Le Temps d'un RP
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LE TEMPS D'UN RP

Encore une autre danse, dans cette valse sans fin. (+18)

Telanie
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Sam 28 Sep - 18:20

Véra Delijikov
Je suis une vampire de 357 ans, d'origine russe, cela fait des siècles que je parcoure l'Europe. Pour une femme de ma race, je suis plutôt sympathique, mais aux yeux d'un humain, je suis le pire fléau sur terre. En réalité, tout mon monde tourne autour de la cruauté, alors pourquoi ne le serai-je pas moi-même ? Pour faire plaisir à mon infant ? Parfois, si elle est sage. Pour l’heure, je sais qu’elle ferait de même à ma place. Elle en profiterait, et mon petit doigt me dit qu'un jour, elle aussi s'amusera de son infant comme je le fais avec elle et comme mes ancêtres le font encore avec moi. C'est ma façon à moi de l'aimer comme mes ainés m'aiment. Je le sais. La frontière entre l’amour et la haine est si proche, n'est-ce pas ?


Au sein de mon nid, je suis de la troisième génération. De ce fait, je dois une dévotion totale à deux vampires plus anciens que moi. Je me dois de maintenir la coutume et de faire en sorte que mon infant de 127 ans, Eliana poursuive avec moi nos traditions éternelles. La vérité, c'est que je m'ennuie terriblement et que je cherche encore et toujours une existence à mon éternelle danse. Un grand bouleversement va bientôt avoir lieu, le prince de la ville va s’endormir pour laisser place à un autre antédiluvien. C’est toujours un grand moment de stress pour nous autres vampires quand la passation de pouvoir a lieu entre les trois plus vieux ainés. Cela annonce toujours de grands changements. À ce sujet, je ne suis pas rassurée, car je sais que Mirnov Garvinovitch, le vampire qui m'a étreinte, ne s’est jamais très bien entendu avec le prochain prince. Notre nid est probablement en danger. Est-ce que je vais pouvoir me protéger, moi et mon infant, des torts que mon ainé a pu lui causer ?


Même pour les vampires, y a des jours comme celui-ci où tout va de travers. On pourrait croire qu'après tant de malheur, on soit en droit d’espérer un petit moment de répit pour profiter de notre longue existence. Il n’en est rien, nous sommes bels et bien maudit par dieu.
Ces petites caresses que nous entamons ensemble, n’est rien qu’une mise en bouche totalement détruite par l’arrivée d’un parasite. Certains sont mortels et transportent des maladies graves comme la peste ou le choléra. D’autre pompe toute notre énergie et parfois par l’alignement des planètes et la roue du destin, certains de ses petites vermines sont en parfaite symbiose avec notre mode de vie.

Celui-là aime ressentir la souffrance, il aime se faire du mal et s’empoisonner avec des êtres encore plus vils que lui-même. Je n’ai jamais pu supporter des bestioles aussi déplorables, à croire que quand on atteint le fond, il existe encore plus néfaste pour s’autodétruire. Eliana accueille une petite pouilleuse dans ses appartements. Je détecte immédiatement en elle ces maux de dégénérescence. Ce besoin inéluctable de se mettre dans des situations encore plus débiles que la précédente. Juste pour le plaisir de ressentir un frisson plus grand que la fois précédente, sans jamais imaginer un instant qu'à la fin de cette dégringolade se trouve la mort, la vraie. Les humains sont tellement idiots de se mettre dans de telle posture uniquement pour sentir un bref instant un tel plaisir parcourir leur échine.

Eliana l’invite à s’assoir, elle prend son rôle de dominante à cœur avec cette humaine, on est toutes passées par là. C’est un petit jeu pas très amusant sur la durée, surtout quand le dominé est aussi docile. Cela perd le plaisir de la chasse à mon goût, mais je dois reconnaitre que de tel spécimen sont parfois utiles, surtout dans des postures de survie. À comparaison équivalente, c’est comme manger mac Donald, et je n’aime pas la mal bouffe. Cela me ballonne.

Tout cela, j'y pense, mais je reste en retrait de cette scène abjecte qui se passe sous mes yeux. J’y apprends bien des informations et à chacune d’entre elle, je me demande si j’ai bien éduqué mon infant.

Pour commencer, une humaine se permet de s’inviter chez Eliana alors que nous sommes sur le point de prendre une douche ensemble, comme si ma grandeur pouvait accepter un tel affront. Ensuite, je remarque que cette même junky connait plus d’appartement d’Eliana que moi-même, comment peut-elle préférer partager ce genre d’information à elle qu'à moi ? Elle se permet aussi de la tutoyer. Et comble de l’amateurisme de mon Infant, cette humaine se balade en ville en connaissant notre secret. Et le principe même de la mascarade ? Ne lui ai-je donc rien appris ? Une humaine au courant finit enchainée dans une cave au minimum. Je veux bien que cette humaine soit dressée, mais je n’ai aucune confiance avec les drogués. Ils vendraient leur mère pour leur dose. Comment Eliana peu laisser autant d’erreur se produire. L’ai-je si mal éduqué ? Et si cette immondice sur patte avait déjà vendu nos carcasses à d’autre vampire ? Elle m’avait parlé de ce chasseur, maintenant elle, combien d’esclave a-t-elle dans son panier qui grouille tels des crabes affamés dans la ville avec la possibilité permanente de révéler notre existence au monde entier.

Finalement, la plus grande des déceptions provient des paroles de ma protégée qui qualifie cette moins que rien comme un simple imprévu.

“S’en servir dis-tu ?”


Dis-je sur le ton de l’évidence. N'est-ce pas ce qu’un vampire fait par nature d’un être humain Normalement ? La colère me monte soudainement, et quand je suis dans cet état, rien ne m’arrête. Eliana est au courant de mes accès de rage, elle en a vécu un nombre incalculable de fois. Je vais parfois même à la mutiler et à lui déchirer les chairs avec mes griffes. Un être humain normalement constitué n’accepterait pas de vivre ainsi avec une personne aussi vile que moi, mais pour un vampire qui se régénère avec aisance, cela lui est plus facile de l’encaisser.

“Non, j’ai une bien meilleure idée !”


Je m’approche de mon infant, l’attrape de force par la nuque et la guide loin d'Anna, en la tirant sans la moindre pitié. Saisis une chaise de l’autre main, m’assoit et fait basculer son buste sur mes hanches, les fesses parfaitement bombé dans la direction de l’invité surprise. Je lui tire les cheveux pour qu’elle soit obligée de maintenir sa tête dressée et finit par parler à la nouvelle protagoniste.

“Je sais que tu aimes souffrir, je sais que tu es en manque et si tu veux avoir ta dose ce soir, je te conseille de bien écouter ce que je vais te dire.”

D’une main, je bloque Eliana et la force à se tenir sur mes genoux, de l’autre, je lui retire sa ceinture et la déculotte entièrement. Cela afin que ses fesses soient exposées à l’air libre et en vue de tous. Je jette ensuite l’objet aux pieds de l’intruse.

“Ce soir, tu vas donner la fessée à Eliana, tu vas y mettre toute ta force de junky, toute ta colère et toute ta hargne. Si tu parviens à lui faire suffisamment mal pour qu’elle te supplie d’arrêté, j’envisagerai de te laisser en vie. Sinon, croit bien que cette nuit, tu ne souffriras pas une seule seconde, tu t’éteindras la nuque brisée sans comprendre ce qui t’arrive. Me suis-je bien faite comprendre dans ta petite tête lobotomisée ?”

Je me tourne ensuite vers Eliana, le regard rempli d’espièglerie à son sujet. Le sourire aux lèvres, fière de la façon dont va se dérouler la fin de cette soirée lubrique.

“ Prend cette humiliation comme un rappel à l’ordre pour toutes tes erreurs commises. Crois-moi, ce soir, elles sont légion. Je te laisse y réfléchir lors de ton châtiment. Tu en feras toi-même la liste à la fin de ta sentence.“

Un dernier regard vers Anna, je lève la main dans la direction de la ceinture. Pour lui rappeler son devoir. Tandis que l’autre tire avec amusement sur la croupe de ma belle est tendre comme un cheval au galop que l’on tente d’arrêter de bouger.

“Eh bien, qu'attends-tu ?”


Je me délecte d’avance de voir cette scène et donne une première claque sur le cul blanchâtre que j’offre comme un amuse-bouche à la convive. Un peu comme si on tapait sur un gong afin de lancer les jeux de ce cirque.

Ne suis-je pas d’une grande clémence et d’une gentillesse sans pareil ce soir ?


Ezvana
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Ezvana
Lun 30 Sep - 20:46

Eliana Fernrok
Je suis une jeune Vampire, vivant aux côtés de ma Maîtresse, de mon amante, de celle qui partage mes Nuits depuis plus d'un siècle. Je continue d'apprendre, de vivre une vie d'errance et de folie, plongeant dans la mélancolie ou la frénésie d'une chasse. Le temps est long quand on est immortel et il faut donc parsemer de plaisir cette Nuit sans fin.

Un Prince doit s'éveiller, prendre sa place et régner sur nous, ses serviteurs assidus. On plie l'échine, on se soumet, même quand un membre de notre "famille" à commis des erreurs et que le danger rôde.



Une main virulente qui l’attrape par la nuque, aucune réaction alors que la surprise lui soulève le cœur. Aucune plainte tandis qu’elle est basculée sur les jambes de son Ainée, pas même quand on tire si fort sa chevelure qu’elle avait l’impression que son crâne allait se décoller. Pas un mot quand elle entend les paroles glisser de la langue venimeuse, rien que des yeux écarquillés tandis que l’information remonte lentement jusqu’à son cerveau.
Était-elle vraiment dans cette position, là maintenant ?

Puis une claque sur sa peau et la réalité la rattrape soudainement, l’étrangle et bloque la respiration dans les poumons. Ses ongles qui raclent les jambes de Véra, un feulement qui s’extirpe malgré tout de sa bouche comme un dernier souffle. Et alors qu’elle voit du coin de l’œil l’humaine approcher, elle devient une boule de rage. Elle s’agite brusquement, presque prise de convulsion tant le corps remue avec force. De toute son énergie, elle se débat, tente de s’extirper de la poigne de son Ainée. Et même si son amante était forte, rien n’aurait pu empêcher la furie de se déchaîner.

Un cri qui résonne brutalement dans la pièce, une sorte de grondement presque animal. La Vampire se dresse, abaisse sa robe d’un mouvement sec alors qu’elle dévisage Véra. Respiration difficile, sa poitrine qui se soulève avec trop de force. Doigts tremblants, il semblerait qu’elle soit consumée de l’intérieur, bûche funéraire qui désire s’embraser et devenir un Phoenix ravageur. La bouche qui s’ouvre, ses deux canines qui s’allongent à nouveau, dangereuses dagues qui n’étaient plus là pour exciter sa partenaire, mais bien pour paraître menaçante.
Tant de mots se bousculent dans son crâne, tant d’insultes qui se répercutent en boucle et manque de se mélanger sur sa langue.
Mais dans la vision périphérique, elle voit Anna. Mouvement de serpent alors que sa main s’enroule autour de la gorge, vient presser en froissant la peau de son étreinte. Dans une colère montante, elle ouvre la bouche et feule, deux puits abyssaux engloutissant son regard. Rien que de billes de ténèbres ou plus aucun amour, plus aucun amusement ne peut se lire. Le vide, interminable et terrifiant, le cœur de sa nature même, celle qui erre la nuit pour ouvrir des veines sans même sans soucier.

