Dans nos terres boisées, on vivait en paix avec la nation Chipewyan, nos voisins. Et tant d’autres tribus composant les Premières Nations. On vit dans la réserve, soit une soixantaine de wignwams et de tipi donc une centaine de personnes et notamment de familles. Notre quotidien est composé de rituel, du lever au coucher, nous remercions nos Dieux de ce qu’ils nous apportent. Chaque homme et femme avait une place définie dans la communauté. Moi, par exemple, je devais tisser des bijoux afin de les revendre. Nous faisions également commerce avec les Assiniboine afin de vendre la peau des bisons. De véritables chasseurs-cueilleurs.  

Et d’un coup, les plaines ont tremblé. J’étais en train de commencer à faire bouillir de l’eau pour le repas quand je me suis arrêtée. J’ai cru que des animaux s’étaient aventurés et que nous devions les éloigner mais les hurlements qui ont suivi m’ont glacé le sang.  

Quels dieux avions-nous mis en colère ? Notre chaman ne nous avait pas prédit un tel sinistre. Les guerriers s’arment tandis qu’on ordonne aux femmes et aux enfants de se cacher. J’aide les plus lents. Du sang gicle sur ma joue. Mon cœur bat à tout rompre. Le Chaos s’abat sur nous. Tout s’est passé rapidement. Je me suis mise à courir jusque dans la fôret mais l’envahisseurs sortaient de toutes parts. La peur me tordait les entrailles. Je ne savais que faire, c’est en reculant que j’ai trébuché, des morts partout. Acte ignoble qui me sauvera la Vie, je me suis caché sous des corps, priant nos Dieux.  

Pour vivre. Pour me venger. Jamais, je n’aurais pu comprendre qu’il y avait deux assaillants bien différent cette nuit-là et que l’un des deux allait être vaincu. Je n’aurais jamais cru que ma Vie allait changer, le jour où j’ai croisé ce regard des mers. A quel point, j’allais vivre la plus exaltante des aventures et causé ma fin.  

Des jours, des nuits à pleurer le sang coulé de mon peuple. Je n’osais pas bouger de sous les corps sans Vie. Ces monstres étaient - ils partis ? Allaient-ils revenir ? Cette pensée me fait trembler. Mais je dois m’en aller, retrouver des survivants. Alors lentement, je quitte ma cachette. Terres rouges, la pluie se mêle. On pleure nos morts. Nous allions devoir purifier notre âme. Mais pour le moment, j’avais besoin de me retrouver avec moi-même, alors je m’enfonce dans la forêt, pour entrer dans ma cabane.  

Et il était là. Yeux écarquillés, cœur au bord des lèvres. Je me recule, regarde autour de moi, pour me saisir d’une flèche accrochée au mur. Est-ce que ça allait l’arrêter ? Qu’importe, je ne mourrais pas sans me défendre.  

L'expédition de la dernière chance. La dernière chance de montrer à Père que je vaux quelque chose , que je suis tout aussi valeureux que Viggo qui a rejoint le Vahalla. Si j'échoue encore une fois , je ne suis même pas sûr de pouvoir me représenter devant lui.
Ma fierté ne me le permettra pas.
Puisse Odin m'éviter ce destin.

Mes hommes ont pour la plupart confiance en moi. Aucun ne s'attendait à rencontrer la mort si vite après ce long voyage. À l'origine , nous devions simplement nous arrêter au prochain village , histoire de refaire les réserves , de prendre un peu de repos pour mieux repartir.

Je n'ai pas douté un seul instant de ce qui allait survenir.
C'était juste impossible.

Un village pillé , et certainement pas de nos mains.

L'autre groupe nous est tombé violemment dessus. Au début , il était hors de question de rebrousser chemin. Je ne voulais en aucun cas m'abaisser à donner cet ordre. Mais , finalement , je n'ai plus eu le choix. C'était bien trop sanglant, bien trop à notre désavantage.
Et , je ne voulais pas rejoindre mes ancêtres aussi piteusement...
Les rares survivants se sont dispersés pour fuir , et quant à moi je me suis caché dans le premier placard d'une maison que j'ai trouvé , le visage en sang.
Mais pas uniquement le mien.

Une cabane.
Dégradant.
Répugnant.
Indigne de ma personne , de mes valeurs .

J'ai perdu ma dernière chance.
Et maintenant ?

