Nate avait été à deux doigts de se laisser aller et de profiter un peu de ses retrouvailles avec Matt. Mais il y avait eu Alison pour l’en empêcher et tout ce que sa dernière partie de jambes en l’air lui avait causé comme problèmes. Les pensées ainsi parasitées par la manière qu’il avait eu d’abord d’être jeté de chez lui puis passé à tabac calma sans problème toutes ses ardeurs. Est-ce que ça serait comme ça à chaque fois ? Ou bien était-ce simplement trop tôt pour se lancer dans une telle besogne vu par quoi il était passé dernièrement ? Nate n’en savait rien mais, si ça le minait, il avait décidé de ne pas en parler avec Matt. Ce dernier eut l’élégance de ne pas faire de commentaire sur ce qui venait de se passer et Nate l’en remercia mentalement. D’un coup, il avait très envie de savoir ce qu’ils allaient faire aujourd’hui alors que ça l’indifférait totalement il y a encore quelques minutes. « On fait ce que tu veux. » qu’il avait répondu en attrapant sa main. Il fera ce qu’il voudra et il fera son possible pour ne pas avoir l’air trop déprimé. Si déjà il n’était pas de très bonne compagnie, il allait au moins faire l’effort de ne pas être désagréable. C’était le minimum qu’il puisse faire. Il lui était tellement reconnaissant. Il ne lui avait jamais tourné le dos et même quand Nate lui avait dit de le faire, il ne l’avait jamais laissé tomber. Il avait tellement de chance d’avoir Matt dans sa vie.

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- Allons y alors. Je vais te faire découvrir ma ville. La tienne aussi maintenant.

Je lui sourit doucement pour le rassurer. Je l'embrassais doucement avant de me lever pour aller ranger un peu.

- Il faudrait qu'on aille faire quelques courses aussi. Je ne cuisine jamais mais je sais que toi tu le fais. Et j'avoue j'adore te voir cuisiner. Alors ça pourrait être sympa de remplir ces placards.

Peut être qu'il se sentirait un peu plus à l'aise, un peu plus chez lui si il pouvait participer en faisant les courses et en préparant le diner. Et très égoïstement j'avais terriblement envie de pouvoir vivre avec ça avec lui, rentrer le soir du boulot et le retrouver avec un bon repas prêt. Une petite vie à deux comme on avait pu le connaitre que trop rarement.

Je terminais de tout ranger avant de sortir avec lui. Je lui avais donné au passage le double des clés de mon appartement qui ne m'avaient jamais servi. Maintenant elles étaient pour lui, à croire qu'elles lui avaient toujours étaient destinées. Je descendis de l'immeuble avant de lui montrer un peu la rue. Je lui décrivis les quelques commerces et restaurants qui s'y trouvaient. Je lui montrais l'arrêt de bus qui se trouvait non loin et m'arrêtais pour lui montrer le plan de la ville. Ca faisait beaucoup d'informations mais je voulais commencer à lui montrer tout ça, qu'il puisse se débrouiller rapidement.

Je montais ensuite dans le bus avec lui. Je m'installais à ses côtés, souriant doucement. Je restais discret en public. Je ne lui prenais pas la main et je ne l'embrassais pas. Mais j'avais beaucoup moins peur que lorsqu'on se baladait en public dans mon petit village du Texas. Ici tout le monde se foutait de ce que faisaient les autres. Oui si on s'affichait on se prendrait des réflexions et peut être que certains iraient plus loin mais globalement on était plus tranquille que dans ma petite campagne.

Je finis par descendre avec lui à un arrêt en bord de mer. Je me rendis en souriant sur la plage. Je sentais l'air frais matinal chargé des odeurs de la mer venir nous fouetter le visage. Je souriais en marchant sur la plage.

- Ca... c'est une des choses qui me fait rester ici.

Moi qui avait été tellement heureux dans ma petite campagne texane, je ne pensais pas devenir accro à la mer. Et pourtant... j'étais heureux ici et je le serais encore plus.

