Tobias l’avait dit à voix haute en riant, pourtant dans l’esprit de June ça avait résonné d’une toute autre façon. Il ne fallait pas y penser ! Simplement parce c’était illogique qu’entre eux il y ait ce genre d’attirance. Ce dont elle était certaine par contre, c’était du contraire. Elle était persuadé que s’ils couchaient ensemble, ça serait plus que bien. Alors forcement, elle changea de sujet et le remercia intérieurement d’avoir quitté les draps quelques instants. Cela lui permis de se calmer quelque peu, de dire à ses hormones de fermer leur gueule et d’aller dormir ! Un merci, un bonne nuit et elle le laissa fermer les yeux.

Et pourtant, lorsqu’elle avait éteint la lumière, June n’avait pas résisté à l’envie de se blottir dans ses bras. Pour se sentir au chaud, protégée, en sécurité. Et elle poussa la chose jusqu’à resté lové contre lui même après six heures du matin, même en ayant réalisé qu’il entourait sa taille de son bras. Elle avait encore sommeil, elle voulait encore profiter un tout petit peu. Tant pis s’ils ne parvenaient pas à se regarder en face au matin. Inconsciemment, elle laissa échapper comme un petit gémissement ou un ronronnement lorsqu’il nicha son nez dans son cou, comme si elle appréciait le geste, qu’elle ne voulait pas qu’il arrête, que jamais il ne s’éloigne. Un soupire de bien être passa ses lèvres quelques secondes après qu’il ait resserré son étreinte sur elle.

June finit par bouger dans le lit et lorsqu’elle se tourna en se retrouvant le nez dans l’oreiller de Tobias, elle se redressa sur les mains. Le lit était vide. La jeune femme se laissa retomber quelques secondes, avant de jeter un coup d’oeil au réveil. Il était plus de dix heures. Avec lenteur, elle se redressa dans les draps pour enfin sortir du lit à son tour. Pieds nus, elle s’étira dans le couloir, baillant sans mettre la main devant la bouche, les bras croisés autour d’elle même. En effet en arrivant sur la terrasse, l’air frais contrastait avec la chaleur des draps. « -bonjour... » souffla la jeune femme : « -c’est gentil… ça fait bien longtemps que je n’avais pas dormi ainsi. » précisa June qui parlait vraiment de la qualité de son sommeil, pas du fait de dormir dans les bras d’un homme. Enfin peut être qu’il ne s’était rendu compte de rien d’ailleurs. Un léger frisson et elle rentra mettre des chaussettes et un gilet. Déjeuner sur la terrasse d’accord, mais pas comme ça. Elle revint avec une assiette et deux tartines, ainsi qu’une tasse de café. Elle mangea en silence, plissant les yeux sous le soleil d’automne.

Elle termina d’éplucher une orange lorsqu’il ouvrit la bouche. Elle laissa la tranche d’orange quelques secondes contre ses lèvres avant de mordre dedans et de répondre : « -vous êtes sur ? » que ça ne le gênait pas ? Que ça ne le mettrait pas mal à l’aise ? Que ça n’était pas jouer avec le feu surtout ! « -vous en voulez ? » demanda June en lui montrant l’orange, sachant pourtant qu’il ne mangeait pas au matin mais bon. « -et bien… vous aviez parlé d’aller se baigner. » un haussement d’épaules comme si ça lui allait très bien comme idée. « -si vous me forcez pas à apprendre à nager, ça me va. » ajouta t elle en souriant.

Une petite heure plus tard, ils étaient aux sources chaudes. En retira sa chemise elle demanda : « -hé mais au fait, vous les avez fait partir à quelle heure les types d’hier soir ? » elle venait seulement d’y penser. Un frisson la parcouru lorsqu’elle entra lentement dans l’eau, nouveau contraste chaud froid. Dos à Tobias, elle avança de quelques mètres, ses mains caressant l’eau autour d’elle. Puis elle tourna la tête et demanda : « -mais vous vous avez bien dormi ? » elle ne lui avait pas retourné la question, et vu qu’il l’invitait à venir dormir dans sa chambre chaque nuit afin qu’elle dorme vraiment, il était important pour elle de savoir si elle ne l’avait pas gêné.

Installé sur la terrasse du chalet, son regard perdu dans la contemplation du paysage, sa tasse de café dans la main, Tobias ne faisait que repenser à cette nuit passée avec June, à cette sensation qui l’avait submergé en la sentant blottit au creux de ses bras. Il était perturbé par ce qu’il était en train d’éprouver, et le soupir de bien-être que la jeune femme avait lâché lorsqu’il s’était blottit un peu plus contre lui, ne faisait qu’accentuer ce sentiment… Une gorgée de café comme pour faire taire tout ce branle-combat dans son esprit, et il tourna la tête en entendant les pas de June qui se rapprochait. Un sourire se dessina immédiatement sur ses lèvres et fut déstabilisé par sa réponse, et répondit donc simplement un « Je suis ravi de l’apprendre » en ne sachant pas vraiment si elle avait conscience d’avoir dormi dans ses bras cette nuit. Il fronça les sourcils quand elle retourna dans le chalet, et en la revoyant revenir plus couverte, il comprit. Il faisait froid. Il la laissa déjeuner dans le silence, lava la vaisselle et revint auprès d’elle pour lui proposer de venir dormir avec lui chaque soir. Il cherchait les ennuis. Mais en cet instant, il pensait surtout à June qui avait pu enfin fermer l’œil. Un hochement de tête avant de souffler un « Si vous le souhaitez » et refusa d’un signe négatif de la tête quand elle lui proposa un morceau d’orange, levant sa tasse pour lui signifier que ça lui suffisait amplement, et changea de sujet. Un léger rire passa la barrière de ses lèvres « Je ne le ferais pas, promis » et termina son café.

