Univers fétiche : Réel - Disney - Fantasy - Surnaturel - Mythologie
Préférence de jeu : Femme
Cheval de Troie
Lun 10 Oct - 10:19
Une souris et des hommes.
Souris des villes et souris des champs...
On a beau nous dire que l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs, on ne peut s'empêcher d'avoir cette irrésistible envie d'aller le voir de nos propres yeux. C'est exactement le cas de Rose Williams qui a passé toute sa vie dans sa campagne natale. Le genre de campagne où quand tu rates le bus scolaire, tu peux être sûr que ta journée est perdue. Le genre de campagne où on apprend que son voisin a enfermé des dizaines de femmes pendant des années… Ce genre de campagne un peu glauque où on croit qu'il fait bon vivre. Pas de voisins avant des kilomètres, une mentalité plus qu'arriérée, bref, Rose en avait plus qu'assez. Bien qu'elle vienne d'une famille tout ce qu'il y a de plus aimante, elle sentait qu'il était temps pour elle de voler de ses propres ailes. Maintenant qu'elle a fraichement vingt-quatre ans, il est temps de découvrir ce que la vie lui réserve ! Et pour ça, rien de mieux que la grande ville ! Bon, pas si grande que ça, mais une ville quand même, avec des voitures qui se klaxonnent à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, des touristes, des Starbucks ! Tout ce qu'elle n'avait pas dans sa campagne ! Oui, sa vie va prendre un nouveau tournant, elle le sent !
***
Pourtant, en ville, elle apprendra à ses dépens que de vilains matous rodent. Comme dans toutes les villes, la criminalité bat son plein. Les trafics en tout genre sont monnaie courante et les différents gangs font la loi. La police peine à les arrêter ou à empêcher les règlements de compte qui coutent la vie aux différents membres des gangs, mais aussi à des innocents qui ont eu le malheur de se trouver aux mauvais endroits aux mauvais moments… Rose va découvrir un monde qui lui était totalement inconnu, un monde où la réalité peut être dur, où la vérité peut conduire à la mort, où il n'y a que la détermination qui puisse nous garder en vie.... Un monde où il n'y a que la violence, la loyauté et l'orgueil qui compte... Un monde où l'amour et le bonheur ne sont que des rêves lointains de jeunesse.
Contexte provenant de notre insatiable envie de créer de nouvelles histoires encore plus fantastiques à Nemo et moi
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Région : PACA
Crédits : Bazzart
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Préférence de jeu : Femme
Cheval de Troie
Lun 10 Oct - 12:58
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Alors que je referme le coffre du taxi, je tente péniblement de tenir mon téléphone contre mon épaule, tout en trainant mes valises sur le trottoir. Je soupire tout en essayant de chasser des cheveux de devant mon visage.
"Oui maman, je viens d'arriver." J'écoute les craintes et les plaintes de ma génitrice qui flippe à mort de me savoir si loin de la maison. "Non maman, je ne sais pas encore comment c'est à l'intérieur, je suis encore sur le trottoir. Oui ma... non ma..." Soupire...
À force de batailler avec le téléphone, les valises et ces fichues marches d'escaliers, je finis par relâcher la pression de ma tête contre mon épaule et mon téléphone glisse le long de mon corps jusqu'au sol.
"Super..."
Grommelais-je jusqu'à ce qu'un passant se penche pour le ramasser et me le tendre.
"Attendez, je vais vous aider."
L'inconnu ramasse mes valises et les monte en haut du porche. Je le regarde en rougissant, lui offrant un aimable sourire pour sa galanterie.
L'inconnu retira son chapeau qui faisait très mafieux des années 60 pour me saluer avant de s'en aller. Je ne sais pas du tout pourquoi maman s'inquiète autant, les gens d'ici ont l'air formidables !
"Allo ? Allo ? Rose, Rose, tu m'entends ?"
Je reprends rapidement ma mère au bout du fil avant qu'elle ne tombe dans les pommes.
"Oui, maman, je t'entends, mais je vais devoir te laisser parce que ce n'est pas pratique de monter des valises dans les escaliers tout en étant au téléphone. Je t'appelle plus tard, quand je serai installée. Aller bisous !"
Et je raccroche rapidement sans attendre sinon elle allait encore me prendre la tête sur les consignes de sécurité à suivre pour m'installer, pour parler avec mes nouveaux voisins et même pour ouvrir et fermer une fenêtre ! J'adore ma mère, mais parfois, elle en fait un peu trop.... On dirait qu'elle croit que j'ai encore seize ans... Je ne suis plus cette adolescente timide et réservée qui avait peur de découvrir le monde. Non... qui avait peur que le monde découvre qui je suis… Mais maintenant, je n'ai plus peur. Je... Je sais que je suis une jeune femme formidable avec pleins de choses à offrir et à découvrir, finit de me cacher dans ma ferme !
Du haut du porche, j'observe mon nouveau quartier, les poings sur les hanches, je prends une grande inspiration.
"Bienvenue chez toi, Rose !"
Me dis-je à moi-même avant de sortir le trousseau de clef que le propriétaire m'avait envoyé. J'insère la première clef dans la serrure pour ouvrir le porte de l'immeuble et y faire entrer mes affaires.
