La situation (bon c'est un peu réel mais un peu fantastique). Lily et Abel communiquent depuis une semaine. Le problème, c'est que pendant tout ce temps, Lily, elle était dans le coma. Et la vérité vient de tomber : C'est Tom, le meilleur ami d'Abel, qui l'a renversée ce soir là. Brutalement, les messages de Lily s'arrêtent. Et dans une chambre d'hôpital, les machines s'agitent...
J'ai 21 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma malchance, je suis célibataire et je le vis plutôt de façon indifférente... enfin c'est ce dont je me convainc. Informations supplémentaires ici.
Les bips incessants, les médecins qui affluent, les parents de Lily sont poussés hors de la chambre, pour permettre au corps médical de l'hôpital de San Francisco de faire leur boulot. Elle chute, Lily. C'est arrivé d'un coup, sans prévenir. Les médecins la disaient stable depuis la veille au soir, alors que son état empirait. Et voilà que monsieur et madame Abernathy sont obligés de faire les cent pas à l'extérieur, sans savoir si leur petite fille est en train de les quitter, ou si elle se bat une dernière fois. Quand les portes se ferment, ils entendent la voix d'un des médecins.
"Elle lutte avec l'appareil respiratoire !"
16h30. Lily, elle comprend pas. Elle a jamais vraiment su où elle était, comment elle était capable de suivre Abel, comme une aura qui le suit où qu'il aille. Elle a jamais eu le contrôle sur tout ça, ni même sur son propre état. Et voilà qu'elle savait. Elle sait qui était au volant de cette voiture qui l'a renversée. La scène la frappe de plein fouet, et elle se rappelle mieux de sa soirée. "Eh Lily, attends !" La voix de Tom qui l'interpellait alors qu'elle traversait le salon sans lui répondre pour aller dehors, dans la rue. Sa démarche rapide, alors qu'elle était encore troublée par la pression des lèvres d'Abel contre les siennes. Le crissement des pneus d'une voiture, alors qu'elle traversait le passage piéton au feu vert. Le regard paniqué de Tom, quand il a compris qu'elle était sur la route, et qu'il lui fonçait droit dessus.
16h39.Abel, Abel. Abel. Le prénom se répète comme une prière dans son esprit. Comme une supplication au ciel ou n'importe qui qui puisse l'entendre pour lui permettre de rester auprès de lui. Avec lui. Peu importe comment. Elle ne veut pas partir, Lily. Elle lui a promis de se battre. Elle lui a promis de vivre ensemble, et il lui a promis de l'ouvrir au monde.
17h00. Des tubes, partout. Elle les sent partout. Le nez, la bouche, des fils sur les bras. Quand elle ouvre les yeux, elle est confuse, Lily. Les médecins parlent autour d'elle, mais elle ne comprend rien.
Le lendemain.
Son regard suit la lampe du médecin. Les réflexes sont là, les mouvements lents. Elle assimile peu à peu où elle est, ce qu'on lui dit, ce que les autres disent autour d'elle. Ils l'ont débarrassée de la sonde respiratoire. Des tuyaux dans sa gorge, aussi. Elle n'arrive pas encore à parler, Lily. Ses parents lui tiennent la main. Parlent de ce garçon qui aurait exigé de la voir, crié au point d'en effrayer les infirmières, mais a été interdit d'accéder à sa chambre.
Mais quel garçon pourrait bien vouloir la voir à ce point ?
Invité
Jeu 13 Sep - 21:11
Abel Silverstein
J'ai 21 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Abel venait de se faire soigner les plaies qu'il avait sur le visage. Il inondait son téléphone de message en destination de Lily. Elle ne répondait plus et ça le rendait fou. Les infirmières s'enchainaient pour s'occuper de lui, car personne ne voulait avoir à cohabiter dans la même pièce qu'une tornade qui faisait les cent pas, qui lisait son portable constamment et qui s'énervait pour aller à l'étage du dessus. Mais il tenait bon, et il avait gagné son combat. Il se posta devant la porte de Lily mais personne ne vint lui ouvrir. Ses parents étaient dans la chambre, et Abel ne comprenait pas un traitre mot de ce qu'il se passait. Il bouillonnait, il gueulait partout dans l'hôpital qu'il voulait voir Lily mais personne ne voulait l'amener à la seule femme qu'il n'avait jamais aimé. Il s'assit sur le sol en tapant du pied. Pendant une heure, deux heures, trois heures. La sécurité était venue le voir pour savoir ce qu'il faisait encore là, il répondait toujours la même chose. « Je veux voir Lily Abernathy, chambre 21. » Il était devant la chambre 21 mais il souhaitait le préciser quand même. Les parents de la jeune fille avait prit pitié du garçon mais ils ne comprenaient pas son acharnement. Leur fille, avec un garçon aussi... sale ? Jamais de la vie ! Alors ils se contentaient de lui refuser l'accès.