Une heure plus tard, au bord des sources d’eau chaude, Tobias commença à retirer ses vêtements, mais alors qu’il commençait à retirer son pull, il resta comme interdit en la voyant retirer sa chemise. Il déglutit avec difficulté en se rendant compte qu’il n’écoutait qu’à moitié, et en écoutant la fin de la phrase, il comprit ce qu’elle lui demandait. Il retira son pull avant de répondre « Vers neuf heures environ, pourquoi ? » et de nouveau, il l’observa entrer dans l’eau, se cassant la figure en retirant son jean. Il se gifla mentalement d’être aussi stupide, et se redressa avant qu’elle ne le surprenne, la rejoignant dans l’eau, appréciant le contraste avec le froid de l’extérieur. Il s’engouffra totalement dans l’eau, et ressortit seulement son corps jusqu’à la taille, plaquant ses cheveux en arrière, et retirant, d’un simple geste, l’eau sur son visage « Oui, très » avant de se rendre compte que le dernier mot n’était peut-être pas nécessaire. Il s’avança jusqu’à elle « Ce n’est pas si mal de dormir avec un homme sans coucher avec, tout fin de compte » en esquissant un sourire taquin, puis reprit avec davantage de sérieux alors qu’il se trouvait près de June « Hier, vous êtes sortie de la chambre pour vous assurer que j’allais bien… J’en suis touché, mais June… Je ne veux pas que le jour J, vous preniez le moindre risque pour me sauver. C’est une limite à ne pas dépasser. C’est moi qui dois vous protéger » et ajouta, presque aussitôt « Je sais. Vous ne voulez pas qu’il m’arrive quelque chose, vous ne voulez pas que je sois tué ou blessé, et vous ne voulez pas de ma mort sur la conscience. Je le sais… Mais est-ce que vous vous êtes mis un instant à ma place ? » Il laissa un bref silence avant de poursuivre « Je n’ai pas envie de vous perdre non plus, et d’avoir votre mort sur votre conscience, et d’autant plus alors que j’étais chargé de vous protéger. Alors je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas faire de bêtises au moment venu et de m’écouter, même si ça vous parait impossible… ». Il avait besoin de lui dire, parce qu’il craignait réellement qu’elle risque sa vie pour lui au moment venu, et il n’avait pas besoin de ça en plus du reste. Sa tête était déjà bien assez pleine comme ça.

Si Tobias avait conscience qu’ils avaient dormi blotti l’un contre l’autre, il le cachait très bien. Et ça arrangeait June qui n’avait pas envie de devoir se justifier ou pire qu’une nouvelle gêne s’installe entre eux. Ils étaient adultes après tout. S’il s’était réveillé en sursaut et horrifié de la trouver ainsi contre lui, cela aurait forcement réveillé la jeune femme. Et puis il ne semblait pas en colère ou contrarié. Au contraire, voilà qu’il lui proposait de venir passer ses nuits dans sa chambre, afin de parvenir à vraiment dormir. Elle avait pris le temps d’avaler ce qu’elle avait dans la bouche, en méditant sur la réponse. Dans sa tête ça criait oui ! Mais elle n’allait pas lui dire ainsi ! Alors elle grimaça légèrement, pencha la tête et dit : « -on verra ce soir... » hors de question de passer pour la fille facile ou l’allumeuse. Et puis ils n’en étaient encore qu’en début de journée, ils pouvaient très bien s’engueuler entre temps ! Puis elle avait insisté du regard en tendant un peu plus un quartier d’orange, comme pour lui dire aller silencieusement. « -tant pis pour vous. » avait elle finit par conclure en haussant les épaules,terminant son fruit.

Elle proposa les sources chaudes comme il l’avait fait la veille, lui demandant de ne pas la forcer à apprendre à nager. Et se fut le rire de Tobias qui la fit sourire, alors qu’elle n’avait pas forcement écouter la réponse. Une fois sur les lieux, June se déshabilla assez rapidement, simplement pour pouvoir tourner le dos lorsque Tobias en ferait de même. C’était peut être pas une si bonne idée que ça les sources d’eaux chaudes… « -comme ça, parce que je viens seulement d’y penser. » oui les quatre types de la veille étaient le dernier de ses soucis en ce levant ce matin. Même cette nuit, elle n’y avait pas pensé une seule seconde. De toute façon c’était plutôt simple, dans sa tête il n’y avait que Tobias. Et ça commençait à vraiment être… embêtant… Frustrant… délirant… flippant… et la liste pouvait encore être longue.