J'étais loin de me douter que de l'autre côté de la rue, dans une ruelle sombre, entre deux bâtiments, des gangsters (est-ce que ça se dit encore ?! Maman dirait que oui.) avaient élus domicile. Apparemment, cette zone est le parfait endroit pour un point de gué, mais sert également de plaque tournante pour le petit trafique. Ma foi, je n'ai jamais côtoyé ce monde de près ou de loin… Je ne suis pas non plus un poussin qui sort de l'œuf, je...je sais ce que c'est que la drogue... Mon plus proche voisin, à la ferme, Randy Peterson, avait planté du cannabis dans son jardin. Il parait que son père lui aurait mis une sacrée dérouillée quand il l'a appris ! Je n'en ai jamais consommé pour ma part. J'ai déjà du mal à assumer que je fume quelques cigarettes de temps en temps… ma mère en faisait une syncope si elle le savait ! En tout cas, les hommes du trottoir d'en face ont remarqué mon arrivée...
Je roule des yeux à cette idée, maintenant, j'ai ma propre maison. Bon ok, c'est un petit appartement, mais c'est tout de même chez moi ! Je pourrais y faire tout ce que je veux ! Écouter de la musique, fumer des cigarettes ou même inviter des amis ! Bon.....Je n'en suis pas encore là… Je....Je n'ai pas vraiment d'amis... mais ça va changer ! Je suis ici pour ça de toute façon, pour avoir une nouvelle vie, une vie bien meilleure que celle que j'ai connue jusqu'à présent !
Je monte péniblement mes valises jusqu'au quatrième étages. Je suis au dernier étage de mon immeuble et mon propriétaire m'a dit que je pouvais utiliser le toit comme terrasse. Ça m'a valu un petit supplément dans mon loyer, mais ce n'est pas cher payer pour avoir ma propre terrasse en plein centre-ville !
Une fois sur mon palier, je ne perds pas de temps pour ouvrir la porte de mon appartement, je frétille d'impatience de le découvrir ! Une fois à l'intérieur, mon sourire s'efface rapidement. En fait, il n'avait rien à voir avec l'annonce qu'on avait vu sur le net avec mes parents. Les vitres sont tellement sales que j'en oublie s'il fait encore jour ou pas... La cuisine sent la crasse et la rouille, le canapé du salon est bosselé et troué, mon lit sent l'urine et mes toilettes…je ne veux même pas y penser sinon je vais me mettre à vomir. Je reste prostrée dans ce capharnaüm en me demandant comment mon rêve pouvait se transformer en cauchemar aussi rapidement…
J'ai envie de pleurer, de reprendre mes affaires et de retourner chez moi ! Mais si je fais ça, ma mère me dira qu'elle avait raison, que je suis beaucoup trop jeune pour vivre seule et que la meilleure chose à faire pour moi, c'est sans doute d'épouser Randy Peterson et de devenir une femme au foyer qui ne manque de rien. Quelle horreur. Randy est la personne la plus stupide que je n'ai jamais rencontré. Ce demeuré a essayé de me faire croire qu'il pouvait faire marcher le tracteur de son père avec des épis de mais… Résultat des courses ?! Son père a dû travailler tous les jours de l'année pour pouvoir rembourser les frais de réparation de la machine. Stupide, je vous dis. Et dire que cet abruti avait tenté de m'embrasser à la fête de Noël de notre village, quand on avait treize ans. J'ai reculé pour qu'il ne m'approche pas, j'ai glissé sur du verglas et je me suis démis l'épaule....
Je passe ma main sur mon visage, pourquoi je pense à tout ça..... Bon, il va falloir que j'appelle ma mère et que je la rassure, impossible de lui dire que je vais vivre dans un taudis... Je sors mon paquet de cigarette et en allume une. Je prends mon téléphone et compose le numéro de ma mère. Avant même que ça sonne, elle avait décroché.
"Alors, Rose, comment c'est chez toi ? C'est propre ? Tu y es bien ? Et les voisins ?"
Je soupire avant d'inhaler une longue taffe de ma cigarette et de tenter de la recracher doucement.
"Je viens à peine d'arriver, maman, je n'ai pas vu les voisins encore…" "Tu devrais aller te présenter ! Apporte-leur des petits gâteaux, ça fait toujours plaisir !" "Man, ils vont me prendre pour une bouseuse sortie de sa campagne si je fais ça..." "Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à avoir été élevée dans une ferme…" "Y'a pas de mal, je sais, mais… je voudrais pouvoir me fondre dans la masse, je n'ai pas envie d'être pointée du doigt comme étant la petite fermière fraichement débarquée en ville." "Oui, tu as raison, tu serais une cible facile !"
Je roule des yeux tout en massant mon front avant de tirer une nouvelle taffe. En regardant l'état misérable de ce qu'on pourrait appeler un salon, je constate que derrière la crasse de la fenêtre, il y a des escaliers de secours. Je suppose que ce sont eux qui mènent au toit. J'ouvre la baie vitrée et grimpe rapidement sur les marches dans un bruit de métal rouillé.
"J'ai une terrasse ! De là-haut, je peux voir tout le quartier." "Ne te penche pas trop ! Et ne t'expose pas au soleil ! Et fais attention la nuit, ne laisse rien ouvert sinon on pourrait s'introduire chez toi !"
