Abel était rentré rapidement chez lui. Il avait conduit comme un fou, et sincèrement, il aurait pu se tuer s’il avait pas fait attention. En rentrant dans sa petite maison, il vit sa mère.
« Tu vas où comme ça gamin ? » Elle avait un œil à moitié ouvert, et elle était en train de préparer sa dose d’héroïne. Son garrot était déjà prêt.
« J’me casse, maman. » Et il ne se fit pas prier. Il accéléra dans sa chambre pour prendre un sac de sport et y mettre quelques pulls, des jeans, des tee-shirts, une brosse à dents, des pompes… Tout pour fuir cette ville de merde où il n’avait connu que de la merde et de la crasse. Il était désespéré, et il ne savait plus quoi faire.
« Tu fous quoi là, Abel ? » Sa mère venait de rentrer à la volée dans sa chambre, le surprenant dans sa fuite folle contre la vie.
« J’me casse, je t’ai dis. Bouge de là, tu me gênes. » Il la poussa légèrement sur le côté pour aller récupérer quelques denrées non périssables dans les placards et il revint vers sa piaule, qui était dans un état autant miteux que le reste. Sa mère lui attrapa le bras.
« Tu n’iras nulle part, tu me rapportes du fric pour t’avoir sous mon toit alors que t’es majeur, tu vas rester ici. » « Lâche moi. » et il se dégagea rapidement de sa prise. Mais la main de sa mère partit d’un coup sur la joue du brun, qui tourna violemment la tête sur le coup. Abel serra les dents, se retourna et continua à faire ses affaires. Sa mère poussa un hurlement de rage et retourna dans le salon. Il prit une grande inspiration et ferma son sac. Il embarqua son chargeur de téléphone portable et passa par la fenêtre pour fuir. Fuir, fuir, fuir. C’était tout ce qu’il avait en tête.
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Cela faisait bien une heure qu’il marchait. Il avait déposé son livre dans la boîte aux lettres de la bibliothèque universitaire, et demain, à la première heure, il irait rendre visite à Tom avant son départ. Il avait besoin de lui dire qu’il lui pardonnait, sinon, il s’en voudrait toute sa vie. Il était épuisé, mais pas physiquement. Mentalement. Épuisé par la vie et par tous les coups qu’il recevait à longueur de journée depuis vingt et un an maintenant. La seule fois où il s’était senti vivant et heureux, c’était ce baiser avec Lily, et cette semaine à parler avec elle. C’était ça, la vie pour lui. Mais ses pensées furent stoppé par un appel de… Allison ?
« Qu’est ce que tu veux, Alli ? » « Mackenzie a appelé. » Il était tard, trois heures quarante cinq du matin.
« Grand bien m’en fasse. » Il allait raccroché, se foutant complètement de son appel quand il entendit autre chose du téléphone.
« Elle veut ton numéro. » Sceptique, il colla son oreille à nouveau à l’appareil.
« Pourquoi ça ? » « Je ne sais pas, ça a un rapport avec Tom. Elle a dit que c’était important, qu’elle pouvait l’aider. » « C’est n’importe quoi, Alli, m’emmerde pas, il est tard ! » « S’il te plait, passe lui ton numéro. » Un soupir prolongé plus tard, Abel raccrochait avec Allison pour envoyer un message à Mackenzie.
Mackenzie, c’est Abel. Mon numéro s’affiche en haut. Qu’est ce qu’il y a Tom? Mais aucune réponse ne venait. Infernal. Il le rangea au fond de sa poche, bailla légèrement et trouva un banc pour se reposer. Il n’était plus qu’à quelques kilomètres du centre pénitencier. Il s’allongea quand la sonnerie de son téléphone retentit. Mackenzie ? Lily. Son nom s’afficha en gros caractère et le coeur d’Abel s’affola. Il décrocha précipitamment, paniqué.