Quand tu t’enfonces dans ton fauteuil, il n’est pas difficile de remarquer son agacement. Une jolie manœuvre de ta part qui porte ses fruits. Il s’impatiente. Tu vois son esprit le tourmenter suffisamment pour que son regard te dévisage alors que tu lui offres le plus grand et le plus beau de tous tes sourires. Sans doute même que sa jambe s’agite sous la table, son pied battant la mesure sur le sol, signe que tu imagines plutôt que tu ne l’observes sous la dite-table. Tu aimes l’idée qu’il ne supporte plus l’attente que tu es en train de lui faire vivre. Ce jeu pervers apaise ta propre impatience à le voir se déshabiller sous tes doigts, à chacun des baisers que tu lui voleras avant même d’avoir franchi la porte de ton appartement.

Ce que tu lui dis ne semble pas non plus le laisser de marbre. Tu t’amuses comme un gosse à le faire tourner en bourrique. L’appeler de la sorte est presque devenu naturel. Baby boy, bébé… plusieurs fois tu as eu envie de l’appeler différemment, mais chaque fois que tu t’apprêtais à taper un autre petit surnom sur le clavier, la voix que tu lui imaginais jusqu’à présent ne cesser de te répéter « ne tombe pas amoureux ». Subitement, une pensée te fait perdre contenance l’espace d’un millième de seconde que tu t’évertues à oublier du mieux possible. Plan cul. Point. Il n’y aura jamais rien d’autre, quand bien même il t’attire, quand bien même tu le trouves canon, intriguant, mystérieux. Parfait.

« Je vais faire en sorte que tu bandes comme il se doit, dans ce cas. » dis-tu simplement, comme si tu faisais mention de la météo désastreuse des derniers jours. Pourtant, le sourire qui étire les traits de son visage te fait fondre et te décide à enfin sortir tes fesses de ton siège confortable. Tu abandonnes l’idée de boire une autre bière, de manger une pizza comme il était prévu de le faire. Non. Là, t’as juste envie de te faire baiser comme il se doit, pendant des heures entières, sans interruption. Il se relève juste quand tu poses ta main contre son entrejambe pour palper, pour te donner une idée de ce que tu auras entre les jambes dans quelques minutes à peine. C’est très prometteur. « Tu me connais déjà si bien... »

Tu ignores pourquoi tu lui as dit ça. Il aurait voulu que tu sois le parfait petit gendre coincé du cul, tu l’aurais été. Sans aucune raison. Juste parce qu’il te l’aurait demandé. Complètement stupide. Idiot. Crétin. Tu ne le connais que depuis quelques heures, un seul jour, et tu es déjà prêt à te plier à la moindre de ses envies. Sorcier. Il t’ensorcelle. C’est la première fois que t’es comme ça avec un plan cul. Plan cul, le rappelles-tu à ton âme. Simple plan cul. Si simple que ça… ?

« J’ai même plus que ça. » D’apparence, tu n’as rien d’un enfant de cœur, avec tes tatouages sur tout le corps, des piercings sur l’oreille, sur le bout de la langue, mais dans tes affaires, c’est pire que cela. Du lubrifiant, des préservatifs, bien sûr, mais également des jouets, pour tes nuits de solitude. Tu combles le célibat comme tu le peux. Tu combles tes envies avec ce qu’il y a de mieux. Mais ce soir, ce sera différent, ce sera mieux que mieux. Sa main effleure la tienne, et sans un regard pour lui, tu glisses tes doigts entre les siens. Personne d’autre que toi ne l’aura ce soir, peut-être même demain matin, il t’appartiendra encore…

Le chemin jusqu’à ton appartement est vite parcouru, tant vos enjambées sont grandes et rapides. Moins de dix minutes, c’est un record. Tes clés s’enfoncent dans la serrure, tu pousses la porte et attires alors le grand brun à toi plaquant ta bouche contre la sienne, claquant la porte du bout du pied, glissant ta langue entre ses lèvres. Tes mains s’attaquent déjà à la ceinture de ton propre pantalon, avant qu’elles ne s’attardent sur celle du brun. Contre le mur de ton appart, contre la porte, sur le comptoir, le sofa ou le lit, peu importe, du moment qu’il fasse de toi sa chose.

