Une drôle de lueur s’alluma dans les yeux de Nate quand Matt parla de voyager. Ensemble. En Europe. Sérieux ?! Nate n’avait jamais voyagé aussi loin mais ça avait toujours fait parti de ses envies. De ce qu’il avait compris cependant, c’était nettement moins dans les projets de Matt. Et pourtant c’est lui qui en parlait, qui suggérait de le faire tous les deux. Nate exulta. « Mais… Oui ! Avec grand plaisir. Il faudrait attendre que le salon de thé soit stabilisé mais ce serait vraiment chouette. » Est-ce que Matt était déjà seulement parti en vacances ? Nate doutait. Lui, il l’avait fait avec femme et enfant. La plage, le sable partout dans la voiture, l’avion même un peu… Il connaissait. Mais il n’avait jamais quitté le pays. Voler aussi loin, ça le laissait carrément rêveur. Il y avait tant de choses que Nate n’avait jamais fait et qu’il aimerait faire. Et s’il pouvait le faire avec Matt, c’était d’autant mieux. Nate mangeait son plat avec appétit. C’était succulent et il en garderait un souvenir vibrant, c’était certain. S’il avait un peu de place pour le dessert ? Nate regarda Matt dans le détail. Ses yeux bleus, sa bouche… Oh, il y a bien quelque chose qui lui ferait plaisir pour le dessert mais c’était une faveur beaucoup moins envisageable que celle de simplement se tenir la main. « Je ferai de la place. Et toi ? » Ce n’était que de la gourmandise, Nate était déjà parfaitement calé. D’ailleurs, ça faisait des mois qu’il n’avait pas autant mangé. « La France sans hésitation. Je veux voir Paris. L’Italie aussi… Venise, Rome… » Il sourit. Deux destinations romantiques par excellence. A croire qu’il était un véritable romantique dans l’âme. « Je me souvenais pas que ça t’intéressait, les voyages… Tu rêves de quelque chose, toi ? » Détendu, Nate se lova contre le dossier de sa chaise. Ce qu’il aimait l’écouter parler. Ça avait toujours été assez précieux tant Matt n’était pas loquace. Quoi qu’il avait fait des progrès assez exemplaires à ce niveau-là dont Nate ne pourrait qu’être heureux.

- Je devrais pouvoir trouver de la place moi aussi.

Je lui souris doucement avant de faire signe à notre serveur pour qu'il nous amène la carte des desserts. Je le remerciais en la prenant et la détaillais.

Ca n'avait jamais été mon truc de voyager et ça ne me faisait pas envie. Mais je voyais bien que cette idée rendait Nate heureux. Il souriait, parlant des voyages qu'il rêverait de faire. Si je me débrouillais bien, que je faisais quelques films, je devrais pouvoir lui payer ça un jour.

- On fera ça alors. La France et l'Italie. On ira un jour.

Il faudrait juste que je prenne mon courage à deux mains pour monter dans un avion. Je devrais pouvoir le faire, j'avais déjà vécu pire. Puis voir Nate sourire comme ça, ça n'avait pas de prix. Il semblait tellement heureux à l'idée de faire ces voyages. Avait il déjà voyager d'ailleurs? Etait il parti avec sa famille, prenant quelques jours de vacances bien mérités, visitant les Etats Unis? Je ne savais rien de sa vie quand il était marié, de son quotidien. Nous avions toujours évité soigneusement d'en parler. C'était une source de dispute entre nous. Sûrement parce que c'était beaucoup trop douloureux pour moi, d'entendre parler ainsi de la vie qu'il avait une autre, de cette vie qu'il avait choisi plutôt que moi. Et je ne poserais pas la question maintenant. Tout ça c'était du passé. On devait aller de l'avant.

- Rêver de voyager dans un endroit? Non. Ca n'a jamais été mon genre de voyager. Je n'ai même jamais pris l'avion tu sais.

J'étais venu depuis le Texas en bus. Je n'avais pas les moyens de me payer l'avion. J'avais mis des jours à arriver mais ça en valait la peine.

- Je vais prendre le fondant au chocolat, là tout de suite c'est ce dont je rêve.