Lorsqu’elle posa ses yeux sur lui pour écouter sa réponse, elle sourit, évitant de laisser ses yeux s’attarder sur son torse. « -tant mieux, j’avais peur de vous gêner. » elle se reprit assez vite : « -avec la lumière, la lampe, la lecture... » puis elle s’enfonça dans l’eau jusqu’au dessus des lèvres. Elle ne savait pas mettre la tête sous l’eau mais là clairement elle aurait aimé pouvoir le faire. June se redressa quelque peu en le voyant approcher et lui sourit : « -c’est vrai… je vais peut être y prendre goût... » le taquina la jeune femme en retour. Rien dans ce qu’il disait ne laissait sous entendre qu’il s’était rendu compte de l’étroitesse de leur corps cette nuit. Mise à part qu’il avait bien dormi… Mais il semblait toujours bien dormir, donc ça n’était pas une preuve en soit. Il y avait du vrai dans ce qu’elle venait de dire. Elle se savait capable de vouloir encore de ses bras autour d’elle, de ce souffle régulier à son oreille, de cette chaleur masculine rassurante.

Lorsqu’il changea de ton, elle leva les yeux au ciel et maronna en même temps qu’il parlait : « -oh je savais que ça n’allait pas resté taquin longtemps... » avec un sourire pourtant toujours amusé. « -sinon quoi ? Vous allez me punir dans ma chambre ? » répliqua t elle toujours sur le même ton léger, en n’ayant pas envie d’entendre tout ça. Mais il enchaîna. Mais elle finit par baisser les yeux, et lâcher un rapide : « -je veux pas de votre mort tout court. » un bref regard. Non elle ne s’était jamais mise à sa place. Son froncement de sourcils lui prouvait. Elle eut la politesse de l’écouter jusqu’au bout, faisant quelques pas dans l’eau histoire de mettre un peu de distance entre eux, lui tournant délibérément le dos. Levant les yeux sur le paysage elle souffla un : « -c’est vraiment beau ici... » comme si elle n’en avait rien à foutre de ce qu’il venait de lui dire. Elle avait entendu, mais que répondre ?! Elle se tourna pour lui faire face, le regarda quelques secondes sans rien dire avant de lâcher un : « -d’accord. » comme il l’avait fait lorsqu’elle lui avait demandé de faire en sorte de rester en vie. Il comprendrait ainsi très bien ce que ça voulait dire. Qu’elle ferait au mieux, mais ne promettait rien. Elle avait conscience que c’était important pour lui. Et pour alléger tout ça, elle lui envoya de l’eau au visage en souriant : « -vous en faites pas, le jour J je serais probablement incapable de bouger, tellement je serais pétrifié de peur ! »

Cette idée de venir se baigner aux sources d’eau chaude n’était sûrement pas la meilleure qu’il avait pu avoir. Il s’en rendit compte au moment même où June ôta ses vêtements sous ses yeux et qu’il constata que son regard sur elle avait changé. Tobias ne la voyait plus comme celle qu’il devait protéger, et cela s’ajouta à la longue liste d’interrogations qui ne cessait de l’assener depuis quelques jours, et davantage depuis ce matin. Seule la voix de June parvint à le ramener sur Terre, évitant ainsi qu’elle ne le surprenne en train de la regarder. Il ne répondit rien et se dirigea vers l’eau chaude, se trempant dedans de la tête au pied, avant de ressortir la tête hors de l’eau. Quand elle lui demanda s’il avait bien dormi cette nuit, la réponse de Tobias fut brève, se retenant de lui confier que ça faisait bien longtemps qu’il n’avait pas éprouvé ce qu’il avait ressenti en se réveillant ce matin. La chaleur de son corps contre le sien, savourant sa présence et son odeur… Il se gifla mentalement à cette pensée, se reconcentrant sur leur conversation « Au contraire, j’ai apprécié cette nuit » et se gifla mentalement une seconde fois. Sa bouche parlait plus vite que sa conscience, et tenta de faire passer cela avec légèreté en rebondissant sur la remarque de June la veille au soir. Il la regarda fixement en souriant, sans rien ajouter à ce qu’elle venait de dire, alors que cette petite voix crier en lui qu’il ne voulait que ça, qu’elle y prenne goût !

