Elle tremble. Elle gémit. Elle halète. Et son cœur qui bat la chamade ne lui laisse pas le temps à des réflexions profondes sur ce qu’elle devait faire. Ce qu’elle devrait faire. Une partie de sa tête, et de son corps, ne voulait qu’il fasse quoi que ce soit s’il ne lui faisait pas confiance en retour. Elle voulait le toucher aussi, même ses cicatrices. Mais … elle ne disait rien parce qu’elle se sentait trop bizarre pour analyser tout ça. Mince. Mince alors. Elle … Elle ne sait plus. Elle ne sait même plus ce qu’elle ne sait plus tant qu’elle ne sait plus. Elle … glousse ? Elle ne sait pas comment elle pourrait appeler l’étrange petit bruit entre le gémissement et le cri qui venaient de sortir de ses lèvres. Elle glousse, quand il passe un doigt en elle. C’était plus fin qu’un pénis, donc ça faisait moins mal. Logique. Elle se laisse faire, répondant comme elle peut à ses caresses, se courbant pour lui donner plus de liberté sur sa poitrine. Et elle sent quelque chose de bizarre.

Le béton dans son corps était toujours plus bas, mais il avait chauffé, chauffé, comme s’il rentrait en ébullition. Et d’un coup, alors que James s’amusait avec son corps, elle avait eu l’impression qu’il explosait dans son corps. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Elle n’aimait pas, ne pas savoir. Elle … il lui fallait du temps pour comprendre cette sensation alors qu’elle se sentait à nouveau trembler comme si ses muscles étaient mus par un besoin. Elle était contre James, mais elle plaqua ses mains contre son visage. Se cachant clairement. Elle avait le cœur qui battait encore la chamade. Et elle était incapable de faire le moindre mouvement, sauf celui de se cacher. Elle se mettait contre lui pour se cacher. Il avait dit de ne pas avoir honte. Elle avait honte. Son corps n’avait pas fait ce qu’il faisait normalement. Elle se sentait … Elle se sentait au bord des larmes et ne pouvait pas parler tout de suite de peur de fondre en larmes. Elle ne pouvait pas expliquer pourquoi elle avait tant envie de pleurer.

- Je …, déglutit-elle avant d’attraper à nouveau son t-shirt comme si elle pouvait se cacher à l’intérieur du tissu, je crois.

Ouais… elle croit. Elle croit que oui. Ou pas. Elle ne sait pas ce qu’elle aime ou pas. Elle sait juste que son corps était encore chaud et frissonnant. Et qu’elle était totalement nue contre lui qui était totalement habillé. Et qu’elle avait froid. Et qu’elle était honteuse de ne rien savoir. Elle croit, parce qu’elle n’avait jamais fait ça. Elle croit, parce que. Parce qu’elle n’avait jamais ressentit ça avant. Elle a les mains qui tremblent… Elle s’en veut aussi.

- Tu as aimé, toi ? demanda-t-elle en laissant dérailler sa voix dans un ton de tristesse et de culpabilité.

Elle ne voulait pas avoir aimé toute seule... mais elle savait déjà que ça avait été le cas. Elle relève ses yeux, entre ses doigts, vers lui plein de larmes qu’elle garde.

- Je … Est-ce que … qu’est-ce qui m’est arrivé ?

Elle savait ce que c’était « jouir ». Fin. Elle savait le principe, la théorie, disons. Elle savait que c’était la contraction de son corps en pleine … et bien jouissance … mais … MAIS cela ne lui était jamais arrivé. Alors elle n’osait même pas demandé. Elle passait pour une innocente petite chose… Ce qu’elle était un peu, d’une certaine manière.

Je souris, attendri, alors que je continuais de la serrer contre moi, de caresser son dos pour tenter de l'apaiser.

- Et bien je pense, sans me vanter, que tu as eu un orgasme.

Normal c'était elle qui était sensé savoir ça mieux que moi. Mais je comprenais bien que c'était la première fois pour elle que du sexe se terminait ainsi pour elle. Je devinais ce qui avait pu se passer avec ses exs. Ils prenaient, ils s'occupaient uniquement de leur plaisir sans penser à elle. Ils faisaient ce qu'ils pensaient être excitant pour eux mais qui ne l'était aucunement pour la femme avec eux. Je n'avais pas la prétention de dire que je connaissais le plaisir des femmes par coeur. Chaque personne était différente et ce qu'il marchait pour quelqu'un ne marchait pas pourquoi quelqu'un d'autre. Comme ce qui marchait à un moment, ne marchait pas forcément à un autre. Je tentais juste d'être attentif, de donner autant que je recevais.

