Elle devait le reconnaitre, Eli avait adoré réveiller Ian de cette façon, encore plus sa façon de l’envoyer chier. Elle avait besoin de se détendre un peu, c’était chose faite. « -faut toujours chercher à s’améliorer dans la vie. » avait elle répliqué avec son petit sourire en coin un brun provocateur. Elle ne croyait pas une seule seconde qu’il était un mauvais coup au pieux. Ce genre de chose, les hommes de ne clamait pas haut et fort. Elle jeta sa clope et rentra dans le resto avec l’espoir que le café soit bon. Elle se montra bien plus silencieuse, lui à nouveau curieux. « -si, je pourrai mais y’a aucun intérêt pour toi de le savoir, puisque je n’utilise pas mon prénom entier et que je ne l’ai pas. Eli c’est parfait. Court, rapide. » un léger haussement d’épaule. Qu’est ce que ça pouvait lui faire de connaitre son vrai prénom. « -elles m’emmerdent tes questions. » avait elle répondu en écho, souriante derrière sa tasse. Il était trop tôt pour les questions réponses. Elle était fatiguée, et la journée ne faisait que commencer. Elle voulait seulement boire un café.

Une fois au bureau, elle décida de répartir les tâches. Elle savait d’avance que Tobby serait sur place, et qu’il allait sans doute débarquer dans la minute. Elle en faisait son affaire. « -ouais t’inquiète. Et puis elles sont lourdes ces putains de caisses. Ça fera ta muscu du matin. » elle lui adressa un clin d’œil. Elle en fut la première surpris. Coffre ouvert, elle se figea en entendant la voix de Tobby. Inspiration, expiration, avant de lui répondre comme à son habitude sans la moindre courbette. « -il faisait déjà ça quand je partais avec Byron. » avait elle lâché une fois dans la voiture. Ça lui passait haut dessus. Eli ne s’attarda pas plus que ça au moment de se quitter. Elle récupéra son casque, enfourcha sa moto et décida de rentrer chez elle. Une douche bien chaude, puis elle se glissa sous les draps pour rattraper quelques heures de sommeil.

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle eut bien du mal à sortir de son lit. Mais elle allait devoir y retourner. Pas le choix. Heureusement l’agence avait décidé de lui laisser de l’air. Après ce qui était arrivé à Byron, c’était mieux qu’ils prennent de la distance. Elle ne tenait pas à finir comme lui. La jeune femme décida d’aller rouler durant une bonne heure, juste pour se vider la tête. Puis elle passa se chercher à manger avant de se rendre au bureau. Elle salua tout le monde d’un signe de la main, et elle se rendit directement dans son coin à elle, à l’étage. Elle aurait pu parier, Robby déboula rapidement. Epaule contre la porte, il demanda : « -alors, comme ça c’est passé avec le nouveau ? » Eli lui tendit ses frites : « -t’en veux ? » avant de mordre dans son hot dog et d’enfin répondre : « -j’ai cru que j’allais le buter dans la voiture, mais la transaction s’est bien passé. T’as jeté un coup d’œil ? » c’était pour lui ce qui se trouvait dans les caisses. « -tu devrais pas prendre des rendez-vous si loin… » Eli avait souri, comprenant le souci : « -j’ai pas le temps pour tes conneries Robby. J’ai pas de compte à te rendre. Et tu devrais pas écouter tout ce que Tobby peut raconter. » elle prit deux gorgée de soda : « -Ian était d’accord avec toi, trop de route. La prochaine fois, on restera en ville. » elle lui sourit : « -rassuré ? » Il vint mordre dans son hot dog et elle râla : « -oh non putain fait ça ! C’est dégueu ! » « -je te laisse finir de manger, j’ai un truc à voir avec Doc et je remonte te chercher pour qu’on regarde tout ça. » il quitta la pièce et Eli laissa tomber son hot dog dans le papier. Dix minutes plus tard, c’était Ian qui passait la porte en râlant : « -bonjour mon cœur, bien dormi ? Tu as l’air d’excellente humeur dit moi ?! » un sourire amusé : « -pourquoi tu dis ça ? T’en veux ? » en lui tendant ses frites.

Alors que Ian tentait désespérément d’omettre ce qui s’était passé cette nuit, c’était sans compter sur l’obstination de la jeune femme à revenir sur le sujet, et tout cela accompagné d’un sourire un brin provocateur. Sa cigarette entre les lèvres, il plissa légèrement les yeux sous l’effet du soleil, et choisi de lui rendre son sourire de la manière qu’elle en renchérissant « Je vais finir par croire que tu n’attends que ça ». Peut-être que finalement, il n’avait pas été le seul à être quelque peu chamboulé par leur proximité de cette nuit. Pour autant, il ne l’interrogea pas sur ce sujet. Parce que c’était mettre de l’huile sur le feu, et ce n’était pas ce que souhaitait Ian. Il était en infiltration pour démanteler ce groupement, et non pour passer ses nuits à découvrir inlassablement le corps nu de la femme devant lui. Enfin, ce n’était pas avec ces pensées là qu’il allait parvenir à se concentrer sur l’objectif… Une nouvelle taffe lui ferait le plus grand bien, ainsi qu’un petit-déjeuner. Installé devant la table de ce café routier du bord de route, Ian reprit ses interrogations, mais dans un tout autre registre cette fois-ci « C’était uniquement pour savoir » répliqua-t-il à sa réponse. Aucun intérêt. C’était elle qui le disait, mais ne partageait pas son avis sur la question. Il finit par sourire derrière la tasse de café sans quitter Eli du regard, qui souriait également, et répondit en posant sa tasse sur la table « Je le savais ». C’était même évident que ses questions la dérangeait. Elle n’avait pas beaucoup dormi, avait conduit la dernière heure jusqu’à Washington, et aspirait sûrement à une douche chaude et un bon lit, mais pas à se soumettre à l’interrogatoire du type qu’elle ne connaissait pas encore il y a quarante-huit heures.