Il n’aura pas grand chose à faire pour que je me mette à bander entièrement. Juste l’embrasser encore tout en touchant son corps nu fera l’affaire. En plus il a un putain de piercing à la langue et ça, ça va me rendre dingue je le sens. Il en profite pour me tâter après m’avoir fait toucher son paquet. Franchement il a peur de rien. On est encore dans un lieu public quand même. Sûrement pour ça que ça me fait autant d’effet. Sa nonchalance. Il a l’air plus qu’à l’aise dans sa sexualité et c’est pas pour me déplaire. Au contraire. Les derniers mecs avec qui j’ai eu un semblant d’histoire sérieuse ne voulaient pas se montrer et c’est ce qui a mis fin prématurément à nos relations. Moi j’ai besoin de liberté. Sans pour autant faire de conneries. Je vais pas m’afficher ouvertement avec quelqu’un alors qu’on est dans un quartier qui craint. Je suis pas con. Je tiens encore à ma belle gueule.

Il confirme que je le connais déjà bien et ça me fait un peu peur pour dire la vérité. Comment en 24h je peux déjà le connaître si bien ? Y’a un truc qui me dépasse entre nous. Un truc qui s’explique pas. Un truc que j’aime beaucoup trop… J’essaie de pas penser à ça et de me dire que ce n’est que l’attente de ce moment de jouissance qui me fait perdre la tête. Je ne suis pas du genre à aimer patienter du coup ça me fait sûrement penser des trucs insensés.

Il est équipé et j’en doutais pas une seule seconde. Ca me donne encore plus envie d’arriver chez lui. Sûrement pour ça que mes pas vont plus vite. Quand mes doigts touchent les siens, il les attrape et les emprisonne. Là. Ca. Ca fait franchement couple. Et ça me plaît. Beaucoup trop. Je le regarde avec un sourire aux lèvres alors que je serre doucement ma main dans la sienne. Je ne connais pas le quartier mais c’est son cas vu qu’il habite ici et donc s’il le fait c’est qu’il sait que y’a pas de danger. Après tout, Londres c’est quand même une ville super ouverte à ce niveau là. On est bien.

On arrive enfin à son appartement et il n’attend pas une seconde pour reprendre mes lèvres. Une main sur son torse, l’autre dans son dos, je le maintiens bien contre moi tout en répondant à son invitation. Le baiser est intense. Fort. Encore plus qu’un peu plus tôt dans le bar et pour cause, cette fois on est libre d’aller plus loin. Et plus loin il y va déjà. Il s’ouvre son jeans. Puis le mien. Et nous voilà déjà en train de profiter du corps de l’autre sans toutes ces couches de vêtements qui nous dérange.

Après avoir été cherché le matos, je le baise sur son canapé. J’y vais fort. J’ai trop de frustration à faire évacuer. Les sensations sont tellement délicieuse que quand j’ai jouis, je n’attends pas bien longtemps pour lui offrir mes fesses en retour. Me mettant dos à lui. Et c’est reparti pour un tour… Je suis content qu’on ne perde pas de temps comme ça, parce que je dois filer vers 22h et c’est bien trop tôt à mon goût, mais je suis obligé.

Calé contre lui sur le canapé après quelques orgasmes, je caresse son torse, tout en observant ses tatouages. Puis je réalise qu’il ne faut pas que j’oublie l’heure qui tourne alors je tends le cou pour voir s’il a une horloge affichée quelque part sur un mur du salon.

« Tu sais il est quel heure? Parce que… J’ai perdu toute notion du temps. Je te remercie pas. »

J’essaie de garder mon sérieux. J’arrive pas. Comme si je lui en voulais vraiment.

Tu ne perds pas ton temps, tu as trop besoin de sentir son corps se presser contre le tien, de sentir ses mains dans tes cheveux, dans ton cou, et le reste de ton corps. Sur ta peau tout simplement. Tu as besoin de son contact. Ce n’est plus une question d’envie, mais un besoin réel que tu ne peux pas réprimer. Que tu ne veux pas réprimer. Tu ne peux pas. Tu t’attaques rapidement à ses lèvres, bien avant que la porte de ton appartement ne soit refermée derrière vous. Tu te défais de ton jean, avant de t’occuper du sien sans même lui demander une quelconque autorisation. Tu sais qu’il ne t’arrêtera pas dans ton geste. Tu sais qu’il désire la même chose que toi. Tu sais ce qu’il veut. Il sait ce que tu veux. Et c’est seulement bon. Ce fantasme vivant va te faire passer le meilleur moment de ton existence, tu le sens déjà au creux de tes reins. Avec passion, sans une seule seconde quitter ses lèvres de divinité grecque, parfaites, tu l’attires jusque dans le salon où tu le fais tomber à la renverse sur le sofa. Tu ne le ménages pas. Tu murmures un « je reviens » rapide, et pars dans la chambre où tu récupères capotes et lub, pour lui en enfiler une. Tu t’offres à lui sans la moindre gêne, pourtant la position, bien que te portant presque à l’extase, ne te laisses pas le loisir d’embrasser sa bouche. Bordel. Tes doigts agrippent si fort le canapé que ce dernier craque sous tes doigts. Le tissu ne tiendra plus très longtemps.