D’une pression formidable elle soulève ce corps qui est pris de soubresaut, les pieds ne touchant plus le sol. Observer ce visage d’un air mauvais, comme si elle était prête à lui arracher la peau de ses crocs. Admirer la façon dont la peau rougit sous le manque d’oxygène, cette façon dont les veines se gonflent et deviennent violacées, cette bouche qui devient bleue, cette façon dont le globe oculaire change de couleur alors que les petits vaisseaux explosent un à un. Ce grognement sauvage qui étouffe le son d’étranglement. Puis au moment où elle sent les battements de cœur ralentir, elle ouvre sa main, laisse sa proie choir sur le sol, la salive débordant de la commissure de ses lèvres, toussant à s’en décrocher les poumons.

- Je t’avais dit, « Assis ».

L’Humaine s’affole, tente de rassembler le peu de conscience qui lui restait avant de revenir sur le canapé en tremblant.
Et quand le visage de Eliana se trouve face au sien elle sursaute violemment, son instinct de survie soudainement activé. Comment était-elle arrivée si vite ? Si près ? Elle n’avait pas entendu les bruits de pas, c’était comme si c’était un fantôme qui c’était déplacé.
Mais plus rien n’avait d’importance car elle plonge dans le regard du prédateur, semble soudainement balbutier.

- Tu vas oublier cette scène. Tu vas juste avoir terriblement envie d’être mordu. Et tu vas bien te tenir.

Comme bercé par les mots qui se gravent dans son esprit, cette façon dont elle semble flotter dans l’air, plus légère, n’ayant plus aucune responsabilité que d’obéir.
Envoûter Anna, hypnotiser.
Sujet d’étude pour la Sorcière qui s’entraînait sur elle depuis des mois, peut-être même des années ? Développer son pouvoir hypnotisant était une obligation pour mieux survivre dans cette Nuit sans fin. Et qui était mieux que ce sujet si facile à endoctriner ? Elle se laisserait faire, tant qu’elle avait sa dose.

Se redresser, toujours tremblante de rage, le regard vide se posant sur Véra.

- Tu sais Véra, j’accepte beaucoup de choses. Mais être humilié devant les autres et rabaissés, certainement pas.

C’est presque des paroles crachées tant elle semblait furieuse. Une moue tord ses jolies lèvres, un rictus mauvais de sa nature qui refait surface.

- Plus jamais tu ne me feras ce genre de scène devant quelqu’un. Je veux bien accepter ton caractère, je veux bien obéir pendant nos sessions, je veux bien plier l’échine pour ton plaisir quand nous sommes ensemble ou quand l’ambiance s’y prête. Mais jamais, jamais je ne me soumettrais à d’autres, et certainement pas à cette chose.

Un doigt qui se tend vers l’Humaine qui regardait dans le vide sans entendre la conversation.

- Sache que ce collier que je porte à mon cou, c’est moi qui en porte la clé. La pointe du menton qui se relève, arrogance dans les lignes de se visage aux angles anguleux. J’ai toujours obéi, j’ai toujours suivi tes ordres. Mais plus que me considérer comme ton Infant, tu devrais penser au fait que je suis une Vampire. Je n’ai pas ton âge, je n’ai pas ton tempérament. Mais je mérite le même respect que tu portais à cette Maria.

Ton acide qui en disait bien plus que les mots extirpaient de sa bouche. Son Ainée avait fait plus confiance à son amie plutôt que sa partenaire, elle s'était confiée et c’était rapproché d’un compère alors que elle, elle était… Tout le reste. Sa moitié. Son Amante. Son rejeton. Sa famille.
Et le résultat ? Eliana était là, fidèle jusqu’à la mort. Maria, partit.

- Je ne t’ai jamais trahi, je n’ai jamais ourdi à ton encontre. Je t’ai toujours défendu à corps perdu, j’ai toujours suivi ton chemin, te soutenant de toute mon âme s’il m’en reste une. Je ne demande pas un trône, mais au moins le respect qui m’est dû. Je ne suis plus l’Infant impétueux qui ne savait pas comme se gérer. J’estime avoir prouvé ma loyauté et mon rand. Je ne suis plus une gamine que tu peux diriger, mais ta partenaire Vampire qui sait ce qu’elle fait.

Longue mèche de cheveux qui danse sur son visage trop pâle, repousser d’une main nerveuse, de la pointe d’un ongle qui racle la peau.

- Je n’ai pas ton expérience et j’apprendrais chaque nuit passée à tes côtés. Mais j’ai le droit et le devoir de savoir tracer mon propre chemin sans devoir emprunter le tient. Comment j’évoluerais sinon ? Et je n’ai jamais cherché à m’éloigner de toi, je cherche juste à grandir. Mais ce genre de comportement, ne fait que me remplir de rancœur.

Agiter ses doigts pour en chasser les tremblements, un soupir alors que la Vampire tente de réfréner les courants infernaux qui parcourent ses veines, apaise son souffle pour retirer ce voile sombre de ses yeux terrifiants. Une langue qui passe sur les dents redevenues lisses.

- Arrache-moi le visage si tu le désires, insulte-moi et rabaisse-moi. Un haussement d’épaule. Cela ne changera rien. Tu me prends pour une incompétente et cela est la chose la plus blessante que tu puisses faire.

Réelle peine qui s’insinue dans sa voix, plus fort que la colère. Elle n’était donc rien ? Rien qu’un tas de poussière au milieu des plus grands ? Véra pensait cela d’elle ? Finalement, quel était le lien qui les unissait ? Elle n’avait qu’à choisir un autre Infant et c’était la fin.
Elle n’y survivrait pas.

- Cette Humaine est envoûtée depuis des mois, elle ne se rappelle de mes adresses que lorsque l’horloge s’active et les oublie aussitôt. Tous les deux mois environ. Je lui formule un ordre qu’elle ne peut réprimer. C’est une proie facile sur laquelle je peux m’entraîner. De plus, elle me permet de remplir une banque de sang en cas de coup dur. Donc, non, je ne fais pas tout dans le désordre. C’est juste qu’avec les événements de cette nuit, j’avais oublié que cela tombait bientôt.

Véra l'avait jugé avec une froideur et une rapidité déconcertante. Et elle a eu tort. Mais c'était donc cela l'estime qu'elle lui portait ? Oh, elle avait fait des erreurs plus jeunes, trop bouleversée par toutes les émotions qui fluctuaient dans on corps menu. L'humanité laissant place à une bête cruelle. Rien n'aurait pu la préparer à cela, même si elle tournait dans les rites et sacrements magiques avant devenir une suceuse de sang.
Mais elle avait grandi. Avait apprit.
Et si son Ainée ne s'en rendait pas compte, elle lui ouvrirait les yeux.




Telanie
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Jeu 3 Oct - 14:51

Véra Delijikov
Je suis une vampire de 357 ans, d'origine russe, cela fait des siècles que je parcoure l'Europe. Pour une femme de ma race, je suis plutôt sympathique, mais aux yeux d'un humain, je suis le pire fléau sur terre. En réalité, tout mon monde tourne autour de la cruauté, alors pourquoi ne le serai-je pas moi-même ? Pour faire plaisir à mon infant ? Parfois, si elle est sage. Pour l’heure, je sais qu’elle ferait de même à ma place. Elle en profiterait, et mon petit doigt me dit qu'un jour, elle aussi s'amusera de son infant comme je le fais avec elle et comme mes ancêtres le font encore avec moi. C'est ma façon à moi de l'aimer comme mes ainés m'aiment. Je le sais. La frontière entre l’amour et la haine est si proche, n'est-ce pas ?


Au sein de mon nid, je suis de la troisième génération. De ce fait, je dois une dévotion totale à deux vampires plus anciens que moi. Je me dois de maintenir la coutume et de faire en sorte que mon infant de 127 ans, Eliana poursuive avec moi nos traditions éternelles. La vérité, c'est que je m'ennuie terriblement et que je cherche encore et toujours une existence à mon éternelle danse. Un grand bouleversement va bientôt avoir lieu, le prince de la ville va s’endormir pour laisser place à un autre antédiluvien. C’est toujours un grand moment de stress pour nous autres vampires quand la passation de pouvoir a lieu entre les trois plus vieux ainés. Cela annonce toujours de grands changements. À ce sujet, je ne suis pas rassurée, car je sais que Mirnov Garvinovitch, le vampire qui m'a étreinte, ne s’est jamais très bien entendu avec le prochain prince. Notre nid est probablement en danger. Est-ce que je vais pouvoir me protéger, moi et mon infant, des torts que mon ainé a pu lui causer ?


Les ongles d'Eliana raclent soudainement ma peau ancestrale, ma narine se soulève tandis que je continue de faire ce que je suis en train d’exiger d’elle. Une soumission totale.
Je la vois alors se rebeller sous mes mains qui la tiennent pourtant fermement, elle se transforme, déploie sa puissance vampirique sous mes yeux étonnés. Elle se met à hurler comme un animal et je lâche prise. Volontairement ou non ? Difficile à dire.

Par nature, quand un vampire plus jeune révèle son visage démoniaque, l’ainée fait de même pour imposer sa domination. Je ne m’en prive pas, et sort moi aussi mes dents et me met à hurler à l’unisson en sa compagnie. Pour lui rappeler qui commande ici.

La lutte physique et psychologique de nos visages de monstre qui s’observent, prêt à bondir l’un sur l’autre commence. Ma tronche est également remplie de veine bien plus noire que celle de mon infant, une figure des plus cruelles en sort, je n’ai plus aucune beauté en l’état, un simple réflexe d’autodéfense. Je n’ai jamais voulu moi-même en venir aux mains, mais quand un infant se dresse contre son ainé, il faut savoir la mettre à genoux.

Tels deux chats qui empiètent sur le territoire de l’autre. J’étais fautive, mais prête à ne laisser aucun compromis à ma petite rebelle, telle était la nature des choses et l’avantage à l’âge du sang. Je me lève donc de ma chaise à l’unisson de mon Infant qui se rhabille. Elle ne fait aucun autre mouvement hostile supplémentaire envers moi, elle se contente de rejeter cette humiliation publiquement.
Ensuite, tel une tornade prête à tout détruire sur son passage, elle se tourne vers Anna et décharge sa colère sur elle. Tout du long, j'observe son mouvement rapide qui prend à la gorge la jeune femme et contemple en silence comment elle la malmène. La pauvre petite semble terrorisée à jamais. Moi, je ne bronche pas d’un cil, attend de voir la suite des événements pour distiller ma propre colère sur mon Infant qui vient de refuser de me servir fidèlement comme elle l’a toujours fait.

Finalement, elle se tourne vers moi, en tremblant d’animosité, ou peut-être de doute de ce qu’elle vient de faire, car oui, elle vient de s’opposer à moi. Elle sait au fond d’elle ce qui en coute à un infant de s’opposer à son sire. Le festival de mort de ce soir en était la preuve. Son regard vide finit par lâcher ses dents pour dégainer sa langue et cracher le fond de sa vérité. “Plus jamais” ose-t-elle m’ordonner à moi, en précisant ce qui l’a particulièrement dérangé. Être l’inférieur d’une humaine.

Tout cela me laisse de marbre, tout comme le fait qu’elle parle de notre relation. Elle veut que je la considère comme maria. Impossible, me dis-je, dans les méandres de la logique de mon cerveau cultiste des anciennes traditions vampiriques. Maria à mon âge et toi, tu n’es que mon Infant, mon jouet, ma peluche. Mais je garde tout cela en moi. Je ne veux pas la couper afin pour attendre jusqu’au bout comment je vais la remettre dans les rangs avec une force d’une rare violence. L’amour que j’ai pour elle n’est pas celui qu’un humain porte à un autre. Je l’ai choisi quand elle était encore vivante, j’ai fait d’elle ce qu’elle est aujourd’hui, et de ce fait, elle me doit une soumission totale comme je le dois à mes ainés.

