Le ciel est un océan suspendu (Val & Dreamcatcher)
Messages : 377
Date d'inscription : 15/11/2019
Région : Ailleurs
Crédits : Pinterest
Univers fétiche : Historique
Préférence de jeu : Femme
Dreamcatcher
Dim 24 Mar - 14:38
Elizabeth Van Sechtelen
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.
Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
avatar :Daria Sidorchuk copyright:️ Azu
Un petit oiseau perché sur une branche prête à se briser et l'oiseau va imploser puis disparaître....C'était ainsi qu'Eli percevait Simon : fragile, fracassé à l'intérieur. Il avait eu un accident très grave mais n'en avait pas dévoilé davantage, ne s'était pas confié en profondeur. Qu'avait subi son corps ? Les zones d'ombres et de non dits entouraient le jeune homme telle une armure, une sale armure qui l'emprisonnait. Mais elle ne se sentait pas de le « creuser » maintenant. Déjà, il se noyait dans ses peurs alors mieux valait éviter pour le moment de lui rajouter du stress. L'urgence se déclinait en un point fondamental : accepterait-il de rester chez elle quelques temps ? Au moins celui de se refaire une santé, de ne plus être coincé dans cette gangue traumatisante qui l'empêchait de vivre tout simplement ! Mais que pourrait-elle faire ? Comment l'aider alors même que des spécialistes avaient échoué ?! La tâche, immense, a priori impossible ne faisait pas peur à la rousse cependant. Elle ne pouvait pas faire grand chose hormis lui ouvrir sa maison, lui offrir un refuge, partager ce qu'elle était. C'était simple. C'était fou.
Pourquoi tout en elle aspirait à le ...sauver ? Ce bouillement intérieur surgissant, cette urgence impatiente qui lui prenait les tripes : un manque à aimer l'Autre parce qu'elle même avait été mal-aimée ? Un creux d'amour a contrario débordant, assoiffé d'humain, annihilant le vide des cœurs pour mieux le combler ?
Le sentiment d'exil qui lui collait à la peau s'était dissipé avec Ob mais parfois, elle le pressentait, là, ensommeillé dans ses tréfonds. Un rien suffisait pour le réveiller tel un kraken soudain dérangé dans sa latence. Le seul espace où il avait totalement disparu se trouvait dans les airs quand ils avaient volé ensemble...
Mais la vie terrestre n'en avait pas terminé avec elle, pas encore. Alors en attendant le voyage éternel avec l'aigle, elle se devait de protéger Simon. Sans concession, sans explication. Une pépie à assouvir instinctivement, extravagante, fiévreuse. La part irrationnelle, dévorante, émouvante qui la bousculait quelque fois faisaient rire ses amis. Eli et son syndrome de Saint Bernard. Ils ne saisissaient pas la complexité de l'intention et de la puissance pure qu'elle y mettait parce qu'elle n'en avait jamais rien dit tout simplement. Ils ne savaient pas et leur ignorance était une saine chose.
Simon...Simon...Il toquait sans le vouloir sur son cœur et elle lui avait ouvert aussi grand qu'elle pouvait. Tandis qu'il se cramponnait trop fort, elle pensa brièvement qu'elle devrait lui expliquer...
- Je suis désolé. Je n'arrive pas à me contrôler, c'est le problème, je ne contrôle rien tu comprends ? Quand j'entends ça je revois des phares, il n'y a pas beaucoup de voitures, c'est la nuit, je pourrais éviter -je crois- mais je suis figé au sol à voir le camion arriver... Quand j'essaie de me décaler, enfin, la voiture derrière me fauche les jambes, et je suis pris entre les deux...
L'entendre, le comprendre lui fit mal. Visualiser la scène qu'il décrivait lui fit mal. Les conséquences lui firent mal. Que faire pour le sortir de ce traumatisme ?! Que dire ?!
-Tu n'as pas à être désolé Simon. Personne ne peut...Tu...tu es le seul à avoir subi ça alors tu peux hurler et exprimer tout ce que tu veux, tout ce que tu peux, tout ce qui te traverse au moment où ça te traverse.
Comment l'aider ? Comment l'aider ?! Ce sentiment d'impuissance, insupportable, frustrant... Une révolte sourde gronda en elle. L'injustice incommensurable de la loterie de la vie incarnée en ce bel inconnu désincarné de son essence, déserté de sa mémoire, aligné sur des milliers brisures...
Elle luttera pour lui mais ne pourra pas le sauver malgré lui. Alors, comme d'habitude, Elizabeth se déplia en fossoyeuse, sondant les cœurs et les âmes... Atteindre la lumière enfouie, déterrer une ressource, ressusciter un espoir... Renvoyer le reflet du miroir à sa source pour éclabousser le Noir. Accoster là où ça pouvait faire mal.
Il ne répondit qu'à une infime partie de ce qu'elle interrogeait, peu importait pour le moment. Sa réaction suffit à la conforter dans la mésestime profonde dont il faisait preuve.
-Je ne sers jamais à rien...
Le visage douloureux tout à coup, ses traits en furent déformés ! Eli crut qu'il allait de nouveau crier mais il se contint avec peine. Elle ne pouvait pas le laisser affirmer une telle aberration ! Un aveuglement ! Un mirage !
Une brassée de secondes, elle hésita. N'était-ce pas prématuré ? Stérile ? Déplacé ? Pourtant...pourtant elle n'avait rien d'autre.
Elle se laissa glisser sur le tapis, s'assit sur ses talons, se tourna devant lui pour le regarder en face. Un peu en contre bas, elle tendit la main pour ôter la sienne de sa bouche avec douceur, puis tint serrer ses deux paumes entre ses doigts.
-Simon...
Un soupir, une pause. Ses yeux s'accrochèrent à son regard.
-...Avant, peut-être que tu ne servais à rien. Peut-être aussi que cela t'arrangeait de le croire, de le vivre de cette manière. Ne servir à rien... ça permet de se cacher, de ne pas être vu... Je ne sais pas. Mais à partir de maintenant, entends tu, à partir de maintenant, je te... comment te dire... … … Je t'implore d'ouvrir ton cœur et de prendre conscience que tu as du sens pour moi. Tu-as-du-sens- pour moi. Tu es important pour moi. Tu as de la valeur, beaucoup de valeur dans mon cœur. Donc... si tu me dis que tu ne sers à rien... c'est comme si tu niais cette...préciosité que j'éprouve pour toi. Je t'aime comme tu es Simon, comme-tu-es et comme ce que tu n'es pas parce que tu as perdu la mémoire. Je t'en prie, ne m'efface pas dans ce présent que nous partageons tous les deux.
Aller plus avant ? Lui dire...l'autre chose ? Il pourrait s'en effrayer, ne pas comprendre. Chat échaudé craignant l'eau froide, Elizabeth estima que cet accent de vérité suffisait.
L'histoire avait eu son petit effet, elle se leva, lança un fond de musique entraînante qui se répandit dans la cuisine.
-Ok !
Elle lui indiqua ce qu'il pouvait faire, où se trouvaient les ustensiles, la vaisselle etc. Lui raconta et ci et ça, plaisanta, chantonna, fit un pas de danse en le prenant par les épaules, faillit faire tomber le plat qui sortait du four... Simon avait toujours été là, depuis...n'est-ce pas...
Il pouvait partir dès qu'il l'aurait décidé, alors elle en profitait comme si c'était leurs derniers instants. Leurs derniers instants...
Amène moi
Messages : 411
Date d'inscription : 27/02/2022
Région : France, Ile de France
Crédits : /
Univers fétiche : Avatars réels, mais tous types
Préférence de jeu : Homme
Val
Mar 2 Avr - 18:08
Simon Smith, disent-ils...
J'ai paraît-il 22 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? Tout et rien ? En quête d'emploi, d'utilité, d'identité ? Je suis caractérisé par une chose très particulière, je suis amnésique j'ai perdu la mémoire à la suite d'un accident de la route, aux USA en Californie il y a un peu plus de deux ans.
J'ignore ce que j'y faisais, et qui je suis et personne ne peut me le dire autour de moi L'enquête menée après le carambolage qui a causé la mort de six personnes, n'a pas permis de définir d'où je sortais ni ce que je faisais là. Je suis très probablement célibataire, mon jeune âge le laisse supposer mais si j'ai eu dans ma vie une personne aimée, elle est désormais dissimulée comme le reste sous la chappe de plomb qui me sert de mémoire.
avatar :Simon Julius Joergensen (instagram)
Le ciel est un océan suspendu.
Elizabeth & Simon
« Le ciel est un océan suspendu. De temps à autre, il fond sur nous, lavant les collines et les maisons à l'eau de mer. » (*)
Décembre 2023
- ...Avant, peut-être que tu ne servais à rien. Peut-être aussi que cela t'arrangeait de le croire, de le vivre de cette manière. Ne servir à rien... ça permet de se cacher, de ne pas être vu... Je ne sais pas.
Peut-être que ça t'arrangeait de le croire ? De le vivre de cette manière ? De moi on peut dire beaucoup de choses... que je ne suis pas un manuel, que mes mains refusent de suivre les instructions de mon cerveau dés lors qu'il s'agit de construire, réparer, nettoyer ou même servir quoi que ce soit... Mes jambes ne m'aident pas non plus, encore peu sûres après deux ans, réticentes, tremblotantes, craintives à l'idée de supporter mon corps et de lui permettre de se mouvoir. Pourtant, quand je suis seul, je marche, l'arrive même à courir, sous l'effet de frayeurs que je ne peux nommer... mais malgré tout cela, mon intellect fonctionne, trop probablement, il cherche, creuse, analyse, compare, dissèque la moindre sensation, la moindre interrogation... Je le sens méthodique et acharné, tenace, cartésien, mathématique... J'ai dans la tête un ordinateur auquel on a laissé son processeur mais dont on a reformaté les disques, plus de données mais la capacité de calculer à l'infini. Il fait ce qui est nécessaire pour recomposer sa base d'information, stocke, range, essaie de relier les bouts, et pour l'instant échoue.
J'essaie de ne pas soupirer physiquement, je ne sais pas par quel hasard elle a été mise sur ma route mais elle m'aide, elle veut m'aider ! C'est la première, pourtant je jurerais qu'elle ne sait rien de moi ? Après... justement parce que j'ai un esprit plus mathématique que rêveur, je me doute bien que les probabilités de tomber dans ce pays sur quelqu'un qui m'ait connu sont infinitésimales.
Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Que pourrait me dire, sur celui que je ne suis plus, une ancienne connaissance ? Elizabeth a-t-elle raison ? Ai-je choisi de n'être rien ? Ai-je choisi d'oublier ? Suis-je à l'origine de ce que toute une partie de moi dirait une douleur infernale et mortelle ? Imaginez... Vous réveiller un jour dans un corps inconnu, entendre des voix que vous ne situez pas, allongé dans un lit, relié à l'existence par des tuyaux, des fils, des écrans, des aiguilles scotchées sur la peau... Puis lentement revenir au présent, vous dire : ce corps doit être le mien... Puis ouvrir les yeux et découvrir que... la page est blanche, les précédentes aussi ! Le livre de la vie n'est plus, vous ne savez plus quel nom on vous donnait, d'où vous veniez avant ce qui vous a amené ici, qui vous aimait ou vous détestait, quel métier vous exerciez ou quelles études vous suiviez, si vous aviez une famille ou pas ? Vous êtes posé sur ce lit, recollé de partout, la douleur malgré les calmants vous possède, et dans vos yeux qui cherchent, creusent, écartent les ombres de toutes leurs forces, la détresse s'installe, vous êtes aveugle, vous arrivez au monde aujourd'hui, avant il n'y avait rien, après... Il n'y aura rien non plus. Je n'ai pas eu accès aux journaux, ni à aucun média pendant les premiers mois, je les ai découverts plus tard, ai reçu comme un poignard dans le cœur les supputations sur « le garçon de l'autoroute », « l'assassin involontaire que son amnésie arrange bien », on m'a soupçonné de simuler, on a inventé des complots, pendant quelques mois les suppositions et hypothèses les plus folles ont circulé, faisant de moi tour à tour une victime poignante ou un meurtrier froid et d'une intelligence rare !
Mais de moi, ce vrai moi confronté au vide, personne n'a parlé. Les médecins et la police ont fait en sorte qu'aucun journaliste ne franchisse le pas de ma chambre, je n'ai pas pu raconter mes cauchemars, ma terreur, ma douleur physique comme morale ! Je n'ai pas pu donner mon point de vue, et lorsque j'aurais pu -enfin- je n'avais plus aucune envie de retourner ce lopin de boue mêlée de fumier délétère... J'ai réappris à marcher, à me servir de mes mains, on a creusé les décombres de ma mémoire... mon corps a répondu présent, mon esprit non. Se peut-il qu'il refuse d'ouvrir la porte parce que ce qui se cache derrière est encore pire que tout ce que je peux imaginer ?
Pendant le repas, mes yeux s'embrument parfois avant que ma volonté n'ordonne à mon cerveau d'écouter la musique et de manger. J'ai peur d'être bien silencieux pourtant … manger, en compagnie, une compagnie qui prend plaisir à vous avoir à sa table et non un locataire du foyer qui vous a accepté parce qu'il voyait bien qu'il n'y avait plus d'autre place dans cet espèce de réfectoire où moyennant une misère on arrivait à se nourrir à condition de ne pas prendre garde au goût, à l'odeur et à la texture de ce qu'on ingurgitait...
- ...Tu-as-du-sens- pour moi. Tu es important pour moi. Tu as de la valeur, beaucoup de valeur dans mon cœur. Donc... si tu me dis que tu ne sers à rien... c'est comme si tu niais cette...préciosité que j'éprouve pour toi. Je t'aime comme tu es Simon, comme-tu-es ...
j'ai laissé passer … dix ? Quinze minutes ? J'ai écouté, entendu, synthétisé puis soudain ce que je pense sort de mes lèvres...
- Pourquoi ?
Je jette un coup d'oeil autour de moi, elle a presque tout fait, comme d'habitude mes mains si habiles pour certaines choses demandant du calme et de la précision -j'ai découvert les maquettes auprès d'un type chargé de me rendre mon agilité- se sont avérées incapables de mettre une table sans risquer de lâcher les assiettes... Je souris, piteusement...
- Pourquoi ai-je de la valeur pour toi ? Je ne suis qu'un inconnu rencontré dans la rue ? Tu ne me connais pas ? Je pourrais être un type immonde qui attend son heure pour te sauter dessus ?
En ai-je l'air ? Pourrais-je agresser une femme qui m'a aidé ? Honnêtement, j'ignore à quoi je ressemble mais une chose est sûre pour moi, ni aujourd'hui ni jamais je ne pourrais m'en prendre à qui que ce soit, j'en mettrais ma main au feu... Rien que l'idée d'une violence, directe ou détournée, me donne la nausée. Mais ce que je dis est vrai, elle ne sait rien de moi ? J'ai raconté une histoire, j'ai très peu dit d'ailleurs, enfin il me semble... mais j'aurais pu mentir ? Avoir ce conte misérabiliste en stock pour attendrir les gens ? Je sais que je fais très jeune, je pourrais sans trop de difficultés passer pour un ado, ça joue dans l'appréciation qu'ont les gens de moi, parfois en ma faveur, parfois contre.. J'ai aussi l'air d'un garçon bien élevé et je suis poli, presque anachronique, cela aussi influe. En fait, à nouveau, je voudrais savoir qui je suis réellement, pas seulement ce que je semble être... Me sait-elle si sincère ? Elle est comédienne, elle sait peut-être déceler le mensonge comme la vérité ?
Dans ma tête, comme si je me dédoublais, j'entends une voix réciter, puis chanter... Elle dit que cette langue est du russe ? Alors je suis quelque part en Russie, là-bas dans mon imaginaire ? Une Russie dont je ne sais rien, simplement ce que les médias en racontent et qui n’incite pas vraiment à vouloir y vivre ? Mais la voix est là et ce qu'elle dit est beau... curieusement, la traduction est instantanée mais celui qui la dit... ne pourrait s'exprimer autrement, les paroles sonnent comme autant de larmes de joie...
Je vous aimais… et mon amour peut-être Au fond du cœur n’est pas encore éteint. Mais je saurai n’en rien laisser paraître. Je ne veux plus vous faire de chagrin. Je vous aimais d’un feu timide et tendre, Souvent jaloux, mais si sincèrement, Je vous aimais sans jamais rien attendre… Ah! puisse un autre vous aimer autant.
Pourquoi encore ? Pourquoi une simple déclaration d'amitié fait-elle remonter cela ?
- Je ne sais pas moi-même qui je suis Elizabeth... Enfin qui j'ai été. Aujourd'hui, je suis un Américain perdu en Finlande, avec quarante dollars en poche, aucun diplôme, pas de compétence particulière, qui ne sait pas vers qui se tourner pour même savoir s'il a le droit de rester ou s'il doit repartir... et qui a totalement oublié dans quel endroit bizarre il a caché son sac !
Ma belle poésie d'amour est rayée de la carte, le présent me revient en pleine figure... L'angoisse, la peur, l'absence de visibilité en un avenir hypothétique me figent, le repas que je viens de faire menace de ressortir tant je suis tendu... Je me mords les lèvres, ne me rends même pas compte que je me tords les doigts en serrant mes mains l'une contre l'autre dans un geste d'authentique désespoir...
- Je ne peux par y retourner... Ils vont me demander de rembourser ! Je secoue la tête, comme pour m'excuser d'être incompréhensible... - Quand je me suis réveillé, une Association avait accepté de prendre mes soins en charge, il n'y a rien de prévu là-bas pour ceux qui n'ont pas d'argent et si j'avais une assurance, comme personne ne connaissait mon nom, elle n'a pas été sollicitée pour payer... Et ensuite ils m'ont expliqué que je devais rembourser, pour qu'ils puissent assister d'autres victimes. J'essaie de me calmer, d'être audible, je ralentis mon débit, m'oblige à respirer de grandes lampées d'air pour ne pas céder à la panique...
- Je n'ai pas un sou, je suis incapable de travailler plus de deux semaines sans me faire virer ! Et puis... huit mois d'hospitalisation et un an de rééducation... Jamais je ne pourrais rembourser ça... Ils auraient dû me laisser crever !
Je suis redevenu le gamin en fuite, j'ai le sentiment d'ailleurs de ne pas fuir qu'eux. Quand la somme déboursée pour me garder en vie est apparue sur une feuille dactylographiée, j'ai failli avoir un arrêt du cœur... J'aurais dû négocier, arguer que c'était impossible, qu'ils devaient bien le comprendre ! Pourquoi ont-ils payé ? N'y avait-il chez eux personne pour comprendre qu'on ne condamne pas un homme pour une vie entière ? Si je ne m'étais pas réveillé, ça n'aurait fait de différence pour personne ! Je ne manquerais pas, je n'existe pas.
Je ne dis plus rien, je revois la mer... cette mer si froide qu'on ne peut y tenir plus de quelques dizaines de minutes... Je ne peux pas payer, je ne veux pas « rentrer », et je n'ai nulle part où aller...
Je murmure...
- Tu aurais dû me laisser tomber... je me serais assommé, je n'aurais eu conscience de rien...
Et le lendemain les services de voirie du port auraient trouvé un sans-abri noyé, tombé du quai, fin de l'histoire...
Mais non, je ne pourrai plus ?
Je baisse la tête,
Je n'ai plus la force...
de rien.
Ne m'abandonnez pas:
Ne m'abandonnez pas
Je lève les yeux depuis les abîmes Ces rayons de lune fracturés sur la mer Ces reflets qui me semblent toujours identiques Comme avant que je ne descende
Et c'est si paisible dans les profondeurs Car quoi que tu fasses il est impossible de respirer Inutile de prier, inutile de parler Désormais je suis en bas
Cela s'abat sur moi Un millier de kilomètres jusqu'au fond de la mer J'ai trouvé un endroit pour me reposer
Ne m'abandonnez pas, ne m'abandonnez pas Ne m'abandonnez pas, ne m'abandonnez pas
Et les bras de l'océan me portent Et tout ce dévouement se précipitait hors de moi Et les questions que j'ai, pour une pécheresse comme moi Les bras de l'océan me délivrent
Même si la pression est difficile à supporter C'est le seul moyen de s'échapper Cela semble un choix très dur à prendre Mais désormais je suis en-bas
------- (*) Frédéric Beigbeder Un roman français (2009)
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.
Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
avatar :Daria Sidorchuk copyright:️ Ma pomme
Emotions
-Pourquoi ?
La question tombe comme tombe la pluie : drue, douce, trempée, invasive, vraie, pure. Pourquoi ?
Profonde comme les étoiles, brûlante comme le soleil. Ce soleil qui t'habite et que tu ne vois pas parce que tu es aveuglé par le vide de ta mémoire.
Pourtant.
Si tu savais. Si tu voyais.
Foudroyée de surprise, Elizabeth s'arrêta de mâcher, fourchette en l'air. Pourquoi ? « Pourquoi pas » s'inscrivit en lettres de feu dans sa tête. Une réponse trop dure qui évitait l'essentiel. Interdite, elle avala, prit une autre bouchée.