Puis les rôles s’échangent. Il t’offre ses fesses à son tour. Et tu ne peux t’empêcher de les embrasser, de laisser courir ta langue un instant pendant que tu habilles ton membre. Nick semble beaucoup apprécier ce mélange de tendresse et d’agressivité lorsque tu le prends à ton tour avec toute la force du monde. Bon sang. La cambrure de son dos est délicieuse à regarder, mais tu veux encore son goût sur tes lèvres. Alors, tu le fais se redresser, tu le fais s’agenouille sur le sofa, pendant que tes deux pieds sont à plat sur le sol. Ton torse contre son dos. Une main sur ses hanches pour lui imposer ton rythme, l’autre dans le cou pour lui faire tourner la tête vers toi. Long baiser langoureux jusqu’à l’extase. Bordel. Tu ignores combien de temps est passé mais cela t’est bien égal, maintenant que tu es dans ses bras, allongé, nu, contre la nudité de ton amant. Ses doigts parcourent ta peau, t’arrachant des frissons. Un sourire béat sur tes lèvres tandis que tu te loves contre lui, humant son parfum.

Pourtant, subitement, son humeur change, te laissant un peu bête. Cela t’attriste. As-tu fait quelque chose de mal ? « Hum. Je n’en sais rien… Désolé… Attends, laisse-moi attraper mon portable. » marmonnes-tu d’une voix basse. Tu grimpes sur lui pour attraper ton portable dans la poche de ton pantalon, posé sur le sol. « 22h17. Tu peux passer la nuit ici, si tu ne veux pas rentrer, ça me dérange pas. Bien au contraire. J’ai un lit deux places. Ou le canapé, si tu préfères. » Bien que cette dernière option te séduit moins que la première. Beaucoup moins. Tu n’as pas envie qu’il s’en aille. T’as envie qu’il reste. Mais le ton qu’il a employé contre toi te fait réfléchir. Il ne restera pas. En fait, ce n’était que de ton côté que c’était différent. « J’ai fait quelque chose de mal ? » oses-tu alors demander.

Ce qu’il me fait est vraiment trop bon. Je n’aurai pas pu demander mieux comme programme. Je perds réellement toute notion du temps parce que quand il m’annonce l’heure, c’est le drame. Putain. 22h17, déjà ?

« Oh merde ! »

Il me propose de passer la nuit ici mais je fais non de la tête tout en me détachant de lui pour me rhabiller.

« Non faut que je sois rentré. Ca aurait été avec plaisir sinon. Vraiment. »

Je galère à retrouver mes fringues et lui a l’impression d’avoir fait quelque chose de mal. Je m’arrête alors que je suis en train d’enfiler une chaussette. Je vais jusqu’à lui et je pose mes lèvres sur les siennes, doucement.

« T’as rien fait de mal. C’est juste… Couvre feu. Je suis comme Cendrillon. »

Et ça me fait rire mes conneries. Je vais lui redéposer un long baiser sur les lèvres et puis je me remets à terminer de m’habiller.

« Je sais pas si je suis dispo demain soir. Mais je te tiens au courant. Sinon dans tous les cas j’ai pas mal de temps libre après demain et le reste de la semaine. On pourra se revoir… »

Je ne lui demande pas s’il en a envie parce que je suis sûr que c’est le cas. Habillé, je me penche de nouveau vers lui qui est sur le canapé et je vais reprendre ses lèvres. Putain ce mec est une drogue. J’ai du mal à me défaire de lui et pourtant il le faut. Je vais déjà me faire défonce parce que je suis pas rentré à l’heure.

« Arrête d’être si hot, je peux pas m’en aller moi… »

Mais je me détache de lui et je lui fais signe de ne pas bouger.

« Je file. Ne me retiens pas. »

Genre vraiment. Je le dis pas pour rire.

Si bien dans ses bras, que tu ne peux t’empêcher de fermer les yeux, de soupirer de bonheur et de savourer chaque effluve de parfum parvenant à tes narines. Si bien que tu aurais pu t’endormir sous ses caresses. Pourquoi faut-il qu’il panique pour l’heure, que son humeur si agréablement divine change pour se transformer en une colère que tu ne peux expliquer, en une attitude que tu ne comprends pas. Merde ? Il refuse toutes tes propositions, ce qui a pour conséquence de te pincer le coeur. Pourquoi tiens-tu tant à ce qu’il reste de toute manière ? Ce n’est qu’un plan cul…

« Ouais... » Tu n’en crois pas un mot. Il a juste envie de partir. Tu ne réponds pas au baiser qu’il dépose sur tes lèvres, mais tu fermes malgré tout les yeux pour le savourer. Ça a un affreux goût d’adieu que tu ne supportes pas. Il est Cendrillon. Tu es donc le prince charmant qu’il tente de fuir. Son prince charmant. Il revient déposer un baiser sur tes lèvres, auquel tu réponds cette fois, en t’accrochant à lui pour retarder son départ précipité. « On doit se revoir. » lâches-tu sans réfléchir. T’as besoin de le revoir.