Le discours est joliment huilé, mais il n’ébranle pas un instant mon visage statique et inflexible. C’est comme si elle parlait à un mur. Les vampires ne résonnent pas avec leur sentiment, mais avec le sang et le pouvoir. Elle essaie tant bien que mal de me dérider, en passant par des discours de colère, de lamentation, et de soumission mielleuse déguisée.

Finalement vient le dernier paragraphe de son long monologue, celui qui me réveille enfin de l’ennui. Elle m’explique qu’Anna est hypnotisée depuis des mois et que de ce fait, elle n’a en rien échoué à son devoir de vampire. Je soulève alors mon sourcil, curieuse.

“Deux mois dis-tu ?”

Elle venait de me réveiller, me sortir de ma stase. En un éclair, je bazarde dans mon passage tous les arguments d’Eliana et m’avance à mon tour vers Anna pour plonger en elle, mes yeux d’antédiluvienne. Je cherche la magie de mon infant dans son âme. Observe tel une bête curieuse l’énergie qu’elle a insufflé en elle. Un long silence se fait alors sentir, car l’analyse prend un temps certain pour confirmer qu’un tel pouvoir a été déversé dans ces entrailles. Plus le temps passe, plus je m’énerve moi-même, et finit par mordre mon poignet pour déverser mon sang dans les yeux d’Anna que j’ai attrapés de force.

Le sang ne ment pas. Jamais. Je ferme mon observation physique et passe sur un plan psychique en ressentant mon sang s’écoulait dans les globes oculaires de ma victime qui hurle et se débat pour tenter d’enlever la couche épaisse de ses rétines. Ce que je finis par trouver en elle me met mal à l’aise, un tel pouvoir d’hypnose aussi bien enfoui. Totalement imperceptible à l’œil, un travail d’une autre époque. Depuis quand mon Infant a-t-elle un tel pouvoir ? Je la laisse tomber au sol, en la lâchant tel un être sans le moindre intérêt. Et reprend enfin la parole à la monologuiste.

“À ton âge, tu n’es pas censée être en mesure d’avoir un tel pouvoir d’hypnose sur les humains, il semble si puissant que j’ai eu du mal à le détecter moi-même.”

Les sentiments, la bonté, l’amour, tout cela n’avait aucun intérêt pour moi. Il m’arrivait de les ressentir vaguement lors d’une étreinte, mais cela rester des moments des plus fugaces. Non, moi, ce que je reconnaissais et qui permettait d’obtenir mon admiration, c'était la force, la grandeur, le pouvoir !

Ce moment arrive toujours, on croit qu’ils resteront dans nos jupons jusqu’à la fin des temps, mais une nouveau-née finit toujours par vivre son immortalité de son côté. Je n’aurais jamais cru qu'avec Eliana cela arriverait si vite. J’étais si aveuglée par mes privilèges de mère, que je n’avais pas vu à quel point elle avait grandi, en dépassant toutes mes espérances.

Je me tourne alors vers la prunelle de mes yeux, le regard remplit de fierté, le tout mélanger avec une once de peur de la perdre.

“Je le reconnais, tu mérites ton statut de vampire désormais.”

Voilà tout ce qu’elle aurait de moi en guise d’excuse. Mais si Eliana me connaissait aussi bien, elle saurait que je venais de lui faire le plus beau des compliments, qu’un ainé de ma génération puisse faire.

“ Tu as ma parole que tout ceci ne se reproduira plus jamais.”

Avec la grandeur d’une noble qui avait donné tout ce qu’elle pouvait pour se faire pardonner de ces actes abjects. Je me dirige avec la prestance d’une reine vers la salle d’eau que nous avions déjà empruntée plus tôt et glisse mon doigt sur le visage d’Eliana en passant.

“Quelle belle immortelle, tu es devenue.”


Mon visage redevient normal tout le long de ce geste des plus tendres à son attention, puis je m’éclipse en fermant la porte derrière moi. Je laisse ma fille se charger de cette humaine… Son sort m’importe peu, j’ai déjà assez bu de sang ce soir et je n’avais pas renoncé à me laver des cendres de mes ainés qui avait coulé sur moi tous le long de la soirée.


Ezvana
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Mer 9 Oct - 22:51

Eliana Fernrok
Je suis une jeune Vampire, vivant aux côtés de ma Maîtresse, de mon amante, de celle qui partage mes Nuits depuis plus d'un siècle. Je continue d'apprendre, de vivre une vie d'errance et de folie, plongeant dans la mélancolie ou la frénésie d'une chasse. Le temps est long quand on est immortel et il faut donc parsemer de plaisir cette Nuit sans fin.

Un Prince doit s'éveiller, prendre sa place et régner sur nous, ses serviteurs assidus. On plie l'échine, on se soumet, même quand un membre de notre "famille" à commis des erreurs et que le danger rôde.


Pire que les insultes, qu’une main l’étranglant ou des crocs perforant brutalement sa carotide, c’était l’indifférence de son Ainée qui l’atteint de plein fouet. Les dents grincent tant, elle serre les dents, puissantes mâchoires qui se dessinent sous le creux des joues pâles. Mais rien d’autre ne trahit l’émotion qui tourbillonne dans son esprit, pas une ride pour trahir ses pensées nécrosantes.
Finalement, elle n’était rien.
Véra se moquait éperdument de ses explications, ne se soucie guère des fabulations du cœur de son Infant, ne pensant qu’à la remettre à sa place pour ne pas perdre de sa stature. Et cette vérité froide lui glace le sang. Oh, elle savait bien comment était son Ainée, mais l’écart entres elles étaient parfois terrifiant. Rongées par le gain de pouvoir, la domination, les années d’une vie de Vampire ont siphonné les semblants de reste d’humanité. Peut-être était-ce dû à sa jeunesse qu’Eliana avait encore des élans du cœur, des envies de plus qu’une simple relation de supériorité. L’Amour, elle le comprenait et le désirait de toutes ses tripes, comme le besoin de retrouver le giron d’une sécurité qui la hantait quand elle encore une vivante de ce monde. Peut-être était-ce aussi tout simplement dû à des caractères différents, aiguisés au fils des décennies. La Sorcière avait toujours été de nature émotive, à plonger dans des introspections trop longues, à chercher l’attention de ses compères, la plongeant parfois dans des situations déraisonnables.
Mais surtout, elle était un esprit qui cherchait une liberté illusoire et même soumise à Véra, l’amour qu’elle cherchait était une liberté du cœur, un moyen d’apaiser son esprit. A quoi bon avoir une errance éternelle si on devait être seul ?
Eliana ne pouvait le concevoir. Et malgré l’amour qu’elle a pour Véra, elle est déçue.

Parce qu’elle a côtoyé d’autres Vampires et elle savait que les relations plus normales existaient. Des gestes d’affection, une tendresse sincère. L’envie que l’autre devienne un être à sa hauteur, élevant son Infant pour qu’il devienne... Plus.
Souvenir de ses compères, des soirées ou son cœur creux, c’était serré dans sa poitrine en voyant de telles démonstrations, souhaitant au fond d’elle-même recevoir la même attention de son Ainée.
Difficile d’être ainsi partagé, scindé en deux pour les sentiments qu’elle lui portait tout en regrettant les aspérités coupantes des ronces qui l’enserre.
Et le pire c’est de savoir que là-bas, il y avait la possibilité d’en choisir un. Que s’il elle se libérait, d’autres errants l’attendaient, une autre vie peut être plus douce.
Savoir au fond de sois que le jour ou elle prendrait un Infant, c’est pour y retrouver ce qu’elle cherche éperdument.

Des yeux sombres qui observent l’humaine s’écrouler sur le sol, ses tympans sifflant arrivant à peine à percer les paroles de son Ainée. Frémissement alors qu’un doigt glisse sur sa peau, qu’une trace de sang tâche son épiderme marmoréen. Paupières qui s’abaissent, yeux qui roulent dans leurs orbites alors qu’elle se retient de venir lécher cette hémoglobine dont la note parfumée n’avait plus aucun secret.
Le sang dans ses veines qui fusent à ses tempes, l'empêche de résonner correctement. Voile brumeux que percent les mots, rayon de lune argenté qui l'atteint alors qu'elle prend conscience de leurs importances. Elle aurait dû se sentir grandie, valorisée enfin dans les yeux de la Vampire la plus importe de sa vie. Ses mots, elle les avait attendus depuis si longtemps qu'elle avait presque arrêter d'espérer.

Pourtant, il n'y avait qu'une grande fatigue qui l'accable, abaisse la ligne de ses maigres épaules, lui fait pousser un soupir de lassitude. On aurait pu croire que quand on possédait l'immortalité, tout prenait trop de temps, que le temps glisse avec une telle lenteur que l'on s'ennuie, que tout est englué dans une gelée froide. Mais rarement elle fût aussi bouleversée dans ses habitudes. Vouloir seulement du repos.
Et se retrouver seule… peut-être ?
S'approcher d'Anna au sol, saisir une poignée de cheveux sans aucune douceur pour que son visage se tourne vers le sien.

- Tu vas te nettoyer le visage et tu vas partir. Ta dose, tu la récupéreras sur un autre. Tu vas oublier cette soirée, tu reviendras dans deux mois aux adresses habituelles.

Répéter deux fois cette litanie pour qu’elle soit bien inscrite dans l’esprit de l’Humaine. Râler en voyant le sol sali par des auréoles rouges, se diriger alors vers la cuisine pour saisir un torchon et nettoyer les dégâts. Accroupis, elle s’immobilise soudainement, les yeux fixés sur une goutte plus épaisse. Cette envie d’y plonger un doigt pour en récolter le nectar et le glisser sur sa langue, juste pour sentir ses papilles frémirent, partir le temps d’une seconde ailleurs, dans ses rêves rouges et doux.
Frotter énergiquement, quitte à s’érafler la peau, se retenir de toutes ses forces avec l’habilité d’un entraînement quotidien, une maîtrise de soi peaufiné au fils des décennies tandis que l’Humaine s’enfuit sans un bruit, sa présence déjà oubliée.
Agacer la Vampire qui jette le chiffon avec un geste rageur, qu’elle se nettoie avec minutie les mains, racle sous les ongles. Rejeter en arrière sa longue chevelure d’encre, poser les mains sur les hanches alors que l’envie de s’arracher les vêtements lui griffe l’esprit, de se libérer de toute contrainte pour rejeter tout son mal-être.

C'est avec une lenteur calculée qu'elle s'avance dans l'appartement, saisissant la bouteille d'alcool pour se resservir un verre. Boire de longues gorgées du liquide ambrée en fermant les yeux, laisser la chaleur se lover dans son corps trop froid, le liquide apaisant ses envies de mordre qui ne quittent pas son esprit. Un reniflement, sa main qui se pose sur son front comme pour en attester sa fièvre. Finir son verre en déglutissant bruyamment, se diriger vers cet autel discret dans le salon, venir craquer une allumette et faire naître une flamme pour allumer les bougies, faire brûler ses herbes purificatrices. Les agiter devant elle, des paroles dans une étrange langues résonnant dans un doux marmonnement.
Fermer les yeux en soufflant soudainement pour éteindre les herbes, inspirer longuement pour décrasser ses poumons de toutes ses angoisses, assainir son esprit en même temps que son corps. Poser à plat ses mains sur le bois, s'ancrer à la réalité pour ne plus que ses pensées divaguent et se dispersent en tous sens. Inspirer profondément, expirer longuement. Et quand enfin elle n'est plus rongée par son stress, elle ouvre les yeux, dénoue le laçage de son corset noir. Le retirer pour libérer un peu son corps de cette compression aussi belle que désagréable.