- J'ai adoré. J'ai adoré pouvoir te donner du plaisir comme ça, passer ce moment avec toi. Je me suis senti un homme à nouveau. C'était tellement dur avant de te voir sans pouvoir te toucher, te serrer dans mes bras. J'ai attendu ce moment tellement longtemps... Alors oui c'était merveilleux pour moi, n'en doute pas.

Et même si moi je n'avais pas eu d'orgasme, ce n'était pas grave. Je savais que ça viendrait avec le temps. L'important c'était qu'on avait passé un moment charnel ensemble, qu'on avait pu faire tout ça, prendre du plaisir.

Je relevais doucement sa tête pour l'embrasser tendrement.

- Je t'interdis maintenant de dire que tu n'aimes pas le sexe. Je viens d'avoir la preuve du contraire. Tu as tout à découvrir c'est vrai. Mais je me ferais un plaisir de te faire découvrir tout ça.

Je lui souris avant de l'embrasser à nouveau. Nous avions tout notre temps maintenant. Je ne comptais pas partir. J'avais prévu d'aller de mieux en mieux, de récupérer le plus vite possible pour elle. Nous pourrions faire plus, très bientôt. Je m'en faisais la promesse.

Elle a eu un orgasme ? Elle se cache le visage encore plus dans le buste de James. Consciente d’être toujours nue mais incapable de faire un plus un pour le moment. Elle se cache. Elle essaie de respirer, tout en bridant toutes les émotions qui l’assiègent. Non. Elle n’a pas eu un orgasme. Parce qu’elle n’était pas le genre de personne à en avoir un… et puis … Ses doigts étaient en elle. Les doigts de James s’étaient … amusés, avec son corps… L’intérieur de son corps. Elle avait chaud. Et pas sous le coup de l’excitation. C’était une réaction bien plus honteuse. Elle fait un hochement de tête.

Elle sait que c’était dur pour lui, de ne pas pouvoir la toucher. Que son amour n’était pas suffisant à cause de ça. Parce qu’il manquait le toucher. Elle, elle n’aurait pas été dérangée par ce manque. Ce n’était pas parce que l’homme était capable de la toucher, ou pas, qu’elle l’aimait. Elle savait donc que c’était dur pour lui, mais ne comprenait que difficilement pour quoi. Même si elle avait apprécié, elle ne le ferait pas tous les quatre matins vue le rythme effréné de son cœur. Elle laisse un petit sourire se faire entendre, pour lui. Il avait aimé. Il avait la toucher, être avec elle, même s’il n’avait rien « eu ».

- D’ac… d’accord… bredouilla-t-elle sans oser dire qu’elle comptait bien lui rendre cette douceur un jour, même si elle ne savait pas trop comment faire, elle allait s’entrainer.

Elle écarte ses doigts pour le laisser passer et l’embrasser non sans rougir un peu plus. Elle était vraiment nulle, elle n’arrivait même pas à ne pas rougir. Puis, elle secoua doucement la tête.

- Je n’aime pas le sexe, affirma-t-elle en se retournant pour le regarder droit dans les yeux, le reste de ses larmes caché par la certitude de ses mots, le sexe fait mal. Et c’est fait pour avoir des enfants. Je ne sais pas comment on pourrait appeler ce qu’on vient de faire, mais ce n’était pas du sexe. Cela … cela … Cela … n’a … n’a rien à… à voir.

