré que je sois un garçon parce qu'il n'aurait pas eu autant à s'inquiéter de ma sécurité. Mais puisque j'étais une fille, il a demandé à son maître d'arme de m'apprendre discrètement à me défendre. J'ai dépassé toutes ses attentes en devenant une bretteuse hors pair et une guerrière habile, rusée et stratège.

A mon grand malheur, mon père est tombé malade à mes 21 ans. Sur son lit de mort, il m'a fait promettre de garder son trépas secret et de prendre sa place : il m'avait formé pour cela. Avec la complicité de mon mentor, j'ai joué le jeu malgré mon chagrin. Personne n'a rien trouvé à y redire, nos gens m'ont accordé immédiatement leur confiance.

Mais bientôt la guerre a éclaté et j'ai pris les armes pour défendre la couronne, en me faisant toujours passer pour mon père. Pendant plusieurs années, j'ai mené des troupes, perdu et gagné des batailles mais surtout arraché la victoire. La paix revenue, le roi m'a fait mandée pour m'attribuer les honneurs dû à un chevalier de son royaume et j'ai été contrainte de révéler mon identité.

Le scandale s'est répandu à toute l'angleterre et on m'a vite surnommée La Dame Ecarlate. Les nobles ont crié à la trahison, ont demandé à ce que je sois exécutée pour mon crime, mais le roi m'a accordé sa grâce. Pour mes exploits et pour la paix du royaume. J'ai pu conserver mes titres, ma châtellerie et vivre en paix parmi les miens. Hélas, j'ai bien vite compris que ce n'était qu'une façade puisque les seigneurs voisins n'ont pas hésité à m'attaquer, établir des sièges et harceler mes positions. Tous ont appris à leur dépent ce qu'il en coûtait de s'en prendre à mes terres et à mes gens.

Mais j'ai payé le prix fort de leur dernier assaut...

De pluie et de sang • Dinamite - Page 3 Ahnlys11

Quand le sommeil la quitta, Annlise se souvenait mal du jour qui avait précédé. Il lui semblait avoir fait un mauvais rêve, fait de loups et de violences, de mort et de corbeaux à trois yeux. La fièvre lui avait fait voir une géante qui possédait tout ce que son coeur désirait. Elle pouvait encore entendre sa voix aux accents étranges, se perdre dans le bleu de ses yeux, sentir le froid de son armure sous ses doigts. C'en était troublant.

Sa première inspiration hors de la somnolence la fit hoqueter de douleur, chassant ses divagations. Tout son corps se tendit sous les draps, déclenchant une myriade d'éclairs là où ses blessures étaient les plus profondes. Elle grogna et fut surprise de ne pas reconnaître sa voix. Rauque, presque éteinte, comme si elle s'était époumonnée toute une journée à hurler des ordres sur un champ de bataille. Pourtant, cela faisait près de deux semaines qu'elle était alitée. Un étrange malaise s'empara de la châtelaine, tandis qu'elle ne parvenait pas encore à mettre de l'ordre dans les récents événements.

Ses mouvements réveillèrent sa nourrice, qui somnolait sur le bord du lit. Elle sursauta, hagarde, mais son visage fatiguée s'illumina et elle s'empressa de serrer sa main en se répandant en remerciements à Dieu. Sa présence apaisa la dame d'Ysthierde qui cessa de bouger pour apprivoiser la douleur que provoquait sa respiration. Etrangement, elle lui semblait moins vive que lros de son dernier réveil. Elle se sentait également plus alerte. La fièvre avait sans doute diminué, ce qui était bon signe. Elle pourrait peut-être même s'aventurer hors du lit. En revanche, elle ne se souvenait pas qu'il fasse si sombre et si froid dans sa chambre. Elle entendait le feu crépiter dans la cheminée, et pourtant, chaque centimètre de peau hors de sa couette frisonnait.

"De l'eau..."

Sa gorge la brûla quand elle essaya de parler, la faisant toussoter, ce qui réveilla la douleur de son flanc. Annlise grogna faiblement et se redressa dans son lit avec l'aide de la vieille femme. Les rideaux autour de son lit étaient tirés, voilà qui expliquait la pénombre. Elle fronça les sourcils : ses servants savaient pourtant qu'elle n'aimait pas être enfermée de la sorte dans un écrin de tissus. A chaque fois qu'elle se réveillait les rideaux tirés, elle avait l'impression d'ouvrir les yeux dans un tombeau. A travers son incompréhension, un détail supplémentaire la laissa dubitative : les rideaux bougeaient comme en plein courant d'air.

"Tenez, buvez mon enfant."

La voix de sa nourrice la coupa dans ses pensées. Elle but doucement la tasse qu'elle lui tendait et constata avec bonheur qu'il s'agissait d'une infusion au miel juste tiède. Elle l'avala d'une traite et soupira de soulagement en refermant les yeux. De longues minutes de quiétude passèrent ainsi jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole :

"Nourrice, pourquoi avez-vous cloisonné le lit ?"

Le silence de la vieille femme lui parut trop long pour être naturel. Elle tourna le regard vers elle et l'expression qu'elle lut sur son visage lui fit froncer les sourcils. Quelque chose ne tournait pas rond. Son malaise se transforma en angoisse, chassant toute trace de sommeil et de tranquillité de son visage. Lorsque Gunhild lui rappela qu'une flèche avait brisé la fenêtre et que les vikings avaient brisé la porte, tout lui revint comme un coup de baliste dans la poitrine. L'attaque. Les vikings. La géante aux yeux de glace. Sa reddition. Après cela, ses souvenirs restaient flous. Elle avait jeté son épée au sol, Gunhild avait été repérée dans l'armoire, mais après cela, le néant. Elle avait forcé sur ses blessures et avait du perdre connaissance... Autrement dit, c'était un miracle qu'elle se soit réveillée.

Elle souleva les draps pour jeter un oeil à son flanc. Aucun sang ne maculait ses vêtements. Elle réalisa alors qu'elle ne portait pas la même chemise de nuit et qu'une forte odeur de plantes embaumait la pièce. Diable, que s'était-il passé après sa perte de conscience ? Les barbares avaient-ils repris la mer avant son réveil ? Etait-ce fini ? Où étaient les autres ? Dans quel était se trouvait le château ? Est-ce que la herse avait été baissée et la porte des remparts fortifiée ? Bon sang, elle n'avait pas le temps de se tourner les pouces et de boire du thé !

La dame repoussa nerveusement ses draps, retenant seulement ses gestes pour ne pas se blesser davantage et essaya de se lever prudemment, tout en questionnant sa nourrice :

"Que s'est-il passé ? Les vikings ont-ils repris la mer ?"

Le visage de cette dernière blêmit à vue d'oeil alors qu'elle se dépêchait pour l'aider. Comme elle semblait prise de panique à l'idée de la voir se lever, Annlise s'immobilisa et prit une de ses vieilles mains dans la sienne. Elle remarqua qu'elle tremblait légèrement.

"Racontez-moi, demanda-t-elle d'une voix douce."

La vieille femme échangea un long regard avec elle, empli d'inquiétude et de désespoir. Comme si le poids des malheurs l'avait submergé, elle se laissa tomber sur son siège et expliqua la situation à sa protégée. Sa perte de connaissance et l'aide inespérée de la cheffe viking qui lui avait sauvé la vie, détail qui troubla profondément Annlise, puis l'installation des barbares dans le château, la soumission des soldats à la reddition grâce à Beren, le drame évité avec Isolde, le courage de cette dernière et la pommade du sorcier viking qui lui avait permi de reprendre connaissance si tôt et sans fièvre ; et enfin la volonté de la cheffe viking de l'emporter avec eux...