Mais terminé cette touche de légèreté dans leur conversation, Tobias se rapprocha d’elle afin de régler un point qui lui tenait tout particulièrement à cœur. Il savait que June tentait de faire diversion pour fuir cette conversation, mais elle était inévitable cette conversation. À tout moment, Lee Jong pouvait leur mettre la main dessus et ça serait trop tard pour lui demander de ne pas tenter l’impossible afin de le garder en vie. Un bref sourire « Non… » et reprit sa tirade qu’elle ne voulait pas entendre. Son cœur se serra en l’entendant… Ce n’était pas une question de mort sur la conscience, c’était le fait qu’elle ne voulait pas qu’il disparaisse… Il ne rebondit pas dessus, la laissant s’éloigner de lui pour observer le paysage. Cela lui rendait la tâche encore plus difficile, mais tenta d’y faire abstraction, au même titre que son commentaire sur leur environnement. Il se tut et elle se retourna, lui répondant la même chose que lui précédemment. Une sorte de promesse silencieuse. « Merci » souffla-t-il avant de sourire, amusé par l’eau qu’il reçut au visage « C’est pour éviter cela que l’on s’entraine. Le jour J, vous allez vous surprendre vous-mêmes, faites-moi confiance » en s’approchant de cette dernière, et posa sa main sur son visage « Je ne veux pas de votre mort non plus, June » murmura-t-il comme un secret et laissa glisser sa main dans une caresse et se laissa tomber à l’eau, comme pour éviter de commettre l’irréparable. Il nagea sous l’eau et attrapa les jambes de June pour la faire chuter, se redressant pour sortir la tête de l’eau en riant de son enfantillage, avant de l’aider à sortir la tête de l’eau. Il l’aida à dégager ses cheveux de son visage, son regard dans le sien, et encore les mêmes battements accélérés de son cœur et cette sensation au creux de l’estomac. « Je n’avais jamais remarqué que vos yeux étaient si bleu » et déglutit avec difficulté, s’enfonçant dans l’eau chaude en sentant le vent froid sur sa peau humide.

L’espace d’un instant elle se demanda s’il avait pu deviner quoi se soit et qu’il ne jouait pas avec elle. A chacune de ses réponses June était un peu plus déstabilisée. Il avait apprécié cette nuit… Si il pouvait s’imaginer combien elle s’était sentie bien dans ses bras, tellement sereine et en sécurité. Ce qui était fou puisqu’à la base il était tueur avant d’être protecteur ! Mais ça elle l’avait perdu de vue depuis longtemps, à mesure que le temps passait et qu’elle apprenait à le connaître. « -enfin en soit dormir avec un homme avec qui on vient de coucher, c’est bien aussi. » avait elle lancé en riant. Elle aimait cette façon taquine de parler de ça, sans vraiment aborder le sujet. Bon, c’était peut être jouer avec le feu, et ça ne l’aidait pas. Mais après tout, ils allaient peut être mourir l’un comme l’autre dans peu de temps… Alors où était le problème de partager un peu de tendresse et de chaleur la nuit. Ça n’était pas interdit par la loi. Ils étaient adultes, il n’y avait rien de mal à ça.

Mais Tobias avait une demande à lui faire, et le sujet perdit en légèreté. Alors à sa façon, elle lui accorda ce qu’il demandait. « -j’espère ne jamais le voir arriver... » souffla June soudainement parcouru d’un frisson à l’idée de devoir mourir bientôt. Elle leva les yeux pour regarder Tobias qui venait de poser sa main sur sa joue. Elle eut envie de lui demander de ne pas faire ça. Parce que c’était bien trop tentant et qu’elle ne savait pas si elle était capable de résister encore longtemps. Mais elle souffla seulement un : « -je sais... » si ça avait été le cas, elle serait morte depuis plus de quarte ans.

Heureusement il s’éloigna pour nager, mais en l’espace d’une petite seconde elle se retrouva à retenir sa respiration, la tête sous l’eau. Elle se redressa rapidement en s’agrippant aux bras de Tobias qui étaient venu lui apporter son aide. Le souffle court parce qu’elle avait tout de même été saisi quelques secondes, June lâcha un : « -ne refaites jamais ça ! » avant de lui adresser un large sourire, en se tenant toujours à lui. « -comme la plus part des hommes avant vous ! Seulement c’est pas pour les même raisons ! » ironisa June en basculant en arrière afin de coiffer quelques peu ses cheveux. Elle avait cru voir un trouble chez Tobias et avait préféré couper net. Si elle avait envie de lui, c’était une chose. Mais si lui aussi se mettait à avoir envie d’elle, alors là… c’était un tout autre problème. Elle lui envoya à nouveau de l’eau au visage, riant légèrement : « -je croyais que vous vouliez pas me voir morte ! » râla t elle en souriant toujours. « -c’est la première fois que je mets la tête dans l’eau ! Je retiens mon souffle même sous la douche pour me lever les cheveux ! » elle avait envie de rire. Encore une fois, elle repoussait Lee Jong loin de ses pensées. « -vous savez quoi, cet après midi on reprends l’entraînement. J’ai finis ma petite crise existentielle. Donc on va s’y remettre. Et j’irai pas me coucher sans être parvenu à dégommer toutes les canettes ! » elle avait se reprit : « -bon d’accord trois canettes… ça fait la moitié... » et c’est ce qu’ils firent après avoir manger rapidement en rentrant au chalet.