En fond, la musique coulait, son attention s'y fixa. Se taire, s'envahir pour fuir...Levant les yeux sur lui, elle contempla ses prunelles, les traits de son beau visage. D'ordinaire, d'habitude, c'est elle qui touche les âmes et les cœurs, qui ramasse les morceaux, qui console, qui cajole. Elizabeth EST dans ce sens et non dans l'autre depuis des siècles. Elle aime s'y perdre, ne pas être trouvée.
Symphonies des ordres et des désordres Sons de lumière Chaos des bonds et rebonds des émotions Couleurs du Temps Qui pleurent les débordements
Pourquoi ?
Projetée immobile. Là où c'était douloureux, là où personne n'était invité, là où le néant se criait.
Une joie vient et s'efface.
Elle posa deux doigts sur le pied du verre en cristal et le fit tourner. Les yeux vagues à observer le mouvement silencieux, elle finit par relever la tête. Dévora Simon du regard.
-Parce que...Je suis comme ça, je n'ai pas besoin de raisons pour aimer quelqu'un. Je suis amoureuse de l'irrationnel, des chemins où l'on peut se perdre. J'ai toujours été attirée par ce qui ne se voit pas.
Soupir.
-Ce serait comme répondre au pourquoi avoir choisi ce restaurant et cette date de soirée avec des amis, pourquoi s'être séparés à cette heure précise, pourquoi avoir garé ma voiture face à la mer, pourquoi tu as eu envie de...à ce moment là, tu ne crois pas ? Ce sont des circonstances, de l'aléatoire, peut-être un destin...
...Un hasard ? La rousse préférait s'ondoyer d'un acte de foi. Ils avaient été mis en présence pour vivre quelque chose ensemble ! Plus les secondes passaient et plus son intuition la croquait toute entière mais lui partager une telle... « dimension mystique » allait le faire fuir !
-Tu cherches, tu te cherches sans relâche, tu cherches ce qui ne peut se trouver. Quand je pense à toi, je t'imagine pâmé face à la nuit, face au silence d'éclat des étoiles brisées sous tes pas, les astres évaporés de ton âme. Tu espères l'étincellement du jour te déchirant telle une faille incandescente brûlant les écumes noires de ta mémoire.
Sourire.
-Tu peux te moquer de ces mots que tu jugeras sans doute pompeux mais je n'ai pas envie de te le dire autrement. Tu es comme... des flammes de lune, brillant, baigné de vérité et d'amour. Mais tu t'es trompé de face, tu t'éparpilles sur son côté sombre, celui que l'on ne voit jamais. L'autre... tu l'as oublié de fait. Mais moi je le vois. Il est toujours là.
Elle avait remarqué par ailleurs à quel point il s'empêtrait pour effectuer des actes simples : ses hésitations à trouver le tiroir du haut, les couverts qu'il avait fait tombés sur la chaise, la bouteille qu'il avait manipulé avec une maladresse de nouveau né ! Elle en avait eu le ventre serré pour lui.
-Pourquoi ai-je de la valeur pour toi ? Je ne suis qu'un inconnu rencontré dans la rue ? Tu ne me connais pas ? Je pourrais être un type immonde qui attend son heure pour te sauter dessus ?
Elle rit puis sa réaction fusa, évitant de répondre complètement :
-En effet mais je te renvoie la balle : je pourrais être une fille immonde qui attend son heure pour te sauter dessus, te tuer, te torturer.
« Te dénoncer de n'importe quoi. Ta parole contre la mienne, tu vois ce que ça pourrait donner ? Je ne donne pas cher de ta peau ». Cette pensée demeura confidentielle, le pauvre garçon en aurait eu des sueurs froides, chamboulé, terrorisé par une éventualité de principe. Il avait besoin d'être rassuré avant tout !
-Ne me repousse pas pour de mauvaises raisons Simon. J'ai un tout petit peu de matière grise que j'utilise pour savoir à qui j'ai affaire. De surcroît, mon intuition est mon guide suprême et indéfectible qui ne m'a jamais fait défaut ni ne s'est trompé. Crois moi, je te perçois peut-être mieux que toi même, en tous cas différemment. Je sais ce que je fais, ce que je choisis de faire et que ce soit toi ou quiconque, personne ne m'empêchera de faire ce que je veux. Ceci dit, admettons que je me plante sur toute la ligne, tu serais un pourri ? Soit. De fait, je m'en fiche, j'en prends le risque, où est le problème ? C'est mon choix de t'ouvrir ma maison, mon cœur et ce que je fais des deux ne regarde que moi.
Elle but une longue gorgée. Sa franchise n'avait d'égal que la sincérité qui l'animait. Elle s'exprimait avec une douceur infinie cependant, prenant soin de ne pas heurter le jeune homme. Par intermittence, le visage masculin trahissait une émotion mais par pudeur, elle faisait comme si elle ne remarquait rien.
-Essaie une autre...stratégie ? Plutôt que t'arcbouter sur ce passé qui pour l'instant est figé dans une gangue de glace et de rien, vis le présent ? Prends conscience de ce qui se passe maintenant. Tu ne sais pas vers qui te tourner ? Eh bien, tourne toi vers moi ? Tente l'expérience...Ton sac ? Il n'est pas dans un endroit bizarre, il est là-haut, rangé dans l'armoire de ta chambre.
Elle souriait, le prenait au mot, lui rappelait ce qu'elle lui avait donné, détournait à sa façon le drame qu'il subissait.
-Perdu en Finlande ? Non Simon, tu es au 15 Joukolavägen.
Constatant la crise d'angoisse qui pointait le bout de son nez, son geste aux phalanges blanchies, elle tenta de l'en détourner.
-Tu veux un morceau de gâteau ? Café ? Thé ? Je crois que je n'ai plus de chocolat.
Elle alla chercher le dessert, lança la machine à café.
-Tiens, sers toi.
Elle l'écouta soigneusement, le laissa s'épancher. Une dette colossale... Comment trouver la paix avec cette épée de Damoclès qui risquait de lui tomber dessus du jour au lendemain sans crier gare ? Au fur et à mesure qu'il parlait, elle prit sa décision. Rapide. Radicale.
-Tu aurais dû me laisser tomber... je me serais assommé, je n'aurais eu conscience de rien...
-Bien sûr et moi j'aurais passé le restant de ma vie avec ta mort sur la conscience et le cœur. Ça ne se passe pas comme ça mon ami. J'ai le palpitant qui bat régulièrement avec un rythme qui me convient, hors de question qu'il se mette à cogner n'importe comment à cause d'un petit jeunot comme toi qui me dit comment je dois l'utiliser ! Non mais !
Joyeuse, elle lui lança sa serviette de table qu'elle avait promptement roulée en boule. Un peu d'humour ! De recul ! Noyer le poisson. Détourner son attention tout en le raccrochant au présent.
-Quelle est le nom de cette association ? Tu en reprends ? Après, je vais te montrer quelque chose si tu veux.
En secret, Elizabeth était suspendue à sa réponse.
People Help The People
Spoiler:
People help the people Les gens aident les gens And if your homesick, give me your hand and I'll hold it Et si tu as le mal du pays, donne-moi la main et je la tiendrai People help the people Les gens aident les gens And nothing will drag you down Et rien ne t'entraînera vers le bas Oh and if I had a brain, Oh and if I had a brain Oh et si j'avais un cerveau, Oh si j'avais un cerveau I'd be cold as a stone and rich as the fool Je serai froide comme la pierre et aussi riche que l'idiot That turned, all those good hearts away Qui a détourné tous ces cœurs God knows what is hiding, in that world of little consequence Dieu sait ce qui se cache dans ce monde sans importance Behind the tears, inside the lies Derrière les larmes, dans les mensonges A thousand slowly dying sunsets Un millier de couchers de soleil qui se meurent God knows what is hiding in those weak and drunken hearts Dieu sait ce qui se cache dans ces cœurs ivres et fragiles I guess the loneliness came knocking Je suppose que la solitude est venue frapper No on needs to be alone, oh save me Nul besoin d'être seule, Oh sauve-moi People help the people Les gens aident les gens And if your homesick, give me your hand and I'll hold it Et si tu as le mal du pays, donne-moi la main et je la tiendrai People help the people Les gens aident les gens And nothing will drag you down Et rien ne t'entraînera vers le bas Oh and if I had a brain, Oh and if I had a brain Oh et si j'avais un cerveau, Oh si j'avais un cerveau I'd be cold as a stone and rich as the fool Je serai froide comme la pierre et aussi riche que l'idiot That turned, all those good hearts away Qui a détourné tous ces cœurs
Messages : 411
Date d'inscription : 27/02/2022
Région : France, Ile de France
Crédits : /
Univers fétiche : Avatars réels, mais tous types
Préférence de jeu : Homme
Val
Dim 28 Avr - 14:48
Simon Smith, disent-ils...
J'ai paraît-il 22 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? Tout et rien ? En quête d'emploi, d'utilité, d'identité ? Je suis caractérisé par une chose très particulière, je suis amnésique j'ai perdu la mémoire à la suite d'un accident de la route, aux USA en Californie il y a un peu plus de deux ans.
J'ignore ce que j'y faisais, et qui je suis et personne ne peut me le dire autour de moi L'enquête menée après le carambolage qui a causé la mort de six personnes, n'a pas permis de définir d'où je sortais ni ce que je faisais là. Je suis très probablement célibataire, mon jeune âge le laisse supposer mais si j'ai eu dans ma vie une personne aimée, elle est désormais dissimulée comme le reste sous la chappe de plomb qui me sert de mémoire.
avatar :Simon Julius Joergensen (instagram)
Le ciel est un océan suspendu.
Elizabeth & Simon
« Le ciel est un océan suspendu. De temps à autre, il fond sur nous, lavant les collines et les maisons à l'eau de mer. » (*)
Décembre 2023
- … je n'ai pas besoin de raisons pour aimer quelqu'un. Je suis amoureuse de l'irrationnel, des chemins où l'on peut se perdre...
Ses paroles amènent sur mes lèvres un sourire perdu. « Je n'ai pas besoin de raison pour aimer quelqu'un » a-t-elle dit ? Ai-je aimé ? Qui ai-je aimé ?
C'est vrai, les « pourquoi » n'ont pas leur place dans ces choses... Elle continue et je voudrais croire ! « Tu es comme... des flammes de lune, brillant, baigné de vérité et d'amour. Mais tu t'es trompé de face, tu t'éparpilles sur son côté sombre, celui que l'on ne voit jamais. L'autre... tu l'as oublié de fait. Mais moi je le vois. Il est toujours là. »
Mon sourire se fend, comme une vitre qui se brise à force d'être exposée au vent, au soleil et au passage des hommes...
