J'ai 24 ans et je vis à Hollywood, au bon vieux USA. Dans la vie, je suis acteur et je m'en sors relativement bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis en couple selon les médias... et je ne peux rien faire contre ça... surtout que ça permet à la seconde victime de réparer une injustice sur son CV. ► Il a une soeur de huit ans, Rose ► Son meilleur ami est David ► Il a fait trois films en tout ► Il lui arrive de faire des crises de panique, surtout s'il n'a pas un membre de sa famille (David compris) à ses côtés
Thomas observe à nouveau les avis sur internet. Les commentaires défilent devant ses yeux alors que ses lèvres se pincent d’agacement et de découragement. Pourtant, personne, hors de ceux qui savent, ne pourraient comprendre pourquoi de tels commentaires l’agacent prodigieusement. Un film, dont il est personnage secondaire, vient de sortir au cinéma. Un drame à la Roméo et Juliette qui fini terriblement mal pour lui et qui demande des réflexions poussés sur des données importantes.
Le film retrace l’histoire d’amour entre une jeune femme, nommé Madeleine, dont le père l’envoie vivre avec sa tante à une époque victorienne. Elle y rencontre le majordome, Stefan, un homme torturé et complètement allumé… ainsi que Douglas. Douglas tombe amoureux d’elle, Stefan aussi… et l’histoire se passe dans un huit-clos étrange où les trois risquent de mourir. La fin est simple : Stefan est un psychopathe, qui considère que s’il ne peut pas avoir sa bien aimée, qui hésitait entre les deux prétendants, personne ne pourra l’avoir. Douglas meurt à la moitié du film, après avoir essayé de raisonner Madeleine qui préfère se faire malmené comme une soumise par le majordome. Mais voilà, à la toute fin, Stefan dépasse très clairement les bornes de l’acceptable en tuant devant les yeux de Madeleine son amie de toujours, Clarence… qui était aussi tombé amoureuse d’elle. Madeleine, comprenant qu’elle a véritablement à faire a un monstre, décide de s’exorciser de son emprise en le poignardant dans la nuit, et en disparaissant.
Ainsi, l’histoire se base sur la psychologie et la force de sortir d’une relation toxique et malsaine. Cela joue aussi sur le fait que Madeleine ne voyait pas le mal dans Stefan avant qu’elle ne se prenne une claque. Le film se finit avec Madeleine devant la tombe de son ami, qui se soutient le vendre, parce qu’à l’intérieur grandit l’enfant du démon.
Thomas n’est pas triste que son personnage soit mort. En réalité, il adore ce personnage pour sa simplicité et son expérience, mais aussi pour ce qu’il a amené dans l’histoire. Le contraste entre Douglas et Stefan est si flagrant qu’il en percute le spectateur. Non. Ce qui agace Thomas, c’est deux petites choses, que tout le monde trouvera insignifiant.
Premièrement, les avis. Tout le monde trouve ça dommage que Stefan meurt et que l’histoire ne soit pas une happy end pour le couple. Dommage qu’un pervers narcissique et violent ne continue donc pas sa soumission sur une femme, certes volcanique, mais surtout en détresse ? Les avis sont principalement en faveur de Stefan. Tout le monde le « veut » dans sa vie. Et Thomas ne comprends pas. Même l’acteur de Stefan, qui est un adorable enquiquineur, n’apprécie pas réellement la popularité qu’il a reçue à cause de ce personnage en particulier. Être populaire parce qu’on est un psychopathe que les femmes veulent voir en train de les humilier… Thomas préfère son second problème à celui de son ami.
Deuxièmement, sa prestation. C’est en lien à la première. Et là, il faut comprendre la situation dans sa globalité pour appréhender ce qui le dérange. Tout le monde loue sa prestation et son acting. On dit de lui qu’il mérite un oscar, pour deux scènes en particulier, et qu’il est une étoile montante… mais voilà, ses commentaires ne se reflètent que dans des commentaires sur des sites de fan, et pas dans la presse, dans les médias, ou même dans les avis de cinéaste qui ne passe que rapidement sur son travail d’acteur avant de passer sur l’acteur de Stefan, David, bien plus sexy.
Thomas ne peut même pas en couloir à David. Parce que David est un très bon acteur. Il le connait bien avant d’être acteur. Eux deux sont amis depuis longtemps et vit pratiquement ensemble depuis l’âge de quatre ans. David est sexy. Thomas est un gringalet. N’empêche que ça l’emmerde.
- ThomThom ! fait Rose, sa petite sœur, en arrivant dans son bureau, maman elle a encore dit qu’elle refusait que je regarde ton film ! Je ne suis pas contente !
Elle se jette sur les genoux de son ainé et elle cherche à voir ce qu’il regardait sur son ordinateur. Douglas commence à lui caresser les cheveux.
- Maman a raison. Ce film est pour les adultes. Tu imagines, on voit le popotin de David !
Et un peu plus… Ce film a utilisé le sex appeal de David à son paroxysme pour en faire quelque chose de tout à fait édifiant. Thomas n’a aucun désir pour les hommes, mais il ne peut pas cacher que cette scène n’a rien de vulgaire et qu’elle est parfaitement sensuelle… Même si la fin laisse clairement à désirer question consentement et éthique… Thomas lève les yeux au ciel, le début est peut être trop chaud pour que les spectateurs comprennent qu’elle est dérangeante ? Sa petite sœur croise les bras devant elle. Elle n’a que huit ans mais elle mène déjà le monde par le bout de son nez.
- J’ai déjà vue pleiiiiin de fois le postérieur de David, qu’elle annonce fièrement en relevant le nez. - Tu sais que ce n’est pas normal ? - Mais, j’ai vue le tien aussi, s’offusque-t-elle en écartant les bras. J’ai vue celui de papa, et de maman, et de tante Mirabel, et d’oncle Silas ! - Et puis-je savoir comment tu as vue tout ça ? - Mais, elle tourne la tête vers son frère comme s’il était un imbécile profond, on a tous était à la plage ensemble cet été ! Et on voit les fesses des gens à la plage.
Avec un maillot. C’est là donc que réside la nuance qui n’a pas été compris par sa petite sœur. Elle pense que l’on ne fait que voir les fesses de David, avec un maillot, ou un caleçon. Elle ne doit surtout pas voir le film avant au moins ses 18 ans. Thomas lui caresse encore les cheveux doucement.
- Et si je te montrais une scène du film, tu pourrais me promettre de ne pas regarder la suite sans moi ?
La petite réfléchit et finit par faire un hochement de tête. Elle accepte. Puisqu’elle a ce qu’elle veut. Thomas prends son ordinateur et va directement au moment où il brille le plus. La scène se fait dans la chambre de Madeleine, un peu après la première relation sexuelle qu’elle a eu avec Stefan. Elle est fatiguée et Douglas, qui est son médecin, la rejoint pour se mettre à ses côtés. Il lui parle et dans la scène, on pouvait voir un personnage totalement différent de ce qu’est Thomas d’ordinaire. Il est calme, doux, il s’approche de la jeune femme et essaie de trouver les mots pour la conseiller. Et la scène n’est que plus importante quand il commence à lui faire comprendre qu’il l’aime. Quand la subtilité de la déclaration percute Rose, elle porte ses deux mains devant sa bouche, choquée d’une telle parole. Elle est fascinée par l’écran. Madeleine le repousse et lui explique que son cœur est prit par un autre, et Thomas éteint l’écran.
- Elle ne va pas sortir avec toi ? - Non, elle choisit David. - Alors, ce film il est archi nul, décide la jeune fille avant de descendre de son frère pour rejoindre sa mère en criant : MAMAN LE FILM DE THOMAS IL EST NUL !
Thomas sourit. Sa sœur n’a pas vue la moitié du film, et elle considère que c’est nul que Madeleine ne choisisse pas Douglas. Si seulement tout le monde pouvait être comme elle. Il finit par tout éteindre et rejoindre le bon monde dans la cuisine. David arrive avec son petit frère de dix ans, Brodie. Sans surprise, les deux enfants partirent d’un côté l’un de l’autre et se mirent à se chamailler, tout en restant ensuite coller l’un à l’autre.
- Je te l’ai dit, fait David avec un sourire franc, un jour on va les marier tous les deux. - Pitié, pas avant qu’elle ne soit au moins centenaire ! rit le père de Thomas et Rose avant de partir rejoindre les enfants pour s’amuser avec eux. - Tu vas bien ? s’enquit Thomas vers David.
Son ami n’a pas les cheveux longs dans la réalité. Il a eut le droit à des extensions pour le film. Il a des cernes sous les yeux et il semble avoir dormi sur sa main, puisqu’il a une grosse tache rouge sur la joue. Il secoue la tête.