Découvrir la ville… La leur. Nate avait forcé un sourire. Il n’était pas encore sûr d’être très emballé par l’idée de vivre à Los Angeles. Tout ce qu’il aimait pour le moment dans cette ville, c’était le fait que Matt s’y trouvait. Tout ce monde, les artifices, il n’était pas certain que c’était pour lui. Mais il s’adapterait. Pour une fois, il allait s’adapter entièrement au train de vie de Matt et pas l’inverse. « T’adores me voir cuisiner ou bien… Tu adores manger quelque chose qui ne sort pas d’une conserve ? » qu’il lui avait demandé, un sourire complice et sincère cette fois sur les lèvres. Ça allait être bizarre de le regarder partir au travail et d’attendre son retour en s’occupant du repas. C’était loin de la vie que Nate menait jusque-là. Mais si le changement serait radical, peut-être que ça lui ferait du bien. Aujourd’hui plus que jamais, il avait besoin de se changer les idées et de casser ses habitudes. Quand Matt s’était mis à ranger, Nate l’avait aidé du mieux qu’il pouvait. Il prenait ses repères comme ça. Le double des clés, la moitié de l’armoire, ça faisait beaucoup mais Nate encaissait sans rien dire. Il savait qu’il avait de la chance d’être soutenu comme ça. D’autres hommes dans sa situation se seraient probablement retrouvés seuls. Nate, lui, pouvait compter sur Matt. Il avait toujours pu compter sur lui. Finalement, ce n’était pas si terrible de sortir. Matt avait tellement de choses à lui montrer et Nate tellement de choses a voir qu’il n’avait pas eu trop le temps de penser à ce qui le tourmentait. Le bus, c’était bizarre. Nate n’avait jamais autant pris les transports en commun de sa vie. Ça aussi, c’était nouveau. Il s’était laissé conduire jusqu’à la plage. Matt avait l’air si heureux qu’il était impossible que Nate ne sourit pas aussi. C’était joli, c’est vrai, sûrement bien plus que ne l’était le Texas. « Je comprends. » qu’il avait acquiescé en contemplant l’horizon. Il aurait aimé attraper la main de Matt mais à la place, il avait flanqué la sienne dans une des poches de son jean. « Matt et la mer… Ça c’est une histoire d’amour que je n’avais pas vu venir. » et loin de se moquer, Nate était sincèrement attendri. Et il se sentait étrangement nostalgique. Nate était forcé à opérer tous ces changements. S'il avait toujours rêvé de vivre auprès de Matt, il n'avait pas vraiment envisagé autant changer sa vie pour y parvenir. Fut une époque, il aurait été bien incapable d'aller s'installer à plus d'une centaine de kilomètres de sa mère. Il avait bien changé, lui aussi, mais à l'inverse de Matt... Il ne s'était pas bonifié avec le temps.

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Je ris doucement à sa remarque.

- Je dois t'avouer que moi non plus. Mais en même temps je n'avais jamais vu la mer. Je n'aurais pas pu deviner.

Je lui fis signe de me suivre, allant dans un coin un peu à l'écart près de l'eau. Je vérifiais bien que personne ne pouvait nous voir avant de venir me blottir dans ses bras. Je lui souris avant de l'embrasser doucement.

- Je rêvais de faire ça depuis la première fois que je suis venu ici. Être sur cette plage, avec toi dans mes bras..

Je n'aurais jamais cru que lorsque je ferais ça, ce serait quand il viendrait vivre avec moi. J'avais toujours pensé qu'il ne quitterait jamais sa femme. Je le voyais venir vivre ici une fois de temps en temps, profiter de quelques jours avant de le voir me quitter pour revenir vers elle. Je n'aurais jamais imaginé, même dans mes rêves les plus fous, que je puisse gagner, que je puisse un jour l'avoir rien que pour moi.

Je tentais de ne pas trop en parler cependant. Je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie. J'avais conscience que pour lui c'était difficile. Il avait tout perdu. J'avais un peu le sentiment de n'être qu'un lot de consolation. Il ne m'avait pas vraiment choisi. Il était simplement parce qu'il n'avait plus le choix. J'espérais qu'un jour il puisse changer d'avis, qu'il se dise que ça valait le coup, que je valais le coup d'avoir tout perdu, qu'il était plus heureux avec moi qu'il ne l'avait été avec sa famille. Mais là encore, j'avais peur que ça n'arrive jamais.