Trois semaines plus tard, June avait fait de nets progrès. Le hamac tenait en place, elle savait pratiquement nettoyer et remonter son arme seule. La course à pieds lui demandait bien moins d’efforts et les tires étaient bien plus concluant. Elle avait décidé de mettre toute son énergie dans l’entraînement afin de ne pas faire de bêtises vis à vis de Tobias. Chaque soir ils se couchaient dans le même lit, et chaque nuit elle finissait par se blottir dans ses bras. Elle se doutait qu’il en était conscient. Peut être même qu’il appréciait… Elle n’avait jamais abordé le sujet. Elle se persuadait que cette tendresse nocturne lui suffisait. Sauf que ce jour là, la jolie brune réussit à tirer sur toutes les canettes que Tobias avait aligné pour elle et que dans l’euphorie de son moment de gloire, elle avait posé son arme et lui avait sauter dans les bras en criant : « j’ai réussi ! j’ai réussi » et l’avait embrassé. D’un vrai baiser cette fois ci. En détachant ses lèvres des siennes, June avait encore murmuré un : « -j’ai réussi… » avec bien moins d’entrain, réalisant ce qu’elle venait de faire. « -je sais pas pourquoi j’ai fais ça... » avait elle alors soufflé pétrifié sur place, médusée par ce baiser qu’elle avait osé lui donner.

« Je ne sais pas, je n’ai jamais essayé » en sous-entendant qu’il n’avait jamais dormi auprès d’un homme avec qui, il avait couché précédemment. Tobias ne souhaitait pas alourdir la conversation, comme la nuit dernière, après lui avoir demandé si elle souhaitait qu’ils couchent ensemble. Parce qu’ils ne devaient pas. Tobias devait garder l’esprit clair et pour cela, il devait maintenir une certaine distance avec June, aussi difficile soit-il de la tenir… De toute manière, il parvint à changer le sujet en évoquant Lee Jong et hocha lentement de la tête. Lui non plus, il ne souhaitait pas le revoir apparaître dans sa vie, mais ce n’était qu’une question de temps, de peut-être quelques jours, peut-être plus, peut-être moins. Il n’en avait pas la moindre idée. Mais ce dont il était certain, c’était qu’il ne voulait pas que June périsse, et il le lui confia en douceur, sa main sur sa joue. Il s’éloigna d’elle pour ne pas succomber, et fit en sorte de se changer les idées en entrainant la jeune femme dans l’eau avec lui, avant de l’aider à s’en sortir, riant presque, jusqu’à ce que son regard s’ancre dans le sien. Les battements de son cœur s’accélérant, cette sensation étrange dans l’estomac, il fut troublé par leur proximité et se retint de succomber, une fois encore, lui parlant de ses yeux. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du tueur à gage sans rien répondre à cela. Il resta là, à l’observer en train de coiffer ses cheveux bruns, se retenant d’aller plus loin. L’eau qui lui arriva au visage eut raison du fil de ses pensées et se mit à rire « Je vous aurais sauvé » et se mit à rire doucement « Il faut un début à tout » et haussa les sourcils devant l’enthousiasme soudain de la jeune femme. Un enthousiasme qui le ravit au plus haut point. C’était ce qu’il voulait voir et entendre « On risque d’y passer la nuit » en se moquant d’elle juste pour la taquiner.

Durant les trois semaines qui suivirent, ils ne se quittèrent plus. Lorsqu’ils ne s’entraînaient pas ensemble durant toute la journée, ils passaient la nuit ensemble, dans les bras de l’un et l’autre, sans succomber au plaisir charnel pour autant. Cette proximité ne faisait qu’accentuer le trouble de Tobias qui commençait à prendre de plus en plus goût à cette proximité entre eux, aimant la serrer tout contre lui pour dormir… Quant à la journée, il fut ravi des efforts de cette dernière qui se surpassa de jour en jour, comme en cet instant lorsqu’elle fit chuter toutes les cannettes au sol. Un sourire satisfait sur les lèvres, il savoura de la voir si heureuse de son exploit et la serra contre lui lorsqu’elle se rua dans ses bras. Il ne s’était pas attendu au baiser qu’elle lui donna et qu’il ne lui rendit pas… Sa surprise le lui en avait empêché, et il se gifla mentalement de ne pas l’avoir fait « Vous avez réussi » murmura-t-il et la regarda, se rendant compte soudainement qu’elle l’avait embrassé. Lui non plus, il ne parvenait pas à s’en rendre compte. Silencieux, Tobias récupéra l’arme ainsi que les balles, s’insultant intérieurement de ne pas tenter de la rassurer et de prendre ce recul si soudain. Il ramassa les canettes tour à tour, pour les remettre en position, et revint vers June « Votre arme » en la lui tendant « On recommence » et la laissa prendre position, se reculant, croisant les bras sur son torse. Il ne la regardait qu’elle. Il se moquait bien de voir les cannettes tomber au sol. Il s’approcha de cette dernière, posant sa main sur l’arme pour la lui faire baisser, la lui récupéra pour la poser sur le monticule de caisse en bois sans la quitter des yeux, et l’observa un instant avant de l’embrasser, sa main se glissant dans sa nuque et l’autre se posant sur sa hanche. Le temps sembla s’arrêter pendant qu’il l’embrassait, et détacha ses lèvres des siennes avec lenteur, réouvrit les yeux, se saisit de l’arme sans détourner son regard et la replaça dans les mains de June « Woua » souffla-t-il non sans sourire. Il se gratta le sourcil, se racla la gorge, soudainement mal à l’aise et fronça légèrement les sourcils, sans s’empêcher de sourire légèrement. Il était complètement perturbé « Tu… vous… continue… allez-y... vas-y… Je... Je vais me mettre par-là... » et se recula pour la laisser tirer de nouveau. Il ne parvenait plus à la quitter du regard, un flux d’émotions l’envahissant de toute part et qui le perturbait au plus haut point.