- J’ai reçu énormément de lettres de fan, et ça me terrifie si tu veux tout savoir. Je suis sélectionné pour un oscar pour ce rôle, mais j’ai envie de l’oublier et d’aller me laver la peau. - Désolé. - Ouais. Je suis désolé aussi pour toi, on ne fait que nous comparer. - J’ai vue ça, mais ce n’est qu’un juste constat. Tu es sexy, monsieur le roi de la promo 2020.
David lui fait un regard noir. Il a été en effet le roi de la promotion 2014 de leur université, quatre ans en arrière. Ils n’avaient que vingt ans à ce moment là et ils pensaient que le monde leur tendrait les bras. Ils ont trimés comme des forcenés pour avoir ce rôle dans ce film d’acteur. David a réellement cru que ça lancerait leurs deux carrières. Mais tout le monde semble oublier son meilleur ami à ses dépends, et tout le monde semble vouloir qu’il prenne fouet et cravache pour faire des films érotiques.
- Je t’ai apporté ça, reprends-t-il en sortant une bouteille de vin de cette année avec une étiquette de leur film.
Douglas rigole. C’est leur petit truc à eux. Ils prennent une bouteille de l’année en cours, ils collent l’affiche et ensuite ils la rangent dans la cave à vin, comme un souvenir. Il la prend et lui fait signe de le suivre. Dans la cave, il n’y a que trois autres bouteilles. Ils n’ont pas réussi à faire tant de film que ça, encore moins en personnage principaux et secondaires. Ils ont fait beaucoup de série en tant que suppléant ou figurant. La chance de David a tourné quand il a clairement réussi à faire chavirer le cœur de la productrice du film « Le démon de minuit ». David n’a eu qu’à demandé de le prendre à l’essai lui aussi pour réussir à avoir le rôle pour Douglas. Ils posent la bouteille à côté des trois autres.
Deux étaient des films de Thomas. L’un où il a joué un personnage tertiaire dans un groupe de pirate, l’autre où il jouait un Dieu mineur dans une histoire religieux. La dernière était celle de David, avec une histoire de portrait qui reprenait vie. Ils remontent dans la cuisine.
- Tu compte aller au gala pour la promotion de la plateforme ?
La productrice pour laquelle ils ont travaillés à déjà vendu les droits du film à une plateforme en ligne qui va ouvrir prochainement. La plateforme a acheté plus d’une centaine de film tout juste sortit, de tous les genres, et pour le présenter ce jour là. Tous les acteurs n’ont pas été invité, seuls quelques sélectionnés… Comme David. David qui a le droit à un plus un. Et qui a donc invité son ami de toujours : Thomas. Il secoue la tête. Il n’a aucune envie d’y aller.
- Aller ! Ensemble j’aurais moins l’impression de ressembler à l’ignoble Stefan qui me donne envie de me laver la peau à la javel. S’il te plait. - S’il te plait, reprirent en écho deux enfants, Rose et Bordie, avec des yeux suppliants. - Je veux voir mon frère sur le tapis rouge ! tonne la petite fille. - Et moi aussi ! tonne le petit garçon. - Tu n’as pas le choix, Thomas mon frère. Toi. Moi. Tapis rouge et cocktail à gogo. Qui peut le dire, je rencontrerais peut-être la femme de ma vie ? - Tu devrais aller consulter mon pauvre vieux ! Y a que dans les films que ça arrive !
*
- Tu es un véritable prince, s’exclame Rose en observant son frère avec des yeux ravi.
Thomas ne peut pas aller contre cette affirmation. Sa sœur lui a trouvé une tenue qui le fait passer pour une personnalité royale. Tout de blanc vêtu dans une texture étrange, il se retrouve avec les yeux exorbités de sa sœur. Derrière lui, David finit de se préparer dans une version bien plus sobre de sa tenue. Il observe son ami avant de siffler.
- Wahou ! Si les gens ne te remarquent pas là, je serais plus quoi faire. - C’est moi qui est tout fait ! reprends Rose en tapant du pied. C’est son jour, il doit être le plus beau ! - En effet, mais la touche final, ça sera moi ! Joyeux anniversaire, mon frère !
Il sort un paquet qu’il a prit dans son sac à dos. La productrice lui a parlé de cette « fleur porte bonheur » qu’elle aurait utilisée pour avoir les plus gros contacts. David n’en veut pas pour lui même. Les nouvelles annonces sur le film l’ont découragé totalement, surtout parce que tout le monde veut le retour de Stefan alors qu’il ne peut plus se le voir. Il prend la fleur en boutonnière.
- C’est une Diphylleia grayi, selon la productrice. Et elle porte chance dans un pays dont j’ai oublié le nom. Elle m’a dit de la porter fièrement alors je te la donne. De toute façon la fleur dénote avec mon costume. Et c’est ton anniversaire, ça décuple l'effet magique ! Que du bon peut arriver aujourd’hui !
La fleur est translucide, elle irait avec toutes les tenues. Thomas la regarde et fait un sourire à son ami. David semble de plus en plus vouloir s’éloigner de l’acting. Thomas a toujours pensé que son meilleur ami serait mieux en tant que producteur ou réalisateur. Il sait comment expliquer les choses pour qu’un jeu vaille la peine d’être regarder. Quand ils avaient théâtre ensemble à l’université, il fédérait les nouveaux et leur expliquer toujours comment faire chaque action.
- On va être en retard si on ne se bouge pas, précise l’oncle Silas, le père de Stefan, je n’ai pas que ça à faire de me faire passer pour un chauffeur pour ces messieurs. - Ce sont des princes ! reprend Rose à nouveau. Mais il a raison, vous devez y aller, sinon je risque de ne pas pouvoir vous voir à la télévision !
Un bisou sur chaque joue, à chaque enfant et parent restant à la maison, et voilà les deux parties pour un tapis rouge. Dans la voiture, une jeep tout à fait confortable que le père de Stefan entretient comme son propre enfant, il règne un silence pesant. Un sourire plus tard et les voilà sur le tapis rouge, devant l’entrée d’un hôtel. Il y a là des fans venus pour apercevoir des stars plus reconnus qu’eux et des journalistes. Thomas secoue la tête.
- Je ne crois pas que ça soit une bonne idée. Je vais rester ici. Dans l’habitacle, le temps que le monde m’engouffre et me mange. - Pas question, on y va.
David sort en conquérant. Même s’il n’a plus le même sentiment vis-à-vis de son travail, il est toujours fier de qui il est, de ce qu’il a accompli. C’est le rôle de Stefan qui lui colle à la peau qui le dérange, mais il trouvera un moyen de le faire oublier un jour. Il sort et Thomas le suit. Thomas sourit plusieurs fois à des personnes qui appellent David. Il s’approche même d’une fille sur le côté qui tient un poster de David. Il lui prend avec son stylo et le tend à son meilleur ami. Il lui rend. La fille ne demande pas son autographe à lui, ce n’est pas grave. De blanc vêtu, il a l’impression que tout le monde le remarque et qu’il dénote dans le noir de monde et le rouge du tapis. Alors qu’il avance, souriant à une autre personne qui veut l’attention de David, ce dernier lui touche l’épaule et le fait se retourner.
Derrière eux, sur le tapis rouge, apparait une déesse. Thomas le sent. Tout en longueur dans un corps parfait, elle semble terriblement à l’aise avec sa robe évasée de blanc et de nacre. Ses lèvres pulpeuses d’un rouge carmin appellent les baisers et ses cheveux corbeaux appellent aux caresses. Cette fille est très certainement l’actrice dont lui a parlé son meilleur ami dans la voiture, celle qui est connu pour faire commerce de son corps à l’écran. Mais aussi, n’est-ce pas normal de profiter d’un corps aussi attirant ? Elle pose sur la foule un regard étrange. Est-ce qu’elle est intimidé, elle aussi, par cette foule qui se fiche d’elle pour le moment ? Qui ne le voit que comme son rôle. Comme David. Est-ce qu’elle a peur ? Il y a quelque chose de foncièrement humain chez elle, plus que dans les autres acteurs qu’il a pu voir depuis son arrivé.
Après une longue seconde, il remarque que la jeune femme, au-delà d’être d’un blanc pur, avait le même style de robe que ce qu’il avait de blazer. D’un blanc de luxe qui rappelle la royauté. Et, à son poignet fin, se trouve la même fleur que lui. Diphylleia grayi, dans sa forme transparente et donnant au mouvement de sa main quelque chose de mystique.
Il n'entendit pas, logique, le cri de sa soeur qui hurle à plein poumon que c'est une véritable princesse.
David aurait dit que la jeune femme était canon, et que tout ce qu’elle fait est sensuelle, mais Thomas n’as pas cette image en tête. Quand la jeune femme pose les yeux sur lui, il sait qu’elle ne va pas avoir un mouvement d’arrogance. Il ne sait pas comment il le sait, mais il le sait. Alors, quand elle pose son regard sur lui et qu’elle lui sourit, la seule chose qu’il peut faire c’est de sourire à son tour. Il lui fait un signe de main. Il n’oublie pas qu’il est au milieu d’une foule et de journaliste, mais il se sait trop insignifiant pour pouvoir intéressé les médias, qu’il croit. Il finit par tourner la tête vers son meilleur ami qui a intercepté cet échange, tout comme une bloggueuse particulièrement amoureuse des histoires d’amour des acteurs dans la réalité.