Elle s’approche, elle se colle à lui, et elle l’embrasse alors que ses larmes se mirent à couler pour toucher James. Non. Ce n’était pas du sexe. Elle refuse de croire que ça pouvait être lié de prés ou de loin à ce qu’elle faisait avant. Ce n’était pas du sexe et elle refuse que ça puisse s’apparenter au sexe… Elle ne voulait pas. Et elle s’écarta pour se cacher à nouveau dans son cou, là où il pourrait sentir mais ne pas voir les larmes qui coulent silencieusement de ses yeux. Ils avaient fait l’amour, elle pourrait l’accepter. Elle aimait faire l’amour, puisque ça sous entendait de le faire qu’avec James et seulement lui. Le sexe c’était sale, inutile, chiant, et avec une seule raison … Un bébé. Alors elle pleure. Parce qu’elle ne ferait pas de sexe avec James. Et qu’elle était encore incapable de lui faire du bien comme il venait de le faire. Elle s’excusa dans son cou. Ce n’était pas de sa faute, à lui, si elle était en train de pleurer. C’était son cerveau qui dérailler. Elle voudrait pouvoir le sentir aussi. Alors, doucement, la main dans son dos releva à peine son t-shirt pour qu’elle y pose la main à plat. C’était tout, rien de plus, il ne la laisserait pas faire. Mais elle avait besoin de sentir sa peau sous ses doigts, elle aussi. Et d’ailleurs, ça calma un peu son cœur et ses larmes de le toucher ainsi.

Je la gardais contre moi, caressant doucement son dos pour l'apaiser alors que je sentais ses larmes imbiber mon tee shirt. Ca me brisait le coeur de la voir aussi mal. Je maudissais le salaud qui lui avait fait du mal et qui avait fini par lui faire croire ça.

- C'était du sexe ma chérie. Ce qu'on a fait ensemble, ça en était. Et c'est comme ça que c'est sensé être à chaque fois. Ca doit être du plaisir et rien de plus.

Sauf si on aimait se faire mal mais ça c'était une autre histoire. Ce n'était pas sensé être ça. Elle n'était pas sensé avoir juste mal et serrer les dents, subir le rapport juste dans l'espoir d'avoir un enfant. Vu comme ça ce n'était pas étonnant qu'il n'ait plus envie de sexe. Elle ne pouvait pas avoir d'enfant alors pourquoi est ce qu'elle irait subir un rapport de ce genre si au bout elle ne tombait pas enceinte? Mais ce n'était pas comme ça que ça fonctionnait, ce n'était pas comme ça que j'envisageais notre vie sexuelle.

- Ce que tu faisais avec ces mecs, ça ce n'était pas du sexe. Parce que ce n'est pas sensé faire mal. Si c'est le cas c'est qu'il s'y prend comme une merde, qu'il n'en a rien à foutre de toi et de ce que tu ressens. C'est un connard qui abuse de toi. Ce n'est pas du sexe ça, c'est de l'abus.

Comment pouvait on prétendre aimer quelqu'un et détruire à ce point la personne? Ca me rendait fou, de voir à quel point on avait pu la maltraiter, comment ils avaient pu la faire souffrir comme ça.

Je repris son visage dans ma main et la forçais à me regarder.

- Sèche tes larmes s'il te plait. Et crois moi. Le sexe c'est comme ça, comme ce qu'on vient de faire et même mieux encore. Je ne te ferais jamais mal. Je ferais toujours en sorte que tu prennes du plaisir comme tu viens d'en prendre. Je te montrerais à quel point ça peut être bon. Alors est ce que tu peux oublier tout ce qu'ils ont pu te faire subir dans le passé et admettre une chose... que tu aimes le sexe avec moi?

Elle tremble. Elle tremble mais elle, elle ne juge personne. Son ex, elle le déteste, mais pas pour le sexe. Elle était consciente que c’était sa faute, elle aurait dû faire plus attention, apprendre, vouloir, y mettre de la bonne volonté, non ? C’était sa faute. Elle ne sait pas si elle pouvait appeler ça de l’abus. Ils avaient profité d’elle, mais sauf le dernier qui avait été un connard de haut niveau, les autres avaient juste arrêté la relation sans la faire souffrir plus que ça. Le sexe n’était pas agréable. Mais il est vrai que même avant de perdre la possibilité d’avoir un enfant … Elle n’avait plus envie de faire quoi que ce soit avec lui. Mais elle le diabolise non ? Elle pleure contre James. Et elle se demande si c’était vraiment aussi grave que ce que sa tête et son corps lui dit. Elle avait lâché un étrange rire quand il avait parlé de « rien à foutre de toi et de ce que tu ressens ». Si James savait. Elle n’avait pas forcément envie de lui en parler. Elle préférait espérer que son ex, le dernier du nom, soit mort dans un caniveau. C’était la seule personne qui pouvait la rendre méchante et en colère. Et seul Paul savait pourquoi et l’avait vu au bord de l’explosion. Même si elle aimait James, elle espérait que ce dernier ne la verrait jamais en train de trembler de colère. Elle remonte les yeux vers lui, regarde cet homme qui était prêt à lui donner le tout, tout de lui, de son cœur, de son corps, et elle ne pouvait que remarquer encore et encore comment ça n’a rien à voir.