Soupire.
"Oui maman, écoute, je vais te laisser, je suis fatiguée et j'ai encore beaucoup de choses à faire. Je dois vider mes valises et commencer à m'organiser. Je te rappellerai demain, d'accord ?" "Oui, fais attention à toi, Rose, je ne sais pas ce que je deviendrai si je te perdais..." "Roooooh maman, arrête un peu de mélo dramatiser, il ne va rien m'arriver, tu sais. Aller, bisous et à demain."
De nouveau, je raccroche avant qu'elle me demande si j'ai bien pris ma ventoline au cas où j'aurais une crise d'asthme… crise que je n'ai plus jamais eu depuis que j'ai douze ans. Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et je regarde autour de moi. Le toit a un bon potentiel pour finir en terrasse, mais à l'heure actuelle, c'est plus une poubelle qu'autre chose. Je soupire et encore une fois, j'ai le sentiment que je vais finir par m'écrouler et par fondre en larmes. Mais je tiens bon. Je m'accoude au rebord du toit et regarde en dessous. La rue est plutôt tranquille. À cette heure-ci, la plupart des gens sont en route pour rentrer chez eux. Seuls quelques jeunes flânent encore dans les rues en riant et en s'amusant. Je souris en me disant que cette ville n'est peut-être pas si terrible qu'il n'y parait. Et au moment où je me dis ça, une sirène de voiture de police retentit. La voiture passe à fond dans la rue avant de tourner au croisement pour prendre la direction du sud de la ville. Je jette un regard curieux dans la même direction, comme si je pouvais voir à travers les immeubles, puis je secoue la tête et décide de rentrer à l'intérieur.
J'ai tellement de choses à faire que je ne sais pas par quoi commencer. Je vais commencer par faire le ménage, hors de question de poser mes affaires dans un endroit aussi crasseux. Courage Rose, ce n'est pas le conte de fée dont j'avais rêvé, mais il ne tient qu'à moi de faire de mon rêve une réalité !
***
Cela fait maintenant une semaine que je vis dans mon nouvel appartement. Maman et papa sont censés venir me voir à la fin du mois, aussi, chaque jour, je nettoie, j'astique, je range... Un foulard sur les cheveux, un vieux jean et un t-shirt trop large pour moi, je range mon appartement de fond en comble. Ça commence à ressembler à quelque chose Toutes les vitres de l'appartement sont propres, la salle de bain et les toilettes brillent de mille feux. Le salon commence à prendre forme. Aujourd'hui, je vais m'attaquer à ma chambre et à la cuisine. Il faut que je m'active, car dès lundi, je commence le travail. J'ai trouvé un petit job de serveuse dans un café au coin de la rue. Ce n'est pas vraiment ce que je veux faire, mais ça me permettra de payer mes factures en attendant de pouvoir réaliser mon rêve d'ouvrir une boutique de fleurs.
J'ai passé toute la journée à monter et à descendre dans la rue pour pouvoir jeter mes sacs-poubelles sans me douter que j'étais épiée par le trottoir d'en face. Je frotte mon front en sueur avec le dos de ma main quand je m'apprête à remonter chez moi. Un agent de police à pied qui patrouille dans la rue m'aborde.
"Excusez-moi, madame ?" "Mademoiselle." "Pardonnez-moi, mademoiselle, est-ce que je peux vous poser quelques questions ?"
Je suis surprise et me demande si j'ai fait quelque chose de mal.
"C'est à propos des poubelles ?! Je...Je n'avais pas le droit de les poser là ?!"
L'agent suit mon regard et voit tous mes sacs qui débordent de la benne.
"Heu...Non. Ce n'est pas pour les poubelles que j'aimerais vous parler. Je crois savoir que vous ne venez pas d'ici, n'est-ce pas ?"
Sa question me surprend autant qu'elle m'effraie. Est-ce que c'est grave ?!
"Heu....je....non...Non, non je ne viens pas d'ici. Ça fait une semaine que je me suis installée en ville. Pourquoi ?"
Il relève son chapeau comme si on était encore au far west avant de me dire :
"Comme ça, il me semblait bien que je ne vous avais jamais vu dans le coin, aussi, je tenais à venir voir si votre installation dans notre petite ville s'était bien passée ?"
Je m'adoucis rapidement et lui souris.
"Oh ! Oui, oui, merci ! Un peu déçue de l'état de mon appartement, mais j'ai réussi à m'en sortir. Je...Je n'ai pas rencontré grand monde pour l'instant, mais je ne désespère pas."
L'agent hoche la tête en écoutant attentivement tout ce que je lui dis.
"Je vois, vous n'avez donc pas été abordée par qui que ce soit ? Pas de proposition d'un jeune homme ou pas de sortis entre amis ?"
De nouveau, cet interrogatoire me semble étrange, mais étant une honnête citoyenne, je décide de me prêter au jeu.
"Non. Je n'ai parlé à personne d'ici mis à part les commerçants, je n'ai pas encore fait le tour du quartier pour me présenter." "Oh, je vous déconseille de le faire, vous ne serez pas toujours très bien accueillit. Cette ville… comment dire… elle a ses habitudes, le meilleur conseil que je pourrais vous donner c'est de vous fondre dans la masse." "C'est exactement ce que j'avais prévu de faire !" "Parfait, tout devrait bien se passer alors."