Je ris doucement, attendant que le serveur vienne prendre notre commande. Je n'avais pas spécialement de rêve en tête. A une époque je rêvais de retaper la ferme de mon père, de faire quelque chose de bien et de grand de cet endroit. J'avais du abandonner ce rêve. Maintenant je vivais juste ma vie, profitant de chaque instant.

Nate attrapa la carte des desserts en remerciant le serveur. Il n’arrivait pas encore vraiment à croire que cette soirée pouvait se passer aussi bien. Est-ce que c’était réel ? Ça en avait l’air en tout cas. D’abord le baiser au local… Ensuite sa main dans la sienne en public. Il n’y a pas si longtemps encore, ça aurait été impossible. Et là… La vie s’éclairait enfin de nouveau. Il l’avait mérité. A vrai dire, ils l’avaient tous les deux mérité. « T’es sûr ? » que Nate lui demanda timidement alors qu’il lui promettait presque qu’ils voyageraient en Italie et en France. Ce n’était pas du tout parce qu’il n’en avait pas envie. Au contraire. Partager ça avec Matt, il en mourrait d’envie. Mais il n’avait pas envie qu’il fasse encore des concessions pour lui après toutes celles qu’il avait déjà faites dans le passé. Il avait assez donné pour lui. C’était à son tour de lui rendre la pareille. La réponse à son interrogation, Nate ne tarda pas à l’avoir quand Matt lui expliqua qu’il n’avait jamais rêvé de voyager. Nate esquissa une petite moue. Sa simplicité, c’était une des choses qu’il aimait le plus chez Matt… Mais, voir du pays, il était certain que ça pourrait lui plaire. « L’avion, c’est assez impressionnant la première fois… » Un sourire étira les lèvres de Nate alors qu’il se rappelait de la première fois qu’il avait pris l’avion. Ça avait été impressionnant, oui, mais extrêmement grisant aussi. Il avait eu l’impression de faire un tour de montagne à russes entre excitation et appréhension. Finalement, il avait adoré et ne faisait pas parti de ces gens qui ont peur de l’avion. « Voilà un rêve qui a au moins le mérite d’être réalisable ! » que Nate avait plaisanté en ouvrant enfin la fameuse carte des desserts qu’il commença à déchiffrer. Le serveur arriva et il commanda du pain perdu. Il était curieux de savoir quel dessert du pain pouvait donner au juste. Nate attendit que le serveur reparte pour demander : « Alors si tu ne penses pas à voyager… Il y a quelque chose d’autre dont tu rêverais ? » Et si Nate demandait, c’était uniquement par curiosité. Il avait l’impression de le connaitre terriblement bien et, en même temps, il existait chez lui des parts d’ombres qu’il n’avait pas encore découvert.  

Je secouais doucement la tête en entendant sa question.

- Non... rien de particulier.

J'avais fait des rêves à une époque. Je voulais avoir une ferme à moi, en faire quelque chose de bien, de mieux que ce que m'avait légué mon père. J'avais rêvé d'une vie à deux pour Nate et moi là bas. On aurait travaillé tous les deux, côte à côté, sans se soucier du reste du monde. On se serait juste occupé de nos bêtes. Mais ce rêve là aussi avait volé en éclats. Les rêves... ils ne se réalisaient jamais et je finissais toujours contrarié. Alors rien ne servait de rêver. Je voulais juste vivre ma vie.

- Je sais, c'est plutôt pathétique. La plupart des gens arrivent à L.A avec des rêves plein la tête. Ils rêvent de devenir célèbre. Ils veulent conquérir le monde. Moi je ne veux rien de tout ça. Je veux juste pouvoir vivre ma vie en paix.

Après toutes les merdes que j'avais eu, toutes les désillusions, j'étais fatigué. Je n'aspirais plus qu'à la paix, une petite vie tranquille sans de nouvelles catastrophes qui me tomberaient dessus.

Je lui souris doucement alors que nos desserts arrivaient.

- Voilà exactement ce dont je rêvais. Un délicieux gâteau au chocolat. C'est bon je suis comblé.

Je lâchais un petit rire espérant ainsi détendre l'atmosphère. Je n'étais pas malheureux dans ma vie, bien au contraire, je n'avais sûrement jamais été aussi heureux qu'en ce moment. Ma vie s'était enfin apaisée après toutes les galères que j'avais connu. Je pouvais très bien vivre sans avoir de grand et beau rêve à réaliser. Une vie simple, au calme c'était tout ce dont je rêvais.