- Je …. Commença-t-elle alors que les larmes se tarir un peu, je ne sais pas … Je …

Elle ne voulait pas qu’il regarde son visage. Elle préférait encore qu’il regarde ses cicatrices. D’ailleurs, elle remarque qu’elle se gratte et arrête avant que des marques rouges ne se rajoutent sur sa peau. Pouvait-elle croire que James et elle avaient « fait du sexe »… quand elle n’avait jamais eu la moindre idée que ça pouvait être ça. Elle n’aimait pas l’idée d’avoir pu faire la « même chose » (rien que de nom) avec James et Gordon. Elle n’aimait pas pouvoir dire que Gordon avait eu un jour le même statut que James. James était meilleur. James était au-dessus et depuis toujours. Même sans bouger, il était plus magnifique, incroyable, digne et important que ce que l’autre ne le serait jamais. Elle tourne la tête.

- Je t’aime, souffla-t-elle alors, J’aime être avec toi…. Et j’aime tout ce qu’on pourra faire ensemble.

Même le sexe.
Mais elle ne pouvait pas encore dire ça. Elle ne pouvait pas encore dire que ça c’était du sexe. Elle n’arriverait pas à le penser, même si on lui mettait des coups de pioches, elle avait besoin d’un peu de temps pour le croire. Parce qu’elle ne peut pas l’imaginer, tout simplement. Elle relève les yeux et cherche une réponse à une question qu’elle n’a pas posée dans ses yeux… Elle se demande s’il a envie de savoir qui était ses ex, pas pour leur faire du mal, mais pour savoir ce qu’avait fait le dernier …. Mais elle n’osait pas le dire. Elle se disait qu’il serait agacé par lui, qu’il le haïrait avec elle … mais elle n’avait aucune envie que Gordon puisse assombrir le regard si doux de James. Elle ne voulait pas ça. Alors, elle s’approche et l’embrasse. Avant de rougir à nouveau.

- Tu veux que je reste toute nue ?

Parce que … bah ça aussi, Gordon le faisait. La prendre quand elle dormait et qu’elle était resté nue parce qu’il lui avait imposé après le « sexe ». Elle n’aimait décidément pas l’idée d’avoir fait du sexe avec James. Cela la dérange, alors elle se gratte. Logique.

Je souris doucement en l'entendant parler, cherchant à la rassurer un peu plus.

- Ca me suffit. Je veux juste que tu sois heureuse.

Je ferais tout pour lui faire oublier les connards qu'elle avait pu connaitre dans le passé. Nous allions vivre heureux, j'allais tout faire pour. Nous avions traversé le plus dur déjà. Nous avions réussi à surmonter ça, à vaincre mon handicap. Maintenant j'allais mieux de jour en jour, ses projets étaient entrain de se concrétiser. Nous avions commencer par souffrir, il était temps pour nous maintenant de profiter.

Je lâchais un petit rire en l'entendant me demander si elle devait rester nue ou non.

- Et bien... c'est vrai que j'apprécie particulièrement cette tenue. Je peux me rincer l'oeil....

Je passais mes mains sur ses fesses nues, les caressant doucement. J'aimais beaucoup la voir ainsi c'était certain. Mais je sentais aussi qu'elle n'était pas à l'aise. Je n'allais pas lui imposer quelque chose juste pour mon petit plaisir. Je la lâchais, à contre coeur, et me reculais un peu.

- Rhabille toi. Mais reviens quand même assez vite dans mes bras.

Je lui fis une petite moue en disant ça. Je la laissais se rhabiller, ne me gênant pas pour la regarder au passage. Je tentais quand même de me faire discret et pas trop insistant. Elle était si belle, je ne me lassais pas de la regarder. Je ne voyais même pas ses cicatrices. Je savais qu'elles la gênaient mais je la trouvais belle avec. Cela faisait partie d'elle.