Le lendemain. Abel avait dormi dehors, sur un banc, en train de mourir de froid. Une aide-soignante qu'il avait fortement dragué pour récupérer une couverture lui avait donné ce qu'il voulait, ainsi qu'un café. Il avait pu fermer l'oeil quelques heures. Quand le soleil apparu, il se précipita, pas lavé, crasseux et puant la mort vers la chambre de Lily. Il tapa à la porte et sa mère répondit présente. « S'il vous plait, Madame Abernathy, elle me connait, j'ai besoin de voir qu'elle va bien, laissez moi lui parler. » Et elle soupira fortement. Elle fit un geste de la main pour l'inciter à entrer, et il la vit enfin. Plus belle qu'il y a quelques jours, plus grandiose que dans ses souvenirs. Elle était dans un sale état mais bien trop belle pour lui. C'est fou, fou comme il tremblait de nervosité, excité de rencontrer Aphrodite. C'était ce qu'elle lui faisait ressentir. Il fit un grand sourire en allant vers elle. Il prit sa main. « Mon Dieu, Lily... Je te l'avais dis que tu te battrais, j'avais espoir pour deux au moins ! » Et il se mit à rire légèrement en penchant la tête sur le côté, ses boucles grasses par la nuit pourrie qu'il avait passé lui tombant devant les yeux. « Je ne suis pas aussi présentable que toi, tu m'excuseras ! » Et il serra ses doigts autour des siens.
J'ai 21 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sortais très bien avant mon accident. Sinon, grâce à ma malchance, je suis techniquement en couple sauf que je n'ai pas le moindre souvenir de cette histoire. Informations supplémentaires ici.
Des exercices, toujours plus d'exercices, de tests pour voir ses réactions, pour s'assurer qu'elle ne garde aucune séquelle physique importante de son accident. Lily, elle a mal. Elle a l'impression d'être passée sous un rouleau compresseur, et peine à regarder ses bras jonchés de blessures et autres piqures. Trois semaines. Elle a eu un choc quand on lui a expliqué qu'elle venait de passer trois semaines dans le coma. Pire encore sachant qu'elle n'avait pas le moindre souvenir de son accident, ou de la soirée qui a précédé. Sa voix est enrouée, ses paroles... restreintes. A vraie dire, elle ne parle que lorsque le médecin le lui demande, ou pour rassurer ses parents. On lui parle déjà de rééducation, de soins, de semaines avant qu'elle puisse penser à reprendre une vie "normale". Aller en cours, retourner dans sa petite chambre étudiante sur le campus... On lui explique que si son corps commence à guérir lentement des blessures infligées par l'accident, il faut également surveiller ses fonctions motrice. Et Lily, tout ce qu'elle veut, c'est sortir de là. Reprendre sa vie d'avant.