- Tu cherches, tu te cherches sans relâche, tu cherches ce qui ne peut se trouver. Quand je pense à toi, je t'imagine pâmé face à la nuit, face au silence d'éclats des étoiles brisées sous tes pas, les astres évaporés de ton âme...
J'entends ce qu'elle dit, je cherche oui, je cherche... Parce que si je ne cherche pas je sombre. C'est comme ces étoiles, ne sait-elle pas qu'une théorie dit que les étoiles mortes deviennent des trous noirs ? Je suis un trou noir. J'aspire en moi et le désintègre tout ce qui me rapprocherait du moi passé... Je vis par impacts, chaque souvenir qui s'ouvre et disparaît aussitôt est comme une balle que le trou avale, ne lui laissant pas même l'opportunité de mettre fin à mes souffrances !
... a écrit:
J'ai rêvé que j'étais avec une femme, je ne sais plus qui elle était... Nous étions sur une plage, mais pas une plage gaie et ouverte, pleine de soleil et de joie, de monde, de légèreté... C'était une plage sombre, presque en noir et blanc, au bord d'une forêt épaisse, entre la forêt et la plage il y avait une sorte de clairière d'herbe rase et grise, sur la plage des arbres flottés, lâchés là comme au hasard, comme autant d'épaves...
Le seul endroit lumineux appelait l’œil sur un homme, couché sur le dos, au sol, il avait les yeux fermés et -s'il respirait bien- il y avait quelque chose d'étrange dans sa respiration. Comme une douleur, une espèce d'arythmie cardiaque comme en ont les gens qui peinent à pomper le sang dans leurs veines, à le faire circuler. Je ne saurais pas plus dire qui il était, il était nu, sa peau était d'un blanc comme réverbérant, il éclairait les parages, à environ deux mètres autour de l'endroit où il gisait.
La femme paraissait effrayée, elle me disait « j'ai voulu le repousser du pied pour le retourner, je n'arrivais pas à le toucher de mes mains, et le sable autour a bu du sang! » Comme je regardais sans rien voir, elle a crié « Je t'assure que c'est vrai ! ». Alors je me suis baissé, agenouillé, et j'ai essayé à mon tour de le retourner ? Pourquoi ? Sans doute parce que son immobilité et sa respiration trop saccadée me le désignaient en danger et que la face visible étant intacte il fallait chercher leur raison de l'autre côté ?
J'ai senti une résistance, et il a gémi. J'ai eu le sentiment qu'il était -non en train de mourir- mais de dormir d'un profond sommeil. Je me suis baissé encore un peu pour regarder ce qui le maintenait au sol, et j'ai vu...
Des racines !
Il était en train de s'enraciner sur cette plage. À ce que j'avais entrevu, des dizaines de tentacules sanglants sortaient de sa peau pour chercher la terre, sous le sable, une sorte de lutte effrénée pour se lier avant qu'il ne soit trop tard, mais si je sentais cette urgence je ne l'expliquais pas.
Je tournais le regard vers ma compagne en pleine sidération, ses yeux fixaient le corps comme si elle voyait un fantôme. Quand je me retournais à nouveau, une statue de verre était là, allongée sur la plage. Une statue d'homme, nu, les yeux fermés, d'un verre teinté d'orangé, sombre, mais sur ses lèvres...
l'esquisse d'un sourire signifiait sa victoire.
Je me suis réveillé, en sursaut, j'avais trouvé la vérité !
Puis, les minutes passant, je me suis dit que j'avais simplement fait un cauchemar chelou... Mais en moi, résonnaient des paroles … jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière (1)… Comme il est sorti du ventre de sa mère, il s'en retourne nu ainsi qu'il était venu... (2) et moi qui me pensais croyant, je décryptais que seule la terre a son mot à dire, et qu'y retourner n'est pas la volonté divine mais un acte conscient et éclairé !
Je me disais que... si j'avais été autre, j'aurais aimé étudier les différentes versions de la Genèse, comparer les différences entre le récit de la création du monde puis de l'homme, dans les endroits les plus éloignés du monde... Je n'ai jamais parlé de cela à quiconque, ils en auraient conclu que mon accident m'avait bien plus abîmé que cela n'a été.
Peut-être est-il arrivé … parce que j'avais choisi l'immédiateté à ce long voyage ? Que j'utilisais « l'esprit » non pour penser mais pour gagner ?
Roi du néant, du vide, du faux... Roi de pacotille !:
King Nothing
J'espère pouvoir J’espérerais pouvoir avoir ça, Je le souhaite ce soir Tu es content ? Tu cherches l'or Tu cherches la célébrité Tu cherches à te faire un nom Es-tu calmé ?
Tous les besoins que tu gâches Tous les buts que tu as pourchassés
[Refrain]
Et puis tout s'écroule Et tu brises ta couronne Et tu tends le doigt Mais il n'y a personne autour de toi Tu ne veux qu'une seule chose, C'est jouer au roi Mais le château s'est effrité Et il ne te reste qu'un nom Où est ta couronne, Roi de rien ? Où est ta couronne ?
Pourquoi ai-je cette certitude que je me suis dispersé ? Et ai tout perdu en le faisant ?
... a écrit:
Je sens comme un bras qui m'emporte, s'enroule autour de mon torse, me tire en arrière pour qu'une bouche dépose sur ma joue un baiser... Je sens une peau nue... La mienne l'est aussi ? De mon rêve remonte le visage de l'homme du rêve, la statue de verre... un homme jeune, des traits d'une régularité choquante, une peau parfaite, de longs cheveux blonds qui ondulent ? Il a les yeux fermés... et sans même m'en rendre compte je murmure...
« Il a vu, et ce qu'Il a vu lui a déplu, Il s'est détourné de Son peuple... »
C'est ce que je pense ? À ce moment-là, pas dans le rêve, quand les bras m'ont enlacé, il me semble que j'ai pensé cela ?
Qui était « Il », Dieu ? Je crois que j'avais la foi... Ou un homme ?
Je reviens au présent, à Elizabeth qui répond et répond à un simple mot...
- ...Crois moi, je te perçois peut-être mieux que toi même, en tous cas différemment.
Je manque lui répondre que c'est facile, puisque moi je ne perçois rien, juste une esquisse, un croquis commencé et abandonné... Mais la suite me fait la regarder comme ces étoiles qu'elle m'a dit voir en moi :
- Je sais ce que je fais, ce que je choisis de faire et que ce soit toi ou quiconque, personne ne m'empêchera de faire ce que je veux...
Je fais ce que je veux, ça revient à ça ? Ai-je jamais fait ce que je voulais ? Même sans mes souvenirs je connais la réponse : Non. Je n'ai jamais fait ce que je voulais, ou alors... juste avant ce qui a créé ce moi que je traîne au présent sans passé ni avenir ? Est-ce parce que soudain j'ai décidé de désobéir que j'en suis-là ?
Le visage de l'homme couché ? La rousseur de mon hôtesse ?
Le jeu d'échecs qui me fait de l’œil ?
- Essaie une autre...stratégie ? Plutôt que t'arcbouter sur ce passé qui pour l'instant est figé dans une gangue de glace et de rien, vis le présent ? Prends conscience de ce qui se passe maintenant. Tu ne sais pas vers qui te tourner ? Eh bien, tourne toi vers moi ? Tente l'expérience...
Est-ce que je peux ? Est-ce que je peux vivre sans savoir ? Non. Derrière le mur il y a d'autres personnes... J'en suis sûr ! D'autres ! Qui me hantent et dont je dois retrouver le visage, le nom, notre lien ! Elle m'assourdit, comme pour me forcer à décrocher...
- Tu veux un morceau de gâteau ? Café ? Thé ? ... j'aurais passé le restant de ma vie avec ta mort sur la conscience et le cœur. Ça ne se passe pas comme ça mon ami. J'ai le palpitant qui bat régulièrement avec un rythme qui me convient, hors de question qu'il se mette à cogner n'importe comment à cause d'un petit jeunot comme toi qui me dit comment je dois l'utiliser ! Quel est le nom de cette association ? Tu en reprends ? Après, je vais te montrer quelque chose si tu veux.
- L'association ?
Je reste en suspens, qu'est-ce qu'elle veut faire ! Si elle les contacte ils vont me retrouver !
Une autre vision s'impose, je dis vision... un flash, des éclairs qui montrent la nuit, puis s'éteignent sur … la peur. Il me semble que ça commence bien, par une poursuite dans un bois, des rires, des cris de joie, des taquineries... Puis le ton change :
« cours ! Va-t-en ! Cours ! » La voix crie, des bruits de pas, des chiens qui aboient ? « Cours ! Ne t'occupe pas de moi ! Cours ! » J'entends le coup de feu, et tout s'estompe...
- Je ne sais pas ! Il ne faut pas !
Je ne sais pas non, je ne sais pas ce qui s'est passé, le nom de l'Association bien sûr lui, je le connais mais la seule chose qui est ancrée dans ma tête vide c'est que personne ne doit me retrouver.
- Il ne faut rien faire qui leur permette de retrouver ma trace, si je disparais jusqu'au moment où je peux payer, c'est mieux...
Payer ?! Comme si un jour...
Elle est tenace, elle dit que je dois m'accrocher à elle ? Car c'est ça que je dois comprendre non ? Et qu'arrivera-t-il ? Que LUI arrivera-t-il si on me trouve avec elle ?
- Elizabeth, si tu veux que je reste, ne cherche rien, c'est à moi de chercher... Je ne veux pas qu'il t'arrive malheur. S'il te plaît ! S'il te plaît !
Je deviens suspect, je le sais, je dérape... Quand ma voix prenait cette tessiture à l’hôpital et qu'ils entendaient la pression sous mes mots, ils me proposaient une piqûre ou si je préférais une entrevue rapide avec le toubib... Mais non, je ne suis pas fou, même, sa présence me donne la force de ramener des... éclats de ces étoiles brisées.
- Écoute-moi, s'il te plaît... Moi je vais te raconter une chose et tu me montreras ensuite ce que tu veux me montrer ? La nuit je rêve, j'ai deux ou trois rêves qui reviennent, et qui m'obsèdent, dont celui- là :
Je lui narre mon homme qui s'enracine, devenant verre parmi le sable d'une plage... Cet homme, c'est le seul dont je vois les traits, et je sais une chose : je l'aime. Et je lui ai nui, tellement... Comme elle il aurait mieux valu qu'il ne croise jamais ma route.