Allongé dans ce putain de canapé, tu le regardes remettre chacun de ses vêtements, impuissant. Bien sûr que t’es dispo. Toujours dispo. Tu veux l’être toujours pour avoir la chance de passer une nuit de plus avec lui. Sensation étrange. Bordel. Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu ne réponds pas. Tu ne réponds même pas à ce compliment déguisé. Il te fait signe de rester couché, mais tu ne le fais pas. Non, tu te lèves. Tu attrapes sa main et plonges ton regard dans le sien. « Je n’ai pas envie de passer la nuit seul. Reste. » Tes yeux le supplient. « Je suis certain que tu peux trouver un moyen de rester. S’il te plaît. »

Bien sûr qu’on doit se revoir. Je ne l’imaginais pas autrement. Ce mec me fait ressentir bien trop de choses pour que je le laisse filer après un coup comme ça. Quand je lui dis de rester allongé il ne m’écoute pas. J’en étais sûr. Il me tient par la main et me demande de rester. Il m’implore. Il veut que je trouve une excuse pour rester. Je fais « non » de la tête.

« C’est impossible. Faut vraiment que je rentre… »

Mais je vais prendre son visage dans mes mains pour aller l’embrasser encore… Beaucoup trop longtemps d’ailleurs. Je n’arrive pas à me détacher de ses lèvres mais je le fais.

« Je te promets que si je pouvais rester je le ferai. Je serai tout à toi très vite. » 

Ou presque, j’ai quand même des obligations pendant les jours suivants. On verra à ce moment là. Après tout, lui aussi aura son boulot. Il ne pourra pas être tout le temps disponible non plus.

Un dernier baiser sur les lèvres et je me recule alors que je récupère mon téléphone. Je file vers la porte d’entrée.

« M’en veut pas trop… »

Parce que je vois bien qu’il est vraiment très déçu par la tournure de la soirée. Pourtant je lui avais dit d’entré que j’étais dispo que jusqu’à 22h. Je ne fais pas que dire des conneries. J’ouvre la porte et je file sans regarder derrière moi. Il faut vraiment que je rentre et je ne connais même pas le chemin pour me rendre au village olympique d’ici. Ca ne devrait pas être trop compliqué.

Encore un refus que tu te prends en pleine poire. T’espérais vraiment qu’il ne résiste pas à tes petits yeux de chien battu. Mais cela ne semble n’avoir aucun effet sur lui. Ton coeur de pierre se serre davantage dans ta poitrine. Impossible. C’est toujours impossible lorsque tu souhaites que quelqu’un reste auprès de toi. Il y a toujours une bonne excuse pour te fuir. Toujours un moyen de mettre un terme un si bon moment. Tu pensais que le feeling était passé pourtant. Encore une fois, tu t’es fourvoyé. Bordel. Un simple « ok » franchit le seuil de tes lèvres, alors qu’il vient se coller à ton corps toujours nu pour t’embrasser une nouvelle fois, tu ne peux te résoudre qu’à y répondre. C’est plus fort que toi. Avoir le goût de ses lèvres sur les tiennes, sur le bout de ta langue, avoir son parfum sur ta peau. Tu ne lui résistes pas.

Je serai tout à toi très vite sont les uniques mort qui parviennent à te faire lâcher prise. Tu lâches sa main, refuses cette fois de répondre à ce dernier baiser d’adieu. Tu entends tout juste sa dernière remarque. Mais bien sûr que tu lui en veux de t’abandonner après avoir tirer un coup, après être resté si longtemps dans tes bras comme si cette séance de baise signifier plus. Tu lui en veux de tout. Tu lui en veux bordel. Tu t’effondres dans ton canapé en observant tes fringues sur le sol. Juste un plan cul, ouais. Alors, tu attrapes ton portable, dont l’heure indique 22:26 et lui envoies un dernier message. « Je t’en veux. » C’est tout ce que tu parviens à écrire avant de repousser ton cellulaire sur la table basse. C’est à cet instant que tu remarques qu’il ne t’a pas seulement pas laissé seul ici, mais qu’il t’a aussi piqué ta veste, abandonnant la sienne à la place. Tu l’attrapes et la serres contre toi, avant de te laisser embarquer par le sommeil jusqu’à ce que ton réveil sonne le lendemain matin.

22h47

Citation :

Moi aussi je t'en veux.