Annlise accusa le coup en fronçant les sourcils. Sa nourrice avait forcément mal entendu... Quel intérêt les vikings auraient-ils à l'emporter avec eux ? Elle était blessée, gravement, et ils avaient déjà accès à son château, ainsi qu'à ses richesses puisqu'elle ne pourrait pas les défendre. C'était certainement de ça qu'ils avaient voulu parler et le sens de leurs mots s'étaient perdus au moment de la traduction. L'homme qui parlait anglois avait un tel accent qu'onle comprenait à peine.

"Bien... Si Erold a pu tenir nos hommes tranquilles, c'est parfait. Faites le appeler, j'ai besoin de m'entretenir avec lui.
-Madame... Sir Kirkawl est... Il est mort durant l'attaque."

L'air quitta les poumons d'Annlise. Pendant un instant, elle ne parvint pas à dissimuler sa détresse. Erold était tombé. Son mentor, son confident, son modèle.... Celui qu'elle avait toujours considéré comme un parent d'adoption. Mort. La jeune femme serra les dents et se souvint de la présence qu'elle avait senti près d'elle la vieille. Comme si son mentor s'était trouvé dans la chambre à ses côtés, sa main sous son bras pour l'aider à tenir face à ses ennemis. Au fond, elle avait su dès cet instant qu'il n'avait pas survécu à l'assaut, mais cela n'empêchait pas son coeur de se dessécher maintenant qu'elle en avait la confirmation. Instinctivement, elle couvrit son coeur blessé d'une main, appuyant le poing contre sa poitrine comme pour l'empêcher de s'en évader. La gorge serrée, le souffle court, elle sentit l'émotion sur le point de la submerger, un cri sur le point de lui échapper. De tristesse ou de rage ? Elle ne prit pas le temps d'examiner cette émotion violente qui grondait en elle, préférant la repousser loin, très loin de son esprit.

Un pillier de sa vie s'était effondré mais elle ne pouvait pas se permettre de se laisser tomber en ruines. Alors son regard se durcit, étincelant comme une étoile dans la nuit, quand elle se leva de son lit. La douleur fut moins forte que ce à quoi elle s'était attendue mais elle était inhabituelle et tirait sa peau comme une toile trop tendue. Au moins, elle ne saignait plus, ce qui expliquait pourquoi elle se sentait plus lucide que la veille, mais malgré tout, elle esquissa ses premiers pas avec prudence, en s'aidant du montant du lit pour se stabiliser.

"Je vais avoir besoin de votre aide pour m'habiller, articula-t-elle entre deux grimaces de douleur. J'ai déjà perdu trop de temps...
-Bien sûr, Madame !"

La vieille femme se pressa vers l'armoire de la châtelaine, reprenant un peu espoir, et chercha un vêtement adapté à la situation. Quelque chose de facile à enfiler et qui n'appuyerait pas sur ses blessures. Son choix se porta sur une robe à l'étoffe vert émeraude dont le col et les poignets étaient doublés de fourrure noire et les coutures réhaussées de fil d'argent. Annlise observa le vêtement d'un oeil mauvais mais ne protesta pas. Elle devait apparaître comme la Dame d'Ysthierde pour sa première apparition devant ses hommes depuis des semaines, et comme une noble devant ses ennemis, l'eussent-ils déjà vu en bien piteux état... En revanche, elle n'accepta pas si facilement que Gunhild immobilise son bras gauche en écharpe. Les deux femmes se chicanèrent pendant plusieurs minutes avant qu'Annlise ne cède au bon sens de sa nourrice.

"Vous devez ménager votre blessure et garder votre bras immobile !"

C'était plus sage, en effet. Gunhild insista également pour la coiffer pendant qu'elle prenait son "petit déjeuner". Un bien joli terme pour désigner un peu de pain et de viande froide que les serviteurs avaient réussi à sauver du festin des vikings, ainsi qu'une infusion médicinale au goût atroce. Annlise finit de se restaurer bien avant que sa nourrice ait achevé de tresser et torsader savamment ses longs cheveux. Son regard se perdit alors vers le mannequin portant son armure et sa deuxième épée. Elle fut surprise d'en deviner le pommeau à la hanche de l'armure avant de prendre conscience que les vikings n'avaient pas violé sa chambre. En dehors de la fenêtre et de la porte brisée, ils n'avaient touché à rien : ni à son armure, ni à sa boîte à bijoux, ni à toutes les richesses que la pièce recelait. Pour des pillards de leur espèce, cette retenur avait de quoi laisser perplexe. Puis un souvenir se forma dans l'esprit d'Annlise, la mettant soudainement mal à l'aise. Le regard de la cheffe viking juste avant qu'elle ne s'effondre à ses pieds... A travers sa surprise de voir son ennemie la supplier, une autre émotion avait fait briller ses yeux. De l'inquiétude ? Pas exactement. De la compassion, peut-être ? Annlise ne parvenait pas à mettre exactement le doigt dessus mais il lui semblait évident que cette femme du nord avait donné des ordres pour qu'on ne pénètre pas dans ses appartements. Comme elle en avait donné pour qu'on la soigne. La châtelaine se mordit l'intérieur de la joue. Elle ne comprenait pas pourquoi son ennemie avait agi ainsi, et encore moins pourquoi cela la troublait autant.

"Vous êtes prête, Madame."

La voix de sa nourrice la tira de ses pensées. Elle saisit le petit miroir qu'elle lui tendait et s'observa quelques instants. Son visage portait les stigmates de l'épuisement, creusant un sillon violacé sous son oeil et un bandage propre couvrait une bonne partie de son côté gauche. Néanmoins, Gunhild avait réussi à passer un ruban argenté sur son front et positionner des tresses de manière à rendre l'ampleur de la blessure moins impressionnante qu'elle ne l'était réellement.

"C'est parfait, merci."

Sa nourrice sourit à ses mots, réchauffant un peu son âme, puis elle lui tendit sa chevalière, expliquant que Beren était venu la rapporter quelques heures plus tôt. Annlise la passa à son doigt et caressa l'emblême de sa maison du pouce. Il était temps qu'elle reprenne sa place.

"Allons-y, fit-elle en se levant."

Le geste lui tira un nouveau grognement guttural tandis qu'elle serrait les dents. Elle avait l'impression qu'un troupeau de chevaux de guerre lui était passé dessus dans la nuit. Pourtant elle se força à faire quelques pas vers la porte sans aide, testant ses capacités. La douleur irradiait à chaque pas et la faisait trembler sur ses appuis. Sans l'adrénaline du combat, sa jambe gauche aurait tôt fait de céder si elle continuait à s'appuyer dessus comme si de rien n'était. Sa nourrice se plaça aussitôt à son côté, l'air de rien et lui fit comprendre d'un simple regard qu'elle était là pour la soutenir. Annlise la remercia d'un hochement de tête bref et posa la main sur son épaule. Il leur fallut quelques pas pour ajuster leur démarche mais une fois hors de la chambre, elles avançaient avec naturel du même pas lent qu'elles faisaient passer pour mesuré.

Quand elles quittèrent le donjon, seul l'écho de murmures et pas feutrés semblait s'élever du château. Etrangement, elles ne croisèrent guère de vikings dans les couloirs, bien qu'ils portent parfois la marque de leur passage. Chandeliers arrachés, meubles renversés... Annlise constata que le reste de sa demeure n'avait pas eu droit au même respect que ses appartements. Elle en ressentit une pointe d'amertume, mais ce n'était rien en comparaison du maelstrom qu'elle n'allait pas tarder à affronter...

