En arrivant au centre ce matin-là, Alessandra passe rapidement par les vestiaires pour se mettre en tenue avant de prendre la direction de la salle de gymnastique pour son échauffement hors glace. Installant un tapis de yoga, elle se tient debout, les pieds légèrement écartés, et commence par incliner son torse vers l'avant, laissant ses bras pendre librement vers le sol. Ses mains touchent lentement ses orteils, avec souplesse, et son dos reste parfaitement droit. Maintenant chaque étirement pendant quelques secondes, elle respire profondément. Après quelques minutes de cet exercice, elle se redresse et lève ses bras au-dessus de sa tête, étirant tout son corps vers le plafond. Elle cambre légèrement son dos pour étirer ses abdominaux avant de pencher son corps d'un côté, puis de l'autre, pour étirer ses flancs.

Ses étirements terminés, Alessandra enfile ses patins avec aisance, ces derniers étant depuis longtemps comme une extension naturelle de son propre corps, serrant fermement les lacets pour maintenant ses chevilles pendant la journée d’entraînement. Puis elle se dirige vers la glace, où les lumières de la patinoire étincellent sur la surface lisse et froide laissée impeccable après le passage matinal de la zamboni.

Ses muscles étant préparés et ses patins enfilés, Alessandra entame sa séance sur la glace, guidée par la musique qui résonne doucement dans l'Aréna. Elle commence par des tours de piste et des sauts simples, s'échauffant pendant quelques minutes. Ses patins, glissant sans effort sur la surface gelée, dessinent des arabesques et des pirouettes gracieuses.

Au fur et à mesure qu'elle s'échauffe, la jeune femme intensifie ses efforts. Rapidement, les pirouettes et changement de jambes deviennent plus élaborés, tandis qu'elle se laisse envelopper par la musique, commençant finalement à répéter l'enchainement de sa danse rythmique avec Wesley pour la nouvelle saison, oubliant le reste autour.

Ok, jamais tu n'attendrais le soir. Jamais. Tu avais pris rapidement la route vers le centre d'entraînement pour prendre une bonne douche, pensant que cela calmerait tes pauvres nerfs déjà bien en pelotes. Tu ne sais pas ce qui se passe, te rendant encore plus nerveux que d'habitude, irritable, insomniaque et cela dure depuis cet été. Tu ne saurais pas l'expliquer et si tu l'as caché à ta meilleure amie, ta partenaire de glace, c'était pour ne pas l'inquiéter.

Tu sais que cette saison serait différente et que la tension serait à son comble. James avait choisi une chanson magnifique, avait fini de voir vos costumes et la proposition du programme avait été validée depuis longtemps. La chorégraphie était dans ta tête, ancrée comme un souvenir heureux, mais… En intime, en privée, James voulait commencer à avancer dans sa relation avec Alessandra et t'avait fait par de ses craintes. Tu avais conseillé du mieux que tu pouvais, mais… Tu n'étais pas le meilleur dans ce domaine, n'ayant jamais vraiment eu de petit ami.

Alors non, tu ne voulais pas rajouter ça, en sachant très bien qu'il fallait que vous donniez le meilleur de vous même avant qu'il ne soit trop tard. Mais c'était trop. Tu sors de la douche et va dans une des salles de sport pour courir, t'échauffer, évacuer un peu les nuages au dessus de ton esprit avant de t'étirer le plus possible, travailler ta souplesse au maximum avant de pouvoir mettre tes patins et rejoindre la glace, lieux où tu pouvais tout oublier l'espace d'un instant. Évidemment, au bruit de lame en train de graver des arabesques dessus et la musique à fond en arrière plan, Lessie était déjà là.

Tu prends alors une grande inspiration avant de la rejoindre pour reprendre la chorégraphie là où elle avait commencé, suivant le mouvement, comme si tu avais fais ça toute ta vie. Tu es concentré, la tenant quand tu osais la maintenir sur tes cuisses au dessus de la glace, faire quelques portés et te synchronisant avec elle au maximum avant de… De paniquer en croyant voir une ombre au loin dans les gradins, reculer de ta partenaire pour éviter un drame possible et tu tombes sur ton poignet, faisant une pirouette sur tes fesses plus loin, comme un pingouin maladroit sur la banquise. Tu grimaces et secoues la tête en regardant ta main alors que tu es assis au sol, comme un bébé qui n'a pas réussi à se lever…

Vive les gants quand même. Tu rigoles nerveusement.

- J'ai rien ! J'vais avoir un bleu au cul, mais j'ai rien !