En arrivant au Bureau, la jeune femme décida de distribuer les tâches et sa mission à lui était d’ignorer Toby, et de seulement se concentrer sur les caisses dans le coffre « Comme si j’en avais besoin » et descendit de la voiture, se dirigeant jusqu’au coffre pour décharger la livraison, en prenant soin de ne pas envoyer chier Toby à la suite des sous-entendus de ce dernier à leur encontre. Raison de plus de se tenir éloigné de la jeune femme pour que les ragots ne commencent pas à tourner au sein de la cellule. Il avait d’autres préoccupations. « Il doit vivre sa vie par procuration. Il ne parvient pas à baiser, donc il espère que c’est notre cas. Ça pimente son existence ». Il n’avait jamais apprécié ce genre de sous-entendus. Comme si un homme et une femme n’envisageaient que de coucher ensemble lorsqu’ils étaient envoyés à deux heure de route pour rencontrer des russes afin de récupérer une cargaison de C4. Enfin… Peut-être que dans le contexte de cette nuit, ça leur avait traversé l’esprit, mais que très brièvement. Pas suffisamment pour que ça devienne l’objet de ragots au sein du Bureau.

Ian ne rejoignit le garage désaffecté qu’en fin de journée. Évidemment, Toby n’était pas parvenu à fermer sa grande gueule, et il ne mit pas longtemps à le comprendre. Comme il le lui avait semblé, Robby était de nature jalouse, et peut-être même possessive à l’encontre d’Eli. Il en prit pleinement conscience lors de leur échange. Il lui avait seulement demandé où se trouvait la jeune femme, et il avait eu le droit aux mêmes conneries que leur avait servi leur chef le matin à leur arrivée. Ian était donc parvenu à la trouver seul, dans son atelier, en train de grignoter. Il maugréa à l’encontre de Toby, et pourtant, Eli l’accueillit avec un surnom qu’une femme donnait à son homme. Cela le fit sourire aussitôt « On va dire que la clique des « y » sont en train de me taper sur le système » et ajouta tout en prenant place sur un tabouret à ses côtés, ses coudes sur le rebord de la table « Je veux bien, merci » et piocha dans les frites « Parce que j’ai juste posé une question à ce connard de Robby, et il n’a pas pu s’empêcher d’imaginer qu’on avait baisé ensemble cette nuit à l’hôtel. Pour me punir, j’ai dû me démerder pour te trouver » et reprit des frites tout en l’observant « Et bonjour mon ange, bien dormi ? » tout en lui souriant, quand un raclement de gorge se fit entendre derrière eux. C’était Robby « Un souci ? » demanda-t-il tout en continuant de manger les frites « Je suis venu chercher Eli » « Et je fais quoi moi en attendant ? » « Va nettoyer la bagnole avec Jiminy ».

« -que tu t’améliores ? Oui, bien sûr ! » avait répliqué Eli de très bonne humeur malgré la fatigue et le stress de la nuit. Finalement, elle s’habituait assez bien à la présence d’Ian, à son caractère et sa façon d’être aussi. Elle était toujours aussi convaincu qu’ils étaient capable de s’entretuer pour pas grand-chose, mais ça avait son charme. Elle avait surtout la sensation qu’elle n’avait pas à être constamment sur ses gardes avec lui. Il était moins tordu que Tobby, Doc ou Robby. Elle s’était montrée moins dynamique une fois assise devant un café. Elle devait encore tenir un peu avant de se reposer. Avec la fatigue, c’était compliqué d’être toujours vigilant. Elle savait que Tobby serait déjà sur place. Et ce fut le cas. L’échange fut bref. Et la belle brune chercha à faire comprendre à Ian que cela ne servait à rien de s’énerver face à ce qu’il avait dit. Elle avait l’habitude. C’était la même chose avec Byron. « -c’est sans doute ça ouais… » aller savoir.