Frotter le tissu ou sa peau était froissée, pieds nus, elle s'avance dans le salon pour ouvrir une fenêtre, chassant quelque peu l'odeur épicée des herbes, Véra n'était pas adepte de ce genre d'odeur. L'envie de prendre une douche pour se décrasser, de retire ce vêtement qu'il lui restait, lui donne envie de se gratter la peau à vif. Se resservir un verre, au moins un dernier. Se poser sur le canapé et allumer la télévision pour s'occuper l'esprit, juste de quoi ne pas divaguer trop loin dans ses espoirs vains.

Renifler discrètement, sentir dans l'air l'arrivé du jour dans quelques heures à peine, comme un présage qui alourdit sa respiration, pèse dans ses poumons. Bientôt, elle devra s'allonger dans le lit pour ne pas succomber au sommeil irrépressible.
Soupirer. Une nouvelle fois.
S'enfoncer dans le canapé, replier les pans de sa robe autour de ses jambes avant d'observer l'émission sur un célèbre tueur en série pour se divertir.


Telanie
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Jeu 10 Oct - 6:30

Véra Delijikov
Je suis une vampire de 357 ans, d'origine russe, cela fait des siècles que je parcoure l'Europe. Pour une femme de ma race, je suis plutôt sympathique, mais aux yeux d'un humain, je suis le pire fléau sur terre. En réalité, tout mon monde tourne autour de la cruauté, alors pourquoi ne le serai-je pas moi-même ?  Pour faire plaisir à mon infant ? Parfois, si elle est sage. Pour l’heure, je sais qu’elle ferait de même à ma place. Elle en profiterait, et mon petit doigt me dit qu'un jour, elle aussi s'amusera de son infant comme je le fais avec elle et comme mes ancêtres le font encore avec moi. C'est ma façon à moi de l'aimer comme mes ainés m'aiment. Je le sais. La frontière entre l’amour et la haine est si proche, n'est-ce pas ?


Au sein de mon nid, je suis de la troisième génération. De ce fait, je dois une dévotion totale à deux vampires plus anciens que moi. Je me dois de maintenir la coutume et de faire en sorte que mon infant de 127 ans, Eliana poursuive avec moi nos traditions éternelles. La vérité, c'est que je m'ennuie terriblement et que je cherche encore et toujours une existence à mon éternelle danse. Un grand bouleversement va bientôt avoir lieu, le prince de la ville va s’endormir pour laisser place à un autre antédiluvien. C’est toujours un grand moment de stress pour nous autres vampires quand la passation de pouvoir a lieu entre les trois plus vieux ainés. Cela annonce toujours de grands changements. À ce sujet, je ne suis pas rassurée, car je sais que Mirnov Garvinovitch, le vampire qui m'a étreinte, ne s’est jamais très bien entendu avec le prochain prince. Notre nid est probablement en danger. Est-ce que je vais pouvoir me protéger, moi et mon infant, des torts que mon ainé a pu lui causer ?


Le silence avait pris place à l’amour dans cet appartement, un sentiment lourd de démission et de solitude. Je l’avais comme à chaque fois abandonnée à ses reproches envers moi. Je pouvais percevoir la tristesse de mon infant à travers la porte comme si elle était mienne. Je ne la connaissais que trop bien pour l’avoir moi-même vécu avec mon ainé. Ce moment semble particulièrement horrible d’un point de vue extérieur, mais en réalité, ce sont les meilleurs…

L’eau de la douche coule sur moi, lavant goutte après goutte, les cendres de mes ancêtres. Je contiens ma rage en griffant le carrelage murale alors que mes bras sont levés et que ma tête est posée sur le mur qui me fait face.
Je suis si connectée avec ma chère et tendre que je ressens sa peine à travers le mur qui nous oppose. Elle m’envahit, telles des lames acérées. À chaque fois qu’elle me traverse, j’entends son soupir, bref, mais si intense, cet alcool qui ravage ses veines. Je pourrais sortir et lui demander pardon, c’est ce qu’un humain ferait.
En réalité, je me délecte de ces derniers moments, car je sais que dans un futur de plus en plus proche, ma petite vampire ouvrira ses ailes et prendra son envol. Elle viendra me voir une fois ou deux parts ans, pour me présenter ses infants, pour venir s’agenouiller et me promettre sa fidélité éternelle. Je l’ai fait à mon sire, et ce soir, alors que je pleure ses cendres sur moi qui s’évapore, j’impose à mon infant le meilleur moment de sa vie. Celui où elle décide de mener par elle-même sa propre existence.

La connexion qui nous lie est pour moi la seule chose qui me permet de ressentir des sentiments. Accabler par sa peine, je me mets à chantonner des paroles de Céline Dion, que je trouve particulièrement bien adapter pour la situation avec quelques légères différences de ma conception.

Vole, vole, mon amour
Puisque le nôtre est trop lourd
Puisque rien ne te soulage
Vole à ton dernier voyage
Lâche tes heures épuisées
Vole, tu l'as pas volé
Deviens souffle, au lieu d’une colombe…
Pour t'envoler…
Vole, vole petite flamme
Vole mon ange, mon âme
Quitte ta peau de misère
Va retrouver la lumière… Ta lumière


Cette lumière, nous autres vampires, on la cherche tous. On la croise dans une ruelle, elle virevolte dans les ténèbres, on s’en empare, on la saisit, elle lutte, s’attache. On en fait l’une des nôtres, et à jamais, elle se fane.
J’ai aimé mon infant bien plus qu’elle ne pourra jamais le voir. Dès le premier regard, elle a été mon phare. Je retourne dans mon monde morbide, à me laver seule de mes échecs.
Elle réussira peut-être mieux ce que j’ai échoué avec son Infant. Maintenir cette flamme.

Elle y croira longtemps, surtout les premières années, quand elle sera encore humaine, puis viendra le jour où celle-ci sera appelée par la mort et où le choix de la laisser partir sera insupportable. Moi, j'ai choisi de l’empoisonner, de faire d’elle une créature immortelle. Elle n’est plus la belle lumière que j’ai connue. Elle est autre chose d’encore plus grand, d’encore plus beau. Une âme solitaire qui, tout comme moi, recherche la vie pour briller à ses côtés.

Il est grand temps pour moi de la laisser continuer à espérer, de trouver naïvement cette source divine avant de se bruler les ailes. Elle le constatera d’elle-même alors que cela n’est pas possible pour un immortel. Tout comme moi, elle est déjà morte. Mon poison s’en est assuré. Une grande vampire, elle est devenue, et tout comme mes semblables, arrogant et manipulateur qui se voile la face avec des faux semblants en permanence, elle comprendra que l’herbe n’est jamais plus verte ailleurs.

J’avais fini d’enterrer dans la tuyauterie communale mes ainés. Il était l’heure pour moi de sortir et de profiter de cette dernière danse à ses côtés. Cette valse n’était pas sans fin finalement. Le rythme changeait pour prendre place à un nouveau style musical.
Un air de tambour de guerre, et de rébellion.

Je sors entièrement nu de la tête au pied, afin de voir de près ce que je redoute déjà. La dépression et la décomposition de son esprit qui lutte sans fin pour sortir de cette cage dans laquelle j’ai enfermé la si grande vampire qu’elle est.

Elle est là à ruminer, encaisser et espérer que la mort d’autrui comble son vide. Il me suffirait que d’une parole de plus pour la retenir quelques jours, quelques semaines, mois supplémentaire. N’avais-je pas déjà été si cruelle ?
Dans un profond silence, je viens m’assoir en tenue d’Eve à ses côtés pour prendre place et inondé mon espace avec mes cheveux qui ruisselle encore de la seule représentation de dieu dans cette pièce.

Je pourrais lui dire tant de chose qui la retiendrait encore avec moi. Ne l’ai-je pas fait déjà assez souffrir ? À la place, je lui pique une cigarette qui traine sur la table du salon. Je la porte à la bouche, l’allume et me met à soupirer à mon tour de l’évidence. La vérité, c’est que je suis la personne la plus horrible du monde, et que de ce fait, oui, je veux continuer à la faire souffrir. Être encore une fois de plus cette abominable créature qui a saisi dans le creux de sa main cette flamme divine que l’on appelle son innocence.

- Je t’aime. Quoi que tu puisses penser de moi actuellement.

Je ne mens pas, je suis sincère. Je l’aime à vouloir mourir pour elle, mes ainés l’ont fait pour moi et je le ferais pour elle aussi, si cela s’avère nécessaire, car elle est ma flamme dans mes ténèbres.

Seulement voilà, je venais de relancer cette danse éternelle malgré moi, le démon n’avait pas pu s’empêcher de vouloir être d’un intolérable égoïsme. Je ne voulais pas qu’elle s’envole, je voulais la garder auprès de moi, une fois de plus…

J’enlace alors mes bras nus autour d’elle, l’emprisonne dans cette tendresse fictive et illusoire. Celle d’un parasite qui recueille la vie entre ses mandibules acérées afin de l’en priver à jamais. J’étanche un peu sa soif d’amour avec mon masque de carnaval.

Un jour, elle s’en rendra compte, et quand cela arrivera, elle sera alors devenue comme moi. Totalement abandonnée par l’amour de Dieu. Elle aussi recherchera d’une soif carnassière ce dont je suis en train de la priver et tout comme moi, elle sera ainsi incapable de l’exprimer autrement que derrière un voile de faux semblant.

Le masque se doit d’être parfait, sans la moindre brèche. C’est pourquoi je lui souris et que je dépose un baiser sur sa chevelure qui a été contraint de rejoindre ma peau simplement guidée par mes bras fictivement tendre. C’est pour cela que je dois lui mentir, encore et encore afin de profiter des dernières petites étincelles qui brillent en elle. Il ne me reste plus qu’une dernière carte à jouer pour m’assurer qu’elle reste à mes côtés…

- Je pense que je ne vais pas me coucher avec toi ce soir, je vais attendre l’aube. Il y a si longtemps qu’elle m’appelle… et je t’ai tellement déçue ce soir, que je crois que… Je devrais attendre ici, la fenêtre ouverte, qu’elle vienne me chercher… Ainsi, tu pourras cesser de m’en vouloir…

S’il y a bien une chose qui retient l’être aimé, ce sont des paroles suicidaires. Mais pour cela, faut-il qu’il demeure encore un brin d’humanité en elle. C’est le moment de le découvrir, si elle est véritablement devenue comme moi…
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Ezvana
Dim 20 Oct - 4:50

Eliana Fernrok
Je suis une jeune Vampire, vivant aux côtés de ma Maîtresse, de mon amante, de celle qui partage mes Nuits depuis plus d'un siècle. Je continue d'apprendre, de vivre une vie d'errance et de folie, plongeant dans la mélancolie ou la frénésie d'une chasse. Le temps est long quand on est immortel et il faut donc parsemer de plaisir cette Nuit sans fin.

Un Prince doit s'éveiller, prendre sa place et régner sur nous, ses serviteurs assidus. On plie l'échine, on se soumet, même quand un membre de notre "famille" à commis des erreurs et que le danger rôde.


Un peu trop sur les nerfs la sorcière, qui entend malgré le son de la télévision les bruits de pas de son Ainée. La ligne de ses épaules un peu plus tendues, alors qu’elle tente vainement de ne pas laisser ses émotions prendre le dessus. Elle n’était plus une enfant à peine transformer, elle se devait d’être plus mesurée.
Devenir au moins aussi doué que Véra.

Pourtant, la vision de cette nudité lui fait hausser un sourcil et elle ne peut détacher son regard de ce corps si parfait. D’une beauté ancienne, la ligne de ce menton porté haut avec une fierté centenaire, la peau d’une jolie teinte olive et lisse d’aspérité. À ses yeux, elle était l’une des plus belles femmes de cette terre. Pendant un instant, elle se félicite de pouvoir ainsi porter son regard sur cette personne, d’avoir l’opportunité et le droit de l’observer avec plaisir.
Suivre de ses rétines des gouttelettes qui tombent, ruisselet sur les courbes d’un corps qu’elle connaissait par cœur. Même ses gestes sont pleins de quelque chose d’archaïque lorsqu’elle allume sa cigarette.