Alors que Wesley la rejoint sur la glace, elle continue de patiner, tous deux reprenant soigneusement leur chorégraphie, s’exerçant dans un silence complet, seulement perturbé par le bruit de la musique en fond et des patins sur la surface gelée. Ils auraient le temps de parler après, de s’inquiéter des babillages habituels, une fois qu’ils seraient arrivés au bout de leur musique. Ils auraient le temps, plus tard, de se saluer, de se demander comment ça va et de reprendre ensuite leur entraînement, encore et encore, jusqu’à temps de pouvoir se poser après celui-ci, ce soir, pour parler comme ils en ont besoin, comme la jeune femme sens que c’est nécessaire. Parce qu’elle s'inquiète de le voir tourner au ralenti et que James, lui, le trouve à côté de ses patins. Parce qu’il est bizarre depuis l’été. Et ce matin le lui confirme encore. Il a l’air d’être là sans l’être, l’air de ne pas se sentir bien. L’air d’être le genre qui manque de stabilité et qui tombe sur ses fesses en pleine pratique. Non pas que ça n’arrive jamais, un patineur n’a jamais fini de tomber au cours de sa carrière sportive, mais aujourd’hui… Elle ne sait pas. Ça n’a rien à voir avec une perte d’équilibre habituelle, mais peut-être plus avec le manque de concentration et ils ne peuvent pas vraiment travailler comme ça, ni pour elle, ni pour lui. S’il n’a pas la tête sur la glace, pas la tête dans ses patins, ils risquent de se blesser plus qu’autre chose.

Revenant dans sa direction alors qu’il reste affalé sur la glace, elle lui tend la main pour l’aider à se relever, bien qu’elle risque surtout, dans son élan de solidarité, d’être entraînée au sol elle-même par la force de son meilleur ami. Il faut qu’ils fassent quelque chose. Qu’elle fasse quelque chose. Peut-être que s’entraîner n’est pas la meilleure des choses qu’ils ont à faire. Peut-être qu’ils devraient juste rentrer chez elle pour prendre un café et discuter. James s’inquiétait, plus tôt, de savoir ce qui arrivait à Wesley, alors il ne devrait pas vraiment être contrarié qu’ils fassent l’impasse sur l’entraînement un moment aujourd’hui, si cela pouvait permettre par la suite de trouver des solutions pour le bien de tous. Des solutions pour avancer.

"- Ok… Ça te dit qu’on aille à la maison et qu’on discute ?" souffle-t-elle. "Je sais qu’on avait dit ce soir mais…" elle fait une petite moue. "J’crois que t’as besoin qu’on en parle maintenant."

Une main tendue vers toi, que tu prends plus par politesse que pour recevoir une véritable aide. En même temps, elle est tellement plus fine et plus légère que toi que toi qu'elle risquerait de tomber. Ce n'était pas vraiment le but en ce moment même. Tu souris et te redresses rapidement en tapotant tes cuisses, tes fesses et tes mains. Tu fais ça en l'écoutant parler, te mettant à grimacer sous sa question, quand elle demande si ce ne serait pas mieux que vous rentriez pour discuter au calme. Tu secoues la tête et passes une main sur ton visage en regardant autour de vous. Mais non, il n'y a personne.

- Hey, non t'en fais pas…. Je…

Tu réfléchis à ce que tu pourrais dire, les mots que tu comptes utiliser pour dire la vérité sans l'inquiéter plus que ça. Puis, en plus, tu avais réussi à passer entre les mailles du filets, si votre entraîneur n'était pas aussi observateur. Tu te masses la nuque en souriant, nerveux.

- Écoute, là, j'ai juste besoin de me défouler… J'ai besoin de patiner et… C'est pas grave si on le fait chacun de son côté aujourd'hui, par sécurité. Je me vexerais pas.

Que tu finis par rajouter en levant les mains devant toi, en protection, gardant ton sourire. Tu pouffes un peu alors que tu recules pour allier actes et paroles. Oui, tu as besoin de patiner, sentir le vent sur ton visage. Oublier un instant le monde qui t'entoure et ne pas réfléchir à ce que tu fais, laissant la mémoire musculaire agir. Tu hoches un peu la tête.

- Hey, vraiment… C'est rien. Si j'ai la tête ailleurs, c'est rien de grave. Une connerie qui m'est arrivée cet été. Et en plus, peut-être rien de grave et j'me fais des idées, je paranoïe avec le stress de la saison et tout.