- On va se balader au bord de l'eau? Ou tu veux aller visiter la ville?

Quand Nate avait rencontré Matt, il avait tout du cowboy chevronné. Jamais il ne l’aurait imaginé à la plage. Et en même temps, ça lui allait bien. Cette ville lui allait bien. Matt s’était enfin déployé et il semblait vivre la vie qu’il avait toujours mérité. Nate haussa un sourcil quand Matt l’invita à le suivre. Il ne tarda pas à comprendre quand il était venu se blottir dans ses bras. Un peu paniqué, il avait regardé les alentours et une fois que Nate s’était assuré qu’il n’y avait aucune menace, il avait refermé ses bras sur Matt pour le serrer. Et ils s’étaient même embrassé. Rien que ça. Le cœur de Nate battait un peu plus vite et ce n’était pas seulement l’effet que lui faisait Matt. Il se rappelait les coups, il se rappelait le danger que ça pouvait être pour eux de s’exposer. Ce qui lui était arrivé… Pour rien au monde il n’aimerait que ça arrive à Matt. Il lui paraissait bien serein d’un coup. Il était en confiance et à ce moment-là tout ce que Nate espérait c’est l’être aussi un jour. « Je suis là. » Un dernier baiser sur le front et il s’était écarté. A contre-coeur, c’est vrai, mais il ne voulait pas mettre en péril le bonheur que Matt semblait vivre ici. D’autant plus qu’il finirait par être reconnu pour son travail. Est-ce qu’il ne risquerait pas d’avoir de nouveau des problèmes une fois que la lumière sera braquée sur lui ? « On se balade. » qu’il avait dit en hochant la tête. Sans plus s’expliquer, il s’était assis dans le sable pour retirer ses chaussures et les garder à la main. Il allait marcher, oui, mais les pieds dans l’eau. D’un sourire, il avait invité Matt à le suivre. Marcher sans but, ça l'aidera à se vider la tête. Une fois qu'ils avaient commencé à marcher au bord des vagues, Nate soupira avant de dire : « J'ai encore rien dit à ma mère. Je sais pas trop à quoi m'attendre... Des larmes, sûrement. » Se changer les idées... Ou pas. Nate avait haussé les épaules.
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Je hochais doucement la tête quand il acceptait d'aller se balader au bord de l'eau. Je l'imitais rapidement, retirant mes chaussures et remontant mon jean pour aller marcher pied nu dans l'eau avec lui. Ca me faisait du bien. J'avais l'impression d'être loin de l'ambiance étouffante de la ville. J'aimais l'idée de pouvoir me fondre dans la masse en ville, de me dire que je n'attirais que peu l'attention et quasiment aucun commérages en ville. J'aimais beaucoup moins cette impression d'étouffer en permanence. J'avais toujours vécu dans ma petite campagne reculée, à l'abri de tous. J'avais détesté mon expérience en ville au Texas. Alors de temps en temps j'avais besoin de venir ici, de me couper du monde et d'être seul dans la nature. Dans le fond j'étais toujours le même sauvage qu'autrefois. Je me sentais bien quand je venais me couper de tout et de tout le monde.

Je marchais un peu en silence avec lui avant de relever la tête en l'entendant parler de sa mère. C'était la première fois qu'il venait me parler un peu de ce qui s'était passé. L'essentiel je l'avais appris de la bouche de sa femme. Tout ce qu'il m'avait dit au final c'était qu'il avait venu son garage et qu'il était venu me rejoindre. Je ne savais rien des détails de leur dispute, ni même de ce qui avait pu la déclencher. Comment avait elle fait pour découvrir? Et comment l'avaient pris ses proches? Je savais pour la réaction de sa belle famille mais je ne savais pas ce qu'il en était de sa mère. J'en avais une petite idée là maintenant. Elle n'en savait rien.

- Tu ne lui as rien dit à propos de quoi? Du divorce ou... de moi?