Quand les escaliers achevèrent de la mettre à l'épreuve, quand elle reprit son souffle en parvenant dans le grand hall à l'entrée du château, quand son oeil se posa sur la cour intérieure, la colère déferla en elle. L'odeur de mort la saisit à la gorge et les flaques de boue rougies par le sang versé lui agressèrent la vue. Son havre de paix ne valait guère mieux que tous les bourbiers des champs de bataille. Quel gachis. Ses hommes s'affairaient pour déblayer le passage et entasser les corps sur des chariots, en attendant de savoir ce qu'ils devaient en faire. Parmi les cadavres se trouvaient beaucoup d'anglais, reconnaissables à la livrée de la maison d'Ysthierde, mais également des vikings dans leurs armures déparaillées. Et quelque part se trouvait le corps d'Erold. Annlise déglutit difficilement, le coeur au bord des lèvres.

"Madame !"

Non loin dans la cour, l'exclamation de Beren fit tourner plusieurs têtes vers elle. Annlise le salua d'un signe de tête, ignorant les murmures qui circulaient et la manière dont ses hommes l'examinaient, et lui fit signe de la rejoindre. Le jeune page s'exécuta prestement, s'inclinant bien bas en arrivant devant elle.

"Conduis-moi à lui."

L'air plein d'espoir du page s'éteignit devant sa mine grave. Elle n'eut pas besoin de lui préciser de qui elle parlait pour qu'il comprenne. Il la mena de l'autre côté de la cour, près de la porte d'enceinte désormais gardée par des vikings. Ils grognèrent Dieu savait quoi dans leur langage étrange mais Annlise les ignora. Elle venait d'apercevoir l'épée de son père et l'éclat de son armure lavée par la pluie. Elle s'arrêta à quelques pas sans pouvoir détourner les yeux du métal, ne remarquant même pas que l'un des vikings se pressait vers le château, sans doute pour prévenir sa cheffe que la dame ennemie était sur pieds et en train de se balader librement aux yeux de tous. Elle ne remarqua pas plus le petit attroupement de ses soldats à distance respectueuse et de leur air endeuillé quand ils comprirent devant quel corps elle se tenait, immobile comme une statue.

Après quelques instants difficiles, elle murmura à l'intention de Beren et de Gunhild :

"Laissez-moi..."

Beren songea à protester, n'ayant pas loupé l'empressement du viking, mais la vieille femme lui fit signe de ne rien en faire.

"Viens mon garçon."

Gunhild le saisit par le bras pour l'éloigner en direction des anglais et en profita pour lui dire, à vois basse :

"Disperce les hommes, ou nous allons au devant des ennuis. Fais-les patienter jusqu'à ce que notre Dame donne ses prochains ordres."

Là-dessus, elle le laissa rejoindre l'attroupement et se posta dans un coin de la cour, les yeux rivés vers sa protégée qui avançait désormais doucement vers le corps de son mentor.

Chaque pas lui révélait un peu plus de sa carcasse. Jusqu'au cou, il semblait n'avoir subi presque aucune blessure et sa cape, posée sur son visage, semblait avoir été charriée là par le vent. Annlise aurait pu y croire si ce n'était tout ce sang qui l'imbibait. Lentement, elle s'agenouilla à côté de la dépouille, la douleur physique de loin surpassée par celle du chagrin. Elle n'osa pas soulever la cape immédiatement, saisissant plutôt une main gantée du guerrier pour la serrer doucement. La sienne semblait toujours si petite et fragile en comparaison. Même mort, Erold lui paraissait grand, puissant, prêt à se relever d'un instant à l'autre. Mais sa main était froide et rigide. Ses doigts ne se repliaient pas contre les siens et son bras pesait lourd. Un poids énorme tomba dans la poitrine d'Annlise, et avant qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit, sa vision se brouilla. Elle baissa la tête pour cacher son émotion, serra les paupières si fort que son oeil bandé lui fit mal et laissa passer quelques instants pour se reprendre.
Quand elle rouvrit les yeux, elle inspira profondément et lâcha la main de son mentor pour se rapprocher de son visage et le découvrir. Elle laissa retomber la cape mollement sur le sol, figée par l'horreur de la blessure qu'elle venait de révéler. Dépourvu de son casque, son crâne était fendu en deux, ainsi que son visage, les traits figés dans une grimace à peine humaine.

Mille tempêtes explosèrent dans le coeur de la dame d'Ysthierde.

Elle resta figée un long moment sans pouvoir détourner les yeux de son mentor, trop choquée pour hurler, trop brisée pour pleurer. Ce n'était pas la première fois qu'elle était conforntée à l'horreur des combats mais elle n'avait jamais imaginer voir Erold dans cet état un jour. Et elle n'avait pas été là pour le sauver. Ou se battre à ses côtés. Ou prendre le coup à sa place...
Elle n'était pas sûre de pouvoir le pardonner un jour. Ni à celui qui lui avait fait ça, ni à ceux qui l'avaient empêchée de se battre ce matin-là et encore moins à elle-même de l'avoir laissé mourir pour elle. Si elle ne lui avait pas demandé de porter cette armure... de prendre sa place pour mener les hommes... alors peut-être que... Non. Elle ne devait pas y penser. Elle ne devait pas y penser sans quoi elle pouvait aussi bien s'allonger à côté de lui et se laisser mourir, le ciel pour linceul.

Après ce qui lui sembla une éternité, elle parvint enfin à bouger. Avec un long soupir, elle posa une main sur la joue du mort et formula ses adieux dans un murmure. Nulle promesse de vengeance, nul remord. Seulement un au revoir et une pensée pour les portes ouvertes sur une fête éternelle qu'elle avait vu en songe. Quand elle eut terminé, Annlise ferma ses paupières ouvertes et prit de temps d'enrubanner son crâne dans sa cape, formant un bandage rappelant étrangement celui qu'elle portait, pour que la partie intacte du visage d'Erold soit encore visible et qu'on puisse le reconnaître, même dans la mort. Elle se leva ensuite pour aller récupérer l'épée de son père et la déposa sur la poitrine de son mentor, ramenant ses deux mains sur la poignée, comme il était de coûtume pour les chevaliers.

Seulement après, elle se décida à le quitter, esquissant un pas en arrière sans toutefois le quitter des yeux. Il lui fallut un moment pour reprendre pied dans la réalité, percevoir à nouveau les bruits dans la cour, le froid qui lui engourdissait les doigts et l'humidité sur son visage. Finalement, elle avait pleuré. Elle s'essuya la joue du plat de la main, sans réaliser qu'elle remplaçait ses pleurs par une traînée de sang, car sa main en était recouverte.

Désormais, elle se sentait vide d'émotions mais son esprit tournait à plein régime. Il fallait débarasser le château des morts ou les mouches et la puanteur allaient ramener les maladies. Et puis, elle devait mettre au clair les plans des vikings, s'enquérir de leur départ et démêler ce qu'ils avaient voulu dire pour que Gunhild pense qu'ils voulaient l'emmener avec eux. Ensuite, il faudrait compter les morts, prévenir les familles, reconstruire les portes, s'assurer que personne n'était encore au courant, nommer un nouveau second...

Annlise releva les yeux, bouche ouverte pour appeler Gunhild quand son regard croisa des yeux de glace. Elle ferma la bouche, balaya la cour du regard pour constater que le traducteur était là, ainsi que davantage d'yeux que lorsqu'elle s'y était engagée. Elle soupira doucement, jeta un dernier regard au corps d'Erold, et s'avança à pas mesuré vers la cheffe viking.

"Nous allons enterrer nos morts."

Son regard se porta vers les chariots, loin derrière la viking, dont certains étaient plein des siens, avant de revenir sur son visage.

"J'ignore comment vous rendez hommage aux vôtres, mais nous pouvons également enterrer les vôtres."

Elle marqua une pause pour faire taire d'un regard les murmures réprobateurs des anglais ayant entendu ses paroles.