En fin de journée, elle gagna de nouveau le bureau. Elle n’avait rien mangé de la journée, alors elle était passée chercher à bouffer avant de venir. Forcement Robby débraqua assez rapidement, et chercha à savoir si ce que Tobby disait était vrai. Robby était oppressant avec ça. Comme toujours, elle lui répondit avec franchise, coupant court à tout ça, parlant boulot à la place. Elle n’avait même pas terminé ses frites qu’Ian se pointa à son tour, visiblement de mauvaise humeur. Alors pour éviter de supporter ça trop longtemps, elle y alla de son commentaire. Gagné, elle eut droit à un sourire. « -déjà ? C’est que ton deuxième jours, t’es au courant ? » il n’avait pas les nerfs bien solide. « -attends Jiminy aussi ? Ouais, je comprends, il parle trop parfois, c’est chiant. » puis elle lui proposa des frites, comme si ils étaient de grands potes depuis toujours. « -la prochaine fois demande pas, c’est pas bien compliqué, soit je suis ici, soit dans l’entrepôt où on a déposé les caisses ce matin. » elle n’avait pas l’intention de revenir sur ce qui aurait pu se passer cette nuit. Un sourire au surnom qu’il lui donna : « -pas assez mais ouais, ces quelques heures m’ont fait du bien. Autant que la douche chaude. » elle avait appuyé son regard en disant cela, puis elle avait tourné la tête avec nonchalance vers Robby. « -déjà ? J’ai même pas finit de manger ! » râla la jeune femme, restant indifférente à tout ça exprès.

« -non, tu viens avec nous. » avait elle répliqué en se levant, frottant ses mains l’une contre l’autre. « -les nouveaux faut les former. S’il est au courant de rien, ça fonctionnera pas. » elle passa devant, c’était non négociable. Eli dévala les marches de l’escalier, devançant les deux hommes, direction l’entrepôt. Elle laissa Robby regarder : « -ça peut faire quel genre de boom ça ? Un moyen ? Un gros ? » elle tentait toujours de soutirer des infos. Enfin pour la quantité de C4 qui se trouvait ici, elle avait sa petite idée.

« Comme si tu en avais quelque chose à foutre de mes performances au lit » renchérit-il aussitôt. Il ne se passerait jamais rien entre eux deux, que ça soit sur le plan sentimental que sur le plan sexuel. Eli avait été tout autant catégorique que lui à ce sujet, et d’une certaine manière, ça rassurait Ian. Il ne voulait pas qu’une ambigüité s’installe entre eux alors qu’ils parvenaient tout juste à tenir une conversation sans avoir envie de s’entretuer. Pour le moment, elle lui livrait les informations dont il avait besoin, et c’était ainsi qu’il devait la percevoir jusqu’à l’issue de sa mission. Il devait se le répéter, tel un mantra. Sinon, il risquait de compliquer une infiltration qui l’était déjà bien suffisamment comme ça. Il suffisait d’écouter Toby à leur arrivée pour comprendre que cette opération n’était pas de tout repos. Il était capable de passer du rire au sérieux comme si de rien n’était, comme si deux personnalités distinctes cohabitaient en lui. Ce qui le rendait particulièrement dangereux. Au même titre que la jalousie apparente de Robby qui eut raison de son calme à peine fut il arrivé au Bureau. Il grimpa les quelques marches d’acier qui le séparait de la jeune femme, qu’il était enfin parvenue à trouver sans l’aide de quiconque, et sa mauvaise humeur fut rapidement perceptible par cette dernière « Ça vient sûrement du fait que j’ai mal dormi et que j’ai faim », ou peut-être de la venue inopinée d’un agent de la CIA devant sa porte, et cela, pour l’informer que le chef de la cellule menait sa petite enquête sur lui. Maintenant, il ne restait plus qu’à espérer que l’Agence avait peaufiné les moindres détails, sinon ça serait son corps qui serait retrouvé au pied du pont d’ici quelques jours. Cette Épée de Damoclès était donc particulièrement pesante en elle-même, sans que Robby ne devienne, à son tour, irritant à sa manière.

Ian prit place sur l’un des tabourets à proximité de la jeune femme « Jiminy ? Non. Je ne le considère dans la clique des « y ». C’est un cricket porte-bonheur, celui qui reste sur l’épaule… Tu sais quoi ? Laisse-tomber » répliqua-t-il à la fin, balayant d’un geste de la main son argumentaire bancal, ne souhaitant pas qu’Eli ne le considère comme fou à certain moment. À la place, il accepta la proposition de la porte-flingue et se saisit de quelques frites avec appétit « Je le saurais maintenant ». Ainsi, il n’aurait plus de raison particulière d’adresser la parole à Robby qui semblait l’avoir dans le collimateur après les ragots colportés par leur chef. Il ne suffisait d’un rien, parfois, et Ian le déplorait amèrement. Ça risquait de lui compliquer les relations avec les autres membres du groupe alors même que sa mission était de récolter des informations pour les communiquées au plus vite à la CIA. Au lieu de s’apitoyer sur cette fin de journée compliquée, Ian décida de s’intéresser davantage à Eli en prononçant ce petit surnom qui avait été employé pour la première fois au cours de la nuit. Mon ange. Au moins, ça fit sourire cette dernière avant qu’elle ne lui répondre, et ce fut bien vite à son tour de sourire « J’ai préféré prendre la mienne froide », et ce, pour les raisons qu’elle connaissait parfaitement bien. Le raclement de gorge de Robby les ramenèrent à la réalité du lieu et Ian leva les yeux au ciel « Tu finiras tout à l’heure. De toute manière, j’ai pratiquement fini toutes tes frites ».

