Hunter sentit la tension dans le corps de la jeune femme à ses côtés. Peu habitué à être un amoureux, il ne savait pas réellement comment réagir. Alors, il prit sa main sous la table et donna un peu de réconfort. Il ne savait pas si cela était utile ou non, mais cela pouvait suffire, pour le moment. Il n’aimait pas la sentir en détresse. Il laissa faire la jeune femme, conscient qu’elle avait besoin de « commander » pour pouvoir réussir à se sentir plus à l’aise. Quand c’était Rafaela qui contrôler et gérer une situation, elle se sentait plus maitresse et cela lui plaisait aussi, à lui. Il plissa les yeux à son idée et étira ses lèvres dans un sourire mauvais.

- Je pense que j’ai mis plus d’une personne en prison, ma chère. Je pourrais les interroger et parler sans réfléchir.

Ce qu’il ne faisait, en réalité, jamais… mais c’était une autre histoire, bien sûr. Depuis leur peu de temps ensemble, Rafaela le savait. Il ne disait pas ce qu’il pense, et ne parlait jamais à tort et à travers. S’il disait vouloir une relation avec elle, alors il aura une véritable relation. Tel était sa manière de vivre. L’un des deux hommes blêmit. Il observa tour à tour les deux agents de police, avant de se décider à parler. Il expliqua quand et comment il avait rencontré Dimitri… et il dit quelque chose de plus intéressant que tout le reste.

- Quand il travaillait, il parlait toujours de sa « princesa ». Il parlait que d’elle, comment il voulait l’avoir que pour lui, l’enfermer pour la baiser tous les jours loin de tout le monde. Il nous a jamais dit de qui il parlait, et clairement on se demandait si une femme aussi « incroyable » pouvait exister. Il était obsédé par elle.
- Attends, attends, fit le second en réfléchissant. C’était plus que ça. Il nous parlait de son « havre de paix », d’où il pourrait la garder pour lui seul. Il disait que c’était un lieu hors du temps, où une princesse pourrait se faire honorer comme un catin sans que personne ne l’apprenne jamais.

Hunter réfléchit à tout ça. Poem voulait Rafaela… pas comme une sœur. Il la voulait comme sa possession et son bien. Il gagne de l’argent avec ses tueries… mais depuis que tout le monde avait compris qu’il pouvait tuer pour un prix plus fort, personne n’osait lui demander de venir chez lui… Il devait donc avoir un repère, un endroit rien qu’à lui. Comme un bunker.

- Dites-nous tout ce que vous savez sur cet havre de paix.

Alors, ils parlèrent, mais rien de ce qu’ils disent ne les aider réellement… Sauf un détail.

- Il a dit qu’il avait déjà de vivre là parce que sa princesse y aimait le panorama.

Ils laissèrent les détenus repartir et il remonta la main de Rafaela vers ses lèvres. Les deux avaient dit bien plus que ce qu’ils ne croyaient savoir. Hunter, doucement, embrassa les doigts de la jeune femme pour calmer son inquiétude.

- Je ne te laisserais jamais à lui.

C’était une certitude.

Hunter attends que l’on vienne chercher les hommes et il l’attrape dans ses bras, rapidement. Il sent qu’elle ne va pas bien. Si Hunter peut comprendre qu’on s’intéresse à Rafaela, après tout ne venait-elle pas de marquer son âme ? Il avait du mal à supporter l’idée qu’elle puisse être en danger, qu’un homme puisse vouloir « la posséder », comme un objet ou une catin. Ils venaient de coucher ensemble, et il savait qu’elle était plus pour lui qu’une femme d’un soir, d’un instant d’égarement. Il l’écoute, prêt à l’écouter en silence, autant qu’elle le désire. Mais on le coupe. Il laisse échapper un juron et prends son téléphone.

- Combien de mort ? demanda-t-il parce qu’il fallait au moins ça pour qu’on l’emmerde pendant un interrogatoire, la sonnerie étant celle de son ami et collègue.
- Trois. Ce sont des personnes en charge de la surveillance du gamin du tueur à gage que vous êtes allés voir…
- Le gamin va bien ?
- Oui, sa mère aussi. Mais… Hunter ? Il n’a pas laissé un poème cette fois.
- Il a laissé quoi ?
- Une photo de toi.

Hunter fit un sourire et regarda la jeune femme à ses côtés.

- Ne laisses rien fuiter à la direction, on va utiliser ça à notre avantage.
- D’accord.

Hunter sourit, attrapa la main de la jeune femme et lui tient pour rejoindre la voiture avec un sourire évident de contentement. S’il était la cible, alors cela allait être encore plus simple. Poem voulait Rafaela, et lui, il la protègerait… coûte que coûte. Même s’il devait en mourir. Une fois dans la voiture, il caressa son visage avec douceur.