"Vos hommes sont tombés loin de chez vous, reprit-elle d'une voix plus douce qu'elle ne l'aurait songé, mais vous êtes de bons marins. Je ne doute pas que leur âme retrouve le chemin de vos terres..."


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Dinamite
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Dim 3 Mar - 17:04

Ashild Vekeldottir
Ashild Vekeldottir est la fille du Jarl de Skorravik.

30 ans, c'est une guerrière accomplie et cheffe des Vikings. Elle s'est battue pour en arriver là, et mériter sa place.

Pourtant, Ashild n'en doute pas un instant: si son père la savait tribade, il la tuerait de ses propres mains.

L'amour saphique lui étant refusé par les traditions ancestrales, seuls la sécurité de son peuple, la prospérité des serfs de son père et Seigneur, et la satiété de sa famille lui importent.

Ashild est un peu trop fière, sanguinaire, tête-brûlée, mais bonne vivante, avec un côté plus mélancolique et doux, le cœur sur la main avec ses proches. Elle vit et combat pour offrir l'abondance à la population de son village bien-aimé.

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Après une longue nuit à festoyer, et seulement une heure ou deux de repos, la cheffe viking avait donné des ordres à ses hommes pour commencer à organiser le retour au pays.

A présent, Ashild présidait elle-même au va et vient constant de ses hommes, amenant marchandises et denrées du village anglais vers les drakkars se dressant fièrement en fil indienne sur les bords du fleuve anglais. 

Dressée de toute sa hauteur, se tenant en appui d'une jambe sur un rocher plat, des cheveux d'un blond pâle s'échappant de sa longue natte épaisse et voletant autour de son visage, Ashild paraissait majestueuse. Les doigts entrelacés dans le ceinturon de son épaisse fourrure, elle observait le va et vient de ses hommes avec satisfaction.

Avec fierté, elle observa le Drakkar de tête, dont la figure de proue représentait une tête d'ours, belle et imposante, son symbole. Derrière lui, se trouvaient les drakkars de feu ses frères, l'un avec une tête de loup terrifiante et plusieurs chevaux aux naseaux fumants ou à la crinière volant au vent du large. Les sculpteurs vikings avaient réussi à rendre les animaux très réalistes, chaque figure de proue ressemblant à une œuvre d'art.

Une brise agréable lui caressait le visage, et l'odeur saline que le vent lui apportait de la berge revigorait ses sens. Son âme se sentait apaisée avec la fin des combats, la moisson d'été enfin terminée, et la victoire remportée la veille. Et cette odeur marine ravivait son émotion. 

Enfin, ils allaient pouvoir reprendre la mer, leur mission accomplie, leur cales pleines de vivres et de trésors, et rentrer au pays. Retrouver leurs familles et leur apporter l'abondance du pays des anglois.

Vers le milieu de la matinée, un coursier du château vint à sa rencontre afin de lui délivrer un message. La Dame du château s'était réveillée, et elle déambulait à présent au milieu de ses gens.

Ashild hésita un moment à continuer à superviser le chargement de ses navires ou à rejoindre le château pour s'assurer que des effusions de sang ne seraient pas déclenchées par le retour à la vie de la jeune seigneure anglaise. Sa venue risquait de redonner un regain de hargne à ses gens, qui risquaient de reprendre les armes contre les Vikings. Finalement, la jeune cheffe délégua la supervision des opérations à l'un de ses seconds, Kormak, dit le Ténébreux, et se dirigea vers le château anglais.

Arrivée à destination, ses hommes postés là en faction l'entourèrent et la dirigèrent vers la cour intérieure où se trouvait à cette heure là, la Dame du château. Quand Ashild arriva dans la cour, elle vit la Dame agenouillée auprès du commandant que la cheffe Viking avait tué la veille en pensant que c'était le seigneur de la châtellenie anglaise. Afin de respecter son recueillement, Ashild resta à distance de la jeune femme, et observa la Dame anglaise de loin. 

Quand celle-ci se releva, le cœur d'Ashild rata un battement. Drapée dans une splendide robe vert émeraude, sa longue chevelure couleur rouge feu relevée dans une coiffure élaborée, la jeune Seigneure était magnifique. Ashild avait très rarement vue une femme ainsi habillée. Les femmes de sa famille et de son pays portaient le plus souvent des vêtements larges découpés grossièrement dans des peaux de bêtes, taillés principalement dans le but d'être confortables et tenir bien chaud lors des rigoureux hivers du nord.

Quand a elle-même, elle s'habillait de vêtements de peaux ou de fourrures de meilleure façon, en sa qualité de cheffe, et fille du Jarl, sauf lorsqu'elle portait son armure quand elle était sur le champ de bataille. 

Cette robe longue, dessinant le buste de la Dame, tout en s'évasant après la taille fine - trop fine - de l'anglaise et caressant ses pieds, lui faisait l'effet d'une tenue royale. Ashild déglutit et prit une profonde inspiration pour reprendre contenance, avant de faire un pas en direction de la jeune femme. Celle-ci s'était relevée, mais se tenait encore de dos, et Ashild lui laissa le temps de faire ses adieux au commandant de son armée. 

Quand la jeune femme se retourna, elle ouvrit la bouche pour parler, quand son regard croisa celui de la cheffe viking. Celle-ci ne dit rien, attendant que la Dame anglaise prenne la parole la première. Le vieil Olaf vint se placer à ses côtés, prêt à servir de traducteur, une fois de plus. 

La Dame lui fit part de son intention de procéder à l'enterrement de ses hommes morts au combat. D'une voix douce, elle proposa ensuite d'offrir le même traitement aux vikings tombés sur le sol anglais. D'un regard elle fit taire les protestations qui s'élevèrent autour d'eux à cette annonce, et Ashild remarqua que les anglais baissaient la tête, afin de ne pas contredire leur Seigneure. Elle ne put s'empêcher de trouver cette proposition très noble, compte tenu des circonstances. Et elle dut se faire violence pour ne pas s'approcher et essuyer les traces de sang et de larmes étalées sur le visage de la Dame. Au lieu de quoi elle répondit d'une voix légèrement rauque:

- Prenez le temps qu'il vous faut pour enterrer vos morts. 

Ashild se tut un instant, se demandant comment expliquer les coutumes Vikings liées à la mort a cette étrangère, à cette ennemie. C'est d'une voix plus dure qu'elle ne l'aurait voulu qu'elle ajouta: 

-  De notre côté, les nôtres ne seront pas enterrés en terre ennemie, ils n'y trouveraient pas le repos qu'ils méritent. Ils seront placés avec leurs armes dans un bateau enflammé qui prendra le large. Leurs âmes prendront ainsi le chemin du retour vers nos terres pour y trouver le repos éternel. Mes hommes sont déjà en train de façonner le bateau de sépulture qui les accompagnera pour leur dernier voyage. La cérémonie aura lieu à l'heure du coucher du soleil. 

La cheffe viking laissa Olaf le Sage traduire ses paroles, puis elle reprit d'une voix qui avait repris ses intonations habituelles:

- Votre femme de chambre vous a t'elle dit que vous ferez partie de notre voyage vers le nord? 

Ashild n'avait aucune idée de ce que la Dame anglaise avait déjà appris des événements survenus lors de sa longue perte de conscience, entre la vie et la mort.

- Vous voudrez sans doute emporter avec vous des affaires personnelles, des choses auxquelles vous tenez. Préparez vous à partir d'ici deux jours. Vous aurez certainement besoin de quelques serviteurs, prenez donc avec vous une dizaine de personnes qui vous accompagneront. 

Puis avec un nouveau coup d'œil à la robe de la Dame, la cheffe viking ajouta: 

- Prenez également tous vos vêtements, ou des tissus pour vous en faire faire d'autres. Vous n'en trouverez pas de semblable dans mon pays. 