Caché dans un placard , je ne sais combien de temps , jusqu'à ce que , enfin , l'air semble plus calme et je m'autorise à ressortir.
Pour tomber immédiatement sur une folle barbare.
Par tous les dieux , ce n'est clairement pas mon jour.

"Oh femme , on se calme !" , je dis aussitôt posant une main sur mon épée à ma ceinture , par réflexe , sachant que mon apparence dont le sang séché sur mon visage ne va pas l'encourager à me faire confiance.

"Pose ta flèche , et laisse moi sortir d'ici."

Je dois me mettre en quête de survivants.
Et des pilleurs.
Si je ne peux plus conquérir , je ne laisserai pas mon honneur sali de cette manière par une défaite .

Je serre fort ma flèche, prête à le transpercer. Je ne sais pas ce qu’il dit. Je ne comprends pas son langage. Je ne connais que quelques mots dont femme mais c’est tout. On a déjà été envahi mais hormis du sang et des cris, ils n’ont jamais su s’exprimer correctement ces sauvages-là. Alors quand il s’adresse à moi, je ne sais pas comment je dois traduire.

Je place la flèche bien devant moi et à deux mains. Je refuse de mourir sans m’être défendue. Je l’observe, sans jamais quitter ses yeux couleur océan. Était-il blessé ? Ca m’importe peu. Je ne devrais pas me soucier de ce détail. S’il pouvait mourir après ce qu’il venait de faire à mon peuple. Ce n’était que le prix à payer.

Il ne bouge pas. Attend-t-il que je baisse la garde ? La colère gronde en moi. Tel un torrent. Le vent se lève dehors. La cabane commence à se mettre à bouger. Les Dieux sont-ils de mon côté ? Devrais-je y voir des signes ?

En tout cas, celui qui vient n’est clairement pas un bon présage. La cabane se penche violemment et tout ce qui trouve glisse vers moi dont lui. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu le réflexe de baisser ma flèche. Peut-être pas assez vite. Son torse contre le mien. Mon regard se noyant dans le sien, la peur comme deuxième peau. Je ne sais que faire.

Puis je sens du sang couler. Est-ce le sien ou le mien ? Je n’ose pas regarder. De toute manière, tant que les Dieux s’exprimeront, on ne pourra rien faire. Pas sortir. Bloquer avec l'ennemi. Quelle tragédie. Je le détaille. Si je devais mourir maintenant, je ne veux pas oublier le dernier visage que je dois hanter.  

Je ne veux pas subir l'humiliation de mourir de la main d'une femme étrangère. Puisse les dieux m'épargner ce triste sort. Encore plus, après avoir passé des nuits à survivre en ce lieu. J'essaie donc de calmer ses ardeurs , de lui faire comprendre que je ne fais pas partie de ceux qui ont détruit ce village , que je n'ai pas l'intention de lui faire du mal.
Mais, il semblerait qu'elle ne comprenne pas mes paroles , et la situation commence à m'agacer. Je ne supporte pas qu'elle ose soutenir mon regard de cette manière , un peu comme si elle me défiait.
Je hais cette sensation.

"Baisse ton arme !" , je répète un peu plus vivement cette fois-ci , alors que la cabane semble s'effondrer , brusquement.

Je ne comprends pas tout de suite ce qui se passe. Pourquoi tout tombe , tout d'un coup ? Et pourquoi , ai-je dû me retrouver tout contre l'étrangère ?
J'ai vu le bout de sa flèche , et par réflexe me suis décalé , avant de tomber sur elle. Utile ou non , je ne saurais dire en ce moment précis , alors que mon regard est ancré dans le sien.

"Tu as peur. Tu as peur de moi. Mais , je ne t'aurais pas attaqué." , je souffle froidement , ne sachant si elle me comprend plus que toute à l'heure. Je sens du sang. Le mien ou bien le sien ?

"Je vais me lever doucement. Ne panique pas. Je ne te ferais rien." , je continue , ne souhaitant pas vraiment devoir supporter le fait d'être contre son corps plus longtemps.