Pourtant, tout s’envole quand les mots brisent le miroir en mille éclats coupants. Le souffle qui manque soudainement à ses poumons qui brûlent. Cligner des yeux pour ne pas défaillir tant l’émotion est intense et déstabilisante. Ce sentiment étrange d’être l’impression d’être traqué, que ses moindres pensées ne sont finalement aucunement retenues et voguent vers son Ainée, comme autant de vapeur qui s’échappe de son crâne pour s’envoler pour la trahir. C’était terrible de se rendre compte que l’on ne pouvait presque rien garder pour soi, que chaque état d’âme était décortiqué par un autre. Même si cette personne était Véra.
Le cœur qui se gorge aussi, éponge en manque d’amour qui ne fait qu’absorber cet élan de tendresse qui lui manquait tant. Détresse sur les traits de ce visage émacié, le pli de cette bouche pulpeuse, la façon dont les obsidiennes de ses prunelles tourbillonnent.
Culpabilité aussi, de douter ainsi des sentiments de sa partenaire, de confier à son cœur des secrets d’autres choses, d’une autre vie. De combler ses besoins primaires qui semblent parfois inatteignables en compagnie d’une femme aussi sévère. Mais les barrières se fendillent, les fondations s’ébranlent. L’espoir, aussi doux que tranchant, lui élève son esprit.

Quelque chose qui se retire du creux de son estomac, une pierre aux arêtes coupantes qui s’allège, du moins pour un temps.
Alors elle enserre ce corps contre le sien, oublie totalement l’humidité de cette chevelure qui goutte dans son dos. Deux étreintes en une soirée, son besoin d’affection était comblé.

Et alors son cœur dégringole, s’effondre avec fracas de sa poitrine, frappe sa cage thoracique avec violence, coupe le moindre sentiment de bien-être avec la précision d’un scalpel. Aucune émotion sur ce visage alors que dans son esprit, une Banshee se réveille et hurle, hurle à s’en arracher les poumons, à se briser les cordes vocales. Le volcan entre à nouveau en éruption, manque de faire s’effondrer tout lien avec sa conscience, ne laissant qu’une Bête assoiffée et vengeresse. Peur, terreur, haine, colère, rancœur. Poison délétère don s’abreuve son cerveau.
Ce mouvement de tête, cette façon dont elle penche sur le côté alors que les yeux semblent dévorer le visage face au sien. Mais aucune tendresse ne vient alléger le poids de ses prunelles, ou même plisser cette bouche d’un demi-sourire. Aucun pleure ne vient s’échouer dans sa poitrine, la troublant d’un sanglot interminable.

- Ne me prends pas pour une imbécile.

Presque un murmure, d’une douceur trompeuse. La langue glisse et semble pourtant claquer dans l’air malgré le velouté de cette voix.
Digue rompue, ce reniflement bruyant qui plisse les narines, cette façon dont le sombre empiète peu ç peu le globe oculaire, comme rongé par une nécrose dévorante. La rage aurait pu la faire vibrer, la faire trembler si fort que ses dents claqueraient en s’entrechoquant, les ongles éraflant sa peau ou celle de Véra dans sa maladresse. Pourtant, elle n’était pas bouillante. Elle était froide. Comme la bise venant du nord qui gèle les rivières et rougit les peaux. Une maîtrise létale de son émotion qu’elle modèle pour devenir le serpent venimeux qui injecte son propre poison.
Alors elle se redresse et siffle d’un air menaçant, prête à mordre.

- La grande Véra qui cède à l’appel de l’aube par culpabilité ? Ha, je serais devenu cendre avant que cela n’arrive ! Jamais tu ne t’abaisserais à ça.

Tu es bien trop égoïste. Et je ne suis pas assez importante pour ça.
Un battement de cils alors que l’envie de saisir cette mâchoire de ses doigts la prend aux tripes, serrer pour écraser ses joues et lui faire mal, à l’observer se plier à son injonction et surtout la punir. La punir pour cette humiliation.
Cette lèvre supérieure qui tremble, se relève un peu, trahissant un peu le cyclone qui fait des ravages à l’intérieur de son corps.

- Va donc ! Ouvre ses volets, laisse le soleil te lécher jusqu'à te réduire en poussière ! Ou alors, tu désires que je me sacrifie pour que tu sentes moins pesante ? Tu cesseras d'essayer de me manipuler de la sorte !

Elle aussi pouvait avoir des arguments irrecevables. Reculer, éviter ce contact comme si la Faucheuse en personne était face à elle. Ses yeux retrouvent leurs clartés quand la haine se canalise.

Ainsi, elle avait joué avec son cœur en la sachant chancelante, juste pour la torturer, chat cruel qui sort les griffes avec une souris apeurée. Encore une fois, elle ne pouvait pas lui faire confiance, ne pouvait pas compter sur elle. Ses paroles sonnaient creux. Rien que l'idée que sa peau se cloque sous les rayons solaires lui donne la chair de poule, lui donne une nausée qui remonte la bile dans sa gorge. Si Véra devait disparaître, elle n'y survivrait pas, et elle réduirait le monde à feu et à sang jusqu'à se faire attraper et décapiter. Jamais elle ne pourrait envisager son errance sans sa présence, indissociable jusqu'au dernier repos. Loyauté écrasante, collier autour du cou qui se resserre pourtant soudainement.
Mais elle l'avait dit. C'est elle qui tenait la laisse.
Alors plutôt que le désespoir, c'est la rancœur qui prend place, se loge délicieusement dans sa poitrine et couve un feu noir.

- Tu me prends encore pour une gamine. Une incapable. Cesse donc de m'humilier ainsi. Je suis lasse de tes machinations. Mon amour pour toi ne mérite pas d'être ainsi bafoué de tes petits jeux mesquins.

Se libérer de sa présence en se relevant, le dos droit et la nuque raide. C’est à peine si elle jette un regard à son Ainée alors qu’elle se déplace sans bruit, à peine le froissement du tissu pour trahir ses mouvements. Refuser d’être ainsi rabaissé lui demande de relever son estimation de sois. Non, elle ne méritait pas cette pièce de théâtre au rabais.
Alors sans rien dire elle se dirige vers la salle de bain qu’elle referme derrière elle. Détacher les attaches de sa robe et se retrouver nue avant d’entrer dans la douche encore humide. L’eau qu’elle fait couler et brûlante, si chaude qu’elle rougit sa peau, menace de picoter son épiderme malmené. Le front se colle au mur de carrelage, les yeux se ferment. Refouler au loin l’amertume, la colère fulminante qui menace toujours de la faire basculer.
C’était un test. Un énième. Elle ne devait pas céder à la facilité de la rage et laisser couler, comme cette eau souillée qui fuit vers les canalisations.
Un long moment se passe où elle est incapable de se maîtriser correctement. Elle vibre d’une énergie mauvaise et aucun moyen n’est mis à sa disposition pour évacuer ses pensées. Alors elle utilise des astuces diverses et variées, comme une comptine d’enfance marmonnée du bout des lèvres, cette façon d’utiliser le latin comme pour chasser les démons qui murmurent à son oreille, cette façon de plonger dans un sanctuaire intérieur. Au fils des années, on apprend à survivre en tant que Vampire et la seule façon de faire était de s’adapter. De trouver toutes les techniques possibles pour réfréner les envies de meurtres et faire taire la Soif.
Alors comme une adulte responsable, Eliana s’apaise, musèle l’envie de mordre. Une fois prête, elle sort enfin, essuis rapidement son corps étrangement chaud. Enfiler une nuisette noire, comme la plupart de ses vêtements.
Inspirer à fond, avant de déverrouiller la porte.


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Dim 20 Oct - 7:20

Véra Delijikov
Je suis une vampire de 357 ans, d'origine russe, cela fait des siècles que je parcoure l'Europe. Pour une femme de ma race, je suis plutôt sympathique, mais aux yeux d'un humain, je suis le pire fléau sur terre. En réalité, tout mon monde tourne autour de la cruauté, alors pourquoi ne le serai-je pas moi-même ? Pour faire plaisir à mon infant ? Parfois, si elle est sage. Pour l’heure, je sais qu’elle ferait de même à ma place. Elle en profiterait, et mon petit doigt me dit qu'un jour, elle aussi s'amusera de son infant comme je le fais avec elle et comme mes ancêtres le font encore avec moi. C'est ma façon à moi de l'aimer comme mes ainés m'aiment. Je le sais. La frontière entre l’amour et la haine est si proche, n'est-ce pas ?


Au sein de mon nid, je suis de la troisième génération. De ce fait, je dois une dévotion totale à deux vampires plus anciens que moi. Je me dois de maintenir la coutume et de faire en sorte que mon infant de 127 ans, Eliana poursuive avec moi nos traditions éternelles. La vérité, c'est que je m'ennuie terriblement et que je cherche encore et toujours une existence à mon éternelle danse. Un grand bouleversement va bientôt avoir lieu, le prince de la ville va s’endormir pour laisser place à un autre antédiluvien. C’est toujours un grand moment de stress pour nous autres vampires quand la passation de pouvoir a lieu entre les trois plus vieux ainés. Cela annonce toujours de grands changements. À ce sujet, je ne suis pas rassurée, car je sais que Mirnov Garvinovitch, le vampire qui m'a étreinte, ne s’est jamais très bien entendu avec le prochain prince. Notre nid est probablement en danger. Est-ce que je vais pouvoir me protéger, moi et mon infant, des torts que mon ainé a pu lui causer ?


Eliana n’en avait pas conscience, mais elle venait de perdre ce jeu de dupe. Assurément que je ne comptais pas me faire rôtir au soleil, cela nuirait à mon teint et à mon égoïsme légendaire. Mot pour mot, j’avais répété les paroles de mon sire, il y a plus de deux cents ans. Un demi-siècle avant de connaitre ma belle et tendre. Lui aussi envisager de s’offrir au dieu soleil, car je n’obtenais pas de lui ce que mon Infant espère aujourd’hui de moi. Je me souviens de ma colère, elle m’avait transformé à jamais. À la différence d’Eliana, moi, j'avais claqué la porte, j’étais partie vivre mon éternelle danse loin de son influence. Il savait que je reviendrais plus grande, plus forte. Ce que j’ai fait, en compagnie de ma propre petite poupée à éduquer. Devenir le sire de quelqu’un change une immortelle, comme une fille devient femme en portant un enfant. On doit lui apprendre à se nourrir, à se contrôler, à chasser, à survivre. Elle avait franchi toutes les étapes, sauf la dernière. Celle de mon jeu de dupe. De mes trois longues tirades, elle n’avait retenu que la plus invraisemblable. Pourtant, je lui disais bel et bien que je l’aimais et aussi de prendre son envol au travers de cette chanson.
C’est le moment le plus difficile pour une mère que de laisser son infant grandir et partir de son foyer. C’est une étape cruelle et nécessaire. Je la pensais prêtre, je l’ai poussé à son paroxysme, et malgré cela, elle demeure en colère, enfermer dans cette salle de bain sans la moindre envie de faire son balluchon. Il était peut-être encore tôt pour elle. Me serais-je trompé sur ces signes que je pensais si perceptibles ?