Son regard semblait dire "ce qui serait dommage", mais elle retint ces paroles futiles, se redressant de sa haute taille face à la Dame anglaise, tandis qu'Olaf le Sage traduisait ses ordres. 
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Dim 31 Mar - 19:03

Annlise d'Ysthierde
J'ai 28 ans et je vis dans le château de mon père, au duché de Scarborough, en Angleterre. Dans la vie, je suis dame et chevalier et je m'en sors très bien. Sinon, je suis célibataire et pure et je ne laisserais aucun homme voler mes titres ou ma gloire.

Je suis née dans la noblesse et une famille aimante, bien que ma mère soit morte en couche.
Mon père aurait préféré que je sois un garçon parce qu'il n'aurait pas eu autant à s'inquiéter de ma sécurité. Mais puisque j'étais une fille, il a demandé à son maître d'arme de m'apprendre discrètement à me défendre. J'ai dépassé toutes ses attentes en devenant une bretteuse hors pair et une guerrière habile, rusée et stratège.

A mon grand malheur, mon père est tombé malade à mes 21 ans. Sur son lit de mort, il m'a fait promettre de garder son trépas secret et de prendre sa place : il m'avait formé pour cela. Avec la complicité de mon mentor, j'ai joué le jeu malgré mon chagrin. Personne n'a rien trouvé à y redire, nos gens m'ont accordé immédiatement leur confiance.

Mais bientôt la guerre a éclaté et j'ai pris les armes pour défendre la couronne, en me faisant toujours passer pour mon père. Pendant plusieurs années, j'ai mené des troupes, perdu et gagné des batailles mais surtout arraché la victoire. La paix revenue, le roi m'a fait mandée pour m'attribuer les honneurs dû à un chevalier de son royaume et j'ai été contrainte de révéler mon identité.

Le scandale s'est répandu à toute l'angleterre et on m'a vite surnommée La Dame Ecarlate. Les nobles ont crié à la trahison, ont demandé à ce que je sois exécutée pour mon crime, mais le roi m'a accordé sa grâce. Pour mes exploits et pour la paix du royaume. J'ai pu conserver mes titres, ma châtellerie et vivre en paix parmi les miens. Hélas, j'ai bien vite compris que ce n'était qu'une façade puisque les seigneurs voisins n'ont pas hésité à m'attaquer, établir des sièges et harceler mes positions. Tous ont appris à leur dépent ce qu'il en coûtait de s'en prendre à mes terres et à mes gens.

Mais j'ai payé le prix fort de leur dernier assaut...

De pluie et de sang • Dinamite - Page 3 Ahnlys11

Annlise ne fut pas surprise du refus des vikings de partager leur cimetière mais une profonde lassitude l'envahit devant le ton dur qu'employa leur cheffe pour lui répondre. Sa proposition était-elle si offensante ? Elle souffla bruyamment mais ne répliqua rien. Elle était encore couverte du sang de son mentor, le coeur en miette et le corps douloureux : elle n'avait nulle envie de se chicaner avec les responsables de son malheur.

Et pourtant, la part d'elle qui brûlait encore de vie et d'espoir étincela aux explications des rites funéraires des vikings. Elle imagina l'embarcation, les corps posés avec révérence sur un lit de paille et de fleurs, le silence le long des côtes et le claquement des flèches emflammées pour embraser la tombe flottante. La fumée s'élevant jusqu'au ciel, les cendres se répandant dans l'infini de l'océan. Ce devait être une magnifique cérémonie. Elle en comprenait la poésie, à défaut de la logique, et ne put s'empêcher de visualiser Erod, dans son armure brillant au reflet des flammes, son âme chariée vers le ciel dans la fumée du feu... Bien sûr, elle garderait cette pensée pour elle seule et il serait enterré en bon chrétien, ou bien on la prendrait pour une folle et une hérétique en plus du reste.

- Votre femme de chambre vous a t'elle dit que vous ferez partie de notre voyage vers le nord ?

Ces paroles la piquèrent comme une aiguille, lui faisant serrer les dents tandis que son flanc lui lançait des décharges de douleurs. Gunhild avait donc bien compris... Le coeur de la châtelaine s'emballa sous la surprise, l'incompréhension et les répercutions de cette requête sur le reste de ses hommes. Un murmure se répandit parmi eux dans la cour, certains s'arrêtant dans leurs tâches pour écouter plus attentivement l'échange, la tension montant d'un cran. Merde. En croisant le regard d'un de ses capitaines les plus belliqueux, Annlise comprit que si elle n'agissait pas très vite, il allait de nouveau appeler aux armes et ce serait de nouveau un beau massacre. D'un signe de tête bref mais autoritaire, elle lui fit comprendre de se tenir tranquille, ce qu'il accueillit en roulant de la mâchoire et en la défiant du regards quelques instants avant d'incliner la tête de mauvaise grâce.

La dame d'Ysthierde n'était pas prête de céder à son "enlèvement" aussi facilement, mais bien que son envie de protester était forte, elle se mordit la langue pour ne pas s'opposer frontalement aux vikings devant autant de témoins. Alors elle rassembla le peu de sang froid qu'il lui restait et fit simplement signe à sa nourrice de la rejoindre, feignant une plus grande douleur qu'elle n'en ressentait en réalité.

"J'ai besoin de m'asseoir, lança-t-elle doucement mais en fixant la cheffe viking avec mécontentement. Je souhaiterais discuter des détails dans un endroit plus calme, si cela ne vous dérange pas."

Elle eut toutes les peines du monde à se détacher de son regard plus bleu que le ciel d'été, si limpide qu'elle avait l'envie irrépressible de s'y noyer pour y lire l'âme de la viking. Cette femme lui semblait si complexe... à la fois dure, triste, implaccable, vulnérable... Comme tiraillée entre toutes les facettes de sa personnalité. Annlise se demanda si elle renvoyait la même impression à ses hommes quand elle devait endosser son rôle de chef de guerre, entre deux batailles...

Sa nourrice la tira de ses pensées en lui saisissant délicatement la main. Elle semblait morte d'inquiétude malgré le sourire pâle qu'elle lui adressa, l'invitant à s'appuyer sur elle. Annlise ne se fit pas prier, la remerciant d'un rapide hochement de tête et adressa juste un coup d'oeil à la viking et son traducteur.

"Suivez-moi."

Se déplacer s'avérait un vrai calvaire, chaque pas embrasant son côté blessé, mais Annlise fit son possible pour garder un visage impassible et avancer aussi vite que possible en direction du château. Elle les conduisit dans une pièce de taille modeste, attenante au grand hall où avaient festoyés les barbares une bonne partie de la nuit. Manifestement, c'était un petit bureau où elle avait l'habitude de recevoir des dignitaires pour discuter politique et sujets sensibles à l'abris des oreilles indiscrètes.

plusieurs fauteuils confortables faisaient face à un bureau couvert de cartes et divers correspondances et une cheminée abritait un foyer froid le long du mur. Annlise se laissa tomber péniblement sur la chaise derrière le bureau, sans chercher à masquer sa grimace ni la fne pellicule de sueur qui perlait à son front après tous ses efforts. Les deux vikings avaient vu l'étendue de ses blessures la veille, il était donc inutile de prétendre aller bien en leur présence. Sa nourrice lui apporta rapidement un verre d'eau et épongea son front pendant que les vikings s'installaient ou découvraient la pièce. A vrai dire, elle se moquait de les faire attendre quelques instants, la douleur prenant toute la place.

Quand elle se sentit de nouveau en mesure de converser, Annlise congédia Gunhild et s'adressa à la cheffe viking d'une voix rauque d'où perçait l'indignation.

"M'emmener ? Cela ne faisait pas partie des termes de notre reddition."