- On rentre ? - Ouais.
*
Dans la salle, une place incroyable pour la discussion et le faux-semblant. Thomas en a marre d’étirer ses zygomatiques. L’extérieur lui semble bien loin… Il reçoit des messages de sa sœur qui lui dit qu’il DOIT parler avec la princesse. Que c’est un devoir de gentleman, phrase qu’il a dit à Madeleine dans son film. Il va pour aller jusqu’au buffet quand il la croise à nouveau… Elle semble vraiment venir de l’olympe. Il lui sourit. Toujours loin de se douter qu’il y a un service presse dans la salle qui ne loupe pas ce petit geste vers elle. Il se penche avec cette expression de joie.
- C’est aussi votre anniversaire aujourd’hui ? demande-t-il avant de la voir tourner la tête.
Vraiment très belle, se fait-il la réflexion. Il précise en lui montrant la fleur.
- Mon meilleur ami m’a dit que cette fleur porté chance, et qu’elle est encore plus puissante le jour de son anniversaire, alors je me demande. C’est l’imbécile, là-bas, reprend-t-il en lui montrant David, tout sourire en train de faire les yeux doux à… Eva Longoria, rien que ça.
J'ai 22 ans ans et je vis à Los Angeles, aux États-Unis. Dans la vie, je suis actrice et je m'en sors bien, même si c'est davantage grâce à mon corps qu'à mes compétences scéniques. Sinon, le monde m'imagine en couple avec un bel inconnu. Ça ne me dérange pas, car cette relation m'offre des opportunités en or.
- Son père est ingénieur, sa mère, elle, est décoratrice d'intérieur. Ils sont souvent absents. - Elle est fille unique. - Elle a une licence de lettres. - En plus du théatre, elle se perfectionne en danse et en chant. - Elle joue de plusieurs instruments. - Elle est modèle à ses heures perdues. - Elle n'a jamais décroché de grands rôles, principalement à cause des préjugées sur son physique de bimbo et des avances qu'elle refuse.
Madison Young trépignait d'impatience, seule dans la cuisine américaine que sa mère, décoratrice d'intérieur, venait tout juste de faire rénover. Incapable de tenir en place, surexcitée et angoissée, la jeune femme faisait les cent pas en se mordillant nerveusement l'ongle du pouce, alternant entre sa lèvre inférieure et le bout de son ongle de temps à autre. Elle s'arrête et noue ses épais cheveux en un chignon à l'aide d'une baguette en bois. Vêtue d'un vieux sweat usé, beaucoup trop grand, et d'une paire de lunettes aux verres aussi épais que des culs de bouteilles glissant le long de l'arête de son nez, son regard n'a de cesse de revenir sur l'éternel écran noir de son téléphone. Parfois, la lumière des spots lumineux se reflète sur ce dernier, donnant l'illusion d'une notification ou l'espoir d'un appel, mais rien. Fausse alerte. Encore. Impérieux, trônant au centre de l'îlot central, Madison fixe ce petit appareil un peu trop arrogant dont l'humanité ne semble plus pouvoir se passer. Elle se maudit de dépendre autant de lui, mais elle sait pertinemment ne pas échapper à ce pouvoir que détient la nouvelle technologie sur sa génération.
Alors, agacée par cette attente insupportable, Madison ouvrit les placards en grognant, à la recherche du dernier paquet de chips qu'elle n'avait pas encore englouti. En s'asseyant sur l'un des tabourets cernant l'îlot central, des bruits de pas cinglants, laissant deviner une paire de talons aiguilles, résonnèrent contre le marbre, annonçant une arrivée des plus agaçantes. Rebecca, sa manager, fit irruption dans la cuisine, ses lèvres fardées de rouge crispées en une fine ligne immuable. Un sourire de bon matin lui arracherait la gueule à celle-là. "Des nouvelles de ton dernier casting ?" Madison renifle avec dédain pour seule réponse, tout en ouvrant enfin l'objet de ses convoitises. D'une main rageuse, elle enfourne sa main dans le paquet pour en ressortir une poignée bien trop grande pour sa bouche. "As-tu seulement idée du nombre de calories que cette simple poignée représente ? Tu penses vraiment pouvoir décrocher le rôle principal en bouffant aussi mal ? Tu ne resteras pas aussi belle éternellement, tu sais." Ce début de réflexion cinglante suffit à la couper net dans son élan. L'envie de lui fourrer les chips au fond de la gorge pour la faire taire lui traverse l'esprit, mais elle se ravise et se contente de cracher d'un ton acerbe. "Putain, tu fais vraiment chier." Rebecca lève les yeux au ciel en lui tendant un sac-poubelle, incitant Madison d'un regard à y jeter son paquet à peine entamé, balayant les remarques de sa protégée d'un geste hautain. "Merde, hein ! Je crève la dalle, moi !" Et pourtant, au fond d'elle, Madison sait que Rebecca a raison, même si les mots qu'elle utilise sont durs.
Le monde de Hollywood est cruel et impitoyable. Il n'épargne personne, encore moins les femmes. Et concernant celles qui campent les seconds rôles ? N'en parlons même pas. Personne n'en parle, de toute façon. "Je fais ça pour ton bien, Madison." Un nouveau grognement pour seule réponse. Rebecca lui tend alors une banane et une bouteille d'eau. "Tiens, un encas plus sain que tes cochonneries." Mais la sonnerie du téléphone coupe court à la conversation. Madison écarquille les yeux, surexcitée, avant de sauter de son siège pour attraper l'appareil à la volée et décrocher au bout de la deuxième sonnerie à peine.
"Allô ?" Mais les yeux brillants de la jeune femme se transformèrent rapidement en un regard indéchiffrable. L'espoir laissant place à la désillusion tandis que Madison hoche mollement la tête en accusant un nouveau refus. "Oui, d'accord. Je comprends. Merci d'avoir appelé... Bonne continuation à vous." Rebecca secoua la tête en soupirant, elle aussi désenchantée. Madison, elle, ravale ses larmes avec dignité. Elle ne pleurerait pas devant sa manager. Mais ce rôle-là... Elle le voulait tellement. D'ailleurs, Rebecca lui avait fait suivre un entrainement drastique jusqu'au jour du casting. Régime strict, diététicienne, footing matinal, coach personnel, cours d'élocution, perfectionnement dramatique... Madison s'était entraînée comme une forcenée, sans jamais rien lâcher, tout ça pour ce fichu casting ! Une larme rageuse coula le long de sa joue, bien malgré elle. Le rôle de Madeleine Radcliffe venait de lui passer sous le nez. On lui avait préféré une autre actrice, une française, ce qui collait parfaitement à l'image du personnage, Madison le savait... Mais pour une fan inconditionnelle du roman, cela restait tout de même un sacré coup dur. Rebecca lui tendit le paquet de chips à peine entamé, un sourire désolé aux lèvres. Elle finit par sortir une bouteille de whisky de derrière le comptoir. "Allez, ma belle, haut-les-cœurs. Sans toi, ce film sera un flop, crois-moi."
*
"Un flop, hein ?" Ironise Madison en désignant la télévision de sa loge d'un geste de la tête. À l'écran, David, l'acteur principal masculin, est nominé pour les prochains Oscars grâce à son rôle dans le film. L'actrice qui joue Madeleine, elle, est nommée pour le BAFTA. Rebecca jure entre ses mâchoires serrées. "Ouais, bon, je me suis plantée, mais je te signale que j'ai simplement voulu être sympa, pour une fois !" Madison lève les yeux au ciel en soupirant, ce qui arrache un claquement de langue agacé à sa maquilleuse qui a bien failli lui crever un œil. La jeune femme murmure des excuses, embarrassée.
Son échec à l'audition l'a tellement démoralisé qu'elle n'a même pas été regarder le film à sa sortie en salle. Quelques semaines après le refus, lorsque les noms des acteurs ont été dévoilés, Madison s'est évertuée à ignorer toutes les infos qui fuitaient. Par exemple, en bloquant les noms des acteurs sur les réseaux sociaux, ce qui l'empêchait de voir les affiches promotionnelles, les interviews et les trailers, mais difficile d'ignorer le visage de David et de Clémence alors qu'ils étaient placardés absolument partout. Les autres acteurs, eux, en revanche, étaient aux abonnés absents. Katherine, Bree, Douglas et Clarence étaient pourtant des personnages aussi importants que Stefan et Madeleine pour l'histoire ! Ils étaient même capitaux, bon sang ! "Je me demande pourquoi les autres acteurs sont aussi inexistants dans la promotion qui entoure le film." Laisse-t-elle échapper à voix haute. Rebecca observe l'écran sur lequel un public bien trop jeune pour l'œuvre s'extasie sur le personnage de Stefan, arrachant une grimace de dégoût à Madison.