Je rallume ma cigarette, éteinte par des vibrations de corde vocale en furie, recroqueville mes jambes sur ma poitrine pour obtenir une posture fœtale assise. Je demeurais nue, sans ma garde-robe ainsi enfermée dehors. Sans doute sa façon à elle de me punir que de me privée de ma dignité. Je n’en avais cure. J’attendais sagement, non pas le soleil, mais qu’elle sorte pour déverser sa bile une fois de plus. À moins que la tempête était finie et que ce serait au calme d’un éclaircissement qu'Eliana m’abandonnerait. À la vue de cet échec, je considérais que l’heure n’était pas encore venue. Qu’elle avait sans doute décidé de partir en exil à mes côtés et que le moment de perdre mon sire n’était pas le meilleur créneau pour perdre la sienne.

Si ce n’est pas de l’amour, je ne sais pas de quoi il s’agit, sinon de la fidélité. Les vampires doivent être fidèles, mais les anciens ne sont plus amoureux. Cela est aussi fictif que la vie que l’on incarne.

Quelle suite donner à mes mensonges éhontés. Je n’avais jamais vécu ce cas de figure, j’avais pour ma part découvert paris, et les joies de la liberté. Un vampire qui chasse seul, qui découvre le vrai sens de la solitude, jusqu’à ce qu’il brule nos entrailles, voilà ce qui nous pousse à engendrer. Étrange qu'Eliana ne veuille pas de cette liberté d’adulte, elle qui se croit déjà si mature.

J'avoue ne guère savoir sur quel pied danser, tout cela n’est pas dans le cursus naturel des choses que de demeurer ainsi.

Tandis que le loquet se déverrouille, j’expire à fond ma fumée tandis qu’elle inspire un air dont elle n’a pas besoin, je la sens, hésitante, à ouvrir la suite de sa destinée à mes côtés. Rien d’étonnant, je la pousse dehors depuis le début de la soirée. Je réalise alors que ce n’est pas pour elle que je le fais, mais pour subir moi-même le parcours de mon sire. Suivre ses pas, en hommage à sa mort. Ressentir le calvaire de cet enfant qui quitte le nid afin de découvrir un jour les joies de son retour. Dernière étape avant mon véritable trépas.
Rien ne va en moi ce soir, je suis terriblement mélancolique, je fais tout pour tout détruire. Est-ce ma façon de faire le deuil que de tout brisé ainsi ?

La porte s’ouvre, je dois prendre une décision, je suis privée de repère, mon sire n’a jamais eu à vivre cela, lui. Est-ce la plus sage déclaration qui va sortir de ma bouche ? Ce soir, rien n’est certain, mais je n’ai rien d’autre qui me vienne à l’esprit.

“Mirnov m’avait fait miroiter un suicide identique à celui que je viens de te jouer. J’ai compris bien plus tard qu’il voulait juste me pousser à bout afin que je découvre le monde sans lui. C’est la dernière étape de l’immortalité qu’un sire peut enseigner à son Infant, celle où ce dernier l’abandonne pour construire son propre nid. Le moment charnière où tu découvres la véritable solitude et ce besoin d’engendrer. Pour le sire abandonné, lui, eh bien, j’imagine que je le découvrirai un jour, mais je doute que cela soit des plus agréables, telle est notre malédiction.”

Je tire sur ma cigarette avare d’autodestruction, si seulement cela pouvait détruire quoi que ce soit de bon en moi. Mon espoir est consenti par dieu, car la fumée s’insinue et décolle des particules d’âme de mon être, avant que je ne recrache sa fumée et un poil de bonté.

“Je t’ai cru prête, mais je ne t’ai pas menti sur mon amour pour toi. Le sang nous lie, quoi que je dise, quoi que je fasse, tu es mon bien le plus précieux. Même si cela va à l’opposer de ma carcasse vide et de mon enseignement des plus cruels.”


Je venais de lui révéler mon dessin, plus jamais elle ne partirait désormais. Comme je le disais donc, Eliana avait perdu. Non pas son libre arbitre qui demeure intacte, mais la chance de saisir mon cadeau que de profiter de me haïr pour s’en aller. Dorénavant, elle ne pourrait plus le faire sans culpabiliser. Est-ce que cela fait de moi une horrible Sire ? J’ai vraiment tout échoué dans cette soirée.

Je finis par écraser le mégot de la cigarette sur la table, privée de cendrier et d’envie d’en chercher un. Je me relève, réitérant mes courbes à la vue de ma protagoniste. Je m’approche d’elle, glisse ma main sur sa joue, laisse mes yeux se plongeait dans son regard que je n’ai aucune envie de lire de peur d’y voir ce que je redoute le plus. La pitié.

Un baiser pourrait-il suffire à combler le vide que je viens de provoquer ? Est-ce une insulte que de lui refuser ? Une caresse, marque de tendresse, je lui accorde. Sa peau chaude par le bain ne manque pas d’intérêt à mon épiderme glacial. Un dernier aveu, un dernier cadeau, je suis d’une grande générosité ce soir.

“Si tu décides de rester avec moi malgré tout ce que je viens de dire où faire, sache que je ne sais plus quoi t’enseigner. Mais là où je n’ai plus rien à t’apprendre, toi ce n’est pas ton cas. Il existe de vieilles routes que je n’ai plus empruntées depuis fort longtemps et que ta jeunesse peut encore éclairer. Il ne sera pas aisé pour moi de les emprunter, mais si tu veux bien me guider, sache que je suis prête à essayer.”


Je me souvins alors de cette nuit où j’ai rencontré Eliana pour la première fois, cette lumière, cette humanité. Je les dévorais avec tant de cruauté pour la plongée à jamais dans l’obscurité. C’est ma responsabilité, vu que je l’ai coupé de dieu par mon égoïsme. Car oui, le suicide est égoïste, mais je le suis bien plus avec elle. Je lui ai déjà tout pris, que puis-je lui prendre de plus ? Il est peut-être grand temps de lui donner.

L’hésitation se fait sentir, prémisse d’un mouvement inattendu. Glacial s’avère se baiser sans âme que je lui offre sur le creux de sa lèvre. Je ne puis donner ce dont je suis dépourvue, mais je ne manque pas de volonté que de vouloir lui faire plaisir. Des mots écorchent ma gorge, incapable de sortir sans provoquer des ravages dans mes cordes, bien peut habituer à le dire tout en le pensant. La puissance de dieu m’habite toujours ? Qu’est-ce qu’il peut être destructeur.

“Tu es ma plus grande fierté, Eliana…” Incroyable, ce vieux barbu des légendes m’habitent toujours, est-ce une larme de sang qui s’écoule sur ma joue ? J’ai encore une once de sentiment en moi. Je m’essuie la joue et découvre cette vérité que je me cachais depuis si longtemps, le sang ne ment jamais. Je peux encore aimer, j’ai juste oublié comment faire.


Ezvana
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Ezvana
Sam 26 Oct - 19:04

Eliana Fernrok
Je suis une jeune Vampire, vivant aux côtés de ma Maîtresse, de mon amante, de celle qui partage mes Nuits depuis plus d'un siècle. Je continue d'apprendre, de vivre une vie d'errance et de folie, plongeant dans la mélancolie ou la frénésie d'une chasse. Le temps est long quand on est immortel et il faut donc parsemer de plaisir cette Nuit sans fin.

Un Prince doit s'éveiller, prendre sa place et régner sur nous, ses serviteurs assidus. On plie l'échine, on se soumet, même quand un membre de notre "famille" à commis des erreurs et que le danger rôde.


À peine le temps de prendre une inspiration pour affronter le monde réel, de s’ancrer plus solidement. Les tympans sifflent sourdement, menace de troubler le calme apparent de ce visage contracté.
Ainsi, Véra n’avait fait que perpétuer une tradition vampirique, trahissant son bien-être juste pour effectuer un énième test. Amer est la bile qui remonte le long de sa gorge alors qu’elle trouve cela stupide. À quoi bon être centenaire si c’est pour effectuer toujours la même chose, génération après génération ? À quoi bon se plier à ses expériences comme si elles étaient inévitables ?
Idiotie. À croire que tous les Vampires se devaient d’être identique. Certains recherche la liberté à tout prix, d’autres veulent éprouver leurs amours jusqu’à la dernière goutte. D’autres sont avide de jugulaire, d’autres ne s’abreuvent qu’à des poches de sang. Les lois stupides des Humains, devaient-elles se répandre à leurs espèces ? Ils étaient détruits par leurs règles tacites, croyant que mettre tout le monde dans le même moule permettrait une expansion grandissante. Et le résultat ? Des guerres mondiales. Des famines. Des maladies.
Et eux, ; Vampire, race supérieure, devait faire la même chose ? À croire qu’il fallait être aussi faible que leurs proies. Pathétique.
Ils se devaient d’être plus intelligent que leurs nourritures, c’était dans l’ordre des choses.
Ou alors elle avait un esprit bien trop sauvage pour tout ce carcan qui ne cesse de l’étouffer. Si seulement Véra se rendait compte que tout ceci… Était sot.

- À quoi bon avoir envie d’engendrer ? Pourquoi courir après ça ? Je n’en ressens pas le besoin, je n’en ai pas envie. Ma non-vie à tes côtés me suffit.

Rejet profond d’une telle façon de penser. Déjà, dans sa vie d’humaine, on lui disait qu’à son âge elle devait enfanter. C’était toujours d’actualité malgré la modernité, mais à l’époque, c’était un poids écrasant. À deux doigts d’être tué pour sorcellerie, d’être rejeté, parce qu’elle n’avait pas un mari, des enfants. La bonne petite famille qui sacrifierait sa santé physique et mentale pour s’épanouir, elle qui ne serait plus qu’une poule pondeuse, enfermer à devoir s’occuper des autres sans penser à elle. Jamais elle n’a voulu de cette vie et ce n’était pas maintenant qu’elle était Vampire qu’elle penserait différemment. L’idée même d’avoir la responsabilité d’un nouveau-né lui hérisse le poil.
Qu’on ne compte pas sur elle pour agrandir la famille, de faire venir de nouveaux vampires dans cette ville. Si cela ne leur convient pas, qu’ils en transforment de nouveau. Que Véra trouve un autre Infant et alors elle partira. Trop de suceurs de sang n’étaient de toute façon pas une bonne idée, leur espèce ayant la mauvaise habitude de s’auto-saboter. Alors elle restera à sa position, le plus longtemps possible.
Pourquoi cela ne suffisait pas ? Pourquoi juste sa présence ne comblait pas ses besoins ? Comme si elle avait encore raté un virage, qu’elle n’était pas prête avancer comme elle le sous-entendait. « Je t’ai cru prête ». Mais elle l’était, depuis des années.
À croire qu’elle n’était bonne à rien.

- Pourquoi vouloir enseigner ? Je ne reste pas à tes côtés pour perpétuellement apprendre. Mais parce que je t’aime. Que je désire être près de toi.

Sourcil à peine froncer, comme si c’était une évidence qu’elle ne devrait même pas dire à voix haute. Elle n’était pas une tique essayant de pomper tout ce qu’elle pouvait de Véra. Si elle n’était pas partie plus tôt, si elle ne ce n’était pas enfuis, c’est par amour. Elle désirait sa présence ardemment, et même quand les doutes l’assaillent, elle fait front, se durcit peu à peu pour combler les creux de son cœur.
Ou alors elle était défaillante. Pas dans la norme. Anormal pour une Vampire.

Cela l’attriste, mais ne plisse pas son visage de ridules d’expression. Depuis toujours, depuis son enfance Humaine, elle était différente. La bizarre, l’étrange. Celle qui ne correspond jamais à ce que l’on s’attend. Être devenu Vampire n’a fait qu’exacerber ses traits de personnalité, elle qui joue à être différente en fonction de ses proies, s’amuse à être quelqu’un d’autre avec adresse.
Elle espérait seulement que sa dysfonction ne l’entraînerait pas dans la tombe.