Oh si bien sur que si elle savait très bien pourquoi elle venait de l’embrasser ! Parce que ça faisait des semaines qu’elle retenait cette envie, des semaines qu’elle se contentait de dormir dans ses bras, alors qu’elle désirait plus. Elle savait très bien que c’était fou, totalement irréaliste aussi comme idée ! Mais elle ne parvenait plus à le regarder comme son simple protecteur, ni même comme un ami. Il y avait plus de que ça. Et s’était aussi bien plus qu’une simple envie de sexe. Pourtant elle avait fait tous les efforts du monde pour cloisonner ça. En vain. Et voilà qu’après des semaines à tenter d’étouffer tout ça, un instant d’euphorie venait de lui faire franchir le pas.

En réalisant ce qu’elle venait de faire, June avait fait deux pas en arrière, sans quitter Tobias des yeux. En le voyant récupérer l’arme, lui tournant ainsi le dos, la jeune femme ferma les yeux avec force en grimaçant. Hé merde ! Merde ! Merde ! Elle se passa ensuite les deux mains dans les cheveux, tout en se pinçant les lèvres. Il n’avait pas répondu à son baiser. Elle s’était donc fait des films depuis des semaines. Il n’y avait pas d’attirance réciproque entre eux. June hocha la tête en fixant son regard sur l’arme qu’il lui tendait. Ok très bien… Elle venait clairement de faire une boulette. Super c’était parti pour qu’il fasse la gueule pendant des jours ! Elle venait de tout ruiner. Puis la jolie brune prit une grande inspiration, se positionna face à la cible. En levant son arme, elle savait d’avance que ça n’allait pas le faire. Et au moment où elle s’apprêtait à baisser son arme et à déclaré qu’elle était désolée, Tobias s’approcha d’elle et lui retira des mains. Son regard croisa le sien, son coeur s’accéléra en se demandant ce qui se passait.

Et puis… et puis à nouveau ses lèvres rencontrèrent celles de Tobias, pour un véritable baiser cette fois ci. Ses mains s’étaient refermée sur la veste du beau blond, et se fut avec bien du mal qu’elle le décrocha alors que leurs lèvres se quittaient déjà. Interdite, le coeur battant à tout rompre, June avait bien du mal à croire à ce qui venait de se passer. Un regard pour l’arme entre ses mains, avant de relever le visage vers Tobias. Un léger sourire en coin lorsqu’il commenta sa propres action. En le voyant bafouiller, elle comprenait que rien n’avait été calculé et qu’il était lui même surpris de sa réaction. Elle se pinça les lèvres avant de dire : « -non… je crois que… je crois que c’est finit pour aujourd’hui. » elle était incapable de se concentrer convenablement à nouveau. Elle baissa les yeux sur son arme et en retira les balles comme le lui avait appris. « -on… on se retrouve dans le salon dans une vingtaine de minutes... » lui demanda t elle avec une légère grimace pleine de gêne. Oui, quelques minutes tout seule ne ferait pas de mal Pas la peine de chercher pour voir qu’il était plus de mal vis à vis de ce qui venait de se passer. L’arme en main, elle marcha d’un pas rapide jusqu’au chalet, regagnant sa chambre afin de se changer. Elle colla son dos contre le porte. Techniquement, elle aurait dû être contente. Alors pourquoi est ce qu’elle se sentait si mal.

Il lui fallu prendre sur elle pour ressortir de sa chambre, en short et pull à capuche. Forcement il était déjà dans le salon. Alors June avança jusqu’au canapé, et décida de s’installer au sol, de l’autre côté de la table basse. « -ok… Alors déjà, je tiens à souligner que tu embrasses très bien... » autant commencer ainsi… « -ensuite... » elle inspira en le regardant enfin avant de laisser ses deux mains s’abattre sur la table basse, en haussant les épaules. Ensuite quoi ? Ça aurait été plus simple s’il ne lui avait pas rendu son baiser. Elle ne savait plus quoi penser.

Ces dernières semaines, il s’était fait surprendre par un tourbillon de sentiments forts, et parfois contradictoire. Ces dernières semaines, il s’était surpris à aspirer à plus qu’une simple étreinte dans la nuit. Ces dernières semaines, il avait eu peur de ce qu’il était en train de ressentir. Ces dernières semaines l’avaient poussé à lui faire baisser son arme, à poser sa main sur son visage et à l’embrasser pour la première fois. Il avait senti les mains se refermer fermement contre sa veste, comme pour s’accrocher à lui. Puis ses lèvres s’étaient détachées des siennes avec lenteur, commentant ce qu’il venait d’éprouver avec un seul et unique mot. L’effervescence du moment passé, Tobias reprit comme conscience et se mit à bafouiller. Que venait-il de se passer ?! Il venait de se laisser conduire par l’envie de déposer ses lèvres sur les siennes, de lui montrer qu’elle n’était pas la seule à éprouver cela. Mais il n’eut le temps de rétorquer quoi que ce soit que June retira les balles de son arme en décidant que l’entraînement était terminé pour aujourd’hui. Le tueur à gage ne parvint pas à prononcer le moindre mot, même lorsqu’elle s’éloigna de lui en lui donnant rendez-vous dans le salon vingt minutes plus tard. Non, il resta silencieux, l’observant s’éloigner vers le chalet en le laissant seul près du terrain de tir qu’il avait construit à leur arrivée. Qu’avait-il fait ?!