Je me relève alors lentement pour constater que c'est elle qui s'est blessée , au haut de sa jambe , probablement avec sa flèche en tombant. Je reste un moment à la regarder , hésitant sur la marche à suivre. Finalement , je m'accroupis devant elle :

"Je peux regarder ?" , je demande sèchement , encore agacé par ses conneries. Je ne sais même pas pourquoi je m'inquiète de sa blessure. Après tout , en quoi le sort de cette femme m'importe ? Ça m'est bien égal au fond.
La blessure est superficielle. "Il faudrait mettre un linge pour arrêter le saignement...hum tu comprends toujours rien à ce que je dis ?" , j'ajoute avec un sourire en coin. Je touche alors son vêtement de dessus , mimant l'action de le déchirer avant de désigner sa blessure. Je ne vais pas le faire pour elle. Qu'elle comprenne et se débrouille.

L’homme parle. Mais je ne comprends pas tout. J’ai des notions rudimentaires. Pour les besoins primaires et c’est tout. Je vois bien ses lèvres bouger. Mais je ne saisis pas le sens. Était-il entrain de me menacer ? J’en déduis que non. A la vue de sa carrure et même en me défendant, il aurait pu me tuer.

A mon grand soulagement, nos corps s’éloignent. Je tente de me relever et la douleur m’arrache une grimace. C’est donc moi qui suis blessée. Il parle. Encore. Je fronce le regard. Il use de ses mains, à quoi joue-t-il ? Puis je comprends qu’il parle de ma blessure. Je boite jusqu’à la réserve, j’ouvre le rideau, pour en sortir une onguent.

Je relève ma robe mais je sens ce regard océan me fendre l’âme. Je me redresse pour lui demander de se tourner. Je mime ma volonté avec mon index. Semblant d’intimité, je remonte ma robe pour y découvrir ma cuisse ensanglantée. Heureusement, la flèche ne sait pas enfoncée. J’attrape une linge que je mouille avec l’averse de l’extérieur et je me nettoie. Ca pique. J’étale la mixture et bande ma cuisse. Je rebaisse ma jupe puis je fouille dans un placard pour ressortir des pains de galette, je les émiette.

Je glisse doucement l'écuelle pleine vers l’homme blanc. Et je m’éloigne de lui avec la mienne. Je mange, tout en vérifiant qu'il ne bouge pas. Je ne sais pas ce qu'il va se passer ensuite. Si les Dieux avaient décidé de s'exprimer, nous en avions pour des heures. Nettoyer la violence des sauvages. Espérer cueillir l'Espoir.

Je n'ai jamais vraiment été confronté à la barrière de la langue. Mes hommes , ma famille me comprennent , sans que je n'ai besoin de me répéter, ou de chercher à parler d'une manière simple . La plupart de ceux que je dirige , dirigeaient... , n'auraient même pas osé me demander de répéter. Alors , je me sens logiquement tendu face à cette étrangère hostile , même si ça peut se comprendre , et qui ne saisis pas ne serais-ce que l'un de mes mots.

C'est particulièrement agaçant , je dois dire. J'essaie de lui parler de sa blessure , et elle finit par se relever pour aller chercher quelque chose. Je ne saurais dire exactement quoi , mais je n'interviens pas , par crainte qu'elle n'interprète mal un de mes gestes.

Je laisse échapper un large sourire en coin , lorsqu'elle mime sa volonté que je me retourne. Au moins , c'est clair. Mais , amusant , dans un sens. J'obéis donc , n'ayant de toute manière pas vraiment la volonté d'apercevoir son corps nu. Odin seul sait à quel point je me désintéresse des femmes , depuis bon nombre d'années. Même si certains instants de bon temps peuvent être les bienvenues. Cela dit , il faut que les deux parties en soient d'accord.

Je me retourne seulement quand elle m'y autorise , du reste. Je l'observe s'activer , sans mot dire , avant de finalement m'assoir , et gratter le sol dans un geste machinal. Je me demande si mes compagnons d'armes ont survécu. Suis-je le seul à être encore en vie ?
Quand et comment pourrais-je retourner chez moi ?
Je ne pourrais pas rentrer sans honneurs...
Peut être jamais.

"Merci..." , je lâche quand elle me donne à manger , avant de me souvenir qu'elle ne me comprends pas. Tant pis. C'est son rôle de me nourrir , après tout.