C'est au bout d'un petit moment, alors que son père est parti travailler, que des coups frappés à la porte attirèrent la jeune fille et sa mère, cette dernière allant ouvrir pour parler avec quelqu'un. Lily, elle est encore sous l'effet des médocs, elle est encore patraque, alors elle n'écoute qu'à moitié. Du moins, jusqu'à ce qu'elle voie sa mère faire signe d'entrer à quelqu'un, et indiqua à sa fille qu'elle allait prendre un café. La brune fronce les sourcils en voyant l'expression de sa mère. Comme si quelque chose la... dérangeait ? Et alors qu'elle s'attendait à voir Mackenzie, ou n'importe laquelle de ses rares copines sur le campus, elle resta interdite lorsqu'elle reconnut Abel Silverstein, le regard rivé sur elle, qui entrait dans sa chambre d'hôpital. Il semblait... clairement épuisé. Et encore plus fatigué que ses lendemains de cuite où elle l'avait vu se pointer en cours, pour mieux dormir sur ses livres. On aurait dit qu'il venait de passer la nuit dehors. « Abel..? » elle appelle d'une voix enrouée, confuse, quand il vient s'installer à ses côtés, pour... prendre sa main. Elle baisse les yeux sur ses doigts entrelacés à ceux du brun, figée. Son discours n'a pas le moindre sens. Son comportement, encore moins. Elle fronce les sourcils, tente de se redresser dans son lit. La lumière de la chambre est pénible, et elle réalise qu'elle est loin d'être prête à se mouvoir librement, même pour simplement se redresser. « De.. quoi tu parles ? » La confusion perce dans la voix de l'étudiante, qui s'efforce d'ignorer combien la prise des doigts d'Abel autour des siens lui semble agréable et familière. Ca n'a aucun sens. « Qu'est-ce que tu fais là ? » Son ton n'est pas agressif, elle n'en a pas la force, ni l'envie. A vraie dire, elle est sincèrement curieuse, Lily. Pourquoi est-ce qu'il était là, à la regarder comme si elle était la huitième merveille du monde ? « Je comprends pas, les médecins m'ont dit que je n'ai oublié que le soir de l'accident.. » Alors pourquoi est-ce que quand elle l'observe, elle a l'impression soudaine d'avoir manqué beaucoup plus ?
Invité
Jeu 13 Sep - 22:59
Abel Silverstein
J'ai 21 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Abel avait cette étrange impression d'être enfin à la maison. Ce qu'il avait pu dévoiler ces derniers jours, ce qu'il avait ressenti pour elle dans cette situation bien trop étrange, c'était un mélange d'émotion qu'il avait accepté ; c'était nouveau mais il gérait. Et quand il posait les yeux sur la plus belle femme de la Terre, évidemment qu'il se sentait chez lui auprès d'elle. Abel soupirait légèrement, il savait qu'il n'était pas bien présentable, que ce n'était pas la première image qu'il voulait montrer à Lily, qu'il avait des bandages sur les mains, des points du suture sur l'arcade, un coquard monstrueux sur l'oeil, mais elle serait là pour lui panser les plaies après qu'il l'aurait aidé à se sortir de ce coma, quitte à rester près d'elle chaque jour du matin jusqu'au soir.
Il fut sceptique quand elle posa ces questions. Il fronçait les sourcils. Il savait que parfois (il l'avait lu) quand quelqu'un se réveillait d'un coma, cette personne était confuse. Mais là, c'était autre chose. Elle était bien amochée, il en avait conscience, mais ce qu'ils avaient partagé avait dépassé les lois physiques de l'humanité, c'était un moment mystique et défiant les sciences. Elle ne pouvait pas avoir oublié ça, c'était son cerveau qui avait réagi et qui avait envoyé des SMS d'une autre dimension. « Lily, tout vas bien. C'est moi, c'est Abe. » et il avait l'impression d'être cohérent. Il voulait l'être du moins. Ou pas ? Il récupéra son téléphone portable, ouvrit la conversation avec Lily et là... c'était le drame. Aucune réponse de Lily, que les siennes. Son portable était vide des mots d'amour qu'avait pu lui dire la femme qu'il aimait. Et là, il entendit sa dernière phrase. Elle ne se rappelait plus du soir de l'accident. Elle ne se rappelait plus du baiser, elle ne se rappelait plus de ces mots échangés, elle ne se rappelait des je t'aime et de leur projet d'avenir. C'était si douloureux qu'il fut prit d'un vertige. Et là, il comprit qu'elle n'avait aucune idée de pourquoi Abel était là. Il n'était qu'un petit con qui l'emmerdait en cours et c'était tout. Il sentait qu'il n'était plus à sa place. Et il n'était plus à la maison. « Je ferais mieux de partir. Désolé de t'avoir dérangé. » Il se leva précipitamment et s'approcha de la porte. Il posa une main dessus, une pensée le transperçant : il allait retourner à sa vie merdique où la noirceur le prendrait tout entier. Était-ce pire ? Il serra les dents et baissa la tête. « Mme Abernathy, votre fille rêve de voyager. Laissez là faire, elle vous surprendra. » Et il prit la route du retour avec un taxi que le commissariat lui avait grassement payé.