Puis il me laisse là sur le trottoir après m'avoir bien fait flipper. Il jette un rapide coup d'œil sur la rue d'en face avant de continuer sa route et de saluer les passants qu'il croise, certains, il les appelle même par leur nom. J'imagine que cette ville est un peu comme mon village, tout le monde se connait. Je suppose que les enfants de ce quartier sont tous allés dans les mêmes écoles et se connaissent et se fréquentent depuis qu'ils sont jeunes ?
Un dernier regard plus qu'étrange pour le flic puis je hausse les épaules et décide de rentrer chez moi et de fermer la porte à double tour. Non pas que je sois d'un naturel hyper parano, mais… avec une mère comme la mienne… je le suis un peu, ouais. Une fois enfermée chez moi, je me détends et continue mon ménage. D'ici un mois, mon appartement ressemblera vraiment à un appartement ! En attendant, je dine sur la chaise pliante que j'ai ramenée de chez moi, car je refuse de m'installer sur ce vieux canapé ! Je le suspecte de contenir des bestioles ! Quelle horreur ! Dès demain, je vais demander à un voisin de m'aider à me débarrasser de cette cochonnerie !
Je prends mon téléphone pour regarder les informations pendant que je mange.
"Et c'est avec horreur que les forces de police sont arrivées dans le domicile de la victime. Un homme d'une trentaine d'année qui, apparemment, appartenait au gang des Styx qui sévit dans le sud de la ville. D'après les premières informations de la police, les principaux suspects seraient des membres des autres gangs de la ville, principalement, celui du nord de la ville. Nos équipes vous tiendront informées des avancées de l'enquête. Nous retrouvons en direct notre envoyé spécial sur place." "Bonsoir, Mindy, alors oui, je suis devant le domicile de la victime et comme vous pouvez le voir, toute la presse locale est ici avec moi pour savoir comment est mort cet homme. Est-ce une nouvelle fois l'œuvre d'un terrible règlement de compte ou est-ce qu'un danger plus menaçant rode dans nos rues ? Je m'apprêtais justement à demander à un... À le voilà ! Agent Espinoza, est-ce que vous pouvez nous dire avec certitude s'il s'agit d'un règlement de compte ?"
Je mange avec effroi tout en étant hypnotisée par mon écran.
"Oui, il s'agit bien là d'un règlement de compte. L'homme est mort dans des circonstances qui font penser à des techniques misent en place par les gangs de la ville." "Ce qui veut dire qu'il y aura représailles. Est-ce que les habitants du nord de la ville doivent se terrer chez eux pour éviter de se prendre une balle perdue ?" "Je ne ferais pas d'autres commentaires. Tout ce que je peux dire à mes concitoyens, c'est de rester prudents, comme ils l'ont toujours été, mais de ne pas tomber dans la psychose, nos agents feront le maximum pour que cette guerre prenne fin. Il est temps pour tous les habitants de récupérer leur ville et de cesser de vivre dans la peur. C'est tout ce que j'avais à dire." "Attendez, et qu'en est-il du maire ? Est-ce qu'il compte demander du renfort ?"
Je finis par couper la vidéo, me disant que j'ai eu ma dose de réalité pour la soirée. Et dire que tout ceci ce passe ici même. J'ouvre la baie vitrée pour monter sur le toit, j'y ai placé un tabouret pour pouvoir fumer ma cigarette sous les étoiles. Je frotte la pierre de mon briquet puis quand la fumée s'échappe enfin de ma tige de nicotine, je soupire de satisfaction avant d'entendre du raffut en bas. Ma curiosité me pousse à regarder et ce que je vois me glace le sang. Une voiture noire vient de s'arrêter devant chez moi, enfin, sur le trottoir d'en face et les hommes que je vois dans la ruelle d'habitude, montent rapidement en voiture avant que celle-ci ne quitte la rue en trombe ! Une pensée me vient et si c'étaient eux qui avaient tué cet homme ?
Non.... La police a dit qu'elle ne savait pas quel gang était mêlé à cette histoire. Mon père dirait que la police nous ment pour ne pas nous affoler, mais moi, je préfère croire aux forces de l'ordre. Aussi, je ne vais pas tomber dans la psychose comme ma mère ! Demain, c'est mon premier jour de travail et je compte bien prouver à cette ville qu'une souris des champs peut très bien vivre dans une ville !
***
Merde, je suis en retard pour mon premier jour ! Heureusement que c'est au bout de la rue ! Je cours dans le quartier en tenant mon sac à main fermement contre moi. En passant devant la ruelle, je ralentis le pas en remarquant que bizarrement, elle était vide. C'est bien la première fois qu'il n'y a personne. D'habitude, il y a toujours deux ou trois hommes postés ici... Généralement ce sont les mêmes. Enfin, sur la semaine de mon emménagement, c'étaient les mêmes la plupart du temps. Parfois, il y a des gens qui s'arrêtent, ils ont l'air de leur acheter quelque chose, de la drogue sans doute ? Je sais que je ne devrais pas être aussi curieuse ! Tout ceci ne me regarde pas ! Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de les regarder depuis le toit de chez moi ou quand je passe devant la rue, je ne peux pas m'empêcher de tourner la tête.....