Le cœur qui se froisse en voyant cette larme, en entendant les paroles trempées dans une sincérité révoltante. La colère qui était toujours latente se fait moins incendiaire alors que son corps réagit instinctivement. Venir saisir ce corps froid contre le sien et le presser, le presser si fort qu’elle pourrait lui faire mal. Ce nez qui plonge dans le creux du cou, ignore les mèches de cheveux humides, cette main qui presse l’arrière du crâne dans une affection douce.

- On avancera, on apprendra, ensemble. Pour toujours et à jamais Véra.

Embrasser le morceau de peau non loin de ses lèvres. Puis elle saisit les mains de sa tendre et la dirige vers la chambre avec délicatesse. Sur le chemin, elle vient saisir une serviette avant de l’installer sur le bord du lit. Essuyer cette peau encore humide avec toute la tendresse du monde, caresse distiller à travers chacun de ses gestes.

- Dans les commodes et armoires, il y a plein de vêtements qui t’iront. Je ne t’ai pas ramené dans une planque où tu serais sans bien. Ici, tout t’appartient également.

Saisir une nuisette en soie, ce qui conviendrait peut-être le mieux à sa partenaire et la lui faire passer en lui demandant de lever les bras. Puis, elle éponge la chevelure de nuit avec patience. C’était sa manière non-verbale de lui témoigner du respect, de l’affection. Parfois les grandes envolés pouvaient ennuyer son amante, alors elle a appris à transmettre ses sentiments par d’autres biais.

- Le jour va bientôt se lever, on va pouvoir se reposer. Cette nuit fut… Mouvementé.

Un demi-sourire, plein de connivence. Enfin, elle arrive à se détendre. Un peu. Une dernière caresse sur cette joue, le pouce qui effleure une pommette saillante.

- Si c’est cela qui t’inquiète, sache que je continue d’apprendre. Car nous avons une vengeance à mettre en place. C’est la plus délicieuse des leçons.

Lancer la serviette sur un fauteuil non loin avant de se glisser sous la couverture du lit, remontant les draps plus haut jusqu’à son ventre. Curieux comme le froid ne l’atteignait plus, mais comme le confort de la chaleur était agréable, comme de vieux réflexe qui lui donne l’air presque humaine. C’était plus facile alors de se déguiser et de se faire passer pour une autre personne. Un avantage en quelque sorte.

Le poids sur les paupières qui s'alourdissent bien malgré elle, comme si elle était droguée et que le sommeil l'emprisonne de son étreinte étouffante. Comme une vulnérabilité qui la laisse perplexe, la rend nerveuse.
Sa dernière pensée cohérente était de se demander si certains Vampire dormait encore dans des cercueils, dignes du compte de Dracula en dehors des Anciens. Avec un léger sourire, elle se dit que oui, cela devait encore exister, trop ancré à leurs vieilles traditions, alors que rien ne valait le confort d'un lit.
Puis Morphée l'emporte.



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Dim 27 Oct - 11:01

Véra Delijikov
Je suis une vampire de 357 ans, d'origine russe, cela fait des siècles que je parcoure l'Europe. Pour une femme de ma race, je suis plutôt sympathique, mais aux yeux d'un humain, je suis le pire fléau sur terre. En réalité, tout mon monde tourne autour de la cruauté, alors pourquoi ne le serai-je pas moi-même ?  Pour faire plaisir à mon infant ? Parfois, si elle est sage. Pour l’heure, je sais qu’elle ferait de même à ma place. Elle en profiterait, et mon petit doigt me dit qu'un jour, elle aussi s'amusera de son infant comme je le fais avec elle et comme mes ancêtres le font encore avec moi. C'est ma façon à moi de l'aimer comme mes ainés m'aiment. Je le sais. La frontière entre l’amour et la haine est si proche, n'est-ce pas ?


Au sein de mon nid, je suis de la troisième génération. De ce fait, je dois une dévotion totale à deux vampires plus anciens que moi. Je me dois de maintenir la coutume et de faire en sorte que mon infant de 127 ans, Eliana poursuive avec moi nos traditions éternelles. La vérité, c'est que je m'ennuie terriblement et que je cherche encore et toujours une existence à mon éternelle danse. Un grand bouleversement va bientôt avoir lieu, le prince de la ville va s’endormir pour laisser place à un autre antédiluvien. C’est toujours un grand moment de stress pour nous autres vampires quand la passation de pouvoir a lieu entre les trois plus vieux ainés. Cela annonce toujours de grands changements. À ce sujet, je ne suis pas rassurée, car je sais que Mirnov Garvinovitch, le vampire qui m'a étreinte, ne s’est jamais très bien entendu avec le prochain prince. Notre nid est probablement en danger. Est-ce que je vais pouvoir me protéger, moi et mon infant, des torts que mon ainé a pu lui causer ?


À quoi bon avoir envie d’engendrer ? Une question des plus dangereuses d’un point de vue écologique. Faire un Infant n’est rien de plus qu’un poison supplémentaire pour ce monde. Il est vrai qu’il ne s’agit là que d’un pur acte égoïste. Eliana en est complément dépourvu, c’est un fait. Même humaine, elle n’en avait jamais désiré. À la différence de moi qui n’avais jamais pu avoir ce bonheur, car la nature m’en avait enlevé la possibilité quand j’étais encore humaine. Je comblais un manque avec Eliana. Un manque qui n’était pas le sien. Cela prouve bien qu'à la différence de mon Infant, j’étais déjà remplie de défaut avant de devenir une vampire.  Mon petit doigt, qui me disait qu’un jour, elle suivrait mon chemin, venait de se fracturer en deux. Bien éloigné de mon cœur qui n’en éprouvait pas la moindre once de peine.

- Qui sait un jour, peut-être en ressentiras-tu le besoin. Même si je te suffis et que cela me comble, sache que si j’avais eu le même raisonnement y a plus de cent ans de cela aujourd’hui, je n’aurais plus personne avec qui parler. Avoir un infant, c’est s’assuré d’avoir quelqu’un à ses côtés pour au moins cent longues années. Il n'y a rien de pire que la solitude… Crois-moi.

Infanté se résume à investir dans de la compagnie éternelle ? Cela pourrait se traduire ainsi dans le son de ma bouche ; mais à la caresse que je déplace sur le visage de ma chère et tendre, on peut facilement concevoir qu’il y a aussi ce lien du sang qui parle dans mes entrailles.

Alors que je lui explique à ma façon qu’il est difficile pour moi de l’aimer comme elle m’aime, car je n’ai plus éprouvé cette sensation humaine depuis des temps révolus. Et que je suis prête à essayer, vu que je n’ai plus rien à lui enseigner. Elle m’explique que de son côté, elle reste uniquement par amour et non pour ce que j’ai à lui apprendre. Dois-je lui avouer que tout ce qu’elle ressent n’est rien de plus qu’une illusion que mon sang provoque dans sa chair ? Elle est mon sang, c’est normal qu’elle m’aime. Comme j’aimais mon sire éperdument, mais maintenant que le lien entre lui et moi est rompu à jamais, je me dis qu’il n’était rien de plus qu’un brouillard épais qui m’aveuglait et me brutalisé. Je préfère me taire, peut-être que je me trompe encore ?

Je me contente de l’imiter et de relever mon sourcil d’étonnement alors que celui de ma protagoniste se fronce un peu avant de conclure sur ce sujet des plus difficiles à aborder pour moi. Je garde dans ma chair ce besoin de lui faire plaisir et de ne plus la décevoir ce soir.

Pour toujours et à jamais.


Dis-je en acquiesçant et surtout en le pensant avant d’être coupé par un baiser sur le coin de mes lèvres avant d’être transporté dans une chambre qui n’est pas la mienne. Est-ce que ce petit baiser de réconciliation arrangerait tout ce que j’avais fragilisé ce soir ? Il n’avait rien de passionner. Eliana s’exprime à sa façon comme toujours. Je devais décoder les lignes comme elle doit décoder les miennes. C’est en cela que nous sommes si proches l’une de l’autre. On ne sait jamais sur quel pied danser dans cette valse. On se marche dessus, on se piétine, et on finit par être touché par l’attitude patibulaire de notre conjointe et de ses faux pas.

Elle ne cesse de me couvrir de tendresse et de servitude, je ne lui rends rien, sinon un regard posé et touché par tant de gentillesse à mon égard. Elle me confit une nuisette et m’habille sans avoir mon consentement. Il est vrai que je préfère le contact du tissu que celui des draps quand je dors, mais pour une fois, j'avais envie d’avoir sa chair sur la mienne. Les vieilles habitudes ont la vie dure, à mon époque personne ne dormait jamais nue. Cela était mal vu, j’avais d’ailleurs pris pour rituel de me faire habiller par mes serviteurs avant d’aller me coucher. Eliana avait remplacé certain d’entre eux depuis qu’elle était à mes côtés, surtout pour des choses aussi intimes. Cette attention à mon égard était sa façon de montrer un amour qui se devrait de me toucher.

Un dernier mot sur notre avenir, une nouvelle leçon à enseigner, une manière pour moi de ne plus me sentir inutile vis-à-vis d’elle. J’avais à cœur de lui apprendre à se venger et bien que cette idée me comble de joie, j’avais d’autre priorité en tête.

La vengeance est un plat qui se mange froid chez les humains, pour les vampires, la vengeance est encore plus glaciale et cruelle. Un jour, peut être dans un siècle ou deux, quant elle ne s’y attendra pas. Pour l’heure, je dois m’atteler à d’autre occupation bien plus prioritaire.

Je n’en dis pas plus, car je suis toujours à garder le mystère sur mes pensées ou mes envies, bien que pour une fois, je ne pensais nullement au travail. J’avais bien trop laissé de côté mon infant. Elle voulait m’avoir pour elle, et je ne lui accordais pas ce plaisir depuis trop longtemps. Alors quand elle se lance seule dans son lit, je n’ai pas en tête de prendre la chambre d’ami, car oui, il m’arrive souvent de faire chambre à part avec elle. Je viens d’une autre époque, en ce temps, deux femmes qui dorment ensemble n’était pas des mieux perçues. Ce jour qui démarre, peu importe les convenances. J’avais décidé de lui offrir en cadeau de mes erreurs, ma présence et ma chair.

Je la rejoins sans hésiter, me glisse dans son dos et l’attrape fermement de mes bras d’ainés. Je m’introduis avec ma magie dans son esprit lors de ce contact privilégié pour entendre sa dernière pensée, celle qui concerne les cercueils. D’une certaine façon, à la tenir de la sorte, j’étais cette infrastructure de pierre qui l’enferme à jamais dans un monde qui l’éloigne de la lumière. Aussi creux et vide s’avère mon cœur que celui de la pierre d’un cercueil de vampire antédiluvien. J’ose croire que je suis moins rigide que le bois de ceux des plus récents. Alors en guise de méaculpa, je pose un tendre baiser dans le cou de mon aimé. Le soleil sort par l’horizon et entraine ma douce dans un monde onirique. Je n’ai jamais aimé dire qu’il appartenait à Morphée, ou même à celui que les hommes aiment arpenter chaque nuit. Celui des vampires est bien plus horrible, cauchemardesques sont nos journées, éprouvante et maudite. On ne rêve pas, on ressasse, on broie du noir, on culpabilise, la bête qui est en nous, nous demande de faire le mal, de détruire, on est tiraillé par ce désir sans pour autant vouloir le faire. Et quand on se réveille enfin, cet appel du sang est si grand que l’on s’y abandonne.

Maudite, je ne rêve pas, je ne me repose pas, j’attends la fin de ce calvaire. Ma chair s’est tétanisé sur ma belle, toute la journée, nous ne bougerons pas d’un poil, nous ne sommes plus que des cadavres dépourvus d’âme qui attendent la résurrection.    