Mais c'était doux, j'ai un sourire mouillé des larmes qui coulent... La seule empreinte que j'ai de son visage, de son corps, c'est ce rêve... et cette impression, ancrée en moi, que lui n'est plus pour que moi je sois ?
Appelle mon nom !:
Viens dans ma chambre ce soir Déshabille-toi dans la lumière mourante Où je t'attendais Ces jours-ci, c'est tout ce que je fais Quand tu appelles mon nom Ce sera mon billet Pour le pays des miracles
Quand tu appelles mon nom Tatouer tes initiales Sur le dos de ma main Cet hiver a été très long Je n'ai presque jamais vu personne Mais le printemps est arrivé et tout est nouveau Maintenant, je couche avec toi Quand tu appelles mon nom Ce sera mon billet Pour le pays des miracles
Quand tu appelles mon nom Tatouer tes initiales Sur le dos de ma main Quand je reste éveillé Rêves d'effroi et d'émerveillement Dansent sous mes yeux Est-ce que c'était vraiment fait pour moi ? Oh mon Dieu, quelle belle surprise ! Quand te reverrai-je? Il y a une ligne dans la paume de ma main C'est profond et rouge comme l'amour Tu m'emmènes avec toi quand tu tombes Quand tu appelles mon nom Ça va être mon billet pour le pays des miracles Quand tu appelles mon nom Tatouer tes initiales Sur le dos de ma main
Juste pour une fois dans ma vie Je veux savoir que ce que je suis suffit Je suppose que nous aurons le temps Ce doit être un moment où tout s'additionne Alors, quand te reverrai-je ? Bébé, ce n'est pas fini, ce n'est pas fini...
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.
Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
avatar :Daria Sidorchuk copyright:️ Ma pomme
Elle parlait Eli, peut-être trop, peut-être de manière inappropriée, engluée dans une pudeur et un respect envers le jeune homme qui l'empêchaient de s'exprimer sans filtre. Il paraissait si fragile en effet et pourtant, elle percevait une force d'âme malgré cette terreur quasi irrationnelle qui l'habitait. Elle savait qu'elle ne pouvait rien lui imposer qui ne soit son choix et ce, en dépit d'une volonté qui potentiellement prenait le risque de le desservir.
La rousse marchait sur des œufs littéralement avec Simon. Un mot, un geste, une expression maladroitement transmis et toute la solidité relative à laquelle il tentait désespérément de se raccrocher s'effondrerait. Quid de ces milliers de soi que l'on « envoyait » sans même sans rendre compte à son interlocuteur telle une aura, des signes infimes, impalpables, intouchables mais néanmoins prégnants à souhait. Le son de la voix, un sourire, une ombre dans le regard, un silence, une sensibilité qui transparaissait sur un instant, les intentions, les non-dits, les implicites... Le langage humain au travers de toute sa splendeur et de sa complexité. Malgré tout, Eli se laissait aller à exprimer ce qu'elle estimait juste, espérant de tout son être que Simon soit un peu moins...perdu ? Quel(s) terme(s) exact(s) employer à son égard ? Elle ne s'appuyait pour le moment que sur son instinct, son intuition, ne possédait aucune connaissance de quelque ordre que ce soit sur l'amnésie. Elle carburait à un attachement entier, à sa liberté de l'accueillir chez elle, à sa détermination pour l'aider autant qu'elle pourrait. Mais le danger, car il y en avait un et non des moindres, se résumait pour l'essentiel à ce qu'elle se révèle trop excessive, trop envahissante, trop « aimante » ce qui, finalement, produirait l'effet inverse : le rescapé prendrait peur et quitterait le refuge qu'elle lui offrait! Elle prenait soin en conséquence de parler avec douceur, ponctuait ses phrases de nombreux sourires dans un souci de l'apaiser, de lui donner confiance. Mais elle ne pourrait pas faire plus ou différemment de ce qu'elle était. Allez, fille du théâtre, tu sais bien qu'il faut tout lâcher pour que la vague t'entraîne et ne te brise pas.
Facile à dire.
Elle constatait qu'il l'écoutait -elle le soulait sans doute!- sachant que parfois son regard partait ailleurs. Qui était-il en vérité ? Quel passé avait-il traversé, vécu ? Les nombreuses interrogations, récurrentes, -qu'elle gardait pour elle- s'affichaient dans son esprit comme autant d'alertes éclatantes demeurant dans un brouillard épais. Les réponses ne lui appartenaient pas, ne la regardaient pas. Le point d'achoppement se situait dans cette souffrance incommensurable heurtée par le néant d'une mémoire fracassée. Comment l'en sortir ? Comment ?!
Lui dire sa lumière le fit partir... Loin...Où s'en allait-il Simon ? Quelles pensées le hantaient ? Une ou deux minutes passèrent ainsi dans un intervalle qu'elle ne brisa pas ; le bruit seul des assiettes posées pour le dessert creva la paix de la cuisine.
Patatras ! Ce fut pire que mieux ! Ce qu'elle redoutait arriva, Simon réagit mal, eut de nouveau cette mauvaise frayeur dans les yeux, le corps.
- Je ne sais pas ! Il ne faut pas !
-Qu'est-ce qu'il ne... ?
Mais il la coupa, les traits brutalement terrifiés :
- Il ne faut rien faire qui leur permette de retrouver ma trace, si je disparais jusqu'au moment où je peux payer, c'est mieux...
-Euh oui, d'accord.
Elle cédait, l'urgence étant de le soulager de son angoisse.
-Malheur ? Mais de quoi... ?
De nouveau il ne la laissa pas terminer sa phrase, cria quasi. Il paniquait, mu par une détresse qui lui griffa le cœur. Elle répondit alors simplement, saisissant une de ses mains par dessus les couverts :
-Je ne cherche rien. Ok, je t'écoute.
Son intuition rugissait à l'intérieur. Un malheur... ? Quelle « puissance » ou pouvoir en sous marin permettait un réflexe de défense autant déformé par la crainte ? Quels maux avait il subi ? A défaut de souvenirs, le corps ne mentait pas, n'inventait pas. Et Simon suait la malepeur par tous les pores de sa peau ! Pourquoi, comment lui avait on fait du mal à ce point là ?! Un sentiment fugace de rage et d'injustice extrême la traversa de part en part tandis qu'il commençait à lui narrer son étrange songe. Attentive, elle sembla ne pas réagir à l'émotion qui se mit à couler sur ses joues.
-Merci. Je suis touchée que tu m'aies raconté cela. Je le trouve...poignant. Il y a quelque chose de très beau et de terrible à la fois dans ce rêve. Pourquoi il te fait pleurer ?
Elle n'osa pas creuser davantage sur ses ressentis. Il allait finir par se lasser de ses questionnements, de cette espèce de dynamique d'optimisme qu'elle lui opposait invariablement...
Elle estima ses larmes belles, ne cherchant pas à le consoler. Simon pleurait un flamboiement intime. On ne touchait pas à cela. Elle se contenta de lui sourire avec une profonde affection.
Ensuite, oh ensuite...Cela sera ou ne sera pas.
-Pardon Simon mais j'aimerais revenir sur ce que tu as dit tout à l'heure : « si je voulais que tu restes ». Écoute, je... ce n'est pas si « je veux que tu restes », je ne t'impose rien, je t'invite chez moi le temps que tu voudras, comme tu as envie, besoin, si toi tu le veux.
Elle le regarda, lui sourit encore. Hésita. Non, elle devait se la fermer. On ne divulguait pas ces secrets là...
-Si tu es d'accord, soyons clairs et nets : chacun sa vie, sa bouffe, ses clefs, sa chambre etc. Une coloc en bonne intelligence, sans aucune prise de tête sinon...je mettrai des grenouilles dans ton lit. On ne mélange pas le linge, on n'est pas obligé de se parler si on n'a pas envie. En gros on est ce qu'on est et ça sera parfait. Qu'en dis tu ? Pour info, je suis facile à vivre, tout me va, rien ne me dérange et j'avoue que je serais la plus heureuse du monde si tu restais...un peu ?
Suspendue à sa réponse elle se servit un café...Si tu savais Simon, Si tu savais...
Messages : 411
Date d'inscription : 27/02/2022
Région : France, Ile de France
Crédits : /
Univers fétiche : Avatars réels, mais tous types
Préférence de jeu : Homme
Val
Ven 24 Mai - 1:58
Simon Smith, disent-ils...
J'ai paraît-il 22 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? Tout et rien ? En quête d'emploi, d'utilité, d'identité ? Je suis caractérisé par une chose très particulière, je suis amnésique j'ai perdu la mémoire à la suite d'un accident de la route, aux USA en Californie il y a un peu plus de deux ans.
J'ignore ce que j'y faisais, et qui je suis et personne ne peut me le dire autour de moi L'enquête menée après le carambolage qui a causé la mort de six personnes, n'a pas permis de définir d'où je sortais ni ce que je faisais là. Je suis très probablement célibataire, mon jeune âge le laisse supposer mais si j'ai eu dans ma vie une personne aimée, elle est désormais dissimulée comme le reste sous la chappe de plomb qui me sert de mémoire.
avatar :Simon Julius Joergensen (instagram)
Le ciel est un océan suspendu.
Elizabeth & Simon
« Le ciel est un océan suspendu. De temps à autre, il fond sur nous, lavant les collines et les maisons à l'eau de mer. » (*)
Décembre 2023
- Malheur ? Mais de quoi... ?
Si je savais... J'ai juste cette sensation, cette impression, qu'il ne faut pas que je m'attache ou en tout cas montre mon attachement à quiconque... Je me souviens de Rio à San Diego. Je l'avais rencontré à l'hôpital, comme moi il se remettait d'un grave accident, lui je crois était coureur automobile ou moto, je ne sais plus trop... Il avait presque mon âge, peut-être un ou deux ans de plus... Il était sympathique, beau garçon, drôle, attentionné... Nous faisions de longues balades sur la plage pour apprendre à remarcher et à muscler nos jambes atrophiées... On avait beaucoup parlé, lui de sa famille, des parents fortunés qui refusaient son mode de vie et n'avaient même pas pris de nouvelles directement, ils ne s'étaient pas déplacés pour le voir, ne lui avaient pas téléphoné, juste demandé s'il se remettrait aux médecins... Il vivait avec une tante souvent en déplacement et avait été séduit par mon désir d'indépendance et de colocation... Moi, j'habitais ce foyer pour … pour quoi ? « personnes en détresse morale ou physique » m'avaient dit les gens des services sociaux... Je n'en pouvais plus de la chambre de huit mètres carrés, de la promiscuité, des toilettes communes, des douches partagées, du bruit, des odeurs... Je ne peux pas dire de la crasse, le ménage était fait très régulièrement, mais on ne pouvait pas forcer mes voisins à se laver, ou prendre leurs repas à l'extérieur, la plupart peinaient déjà à manger à leur faim. J'étouffais, la nausée me prenait dés que j'arrivais en vue du bâtiment gris et vétuste, j'avais la certitude que jamais je n'avais mis les pieds dans une telle prison de l'âme... J'avais dit mon enfer à Rio, lui m'avait dit son envie de vivre, libre, seul, sans être jugé... Nous avions le projet d'habiter ensemble et ça me mettait du baume au cœur...