Dieu merci, ils ne sont pas là, aussi, je ne perds pas plus de temps et continue ma course jusqu'au café où je bosse. Heureusement, le patron ne m'en a pas trop voulu d'être arrivée en retard, il m'a quand même dit que la prochaine fois ce ne serait même pas la peine de revenir. Il a l'air assez strict, mais ça ne me fait pas peur ! J'ai eu des corvées bien plus compliquées que de servir des cafés quand je vivais à la ferme, aussi, je pense que je devrais pouvoir répondre à ses exigences. En tout cas, je me donnerais du mal pour y arriver et gagner honnêtement mon pain !
En quittant le Moody Snake sous la nuit étoilée, je titube légèrement en me retenant aux murs des rues. Je grommelle et les passants s’écarte le plus possible de moi. J’ai encore toute ma tête, mais mon corps ne suit malheureusement pas. Je me sens dépravé, moins que rien. Une flaque de chair, rien de plus. J’en entends certains chuchoter et me montrer du doigt quand ils me reconnaissent. J’ai presque atteint l’immeuble que je vois de l’autre côté de la rue. Alors que je tente de traverser, je me stoppe net à quelques mètres d’une voiture qui arrive à toute allure. Et si c’était mon heure ? Ne serait-ce pas plus simple ? Je ne bouge pas et le conducteur commence à klaxonner comme un fou. Les pneus crissent, ils ne freineront jamais assez pour ne pas me toucher. Je ne la lâche pas du regard et attend la fin, mais un corps se jette sur moi et nous propulse de l’autre côté de la voie, laissant passer la voiture grise qui ne cesse de klaxonner.
« Mais t’as pas fini de m’faire ce genre de conneries, merde ? Un jour j’vais vraiment te laisser passer sous la bagnole, j’te l’garantis. »
Je ne réponds rien et le laisse m’aider à me relever. Il m’accompagne jusqu’à l’entrée de notre immeuble et me porte presque entièrement vers mon appartement dans lequel je vis pour le moment seul. Il me lâche sur le fauteuil et je grogne tout en sortant mon paquet de cigarette de ma poche. Il s’installe lui aussi, sans me lâcher du regard.
« - Faut que t’arrête de t’souler la tronche, ça te réussit pas. - Allume ma clope. »
Il s’exécute en soupirant et retourne s’asseoir. Max est mon frère aîné, il a toujours été droit et logique dans chacune de ses actions. Quand j’étais jeune, il était mon modèle. Il habite dans le grand appartement d’à côté avec sa femme et son fils de huit ans.
« - C’est encore Elena qui te met dans cet état ? - Pff. Qu’elle aille en enfer. - Tu sais, c’est un bon parti. Je sais bien que papa aurait jamais accepté ça, mais si tu t’unis pas avec elle, on est foutu. Les Russian Dolls sont vraiment des alliés redoutables. T’imagines c’que nos deux familles réunies pourraient accomplir ? - Ferme-la, qu’elle choisisse John. Son père est le Mamba en personne, pourquoi ça devrait être moi ? Et il est où le nôtre, de père ? - Probablement dans l’même état que toi. »
Je soupire. Toutes ces conneries d’histoires de famille me fatiguent. Max continue à parler et à tenter de me convaincre de faire le bon choix, mais je ne l’écoute plus. Les bras de Morphée m’appellent et je m’endors, la clope se consumant entre mes doigts.
*
Il est huit heures du matin quand je me réveille dans la même position que la veille. Je rejoins, en me levant avec difficultés, les autres qui font le guet sur la terrasse. Notre immeuble est haut et se trouve au niveau de la plus grande intersection du quartier, ce qui nous permet d’avoir une bonne visibilité sur tout ce qui se déroule en bas. Quand je passe la porte vitrée, Max, sa femme Mary et Dol m’accueillent.
« - Ça va la gueule ? Me demande Max. - Pas pire qu’une autre fois. Où il est mon gosse préféré ? - Avec Vincent, il commence à vouloir se battre avec Arthur, va falloir que tu l’éduques, ton gamin, Max. Dol pose ses mains sur ses hanches. - Il tient d’son père faut croire. » Dit-il en riant.
Je les laisse bavarder de qui gagnerait s’il les mettait dans un carré de catch et me penche sur la terrasse pour y voir une jeune femme marcher sur le trottoir d’en face. Je ne l’ai jamais vue ici, et elle est complètement chargée par ses sacs et ses valises, en plus d’être au téléphone. Au loin, je vois John qui arrive en trottinant vers elle, il l’aide et échangent deux-trois mots avant de se séparer et qu’il ne rejoigne l’entrée de l’immeuble. Je continue à la suivre du regard et la vois entrer dans celui faisant face au nôtre.