Quoi qu'il lui ai caché exactement ça ne pourrait pas tenir longtemps. Elle finirait par faire comme moi, par aller parler à sa belle fille et elle finirait par apprendre la vérité. Alison était tellement en colère qu'elle n'hésiterait pas à balancer sur Nate auprès de toutes les personnes qu'elle croiserait. Je la trouvais un peu injuste dans le fond. Oui elle se sentait trahie et je le comprenais mais elle oubliait qui était réellement Nate, un homme bon, attentionné, un père formidable. Ou peut être ne l'avait elle jamais vraiment connu?

Nate avait évidemment pensé à prévenir sa mère avant mais il avait beaucoup trop de choses à faire avant son départ pour se permettre d’aller la voir. Et puis… Dans l’état dans lequel il était, il avait préféré éviter de l’inquiéter. Sans compter qu’il n’était pas fier. Il avait beaucoup à confesser à sa mère et il ne savait absolument pas comment elle allait réagir. Il craignait sa réaction. Pour rien au monde, il ne voudrait la perdre elle aussi. Et si ça se trouve, Alison avait déjà tout raconté à sa mère, comme elle avait tout raconté à Matt. Il suffirait qu’elle ait passé un coup de fil et en deux semaines sans se voir, c’était fort possible. Quoi qu’il en soit, Nate ne pouvait pas se permettre de trainer trop longtemps : il fallait lui dire. Au moins pour le divorce. Pour ce qui est de Matt… Il était peut-être temps aussi mais Nate avait tellement peur de décevoir sa mère qu’il redoutait le moment où il ferait cette confidence. Déjà comme ça, elle allait vivre une sacrée déception. Pour l’heure, il en parlait avec Matt et c’était déjà pas mal. C’était bien le premier truc qu’il disait spontanément sur ce qui s’était passé… Ou plutôt ce qui ne s’était pas passé. « Euh… Des deux. » qu’il avait concédé, un brin gêné. Il n’avait pas honte de Matt. De loin pas. Il n’y avait personne qui lui inspirait autant de fierté que lui. Encore plus aujourd’hui, encore plus maintenant qu’ils allaient enfin pouvoir appréhender la vie à deux. Mais la mère de Nate, elle… Elle ne verrait probablement pas les choses de cet angle-là. « C’est ma mère, tu sais comment elle est. Elle me voit comme un espèce de demi Dieu… Et je dis pas qu’elle a raison mais j’ai pas vraiment envie que ça change. » Nouveau haussement d’épaules, Nate a le coeur serré rien que d’y penser.
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- Oui je sais. Et elle peut être effrayante.

Je lui souris, tentant de faire un peu d'humour. Je me doutais que la situation n'était pas facile. La conversation qui allait venir serait difficile et ne se terminerait pas bien. Elle n'allait pas l'accepter. Elle ne pourrait pas supporter qu'il ait changé de vie. Mais je n'étais pas d'accord avec l'analyse de Nate. Elle ne le voyait pas comme un demi dieu, elle voulait qu'il en soit un. Elle avait passé sa vie à tenter de le modeler, de le pousser pour qu'il rentre dans l'image parfaite qu'elle s'était faite de lui. Il devait être beau, gentil, attentionné, le parfait père de famille dans le parfait mariage avec un bon travail. En gros, il devait avoir une jolie petite vie comme elle en avait rêvé. C'était ça le plus important à ses yeux. Alors quand elle allait apprendre qu'il avait tout foutu en l'air, qu'il avait détruit son mariage, s'était fait mettre à la porte, avait vendu son garage pour se retrouver sans emploi et qu'il était parti forniquer avec un homme, elle n'apprécierait pas.

Moi au moins j'avais eu cette petite chance, mon père était mort avant que la vérité n'éclate. Je n'avais pas eu à subir sa colère. Je me doutais que sa réaction aurait été à peu près la même que celle des beaux frères de Nate, en pire même peut être. J'avais couper les ponts avec toute ma famille avant que ça ne se sache que j'aimais les hommes. Peut être mes soeurs avaient elles fini par l'apprendre? Je me demandais quelle avait été leur réaction. A coup sur, elles avaient du se dire que ce n'était pas étonnant vu qui j'étais. Juste une tarde de plus qu'elles rajoutaient à ma longue liste de défauts.