Puis,
Il a disparu.
Tout simplement disparu, sans un mot, sans un appel...Je l'ai cherché, je suis même allé au poste de police signaler qu'il n'était nulle part, n'allait plus à ses séances de rééducation, n'habitait plus chez sa tante absente comme à l'habitude. On m'a refoulé, je n'étais rien, ni un parent, ni même un ami véritable... Juste un étranger. À son retour, sa tante a signalé -également- qu'il n'était plus là, il est devenu l'un de ces portraits qu'on voit sur les murs des postes de police et des bâtiments officiels, une personne dont plus personne n'avait de nouvelles et dont le visage attend d'être reconnu. J'ai noté sagement le numéro de téléphone affiché, je ne sais pas pourquoi, je ne l'avais pas revu en trois mois, j'avais peu de chance de le voir arriver … Je restais bloqué sur cet appartement que nous aurions partagé, sur son rire quand je lui disais que je rêvais bruyamment et risquais de le réveiller, sur nos projets de partage de l'espace, en vain.
Je suis certain que s'il ne m'avait pas rencontré... Il serait encore là à chercher son futur home, qu'il n'aurait offert à aucune colocation, mais qui lui aurait donné cette liberté et cette indépendance dont il rêvait...
Je ne veux pas qu'Elizabeth subisse le même sort.
Je ne peux rien préciser, rien prouver, j'ignore pourquoi et comment... mais je suis certain que c'est lié. Les gens qui m'aident... disparaissent. Les gens qui m'aident sont en danger.
Je le murmure, inconscient de le verbaliser... Je le pense si fort que les mots se forment... jaillissent des ma bouche, se fraient un passage entre mes lèvres... S'ils sont chuchotés le ton est impérieux, j'ai à nouveau peur, de l'inconnu, de choses inexplicables dans l'état où je suis !
- Les gens qui m'aident... disparaissent. En entendant la phrase je relève les yeux et la regarde, éperdu, elle va me prendre pour un fou ! - Il faut me croire, je porte malheur ! Ceux qui m'ont tendu la main se sont juste... évaporés dans le néant, on ne les a jamais revus. Je te le jure ! Crois- moi, s'il te plaît...
Ma raison me dit que c'est sans doute parce qu'à un moment du parcours qu'ils entament avec moi, ils se rendent compte que je suis anormal et me fuient... Mais comment puis-je accepter cela !? J'ai tant besoin d'aide, de présence... C'est l'explication logique, c'est beaucoup plus plausible qu'une espèce de malédiction qui ôterait de mon chemin tous ceux et celles qui –à un moment donné- ont fait mine de m'assister, m'ont vu, peut-être apprécié avant de se rendre compte que j'étais juste infréquentable, totalement timbré, capable de mettre en dépression nerveuse l'âme la plus accrochée !
Je regarde Elizabeth.
Est-ce qu'elle aussi un jour me montrera la porte ?
Elle ne pourra pas se dissoudre dans le vide ? Elle est chez elle. C'est moi qu'elle chassera ? Un jour j'arriverai pour entrer et la clé n'ouvrira plus la porte ? Je ferme les yeux, face à ce souvenir de l'avenir que je ne veux pas voir !
J'ai besoin de croire... Croire qu'on peut m'aider, m'aimer ? Parce que c'est la même chose non ? Si on m'aide c'est qu'on m'aime un peu ?
Elle me fixe, non pas comme un phénomène ou une bizarrerie mais avec ce que je décrypte comme de l'intérêt ? Mon rêve, l'un de mes rêves, il y en a d'autres... Comme celui de l'ombre qui me happe, m'aspire, m'arrachant une sorte de cape noire que je sais être moi-même... Je ne vais pas lui raconter, quand j'en ai parlé au psy il m'a regardé comme une bête à boucler d'urgence !
- Pourquoi il te fait pleurer ?
Je lance la tête en arrière, les larmes coulent toujours mais je me mords les lèvres pour ne pas hurler !
Aliosha...
Est-ce que c'est lui Aliosha ? Je rêve d'Aliosha mais quand je rêve de lui je ne mets pas de visage sur ce nom ? Je crois que c'est lui, je ne rêve que d'un seul homme... Des rêves... Un sourire déchire mon visage, des rêves d'adolescent qui se découvre un corps ?
- Je l'ai aimé. Je marque un arrêt, je ne sais pas, je sens cela quand je vois son corps, son visage mais je ne sais pas - Je crois.
Et il m'aimait... Ensemble nous avons fait... beaucoup de choses interdites par la société qui était mienne, sienne...
- Il a... disparu. Je crois qu'il est mort.
J'ai peine à reprendre mon souffle, les larmes sont prêtes à devenir un tsunami de douleur et de détresse... Je ne crois pas : je sais ! Je sais qu'on l'a tué, parce qu'il m'aimait, parce que je l'aimais... Au lieu de sanglots je me mets à rire... Un rire dix fois pire que les pleurs les plus sonores...
Je l'ai tué en l'aimant !
De cela, je suis sûr.
- Écoute, je... ce n'est pas si « je veux que tu restes », je ne t'impose rien, je t'invite chez moi le temps que tu voudras, comme tu as envie, besoin, si toi tu le veux.
Je fais un effort surhumain pour me calmer. Il me semble que j'ai appris cela... Taire ses émois, cacher son ressenti, présenter une figure digne quoi qu'il arrive, « savoir se tenir » ! Ne pas montrer ses faiblesses, déguiser jusqu'à sa personnalité, endosser un costume de respectabilité, un déguisement abject d'homme « convenable » , oublier ces ridicules penchants contre nature... pour que personne n'aille imaginer... je ne sais quoi de sale ou d'interdit ?
Aliosha ! Sacha...
- Et s'il t'arrive quelque chose à toi aussi ? Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit !
Je prends une inspiration qui doit sembler celle d'un poisson à terre qui tente de trouver de l'eau dans l'air !
Elle me tend la main, prend la mienne dans la sienne...
Par un réflexe sorti de je ne sais quel passé je la serre entre les deux miennes, pose la tête dessus, ferme les yeux...
- Ne me fais pas de mal... S'il te plaît ? Je ferais tout mon possible pour être le plus normal possible ? Et ne parle pas de moi, à personne ! Je ne veux pas qu'il t'arrive...
Ce qui est arrivé à Sacha, à Rio ? À toutes les personnes qui ont croisé mon chemin et m'ont vu.
Pour le bonheur des autres je dois rester invisible...
------- (*) Frédéric Beigbeder Un roman français (2009)
Illustration bas de page, milieu : Fear Painting by Katerina Apostolakou
Musique:
- Ólafur Arnalds - Happiness Does Not Wait (Soft Sounds)"
J'ai 28 ans et je vis à Helsinki, en Finlande. Dans la vie, je suis comédienne de théâtre et je m'en sors avec un sentiment d'exil. Et puis...Il y a LUI qui m'empêche de me suffire. Je le vis douloureusement.
Le comte et la comtesse Van Sechtelen s'aimaient comme l'on pouvait s'aimer dans le milieu aristocratique. Quelques années plus tôt, leurs familles respectives avaient œuvré avec soin pour que leurs progénitures se rencontrent, s'apprécient. De rallyes en rallyes, des affinités se liaient, les jeunes tricotaient et fricotaient ensemble. Ces deux-là finirent par se marier, encouragés par leurs proches très au fait des avantages de porter un nom prestigieux. Mais Madame pécha par excès. Grisée, lassée et délaissée depuis trop longtemps par son époux, elle succomba à ce bel amant d'un soir. Renversée sur le bureau d'ébène, elle se laissa aller comme jamais, noyée au creux d'un ventre en feu et assoiffé.
1994
Au sourire de la Lune, elle naquit presque sans bruit. Ne pleura pas. Ses grands yeux ouverts s'arrêtèrent quelques instants sur l'aube de cette grande vie qu'on lui offrait. Il paraît même qu'elle avait souri... Elizabeth, fruit d'une adultère éphémère. Si jeune et déjà, elle voyait les anges. Le secret de son origine fut férocement gardé. On l'éleva comme il se doit, telle une descendance de rois. Par chance ou par destin, l'enfant maudit se révéla excellente élève, douée pour les études. Elle aurait pu être promise à une brillante carrière mais sa passion brisa les aspirations familiales. Comédienne ! Ce n'était pas un métier, encore moins un avenir, tout juste un passe temps d'original et ce, chez les autres ! Pas dans le milieu ! Alors, d'une manière subtilement hypocrite et joliment perfide, on la bannit définitivement du clan familial. On ne l'aima pas l'enfant de "l'accident". Le manteau infâme de la Bienséance la revêtait comme une lèpre. Alors, au fil des années, elle développa une sensibilité à fleur de peau. Elle devint différente.HPE diagnostiqua le rapport du spécialiste.
Un. Deux. Trois.
Le bruissement du rideau qui se lève. Arrêt sur scène. Les secondes ralentissent.
Elle ne voit plus ici. Ses ailes se déploient délicatement L'audace d'une extravagance Le chant d'un songe L'insolence de l'irréalité
Le théâtre. Le RÊVE.
Et puis cette rencontre. Un chauffeur de maître. Un être à part. Ob. Celui qui la comprend. Celui qui résonne. Celui qui rêve avec elle. Les clartés de Là-bas se mirent à resplendir les éclaboussures d'un sublime amour. Un feu douillet valsait tout autour, les écailles de Lune voletaient. Projetée dans une dimension parallèle. Aveugle et sourde à la réalité. S'imprégner de l'éternité. Rêver à deux, à l'Absolu, à l'Infini. Enfin! L'exil n'est plus! Mais...Il s'en est allé loin, soudain inaccessible tel un songe éthéré n'ayant jamais existé.
Eli avait deux cœurs : l'un ici, l'autre...L'autre... ? Non, vous ne saurez pas. Vous ne pouvez pas comprendre.
avatar :Daria Sidorchuk copyright:️ Ma pomme
On ne peut sauver quelqu'un malgré lui.