« - Une nouvelle voisine ? Max s’approche de moi. - Faut croire. John a déjà fait sa connaissance. - Il va vouloir s’la faire, c’est vraiment un con. - J’pense pas qu’elle se laissera faire. Dis-je en haussant les épaules. - Ah non ? Comment tu peux savoir ? - Une intuition. Elle s’apercevra bien vite qu’on est les pires connards de la ville. Et lui le pire des pires. »
Mon frère rit et approuve de la tête. Cette fille a vraiment choisi la pire ville pour emménager.
*
Quelques jours plus tard, j’entre dans le Moody Snake et m’installe au bar. Je fais signe à ma sœur qui tient l’établissement avec son mari Vincent depuis plusieurs années. Je remarque une nouvelle serveuse allant de table en table. Je la reconnais au premier coup d’œil : c’est la jeune femme qui s’est installée dans l’immeuble d’en face. Il faut croire qu’elle nous suit. Dol s’approche de moi et me tend un verre de Whisky.
« - Elle cherchait du boulot et je cherchais des bras. - Mmh… Son appart donne sur notre guet, et maintenant elle a aussi l’occasion de nous écouter au Moody. - Elle a pas l’allure d’une espionne, Row. - Justement. C’est troublant. »
Je la lâche du regard et engloutis mon verre d’une traite. L’alcool ne me fait quasiment plus rien, je suis obligé de boire des quantités astronomiques pour ressentir le moindre effet de bien-être. Dol est toujours là, elle semble attendre quelque chose.
« - T’as vu Max aujourd’hui ? Je fais non de la tête. Il a reçu une lettre ce matin. Mary est venu me voir, en larmes. Je comprends pas pourquoi personne t’a mis au courant. - Les Styx ? - Mh. Ils ont pris Leo. »
Le verre que je tenais dans la main se brise sous la pression. Mon regard devient noir et je me lève calmement.
« - Où ? - Dans le hangar de la rue Belmart. Max doit déjà y être, avec John. »
Je quitte le bar et monte dans ma voiture que je démarre à toute allure. Je ne vois pas le petit sourire de Dol sur son visage. Elle doit sans doute se dire que mon neveu est maintenant sorti d’affaire. C’est sans aucun doute le cas, mais c’est également une guerre qui va officiellement retentir, et nous n’avions pas forcément besoin de cela.
*
Il me faut à peine quatre minutes pour arriver au hangar. J’entends un coup de feu à l’intérieur et un cri. Mon sang ne fait qu’un tour et je cours à toute vitesse vers l’établissement. Est-ce que j’arrive trop tard ? Max est à terre, soutenu par John qui tient en joug le gars des Styx, un con dénommé Richie. Il est en train d’étrangler Leo avec son bras, son flingue est posé sur la tempe du gamin. Je sors mon arme de ma ceinture et tire dans l’épaule de Richie qui lâche tout de suite Leo. Ce dernier court en pleurant vers son père, touché à la jambe. Je m’approche de Richie, le cloue par terre et pose mon pied sur la blessure que je viens de causer. Il crie comme un chien. Il me dégoûte.
« Ghost ! Ça suffit, on a récupéré l’gamin. On s’casse maintenant. »
Mon manque de réaction fait avancer John vers moi, il pose sa main sur mon bras, que je dégage d’un coup sec. Je m’accroupis vers la pourriture, toujours au-dessus de lui, l’arme sur sa tempe.
« - Tu t’en prends à un gosse de huit ans, Richie, tu veux quoi ? - Tu v-vaux rien ! Ha-Hadès viendra tous vous bu-buter ! Il rit en crachant du sang. J’appuie sur sa blessure, ce qui le calme sur le champ. On veut l’immu… l’immunité a-absolue. Sur tout… sur tout l’territoire. - Et donc buter un enfant va t’apporter à toi et ton clan de merde le pouvoir ? Vous êtes complètement cons. Si tu crois que tes p’tits potes et toi pouvez nous surpasser, t’es loin d’la réalité. - C’était une dé- déclaration de… guerre. Vous finirez tous par… crever. »
Je jette un œil à l’arrière, Max est déjà en train de cacher les yeux de son fils, et John a rendu l’affaire, se tenant la tête entre ses mains.
« Si la guerre est déjà déclarée, autant s’offrir une petite jouissance. »
J’appuie sur la détente et le sang de Richie éclabousse mon visage.
*
« - Papa, on peut pas compter sur lui, il est complètement hors de contrôle ! - Il est notre homme le plus discret, on peut pas se permettre de le mettre à la porte. Tu l’as entendu arriver au hangar ? - Non, mais- - Alors c’est tout. C’est réglé. Ghost restera mon Œil pour le moment. - Merci. »
Je repars du salon qui nous sert de point de rendez-vous pour les réunions importantes. Je ne dis pas un mot de plus, ces deux hommes me débectent. Ozzy sait que je sais ce qu’il a fait, et il essaie de me mettre dans sa poche. C’est un être abject. Et pourtant je suis dans l’obligation de prendre mes ordres de lui et de les réaliser sans dire mot.
*
L’épisode du hangar s’est rapidement propagé et les policiers en ont fait une enquête primordiale. John et moi nous sommes chargés de transporter le corps de Richie jusqu’à son domicile, en toute discrétion. Il a été retrouvé dès le lendemain et la police ne sait toujours pas qui est le responsable. Max se remet doucement de sa blessure, pour le moment il marche encore à l’aide d’une canne. Sa cuisse a été salement touchée et il reste aux bons soins de sa femme Mary. Son fils, Leo, est encore traumatisé de ce qu’il a vécu mais je suis persuadé qu’il finira par s’en remettre lui aussi. C’est un sacré bonhomme.