- Ces gamines sont complétement inconscientes. Stefan est un véritable red flag ambulant ! - Peut-être, mais la popularité de David a explosé grâce à son rôle dans "Le Démon de Minuit". Les fans sont hystériques à chacune de ses apparitions. - Argh, le pauvre... Ça craint. - Tu l'as dit. - Et Clémence, l'actrice qui joue Madeleine ? - Oh, elle est plus discrète que son homologue masculin. Son manager lui a conseillé de se retirer des réseaux sociaux dès que des imbéciles - qui ne savent pas dissocier l'œuvre de la réalité - l'ont pris pour cible pour avoir tué Stefan au lieu de finir avec lui. - Tu plaisantes, j'espère ? - Pas du tout. Son agence a porté plainte pour harcèlement de masse et incitation à la haine. Et je ne te parle même pas de l'harcèlement sexuel que subit encore cette pauvre fille pour ses scènes érotiques avec David.
Un frisson d'horreur secoue Madison et ses membres tremblent d'une colère froide en pensant à l'état de stress intense dans lequel le film a dû plonger la pauvre Clémence depuis sa sortie au box-office. Voyait-elle un psy' pour ne pas sombrer dans la dépression ? L'histoire de la jeune femme résonnait étrangement avec la brune qui était, elle, réputée pour son physique de femme fatale dans le milieu. Elle se rappelle ce réalisateur qui lui avait proposé le premier rôle de son prochain film en échange de faveurs sexuelles. Madison, à peine âgée de 19 ans, avait été tétanisée par ses mains baladeuses. C'était Rebecca qui l'avait sauvé des griffes de ce prédateur, mais sa plastique et ses traits envoutants lui avaient valu plus d'une proposition déplacée dans le milieu, sans parler des remarques sexistes et misogynes... En y repensant, le film de ce gros porc avait eu un succès retentissant.
- D'ailleurs, tu risques de rencontrer une partie du casting du "Démon de Minuit" très bientôt... - Qu'est-ce que tu racontes ? - Le dernier film dans lequel tu as fait une apparition va sortir sur cette nouvelle plateforme de streaming en ligne, et ils t'ont invité à leur soirée de lancement. - Je n'ai aucune réplique dans ce film, Becca. Je me contente juste de jouer les filles ultra sexy en faisant du car-wash en maillot de bain ! - Un rien suffit parfois pour avoir ses entrées ! - Tu parles... Je veux être actrice, bordel ! Avoir des répliques, au moins ! Jouer des scènes profondes qui chamboulent les cœurs... Crever l'écran avec un partenaire de jeu ! Je ne suis pas actrice de charme ! - Je sais. Ça viendra, Maddie. Ton heure de gloire finira par arriver, j'en suis certaine. Peut-être même plus tôt que tu ne le croies. - Tu parles...
Un membre du staff toque à la porte, interrompant la discussion. "Début de la séance photo dans 5 minutes !" Rebecca hoche la tête avant de se tourner vers Madison, un sourire aux lèvres alors qu'elle s'apprête à poser en lingerie pour Victoria Secret. "Pour le moment, interdiction de baisser les bras, jeune fille, nous avons un contrat à honorer !" La moue boudeuse de sa protégée arrache une expression peinée à Rebecca. Sa voix s'adoucit. "N'abandonne pas tes rêves, Maddie, et patiente encore un peu, tu veux bien ? La chance finira bien par tourner."
*
Madison, assise sur le canapé, masse ses pieds endoloris par ses leçons de danse tandis que Rebecca lui apporte une paire de talons aiguilles flambant neuve, faisant fi des douleurs de sa protégée avec un haussement d'épaules. "J'ai eu un mal de chien à les dénicher, mais elles iront parfaitement avec la robe que je t'ai trouvé pour le gala d'ouverture !" Madison lève les yeux au ciel en secouant la tête d'un air dépité. Une nouvelle robe, de nouvelles chaussures, encore. "Tu as acheté tout ça avec l'argent durement gagné de mes cachets, je suppose ?" Becca s'offusque, une main sur sa poitrine, l'autre sur une de ses hanches. "... Bon, ok. Et alors ? Je te signale que je fais tout ça pour toi, Maddie ! Tu sais à quel point ces événements sont importants en matière de comm' et d'opportunités potentielles ! Tu te dois d'être la plus belle, et je suis là pour te sublimer ! Sans moi, tu irais là-bas en jogging baskets !" La jolie brune affiche un rictus narquois sur ses lèvres pulpeuses. Becca n'avait pas tort. Madison avait toujours préféré les tenues amples depuis que ses formes féminines s'étaient développées à l'adolescence, car elle l'avait senti : le regard des gens avait changé dès lors. Ainsi, son corps dissimulé derrière des tissus amples, son esprit était plus tranquille en public. Les hommes l'abordaient toujours, mais avec bien moins d'insistance et de lourdeur que si elle portait une paire de cuissardes avec une jupe, ce qui la désole profondément, car le fait qu'elle doive se brider dans ses envies vestimentaires pour ne pas être emmerdée dans la rue la fait royalement chier.
- Et si tu y allais sans soutien-gorge ? - Tu plaisantes, j'espère ? - Allez, quoi ! Il existe des caches ! On ne verra rien ! - Non. - Ça pourrait le faire même sans cache, remarque. Le mouvement no-bra est de plus en plus répandu, ça ne choquerait personne. Au pire, on verra ça comme de la provocation... Mais c'était très en vogue dans les années 2000 ! Tu ferais un malheur ! - Non. - Oh, t'es pas drôle ! - Tu veux pas que j'y aille nue pendant que tu y es ? - Tu serais prête à- - Je DÉCONNAIS, Becca ! Ma parole, t'es une véritable harpie quand tu t'y mets !
Rebecca hausse les épaules d'un air désinvolte. "J'aurais essayé !" Conclut-elle en déposant la paire de talons aux pieds de Madison. "J'ai un dernier cadeau pour toi." Maddie lève un sourcil, l'air suspicieux. "Encore un cadeau acheté avec mes cachets ? Un cadeau de moi à moi, en somme ?" Becca lui tire la joue en faisant la moue, arrachant une grimace à son amie. "Pas cette fois, jeune fille." Après s'être frottée la joue, Madison attrape de justesse le petit paquet soigneusement emballé que lui jette Rebecca. À l'intérieur, un bracelet semblable à celui que portent les jeunes filles à leur bal de promo. Les doigts de la jeune fille effleurent les pétales translucides. "Qu'est-ce que c'est ? Elles sont magnifiques !" demande-t-elle, fascinée par ces fleurs qu'elle n'avait encore jamais vues. Rebecca hausse les épaules en réarrangeant ses cheveux auburn. "C'est une amie productrice qui me les a offertes. À ce qu'on dit, elles porteraient chance. Mais, tu sais, moi et les plantes..." Madison éclate de rire en hochant la tête. Oui, Becca n'était pas réputée pour avoir la main verte. Elle avait fini par laisser dépérir chaque plante qu'elle avait achetée. "Merci, Becca. Peut-être qu'elles me porteront vraiment chance, qui sait." Rebecca sourit avant de regarder sa montre. Elle blêmit et se lève d'un bond. "Oh, merde ! On est grave à la bourre, là ! 'Faut vraiment qu'on se bouge si tu veux être vue sur le tapis rouge !"
*
Dans la limousine, les cris d'effervescence des fans agglutinés derrière les barrières qui ornent le tapis rouge parviennent à Madison. Les vitres teintées empêchent le public de voir l'intérieur de la voiture, mais les passagers, eux, ont tout le loisir d'observer la foule. Des jeunes, très jeunes, trop jeunes, agitent des posters de personnalités, des affiches de films ou des calepins en espérant obtenir un autographe ou une photo avec leurs idoles. Parmi eux, le visage de David. Madison grimace en réalisant avec horreur que le monde semble être tombé en émoi pour Stefan Whistledown. Le visage de Clémence n'apparaît nulle part. Madeleine parait inexistante dans le cœur des fans et Madison trouve cela injuste. Elle espère avoir le plaisir de rencontrer l'actrice à l'événement, car elle meurt d'envie de lui témoigner sa sympathie et de lui apporter son soutien.