Debout devant son tabouret, il comprit bien vite que Robby ne désirait qu’une chose, l’écarter le plus loin possible de sa dulcinée. C’était sans compter l’intervention inopinée de la jeune femme qui exigea sa présence à leurs côtés. Il suffit d’un coup d’œil à l’attention du pyromane pour comprendre que cette décision était bien loin de le satisfaire. Ian ? Quant à lui, il jubilait et afficha un franc sourire de victoire en passant devant lui, le fixant tout particulièrement. Une manière comme une autre de l’envoyer se faire foutre, et talonna Eli jusqu’à la salle des explosifs. Face à la concentration de C4 devant lui, l’agent du FBI perdu bien hâtivement son sourire de satisfaction. Il y avait suffisamment d’explosif pour détruire un centre-commercial. Tout devenait soudainement bien réel, et il en avait presque la nausée de penser que ça pourrait se produire sous sa surveillance. Il resta silencieux, alors que Robby apporta la réponse attendue « Un gros boom ! Ça pourrait rayer un bâtiment de vingt étage du paysage. Et je ne te parle même pas de ce que Doc nous a concocté pour accompagné tout ça. Il essaie d’obtenir des résultats probants avec… » et fut coupé par l’intéressé « De l’anthrax. Le message sera fort » qui grignota ses habituelles chips. Les bras croisés autour de son torse, Ian prenait un peu plus des enjeux de cette opération, et releva son regard sur les deux hommes « Et c’est pour quand ? » « Toby ne nous a encore rien dit sur la date. Apparemment, il cherche encore la date idéale ». L’agent acquiesça lentement de la tête « Vous faites des tests avant, je suppose ? Je veux dire, vous n’allez pas balancer ça sur un coup de tête dans un métro et voir si ça explose ». Les deux hommes échangèrent un regard entendu. Il pouvait presque entendre Robby entendre rire de l’ineptie de ses propos « Bien sûr. Tu nous prends pour qui ? On ne fait pas ça en amateur. On va faire quelques tests, sans l’anthrax, bien sûr. Pas envie de crever de cette merde avant d’être apparu à la une du 20H le jour J » et en tapa cinq dans la main du doc. Ian ne cessait de fixer les charges explosives devant lui. Ils semblaient si détachés face à la tuerie qu’ils allaient engendrer. Ils festoyaient presque. « Tout va bien le nouveau ? » finit par demander le Doc, ce qui fit relever brusquement les yeux de l’intéressé, qui regarda tour à tour les trois membres de la cellule, et se mit à sourire « Oui. J’ai seulement hâte que tout cela devienne plus concret ! » « Un vrai gamin le soir de Noël » « Tu as tout compris ! » répondit-il sur un ton enjoué.

Eli n’avait pas envie de se laisser emmerder aujourd’hui. Ni par Tobby, qui l’avait déjà grande saoulé au matin, ni par Robby et sa possessivité mal placé. Ils s’entendaient bien. Ça avait été le cas dès le début. Sauf que Robby semblait désiré plus qu’une collaboration, ou une amitié qu’Eli faisait semblant d’offrir. Il n’y avait rien chez lui qui l’attirait. D’accord, il avait une belle gueule, mais il était malsain. Il y avait un ombre dans son regard, quelque chose de dangereux. Même si elle avait dit à Ian qu’elle aurait aimé que Robby pense par lui-même, Eli n’était pas folle. L’artificier était un fervent adepte de la cause. Il irait jusqu’au bout. Enfance de merde, vie de merde. La société n’avait pas été gentille avec lui. Alors il voulait faire payer le monde entier. Il avait été ballotté de famille d’accueil en famille d’accueil étant gamin. Pour lui, la famille ne représentait rien. Alors tuer ce genre de population dans un attentat à la bombe, clairement ça ne l’empêchait pas de dormir la nuit. C’était parce qu’il était dangereux qu’Eli le gardait prêt d’elle. Pour tout savoir. Il parlait beaucoup, c’était assez simple de lui tirer des infos. Mais visiblement la venue d’Ian dans le groupe, allait poser souci.

« -je croyais que c’était ton tempérament de base, et non à cause de facteur extérieur. » elle se moquait, c’était facile. Lorsqu’il parla de Jiminy elle plissa les yeux, et lentement un sourire étira ses lèvres. Sans le quitter des yeux, elle essayait de suivre ce qu’il disait. « -quoi ? » avait elle soufflé en ne captant pas grand-chose. Un joli rire et elle déclara : « -ouais je vais faire ça. » est ce qu’il y avait une âme d’enfant chez l’homme revêche et grande gueule ? Qui l’aurait cru. Eli ne savait pas exactement ce qui se dessinait avec Ian. C’était une forme de jeu. C’était dangereux. Mais elle avait toujours aimé le danger. Et à nouveau, elle voyait ici le moyen d’en savoir plus. Les mots, les regards… comme cette histoire de chaleur d’eau sous la douche… Le sourire qu’elle avait offert en retour. Un sourire en coin, qui faisait apparaitre une étincelle dans ses prunelles.

