J'ai 22 ans et je vis à San Francisco, Etats Unis. Dans la vie, je suis cavalière de voltige et je m'en sors très bien. Sinon, grâce à ma chance, je suis célibataire et je le vis plutôt bien. Fiche perso détaillée juste ici
"- Jenny ?
La concernée retira instantanément la main de la pomme sur laquelle elle l'avait posée. Elle avait faim, mais Lisa avait certainement raison : le jeûne intermittent lui permettrait de garder la ligne. Il faudrait se contenter d'un café ce matin. Elle allait s'éloigner du buffet pour chercher une tasse lorsque la voix de son entraîneuse reprit sur le ton de la confidence.
- On a été aux urgences hier, avec David.
Ah, il n'était pas question de jeûne intermittent donc. Rassurée, Jenny attrapa sa pomme d'un air satisfait. Elle accorda un regard interrogateur à la jeune femme. Qu'était-elle censée dire exactement ?
- Ecoute, fit Lisa après avoir vérifié que David était attablée et loin du buffet dans lequel elle continuait à se servir. Il prétend que c'est un faux mouvement mais je ne peux décemment pas le croire. Tu as vu sa blessure ?
Non, elle ne l'avait pas vue, et elle ne tenait pas particulièrement à la voir non plus.
- Tu dois me dire toi, continua l'entraîneuse. Tu y étais, au moment où il s'est blessé. Qu'est-ce qu'il s'est réellement passé sur cette piste ?
Jenny incendia la jeune femme du regard et pivota sur ses talons, refusant d'élaborer. Elle ne put retenir un hoquet de surprise lorsque Lisa lui empoigna le bras, la forçant à lui faire face. Leur petit manège sembla échapper à toute l'équipe, dont la plupart étaient déjà entrain de savourer un petit déjeuner copieux sur la table où ils s'étaient installés. Pourtant, le même petit manège que l'entraîneuse avait joué un peu plus tôt avec David ne lui avait pas échappé. Le grand blond ne devait pas avoir lâché le morceau, pugnace comme il était. Mais le regard de fer de Lisa eut raison de Jenny. Une part d'elle-même était fatiguée de garder ce secret qui n'en était que la moitié d'un.
- J'ai merdé, lui cracha t-elle presque au visage. Voilà ce qui s'est passé. Il a rattrapé le coup incognito et c'est ses côtes qui ont payé. Maintenant dis lui que je te l'ai dit et tu peux dire adieu à ton poste privilégié à l'académie.
- Tu n'es pas en position de me menacer, Jenny."
Son père était riche et influent. Elle était en position de menacer qui cela lui chantait. Elle se détourna pour de bon cette fois, et rejoignit la tablée l'air de rien, sa pomme à la main. Lisa l'y rejoignit quelques instants plus tard feignant la bonne humeur. Jenny écouta d'une oreille distraite la conversation de la table d'à côté, Caliméro face à elle lui ayant à peine adressé un salut, et Jérémy étant parti dans une tirade solitaire sur le comportement exemplaire d'Atlas la veille.
Comme il lui tardait de retrouver le plaisir de sa propre compagnie à l'académie, et ses amies ou ses ennemies selon les jours. Au moins, avaient-elles des choses intéressantes à raconter, elles.
Les vibrations répétées d'un téléphone finit par attirer son attention. Face à elle, David décrocha au bout de la quarante-cinquième vibration. Il était temps, encore une de plus et c'était elle qui lui éclatait le téléphone sur le crâne. Mais sa mauvaise humeur fut passagère, vite remplacée par une avide curiosité très mal placée. Ce qu'elle entendait - étonnamment bien d'ailleurs - à l'autre bout du fil, attira toute son attention. La passivité de David l'interloqua, mais cela lui permit de ne pas rater une goutte du monologue haineux qui découlait. Qui pouvait bien avoir tant de choses désagréables à hurler de bon matin ?
Sa pomme était terminée depuis longtemps lorsque David leva le voile sur la mystérieuse identité de son interlocuteur, juste avant de raccrocher avec un calme olympien. Jenny décida qu'elle en avait assez entendu pour alimenter une nouvelle vague de ragots.
"- Sympa le paternel", lâcha t-elle en se levant de table.
Elle aurait aimé ajouter un commentaire désobligeant, mais les mots ne franchirent pas ses lèvres. La jeune fille s'en voulut instantanément. Si son plan de réussite promis à son père devait fonctionner, ils devaient se détester ouvertement à nouveau. Pas de quartiers, pas de demi-mesure.