Observer cet être humain autant apeuré, englué d'angoisses, coincé entre une mésestime de lui-même abyssale, maltraité par la souffrance, de traumatismes ancestraux... lui fit de nouveau mal au cœur. L'instinct de Saint Bernard grondait au loin en elle, mais que faire véritablement ? De quelle manière l'aider efficacement, le sortir de ses prisons intérieures ? Il en était perclus comme un vieux près de mourir, déformé par l'arthrose et les rhumatismes. Les émotions flamboyantes, elle subissait à la fois l'envie, -le besoin même-, de le consoler, de le prendre dans ses bras, de le câliner, de le protéger mais également celui de lui coller une pique sur son derrière pour l'extirper de ses douleurs, de ses sombreurs ! « Nom d'un chien Simon, réveille toi ! Regarde enfin l'intelligence fine dont tu es pétri, la générosité qui t'anime, la profondeur qui te rend passionnant, ton courage, ta gentillesse, ta confiance, ton écoute, cet amour infini qui rayonne dans chaque cellule de ta peau...Aucune once de Mal n'a de racines en toi, tu es un être pur ! Je te vois tel que tu es, accepte toi dans ta lumière ! Arrête de t'autodétruire ! Ne te renie pas, ne t'ignore pas ! Aime toi, aime toi tel que tu es et non tel que tu crois être...»
Aucun mot ne sortit de sa bouche, elle avalait des gorgées de café en l'écoutant, les prunelles saturées d'affection.
-Les gens qui m'aident... disparaissent.
Les mots, l'expression de son visage transpirèrent une telle conviction qu'elle ne put s'empêcher d'éclater de rire tandis qu'il insistait:
-Il faut me croire, je porte malheur ! Ceux qui m'ont tendu la main se sont juste... évaporés dans le néant, on ne les a jamais revus. Je te le jure ! Crois- moi, s'il te plaît...
Elle reprit son sérieux, les yeux perçants les siens :
-Je te crois.
Posa sa tasse, tortilla ses cheveux sur un côté :
-Qu'est-ce qui te fait le plus mal ? Ne plus les voir, ce qui te renverrais à...une solitude...sordide ? Ta solitude ? Ou bien la culpabilité dont tu t'accuses ?
Elle se servit un autre café avant d 'ajouter :
-Dans les deux cas, ton ressenti n'est-il pas égocentré ? N'as tu jamais songé que ces gens étaient peut-être heureux de disparaître ? Que tu n'étais qu'un prétexte trop facile pour tout quitter ? Qui te dit qu'ils n'ont pas choisi leur départ ? Ou que des circonstances indépendantes de ta volonté et qui ne t'appartiennent pas les ont contraints à s'évaporer dans la nature ? Tu te donnes un drôle de pouvoir Simon...Tu interprètes leur absence à ta sauce, avec tes filtres mais tu ne connais pas la ou les raisons du pourquoi puisqu'il n'y a pas eu d'explications. Se tirer ainsi, plus de son plus d'image, c'est la suprématie des prédateurs faibles et lâches. De fait, peux tu affirmer qu'ils ne se sont pas servis de toi ? Grâce à ce que tu es ils sont libres désormais. Il n'y a pas que ta focale Simon. Tu vois ce que tu as envie de voir ou bien ce que tu peux voir ? La réalité n'est pas toujours visible...
Les mots coulaient, elle ne cherchait pas à le convaincre. Ils se regardaient intensément puis il ferma les yeux. Se rendre aveugle à trop de douleur, de doutes, d'angoisses, de cauchemars...
-Simon...Elle murmura à peine, il ne put l'entendre, noyé qu'il était dans ses mondes noirs. Elle aurait tant voulu lui dire...Mais elle ne pouvait pas. Pas maintenant.
L'Amour, le Néant de l'Autre, la Mort...Elle avait vécu cela dans d'autres vies. Au fond, l'un comme l'autre, chacun à sa façon, partageaient des points communs. Étrange chose.
Elle le vit lutter contre ses émotions. Faillit lui dire : « laisse toi aller, hurle ! Pleure ! N'aie pas peur ! » mais garda le silence. Un silence.
Et son rire déchira l'air, son âme, ses os.
-Enlève ce masque, frère, il est inutile. Je te vois.
Elle lui sourit. Frère de race, frère de souffrances, frère du Monde, frère au sang rouge, au cœur qui bat, à la Soif.
- Et s'il t'arrive quelque chose à toi aussi ? Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit !
Un gros soupir s'échappa de ses poumons. Avec tendresse, elle posa son autre main sur sa tête penchée :
-Il m'arrivera ce qui arrivera. Je préfère m'abandonner aux flots et me laisser flotter que de chercher à lutter contre une force qui me dépasse. Et je crois que plus tu auras d'angoisse à ce sujet plus tu déclencheras des énergies négatives. L'impact de nos pensées est bien plus puissant que nous ne pouvons l'imaginer alors s'il te plaît, dépollue ton esprit et laisse la lumière se diffuser tranquillement. Cesse de te tourmenter pour les autres, ce n'est pas ta mission sur cette terre. Tu te trompes de combat, j'en suis certaine.
Prenant une mèche de ses cheveux, elle le força à se relever, ses grands yeux le fixant avec insistance, la voix bien plantée :
-Fais moi confiance Simon, je suis bien plus forte que tu ne le crois. Ne te fie pas aux apparences. Ne me sous estime pas.
Mais il persistait :
-Ne me fais pas de mal... S'il te plaît ? Je ferais tout mon possible pour être le plus normal possible ? Et ne parle pas de moi, à personne ! Je ne veux pas qu'il t'arrive...
-Ça suffit Simon ! Ai-je à ce point une sale gueule pour que tu me prennes pour un bourreau ?!
Elle s'était levée, avait utilisé un peu de vulgarité avec humour.
-Comment peux tu dire une chose pareille ? Te faire du mal ? Et puis quoi encore ? Je n'ai aucun intérêt pour le Mal vois tu, ça ne m'intéresse pas ! Il y a plein de salopards sur cette planète, chacun son job, le mien, le mien...
Elle bafouilla, poursuivit :
-Le plus normal possible ? Tu n'as rien compris ! Je n'aime pas la normalité ! Sois toi même, juste toi même et ce n'est d'ailleurs qu'à cette condition que je ne parlerai pas de toi !
Se mordillant la lèvre, elle pouffa avant de cracher dans sa paume et lui tendit :
-Ok pour le deal ?
La rouquine rayonnait.
Moths
Moths:
Comment peux-tu te tenir ? Stable comme le temps Pendant ce temps, je brûle Tombant comme des papillons devant ta flamme
Dans les plis, dans la lumière Une impulsion dans ton corps Un froid dans tes yeux Je ne peux pas me retenir Une tempête dans la nuit Maintient ton corps doux
Comment l’as-tu remarqué ? Mon cœur veut atteindre Le fond de ces eaux Lourd comme des papillons de nuit attirés par ta flamme Comment peux-tu te tenir ? Stable comme le temps Pendant ce temps, je brûle Tombant comme des papillons devant ta flamme
Libre dans la lumière Attristant mon esprit Divin Je vais fondre Pierre en violette Tenue dans ta paupière douce
Comment l’as-tu remarqué ? Mon cœur veut atteindre Le fond de ces eaux Lourd comme des papillons de nuit attirés par ta flamme Comment peux-tu te tenir ? Stable comme le temps
Pendant ce temps, je brûle Tombant comme des papillons devant ta flamme
Tombant comme des papillons devant ta flamme Tombant comme des papillons devant ta flamme
Messages : 411
Date d'inscription : 27/02/2022
Région : France, Ile de France
Crédits : /
Univers fétiche : Avatars réels, mais tous types
Préférence de jeu : Homme
Val
Jeu 17 Oct - 20:58
Simon Smith, disent-ils...
J'ai paraît-il 22 ans et je vis pour le moment à Helsinki, Finlande. Dans la vie, je suis .. . que dire ? Tout et rien ? En quête d'emploi, d'utilité, d'identité ? Je suis caractérisé par une chose très particulière, je suis amnésique j'ai perdu la mémoire à la suite d'un accident de la route, aux USA en Californie il y a un peu plus de deux ans.
J'ignore ce que j'y faisais, et qui je suis et personne ne peut me le dire autour de moi L'enquête menée après le carambolage qui a causé la mort de six personnes, n'a pas permis de définir d'où je sortais ni ce que je faisais là. Je suis très probablement célibataire, mon jeune âge le laisse supposer mais si j'ai eu dans ma vie une personne aimée, elle est désormais dissimulée comme le reste sous la chappe de plomb qui me sert de mémoire.
avatar :Simon Julius Joergensen (instagram)
Le ciel est un océan suspendu.
Elizabeth & Simon
« Le ciel est un océan suspendu. De temps à autre, il fond sur nous, lavant les collines et les maisons à l'eau de mer. » (*)
Décembre 2023
- Qu'est-ce qui te fait le plus mal ? Ne plus les voir, ce qui te renverrait à...une solitude...sordide ? Ta solitude ? Ou bien la culpabilité dont tu t'accuses ? … Dans les deux cas, ton ressenti n'est-il pas égocentré ? N'as tu jamais songé que ces gens étaient peut-être heureux de disparaître ?
J'ai ce qui doit être un pauvre sourire... Egocentré ? Bien sûr que tout ce que je fais est égocentré, je suis seul, au milieu de nulle part, à essayer de comprendre ce et ceux qui m'entourent. En fait, je me fais l'effet d'un être en trois dimensions posé devant un écran où des images plaquées par une caméra bougent, vivent, sans jamais interagir avec moi, sans que je puisse les toucher, leur parler, sans qu'elles me voient... Et de temps en temps, un être d'exception sort de cette toile, approche, prend du relief, me voit, me parle, parfois semble m'aimer... Puis... disparaît ? Parfois, crevant de peur et de solitude, je me dis que c'est cela, qu'eux aussi à un moment donné ont été chassés du film, puis... qui sait, réintégrés ? Tandis que moi, je ne suis pas au bon endroit, ce n'est pas MON film, alors j'ai beau jeter des coups d’œil envieux vers l'histoire qui s'y déroule, je n'y ai pas de place et je reste en dehors ? Comment lui expliquer ça ? Est-elle dans « l'autre » film elle-aussi, y retournera-t-elle un jour me laissant seul, encore ? Comment l'exprimer ? Comment lui dire que j'ai aussi peur d'être solitaire que d'être quitté ? Parce qu'être quitté, volontairement, c'est comme être jeté après usage ? Ce n'est pas une question d'ego, enfin pas comme la plupart des gens l'entendent... Je ne suis pas vexé, en colère, dépité... Je suis blessé au plus profond de mon cœur, avoir été aimé -un peu ou beaucoup c'est indifférent- et être renvoyé dans le néant... C'est être assassiné, sans fin.