Tobias ramassa les douilles au sol, une par une, puis s’attela aux canettes amochées qu’il rangea une par une dans la caisse prévue à cet effet, ne cessant de ressasser le baiser qu’il avait échangé avec June. Quelques regards à sa montre. Cela faisait déjà dix minutes… Il appréhendait ce retour au chalet comme jamais, et il n’allait pas pouvoir y réchapper. Ils devaient parler. Lorsqu’il eut fini, Tobias se décida à rentrer, retira sa veste qu’il accrocha au porte-manteau, et servit deux tasses de thés qu’il déposa sur la table basse, et prit place sur le canapé. Encore quelques minutes à rester assis ainsi, dans le salon, seul et emmuré dans un silence de plomb. La porte de la chambre de June fini par s’ouvrir sur cette dernière qui décida de dresser la table basse entre eux. Ce n’était pas bon signe. Toutefois, Tobias ne détourna pas le regard, continuant de l’observer en craignant le pire. Les premiers mots le firent sourire avec amusement « Merci… toi aussi ». C’était perturbant de la tutoyer soudainement. La dernière fois que ça avait eu lieu, elle était ivre dans son appartement et le soupçonnait d’être un tueur en série. Le mot qui suivit resta en suspens. Pas de suite. Tobias décida donc de compléter sa phrase « Je t’ai embrassé parce que ça fait longtemps que j’y pense ». Voilà, c’était dit avec calme. Un silence et il se mit à rire nerveusement, se passant les mains dans ses cheveux courts qu’il fini par déposer sur ses genoux « Écoutez… Écoute June… Cela fait des semaines que c’est un merdier fini dans ma tête parce que je ressens des choses que je ne devrais pas ressentir, parce que je dois vous protéger… que je dois te protéger… mais je n’y peux rien et je pense ne pas être le seul dans cette situation, n’est-ce pas ? » en la désignant de la main comme si c’était une évidence, puis la reposa sur son genou avant d’enfouir son visage entre ses mains, les laissant lassement glisser jusqu’à ses jambes, soupirant face à la situation « Je t’aime bien et j’avais envie de t’embrasser. Toi aussi apparemment. On a l’air sur la même longueur d’ondes apparemment ». Il baissa les yeux sur sa tasse de thé, retirant le sachet qui trempait dedans et reprit « Et si je ne t’ai pas rendu ton baiser, c’est parce que j’ai été surpris… ce n’était pas parce que je n’en avais pas envie… » relevant son regard sur elle qu’à la fin de sa phrase. Il l’observa en silence et soupira de nouveau « Je suis aussi perdu que toi. Ce n’était pas prévu tout ça, tu sais » en faisant un cercle avec sa main pour appuyer ses mots.

Elle venait de le tutoyer et cela sonna étrange à ses oreilles. Ensuite elle se demanda pourquoi est ce qu’ils ne l’avaient jamais fait avant. S’asseoir en face de lui était sans doute la décision la plus sage qu’elle ait prise dans la journée. Cela permettait de maintenir une certaine distance entre eux, distance qu’ils avaient réduite de plus en plus au fil du temps. Jusqu’à en arriver là. June redoutait ce que pouvait dire Tobias, et sa réaction face à tout ça maintenant qu’elle lui avait laissé un peu de temps pour réfléchir. Le baiser qu’il lui avait donné était… pff… elle ne s’était jamais sentit aussi chamboulé intérieurement. Et c’était de toute évidence ce qui lui faisait peur. Parce qu’avec ce baiser elle avait pleinement pris conscience que ce n’était pas qu’une attirance physique ou un besoin de chaleur humaine. Elle avait également réalisé que tout cela et bien c’était visiblement réciproque. June avait du mal à imaginé qu’il l’ai embrassé ainsi simplement pour lui prouver qu’il savait embrasser !