"Prête ?" Demande Rebecca alors que le chauffeur de la limousine fait le tour du véhicule pour venir ouvrir la portière. "Toujours." Répond la femme en lançant un dernier coup d'œil à son bracelet porte-bonheur pour se donner du courage. Luttant contre son envie de prendre ses jambes à son cou, Madison grime son visage en cette expression de sirène qui lui sied si bien. Le chauffeur lui tend la main pour l'aider à sortir élégamment de la limousine. Les flashs des photographes fusent à la seconde où la jeune femme pose le pied-à-terre. La démarche assurée, gracieuse, ensorcelante de la jeune femme envoûtante qui avance en posant sous différents angles attire les regards. Rebecca dit que cette capacité à capter l'attention est innée chez sa protégée. Elle en est fière. Madison pense qu'elle exagère. Elle sourit sincèrement à certains, poliment à d'autres.
Au milieu de la foule drapée de rouge et de noir, le blanc immaculé de sa robe la fait clairement sortir du lot. Un coup de Rebecca, sans doute, puisqu'elle semble avoir volontairement fait fi du thème du gala : en rouge et noir. La brunette lance un regard meurtrier à sa manager, habillée de noir, qui hausse les épaules avec un sourire espiègle et reprend sa conversation comme si de rien n'était.
Le regard des hommes est sans équivoque, celui des femmes, plus discret, n'en est pas moins inquisiteur pour autant, mais Madison ne se démonte pas. Elle poursuit son ascension sur les marches avec la prestance d'une véritable reine. Elle s'imagine régner en maître du jeu. Tout ceci, ce n'est rien plus qu'un jeu. Une pièce de théâtre. Un énième tournage. Chacun à son rôle à jouer, et Madison connaît le sien sur le bout des doigts.
Au sommet des marches, un homme drapé de blanc dénote du reste de la foule. Le regard de la jeune femme est irrémédiablement attiré. L'espace d'une seconde, elle s'arrête, surprise par la beauté angélique de ce prince qui semble tout droit sorti d'un conte de fée. Elle l'observe. Non, elle ne voit plus que lui. Les flashs autour lui confèrent une aura angélique. Il ressemble à un Dieu dont la seule beauté suffirait à convaincre quiconque de lui prêter allégeance. A-t-il été piégé, lui aussi, pour débarquer en blanc à une soirée à laquelle le code vestimentaire est rouge et noir ? Le temps semble ralentir et se suspendre tandis qu'il pose un regard bienveillant sur elle. Elle lui sourit timidement, embarrassée, et quand il lui adresse un signe de la main en plus d'un sourire à tomber par terre, la jeune femme lui répond avec un visage rayonnant. Les flashs s'emballent, et certains fans poussent des cris emballés. Le couple d'inconnus, lui, ne parait même pas avoir conscience de la traînée de poudre qu'il vient de semer avec cet échange silencieux.
*
Madison est tout sourire, alternant entre des selfies avec quelques célébrités montantes dont elle ne connaît même pas le nom et des salutations d'usage. La communication passe par ça, aussi. On s'échange les numéros de téléphone. On se tague sur les réseaux sociaux. On fait semblant d'être les meilleurs amis du monde. On tourne de petites vidéos pour donner l'illusion de s'amuser, alors que tout n'est qu'une forme de stratégie de marketing.
Une grimace discrète, qui passe inaperçue, trahit la brunette. Ses pieds la font atrocement souffrir, mais elle sait que c'est le cas pour toutes les femmes présentes dans la salle. Elle remarque la manière que beaucoup ont à danser discrètement d'un pied sur l'autre pour tenter d'apaiser les brûlures causées par leurs maudits escarpins. Certaines se retrouvent même pieds nus, ce qui n'est pas sans rappeler Madeleine dans une scène du "Démon de Minuit" qui, les pieds ensanglantés, est portée par Douglas comme une princesse jusqu'à sa chambre. Stefan, dissimulé derrière un saule pleureur, observe la scène dans la pénombre, furieux qu'un autre homme touche celle qu'il estime être sienne.
Madison, de retour dans la réalité, rejoint le buffet pour porter une coupe de champagne à ses lèvres, qu'elle trempe légèrement avant de les humecter. Son regard balaye l'effervescence de la salle. Elle n'a pas recroisé son bel inconnu, ce qu'elle déplore. Elle aurait aimé connaître son nom, discuter un peu avec lui et en apprendre plus sur sa vie.
Mais, soudain, la providence. Le prince fend la foule d'une démarche décontractée, mais assurée. Il n'a pas besoin de jouer des coudes pour se frayer un chemin entre les invités, le monde semble s'écarter pour le laisser passer. Alors qu'il se dirige vers le buffet, leurs regards se croisent une nouvelle fois. Ils échangent un sourire presque complice, probablement tous deux amusés par le hasard qui résulte de leur rencontre.
Madison se penche vers l'inconnu en même temps que lui vers elle. "Pardon ?" Elle lui adresse un sourire confus et rit en secouant la tête. La musique est si forte qu'elle se voit obligée de se rapprocher de lui pour lui parler à l'oreille afin d'être certaine qu'il l'entende sa réponse. Une caméra, discrète, n'en perd pas une miette. "Oh, non, pas du tout !" Répond-elle le plus honnêtement du monde. "Est-ce votre anniversaire ?" S'étonne-t-elle en étouffant une exclamation surprise. Elle observe la fleur à son poignet, radieuse, et lève le sien pour le coller contre la peau de son avant-bras sans aucune honte. "Eh bien, on dirait que la déesse du destin veut vraiment nous réunir, ce soir, ne trouvez-vous pas ? Entre la concordance de nos tenues et ces fleurs au poignet, n'importe qui se ferait des idées !" Plaisante-t-elle en lui tendant un verre de whisky. Elle lève sa coupe de champagne en trinquant doucement contre le verre qu'elle vient de lui tendre avec un clin d'oeil séducteur. "Joyeux anniversaire, beau prince." Une nouvelle plaisanterie qu'elle termine par un baiser sur la joue du bel inconnu avant de suivre des yeux la personne que désigne Thomas. Elle semble surprise en posant son regard sur David, non pas parce qu'il parle avec l'une des plus belles femmes de la planète, mais bien, car il colle réellement bien aux caractéristiques physiques de Stefan Whistledown. Madison éclate de rire en secouant la tête. Décidément, quel hasard. "Votre meilleur ami va attirer des ennuis à la plus belle femme du monde s'il continue de la draguer aussi ouvertement, vous savez ? J'ai entendu dire que ses fans étaient pour le moins... extrêmes." Elle reporte son attention sur Thomas avec un sourire désolé. "Vous m'excuserez auprès de votre ami, mais je n'ai pas encore vu le film qui risque de lui valoir un Oscar." Avoue-t-elle, une moue boudeuse sur les lèvres, l'air amer. Elle avait tellement voulu ce rôle de Madeleine. "Je m'en fiche, d'abord, j'ai toujours préféré Douglas à Stefan... Et Clémence est sans aucun doute une Madeleine fantastique..." Chuchote-t-elle plus pour elle-même que pour lui en secouant la tête pour se remettre les idées en place.
Elle se redresse, un sourire embarrassé aux lèvres, tandis qu'elle rejette ses cheveux en arrière d'un coup d'épaule confiant. "Pardonnez-moi, je ne me suis même pas encore présentée." D'un geste assuré et élégant, la brunette lui tend une main parfaitement manucurée, celle-là même où trône le bracelet de fleurs à son poignet. "Je m'appelle Madison Young. Et vous êtes ?"
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Clionestra
Lun 14 Oct - 23:49
Thomas Instinct
J'ai 24 ans et je vis à Hollywood, au bon vieux USA. Dans la vie, je suis acteur et je m'en sors relativement bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis en couple selon les médias... et je ne peux rien faire contre ça... surtout que ça permet à la seconde victime de réparer une injustice sur son CV. ► Il a une soeur de huit ans, Rose ► Son meilleur ami est David ► Il a fait trois films en tout ► Il lui arrive de faire des crises de panique, surtout s'il n'a pas un membre de sa famille (David compris) à ses côtés
Thomas observe la jeune femme. Elle est si proche et si belle. Elle est telle la sirène immobile sur son rocher qui attire les victimes à la dérive. Elle peut noyer les cœurs sans soucis. Personne dans cette pièce ne semble remarquer l’attraction presque surnaturelle qui émane d’elle. Si Thomas a pu jouer un Douglas sous le charme d’une Madeleine, il doute que son visage reflétait la surprise et la fascination qu’il a sur le visage à l’instant. Elle a une petite fossette quand elle sourit. Beaucoup trouve que cela enlaidit un visage, lui il trouve cela charmant, rajoutant à la perfection de la tentratice des mers la proximité d’une humaine bien présente. Il sourit sans honte.
- C’est mon anniversaire. J’ai l’habitude de faire des cadeaux aux autres pendant cette fête… et ma petite sœur ET mon meilleur ami ont décidé que c’était leur plaisir de me voir, ici.