Alors, suis-je plus douloureux d'être seul ou de ne plus voir les quelques personnes qui se sont arrêtées pour moi ? L'un est l'autre non ? Traverser une vie inconnu de tous, interdit d'aimer, d'échanger paroles et sentiments avec d'autres ? Qui le souhaiterait ?
J'ouvre la bouche, elle se tord je le sens, mes yeux se creusent tandis qu'elle continue.
- Qui te dit qu'ils n'ont pas choisi leur départ ? Ou que des circonstances indépendantes de ta volonté et qui ne t'appartiennent pas les ont contraints à s'évaporer dans la nature ? Tu te donnes un drôle de pouvoir Simon...Tu interprètes leur absence à ta sauce, avec tes filtres mais tu ne connais pas la ou les raisons du pourquoi puisqu'il n'y a pas eu d'explications. Se tirer ainsi, plus de son plus d'image, c'est la suprématie des prédateurs faibles et lâches.
Je ne peux plus en entendre plus ! Elle m'assassine elle aussi ! Qu'il leur soit arrivé quelque chose d'imprévu ou qu'ils aient choisi leur départ, ils n'ont rien dit, pas même un message sur ce téléphone que j'ai perdu ou plutôt laissé sur le bateau, à quoi bon traîner un téléphone quand on n'a personne ? Sacha est mort, je n'en n'ai aucune preuve mais je le sens, il est mort, à cause de moi. Si je lui dis que je le sais, elle me dira « Comment ? » et je ne pourrai pas répondre. Rio... est parti. Lui fait a sans doute jugé que je ne valais finalement pas la peine d'être prévenu... Elle me demanderait « Pourquoi ? » et je ne saurai pas répondre, là non plus. Egocentré ? Mes larmes noient mon ressentiment, elle a su toucher là où j'ai le plus mal, dans ce sentiment que j'ai d'avoir été posé par un génie sadique ni à la bonne époque, ni dans le bon pays.
Se rend-elle compte de combien elle m'a fait mal avec cette clairvoyance que je tente de dissimuler dans les brumes de l'amnésie ? Je n'ai pas de mémoire, je n'ai peut-être pas de passé... Je crois qu'un grand homme disait que l'enfer c'est les autres (*), on me l'a dit -qui ?- ou je l'ai lu, entendu ? C'est vrai pour moi aussi, mon enfer, ce n'est pas que les autres me voient et me connaissent trop, c'est au contraire que pour eux je ne suis pas... L'ennui avec les gens comme moi, qui n'ont rien ni personne, c'est que leurs oreilles s'ouvrent trop et qu'ils entendent bien trop de choses... Des conversations qui ne leur sont pas destinées, des informations qu'ils devraient ignorer... alors que lorsqu'il s'agit de consignes de travail, je suis sourd d'une surdité profonde. Cela me fait rire, un rire plus déchirant que n'importe quel cri.
Pas là où je devrais être... Si toutefois il y a un endroit et un temps où j'ai le droit d'exister.
Mon regard fixe quelque chose que je suis seul à voir... une forêt, deux hommes, ils courent fuyant un danger que je n'identifie pas mais qui me force à continuer, malgré mes jambes lourdes comme mon cœur... Suis-je sûr que c'est moi ? Mes larmes coulent à nouveau...
- Simon..
Tant que cette vision me viendra, tant que j'aurai ce flash sous mes yeux effarés, suppliants, je ne pourrai pas comme elle le voudrait « dépolluer mon esprit et laisser la lumière se diffuser tranquillement. Cesser de me tourmenter pour les autres » elle ajoute « ... ce n'est pas ta mission sur cette terre. Tu te trompes de combat, j'en suis certaine. »
Bien sûr ça ne l'est pas. Qui me confierait quelque mission que ce soit ? Puis, elle se fâche ? Vraiment ? Pour me forcer à réagir ?
- Ça suffit Simon ! Ai-je à ce point une sale gueule pour que tu me prennes pour un bourreau ?! Comment peux tu dire une chose pareille ? Te faire du mal ?
Je la regarde, surpris, à demi revenu seulement de ce voyage de quelques secondes qui me renvoie dans le monde toujours avant la fin... Deux hommes, ils courent, ils se tenaient par la main puis l'un des deux lâche celle de l'autre... Il tombe, derrière, il y a eu un bruit, bref, unique... L'homme blond s'affaisse, je ne vois pas son visage, mais j'entends mon hurlement... Je l'entends, toujours et toujours, je sens aussi qu'on me maîtrise, qu'on m'arrache à lui, des voix, mais tellement embrouillées dans l'horreur que je ressens que je ne saisis pas un mot et ne me souviens de rien... Je suis sûr que ça n'est pas qu'un cauchemar, je le vois... éveillé. Quelques secondes, parfois, de plus en plus souvent à vrai dire, peut-être des millisecondes à franchement parler, mais qui me projettent dans un état d’hébétement absolu et font qu'à partir du moment où je reviens à moi, je ne sais plus rien faire, ni où je me trouve, ni qui je suis...
S'il m'était donné de conclure... d'être mis face à ce qui s'est produit, peut-être pourrais-je me redresser et repartir d'un pied hésitant. Mais jamais cela n'arrive, je reste en suspens, si je voyais, si je savais...
Enfin... Sais-je qui je suis ?
- Ne me fais pas de mal... S'il te plaît ? Je ferais tout mon possible pour être le plus normal possible ? Et ne parle pas de moi, à personne ! Je ne veux pas qu'il t'arrive...
-Le plus normal possible ? Tu n'as rien compris ! Je n'aime pas la normalité ! Sois toi même...
Je soupire, elle ne comprend pas, c'est normal, qui comprendrait puisque moi-même je ne sais pas le dire ?
Je reviens totalement au présent tandis qu'elle pouffe, elle ne sait pas, mieux vaut qu'elle ne sache pas ? Si elle soupçonnait qu'on peut mourir de m'avoir aimé, m'aiderait-elle ? Moi aussi j'ignore tout, je me méfie de tous, je veux croire en elle, j'ai besoin d'elle, non seulement parce qu'elle m'héberge mais parce que j'ai monstrueusement besoin que quelqu'un peuple ma vie ! Si personne ne le fait, je sais que je retournerai à l'état sauvage, animal choyé puis abandonné sur l'autoroute... Je n'ai même pas à faire d'humour en disant cela, c'est sur une autoroute que Simon Smith est né, soyons honnête, sur une rocade citadine, mais vu la circulation qu'il y avait, même de nuit, quand c'est arrivé j'estime que le terme autoroute est bien choisi.
C'est ridicule d'ergoter sur un mot, mais c'est naturel aussi je crois ? Bien humain ? Pourquoi ai-je pensé cela ? Pourquoi mon esprit s'entête-t-il à chercher des justifications à tout, à penser, à faire carburer mon cerveau au point que l'unité centrale surchauffe ?
Je lance la tête en arrière, m'étire de tout mon long, soupire... Une fraction de seconde j'ai l'impression de me reconnaître ? Et puis je m'évanouis dans la brume... Mon regard a peut-être une intensité qu'il n'avait pas encore eu avec elle ? Cela m'arrive d'être « normal » même si elle n'aime la normalité... Je souris, elle ne saura pas que je m'excuse de me moquer -un peu- de cet aveu.
J'ai besoin d'elle ! Pas comme le parasite que je me fais l'impression d'être, plutôt comme un chien ou un chat perdu mais dépendant de l'humain, autant pour les caresses et l'affection que pour la nourriture et le gîte.
J'ai besoin d'aimer, d'être aimé. Qu'elle n'y voit rien de sale, ou de … le mot qui me vient est « compromettant » ? C'est de moi que je me moque, quelle jeune femme à cette époque est encore compromise parce qu'elle offre un lit à un homme ? Un lit, pas une place dans le sien, mais même cela ne ferait rougir personne ? Surtout pas dans un pays scandinave.
Je fais un effort, malgré moi, malgré elle, pour être « normal ».
- Je ne plaisante pas et n'hallucine pas, je t'assure, il vaut mieux ne parler de moi à personne...
Puis, me vient en tête qu'elle peut se méprendre. Si j'étais un salopard qui rêve de la voler, la violer, l'assassiner, je lui dirais probablement la même chose ? Mais de quel monde suis-je issu ?! Est-ce que ce sont les Etats-Unis qui me font imaginer cette violence généralisée ? Ai-je vu quelque chose, détenu des informations qui me font craindre mon prochain ?
- Ne fais pas attention, je divague, je crois que je ne sais rien faire d'autre... Mais tu avais raison, j'applique mes propres filtres, pour appliquer ceux des autres... il faudrait qu'on me les apprenne, dans mon monde Elizabeth, il n'y a que moi, ceux qui approchent disparaissent, je t'assure que c'est la vérité, quelle qu'en soit la raison...
J'ai été bien sérieux, calme en apparence alors qu'au fond de moi la peur me tord l'estomac à me faire hurler de douleur, peur, j'ai peur, en permanence, pour ma vie, pour ma raison, pour l'existence de ceux qui me tendent la main. Je suis une incarnation de la peur... Si au moins je savais pourquoi ?
J'ajoute, essayant de présenter un visage « aussi normal que possible » bien qu'elle m'ait juré s'en moquer totalement :
- Je ne veux pas te perdre, fais attention à toi ?
Je rougis, mes yeux doivent encore exprimer je ne sais quelle confusion additionnée d'une trouille sans nom. Je ne sais pas parler, mes mots ne disent jamais ce que je pense, ils déforment tout, comme si le silence dans lequel je m'enferre depuis si longtemps m'avait désappris l'expression orale. Va-t-elle s'offusquer ? Prendre cela pour une déclaration d'amour ? Ou au contraire une menace ? On peut mettre derrière ma phrase tout ce qu'on veut y mettre, elle est mal formulée, maladroite !
Je m'ordonne de me taire à nouveau, chaque parole qui sort de ma bouche est une nouvelle bourde, le silence au moins sait s'exprimer, je crois qu'elle sait le décrypter. Alors parlons en silence ?
------- (*) Frédéric Beigbeder Un roman français (2009)
(*) Jean-Paul Sartre - Huis clos Panneau central triptyque : Artiste Patmor1 - Accident de la route Pastel gras 2004 "L'horreur d'un accident qu'on découvre sur la route provient de ce qu'il est de la vitesse immobile, un cri changé en silence (et non pas du silence après un cri)." Jean Cocteau
Musique:
- World of Warcraft - Nightsong Extended"
Ne dis rien ! Elle est superbe non cette musique ? Je ne suis pas du tout intoxiqué...