Robby décida de se manifester. Eli râla, mais elle emporta son gobelet de soda avec elle. Ian suivait le mouvement, c’était non négociable. S’il devait remplacer Byron, elle devait lui montrer ce qu’il y avait à voir. Que ça plaise ou non à Robby. Eli se hissa sur une des caisses de cargaison juste à côté de celle de C4. Elle écouta la réponse de l’artificier en avalant une gorgée de soda à la paille. Un léger sursaut lorsque Doc se pointa. C’était un truc qui devenait une habitude chez tout le monde ici de faire sursauter les autres ? Ou alors c’était elle qui était trop à cran… Un regard pour Ian. Eli resta spectatrice de l’échange. On aurait dit des gosses. Des ados prépubères qui programme une soirée interdite. « -on est encore loin d’avoir tout prévu. Tu fais pas exploser un truc pareil si je suis dans les parages et qu’on est pas protégé. » l’Anthrax venait de se greffer à l’idée. Il fallait des masques. « -il a déterminé quel serait le centre commercial ? » demanda alors le jeune femme en sautant de sa caisse. « -il a une liste. Et justement il voulait t’en… vous en parler. » Un regard pour Ian. « -allons s’y alors. » plus vite ça serait fait, plus vite ils allaient avoir des infos.

Lors de son arrivée au sein de la cellule, Ian avait rapidement compris que son intégration serait compliquée. Toutefois, jusqu’à hier soir, il aurait estimé que la plus difficile à convaincre du bienfondé de sa venue au sein du groupe serait Eli. Il suffisait de constater l’accueil qu’elle lui avait réservé, et la tournure que les évènements avait pris par la suite. Contre toute attente, elle était peut-être la seule à apprécier sa présence entre ces murs. Quant aux autres, il ne parvenait pas encore à se faire une idée, à l’exception de Robby. Il suffisait de croiser son regard pour s’apercevoir que sa présence dérangeait, et encore plus lorsqu’il était à proximité d’Eli. Il ne faisait aucun doute qu’il aspirait à davantage avec la jeune femme, et que ça sortait du cadre purement professionnel. Il allait donc devoir faire preuve de davantage de vigilance à ses côtés. En attendant, c’était la porte-flingue qu’il était venu voir en ce début de soirée. Il ne cacha pas sa mauvaise humeur à cette dernière qui ne put s’empêcher de faire une remarque. C’était devenu une habitude entre eux, depuis le moment où il avait franchi le seuil du garage. Ian inclina la tête de droite à gauche « C’est un peu des deux » et renchérit « C’est quoi leur problème à eux deux ? Ils ne peuvent pas baiser et donc ils s’imaginent qu’on va tourner une sextape pour eux, pour les soirs de grand froid ? ». Que serait-il advenu de leur réputation si finalement, ils avaient succombé durant cette nuit à l’hôtel ? La clique des « y » comme il se plaisait à les surnommer avait tendance à le sortir de ses gongs. Jiminy n’en faisait pas partie. Tout simplement parce qu’il le percevait comme le cricket sur l’épaule de Pinocchio. Et au vu des mensonges qu’il formulé depuis son arrivée au sein de la cellule, c’était sûrement lui le petit garçon en bois et au nez qui s’allonge. Un sourire amusé étira les lèvres de Ian quand la femme face à lui abdiqua, ne voulant pas chercher à comprendre ce qu’il voulait dire « Je t’expliquerais quand tu seras plus grande ».

Et alors que Ian tentait de mettre de côté son attirance physique pour cette dernière, omettant aussi soigneusement les évènements de cette nuit, Eli avait choisi d’aborder le sujet d’une toute autre manière en jouant avec lui. Il s’était donc surprit à l’imaginer entièrement nue, sous l’eau chaude, les vitres recouvertes de buée… La douche froide n’avait pas tout inhibé chez lui. Son regard ancré dans le sien, il lui rendit son sourire avant qu’ils ne soient interrompus par Robby. Il arrivait au moment opportun. Enfin, façon de parler. Un coup d’œil en sa direction, et cela suffit à Ian pour comprendre qu’il était de trop dans l’équation. Mais c’était sans compter sur Eli qui imposa sa présence à ce dernier. Ils se retrouvèrent donc devant plusieurs kilos de C4. Ce fut à ce moment-ci que l’agent du FBI prit conscience des enjeux de sa mission, et de tous ces innocents qui comptaient sur lui pour ne pas périr dans d’affreuses souffrances. Quelque peu absent, la voix des deux hommes face à lui le sortit de ses pensées et il reprit aussitôt son rôle. Il ne devait pas laisser l’affecte prendre le dessus dans cette mission. O’Brien aurait été enthousiaste à l’idée de jouer avec des explosifs dans le métro ou le centre-commercial. Il tourna la tête en direction d’Eli qui s’était montrée particulièrement silencieuse jusqu’alors « Tu fais ta difficile » précisa Ian en posant son regard sur cette dernière, sans le moindre sourire. Tout devenait soudainement bien réel, et il n’avait pas envie d’en rire. Un froncement de sourcils. Le centre commercial était donc bel et bien devenu la cible principale. Toutes ces familles… Il en avait la nausée. « Tu t’y feras au « vous », t’inquiète » répliqua l’agent sur un ton sarcastique, puis talonna Eli « On va devoir faire du repérages ou quelque chose du genre ? ».