« Ils menacent de prendre la huitième rue ! »
Je me retourne vers le cri et constate que Max est aussi atterré que moi. Sont-ils devenus fous ? La huitième rue est celle détenue par Alexei, le Chef des Russian Dolls, nos alliés. En plus d’asseoir leur pouvoir sur la plus grande ville voisine, Nashville, nous leur avons cédé cette avenue, qu’ils occupent depuis maintenant quelques mois. Ozzy se redresse et donne ses ordres.
« - Les Dead Queens ou les Styx ? Demande un homme présent dans la pièce. - Il faudrait être idiot pour ne pas comprendre qu’ils se sont alliés. John, prends deux hommes avec toi et montez voir ce grabuge. Je doute qu’Alexei ait besoin d’aide mais nous irons tout de même répondre présent, face à notre ennemi commun. »
Les trois hommes en noir s’exécutent et foncent vers la rue. J’entends la voiture démarrer en trombe.
« Ghost, Mad, préparez-vous à être mes mains. Je pense que nous allons avoir du boulot dans les prochains temps. »
J’opine du chef sans rien ajouter. Mon père n’aurait jamais réglé les choses de cette manière. Il n’aurait jamais laissé les deux clans s’allier, ni les laisser déclarer une guerre. Il aurait tout apaisé avec des promesses qu’il aurait tenues. Et jamais il n’aurait laissé les Russes s’aventurer par chez-nous en proposant une soi-disant alliance. Il faudrait être aveugle pour penser que cette union restera intact. Ils s’avancent pour mieux régner, c’est tout. Il aurait mieux fait, certes. Mais pour le moment il ne fait rien d’autre que de se noyer sous l’alcool.
*
La menace était finalement une fausse piste qui a été étouffée à temps. Mais je me demande si ce n’était pas une magouille des Russes. Comme tous les jours, je me rends au Moody Snake et me pose à une table. Dol a l’air plutôt très occupée au bar, et je ne vois pas Vincent. La nouvelle serveuse flâne entre les tables pour servir ses clients. Je l’appelle du regard.
« Un verre de Whisky et un burger, merci. »
Quand elle revient, je ne peux m’empêcher de l’observer sans gêne. Qui me dit qu’elle ne serait pas une espionne ? Elle est louche, personne ne viendrait emménager là comme ça, aléatoirement. Il faudrait venir de très loin pour ne pas connaître l’histoire de cette ville.
« Vous devriez partir tant qu’il est temps. Je sais pas ce que vous fichez ici, mais vous vous êtes sans doute trompée. » Mes sourcils sont froncés et mon regard est ancré dans le sien. Je n’y lis que de l’incertitude et une certaine appréhension. « Vous vivez à deux pas de chez moi, et vous travaillez chez moi. Je vous ai à l’œil, quel que soit votre but. »
Dol arrive à la rescousse, me regardant avec un petit sourire commercial.
« Row, s’il-te-plait, cesse d’importuner ma nouvelle serveuse qui fait du bon travail. » Elle se tourne vers cette dernière. « Je suis désolée Rose. Voici mon frère, Rowan. Il est né ainsi, renfrogné et méfiant. Je suis certaine que ce n’est en aucun cas contre toi. »
Je grogne en avalant mon verre et en détournant le regard. Alors que ladite Rose s’en va à ses occupations, Dol me colle un coup de torchon sur l’épaule.
« - Puisque j’te dis que ce n’est pas une espionne ! Laisse-la, un peu, tu vas la faire fuir ! - En tout cas si c’est une espionne elle a bien réussi son coup, tu lui as déjà donné mon nom, le tien et sans doute celui de toute la famille. - T’es sourd ma parole ? Tu resteras campé sur ta position, comme ça ? - J’la sens pas. Elle cache un truc. Fais gaffe à elle, Dol. »
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Cheval de Troie
Sam 3 Déc - 14:31
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Le Moody Snake est un établissement peu commun. Dans le sens où la journée c'est un café tout ce qu'il y a de plus normal, puis quand le soleil se couche… Il devient un bar que ma mère fuirait comme la peste. C'est le genre de bar fréquenté par des habitués de la ville. Ça ne fait que quelques jours que je travaille ici et pourtant j'ai très vite pu remarquer qu'il y a certains visages que l'on voit plus que d'autres. Globalement, la clientèle est plutôt sympa. Pas hyper généreuse en pourboire, mais plutôt sympa. J'ai eu droit à quelques remarques déplacées, mais rien de vraiment dramatique et puis je sais me défendre. Sinon, au niveau de mon travail, je pense que les patrons sont notamment satisfaits de mon travail. Dol a l'air de plus m'apprécier que Vincent. Je dois dire que je n'ai pas dû lui faire bonne impression en arrivant en retard lors de mon premier jour.... mais malgré tout, je ne désespère pas, je suis quelqu'un de déterminée quand j'ai une idée en tête. Et là, ce que je veux, c'est être la meilleure employée possible. Déjà parce que j'ai besoin d'argent, mais aussi parce que je suis comme ça, je n'aime pas décevoir les gens. Ce couple m'a