Alors j'attaquais mon dessert et lâchais un petit gémissement de plaisir.

- Hmm... délicieux.

Nate guettait la réponse de Matt. S’il avait un rêve, peut-être qu’il pourrait l’aider à l’atteindre ? Après tout ce temps, tous les sacrifices qu’il avait fait pour lui… Il méritait bien ça. Et c’était bien parce qu’il se réjouissait de pouvoir l’accompagner dans la poursuite de ses rêves que Nate se sentit un peu déçu de savoir qu’il n’en avait pas. Rien de particulier en tout cas. Nate resta un petit moment sans rien dire à l’écouter s’expliquer avant de sourire largement. « Mais non, ça n’a rien de pathétique. » Et Nate était sincère. La plupart des gens nourrissaient beaucoup d’espoir quant au futur. Matt, lui, se contentait du présent et ça avait quelque chose de terriblement charmant. Ça rendait l’instant présent plus beau, plus important encore que tout le reste. Nate vivait sans doute trop dans le futur. Il avait attendu le bonheur toute sa vie en s’imaginant que ça l’attendait… Plus tard. Divorcer, oui, mais pas tout de suite. Vivre avec Matt, d’accord, mais pas maintenant. Et finalement, le temps s’était écoulé et il n’avait jamais été heureux. Pas pleinement en tout cas. Quoi que cette soirée était prometteuse. A ce moment précis, il n’était que bonheur et légèreté. « C’est toi qui as raison. » Nate haussa les épaules. « C’est le meilleur moyen d’être heureux après tout… Ne pas avoir d’attentes concernant le futur. Pas de rêve. » Nate avait sourit. Il le pensait. Mais il était bien trop rêveur pour ne pas garder cette fantaisie. Fut un temps, il avait cédé au cynisme et ses rêves s’étaient évanouis dans la nature. Depuis son retour à LA, Nate se permettait de nouveau de rêver à plein tube. Et il aimait ça. Son optimiste à toute épreuve restauré, il pouvait affronter les aléas de la vie… Si toutefois il y en avait. Ce soir et pour la première fois depuis longtemps, la vie lui paraissait incroyablement douce et facile. Ça lui donnait envie de mordre dedans… comme Matt mordait dans son fondant au chocolat, arrachant un sourire attendri à Nate qui était plus que jamais transi d’amour pour lui. « T’as peut-être pas de rêve mais ton ventre en a pour toi je crois bien ! » que Nate s’exclama en rigolant doucement alors qu’il attaquait lui-même son dessert. Pain perdu, franchement, le nom ne payait pas de mine mais c’était excellent. Nate n’en revenait pas que ça puisse être aussi simple mais aussi bon à la fois. Comme quoi. Les meilleures choses dans la vie étaient souvent les plus simples. « Ok, c’est excellent mais quand j’aurais fini ça je suis pas sûre d’être capable de bouger encore ! » qu’il s’exclama en remarquant que son ventre était de plus en plus rempli.  

- Tu es gentil de dire ça mais non c'est plutôt triste et pathétique de ne plus avoir aucun rêve pour sa vie.

Je m'arrêtais pour savourer une bouchée de mon gâteau au chocolat avant de reprendre.

- Tout le monde a un rêve, tout le monde croit en quelque chose. C'est ce qui nous permet d'avancer. Tu as ta boutique, c'est un rêve qui est entrain de prendre forme. Il y a des personnes ici qui rêvent de devenir acteur, réalisateur, chanteur. Tous ne réalisent pas leur rêve mais ça leur permet d'avancer, de se dépasser.

Dan rêvait de devenir réalisateur et il faisait tout pour atteindre cet objectif. Il avait commencé au plus bas de l'échelle, se contentant de porter le matériel sur les plateaux avant de devenir petit à petit assistant réalisateur. Mais j'évitais de parler de lui. Je sentais bien que cela mettait Nate mal à l'aise.

- Je n'ai pas encore quarante ans et je réagis déjà comme un vieux cynique désabusé par la vie. Je vis, ce qui est certainement un rêve pour des centaines de personnes ici. Moi je le prends comme un boulot comme un autre. Je me contente d'avancer, conscient que tout peut s'arrêter à un moment.