« -le problème de Robby, c’est qu’il voudrait me baiser moi. » avait répondu Eli avec son franc parlé et son zéro filtre. « -sauf que c’est avec toi que je bosse en duo maintenant. » un regard appuyé qui voulait laisser sous-entendre ce qu’il voulait bien entendre. Puis elle ajouta : « -j’rends pas bien à la caméra. » comme si elle avait déjà fait ce genre de chose. Lorsqu’il évoqua Jiminy, elle sourit amusée de sa conclusion. Il ne manquait plus qu’il lui posa son doigt sur le nez ou lui tire la jour comme à une gamine. Eli constata tout de même qu’en l’espace de quelques phrases, Ian semblait avoir changé d’humeur. C’était bon pour elle. Tout comme le petit jeu qui se tissait entre eux. Elle ne savait pas ce que Robby avait pu entendre, et elle s’en moquait. Il faisait chier avec sa possessivité. Elle n’était pas avec lui, elle n’avait pas de compte à lui rendre. Un conflit entre Ian et Robby serait peut-être avantageux le moment venu.

Hors de question de laisser Ian en plan. Direction la cargaison. Robby et Doc expliquèrent un peu plus ce qui était prévu. Derrière son gobelet et sa paille, Eli restait concentrée, essayant de contrôle son envie de les tuer là tout de suite, histoire d’éviter tout ça. Cela ajoutait tellement de pression à ses épaules. Elle ne parviendrait pas à mener ça toute seule jusqu’au bout. Sans Byron, elle doutait vraiment d’y parvenir. Elle laissait passer quelques jours et elle contacterait l’agence. Il lui fallait quelqu’un d’autre. A l’intérieur. Et aussi des vacances. Elle termina son gobelet en faisant plein de bruit, avant de déclarer que pour le moment, ils n’avaient pas encore tout ce dont ils avaient besoin. « -non, je veux faire bouger les choses, pas crever. » elle avait planté son regard dans celui d’Ian en disant cela. Comme pour lui dire qu’il n’avait plutôt pas intérêt à lui sortir son couplet sur la naïveté ici. Afin de faire diversion, elle évoqua le centre commercial. Direction Tobby. « -j’imagine oui. Max a surement dégoté les plans détaillés, mais on va avoir besoin des horaires de rondes de surveillances, de l’accès au couloir de service, de déterminer où ça fera le plus de dégât. » rien qu’à cette idée, elle avait le ventre noué.

Eli remonta dans ses quartiers, Ian marchant à ses côtés. Elle n’allait pas voir directement Tobby. Elle voulait que ça soit lui qui viennent. Parce qu’elle n’était pas à l’aise dans son coin à lui. Ici, c’était chez elle. Il y avait la rambarde de l’escalier, la hauteur… Eli poussa le restant de bouffe dans la poubelle. Ça devait être froid et dégueulasse. Elle avait envie de tout casser. Cette impuissance… c’était tellement frustrant. Sans compter le fais d’avoir vu Ian rire avec les deux autres, comme s’il était aussi impatient qu’eux. Il était comme les autres. Pourquoi est-ce qu’elle s’était imaginée cinq minutes que ce n’était pas le cas ? Parce qu’il avait parlé du cricket ? N’importe quoi.

Installé sur le tabouret aux côtés de la jeune femme, piochant de temps à autre dans ses frites, Ian réprima un petit sourire en entendant la justification du comportement de Robby à son encontre. Il répliqua un « Je l’avais deviné » en même temps qu’elle. C’était l’évidence même que le pyromane n’attendait que cela de la part de la jeune femme. Toutefois, l’agent du FBI ne s’était pas attendu à une telle précision à la suite, et son geste resta en suspens l’espace de quelques secondes alors qu’il croisait le regard d’Eli qui en disait tout aussi long que ses paroles. Devait-il comprendre que si elle avait le choix, elle préférait porter son dévolu sur lui plutôt que sur Robby ? Il porta tout de même ses frites à ses lèvres après avoir entendu la sauce s’écraser sur le bout de carton sous sa main « C’est une réalité qui doit le faire paniquer », et lui aussi, d’une certaine manière. Ian tentait de se raisonner pour ne pas succomber, mais la femme face à lui ne l’aidait guère dans son entreprise. Bien au contraire. C’était une tentation constante. Un comportement qui dénotait fortement avec son discours. Elle ne voulait pas mélanger vie personnelle et vie professionnelle, et pourtant, son regard trahissait bel et bien autre chose en cet instant. Il préféra se concentrer sur ses frites, avant qu’elle ne renchérisse au sujet de la sextape « Dois-je comprendre que tu ne serais pas à ton premier coup d’essai ? » tout en la fixant d’un regard brillant d’une lueur taquine. Il se mordit légèrement la lèvre inférieure avant qu’ils ne soient dérangés en pleine conversation par nul autre que Robby. Il arrivait toujours au moment opportun.