J'attendis qu'elle termine de s'habiller et qu'elle revienne dans le lit avec moi. J'éteignis la lumière avant de m'installer, la serrant dans mes bras pour dormir ainsi. Les choses étaient beaucoup plus simples maintenant. Je pouvais bouger facilement dans le lit quand je dormais. Je pouvais réellement dormir avec elle, dormir en la tenant serrée contre moi. Chaque jour je progressais un peu plus.

Bientôt je verrais le chirurgien. Je pourrais me faire opérer et enlever cette poche. J'allais continuer de progresser en kiné et je pourrais bientôt changer de fauteuil. Je déménagerais à ce moment là. On se trouverait un appartement à nous, un appartement où je pourrais mes journées, mes soirées avec elle, où je pourrais lui faire l'amour chaque nuit.

Ca viendrait très bientôt... mais pour le moment je la gardais serrée dans mes bras.

Elle le regarde quand il parle de se rincer l’œil … Ouais… Elle venait de répondre à une question universelle. Est-ce que l’amour rendait aveugle ? Dans le cas de James, ça devait être le cas … parce que clairement... Il n’y avait rien de jolie en elle. Elle n’avait pas des seins que l’on pouvait dire appétissant, elle était un peu trop marqué, elle avait des traces de bronzage, elle était un peu trop grosse, bref, elle ne se sent pas belle. Mais elle se souvient de la sensation quand il était en train de … de la caresser. Elle s’était sentie belle à ses yeux. C’était ce qui compte non ? Un jour, il verrait la terrible vérité, mais pour le moment, il voulait d’elle. Elle lui lance un sourire timide quand il la caresse à nouveau. Elle se lève d’un bond et s’habille. Elle met la culotte et cherche le t-shirt dans la pièce pour le retrouver de l’autre côté du lit. Heureusement, elle n’avait pas plus de couche en venant se coucher… elle aurait pu retrouver ses affaires sur l’armoire. Elle se cale dans ses bras, ne se sent pas du tout sale de ce qu’ils venaient de faire, et s’endors en restant le plus proche possible de lui. Elle aimait cet homme. Elle l’aimait de tout son cœur.

Le lendemain, elle se réveilla avant James. Elle regarde l’homme dans ses bras et elle sourit. Elle l’aimait vraiment beaucoup. Elle n’arrivait pas à s’enlever ça de la tête. Elle approche son doigt du visage de James, descend l’arrêt de son nez avec délicatesse avant de sourire pour passer sur sa joue et ses lèvres.

- James, il est l’heure de se réveiller, mon amour.

Et cette fois-ci, elle ne rougit pas du petit surnom. James Baker était son amour. L’homme qui pouvait la faire vibrer. Le seul avec qui elle avait ressenti une pareille connexion. La seule personne qui était … dans son cœur. Elle sourit. James Baker était son amour. Point.

*

La visite du local devait avoir lieu à 15h. La visite et la remise des clés… Quatre jours après leur incartade amoureuse, ils n’avaient pas eu une nouvelle relation comme celle là. Letty n’en avait pas réellement parlé avec lui, bien qu’elle pose sur lui un regard parfois désolé de ne pas être plus. Elle arriverait à faire plus. Elle l’espérait. Elle y arriverait. Déjà, elle savait que, si James ne prenait pas l’initiative, elle ne ressentait pas forcément le besoin de recommencer comme elle avait pu le lire sur internet. Elle pose le paquet de chips sur la table et elle le remplit. Tout à l’heure, Paul allait venir pour faire un repas avec James. Lisa ne pouvait pas venir, et il avait été décidé que Sally était trop jeune pour des « discussions ennuyantes d’adulte », selon ses propres mots. Elle s’approche de James et se met sur ses genoux avant de l’embrasser doucement pour attendre la sonnette qui annoncerait l’arrivé de ce cher Paul.

- Je suis contente si tu le rencontres enfin, mais je dois te prévenir …

Elle se penche comme pour faire une confidence, avouer un secret inavouable.

- Paul stresse à mort. Pour lui, tu es notre mécène avant d’être mon petit ami, et il a terriblement peur de dire quelque chose de travers. Il est un peu protecteur.