Je lui souris doucement, secouant la tête.

- Mais c'est ton anniversaire, je vais arrêter de plomber l'ambiance. Tu as des rêves toi, c'est beaucoup mieux que moi. Alors à part voyager, voir ta boutique marcher, qu'est ce qui te ferait envie?

Je terminais mon gâteau, reprenant une gorgée de ma boisson pour le faire passer. Je n'avais aucune envie de bouger pour le moment. Je savourais cette soirée, ne voulant pas la voir s'arrêter trop vite.

Nate écoutait Matt parler avec attention. Ça le peinait de l’entendre dire que c’était triste et pathétique alors qu’il ne voyait même pas le problème dans le fait de ne pas avoir de rêve. Mais Matt s’expliqua et Nate opina du chef plusieurs fois. Est-ce que ça lui manquait ? Est-ce qu’il aimerait avoir un rêve qui le pousserait à donner le meilleur de lui-même ? Nate médita un instant, incapable de trouver de réponse à ses questions néanmoins. « Peut-être que t’as juste pas encore trouvé… Et qu’un nouveau rêve t’attend quelque part. » qu’il avait répondu dans un sourire. Et pourquoi pas ? Ce n’était pas parce qu’il s’approchait des quarante ans que sa vie s’arrêtait et qu’il ne lui était pas permis de rêver, loin de là ! Nate eut un rire gêné quand Matt dévia la conversation pour lui demander quel était son rêve à lui. C’était à peine s’il n’avait pas rougit. Il avait bien quelque chose qu’il espérait voir se réaliser plus que tout mais… Il ne pouvait pas lui dire… Si ? Nate détourna le regard sur son assiette un instant. Est-ce que le pain perdu lui donnerait le courage de se dévoiler de cette façon ? « Il y a bien quelque chose, oui… » qu’il avoua d’une petite voix en relevant enfin les yeux vers Matt. Il soupira, rassemblant tout son courage. « Ok, je sais même pas comment le dire pour que ça n’ait pas l’air complètement niais mais… » C’était un peu plus difficile qu’il ne l’aurait pensé. Des preuves d’amour, il y en avait déjà eu entre eux. Heureusement. Mais là, c’était différent. Il allait mettre son coeur dans les mains de Matt et le retour pouvait faire mal. Il le savait. « C’est toi. Je veux dire… T’es un de mes rêves. » Un autre rire gêné, Nate ne savait plus où se mettre. « Désolé, je voulais pas que ce soit gênant. J’ai toujours été un grand rêveur tu sais. » qu’il tenta de faire passer avec un sourire. Rêveur, Nate l’avait vachement moins été pendant la période de son mariage même si le rêve d’être avec Matt ne s’était jamais évanoui depuis qu’il l’avait rencontré.  

Je souriais légèrement alors qu'il commençait de son rêve probablement trop niais. J'avais une petite idée de ce que ça pouvait être. Je le laissais parler, ne me défaisant pas de mon sourire.

- Ce n'est pas la première fois que tu me parles de ce rêve. Et j'en rêvais moi aussi à une époque.

Je secouais doucement la tête. Cela faisait partie des très nombreuses désillusions de ma vie. Sûrement une des plaies qui restait encore le plus à vif.

- Mais j'ai fini par me dire que ça ne se réaliserait jamais. Parce que tu ne laisserais jamais ta famille, que tu ne serais jamais pleinement à moi mais qu'il y aurait toujours ta fille avant. Il a fini par faire partie de mes nombreux rêves brisés, comme lorsque je rêvais de faire quelque chose de la ferme de mon père, de le voir fier de moi, ou de voir mes soeurs fières de moi. Un rêve brisé de plus.

Je lui fis un petit sourire triste. La liste était longue. J'avais fini par devenir un homme encore plus cynique qu'autrefois qui ne s'autorisait plus à rêver.

- Mais maintenant...

J'avançais ma main allant saisir la sienne doucement. Je baissais le regard sur elles, sur nos mains jointes. Ce petit geste qui semblait être peu de choses mais qui représentait tellement pour nous. Un geste que nous n'avions jamais pu nous autoriser à avoir en public jusqu'à présent. Un geste qui aurait pu nous valoir de sérieux ennuis de là où nous venions.