Ok. Un jour tu apprendras à fermer ta bouche avec elle, à tourner sept fois ta langue et peser les mots que tu prononces. Tu n'échapperas pas à son interrogatoire vu la tête qu'elle tire maintenant.

- J'en ai trop dit… Et merde..

Elle ne doit pas s’en faire, affirme-t-il, mais comment peut-elle ne pas s’inquiéter quand elle le voit si distrait ? Elle l’avait senti un peu à côté de ses pompes en ce moment et avait pensé lui laisser le temps pour qu’il vienne lui en parler de lui-même mais maintenant que même son compagnon en parle, que même son compagnon s’étonne de la situation ? Elle ne peut pas ne pas s’en faire. Elle ne peut pas ne pas se demander ce qu’il se passe. Mais il ne semble pas vouloir parler pour le moment, affirmant avoir juste envie de patiner, besoin de se défouler. Elle pince les lèvres, dessinant sur son visage une petite moue. Il affirme que ce n’est pas si grave s’ils patinent loin l’un de l’autre aujourd’hui, chacun de leur côté, qu’il ne se vexerait pas et il lance les bras en avant, comme pour se protéger. Alessandra, elle, souffle. D’un autre côté, elle sait pertinemment que si le jeune homme n’est pas dans son assiette, les choses pourraient rapidement dégénérer et devenir dangereuses. Dans leur milieu, une mauvaise chute peut avoir des répercussions catastrophiques. Elle en a parfaitement conscience, c'est quelque chose contre quoi on les met en garde depuis leur plus tendre enfance, depuis qu'ils ont commencé à patiner ensemble tous les deux.

"- Tu es sûr ? On pourrait en parler maintenant et patiner après, aussi… parce que tu sais, patiner de ton côté, ça ne t'empêche pas de te blesser et je préférerais éviter…"

Il affirme que ce n'est rien, qu'il a seulement la tête ailleurs, que ce n'est rien de grave. Que ce n'est qu'une connerie qui lui est arrivé cet été et qu'il se fait peut-être des idées, une petite paranoïa le tout s'ajoutant au stress de la saison qui commence. Et de son côté, Alessandra lève un sourcil de plus en plus haut au fur et à mesure que le jeune homme parle. Une connerie qui lui est arrivé cet été ? Pourquoi est-ce qu'elle en entend parler seulement maintenant ? À la tête que fait la jolie brune, il réalise qu'il en a trop dit.

"- J'crois bien ! C'est quoi cette histoire ? C'est quoi cette connerie exactement ? La paranoïa de quoi ? Et surtout, pourquoi est-ce que j'apprends ça seulement maintenant si ça date de cet été ?"

Elle culpabilise. Violemment. Elle aurait dû réagir plus tôt. Elle aurait dû se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Elle aurait dû être là, elle aurait dû se montrer présente et son meilleur ami aurait dû savoir qu'il pouvait compter sur elle, comme toujours. Comme depuis leur enfance. Après tout, quand il avait voulu faire son coming out, elle avait été son premier soutien. Lui l'avait aidé quand elle avait décidé d'entamer une relation avec James. Alors qu'est-ce qui avait changé maintenant au point qu'ils ne veuille plus lui parler de ses problèmes ? Est-ce qu'elle lui avait donné des raisons de croire qu'elle n'en avait rien à foutre ?

"- Je… je comprends pas…" Qu'ellensouffle, les mains sur les hanches, tournant la tête un instant sur le côté. "Pourquoi tu m'en as pas parlé plus tôt ? Tu sais que tu peux tout me dire, n'est-ce pas ?"

Tu vas devoir parler, désormais. Elle connaît un bout d’histoire et commence à poser des questions. Tu baisses la tête, te pinçant les lèvres comme un enfant pris sur le fait. Tu voulais justement éviter ça. Tu voulais éviter son regard inquiet, en colère et sa culpabilité de ne pas avoir vu avant que tu avais un problème. Tu te grattes la tempe, priant juste pour que James ne se pointe pas. Il est comme elle là-dessus, protecteur et paternel. Tu soupires doucement et te grattes le coude avant de redresser les yeux. Tu tentes de sourire.

- C’est rien… J’te jure… J’veux dire...

Tu grimaces voyant ses mains sur ses hanches et baisses de nouveau la tête. Tu fais signe de te suivre et patines vers les barrières pour t’y adosser, passant une main dans tes cheveux, te grattant ensuite la nuque, comme pour chercher tes mots. Tu grimaces. Le politiquement correct hein ?