Le soleil est tellement puissant, il nous force à subir cette étreinte macabre. Avec les siècles, on apprend à le combattre, à lutter pour demeurer, éveiller. Cela au prix d’une quantité astronomique de sang et de volonté qui nous conduit vers la bestialité. Le sommeil diurne est un appel que l’on ne peut manquer sans le prix d’un effort des plus intenses. J’avais envie de lutter cette nuit, d’être la dernière de nous deux à rompre l’échine face à ce géant de feu.  
Quand ma douce fut finalement plongée dans les méandres d’un monde que je ne peux appeler celui des rêves, je décide de poser ma main entre ses jambes avant de m’endormir à ses côtés. Ce contact avec son intimité me manquait. Tout comme celui de mordre sa nuque quand elle était encore humaine, de la mordre jusqu’au sang. Je glisse ma canine sur sa jugulaire, prête à la piquer encore comme je le faisais jadis.

Mal vu est la vampire qui boit le sang des autres vampires. C'est pourtant un raccourci facile pour ressentir l’amour comme les humains. Moi qui ne ressens plus ce dont elle parle, j’envisage cette solution proscrite. Celle de m’enivrer de son sang afin de l’aimer comme elle m’aime. Je sors mes canines, prête à mordre pour obtenir par cet acte des plus égoïstes ce que j’aimerais tant ressentir. À la place, je l’observe dormir, et je culpabilise.

Dort petit ange déchu…

Dis-je en rentrant mes canines dans ma bouche. Je pose mon nez sur sa chevelure une fois de plus, respire son odeur, tout en relâchant un sentiment de culpabilité. J’avais fait ce qu’il fallait, je crois… Quelle horrible sensation que de refuser à sa bête le désir ardent de faire le mal. Toute la journée, le monstre en moi, c'est déchainé. Il m’a fait voir mes pires horreurs, mes plus grandes pertes, mes pires regrets. Eliana ne sortait pas de ma tête. J’avais envie de la dévorer à nouveau comme quand elle était une simple humaine. La chassée comme une proie. Je me réveille avec ce désir alors que le soleil vient de tomber de l’autre côté du monde. Je sens l’avidité à plein nez. Mes mains se crispent sur mon bien le plus précieux tandis qu’elle aussi se réveille à l’unisson. Des bruits d’os craquèlent, on sort de nos formes cadavériques pour reprendre vie. Je lui attrape avec une fougue sans nul pareil le visage avec ma main, la tourne vers moi et lui vole un baiser des plus torrides et intenses. Mes canines sont sorties et ébrèchent sa langue et sa peau. Je veux la mordre, encore, et encore. Mais je ne fais rien au niveau de sa jugulaire. Je me contente de l’embrasser et de laisser mon démon au fond de mes entrailles. Malgré moi, je la fais saigner sur le passage de mes crocs et l’éponge de ma langue avide. Comme une mère ours qui lèche le poil de son enfant pour la laver, je lui inonde le visage de ma folie passagère.

Finalement, j’arrête moi-même ce que je suis en train d’entreprendre, ébranlé par des envies de plaire, entremêler avec celle de détruire. Je bondis en arrière en finissant coller au mur, les pieds légèrement au-dessus du sol. Je lévite, j’ai les crocs à vif. Je réalise que j’ai songé toute la nuit à la chasse que j’avais effectuée sur mon infant quand elle était humaine. Ce plaisir que de prendre ce qui ne nous appartient pas. Amusant de voir que je dois lui offrir quelque chose d’autre. De l’amour.

Je suis en rage et en âge de maitriser normalement de telle émotion. Qu’est-ce qui m’arrive ? Je me pose doucement sur la terre ferme et grommèle quelques mots.

J’ai, j’ai terriblement peur de te perdre Eliana…

Je déteste cette sensation, cette vulnérabilité qui se lie partout sur mon visage, moi qui suis si forte et froide d’habitude. C’est d’avoir tout perdu sauf elle hier qui m’ébranle autant ?
Je reviens à ses côtés et l’enlace avec violence. Je lui plante une de mes griffes dans la chair et la fait saigner au sang au niveau de son dos. Je veux lui rappeler un fait qui semble oublier.

Tout m’appartient ici, commode, placard, garde-robe. Il est vrai, mais il n’y a que toi qui m’importes et que je désire garder. Tu m'appartiens, et vu que tu as refusé de prendre la porte de sortie que je t'ai généreusement offerte, désormais tu seras miennes, à jamais.
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Ezvana
Sam 2 Nov - 20:13

Eliana Fernrok
Je suis une jeune Vampire, vivant aux côtés de ma Maîtresse, de mon amante, de celle qui partage mes Nuits depuis plus d'un siècle. Je continue d'apprendre, de vivre une vie d'errance et de folie, plongeant dans la mélancolie ou la frénésie d'une chasse. Le temps est long quand on est immortel et il faut donc parsemer de plaisir cette Nuit sans fin.

Un Prince doit s'éveiller, prendre sa place et régner sur nous, ses serviteurs assidus. On plie l'échine, on se soumet, même quand un membre de notre "famille" à commis des erreurs et que le danger rôde.


L’impression d’être tiré vers le fond, que des tentacules sombres s’accrochent à ses chevilles pour l’emporter au loin vers les profondeurs insondables. Et la Vampire ne se débat pas, se laisse couler en ondulant dans l’eau infinie qui l’entoure. Une habitude depuis des décennies, cette chute sans fin dans un monde onirique qui glace le sang et fait appel à ses plus bas instincts. Cauchemars qui lui collent à la peau, la hante chaque fois que le soleil pointe à l’horizon. Pourtant, à chaque chute, elle n’avait pas peur. Le domaine de l’étrange lui était familier, même lorsque que son cœur battait encore. Et bien que la peur lui fouette les sangs, elle ne fuit pas, se laisse engloutir.

La brume se disperse un temps, comme pour lui laisser la possibilité de voir le chemin qu’elle parcourait en silence. Pas un bruit ne l’entoure, comme si la mort elle-même régnait en ses lieux, pas la moindre once de vie sauvage d’un paysage désolé. Il n’y avait que sa respiration, lourde et trop prononcé qui trahit sa présence, comme si elle hurlait à plein poumon sa position. Curieusement, elle entend son cœur battre à tout rompre à ses tempes et ce bourdonnement incessant la perturbe un peu, comme un oubli du passé, une chose perdue qu’elle retrouve sans le désirer.

Une main pâle qui se pose sur sa poitrine, une grimace alors qu'une douleur irradie dans son sein. Mais elle continue d'avancer, incapable de ne pas emprunter cette route caillouteuse qui menace de lui tordre une cheville. Prudente la sorcière, qui cherche un indice dans le brouillard, tente de percer les mystères de ce lieu qui lui donnent des frissons. Un sentiment de malaise, d'une solitude écrasante. L'impression d'être seule au monde et que personne ne viendra la chercher.
Après tout, elle n'était personne. Ni une femme aimée, ni une femme désirée. Aucun individu ne viendra la sortir de là.
Torturé la femme soudainement aussi faible qu'une Humaine, isolée du monde et errant sans but sur une route qu'elle empruntait par obligation. Ses peurs se font cristalliser en ce cauchemar écrasant, ses angoisses profondes refont surface et brise le contrôle de la femme qui tente vainement de ne pas succomber.
Inconsciemment, elle savait que ce n'était qu'une chimère amère qu'elle devrait surmonter, mais ici, dans cet univers ténébreux, elle n'avait aucun pouvoir. Rien de plus qu'une marionnette rongée par ses démons.

L’impression de voir une silhouette, une ombre aux contours troubles. La bouche qui s’ouvre pour parler, mais aucun son ne sort de cette gorge, comme si les cordes vocales étaient rompues. Alors, les narines frémissantes, elle tente de savoir qui se tenait là. Véra ? À cette pensée un étau la compresse, lui serre les côtes. L’envie de griffer cette sensation, de s’arracher aux mains trop envahissantes. Mais elle ne court pas, ne tente pas de fuir éperdument en avant. C’était une question de temps avant que le vrai monde la rattrape avec force et la ramène avec brutalité vers la réalité.

Lentement, la conscience émerge, telle une fleur qui ouvre ses pétales, refait surface dans un corps rigidifié. Mais contrairement aux Humains, aucune chaleur ne vient égailler le réveil, aucun battement de cœur qui résonne dans la poitrine qui s’accélère à chaque minute passée.
Ouvrir les yeux soudainement. C’était comme si elle avait appuyé sur un bouton et que son esprit était revenu dans son corps. Adieu l’esprit englué de sommeil d’un mortel. Désormais, elle s’éveillait d’un seul coup.

Pourtant le réveil fut rude. À peine le temps de prendre conscience de la présence de Véra que celle-ci l’emprisonne, lui happe le souffle à l’étouffer dans une embrassade sauvage. Les crocs lui éraflent les lèvres, électrisent brutalement son corps qui sursaute. Avide soudainement, à chercher plus loin cette embrassade qui monte à la tête. Cette façon de recueillir la passion d’une langue qui balaye ses propres gouttelettes vermeilles tel un affamé.
Battement de cils. Et Véra fait un bond en arrière, se plaque contre le mur comme un papillon épinglé. Rejeter la couverture sur le côté et se redresser, le souffle court et les yeux écarquillés. C’était beaucoup en peu de temps et surtout elle ne comprenait pas la réaction de son Ainée. Que s'était-il passé cette journée ? Elle voyait cette veine à la tempe de Véra qui pulsait étrangement, l’éclat éteint de sa peau olive. Une nouvelle fois, elle ouvre la bouche pour parler, mais aussitôt, sa question est capturée par le corps de sa partenaire qui se précipite sur elle, l’enserre sourdement dans un étau implacable. Une promesse qui ressemble à une menace qui fait dilater les pupilles de la sorcière.

- J’ai toujours été tienne.

Un ronronnement langoureux alors que son corps ondule sous celui de son amante, appelle à jeu de séduction sombre, oscillant entre le plaisir et la douleur. Peu importe si elle était envoûtée à cause du sang de Véra coulant dans ses veines. C’était une illusion qui lui plaisait. Qu'elle boive de cette eau interdite jusqu’à plus soif.
S’approcher de l’arc de ce cou, jouer avec ses dents sur cette peau tendue, titillant les nerfs de la Vampire avec délice. Une langue qui vient ensuite glisser, serpent humide qui laisse un sillon de feu. Un soupir dans le creux de l’oreille.
De tout son corps, elle l’appelait. De son énergie, elle lui indiquait qu’elle a toujours été là et qu’elle vibrait uniquement pour elle.

- Brûlons le monde pour que l’on puisse danser sur ses cendres.

Mots puissants, telle une promesse de mariage indéfini et éternel. Elles seront toujours unies contre le reste de l’univers, se tenant côte à côte sans jamais faiblir. Parce qu’elle lui offrirait le cosmos pour qu’elle survive à son errance sans fin.
Doigts qui pianotent sur une cuisse, joue avec le rebord d’une nuisette de nuit, un doigt qui s’enroule autour d’une mèche de cheveux de son amante. Être là, partout, tout autour d’elle à la couver d’attention et de tendresse, d’une invitation à aller plus loin.
L’envie de mordre, ou d’être mordu, qui lui fait rouler sa lèvre inférieure entre ses dents lisses. Presque une plainte qui s’échappe de sa gorge alors, aveu d’un tourbillon sombre qui remue dans son estomac. Le corps en ébullition et l’esprit vacillant, elle reste debout sur le fils tel le funambule inconscient, prête à sombrer dans le vide du vice.



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Encore une autre danse, dans cette valse sans fin. (+18)
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