Mais pendant qu'elle protestait, elle avait bien conscience que ses choix étaient limités. Si elle s'y opposait, les vikings pouvaient décider de tuer tout le monde et de l'emporter quand même, ou simplement de mettre tout le domaine à feu et à sang...

"Pourquoi tenez-vous à m'emmener ? Vous avez déjà accès à mes richesses. Je suis blessée. Et j'aime autant vous prévenir que personne ne paiera de rançon pour me récupérer, bien au contraire... Alors je ne comprends pas ce que vous avez à y gagner."

Elle voulut ajouter que si c'était pour crever en mer, ils auraient mieux fait de l'achever dans la nuit mais elle s'abstint, se renfonçant dans son siège en essayant de trouver une position confortable. Peine perdue. En attendant que l'homme traduise à sa cheffe, son regard tomba sur sa main pleine du sang d'Erod. Il était mort pour elle, pour les habitants du château. Il ne pourrait plus la conseiller, lui faire comprendre d'un regard quelle décision était la meilleure à prendre. Et pourtant, il lui sembla l'entendre susurrer à son oreille que partir avec les vikings était eut-être la solution... Sans elle, son peuple serait plus en sécurité, loin de la menace des seigneurs alentours...

Elle releva les yeux vers les deux vikings, détailla à nouveau la cheffe, sa mâchoire carrée, son expression indéchiffrable et ses yeux perçants. Pourquoi l'avait-elle soignée ? Pourquoi vouloir l'emmener désormais ? Annlise se souvint de son rêve précédent l'arrivée des vikings. Qui était le loup et le corbeau ? Pourquoi avait-elle l'étrange sensation que ce rêve était lié à ce moment ? Celui où, si elle prenait la bonne décision, elle briserait ses chaînes pour revenir à la vie ?


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Jeu 1 Aoû - 18:19

Ashild Vekeldottir
Ashild Vekeldottir est la fille du Jarl de Skorravik.

A 30 ans, c'est une guerrière accomplie et cheffe des Vikings. Elle s'est battue pour en arriver là, et mériter sa place.

Pourtant, Ashild n'en doute pas un instant: si son père la savait tribade, il la tuerait de ses propres mains.

L'amour saphique lui étant refusé par les traditions ancestrales, seuls la sécurité de son peuple, la prospérité des serfs de son père et Seigneur, et la satiété de sa famille lui importent.

Ashild est un peu trop fière, sanguinaire, tête-brûlée, mais bonne vivante, avec un côté plus mélancolique et doux, le cœur sur la main avec ses proches. Elle vit et combat pour offrir l'abondance à la population de son village bien-aimé.

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La jeune cheffe anglaise semblait sur le point de s’écrouler. Que ce soit la douleur physique ou la souffrance à la vue de son second, mort, et de tous ses hommes tombés au combat, elle paraissait épuisée. Elle fit signe à sa nourrice de la rejoindre et s’appuya à son bras tout en commandant à la cheffe viking de la suivre.

Celle-ci n’apprécia que très modérément cette façon de lui donner ainsi un ordre comme si elle était une de ses suivantes, bien qu’elle y mît les formes et s’excusa de cet accès de faiblesse. Ashild fit signe à Olaf le Sage de venir avec elle afin de continuer à traduire leur échange.

La jeune chatelaine les conduisit dans un bureau attenant au hall principal du château. La pièce était très claire et élégante, et les vikings l’observèrent avec curiosité. Puis Ashild se reprit et se retourna vers la jeune anglaise qui s’affalait dans un siège majestueux derrière un bureau couvert de parchemins et de cartes. Son visage luisait de sueur et reflétait une vive douleur. Malgré cela, elle reprit rapidement ses esprits et en vint au vif du sujet.

Elle s’insurgea contre la décision d’Ashild de l’emmener avec eux quand les vikings quitteraient enfin ses côtes. Agacée par cette insolence, Ashild s’apprêtait à lui répondre que les Anglais n’étaient pas en position de poser des conditions, quand la jeune anglaise se reprit et demanda d’un ton plus humble ce que cet arrangement apporterait aux norois, puisqu’elle s’opposerait au payement d’une rançon pour la libérer.

La jeune femme ne manquait pas de hardiesse, d’audace et … d’arrogance. Cependant, Ashild était une fois de plus impressionnée par son courage. Elle faisait tout son possible pour préserver son peuple, et cela prouvait sa qualité de chef, forçant l’admiration de la jeune viking.

Mais celle-ci n’appréciait pas qu’on lui tienne tête ou que l’on remette en cause ses ordres.  Elle commençait à s’impatienter et ne comptait pas rendre des comptes sur ses décisions.

D’autant plus que celle-ci lui paraissait plus qu’évidente. Elle ne pouvait pas laisser derrière elle une femme portant son emblème marqué dans sa peau ! Est-ce que l’anglaise ne le comprenait pas d’elle-même ?

Ashild croisa le regard de la vielle nourrice anglaise qui semblait au supplice, comme essayant de lui faire passer un message muet, et soudain, dans un éclair, elle comprit la situation: son ennemie n’avait pas encore vue sa blessure, et n’était pas au courant de ce qui s’était passé. Elle ne s’était pas encore aperçue qu’elle était marquée par le feu et la lame d’Ashild. Voilà qui expliquait le simulacre de négociations qu’elle tentait de jouer.

Ashild la regarda longuement, se demandant ce qu’il convenait de faire. Était-ce à elle de mettre la jeune femme au courant ? Pourquoi sa femme de chambre ne s’en était-elle pas chargé ? Par couardise sans doute, typique de ce peuple de poltrons.

Mais qu’était-elle censée dire à la jeune seigneure maintenant ? « Je vous ai marquée de mon emblème - certes par inadvertance -  tel un animal, ou un esclave, vous m’appartenez donc à présent » ?

Cependant, dire les choses de cette façon relèverait d’un grave affront ! Elle savait fort bien que si elle-même s’était trouvée dans cette situation, elle aurait revendiqué le droit à laver cet opprobre en croisant le fer avec la personne qui le lui aurait infligé.

Et, bien qu’elle ait agi afin de sauver la vie de la jeune femme, et tout en position de force dans laquelle elle se trouvait toujours, et n’ayant pas de comptes à rendre, Ashild souhaitait mener cette circonstance à la loyale.
Et pour cela elle tenait à prendre en considération la position de cheffe de son ennemie. Affaiblie, souffrante, presque déchue, mais encore cheffe de son peuple.

Et ce n’était de toute façon pas à elle qu’incombait la tâche de la mettre au courant de la façon dont elle lui avait sauvé la vie et ce qui en découlait.

Alors elle lui donnerait la possibilité de défendre son honneur, sans même encore qu’il ait été bafoué !

Il aurait été tellement plus simple qu’Ashild la trucide dès leur premier face à face. Cela aurait évité toutes ces complications, qui n’en finissaient pas de surgir.

Il était hors de question qu’Ashild renonce à son code d’honneur, et impensable qu’elle paraisse faible aux yeux des siens. Cela risquait de saper son autorité, et c’était hors de question !

Au diable cette gouvernante qui avait laissé cette situation s’installer ! Que n’avait-elle pas trouver le courage de mettre sa seigneure au courant ? Ashild trouverait bien le moyen de lui régler son compte à un moment ou à un autre.

Se redressant de toute sa hauteur, Ashild regarda la chatelaine, qui ne leur avait même pas proposer de s’asseoir, dégaina son épée d’un fluide geste du bras afin d’appuyer son propos et lui dit d’un ton égal :

- Si vous le souhaitez, nous pouvons rediscuter les termes de votre reddition de façon traditionnelle, dans un duel de cheffe à cheffe. Mais si, comme je le crois, votre état de santé ne vous permet pas de défendre votre point de vue de la sorte pour le moment, vous vous joindrez à nous pour notre voyage et je vous donnerais à nouveau l’opportunité de défendre votre honneur quand vous serez remise.