Mais le sourire de Letty prouvait qu’elle n’avait pas la moiiiiiindre peur, elle. James et Paul étaient deux hommes différents. Si l’un était un blanc, brun, qui avait un manque de muscles… Paul était un grand noir avec un corps imposant (//Je le vois comme Winston Duke). Mais … Les deux avaient des caractères communs. La passion coulait dans leur veine. Paul aimait la mécanique comme James la musique. Les deux avaient à cœur de faire les choses bien. Et les deux l’aimaient. Ce qui était parfait. Elle rit à cette pensée.

- Et je crois que tu es le premier que je lui présente de moi-même.

Les autres, Paul les avait rencontrés en tombant dessus, ou par nécessité. Surtout Gordon qu’il n’avait pas eu le choix de rencontrer et de supporter. Mais bon, tout comme Letty, la colère de Paul contre l’homme était toujours à son maximum et il ne valait mieux pas y penser. Officiellement, elle n’avait jamais mis un terme à sa relation avec Gordon. Il n’y a pas eu de « je te quitte ». Mais la situation était logique pour tout le monde, n’est-ce pas ?

HRP – tu peux jouer Paul si tu veux ou ellipser le repas et la visite du local pour passer à ta convenance ;)

Quelques jours avaient passé. Nous n'avions pas encore eu l'occasion de remettre ça au lit elle et moi. Je lui laissais du temps pour s'habituer à l'idée qu'elle avait aimé ça, que cela pourrait être agréable de le refaire, de faire même un peu plus. Je savais qu'elle ne viendrait pas d'elle même, pas pour le moment en tout cas. Mais j'avais espoir. Je voulais croire que je pouvais l'aider à avoir une sexualité épanouie, à réussir à surmonter ses traumatismes.

J'avais rendez vous le lendemain pour décider si oui ou non je pouvais me faire opérer et fixer ainsi une date d'opération. Quand ce serait passé, je serais certainement un peu plus à l'aise pour qu'elle me touche. Nous pourrions faire un peu plus. J'avais hâte de franchir cette étape là aussi, d'être encore plus proche d'elle.

Mais pour le moment nous devions aller visiter son local et surtout je devais rencontrer son ami, le fameux Paul.

Je souris doucement alors qu'elle me racontait dans quel état se trouvait son ami Paul.

- Moi aussi je stresse à l'idée de le rencontrer. Je sais à quel point il est important pour toi. J'ai envie de lui plaire, qu'on s'entende bien lui et moi. Et je n'ai rien d'un mécène. J'ai juste aidé ma petite amie à financer le projet qu'elle voulait monter. Ce n'est rien d'extraordinaire.

Je la pris par la main pour venir la tirer vers moi et l'installer sur mes genoux. Je la serrais dans mes bras, l'embrassant tendrement avec un petit sourire.

- Tu passes la nuit ici? Comme ça on pourra partir ensemble demain matin chez le chirurgien.

Je ne laissais plus l'infirmière venir tous les jours chez moi. J'arrivais à me débrouiller seul désormais. Il n'y avait que pour la poche sur mon ventre que j'étais encore mal à l'aise. J'avais appris à le faire seul mais je me sentais terriblement mal chaque fois que je le faisais. Je l'avais en horreur. J'avais hâte de pouvoir m'en débarrasser et retrouver une vie encore un plus normal.

- J'ai très envie de passer la nuit avec toi à nouveau...

Je remontais une de mes mains lentement sur sa cuisse. Je me penchais pour aller embrasser doucement son cou. J'avais envie d'elle à nouveau. J'avais pu goûter au plaisir de la voir prendre du plaisir dans mes bras et j'avais terriblement envie de remettre ça, d'aller un peu plus loin même.

Je grognais alors que j'entendis sonner à la porte.

- J'ai changé d'avis... je ne suis pas certain de l'apprécier. Il ne sonne pas au bout moment.

Je l'embrassais rapidement, lui souriant malicieusement alors que je retirais mes mains pour qu'elle puisse se lever.