J'ai 21 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sortais très bien avant mon accident. Sinon, grâce à ma malchance, je suis techniquement en couple sauf que je n'ai pas le moindre souvenir de cette histoire. Informations supplémentaires ici.
Elle sent qu'il lui manque quelque chose. Et c'en est douloureux quand elle voit la douceur et la conviction avec lesquelles il la regarde. Comme si tout à coup elle représentait son monde, incarnait le centre de son univers. Lui qui passait son temps à lui jeter des regards en biais pour accompagner ses piques et autres remarques. Il lui assure que tout va bien, et elle a presque envie de le croire à son ton et ses sourires. Il la trouble, Abel. Jamais elle n'avait été aussi proche de lui. Du moins... Pas à son souvenir. Et quand elle fait comprendre au brun qu'il lui manque des pièces de puzzle, et en principe, une soirée avant son accident, elle aurait pu tout aussi bien lui envoyer une décharge éléctrique que l'effet aurait été le même. Abel, il lâche sa main. « Je... » Je ne comprends pas. Il doit bien lire la confusion dans son regard clair, voir qu'elle ne saisit pas pourquoi diable Abel venait d'entrer dans sa chambre, de prendre sa main, dire toutes ces choses incohérentes pour finalement partir en s'excusant. Elle suit sa silhouette, soudain muette. Pourquoi est-ce qu'elle a envie de le retenir ? Peut-être que ses blessures, son expression, sa... déception ? Lui faisaient de la peine. Elle sait pas, Lily. Et alors que la porte se referme derrière lui, elle repose sa tête sur l'oreiller pour s'endormir.
Trois heures plus tard. « Je sais qu'à l'université il y a tous les genres et autres classes sociales, et que c'est tentant d'aller vers l'inconnu, mais vraiment, Lily ? Tu as vu la dégaine de ce garçon ? » Lily essaie de boire et de s'alimenter pour la première fois toute seule. La cuillère à mi-chemin vers ses lèvres, elle lève un regard intrigué vers sa mère. « Tu parles de celui qui est venu tout à l'heure ? » Olivia Abernathy hoche la tête, et regarde vers la porte comme s'il venait à peine de partir. « Tu as toujours eu tendance à vouloir t'occuper des animaux en détresse, ma puce, mais s'il te plaît, pas de ça à la maison. » La brune avale son yaourt comme si des lames de rasoir avaient été dispersées dedans, et tousse légèrement. « Ca va maman, il est juste passé brièvement. Peut-être que c'est la classe qui l'a envoyé, j'en sais rien. » Elle hausse sincèrement les épaules, tandis que sa mère secoue la tête de gauche à droite. « Je doute que ta classe l'aie envoyé trois fois à l'hôpital cette semaine, et qu'elle l'aie forcé à rester avec toi jusque l'heure limite des visites. » Cette fois, Lily elle recrache carrément l'eau qui glissait le long de sa gorge. Quoi ?
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Séances de kinésithérapie, d'orthophonie, de psy... Les jours passent, la rééducation commence. Le traumatisme crânien dont Lily a été victime demande un suivi sur plusieurs mois de ses troubles cognitifs. Quand elle sort du lit pour la première fois, elle doit marcher avec des béquilles. Certaines blessures sont encore là. Physiques. Mentales. Elle ne sait toujours pas ce qui s'est passé cette nuit là. Mackenzie est venue lui rendre visite, lui a parlé de la soirée, de l'accident, de Tom qui a été arrêté le jour de son réveil. Mais elle a beau chercher, Lily, rien ne vient. Aucun souvenir d'elle, au milieu d'une fête, un verre à la main. D'une voiture qui fonce sur elle, pour l'envoyer tête la première sur le trottoir.
Mais elle a son prénom qui lui revient en tête sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Souvent, c'est dès le réveil. Quand elle rentre enfin chez elle, elle se surprend à serrer son oreiller dans ses bras au moment de dormir. Comme s'il lui manquait quelque chose. Quelqu'un.