La chatelaine ne comprendrait peut-être pas sur le moment cette nouvelle menace, mais tout était de la faute de sa gouvernante. Celle-ci ne pourrait s’en prendre qu’a elle-même. Ashild de son côté, aurait fait plus que ce que le fair-play réclamait d’elle. Elle aurait agi avec beaucoup plus d’honorabilité qu’il en été attendu envers des ennemis, et son père, le jarl, pourrait être fier d’elle.

Olaf haussa un sourcil, sans bien comprendre les paroles de la cheffe viking. De quel honneur est-ce qu'elle parlait ? Les anglais s'étaient rendus sur l'ordre de leur seigneure depuis plusieurs jours déjà. Il traduisit pourtant les paroles de sa cheffe sans poser de questions.
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Annlise d'Ysthierde
J'ai 28 ans et je vis dans le château de mon père, au duché de Scarborough, en Angleterre. Dans la vie, je suis dame et chevalier et je m'en sors très bien. Sinon, je suis célibataire et pure et je ne laisserais aucun homme voler mes titres ou ma gloire.

Je suis née dans la noblesse et une famille aimante, bien que ma mère soit morte en couche.
Mon père aurait préféré que je sois un garçon parce qu'il n'aurait pas eu autant à s'inquiéter de ma sécurité. Mais puisque j'étais une fille, il a demandé à son maître d'arme de m'apprendre discrètement à me défendre. J'ai dépassé toutes ses attentes en devenant une bretteuse hors pair et une guerrière habile, rusée et stratège.

A mon grand malheur, mon père est tombé malade à mes 21 ans. Sur son lit de mort, il m'a fait promettre de garder son trépas secret et de prendre sa place : il m'avait formé pour cela. Avec la complicité de mon mentor, j'ai joué le jeu malgré mon chagrin. Personne n'a rien trouvé à y redire, nos gens m'ont accordé immédiatement leur confiance.

Mais bientôt la guerre a éclaté et j'ai pris les armes pour défendre la couronne, en me faisant toujours passer pour mon père. Pendant plusieurs années, j'ai mené des troupes, perdu et gagné des batailles mais surtout arraché la victoire. La paix revenue, le roi m'a fait mandée pour m'attribuer les honneurs dû à un chevalier de son royaume et j'ai été contrainte de révéler mon identité.

Le scandale s'est répandu à toute l'angleterre et on m'a vite surnommée La Dame Ecarlate. Les nobles ont crié à la trahison, ont demandé à ce que je sois exécutée pour mon crime, mais le roi m'a accordé sa grâce. Pour mes exploits et pour la paix du royaume. J'ai pu conserver mes titres, ma châtellerie et vivre en paix parmi les miens. Hélas, j'ai bien vite compris que ce n'était qu'une façade puisque les seigneurs voisins n'ont pas hésité à m'attaquer, établir des sièges et harceler mes positions. Tous ont appris à leur dépent ce qu'il en coûtait de s'en prendre à mes terres et à mes gens.

Mais j'ai payé le prix fort de leur dernier assaut...

De pluie et de sang • Dinamite - Page 3 Ahnlys11

La douleur embrasait son corps et son esprit. Elle pulsait depuis son flanc et se répandait en langue de feu dans ses veines. Cela ne faisait que quelques heures qu'Annlise était debout, particulièrement précautioneuse de ses gestes, et pourtant elle avait l'impression d'avoir erré au sein du château depuis des jours et des jours sans le moindre répit. Réprimer grimaces et grognements douloureux lui prenait toute son énergie et une bonne part de sa concentration.

Cependant, elle restait suffisamment alerte pour remarquer la colère, de moins en moins contenue, que ses paroles avaient déclenchée chez son ennemie. La mâchoire de la grande viking roula sous sa joue, elle promena son regard de glace dans le bureau comme cherchant quelqu'un sur qui décharger sa hargne. Son attention se concentra un moment sur Gunhild, revenue apporter de l'eau et du vin, et un éclair de haine pure la traversa, hérissant tous les sens de la châtelaine. Elle ignorait ce que sa nourrice avait fait pour mériter une telle menace mais son instinct la fit la rappeler à elle pour mettre le bureau entre la vieille femme et la cheffe viking. A travers sa confusion évidente, Annlise ne pouvait que s'inquiéter pour sa nourrice et lui enjoignit faiblement de rester près d'elle.

Etait-ce ce geste de protection qui délencha l'ire de la viking ? Annlise l'ignorait mais elle la vit dégainer sa lame avec angoisse. La châtelaine serra les dents, attrapant le poignet de sa nourrice sans ménagement pour la tirer derrière son siège, sans quitter la lame des yeux. La viking les houspillait dans son langage infernal mais elle ne comprenait pas un traitre mot de ce qu'elle disait, se fiant seulement à l'immobilité de son épée pointée sur elle. Le temps que l'homme traduise les paroles de sa maîtresse dans son anglais approximatif, la châtelaine ne put s'empêcher de détailler l'arme avec un mélange d'admiration et d'envie. La lame était large, lourde et reflétait la lumière en éclats blancs. Sous les doigts de la viking, elle devinait le travail presque délicat du pommeau, mettant en valeur l'ours gravé à la base de la lame. Une épée magnifique, d'une facture nouvelle à ses yeux, qu'elle aurait volontiers saisi pour l'entendre chanter entre ses mains.

Peut-être ne pourrais-je plus jamais manier une épée, songea-t-elle amèrement en détachant son regard de l'arme.

Derrière sa cheffe, le traducteur avait achevé son travail et Annlise assimila ses paroles en silence, confuse mais soulagée. La guerrière lui lançait un défi, rien de plus. Son regard se posa sur elle, revint un instant à son subordonné avant de revenir à l'épée, l'envie plus grande que jamais. Que Dieu lui pardonne son envie de violence s'il existait vraiment, car elle mourrait d'envie de se lever et de relever le défi. Son coeur réclamait le choc du métal, son sang bouillonnait à la recherche de la liberté perdue de se battre. Son corps vibrait à l'idée d'un duel, de se mesurer à une autre guerrière, une autre femme.

Un chemin qu'elle se refusa avec un élancement douloureux qui la ramena à la réalité. Elle n'était pas en état de combattre et c'était bien ce qui avait conduit à cette situation absurde... Un soupir contris lui échappa avant de laisser son corps se détendre, mou et faible, dans le fond de son siège. Avec son défi, la cheffe viking lui donnait une bonne raison de se remettre, de refuser que tout s'arrête une fois son peuple en sécurité. En avait-elle conscience ? Annlise la remercia intérieurement de ce soutien involontaire, mais se demanda tout de même ce qui avait motivé sa colère en premier lieu.

En y réfléchissant un instant, la jeune femme se demanda si ses paroles avaient pu être mal comprises, mal traduites peut-être ? Un soupir plus profond franchit ses lèvres, signe d'agacement et de lassitude. Foutu gouffre qui les empêchait de se comprendre et de se parler directement. Si elle devait vraiment embarquer avec eux pour un voyage à l'issu duquel elles s'affronteraient, Annlise se promit d'apprendre leur langue. En attendant, elle renonça à questionner davantage la décision de l'étrangère.

Elle leva lentement sa main libre en signe de paix et d'apaisement, maudissant son corps pour l'obliger à faire profil bas plutôt qu'être elle-même.

"Je ne voulais pas vous offenser."