Letty leva les yeux au ciel en rigolant. Les deux personnes qu’elle aime le plus au monde avaient peur de ne pas plaire à l’autre. C’était si étrange, si … nouveau. Paul avait dû rencontrer sa sœur, et il sait qu’elle avait dû mal avec sa sœur. Le bonheur le plus total aurait été de présenter son grand-père à James. Son grand-père, il aurait été le genre de vieux taquin à faire semblant de le menacer avec son regard rieur et son sourire narquois. Si seulement elle avait rencontré James avant. Son grand-père l’aurait peut-être tabassé d’avoir fait pleurer sa petite fille… et il aurait rappelé à Emily de ne pas être trop pressente avec sa petite sœur. Elle caresse son visage une fois sur ses genoux et le baiser échanger. Elle le regarde dans les yeux.

- C’est extraordinaire, James. Ne doutes pas de cela.

Elle se sentait toujours un peu mal d’avoir accepté ainsi l’argent de James, tout comme elle avait eu du mal pendant leur séjour aux Maldives. Elle n’avait pas réellement profité seule, elle avait fait le strict minimum et sans dépenser trop d’argent. Elle ne se sentait pas encore tout à fait à l’aise avec ça. Alors si, c’était extraordinaire ce qu’il lui avait donné, et elle comme Paul refuserait qu’il diminue son poids dans leur rêve. Elle fit un oui de la tête pour dormir avec lui, elle allait prévenir qu’elle n’avait toujours pas de pyjama, il faudrait qu’elle y pense d’en laisser tout de même, avant de rougir… Son rouge remonta le long de ses joues, atteignant ses oreilles. « à nouveau ». Il ne parlait pas de toutes les nuits mais de celle-là, n’est-ce pas ? Ouais. Oui. Mince. Elle sent un frisson la parcourir sans pouvoir l’empêcher. Elle baragouine des choses alors qu’elle était rouge pivoine et n’arrive pas à rire quand James la laisse pour qu’elle aille ouvrir… est-ce qu’elle est déçu que Paul débarque ? Elle ne sait pas. Elle ne sait plus. Elle est perdue. Elle ouvre la porte alors que Paul se fige.

Il la regarde deux bonnes secondes sans rien dire avant qu’un sourire entendu se dessine sur son visage. Il ne dit rien alors que Letty releva un doigt accusateur vers lui. Il savait qu’il tombait mal. Il ne pouvait pas dire si c’était le sexe ou une discussion qui lui tient à cœur, mais il voyait la moue déconfite de Letty et savait qu’il y avait quelque chose.

- Tais-toi, souffla-t-elle sans savoir que James pourrait très bien les entendre.
- Je n’ai rien dis, murmura Paul à son tour.
- Tes yeux parlent, et tu te tais.

Paul releva les mains alors qu’il avança dans l’entrée pour enlever sa veste. Il avait l’impression d’être une armoire à glace en comparaison de sa meilleure amie qui était bien plus petite et mince que lui. Il avait pris l’habitude de rester assis, souvent, quand ils rencontraient des parents dans le besoin, pour ne pas les surplomber de sa hauteur… Et là, ça allait être pire avec un homme en fauteuil roulant, non ?

- Il est là ? demanda-t-il encore tout bas.
- Où veut tu qu’il soit ?
- Ah oui, sinon tu ne serais pas dans cet état.
- Si tu ne te tais pas, je t’étripe !

Il cache un rire, pose ses paumes contre son jean et la regarde alors que son état rieur cachait à peine le stress sur son visage. Il n’avait pas envie de faire mauvaise impression, mais il était le genre d’homme spontané et franc. Trop sincère pour la plupart des gens… et il devait tout à Letty. Elle avait été son ami dès la première fois, alors qu’on le traitait de gros et de « bonhomme michelin noir » dans la cours de l’école. Il avait un véritable amour platonique pour elle. Et il voulait rien faire pour son malheur, déjà qu’il se sentait responsable pour beaucoup de chose. Elle lui donna deux tapes sur la tête.

- Arrête de stresser, joli cœur, James aussi a peur que tu ne l’apprécies pas. Mais moi, je sais que tout ira bien. Tu veux un câlin pour te détendre ?

Paul tourna la tête négativement. Il ne pouvait pas avoir de câlin. Il savait que tout le monde se méprenait sur ses relations avec Letty. Faire un câlin ça risquait fort de ne pas plaire à James. Il ne pouvait pas l’accepter, et cela, même si son cœur tambourine de stresse. Il était peut-être un grand gaillard noir de deux mètres de haut pour 96 kilos, il n’empêche qu’il stressait. Elle le prends dans ses bras doucement pendant quelques secondes, pas assez pour faire attendre James. Letty lui prends la main ensuite et l’amène dans le salon tout sourire.