Puis un jour, Lily elle décide de sortir. Ses parents ont eu du mal à se décider à la laisser, mais les médecins ont dit que s'ils l'enfermaient, elle risquait de développer une phobie du monde extérieur. Foutaises. Lily, elle voulait prendre l'air depuis des jours déjà. La démarche clopinante, elle déambule dans le quartier, va jusqu'à un square où quelques passants se promènent malgré le froid hivernal. Elle s'est déjà réveillée il y a plus d'un mois. Et pourtant, elle sait qu'elle devra encore faire des allées et venues à l'hôpital jusque l'été prochain.
Emmitoufflée dans son écharpe, elle a les yeux sur son livre, Lily, jusqu'à ce qu'elle le voie du coin de l'oeil. C'est presque immédiat, dès qu'il entre dans son champ de vision. Elle bat des cils, lève les yeux, tourne la tête pour voir Abel, le visage fermé, la cigarette au bord des lèvres, les mains dans les poches. Il passe devant elle comme s'il ne l'avait pas vue. Et pourtant, elle aurait juré que son regard avait dérivé sur elle, un bref instant. « Tu devrais pas fumer autant, Silverstein. » Elle glisse les mots sans réfléchir, comme une tentative spontanée de l'arrêter dans sa course, de le voir un peu plus longtemps, de saisir le mystère qui l'entoure chaque nuit, quand elle se réveille en soufflant son prénom. Elle tente un sourire, Lily, sortant le bas de son visage de son écharpe. Sa façon de dire que l'approche n'est pas hostile. Pour une fois.
Invité
Ven 14 Sep - 15:31
Abel Silverstein
J'ai 21 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
En rentrant chez lui, il retrouvait cet air impur qui l’avait habité toute sa vie. Sa mère dormait dans le canapé, sa robe débraillée, ses cheveux gras collé sur son visage et une bouteille de bière vide sur le sol, la vaisselle débordée de l’évier, le linge s’entassait dans la machine, les fenêtres étaient noires de crasse, le sol n’était plus visible tant il y avait des déchets… un taudis. Et c’était le quotidien d’Abel qu’il avait espéré ne plus retrouver au réveil de Lily. Il se dirigea vers la salle de bain et entra dans la douche. Il aurait rêvé envoyer un message à Lily pour lui dire qu’elle pouvait le mater, mais elle le prendrait pour un pervers voire un fou. Il frottait chaque partie de son corps comme s’il voulait se nettoyer de tout ce qu’il avait pu ressentir, ces sentiments d’amour qu’il avait reçu et qu’elle lui avait repris en ne se rappelant plus de rien. Il était perdu, affolé et surtout très triste.
Il sortit de la salle de bain pour aller dans son lit, mais cette fois-ci, il sentit quelque chose de nouveau, quelque chose qu’il n’avait jamais fait, quelque chose qui était plus fort que lui et qui lui broyait les entrailles : il pleurait.
Quelques semaines plus tard…
Le temps était passé, il n’avait pas recontacté Lily. Il avait fini par croire qu’elle était le pure produit de son imagination et que peut-être était-il schizophrène. C’était possible non ? Alors il avait occulté. Une partie de lui souffrait encore, mais l’alcool, la clope, la marijuana et toutes autres formes de drogue que les clients de sa mère laissaient traîner sur la table du salon entre les traces de sperme et le tabac froid qui s’entassaient dans les tasses de café rempli de vodka, tout ça, toutes ces saletés lui permettaient de tenir le coup. Il n’avait pas mis un pied à l’université, son avenir défoncé, il ne prenait même plus la peine d’y penser. Alors il se laissait vivre sans pour autant s’empêcher de se faire mal. Il tentait tant bien que mal de tenir sur ses pieds mais c’était le seul effort qu’il voulait bien fournir.