Un élancement le long du flanc la fit marquer une pause et siffler entre ses dents. Gunhild lui tendit un verre, sans se rapprocher trop de la table et l'aida à boire. Du vin épicé. Annlise aurait préféré de l'eau mais peut-être l'alcool calmerait-il la douleur. Elle se redressa pour servir deux autres verres et poussa le plateau vers les vikings, avant de poursuivre :

"Je ne comprenais pas ce que vous aviez à gagner à me sauver la vie pour la risquer en mer deux jours après. Mais..."

Son regard tomba de nouveau sur l'épée et un vague sourire illumina son visage fatigué. L'honneur, c'était ce qui motivait son geste. Si Annlise ne se trompait pas, la viking ne parvenait pas à savourer pleinement sa victoire en faisant face à un adversaire diminué. Un sentiment qu'elle pouvait comprendre, qu'elle aurait partagé à sa place.

"...je crois que je comprends, maintenant."

La châtelaine croisa le regard de son ennemie et il lui sembla la connaître l'espace de quelques instants, comme si elle entrevoyait un peu de son âme et que la sienne lui répondait. Peut-être avaient-elles plus de choses en commun qu'il n'y paraissait. Peut-être que cette épreuve ne finirait pas en tragédie. A travers la douleur, Annlise sentit une étincelle se rallumerau fond d'elle-même et se concentra sur elle pour faire taire la honte et le déshonneur.

L'instant s'étira, hors du temps, jusqu'au prochain souffle. Annlise vida son verre d'une traite pour se donner une contenance, laissant le feu de laboisson réchauffer ses entrailles.

"Combien de temps durera le voyage ?"

Après cette réponse, l'affaire serait close. Et elle aurait deux jours pour se préparer au départ.


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Lun 30 Sep - 11:50

Ashild Vekeldottir
Ashild Vekeldottir est la fille du Jarl de Skorravik.

A 30 ans, c'est une guerrière accomplie et cheffe des Vikings. Elle s'est battue pour en arriver là, et mériter sa place.

Pourtant, Ashild n'en doute pas un instant: si son père la savait tribade, il la tuerait de ses propres mains.

L'amour saphique lui étant refusé par les traditions ancestrales, seuls la sécurité de son peuple, la prospérité des serfs de son père et Seigneur, et la satiété de sa famille lui importent.

Ashild est un peu trop fière, sanguinaire, tête-brûlée, mais bonne vivante, avec un côté plus mélancolique et doux, le cœur sur la main avec ses proches. Elle vit et combat pour offrir l'abondance à la population de son village bien-aimé.

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Le jour du départ était enfin arrivé.

Les drakkars se dressaient plus majestueux que jamais sur les berges anglaises qu’ils ne tarderaient plus à quitter. Depuis deux jours, les vikings s’employaient à remplir les réserves des embarcations normandes, en prévision du long voyage de retour.

Tonneaux de vins et d’huile, barils de blé et de céréales séchées, côtoyaient à présent les bijoux, les outils agricoles, les équipements de chasse et les tissus déjà amassés dans les cales des Drakkars. La moisson d’été touchait à sa fin, et les Vikings s’affairaient en chantant joyeusement, leurs voix s’élevant dans le vent léger qui les entourait, heureux de rentrer chez eux, avec les trésors qui leur permettraient de passer un hiver plus facile.

Une main sur le pommeau de son épée, Ashild contemplait avec fierté ses hommes qui s’activaient pour préparer le départ. Elle aussi avait hâte de rentrer chez elle, de se présenter victorieuse devant son père, le Jarl, et d’enfin prendre un peu de repos bien mérité.

Et surtout, elle avait hâte de retrouver Syd.
Sa nièce, de quelques années plus jeune qu’elle, était entrée au service de sa maison, lorsque son père, le frère d’Ashild était mort.

Ashild avait eu du mal à convaincre le Jarl de la laisser prendre la place de son frère, et diriger les hommes au combat. Mais lorsqu’enfin celui-ci avait été contraint d’accepter, ne pouvant lui-même abandonner le peuple lors des voyages des vikings, il lui avait fait l’honneur de lui offrir l’une de ses habitations, une belle maison en bois et en pierre, de belle façon, soulignant son nouveau rôle de cheffe.

Une dizaine de serviteurs du Jarl étaient alors entrés à son service, afin de donner plus de poids à sa nouvelle autorité aux yeux du peuple et des serfs de son père. Sa nièce Syd avait aussi demandé à entrer à son service et les deux jeunes femmes étaient devenues inséparables quand Ashild se trouvait au pays.

Elles aimaient chasser ensemble, s’entrainer à l’escrime, ou jouer a des jeux faits de bois et de pierre polie, au coin du feu, lors des longues soirées d’hiver. Elles s’étaient de plus en plus rapprochées, avaient eu tellement de discussions et de moments complices, qu’elles n’avaient plus de secrets l’une pour l’autre.

Et après la longue frustration d’Ashild lors de cette campagne, sans cesse entourée d’hommes, la jeune cheffe viking avait hâte de retrouver ses bras, et son lit.

En poussant un grognement, Ashild s’efforça de repousser les images qui lui venaient en tête en se rappelant sa nièce. Ce n’était pas le moment d’être déconcentrée, il y avait encore beaucoup à faire et le départ était prévu pour dans une heure à peine.

La chatelaine anglaise n’allait plus tarder à les rejoindre pour embarquer avec eux dans ce voyage vers les contrées normandes.

Ashild ne put s’empêcher de laisser ses pensées vagabonder vers leur dernier tête-à-tête deux jours plus tôt. La jeune anglaise avait semblé comprendre qu’Ashild était pleine de colère contre sa vieille servante, et avait eu un geste pour la protéger.

Mais surtout, l’espace d’un long regard échangé, Ashild avait eu l’impression qu’elles se comprenaient sans mots dire, elle et la cheffe anglaise. Elle avait ressenti comme une connexion avec la chatelaine, tandis qu’elles s’affrontaient du regard alors qu’elle la défiait de son épée.

Le doute n’était pas possible. L’œillade d’envie de la femme aux cheveux rouges sur son épée était sans équivoque. Si elle avait été en meilleure santé, elle n’aurait demandé qu’à relever le défi. Et Ashild se sentait pleine d’adrénaline en songeant qu’un jour, peut-être, elle lui offrirait la chance de croiser le fer avec elle.

Mais en plongeant dans les yeux de son adversaire, elle avait senti que celle-ci lisait en elle, comprenait entre autres qu’elle ne savourait pas pleinement sa victoire, et un petit quelque chose qui les liait plus qu’elles ne pouvaient s’en rendre compte.

C’est d’une voix apaisée qu’Ashild lui avait dit que le voyage durerait environ une lune et l’avait invitée à se tenir prête pour la rude traversée.

Ashild secoua de nouveau la tête pour sortir de ses souvenirs et se concentrer sur le moment présent, et encourager ses hommes à terminer les préparatifs du départ au plus vite.

Soudain, elle vit au loin une procession qui s’avançait vers le rivage où se tenaient ses drakkars. A sa tête, une calèche tirée par quatre chevaux qui marchent au pas, suivie d’une longue file de marcheurs, composée d’hommes et de femmes, peut être même d’enfants, sa vue ne porte pas si loin pour en être sûre.

Ainsi donc, il semblerait que le peuple anglais souhaite rendre un dernier hommage à sa cheffe avant qu’elle ne quitte le pays pour toujours.

Craignant qu’il n’y ait un incident, si les Anglais s’emportaient contre sa décision, Ashild appelle une dizaine de ses hommes, qu’elle fait s’aligner en rang sur la rive, en armes, prêts à décourager toute tentative d’esclandre.

Et tout en contemplant le coche qui fait lentement son chemin vers les embarcations, Ashild est surprise de ressentir un frisson d’attente qu’elle ne s’explique pas, à l’idée de revoir la jeune chatelaine.
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