L’ambiance fut toute différente devant les cargaisons d’explosifs. Ian riait peut-être en cet instant, mais intérieurement, il boulonnait, s’interrogeant sur comment ces personnes-là étaient parvenues à accepter l’idée de tuer des innocents pour leurs convictions ? Toutefois, pour le bon déroulé de l’opération, il devait se montrer dès plus enthousiaste à l’idée d’empoisonner des familles entières à l’anthrax. Soudainement, les frites qu’il avait mangé préalablement commencé à lui peser sur l’estomac. Il porta ensuite son attention sur Eli qui venait de prendre la parole après un long silence. Il comprit à son regard qu’il devait se taire cette fois-ci, et garder ses réflexions pour lui seul. Ce qu’il fit sans pour autant détourner le regard. « J’adore les virées shopping entre filles ! » renchérit-il sans le moindre sourire, et talonna la jeune femme qui retourna à son espace. La nourriture termina dans la poubelle. Apparemment, elle aussi avait l’estomac retourné par cette réalité, et pourtant, elle restait et signait pour cette tuerie de masse. Il fit quelques pas, observant son environnement avant de demander « Tu vas réussir à le faire ? ». Parce que c’était bel et bien la question à se poser alors qu’ils n’étaient plus qu’à quelques semaines, sûrement, du jour J.

Elle était parvenue à le troubler. Ça se voyait dans son comportement. Les mots n’avaient pas été employé au hasard. Parfois Eli avait la sensation d’être un jeu d’échec. Elle disposait ses pions. Ian était rentré en jeu, elle allait s’en servir. Si cela pouvait créer des tensions internes avec Robby, pourquoi pas. Elle ne répondit rien. Et Robby se pointa quelques minutes plus tard. Direction les stocks. Exposition du plan, rire et sourire de dégénéré. Comment l’homme pouvait-il devenir ainsi ? Elle en venait à se dire qu’elle espérait tous les voir mourir au milieu de leur projet. Ce genre de dingues, ça ne devaient pas finir enfermé. Eli avait besoin de toutes les infos. Le plus possible en tout cas. Visiblement Ian comprit son message codé par les yeux. Elle en fut presque soulagé. Demi-tour, retour à la case départ. Tobby allait leur confier le reconnaissance du terrain. Elle pourrait peut-être fausser les choses. Enfin… aujourd’hui elle n’était plus en binôme avec un autre agent de la CIA. Elle devait faire attention, Ian était loin d’être débile.

La jeune jeta le reste de nourriture à la poubelle. Eli posa un regard noir sur Ian à l’énoncé de sa question. « -qu’est ce que ça peut te foutre ? T’as peur que je fasse foirer tous les plans ? Que ma conscience m’empêche d’aller jusqu’au bout ? » elle le toisa avec défi. « -je te l’ai dit, il y a des choses sur lesquelles je ne suis pas d’accord. » elle plissa les yeux et s’approcha d’un pas vers lui pour le dévisager : « -t’es en train de te faire quoi comme scénario là ? Tu me prends pour une petite chose fragile ? T’as peur de me retrouver toute tremblante dans un coin ? » elle le fixa droit dans les yeux, seulement à quelques centimètres de lui. Elle coupa le contact visuel en se détournant : « -soit je parviens à le faire changer d’avis, soit je m’arrangerais avec ma conscience. Mais y’a plutôt intérêt à ce que ça fasse bouger véritablement les choses. » Eli aurait pu voir dans la question d’Ian, comme de la compassion. Peut-être qu’il s’inquiétait simplement pour elle. Aller savoir pourquoi d’ailleurs. Ou alors, il voulait s’assurer qu’elle soit fiable. « -tu sais quoi, laisse tomber. Je vais fumer. » et elle le planta là, se tirant sur le toit assez rapidement. Elle alluma sa clope et réalisa qu’elle avait les mains qui tremblaient. Putain… il posait trop de question. Elle allait devoir changer son fusil d’épaule. Sinon il allait convaincre Tobby qu’elle n’était pas fiable. Elle se massa le front tout en recrachant sa fumée.

Il semblerait que d’apporter des réponses à ses questions à la suite du sous-entendu qu’elle avait laissé planer, ne faisait pas partie de ses priorités. Ainsi, il ne saurait jamais si elle s’était laissée tenter par des ébats filmés avec une conquête de passage. Au lieu de ça, Ian se retrouva à afficher un sourire qu’il tentait de faire paraître sincère, alors qu’il se retrouvait face des kilos d’explosifs servant à tuer des centaine de personnes. Et comme si cela ne suffisait pas, le Doc avait choisi d’agrémenter le tout d’anthrax. Un virus qui pourrait s’avérer mortel pour tous ces innocents qui se trouveraient au mauvais endroit, au mauvais moment. Le jour J, tout ne serait qu’une question de destin. Une pensée qui lui donnait froid dans le dos. Finalement, on était si peu de chose. Il suffisait d’un dégénéré dicté par des convictions extrémistes et des chimistes parmi ses adhérents. Des destins seront alors brisées, des vies détruites, et les personnes qui se trouvaient en sa présence se satisferont de cette victoire. Et si cela venait à se produire, alors ça signifierait que lui non plus ne serait plus de ce monde au moment venu. Qu’il avait failli à sa mission. Un dernier regard pour les deux hommes, et talonna Eli jusqu’à l’étage supérieur, l’antre de la jeune femme. Il ne prit pas place sur le tabouret cette fois-ci, restant à faire quelques pas tout en s’imprégnant de l’environnement, puis stoppa sa découverte pour poser la question qu’il avait à l’esprit.