Alors avec un temps de retard, elle se retourna et lança à la volée pour que toute la tablée puisse bien l'entendre:
"- Mais bon, je me demande s'il a entièrement tort ce cher Papa."
J'ai 23 ans et je vis à San Francisco, États Unis. Dans la vie, je suis Cavalier de voltige et je m'en sors Bien par moi-même, et je n’ai pas besoin de mon père. Sinon, grâce à ma chance, je suis Célibataire et je le vis plutôt Très bien.
Spoiler:
Blond décoloré suite à un manque de pigmentation du cuir chevelu. Ses sourcils sont d’un noir de jais, contrastant fortement avec sa peau d’albâtre et ses yeux bleu gris. 1m85, silhouette svelte et athlétique, sculptée pour faire des figures de voltige.
Loup solitaire, préférant la compagnie des animaux à celle de ses congénères, David s’est longtemps considéré comme le vilain petit canard de la famille. Jusque dans ses particularités physiques, héritées de sa défunte mère, il se démarque des autres. Très, très loin de la diplomatie et la manipulation propre à la famille Andrews, et ce de génération en génération, il est direct. Sa franchise, loin d’être qualifiée comme qualité chez le jeune homme, lui attire de nombreux ennuis. L’homme se cache derrière un sarcasme saupoudré d’une légère touche d’humour noir pour repousser les autres. On est jamais assez bien servis que par soi-même ! Et puis, l’expérience lui a appris que les autres agissent toujours de manière intéressée… lui le premier. Pourquoi leur ferait-il confiance ? De par son passé, et ses origines, David a développé une aversion évidente pour tout ce touche de près ou de loin à la richesse. Étonnant, vous direz-vous, quand on sait qu’il a posé sa valise dans un prestigieux centre de formation équestre. Pas tout le fait le genre d’endroit où on arrive à l’improviste… deux conditions sont à valider impérativement : une recommandation par un ancien élève et une somme considérable sortie du compte en banque. Il n’avait pas eu le choix. David aurait préféré rester dans les montagnes au contact des mustangs, seul endroit où il se sentit vivant. Là où David est attendu… il ne s’y rend pas. En tout cas, pas s’il n’en a pas envie, ou s’il n’y est pas contraint par la force. Pas de beaux vêtements, pas de réseaux sociaux pour se pavaner sur la richesse de son père. Pas non plus d’équipements de luxe pour sa jument, alors qu’il pourrait se permettre de lui offrir absolument toutes les fioritures de la terre. Lui ne s’embarrasse pas de futilités. Dans l’écurie, son casier est vide. Les quelques affaires nécessaires n’y sont pas spécialement rangés non plus. Mais c’est son style ! Épuré, comme il aime le dire avec sarcasme. David n’est pas matérialiste : il préfère troquer ses affaires ou les acheter d’occasion. Il se promène sur un vieux vélo plutôt qu’en limousine comme la plupart de ses connaissances. Sa seule véritable amie est sa jument Shadow, une mustang appaloosa qu’il a dressé depuis sa capture dans le ranch de celui qui lui fit aimer les chevaux. John. Derrière l’arrogance avec laquelle il traite son père, et une fois le masque tombé, il est possible d’apercevoir la passion dévorante de David pour l’art. Toute forme d’art, autant visuel que sonore. Une note de musique, une photographie, et sa créativité s’exprime. Cependant, l’entrapercevoir a un prix : il faut gagner sa confiance avec du sang et des larmes. Très fidèles à ses mentors, David sait tirer partie des qualités des autres pour s’améliorer : il ne fait que prendre ce qui l’intéresse. Il faudra bien du courage à la personne qui tentera de lui arracher quelques informations.
Le calme olympien, du moins celui qu’interpréta Jenny, n’avait en réalité rien de tranquille. Derrière son regard gris se cachait une profonde haine pour celui qui l’avait toujours détesté. Comment était-il possible de mépriser autant une personne qu’on a mis au monde ? D’autant que ceux qui avaient connu sa mère étaient unanimes : il était son portrait craché, physiquement, mais aussi mentalement. Comment son père pouvait-il haïr le double de la femme qu’il avait tant aimée ?
Bien sûr, sans qu’il ne lui ait rien demandé, la jeune femme assise en face de lui commenta les paroles de son père. Si elle s’était simplement arrêtée à son ironie, David n’aurait pas réagi. A quoi bon ? Il nota tout de même qu'il serait intéressant de baisser le volume de son téléphone, la prochaine fois… Si prochaine fois il y avait. Après ce genre de monologue, il n’aurait certainement pas envie de décrocher avant plusieurs semaines. Faire le mort, c’était bien aussi.