Tom était incarcéré au San Fransisco County Jail, et il lui avait déjà rendu visite plusieurs fois. Il avait fait les accès et les autorisations pour le voir. Il était le seul à se présenter à la prison car tout le monde avait décidé de lui tourner le dos. Etrangement, sa haine s’était atténuée quand il s’était posé pour comprendre les raisons de l’accident. Tom était un gamin à la con qui voulait aider son meilleur ami. Peut-être que Lily ne le verrait pas de cette œil mais… on s’en fout en fait, de Lily. Elle n’était plus dans la vie d’Abel. Elle ne l’avait jamais été, c’était juste les folies causés par une trop grosse prise de psychotropes, et il avait inventé des délires de SMS fantomatiques. Il traversait le square pour se diriger vers l’arrêt de bus et ainsi rendre visite à Tom, la clope au bec, amaigri, des cernes à faire peur un insomniaque. Il avait la peau à vif tant il se lavait de sa folie et il portait bien trop peu d’habit sur lui. C’était un Abel en perdition qui entendit la voix d’un ange pendant une seconde. Son pas s’arrêta net, au point de lui en faire tomber sa cigarette. « Putain de merde… » Il la ramassa rapidement, la remit entre ses lèvres et se retourna pour voir qui l’interpellait. Et son souffle se coupa un instant avant de reprendre. Il serra les dents et tenta de garder un visage impassible, froid et dur. Mais intérieurement, il se fissurait. « Abernathy. Tom t’as pas manqué dis-donc. Tu comptes te faire rouler dessus par un vélo à rester dans le square ? » Le sarcasme, toujours. Il fallait qu’il se protège, qu’il redevienne le Abel d’avant l’accident, celui qui jouait.
Spoiler:
j'ai bien trop de peine pour abel là pourquoi je le fais autant souffrir comme ça, j'suis sadique
J'ai 21 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sortais très bien avant mon accident. Sinon, grâce à ma malchance, je suis techniquement en couple sauf que je n'ai pas le moindre souvenir de cette histoire. Informations supplémentaires ici.
Elle aurait presque pu ne pas le reconnaître. L'air absent, épuisé, débraillé, jamais Lily n'avait vu Abel Silverstein dans un tel état. Même ce jour là, à l'hôpital, lorsqu'il s'est retrouvé à son chevet, sa main dans la sienne. Souvent, elle y repense. Trop souvent, couplé à ses éveils habités par son prénom, par sa présence dans sa tête sans qu'elle n'en saisisse l'étendue. Et c'est dingue, au fond, parce que Lily et Abel, ils se sont toujours méprisés. Les regards en coin suivaient la plupart du temps des remarques mal placées, visant la plupart du temps à enrager la brune. Alors pourquoi diable avait-il semblé si bouleversé le jour de son réveil, et surtout, pourquoi est-ce qu'il était venu la voir durant des heures les jours précédant la sortie de son coma ? Elle a trop de questions qui lui restent sur les lèvres, Lily. Trop de questions qui restent sans réponse.
Pourtant, elle parvient à l'arrêter. Il perd sa cigarette, et Lily se surprend à espérer qu'elle se brise dans sa course. Depuis quand est-ce qu'elle fait attention à sa santé ? Peut-être bien que depuis qu'elle a failli mourir elle-même, elle fait attention aux autres. Elle referme son livre quand il lui adresse enfin la parole avec son habituel sarcasme. Au moins une chose qui ne change pas. « Ne dis pas ça trop fort, j'ai du négocier pour réussir à aller jusque ce square. » Poupée qui vit dans sa géole depuis sa sortie de l'hôpital. Si sa mère venait à penser à un éventuel danger, elle serait bien capable de l'empêcher d'aller partout, même dans les espaces verts. « Je suis désolée, pour Tom. » dit-elle d'un air sincèrement peiné, en songeant au jeune homme qui se retrouvait en prison pour l'avoir renversée en état d'ivresse, et avoir pris la fuite. « J'essaie de convaincre mes parents de ne pas rendre les choses plus compliquées pour lui, mais c'est difficile. » Ils ont failli perdre leur plus jeune fille, après tout, et Lily, elle comprenait. Mais elle savait aussi que Tom, peu importe la situation, était probablement lui-même détruit par ce qu'il avait fait. Et sans trop savoir pourquoi, elle a ce sentiment qu'elle est en partie responsable de ce qui lui est arrivé.