- T’sais… Cet été, j’ai beaucoup patiné. Je veux dire, plus qu’avant. Je venais ici seul ou pendant les week-end… Je voulais surtout rattraper mon retard de la saison dernière…

Que tu souffles un peu, ne voulant pas non plus lui rappeler cette période angoissante pour tout le monde. Avec les soucis personnels qui s’étaient ajoutés au planning, tu n’avais pas pu faire autant que prévu, tu avais perdu du niveau que tu avais, tu le savais. On te l’avait fait remarqué, les articles en parlaient et tu avais juste peur de ne pas pouvoir soutenir comme prévu ta meilleure amie jusqu’à la médaille et qu’elle doive trouver un autre partenaire. Tu souris un peu.

- Au début, ça allait. J’ai ramassé quelques gamelles parce que je forçais, mais James m’a aidé à reprendre de vieilles bases perdues et du coup j’ai pu continuer sans m’mettre en danger et tout bref… Sauf que… J’ai eu… Cette conne de sensation… D’être suivi. T’sais, comme si on t’observait de loin, et même en dehors de la patinoire.

Tu secoues la tête.

- Bref… J’ai arrêté, j’suis parti en vacances avec ma mère histoire de… Et j’ai voulu reprendre cet entraînement solo en début de saison. James m’avait filé les clés et tout, mais… Bah, j’avais encore cette… Stupide sensation d’être observé. J’ai arrêté au bout d’une semaine parce que j’commençais à pas bien dormir… C’est tout… C’est peut-être rien, j’te jure !

Elle fronce légèrement les sourcils lorsqu'il affirme que ce n'est rien. Comment cela pourrait-il ne rien être si cela le met dans de tels états ? Si cela vient perturber sa pratique sportive ? Au point qu'il tombe, se montre moins attentif, et que même James commence à s'en inquiéter ? Comment veut-il lui faire croire que ce n'est rien de grave s'il préfère attendre plus tard pour en parler, ne le faisant maintenant que parce qu'il sent qu'il n'a pas le choix, qu'elle ne le laissera pas s'en sortir comme ça ? Comment cela peut-il ne rien être s'il a décidé de lui cacher cette vérité depuis cet été ? S'il garde ça pour lui depuis des semaines sans rien lui confier ? S'il ne lui en parle pas c'est qu'il sait au fond de lui que c'est bien plus grave qu'il ne le laisse entendre. C’est qu’il sait au fond de lui qu’elle ne va probablement pas aimer ce qu’il va lui apprendre. Qu’il sait au fond de lui que c’est plus grave qu’il ne veut bien le dire, plus inquiétant qu’il ne le laisse croire. Et, forcément, la jeune femme n’aime pas ça.

Il parle de cet été, d’avoir beaucoup patiné pour rattraper le retard qu’il a pris les mois précédents. Elle se souvient de ça, parce qu’elle se souvient de s’être énervée plus d’une fois contre les journalistes et leurs articles à la con. Une petite baisse ne voulait pas dire que c’était la fin. Des hauts et des bas, il y en avait à la pelle dans les carrières sportives. Ce n’était pas une raison pour croire que Wesley avait dit son dernier mot. Pas une raison pour croire qu’il allait baisser les bras et abandonner sa meilleure amie un peu moins de trois ans avant les prochains jeux d’hiver, qui sont dans leur viseur. Elle lui fait confiance pour reprendre du poil de la bête, de son côté. Elle savait que ça lui passerait.

"- Il m’a dit ça, oui…"

Les entraînements, elle en a entendu parler. Comment aurait-elle pu ne pas le savoir alors qu’elle s’entraîne dans la même patinoire et qu’elle fréquente le propriétaire de celle-ci, leur propre coach ? Évidemment qu’elle est au courant de ça, bien qu’elle ne connaissait pas les raisons qui l’avaient poussées à ça, cette culpabilité qu’il ressentait et que tous ces journalistes avaient générés.

Continuant de l’écouter parler, la jeune femme fronce les sourcils, hochant la tête. Le reste la surprend davantage et elle le dévisage en écoutant ses confidences. Une sensation d’être suivi, d’être épié, jusque dans la rue ? Ils ont l’habitude d’être dans le viseur de journalistes sportifs, mais pas vraiment d’être la cible de paparazzis. Heureusement, sans quoi sa romance ne serait plus un secret depuis bien longtemps.

"- En vacances avec ta mère tu n’avais pas cette impression et c’est revenue comme ça, d’un coup, quand tu es revenu en ville ?"