- Maintenant je me demande si je ne devrais pas m'autoriser à rêver de ça à nouveau...

Et ça faisait peur, terriblement peur. J'avais peur de souffrir à nouveau, de retomber dans les même déceptions d'autrefois. Pourtant, avec tout ce qui s'était passé ces derniers jours, je commençais à y croire à nouveau.

Dans un monde idéal, Nate aurait pu être avec Matt dès le départ. Sans se poser de question, sans craindre quoi que ce soit. Ils auraient eu un enfant ou deux sans qu’il n’ait aucune idée de comment ils se seraient arrangés pour en avoir un, ils se seraient mariés et auraient fait tout ce qu’un couple hétérosexuel fait en temps normal. Et, à vrai dire, s’ils avaient juste pu être ensemble ça aurait déjà été énorme. Le coeur de Nate se serra à nouveau quand Matt fit mention de son rêve, rêve qu’ils avaient un jour eu un commun. Avaient. Au passé. Mais c’était fini ? Alors que Nate sentait son coeur dépérir dans sa poitrine, Matt reprit la parole et confirma doucement cette douloureuse sensation que c’était trop tard. Et alors qu’il avait l’impression qu’il ne pouvait pas avoir plus mal, Matt avança sa main vers la sienne, la saisissant doucement. L’espoir que ce geste venait insuffler dans sa cage thoracique lui donna l’impression de renaitre. Un sourire heureux étira ses lèvres, son coeur s’emballa. C’étaient les montagnes russes là-dedans et, pour le coup, Nate adorait ça. Il resta un moment en suspend, à savourer ce moment, avant de répondre : « Je dirais qu’entre le rêve et la réalité, il n’y a qu’un pas à faire tout compte fait… » Nate serra sa main dans la sienne, incapable de le laisser partir pour le moment. Comme si ça pouvait en être justement de rêve, trop beau pour être vrai, et qu’il n’avait aucune envie de se réveiller.
 

Un tout petit pas à faire... Il ne me faudrait plus grand chose pour céder à ses beaux yeux, à son sourire ravageur. Je l'aimais et je ne pouvais rien y faire. Je voulais rêver à nouveau, y croire à cette vie à deux que j'avais tellement voulu.

Je lui souris doucement, récupérant ma main avant de me redresser.

- Je vais aller payer et non ne dis rien, c'est ton anniversaire, c'est normal que je t'invite. Donc je disais, je vais payer et tu me ramènes? Je dois me lever tôt demain mais promis dés que je peux je viens t'aider.

Je lui avais promis de l'aider avec son café, ce n'était pas pour le planter au bout d'un jour. Je me levais et allais payer l'addition malgré ses protestations. C'était normal. C'était son anniversaire et je n'oubliais pas qu'il avait beaucoup investi dans son café. Il aurait besoin de toutes ses économies. Je pouvais enfin me permettre de dépenser un peu d'argent. Je n'étais plus obligé de me serrer la ceinture, de faire attention à la moindre de mes dépenses. Alors je pouvais bien en profiter un peu, surtout pour quelqu'un à qui je tenais.

Je rejoignis sa voiture et le laissais me reconduire chez moi. J'avais ouvert la vitre pour profiter de l'air frais de la nuit. La radio crachait doucement un vieil air de country, me rappelant un peu mes racines. Nous ne parlions pas, seul la radio venait briser le silence. Puis finalement il s'arrêta, se garant devant chez moi. J'hésitais un peu, restant encore un instant dans la voiture.

- Merci pour la soirée et la journée aussi. C'était agréable de passer du temps avec toi. Je te promets que demain je reviendrais et...

Puis finalement je ne résistais pas. Je venais me rapprocher de lui, passant ma main sur sa joue avant de l'embrasser avec fougue. Je me reculais après quelques instants, un léger sourire aux lèvres.

- Bon anniversaire Nate... à demain...

Je le laissais là, quittant la voiture avant de faire une bêtise, de lui proposer de passer la nuit avec moi. C'était trop tôt, beaucoup trop. Je voulais prendre mon temps, faire les choses bien cette fois.