Le problème, c’est que comme à chaque fois, Jenny ne s’arrêtait pas simplement à un commentaire. Il fallait toujours qu’elle aille chercher plus loin. Pour quelle raison ? Ca, il l’ignorait. Il l’avait toujours respectée, jusqu’à son espace personnel. Il faisait au mieux pour ne pas répondre à ses provocations et rendre les choses encore plus compliquées. Au fond, il était persuadé qu’elle aimait ça, le provoquer. Peut-être même que sa propre joie était alimentée par les malheurs des autres. Surtout les siens, semblait-il.
“Je sais. J’aurais été plus utile si j’étais mort à la place de ma mère.” Dit-il d’un ton sec, comme si ses paroles faisaient écho à celles de son père. “Je n’ai pas besoin de tes sarcasmes, il te bat à plate couture sur ce terrain.” Continua-t-il en reposant la cuillère qu’il n’avait fait qu’agiter nerveusement dans son café. Café qu’il ne toucherait pas autrement, de toute façon. Il avait la nausée : de douleur, de dégoût aussi. “Ne t’inquiète pas, à ce rythme là la prochaine fois je ne passerai pas le premier tout de carrière.” Lança-il après avoir perdu patience… il lui en avait fallu peu, cette fois, mais il n’avait pas le cœur à contre-attaquer. Il abandonna sa tasse remplie, bousculant sa chaise pour retourner à sa chambre d’hôtel. Lisa amorça un mouvement pour le retenir, mais Jérémy lui fit signe de rester là. Ils n’avaient pourtant pas entendu un seul mot de leur conversation.
Le reste de la journée fut classé sous le signe du silence absolu. Il prit grand soin d’éviter tout le monde, s’asseyant dans un recoin calme, puis à sa place dans l’avion avec son casque audio sur les oreilles. Il refusa toute interaction avec son entraîneuse et ignora royalement la peau de vache qu’il devait supporter comme partenaire. Seul Jérémy -qui n’avait rien initié- avait eu le droit à une indifférence paisible. David avait fini par s’endormir, épuisé, contre le hublot. Le répit avait été de courte durée, car la douleur dans ses côtes l’avait réveillé au moment de l’atterrissage.
En un peu plus d’une heure, ils furent de retour à l’académie. Le jeune homme ne prit pas le temps de rentrer dans sa chambre d’étudiant. Retenir toute la colère qu’il avait en lui avait rongé son énergie, ce qui expliquait son mutisme religieux. David préférait ne rien dire que de risquer de lancer une bombe verbale. A grandes enjambées, ignorant de toutes ses forces la douleur qui tambourinait dans son corps, le jeune athlète traversa les allées du domaine et se rendit aux paddocks.
Il s’était approché silencieusement, et s’était arrêté à quelques mètres pour observer les rares chevaux à avoir le droit à la vie d’extérieur tous les jours. Parmi eux, Shadow avait immédiatement relevé la tête, alertée par la présence humaine. Avant d’être la jument de sa vie, elle avait été sauvage. Son instinct était plus fort que tout, il ne pouvait pas la surprendre. David esquissa un sourire, soulagé de la retrouver. Elle initia un pas dans sa direction, sa longue crinière tombant fièrement de chaque côté de sa courte encolure. L’homme s’approcha en douceur, passa sous la palissade en bois pour aller déposer une main délicate sur son chanfrein.
Elle n’avait pas la moindre idée du bien-être que sa présence procurait à son humain préféré. Celui qui, malgré tous ses efforts, tout son travail, restait le vilain petit canard partout où il se rendait. Ces derniers temps, sa collaboration avec une autre élève lui avait fait sentir du bout des doigts la fin d’une solitude infinie… si furtive, si éphémère, que le désert avait repris ses marques. Son père le disait si bien : il était mieux loin des autres, puisqu’il n’était bon qu’à les détruire.
Une larme perla au coin de son oeil alors que son visage trouvait refuge auprès de son amie. Il la chassa d’un mouvement de poignet, et enroula ses bras autour de l’encolure de la mustang. Peu à peu, il s’assit en tailleur face à celle qui blottit son chanfrein contre son buste endolori, comme si sa simple présence pouvait la lui soutirer. Immobile, elle laissa son gardien trouver sa paix intérieure… non sans garder un œil sur l’extérieur du paddock. Il était observé, mais seule une mustang à l’affût pouvait le savoir.