C’est plus que curieux. Plus qu'inquiétant, aussi. Si l'impression s'était limité à la patinoire, ils auraient pu craindre de l'espionnage par la concurrence, ça arrive. Mais dans la rue ? Et ce n'était rien de grave, d'après lui ? Quelle blague.

Bien sûr que le coach lui a dit que tu partais t’entraîner seul. Bien sûr qu’il lui a dit qu’il était inquiet aussi, parce que cela ne te ressemble pas. Pas comme si ça faisait quatre ans qu’ils étaient ensemble officieusement, et presque un ou deux ans qu’ils vivaient ensemble, cachés aux yeux des journalistes chiants. Et pas comme s’il commençait à s’inquiéter pour toi autant qu’elle. Tu soupires en te massant la nuque et grimaces un peu. Tu secoues négativement la tête, plaçant tes mains sous tes aisselles, nerveux. Tu pourrais te ronger les ongles, mais les gants t’en empêchent. C’est bête hein ? Tu grimaces.

- Nan. Juste quand je suis à la patinoire. Pourtant, j’fais en sorte d’y être quand y a genre… Personne. Mais...

Mais voilà. Tu es dans cette situation que tu n’arrives pas à comprendre, que tu n’arrives pas à saisir et tu te masses ta nuque en soupirant. Tu essayes de trouver tes mots, tu essayes de trouver quelque chose de logique, qui viendrait juste de ton propre mental. Parce que tu ne vois pas ce qui pourrait expliquer ça. C’est toujours autour de la patinoire, c’est quand tu patines, donc c’est sûrement le stress.

- Écoute… Peut-être qu’il y a rien, vraiment. Juste la fatigue mentale… Je stresse peut-être trop pour la saison… C’est tout..

Tu souris à ta meilleure amie, lui prenant le visage dans ses mains pour lui embrasser le front.

- Faut juste que je m’y remette comme il faut. Que je retrouve mes marques, que je reprenne bien mes séances de méditation et yoga. Promis...

Que tu lui dis, le pensant sincèrement… Sans savoir qu’en vérité. Caché dans les tribunes, dans les ombres, il y avait bien quelqu’un qui vous épiez. Il y a bien quelqu’un qui prend un mal fou à se fondre dans le noir pour vous observer, se rongeant un ongle. Nerveux. Jaloux.

Elle ne sait pas ce qu'il se passe, elle ne sait pas ce que tout cela veut dire, mais ça semble assez sérieux si pendant ses vacances il n'avait pas cette impression et l'a retrouvé une fois qu'il est revenu à la patinoire. Ce n'est pas quand il est revenu en ville, à priori. Donc bel et bien lié à son travail, ou son art. Au centre, en tout cas. C'est un grand centre d'entraînement et il est rare qu'il n'y ait personne, hormis la nuit, mais il reste assez grand pour que tout de même, à certains horaires, on ne croise pas grand monde, tous les occupants étant assez équilibrés entre les différents espaces. Entre ceux qui sont sur la glace, sachant qu'il y a pas moins de deux patinoires, ceux qui sont dans les salles de gymnastique, ceux qui sont dans l'espace bien être, ceux qui sont à la piscine, ceux qui sont dans les salles réservées aux chorégraphies… il y a vraiment des heures, sur la fin des heures d'ouverture, où il n'y a pas grand monde. C'est pas moins d'une quarantaine de salles qui accueillent un nombre très privé d'athlètes.

Wesley estime que c'est peut-être lié au stress, peut-être la fatigue mentale, peut-être juste quelque chose lié à la saison et à la peur de mal faire, à la peur de recommencer comme l'an dernier. C'est vrai que sur la fin de saison, il a eu quelques problèmes mais ça ne veut pas dire qu'il en sera de même cette saison. Alexandra lui fait parfaitement confiance là-dessus. Parce qu'elle connaît les compétences de son meilleur ami et la détermination de ce dernier pour atteindre les mêmes objectifs qu'elle.

"- Ça ou de l'espionnage concurrentiel…" souffle la demoiselle comme il vient d'embrasser son front, affirmant qu'il a simplement besoin de s'y remettre, de reprendre correctement ses séances de méditation et de yoga. "Tu sais qu'il va falloir en parler au coach…" remarque la jeune femme en évitant soigneusement de se montrer trop familière avec leur coach chaque fois qu'ils sont au centre, consciente que parfois les murs ont des oreilles. A priori, ils ont des yeux aussi. "C'est son centre. Si quelqu'un espionne le centre ou les athlètes, c'est très grave et il faut que la sécurité soit prévenue…"