- Que voulais-tu me dire ? Ici, nous ne sommes que nous

Avant le coucher du soleil ? Hunter releva un regard vers la jeune femme et fronça légèrement les sourcils. N’est-ce pas se précipiter dans l’antre du démon sans préparation ? Mais après tout… pourquoi pas. Il est vrai que Dimitri n’avait pas été, pour le moment, une personne facilement trouvable. Peut-être que la surprise se fait dans la précipitation… même si ça ne plaisait pas à Hunter toute cette histoire. Il y avait trop de choses, d’un coup, et il avait l’impression qu’il allait se prendre un couteau dans le dos à tout moment. Pas par la jeune femme, non, mais par une surprise inédite qui les mettrait en danger. Il l’observe, attends qu’elle revienne vers lui, et fait une moue.

- Tu risques de t’inquiéter pour rien, fit-il avant d’observer la moue de la jeune femme et de soupirer.

Merde. Il semblerait que quand on avait des sentiments pour une personne, on avait aussi du mal à lui cacher certaines choses. Il fit une moue.

- Rien de grave. Dimitri a juste changé de cible. Tu connais l’expression « si je ne peux pas l’avoir, tuons la concurrence » ? C’est exactement ce qu’il va faire, et pour ça, je suis prêt.

Il s’approche de la jeune femme et embrasse sa joue chastement.

- Je me battrais pour toi, ne t’en fais pas. Si la hiérarchie l’apprend, je serais sous surveillance et je n’en ai pas envie.

- Oui, ça peut m’atteindre, mais tu n’as pas à t’en faire, ma chère. J’ai l’habitude. Je suis une cible mouvante dans les stratégies militaires. Je suis prêt à me battre, et pas prêt à mourir. Je viens de rencontrer la femme de ma vie, je ne peux pas disparaître.

Il lui fit un large sourire, avec un clin d’œil pour rappeler qu’il parlait bien d’elle. Bien évidemment qu’il parlait d’elle. Il ne comptait pas mourir alors qu’il commençait à peine à voir un avenir avec une autre personne. Il ne comptait pas abandonner. Il lui caressa la joue avec délicatesse.

- Utilise moi comme un outil jusqu’à supprimer ce parasite de notre vie. Et ensuite, nous n’aurons plus à penser à tout ça, d’accord ?

C’était bien la première fois que lui, Hunter Walace, voyait le monde avec un avenir différent de celui qu’il vit. Avec Rafaela, il cherchait une vie nouvelle. Et étrangement, ça ne lui faisait pas peur. Il était serein. C’est pour ça qu’il caressait la joue de la jeune femme avec délicatesse, lui prouvant ses dires. Hunter comprends son trouble. Il s’approche et déposa un nouveau baiser sur ses lèvres.

- Donne-moi un nom. Une personne à qui tu fais confiance, totalement, et j’irais la voir. Mais avant ça, on va se débrouiller par nous même. Et en prenant en compte la chose la plus importante, rajouta-t-il en lui faisant remonter la tête vers lui, te protéger toi, avant tout. Mène moi à lui.

Il l’observe un instant, surpris qu’elle le mette dans ceux en qui elle compte. Il en est de même de son côté, mais il a compris que la jeune femme accepte plus difficilement quelqu’un dans sa vie que lui. Il laisse un petit sourire apparaître dans le coin de ses lèvres, un peu fier d’être ainsi d’une importance pour quelqu’un. Il remonte la main sur sa joue et la caresse d’une joue.

- Merci.

Il ne sait pas ce qu’il se passe dans ses yeux, mais il voit des doutes qui barrent son joli regard. Il attendra qu’elle accepte de lui parler pour en savoir plus. Pour le moment, il va simplement trouver son ex-frère psychopathe qui la désire d’une manière totalement indécente et en faire du guacamole. Il rit en écoutant parler du second meilleur de l’agence. Il est vrai.

- Willy MacBest. Il vient d’être père. C’est pour ça qu’il ne voulait pas faire équipe avec un tueur. Il ne voulait pas avoir à craindre pour la vie de sa famille.

Ce qui est logique. Hunter a accepté pour ça, non ? Il la garde dans ses bras et l’enlace. Il aime la proximité de leur corps et la douce tranquillité que ce geste fait naître dans son cœur.

- On l’appelle, on lui demande un coup de main et on tends une embuscade à l’autre… cojones ? essaya-t-il dans la langue de la jeune femme. Ensuite, tu seras libre de ton dossier et on pourra faire l’amour sans regarder derrière notre dos. Enfin, si tu as encore envie de moi à ce moment là.