Est-ce qu'elle allait oser lui demander à lui ? Mack n'avait pas su lui répondre. D'une petite voix, elle interpelle à nouveau le brun avant qu'il n'aie tourné les talons. « Dis Abel... Tu étais à la soirée de Tom, toi aussi, c'est ça ? » C'est difficile, pour elle, d'en parler. De parler du soir où elle a failli être tuée. Mais elle a ce besoin vital de savoir, Lily. « Tu saurais pas par hasard.. pourquoi je suis rentrée seule ce jour là ? » Comme si découvrir les raisons de son départ allaient lui ouvrir une porte sur autre chose. Sur ce vide qu'elle porte depuis plus d'un mois. Elle pince les lèvres, et baisse les yeux. Pourquoi est-ce qu'elle lui demande ça ? Comme s'il en avait quelque chose à faire. Troublée, elle secoue la tête et se redresse rapidement. « Désolé, t'avais sûrement mieux à faire ce soir là, je sais, je sais. » Elle anticipe la probable réplique cinglante qu'il allait lui tirer. La démarche encore un peu clopinante des restes de son accident, elle vacille et retrouve son équilibre, pour lui faire face. « Pourquoi tu es venu me voir à l'hôpital ? » Aussitôt la question posée, sa main se place sur ses lèvres, la phrase sortie de façon trop spontanée. Mais elle a besoin de savoir pourquoi il la hante. Pourquoi est-ce qu'elle a cette impression d'être liée à lui, d'une façon qui la dépasse. D'une manière dont elle ne se souvient pas.
Spoiler:
je suis pas mieux
Invité
Ven 14 Sep - 20:46
Abel Silverstein
J'ai 21 ans et je vis à San Fransisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sors mal. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien.
Il n'avait plus entendu le son de sa voix depuis au moins un mois. Et avec autant de chose à dire... C'était douloureux pour Abel. Il avait réussi à se mettre un mur béton, grillages et chiens de garde autour de son coeur et voilà qu'en quelques mots, Lily les avaient apprivoisés, découpé le grillage et détruit le mur de béton. C'était la force qu'elle y mettait, le regard qui transperçait Abel et lui rongeait le palpitant. Il prenait sur lui autant qu'il put. C'était ça, un chagrin d'amour ? Alors c'est terminé, plus jamais il ne tomberait amoureux. « Ne fais pas comme si le sort de Tom t'intéressait. » C'était un rêve, un délire de folie que ces textos improbables. Elle ne l'aimait pas, ne l'avait jamais aimé et il devait se faire une raison.
Il enfonça la main dans sa poche et en sortit son téléphone portable. Il regardait l'heure et vit qu'il avait du temps devant lui avant son bus. Il aimait y aller tôt pour être sur de ne pas le louper et être présent pour son meilleur ami. Il pleurait tous les jours, et s'en voulait profondément. Abel ne lui avait pas parlé de la nature de sa relation avec Lily, d'autant plus que c'était dans sa tête. Il avait été soulagé d'apprendre qu'elle était en vie, il s'était étrangement mit à prier pour elle alors qu'il était le moins catholique des deux et Abel s'était moqué de lui pour ça. Ça ne l'avait pas empêché de lui amener des habits, une photo de Dieu et de la nourriture passée au crible par les autorités compétentes. « Non, je ne sais pas pourquoi tu es rentrée seule ce soir là. J'étais en train d'me taper Allison. » Bon. C'était gratuit, faux et mensonger mais il fallait arrêter tout ça, ne pas se bercer d'illusion. Abel supposait qu'il devait être bourré ou drogué, peut-être sous champignons hallucinogènes, et c'était la seule raison qui expliquait pourquoi il avait imaginé un baiser entre Lily et lui.
Il reprenait une cigarette qu'il alluma en vitesse pour la coincer dans le coin de ses lèvres. Il tremblait légèrement. Il avait froid, Abel. Sa maigreur, le manque de drogue dans son sang, tout ça rendait son corps fébrile et faiblard. Il serrait les dents. C'était tout ce qui lui restait d'humain : ses émotions. « Par acquis de conscience, rien de plus. Et puis, je ne suis pas venu te voir tant que ça. » Une part de vérité, mais c'était peut-être une millième des raisons de ses aller-retours à l'hôpital. Principalement car il avait cru l'aimer. Mais chaque fois qu'il lui parlait, lui mentait, il sentait un trou dans son estomac se creuser, à vif, comme un couteau qu'on posait sur une plaie pour la cautériser. Sauf que là, ça ne se soignait pas, ça s'agrandissait. « Lily, pourquoi tu veux me parler ? Pourquoi ces questions ? Je vais aller voir Tom là. » Il donnait l'impression de s'impatienter et c'était loin d'être le cas, il ne savait pas à quel point il avait envie de la prendre dans ses bras. Mais il tentait tant bien que mal de refouler ces sentiments au fin fond de ce trou dans le ventre, ce trou qui mange et dévore toute émotion. « Tu as l'air d'aller mieux, grand bien t'en fasse. »
J'ai 21 ans et je vis à San Francisco, Californie. Dans la vie, je suis étudiante et je m'en sortais très bien avant mon accident. Sinon, grâce à ma malchance, je suis techniquement en couple sauf que je n'ai pas le moindre souvenir de cette histoire. Informations supplémentaires ici.