- T'es pas obligé de lui dire tout de suite que tu es venu me rejoindre. Tu peux attendre un peu... mais elle risque de l'apprendre tôt ou tard par quelqu'un d'autre, si Alison en parle... Ce serait peut être mieux qu'elle l'apprenne de ta bouche.

Et j'avais plus peur que jamais qu'il ne regrette son choix d'être venu avec moi. Est ce qu'il tenait vraiment assez à moi pour tout endurer? J'en doutais...

Si sa mère pouvait être effrayante ? Oh oui, terriblement. Très peu portée sur la concession, elle n’admet que sa vision des choses. Toute sa vie, Nate s’y était plié. En bon fils, il n’avait reculé devant rien. Depuis qu’il s’était retrouvé seul avec sa mère quand son père avait disparu, il s’était fait un point d’honneur à la rendre heureuse. Quitte à être malheureux. Et d’ailleurs, sa mère n’avait jamais été plus heureuse que lorsqu’il avait lui-même été le plus malheureux. Est-ce qu’elle allait, pour une fois, lui témoigner un peu de compassion ? Nate espérait avoir le réconfort d’une mère aimante… Mais il doutait fortement que ses attentes à lui soient comblées un jour. Au fond de lui, il avait le mince espoir qu’elle accepte les choses telles qu’elles sont. Mais, en réalité, il savait bien que c’était peu probable. « Ouais, j’aimerais bien lui dire moi-même et puis tu sais… » Nate releva la tête vers Matt pour sonder son regard du sien. Tout ce temps qu’il avait passé à mentir, juste pour le cacher lui au reste du monde. C’était énorme. Aujourd’hui qu’il avait tout perdu, ou presque. Nate ne voyait plus vraiment pourquoi il devrait mentir et surtout, il n’en avait plus aucune envie. « Je crois que j’ai assez menti pour toute une vie… Il serait peut-être temps que je commence une vie sans secret. » Nate ne savait pas encore s’il pouvait se permettre le luxe de vivre sans secret mais, c’était décidé, il ferait tout pour.

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Même si ça serait difficile pour lui, je pensais vraiment que sa mère méritait d'entendre la vérité de sa bouche. Peut être avait elle entendu la version d'Alison déjà, et si c'était le cas elle ne devait pas rester sur cette idée là. Alison allait décrire son ex mari comme un monstre, un pervers qui n'avait fait que la faire souffrir toute sa vie. C'était bien loin du Nate que je connaissais pour ma part.

Je souris doucement en entendant sa bonne résolution pour sa nouvelle vie.

- Et ça ressemblerait à quoi alors pour toi une vie sans secret? Tu la vois comment ta vie maintenant?

Je comprenais sa réaction. J'avais eu à peu près la même quand mon patron avait fini par découvrir la vérité. J'avais fui un endroit où on me traitait comme un monstre. J'étais venu me réfugier dans un endroit où je ne serais plus obligé de mentir, où je n'aurais pas à jouer à être un autre. Ici je pouvais faire ma vie sans que personne ne se soucie de ma sexualité. Mes anciens collègues de boulot avaient tous été plus préoccupé par l'idée de décrocher un rôle que de soucier des penchants de leur collègue. Puis c'était moi qui avait décroché un rôle au final. J'avais trouvé des personnes qui soit étaient comme moi, soit qui l'acceptaient. Mon agent était au courant, je n'avais pas voulu lui mentir. Je ne voulais pas qu'il me pousse à fréquenter des femmes parce que ce serait bon pour ma carrière. Il l'avait bien pris, m'avouant qu'il avait quelques clients dans le même cas que moi. Puis il m'avait conseillé de me faire discret. L'homosexualité n'était pas encore bien vu et accepté par la société. Je pouvais fréquenter tous les hommes que je voulais, tant que ça ne se savait pas. Pas de baiser en public mais pour le reste j'étais libre. Et qui sait, peut être qu'un jour je pourrais faire mon coming out.