- James, je te présente Paul. Paul, je te présente James. Tous les deux je vous aime. Et James sait que tu es mon frère, dit-elle vers Paul avant de retourner les yeux vers James, et Paul sait que tu es mon amoureux. Je vais chercher l’apéritif.

Paul regarde Letty partir avant de se figer à nouveau … elle allait prendre biiiiien tout son temps la connaissant la sale bête. Il lui envoya une malédiction ou deux avant de trouver un moyen de respirer. Il sourit doucement et montre le canapé d’un coup de tête.

- Je peux … je … m’assoir ? Parce que … je … fin …

Parce qu’il était grand et qu’il avait l’impression qu’il allait l’écraser. Dieu que c’était dur de ne pas pouvoir communiquer. Il était le genre franc parlé et sincérité absolue dans tout ce qu’il fait et dit … mais … L’homme était le petit ami de sa sœur de cœur de meilleure amie…Il ne pouvait pas … se faire mal voir. Il ne pouvait pas mettre Letty dans une position où elle devrait choisir. Il avait détesté Gordon du plus profond de son cœur, et Letty avait évité leur présence ensemble jusqu’à ce jour là… mais …. James n’était clairement pas dans le même genre de relation que Gordon et Letty. Paul avait toujours voulu tuer les mecs de Letty pour ce qu’ils lui faisaient, ce qu’elle lui racontait. Mais elle demandait de ne rien faire. Pour Gordon, elle n’avait rien raconté avant qu’ils ne se quittent … Et ça le rendait fou. Il montre la cuisine d’un coup de tête en cherchant quoi dire.

- J’espère qu’on ne lui a pas laissé faire la cuisine, j’en ai marre de boire des soupes…

Elle était gênée, les joues légèrement rougissantes. Mais je savais que ce n'était pas de la gêne dans le sens où elle aurait été mal de façon plutôt négative. Là j'avais plus l'impression que c'était une gêne teintée d'un peu de plaisir. Du moins j'avais envie de le croire. Je prendrais le temps d'en discuter avec elle ce soir quand nous serions enfin seuls dans mon lit.

Je les entendais discuter doucement dans l'entrée. Je notais que Paul avait remarqué lui aussi ses joues rougies et qu'il la taquinait dessus. Le ton semblait plutôt léger. Bien... je n'avais pas fait une connerie. J'avais terriblement peur d'aller trop loin et de l'effrayer ou de lui faire du mal. Mais c'était parfois difficile de contenir l'envie que je ressentais pour elle. J'avais été privé tellement longtemps de ce genre de plaisir. J'avais du la regarder pendant des semaines sans pouvoir la toucher. Maintenant que je pouvais, c'était terriblement dur de devoir lui résister.

J'essayais d'oublier bien vite tout ça pour sourire à son ami et le saluer alors qu'il venait d'entrée dans le salon. Je remuais légèrement sur mon fauteuil, tentant de trouver une position où je me sentirais un peu moins pitoyable face à cette armoire à glace qui venait d'arriver. Quand elle m'avait parlé de Paul, j'avais cru voir arrivé un mec à l'allure un intello, le genre qui porte des lunettes et tout le cliché. Je ne m'attendais pas à... lui.

- Oui oui assis toi.

Oui enfin il valait mieux. J'en avais déjà marre de devoir lever la tête quand je parlais aux gens, là je devais carrément me tordre le coup pour y arriver.

Elle nous laissa là, cette traitresse et s'échappa dans la cuisine. Je cherchais un moment quoi dire avant qu'il ne finisse pas briser le silence. Je lui souris, riant légèrement tout en secouant la tête.

- Non il n'y a pas de soupe. Elle sait que j'ai horreur de ça. J'ai pris un repas chez un traiteur. En entrée pour nous il y a une salade de chèvre chaud et juste une portion de soupe pour elle. J'essaye d'être un bon petit ami même si je n'aime pas les soupes pour son plus grand malheur.

Au final c'était devenu une blague entre nous. J'en faisais des tonnes, un peu trop, juste pour plaisanter sur tout ça.