Sauf que maintenant qu’elle était en face de Tobias et bien elle ne trouvait pas ses mots. Les lèvres pincées entre elle, les deux mains sur la table, June finit par sourire presque comme une ado. Ça faisait longtemps qu’il y pensait… Il semblait plus loquace de d’ordinaire et ça arrangeait la jeune femme. Elle hocha la tête en ouvrant plus grand les yeux, comme pour affirmer ce qu’il venait de dire. Oui, il n’était pas le seul. Dans sa tête aussi c’était compliqué. « -je sais... » avait elle soufflé en retour. Bien sur que ça n’était pas prévu. « -mais on en est là... » elle se mordilla la lèvre inférieur en regardant sa tasse. Un léger soupire. « -jusqu’à présent j’essayais de me convaincre que c’était juste une histoire de manque affectif. Mais je sais très bien que je me voile la face et que y’a un peu plus que ça. » elle osa le regarder quelques secondes. « -il y a une partie de moi qui dit me : hé pourquoi pas ! Vous avez bien le droit de faire ce que vous avez envie ! » elle avait sur joué sa phrase, comme ça l’aidait à gérer ce qu’elle était en train de dire. « -et puis y’a une autre voix, une bien plus relou qui me dit de sa voix grave : June tu sais très bien que ça va mal finir… » parce que c’était la vérité. Si l’histoire se finissait mal. Si l’un d’eux finissait par mourir. Que resterait il de l’autre.

Un nouveau soupire avant de le regarder droit dans les yeux. « -j’ai pas envie que ça s’arrête. » elle ne lui en demandait pas plus. Mais elle voulait pouvoir continuer ainsi. « -parce que je me suis habituée à dormir lover contre toi, parce que j’aime nos sourires, nos conversations et cette sorte de tendresse étrange. » maintenant restait à savoir ce que lui il voulait.

Tobias était un taciturne, un adepte de l’adage « La parole est d’argent, mais le silence est d’or » et il faisait en sorte de parler peu, pour parler bien. Cela avait tendance à exaspérer son entourage, qu’il soit professionnel ou personnel. Cette capacité à se murer dans le silence comme il le faisait, c’était sa manière de gérer la situation. Mais aujourd’hui, dans ce chalet, assis sur le canapé, face à la jeune femme, il se montrait plus éloquent qu’à son habitude. Les enjeux étaient bien trop grands à ses yeux pour se taire, et cela, même s’il était complètement perdu face à tout cela. Comme il le lui confia, il ressentait des choses pour elle, qu’il ne devrait pas ressentir, qu’il s’interdisait de ressentir. Mais c’était le cas, et il ne pourrait rien y faire. Enfin si, il pourrait mettre de la distance entre eux deux, mais il n’en avait pas la moindre envie. Parce qu’il l’aimait bien, parce qu’il avait eu envie de l’embrasser et qu’il ne souhaitait pas la perdre. Ils semblaient être sur la même longueur d’onde au vu de la réaction de June qui conclut sa tirade d’une manière qui lui fit baisser les yeux. Malgré tout, ils en étaient là…

Un regard pour sa tasse qu’il porta à ses lèvres plus par habitude que par soif, il releva son regard sur June qui prenait la parole à son tour. Plus qu’une attirance physique… Il déposa lentement sa tasse de thé sur le rebord de la table basse sans la quitter du regard. Elle parvint à le faire sourire malgré la situation. Après tout, pourquoi s’en empêcher ?! Ils n’avaient de compte à rendre à personne… Si c’était si simple. Parce que, comme elle le précise juste après, leur situation n’était pas normale et elle risquait de mal finir. L’un d’eux pouvait mourir, se faisant tuer par Lee Jong ou McPherson et cette idée assombrit bien vite le regard de Tobias qui s’enfonça dans le canapé en détournant les yeux. Oui, il pouvait la perdre. Et oui, elle pouvait le perdre. Et dans les deux cas, ils allaient en souffrir… « Et si on venait à le regretter ? » et s’avançant de nouveau sur le rebord du canapé « Si l’un de nous meurt, qu’est-ce qu’on va se dire ? Pourquoi on n’a pas profité de ces moments ensemble ou est-ce qu’on a bien fait de ne rien partager de plus ? Dans tous les cas, la douleur sera la même… ».
Leurs regards se croisèrent et ça le ramena dans cette forêt quelques minutes auparavant, ses lèvres contre les siennes, et cette sensation qui l’avait envahi aussitôt. Un mélange de bien-être et de terreur. Il lui sourit avec douceur « Moi non plus » et acquiesça lentement de la tête « Je n’ai pas envie de perdre tout ça non plus » puis baissa les yeux sur sa tasse fumante qu’il saisit entre ses mains. « Maintenant, la question est : Est-ce qu’on se laisse tenter ou est-ce qu’on continue ainsi, comme si on ne s’était jamais embrassé une demi-heure plus tôt et on reprend le cours de nos vies ? » alors qu’il releva lentement ses yeux sur elle, craignant sa réponse. En réalité, il ne savait pas quelle réponse il craignait le plus. Là aussi, il était partagé. Tout lui faisait peur soudainement. L’homme protecteur n’existait soudainement plus en cet instant et ça aussi, ça l’effrayait. Peu à peu, June devenait son talon d’Achille, sa kryptonite et il n’aimait pas cette idée, parce qu’il avait peur qu’au moment venu, il soit incapable de la protéger objectivement… Mais de l’autre côté, c’était si bon que de tenir à quelqu’un de cette manière… « Tout fin de compte, de te demander de ne pas tomber amoureuse de moi, ça n’a pas vraiment marché » en tentant une once d’humour dans tout cela.