Son meilleur ami, c’est pour avoir un soutien quand il en aura besoin. Et il en aura besoin à un moment ou à un autre. Il n’en doute pas. David est un homme parfaitement à l’aise en société mais parfois des choses le dépassent et il a besoin d’un havre de paix. Thomas lui apporte ce moment de paix presque parfait. Rose, c’est simplement de le voir auprès d’une société d’élite comme le « prince qu’elle sait qu’il est ». Il secoue la tête. Vraiment, ils ne peuvent pas demander des cadeaux à acheter comme tout le monde ? Il regarde leur fleur assorti. Il sourit.
- Ma sœur a du hurler quelque chose comme ça quand elle vous a vu à la télévision. Je l’imagine très certainement sur les jambes de mon père, refusant de se coucher pour voir le reste de la soirée à travers les caméras.
Il rougit à peine, cachant son trouble dans une fausse habitude de ce genre de réaction. Mon dieu, voilà qu’elle l’appelle prince comme sa sœur. Rose va lui crier dans les oreilles jusqu’à la fin de sa vie, si elle l’apprend. Sa sœur n’est pas le genre de personne à se taire. Il se reprend en regardant David.
- Extrêmes, c’est le mot, souffle-t-il pour qu’elle soit la seule à l’entendre. Elles lui font peur pour la plupart. Elles aiment tellement son personnage qu’elles lui proposent des choses particulièrement… dérangeantes dans leurs lettres. Il déteste ça. Mais il ne râlerait jamais devant une assemblée d’acteur de la notoriété que ça lui donne.
Mais il a besoin de le dire. Il a besoin de dire à quelqu’un, au moins une personne, que Stefan et David sont bien deux personnes distinctes… et que David déteste devoir expliquer pourquoi il n’enfermera personne dans sa cave. Plusieurs interviews lui demandent comment il prend sa nouvelle popularité, et ce qu’il aimerait dire à ses fans. Il dit qu’il le prend bien, et qu’il aime que les spectateurs apprécient sa performance. Thomas ne sait pas s’il arriverait à être aussi détacher. « Je déteste. J’aimerais ne pas avoir fait le film. Mes fans sont folles ». Voilà ce qu’aimerait crier David. Surtout qu’il sait parfaitement ce qui arrive à Clémence de son côté. Il lui a même envoyé une lettre pour lui demander pardon, mais cette lettre est peut-être détruite avec les autres de menaces, pour ce qu’il en sait. Alors Thomas veut que quelqu’un le sache, le comprenne, il n’aime pas avoir le droit à l’étiquette d’un homme malsain que l’on plaint d’être mort.
Quand la jeune femme s’excuse de ne pas avoir vue le film, il se demande comment elle peut savoir alors qu’il est le personnage principal… avant de se souvenir que le visage de David était partout pour la promotion. Le triangle amoureux n’avait que de branche dans le triangle. Quand elle parle de Douglas, qui est aussi son personnage préféré, avec Mia et Benedict pour tout avouer, ça le fait sourire d’une manière bien plus intense que ce que ça ne le devrait.
- Vous avez le temps, et puis, qu’est-ce qu’un oscar pour les personnes comme nous, on a des fleurs translucides qui apportent la chance. Clémence est vraiment une bonne actrice, mais elle fait peur quand elle s’entraine, rit-il.
Il ne sait pas comment lui dire qu’il est Douglas… surtout qu’elle parle, puisqu’elle n’a pas vue le film, du film. Et il n’a rien à voir avec le Douglas. Il n’aurait pas été le bon acteur. Il n’a rien du prince que peut être Douglas. Il a beaucoup moins de classe. Il la regarde et il se dit pourquoi pas quand elle lui tend sa main. Il se penche, attrape sa main et fait un baisemain, digne de son rôle dans le film. Il a trouvé comment.
- Je suis enchanté, Mademoiselle. Je suis Dou… - THOMAS !
David arrive et lui attrape les épaules d’un regard paniqué. Il regarde un instant la jeune femme avant de regarder son ami qui a un pincement sur ses lèvres.
- Désolé d’interrompre. Cette magnifique femme voudrait savoir si jouer Douglas contre Stefan fait que notre amitié en a été atteinte.
Thomas sourit doucement en faisant un baisemain aussi à Eva Longoria avec un sourire ravi. Il a entendu dire que l’actrice était une femme très gentille et avenante, presque maternelle malgré son apparence. Il lui sourit et elle sourit aussi.
- Mon amitié pour David n’a pas changé d’un iota. Je lui donnerais toujours ma vie, ou un organe tout du moins. Et lui aussi. Mais je ne donnerais même pas de l’eau à Stefan s’il est en train de mourir de soif. - Parce qu’il a volé la fille ? demande l’actrice. - Parce qu’il a un grave pet-au-casque, réponds David alors que Thomas répond d’un « parce qu’il est bon à enfermé ».
L’actrice rigole et se fait appeler ailleurs. Elle finit par les laisser, puis David fait pareil. Thomas secoue la tête, désabusé.
- Ils m’ont cassé toute ma présentation. Mais je suis Thomas Instinct. L’acteur de Douglas. Mais c’est normal que vous ne m'avez pas reconnu. Il s’avère que je ne suis le personnage préféré de personne. Enfin, presque.
Il lui fait un sourire, puis un clin d’œil avant de lui proposer de trinquer d’un verre d’ice tea qu’il attrape d’un serveur qui passait par là.
J'ai 22 ans ans et je vis à Los Angeles, aux États-Unis. Dans la vie, je suis actrice et je m'en sors bien, même si c'est davantage grâce à mon corps qu'à mes compétences scéniques. Sinon, le monde m'imagine en couple avec un bel inconnu. Ça ne me dérange pas, car cette relation m'offre des opportunités en or.
- Son père est ingénieur, sa mère, elle, est décoratrice d'intérieur. Ils sont souvent absents. - Elle est fille unique. - Elle a une licence de lettres. - En plus du théatre, elle se perfectionne en chant et en danse. - Elle joue de plusieurs instruments. - Elle est modèle à ses heures perdues. - Elle n'a jamais décroché de grands rôles, principalement à cause des préjugées sur son physique de bimbo, mais aussi des avances qu'elle refuse.
Le 16 mai. L'esprit de Madison prend inconsciemment note de la date du jour comme étant l'anniversaire de son bel inconnu.
- Le 16 mai. répète-t-elle en lui prenant la main avec douceur. Elle l'observe un instant, la retourne pour analyser les traits de sa paume et vient retracer sa ligne de vie du bout du doigt d'un geste lascif. Elle sourit et se perd dans sa contemplation.
- Vous êtes donc du signe du taureau, que l'on associe à l'élément de la terre en astrologie. On dit d'eux qu'ils sont ancrés, particulièrement loyaux et sensuels. Qu'en pensez-vous ? demande-t-elle avec un sourire en coin. La sirène relève son menton vers Thomas et son regard pénétrant semble mettre l'âme du jeune homme à nu.
Ses doigts effleurent les lignes de sa main dans une caresse des plus tendres. Elle apprécie la douceur de sa peau sous la pulpe de son index. La chaleur qui émane de lui n'est pas brûlante ou étouffante, mais réconfortante. Elle se sent étrangement à l'aise avec lui. Elle ne sait pas pourquoi, mais elle a l'étrange impression de l'avoir déjà vu quelque part. Elle réfléchit, se creuse le cerveau, mais est incapable de se rappeler où. En revanche, elle sait une chose : si Thomas est présent au gala, c'est qu'il doit forcément faire partie du monde du show-business, lui aussi. Et si Becca n'était pas trop occupée à faire la tournée des réalisateurs et des producteurs pour promouvoir sa protégée, Madison sait qu'elle se serait fait un plaisir de la renseigner en moins de deux.
Elle observe l'Apollon d'un œil bienveillant et penche légèrement la tête de côté en s'abandonnant à son introspection. Thomas est plus grand qu'elle, d'au moins une bonne dizaine de centimètres. Il est élancé. Son corps est finement musclé. Il a l'allure d'un véritable androgyne. Il semble presque avoir été sculpté dans le marbre tant sa beauté est saisissante. Un mannequin, peut-être ? L'égérie d'une maison de luxe que l'on placarde le long des avenues les plus renommées du monde. Il y aurait son visage sur les écrans de Time Square où les publicités dans lesquelles il est la muse sont diffusées en boucle. Elle n'a aucun mal à l'imaginer en train de défiler pour des créateurs lors de la Fashion Week, ce qui expliquerait qu'elle ait le sentiment de l'avoir déjà vue sans même le connaître. Lui, le bel inconnu que l'on diffuse sur tous les écrans. Oui, Madison décide que cette fantaisie tout droit sortie de son esprit sera la réalité — jusqu'à preuve du contraire. Pour elle, Thomas est celui dont personne ne connait le nom, mais dont le visage est de notoriété publique.
- Eh bien, si vous avez l'habitude de gâter ceux qui vous entourent le jour de votre anniversaire... Permettez-moi de considérer notre rencontre comme un cadeau. Sourit-elle avec une moue pour le moins charmeuse sur les lèvres.