C'est juste une gamine perdue. Plus d'un mois après son réveil, Lily, elle a toujours l'impression d'être dans ce lit d'hôpital. L'impression qu'il lui manque la pièce maîtresse pour tout reconstruire, pour se reconstruire et avancer. Son corps guérit, mais son mental continue de buter contre un mur. Les psychologues l'ont souvent dit : elle fait un blocage, Lily. D'origine inconnue, et qu'elle seule pourra régler. A grand renfort de thérapies, pensent les psys. Lily, elle en doute méchamment. Elle a l'impression que quoi qu'elle fasse, quoi qu'elle confie, sur ses doutes, ses craintes, ça ne suffit pas. Ca ne suffit jamais.
Elle baisse les yeux et se mord la lèvre inférieure lorsque Abel lui répond de manière cinglante à propos de Tom. Ses deux mains liées, crispées, son regard se fait un peu plus dur. « Parce que tu crois vraiment que je suis contente de la situation ? » Dans ce cas c'est qu'il la connaît mal. Très mal. Le silence retombe, et Lily ose l'interroger sur la soirée, la fameuse soirée. Dans l'espoir d'en savoir un peu, rien qu'un peu sur ce qu'elle a bien pu oublier qui puisse expliquer qu'elle se soit trouvée seule, en pleine rue ce soir là, sans attendre Mack pour la raccompagner. La réponse d'Abel ne lui apporte pas grand chose, si ce n'est un léger princement au coeur et un regard qui se détourne pour se river sur le sol, gênée. « Ah... » Le contraire l'aurait étonnée. La plupart du temps, Abel s'occupait principalement dans un lit avec une fille. Ou ailleurs, vu les exploits dont il aimait vanter les prouesses en plein cours pour gêner la brune. « Merci quand même. » Pure politesse, les mots quittent ses lèvres d'une voix presque trop blanche, comme si quelque chose la dérangeait.
Et enfin, elle en vient à la vraie question qui l'obsède depuis le lendemain de son réveil. Les images des doigts d'Abel serrés autour des siens la hantent toujours, et la perturbent d'autant plus quand il affirme n'être venu que par acquis de conscience. A quoi bon, s'il n'avait rien à voir dans tout ça ? Ce n'était pas comme s'il pouvait l'embêter pendant son coma. « C'est pas ce que ma mère m'a dit... » Elle murmure les mots dans son écharpe, plus pour elle-même que pour autre chose. Elle danse sur place, passe d'un pied à l'autre les bras croisés, sans se décider pour autant à s'en aller. Elle a l'impression que d'une manière ou d'une autre, il est lié à tout ça. Elle ne sait juste pas comment ni pourquoi. « Je... C'est juste que parfois.. » Parfois je pense à toi sans savoir pourquoi. Dès mon réveil, j'ai murmuré ton prénom sans en comprendre le sens. Elle secoue la tête et hausse les épaules, sort un sourire parfaitement faux, gêné, tout en passant une main derrière sa nuque. « Rien, rien.. je suppose que je divague un peu... Je vais pas te retenir plus longtemps, je ferais mieux de rentrer aussi. » Elle enfonce ses mains dans ses poches, puis récupère son livre sur le banc avant de le glisser dans son sac avant de réitérer son geste. « Ca va mieux, oui. » Son sourire ment, mais son regard perdu parle mieux encore. Elle est perdue, Lily. En eaux troubles, les yeux bandés, dans le noir le plus complet. Et l'impression que pas une once de lumière ne lui tend les bras. « Prends soin de toi, Abe.. » Elle bat des cils, fronce le nez, et reprend ses mots d'un air confus « ... Abel. » Et elle se détourne, Lily, pour aller vers la sortie du square, à pas lents, avec précaution.