Ian s’était attendu à toutes les réactions, mais pas celle-ci et resta quelque peu décontenancé devant le regard noir qu’elle venait de lui lancer. Toutefois, les paroles de cette dernière suffit à le faire reprendre contenance et fronça les sourcils en entendant les mots employés par cette dernière. Il avait seulement voulu faire preuve d’empathie, et elle ne voyait en sa question, qu’un jugement de valeur. Il n’en était rien, mais n’apprécia pas pour autant le ton qu’elle employa à son encontre, ou encore cette manière de se tenir à quelques centimètres de lui, pensant que cette proximité la rendait plus imposante et plus dangereuse. Elle se fourvoyait sur ce point également. « Je te posais une simple question, mais ta réaction parle pour toi ! » rétorqua sur le même ton que la jeune femme « Je n’ai pas pensé que tu serais terrorisée et incapable de faire ton job, compris ?! Je te posais une simple question, mais apparemment, tu n’as pas seulement un souci avec ta conscience, tu en as également un avec la mienne. Tu n’as pas apprécié notre petit échange convivial en imaginant la mort de tous ces gens ?! » et ajouta « Parce que désolé de te le dire, tu as signé pour ça Eli ! C’est ça la réalité ! » renchérit-il en désignant les marches du doigt, pour faire référence à ce qui s’était passé à l’étage inférieur. Les mains à hauteur de ceinture, il la fixa d’un regard tout aussi noir que celui qu’elle avait osé lui lancé un peu plus tôt « Tu es bien naïve de penser que tu vas les faire changer d’avis ! » et passa ses deux mains sur le visage tout en l’observant s’éloigner pour rejoindre le toit.

Le moment jugé opportun par Robby pour grimper quelques marches afin d’avoir Ian dans son champ visuel « Tout va bien ? » tout en peinant à dissimuler son sourire satisfait. Leur engueulade avait apparemment raisonné à l’étage inférieur. Il se tourna face à lui, le fusillant du regard « Va te faire foutre ! » et rejoignit Eli sur le toit. Il observa quelques secondes au loin alors qu’elle tirait une nouvelle taffe sur sa cigarette. Il prit soin de refermer la porte derrière lui, glissa ses mains dans les poches de son jean et s’approcha jusqu’à sa hauteur, fixant la ligne d’horizon « Tu as vraiment un caractère de merde. Tu en conscience, j’espère » et sans tourner la tête, lui adressa un bref regard en coin « Je pense toujours que tu es naïve de croire que tu peux les faire changer d’avis. Laisse-moi finir ! » et se tourna vers elle cette fois-ci « Tu as été sympa avec moi cette nuit, ce n’est pas vraiment le cas des autres. Je voulais donc te rendre la pareille en te demandant si tu allais tenir le coup. C’était une simple question » et observa de nouveau l’horizon « Mais comme depuis hier matin, tu deviens une vraie tête de con quand tu t’y mets et il est impossible de dialoguer avec toi » et décida de rejoindre la parole. La main sur la poignée, il ajouta « Tu vas devoir prendre une décision, et je ne suis pas sûre qu’il y en ait une seule qui soit plus facile que l’autre. Et si Toby apprend que tu doutes, je ne donne pas chère de ta peau. Je n’ai pas envie de faire les transactions avec l’autre con de Robby. Donc réfléchis bien à ce que tu comptes faire », puis quitta le toit. Ian n’avait aucune confiance en Eli. Elle était impulsive et difficile à contrôler. Jusqu’alors, il avait pensé qu’elle pourrait être un alliée, mais il n’en était rien. Les autres étaient dangereux, mais elle l’était aussi à sa manière. Cette impulsivité était problématique pour Ian qui tentait d’obtenir des renseignements tout en encourageant la cellule à aller le plus loin possible afin qu’à l’issue, personne ne puisse échapper à la prison à cause d’un doute raisonnable sur leurs intentions. Un bon verre de whiskey lui ferait le plus grand bien en cet instant. « Tu as besoin d’aide pour nettoyer le fourgon ? » se retrouva donc à demander Ian en désignant le véhicule devant lui « Si tu t’emmerdes, je veux bien. Tu trouveras le sceau et l’eau au fond là-bas, et les produits doivent être à côté ». L’agent du FBI s’attela donc à la tâche alors que Jiminy vérifiait le capot du second véhicule garé à côté « Tout roule avec Eli ? On a entendu une dispute, on n’a pas trop compris pourquoi » « Deux têtes de cons ensemble, ça n’a jamais donné rien de bon » « A qui le dis-tu ?! Il n’y a que ça ici » répliqua l’hispanique tout en remettant la tête sous le capot. Ian leva les yeux vers les escaliers qu’il avait emprunté un peu plus tôt, et décida de se mettre au travail.