Je mange avec appétit , prenant seulement conscience de ma faim. Je relève de temps en temps les yeux pour vérifier qu'elle ne m'attaque pas. Elle me regarde à chaque fois. La méfiance est mutuelle , bien que je commence à me détendre , après tout cela. J'en profite aussi pour enfin essuyer le sang de mon visage avec l'un des tissus qui traînent sur le sol. Peu m'importe à qui il a appartenu par le passé. Le sang a séché , alors il ne part pas correctement , seulement le plus gros. J'ai hâte d'avoir de l'eau :

"T'a de l'eau ?" , que je demande vivement , la gorge sèche , avant de soupirer. J'essaie de mimer l'action de boire en désignant ma bouche ouverte.

Une fois le repas finit , j'essaie à nouveau de lui parler :

"Je m'appelle Ragnar. Et toi , femme ?" , je remarque qu'elle ne saisit toujours pas. Alors , je désigne mon torse du pouce en répétant "Ragnar" puis en la désignant.
Si nous devons coopérer , autant que je connaisse son identité.

Les cieux ont pleuré les miens durant six jours et sept nuits. J'étais enfermée avec cet étranger. La communication n'étant pas des plus fluides avec lui. Des mimes pour se faire comprendre. Je n'avais guère envie d'apprendre à le connaitre mais le temps se faisait long : il fallait bien se comprendre. Homme pale se nommant Ragnar, et Roi d'un pays dont je n'arrive pas à discerner l'emplacement. Juste retenu que sa contrée était par delà les mers. En somme, jamais, je n'irais. Malgré toute la méfiance, il semblait être réceptif à ce que je pouvais lui expliquer de mon peuple. Était-je devenue déficiente ? Possible. Après tout, il avait massacré ma famille.

Ce n'est qu'au septième jour, que nous étions enfin libres, quand j'ai senti les premières lueurs du soleil s'engouffrait dans la cabane. Je n'avais pas perdu de temps, j'avais couru hors de ma prison, loin de sa personne. Tout semblait être de l'ordre du renouveau. Comme si on avait effacé l'horreur.

Bruit qui se fait dans mon dos, je me retourne. Il m'avait suivi. Devais-je être surprise ? Je finis par hausser les épaules et quand je veux refaire un pas, je me fais bousculer et tout se passe rapidement. Une main sur mon torse, une femme armée d'une lance entre moi et l'étranger. Laisse le, il ne m'a rien fait. Je me répète, jusqu'à tirer sur sa tunique et me placer devant la lance. Je retiens ma respiration. Elle ne semble pas vouloir en démordre. Je serre les poings. Tu le défends ? Lui qui a tué tes frères ? Tu t'interposes ? Elle crache sa haine. Je hausse les épaules. Oui c'était invraisemblable. Les cieux ont choisi. Il respire, c'est qu'il doit l'être. Il n'a pas à mourir de la main de l'Homme. Elle médite mes propos puis abaisse sa lance. Qu'il reste à l'écart, je ne veux pas le voir sur le camp. Il est de ta responsabilité. Je hoche la tête.

Elle s'éloigne et je me rapproche de l'homme. Je m'accroupis pour dessiner dans la terre : plusieurs huttes puis une autre plus loin. J'insiste sur celle à l'écart pour lui faire comprendre que c'était la sienne. Compris ?

Se faire comprendre n'était pas évident. D'ailleurs , malgré les jours qui ont passé, je crois qu'elle n'a toujours pas saisi que les miens ont aussi souffert de ces actes de violence qui viennent de décimer son peuple.
De fait , au lieu de m'attarder sur ce sujet , j'essaie plutôt de trouver des moyens pour que nous puissions communiquer , afin que le temps passe. De nature curieuse , je tente d'en apprendre davantage sur son peuple et sa culture , mais la langue reste difficile à saisir , et malgré les nombreux gestes , il me faudrait encore l'aide des dieux pour bien comprendre.

Sept longs jours avant d'être enfin libres de sortir. Et voilà que cette femme fuit , sans regarder en arrière. Ça m'agace , car je sais que je ne ferais pas long feu face aux autres survivants de son peuple. Je ferai lieu de parfait coupable , et il hors de question que je meurs d'une façon si stupide. Alors , je tente la seule chose à faire : la suivre , rester derrière elle comme si nous étions ensemble. Tenter de le faire paraître du moins.
Ce petit stratagème , un brin grossier , ne dure guère longtemps , et je crois voir mon heure venir quand je suis attaqué. J'ai la présence d'esprit de ne pas bouger , mais je comprends aisément que je ne dois ma survie qu'à la femme que je cotoie depuis plusieurs jours.