Quand Thomas lui dit que sa petite sœur est le genre de demoiselle à penser que leur rencontre ne peut qu'être providentielle, Madison rit en levant sa coupe de champagne en témoignage de son respect pour cette petite fille enthousiaste. Il rougit et cela la flatte. Elle en joue un peu, d'ailleurs, en se rapprochant de lui pour lui murmurer au creux de l'oreille.
- Vous savez ce qu'on dit... Le hasard fait bien les choses. Plaisante-t-elle avant de porter le verre à ses lèvres pour en boire une gorgée. Le premier et le dernier de la soirée, se promit-elle, car elle refusait que l'alcool lui monte à la tête.
Madison arrête son regard sur David. Elle écoute Thomas avec attention, une grimace sur ses lèvres fardées de rouge. Il n'était pas rare de voir des acteurs essayer de se défaire d'un rôle qui leur colle un peu trop à la peau. Certaines personnes s'investissaient beaucoup trop dans leur interprétation, mais peu d'acteurs avaient le courage d'avouer qu'ils n'étaient pas ressortis psychologiquement indemnes d'un tournage. La nuance entre la réalité et la fiction se floute et laisse les acteurs à la dérive. Mais David, lui, semblait décidé à ne pas laisser une telle chose lui arriver. Stefan Whistledown ne gagnerait pas la partie. Pas cette fois-ci.
- Ça me sidère de voir des personnes idéaliser et fantasmer sur un personnage aussi dangereux que Stefan. Merde, il part complètement en vrille ! Il tue ce pauvre Douglas. Il tue Clarence devant Madeleine ! Il la prive de tous ceux qui l'aiment. Il aurait même été capable de l'enfermer jusqu'à la fin de sa vie pour la garder auprès de lui si elle ne l'avait pas tué pour se sauver ! Peste-t-elle en levant les yeux au ciel. J'ai l'impression de ne pas avoir lu le même livre que tous ces gens dehors. Je ne sais pas jusqu'où le réalisateur a poussé l'érotisme entre Madeleine et Stefan, mais si ça se rapproche des scènes du livre, je n'ai aucun mal à imaginer les propositions indécentes que votre ami reçoit.
Tout ça, c'était aussi un peu la faute du phénomène de la Dark Romance. Nul doute que l'adoration que les lectrices vouaient à Stefan Whistledown allait de pair avec l'engouement pour ce nouveau genre littéraire. Madison ne voyait pas d'autre explication. En y réfléchissant sérieusement, Maddie pourrait même en faire le sujet de son mémoire de fin d'études.
Son regard se pose sur Clémence et son cœur se serre à la voir aussi triste. La pauvre n'a aucune lueur dans le regard. Elle semble éteinte, en retrait dans un coin de la salle. Madison sait qu'elle se fait toute petite pour ne pas s'attirer de mauvaises presses. À la voir ainsi, la sirène est prête à jurer que Clémence n'a rien d'une Madeleine. Non, elle a l'air bien plus douce. Elle n'est pas une tornade détruisant tout sur son passage, mais une brise printanière qui chasse le froid de l'hiver et revigore les esprits. Cela rend la jeune femme d'autant plus admirable pour avoir réussi à interpréter Madeleine avec justesse, car n'est-ce pas là que l'on reconnait une grande actrice ? Clémence est le genre de femme qui se transforme complétement pour ses rôles. Elle s'imprègne de son personnage et arrive à transcender la fiction pour aussi longtemps que la caméra l'exige. Il n'y avait aucun doute à ce que la presse finisse par acclamer ses performances en voyant la justesse de son jeu.
Thomas tire Madison de ses rêveries. Elle cille et reporte toute son attention sur le bel Apollon. Il rayonne et semble flatté, sans que Maddie comprenne pourquoi. Elle ignore encore que Thomas est l'acteur qui a donné vie à son personnage favori, mais elle répond au sourire divin du jeune homme avec un air resplendissant.
- Vous avez raison. Rit-elle en toute légèreté tandis qu'elle colle son poignet à celui de l'Apollon pour admirer leurs bracelets assortis. Tant pis pour le rôle de Madeleine, j'aurais d'autres occasions... et au diable l'Oscar !
En effet, et plus vite encore qu'elle ne le croit ! Madison n'a pas conscience de l'engouement que sa rencontre providentielle avec Thomas est en train de provoquer. Et quand il se penche pour lui faire un baisemain, sans que les caméras en loupent une seule miette, le public amassé dehors poussent des exclamations enthousiastes. Becca, elle, est déjà occupée à écumer les réseaux sociaux pour analyser l'ampleur de la situation, un sourire grandissant sur les lèvres.
Madison n'a pas le temps de rougir. Elle sursaute en entendant une voix grave apostropher Thomas et se retourne en même temps que ce dernier pour faire face à ce nouvel arrivant qui n'est autre que l'acteur de Stefan Whistledown. La personne chargée du recrutement pour le casting du "Démon de Minuit" ne s'est clairement pas trompée en confiant le rôle de Stefan à David. Son physique colle parfaitement aux descriptions physiques décrites dans le livre.
Maddie se tait. Elle observe la scène qui se joue devant elle avec un sourire poli sur les lèvres et prête une oreille distraite à la conversation. Il n'était pas facile de se concentrer avec une beauté comme Eva Longoria sous les yeux. Madison comprend qu'ils sont en train de parler de Stefan et de Douglas. Elle cille et lance un regard voilé d'incompréhension à Thomas.
- Douglas ? souffle-t-elle plus pour elle que pour les autres, l'air ahuri. Comme Douglas Berrygreen du "Démon de Minuit" ?
Mais David et sa compagne d'un soir disparaissent aussi vite qu'ils se sont invités, laissant une Madison désabusée face à cette nouvelle surprenante. Alors, elle tire son téléphone de sa pochette à main pour y faire une rapide recherche Google à l'aide des mots-clés Douglas Berrygreen et Acteur. Et quand Thomas apparaît sur son écran, les traits doux et le regard amoureux, vêtu d'habits d'époque aux côtés de Clémence et David... Madison étouffe une exclamation enjouée. Elle clique sur la vidéo du trailer du film et regarde ses personnages préférés prendre vie pendant quelques minutes.
Elle ouvre la bouche, la referme et la rouvre de nouveau devant l'aperçu du baiser désespéré de Douglas à Madeleine avant sa mort. Madison cherche ses mots, mais il ne lui faut que peu de temps pour retrouver l'usage de la parole.
- Mais pourquoi est-ce que j'ai attendu aussi longtemps pour voir ça ? Oui, bon, je sais pourquoi, c'est parce que je n'ai pas eu le rôle de Madeleine, mais il FAUT que je regarde ce film ! s'exclame-t-elle en sautillant presque sur place.
Madison glisse son bras dessous celui de Thomas. Elle rayonne et trinque avec lui. N'est pas fan de Douglas qui veut.
- Pouvez-vous imaginer que j'ai bloqué tous les hashtags possibles et imaginables pour ne rien voir de ce film ? Et j'ai réussi à éviter la plupart des images promotionnelles ! Mais celles destinées à promouvoir Stefan et Madeleine sont tout bonnement impossibles à ignorer. Elles sont partout ! Sur les arrêts de bus, sur les écrans publicitaires, dans le métro... Soupire-t-elle en secouant la tête. Je vous promets de regarder le "Démon de Minuit" en toute objectivité pour faire honneur aux prestations des acteurs... et ce, même si vous jouez mon personnage préféré de tous les temps !
Elle éclate de rire et termine la fin de sa coupe de champagne d'une seule traite.
Madison n'avouera jamais à Thomas qu'on lui avait proposé un autre rôle dans le film. On l'avait rappelé pour lui proposer d'incarner Wanda, une prostituée à l'esprit torturé, qui culpabilise d'éprouver de l'attirance pour la gent féminine. Madison avait failli accepter, car Wanda était un personnage profondément complexe. C'était une femme traumatisée par la manière dont les hommes l'avaient traitée. Elle était même convaincue que son homosexualité était une maladie. Oh, comme Madison aurait aimé rendre hommage à ce personnage et porter ses couleurs à l'écran... Mais quand elle avait réalisé que le producteur et le réalisateur voulaient simplement faire plus d'audimat en rajoutant des scènes érotiques entre deux belles femmes, sans explorer toute la complexité qu'avait à offrir le personnage... Madison avait refusé.
- Je suis ravie de faire votre connaissance, Thomas.
Madison avait tant de questions à lui poser. Elle s'était trompée sur toute la ligne. Thomas était un acteur, et pas n'importe lequel ! Mais Becca, enquiquineuse professionnelle à ses heures perdues, fit irruption auprès du couple avec un air ravi sur le visage.