Pourquoi ?

C'est la question qui ne cesse de retourner dans mon esprit , même quand elle me décide que je dois m'éloigner le plus possible du camp.

"Compris."

Je m'éloigne ensuite pour m'installer. Comprenant que je ne pourrais pas compter sur l'aide de son peuple , j'oeuvre les jours qui suivent à me construire une hutte potable , ainsi qu'à trouver différents outils me permettant d'être armé. Si j'ai toujours mon épée , il me faut une lance , un arc pour chasser. C'est ce à quoi je m'attelé dès les premiers jours , après m'être lavé correctement également.

Je me sens observé. Par le peuple , mais aussi par la femme qui m'a aidé. Ce n'est pas en continu , mais ça arrive.

Je chasse aussi ma propre nourriture. Cela dit , je veille à m'éloigner suffisament du camp. Je ne sais pas si ils mangent de la viande , ni quels sont leurs rites en offrandes à leurs dieux . Peu importe ce que j'en pense , l'essentiel est que je ne rentre pas dans un nouveau conflit avec eux.
Au bout d'une dizaine de jours , j'ai pris mon aise , sachant que la jeune femme n'est jamais trop loin. Et , ce soir-là , je la vois arriver de loin.
Comment se faire comprendre ?

"Pourquoi tu m'as aidé ?" , je tente de demander en mimant avec ma lance de fortune ce que la femme de son peuple avait fait contre moi , avant de reposer l'arme pour qu'elle ne pense pas que je veuille l'attaquer. "Allenka , c'est ça , hein ? Partir ? Ton peuple veut que je parte ?" , des mimes , des doigts pointés , des dessins peut être ...Cela dit , il me semble déjà reconnaître certains mots de sa langue.

Au fil des jours, il est devenu mon objet d'études, sans le réaliser. Je consignais ses moindres faits et gestes, ses postures, les étapes de son adaptation sur nos terres. J'étais aussi bien effrayée qu'intriguée. Parce que malgré tout, il s'en sortait bien. Il se peut que j'ai pu raccommoder quelques endroits de sa hutte et lui apporter de quoi tenir le ventre. Comme l'avaient dit les ainés, il était en quelque sorte à moi, ce que je trouvais plus qu'honteux. Alors oui, je ne voulais pas qu'il meurt. Puis les rituels se poursuivaient. Aller trouver les viandes pour l'été et l'hiver. Donc une semaine dans la foret, les montagnes et d'autres contrées. Croiser les bêtes aussi grosses que nous. Préparer le passage des garçons en guise d'hommes. Puis la question s'est posée que faire de l'homme blanc. L'emmener fut décidé à l'unanimité. Mais pas seulement, j'allais devoir prouver qu'il pouvait être presque comme nous. C'est ainsi que je me suis retrouvé à devoir lui imposer une dangereuse avanture.

Je me rapproche de lui, sous le regard des miens, vraiment pourquoi j'avais dit qu'il était de ma responsabilité ? Parce que je ne me voyais pas le laisser véritablement seul. Peureuse tout de même, c'est avec un bâton que je lui tapote le bras et me recule aussitôt. Et je les entends les rires au loin. Grimace vers mon peuple avant de le regarder plus franchement. Je finis par m'accroupir pour dessiner ce que je veux lui dire. Toi venir avec nous, pour chasse de l'année d'été. Je le fixe, pour m'assurer qu'il comprenait aussi bien mon dessin que mes propos. Toi être avec moi pour trouver manger. J'ai failli lui demander s'il était ok avec cette aventure mais en vérité, mon peuple avait surtout peur qu'il pille le camp en l'absence de quelqu'uns. Entre nous, je trouve cela tout aussi ridicule, cela va de pair avec l'idée de se faire attaquer, s'il l'aurait voulu, il l'aurait fait. Un dernier regard puis je pars lui chercher une peau de bête pour le couvrir les nuits et un cheval. A toi. Je reprends mes explications. Nous aller dans montagnes que je pointe de l'index derrière lui. Nous ramener deux gros gibiers avec traineau. J'espère qu'il apprécie mes talents artistiques. Chef venir bénir toi. Et je tente de dessiner une hutte avec plein de fumée pour que les Esprits nous offrent leur protection et lui au milieu. Toi comprendre ?