- Maddie, je suis sur le point de te décrocher un contrat en OR ! Il faut absolument que tu viennes saluer quelques personnes avec moi ! Et avec ton plus beau sourire et tes yeux de biche, je te prie ! Maintenant ! Tout de suite ! sautille Rebecca en lançant des regards derrière elle pour s'assurer qu'on ne lui fait pas faux-bond. - Becca, je- - Tss, tss, tss. On ne discute pas avec sa manager préférée !
D'une main experte, Rebecca griffonne quelques mots sur un bout de papier. Elle s'approche de Thomas pour le glisser dans la poche avant de son veston.
- Tiens, beau gosse, son numéro perso' ! Sourit-elle avant d'attraper sa protégée par les épaules pour mieux la pousser vers un groupe d'individus en costard cravate. Je suis désolée, mais on doit y aller, c'est vraiment très important ! - Je vais te tuer... Mon Dieu, Becca, je vais te tuer... - C'est ça, joli cœur, c'est ça.
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Clionestra
Dim 17 Nov - 20:38
Thomas Instinct
J'ai 24 ans et je vis à Hollywood, au bon vieux USA. Dans la vie, je suis acteur et je m'en sors relativement bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis en couple selon les médias... et je ne peux rien faire contre ça... surtout que ça permet à la seconde victime de réparer une injustice sur son CV. ► Il a une soeur de huit ans, Rose ► Son meilleur ami est David ► Il a fait trois films en tout ► Il lui arrive de faire des crises de panique, surtout s'il n'a pas un membre de sa famille (David compris) à ses côtés
La jeune femme touche sa main et il en sent un frisson étrange qui découle le long de son échine. Elle semble si concentré par sa peau, qu’il a tout loisir d’observer son visage angélique si proche de son regard. Ce moment, aussi, sera considéré comme l’une des preuves de l’amour qu’ils se portent. Parce que personne ne peut ignorer la lueur d’adoration et de fascination qui brille au fond des prunelles du blond. Il eut un sourire.
- Loyal, je le suis. Sensuel, je ne pense pas. On ne penserait pas à moi pour jouer Monsieur Grey, par exemple. Moi je serais plutôt le copain stable ou rigolo.
Il n’a jamais fait de film humoristique. Il aimerait faire un film de Noël un jour. C’est peut-être une petite ambition pour un acteur, mais faire un film de Noël où il joue un amoureux qui fait des bêtises, qui est avenant avec des situations cocasses, ça lui plairait, à lui. Il n’a pas envie de jouer dans les Marvel, ni même dans un live action, pour tout avouer. Mais un film, ou même un téléfilm, ça ne lui dérangerait pas. Qu’importe le cachet, il serait heureux de pouvoir chanter Jungle Bell de sa voix enrouée. Il garde ses doigts dans sa main et la porte à ses lèvres doucement.
- Je vous l’accorde, notre rencontre est particulièrement plaisante, mieux qu’un présent.
Il n’avait pas envie de venir, mais la rencontrer avait changé cela. Même si la sirène ne lui parlerait plus ensuite, -pourquoi une sirène adresserait la parole à un coquillage quand elle peut se mélangeait avec les tritons ?- ça reste un moment agréable entre le badinage et l’amitié naissante. Et cela lui fait du bien. Il boit avec elle, bien qu’il soit au soft pour éviter les déconvenues liées à l’alcool. Il fait un petit sourire.
- En effet. Je suis d’accord pour Stefan. Souvent les gens se rassurent en disant que ce n’est que de la fiction. Que ce qui les font fantasmer ce n’est pas du tout ce qui fonctionnera dans la réalité, cela reste un brin malsain. Dans l’histoire de Stefan, je pense qu’il était beaucoup trop tard pour que quiconque le sauve. Peut-être au début, si quelqu’un avait été là pour lui. Au moins une amie ou une connaissance. Mais il a du se faire lui-même. Et quand Katherine et Bree l’ont pris sous leurs ailes, il était déjà trop tard. Bref bref bref, se calme-t-il, les scènes de sexes sont plus douces que dans le roman de mon point de vue. David n’avait pas envie de faire quelque chose de trop hard, alors il a préféré diminuer le nombre et l’ampleur.
Il ose lui en parler. Il ne sait pas pourquoi c’est si facile de lui parler de tout ça avec elle. Pourtant, on leur a demandé de ne pas trop parler de son opinion sur le film, et le livre en général. Pour la promotion, il ne faut pas trop parler de toutes les choses profondes, juste la sensualité et l’addiction de cette histoire. C’est aussi pour ça qu’il essaie de faire son show auprès de la jeune femme, en se présentant comme Douglas, lui-même. David sort de la scène avec une Eva Longoria si belle à ses bras, et Thomas se retourne doucement. Rougissant doucement devant la jeune femme et son étonnement. Il entend le son de la bande d’annonce du film et se retourne doucement. Il rougit / sourit.
- Je serais ravi que vous le regardez alors, souffle-t-il doucement alors que la tête de la jeune femme se rapproche à nouveau de lui, comme une connivence amoureuse. Et j’ai fait pareil pour ne pas avoir une overdose de mon meilleur ami dans mes propositions instagram. J’ai hâte de savoir votre avis. Et la joie est réciproque.
Thomas pense beaucoup de chose sur le film. Il trouve dommage qu’il manque des choses ainsi. Pour lui, il aurait fallu faire une série. Un épisode par personnage, avant la scène finale qui regroupe toutes les histoires. Il se doute que l’auteur aurait apprécié cette idée. Après tout, son autre série dans le monde imaginaire ressemble aussi à l’idée. Thomas a lu pratiquement tous les livres de cet écrivain. Et il pense que même Douglas et sa complexité pas forcément évidente aurait mérité plus de temps. Alors qu’il va lui répondre ou en tout cas reprendre le débat, on les interrompt. Il regarde la jeune femme alors qu’elle le quitte. Sa main se porta tout de suite à sa poche pour vérifier qu’il avait bien le numéro de la jeune femme. Il fait un large sourire. Il ne peut pas la suivre, alors il rejoint à nouveau le buffet pour prendre de la bouffe gratuite. Il revient avec une assiette pleine de nourriture vers David, coller dans un coin du couloir. Il soupire.
- J’essaie de garder ma lumière loin de Clémence.
Et en effet, au loin, on peut voir qu’Eva Longoria a décidé de s’approcher de la jeune femme et qu’un petit attroupement se faisait autour. Il est content pour elle. Sur son téléphone, il reçoit énormément de message mais les ignore. Il soupire. Cette soirée aurait pu mieux finir, même si ce n’était pas pour quelque chose de particulièrement sportif. Juste rester avec elle. Il soupire. D’un coup, David regarde son téléphone et blémit. Il attrapa le bras de Thomas pour lui murmurer.
- Faut que tu te casses, y a Myriam à l’entrée de devant.
Thomas fait une grimace, très clairement visible. Myriam, c’est une femme qu’il a cru aimé. En réalité, c’était une femme avec des problèmes qu’il a voulu aider… Et elle a fini par devenir une manipulatrice qui voulait être avec lui. Elle l’a harcelé, elle l’appelait tous les jours. David avait dû aidé son meilleur ami pour s’en séparer comme il faut. Cela avait été douloureux. Maintenant ? Thomas évite de se retrouver dans la même ville qu’elle. Thomas fait un signe de tête. Il doit s’en aller. Il le faut, mais il aimerait dire au revoir à la jeune femme avant. Il la recherche.
- Tu n’as pas le temps. Je lui passerais le message.
Il passe à travers la salle de bal. Il la traverse le plus vite possible. Il voit la jeune femme au loin. Il essaie de lui faire un signe de la main, mais il ne sait pas si elle l’a vue. Il n’a pas le temps. Il veut éviter Myriam. Alors, il part par la porte de service, après avoir traverser les cuisines et d’avoir bousculer au moins trois personnes. Il finit par arriver dehors. La ruelle est apparemment vide. Il ne sait pas que des paparazzis ce sont mis en embuscade non loin. Attendant de voir qui sortirait par la porte de derrière. On le filme. Mais il s’en fiche. Il veut simplement partir. Alors qu’il arrive au bout de la rue, Myriam saute sur lui. Il fait un écart.
- Thomas, mon amour, sussure-t-elle alors qu’elle pose son bras au milieu entre ses seins, je suis si contente de réussir à te voir, on n’a pas voulu me laisser rentrer.
Et elle se met à le toucher. Sur le visage de Thomas, on peut voir qu’il n’est pas heureux de la voir. Il fait une petite prière pour que son meilleur ami débarque à ce moment là. Si « Stefan » dit aux fans de lyncher Myriam, elle le sera. Il la repousse encore.
- Laisse-moi. - Allez, TomTom, mon adorable amour, tu sais que je t’aime. Puis, on était si bien ensemble. - Lâche-moi, Myriam !
Mais il n’arrive pas à la pousser trop rapidement et violement. Il n’a pas envie de lui faire du mal non plus… Même s’il essaie.