donné une chance alors qu'ils ne me connaissaient pas. Je viens d'arriver, ils auraient pu me laisser dans ma merde et embaucher la fille d'un ami à eux ou à leurs parents. Pourtant, malgré l'air sceptique sur leur visage, ils ont accepté de me mettre à l'essai un mois et de voir le résultat. C'est pour cela que depuis, je fais mon maximum pour leur plaire. Je suis souriante, aimable, chaleureuse, je papote avec les clients et essaye de m'intégrer et de rapidement mémoriser leurs habitudes. Par exemple, j'ai remarqué que ma voisine du deuxième, madame Higgins, vient tous les jours à la même heure pour prendre un Earl Grey avec deux sucres et un muffin à la myrtille. C'est une vieille femme solitaire qui parle très peu. Quand elle me croise, elle me dit simplement bonjour et puis c'est tout… Cependant, avec Dol, elle discute, elle rigole… Elle RIGOLE... Je pensais que c'était une faculté que madame Higgins avait oubliée depuis longtemps ! Elle n'est pas vraiment le cliché de la vieille aigrie qui regarde tout le monde de travers… mais presque. J'avoue que parfois, je tente d'écouter leur conversation... C'est juste de la curiosité, je me demande comment Dol parvient à dérider cette vieille bique… mais je n'ai jamais réussi à les entendre, toujours occupée à courir à droite et à gauche. Tant pis, je suppose que comme l'Atlantide, c'est un mythe dont je ne connaitrai jamais le fin mot de l'histoire.
Aujourd'hui, la journée était plutôt agréable, je trouve que j'ai fait du bon travail. Je m'en sors de mieux en mieux. Je vais pas vous mentir, porter un plateau avec pleins de verres ou d'assiettes dessus était un peu effrayant pour moi et ma maladresse légendaire... mais je dois dire que sur toute une semaine, je n'ai cassé qu'un seul verre... alors c'est plutôt une réussite. Mais aujourd'hui, ni perte ni fracas ! Le service du jour était fini, j'avais eu ma pause déjeuner et j'étais maintenant prête à attaquer le service du soir. Heureusement, ce n'est pas un bar restaurant ! Vous imaginez le nombre d'occasions que j'aurais eu de casser des trucs ?! Là, je dois me contenter de simplement apporter des verres à une table et de les débarrasser, toujours un peu risqué, mais ça va, je me débrouille. Et toujours en gardant le sourire !
Vers 20h, un homme entre dans le bar, il avait une sale tête. Je le regarde du coin de l'œil, ce n'est pas la première fois que je le vois. Il s'assoit toujours tout seul et c'est généralement Dol ou son mari qui s'occupe de lui. Je ne lui ai jamais adressé un mot ou servit la moindre commande. Ma foi, je préfère me mêler de mes affaires et continue mon service dans la joie et la bonne humeur en laissant Dol s'occuper de son ami ? Ou peu importe.
Pourtant, contrairement à d'habitude, le client qui pourtant ne fait pas de vague, casse un verre avant de sortir du bar avec un air grave. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de le suivre du regard puis de regarder Dol qui avait la mine tout aussi grave. Quand son regard croise le mien, je me reconcentre sur mes clients, l'air de rien. La soirée se passe tranquillement, heureusement, certains clients ont apporté une note de bonne humeur au bar pour finir le service. Je finis par dire au revoir à Dol avant de m'en aller. Je n'ai pas encore de voiture même si j'ai le permis. Disons que ce n'est pas encore dans mes moyens, aussi, ça ne me dérange pas de marcher même s'il est tard. Je suis prudente, alors j'ai toujours mon gaz au poivre dans la poche au cas où. Mais jusqu'à présent, je n'ai jamais eu besoin de m'en servir. Je savais que ma mère s'inquiétait pour rien.... Les villes ne sont pas que des coupes gorges et des prisons de vices et d'horreur... Je roule des yeux en allumant une cigarette en marchant. Avec la fumée, je laisse aller mes émotions et pensées négatives ainsi que ma fatigue de la journée. Plus j'avance, plus je fume et plus, je me sens mieux. Il ne me faut qu'une dizaine de minutes pour arriver en bas de mon immeuble. Je sors la clef tout en jetant un œil au trottoir d'en face. Le mec chelou du bar.... Je ne l'ai jamais vu entrer ou sortir de la ruelle d'en face, pourtant, quelque chose me dit, au fond de moi, qu'il doit être mêlé à ce genre d'affaire. Je hausse les épaules avant de soupirer. Voilà que je m'amuse à le juger sans le connaitre, je deviens comme ma mère. Peureuse et paranoïaque. Si ça se trouve, c'est juste un mec normal qui a passé une mauvaise journée ?! Et moi, je lui invente une vie dans la criminalité ! C'est horrible !
J'entre dans l'immeuble et monte les étages en continuant de penser à cet inconnu. Ouais, mais bon, pour un mec normal, il a une sale cicatrice sur le visage… Quoi ?! C'est pas parce que je ne l'ai jamais servis que je n'ai pas pris le temps de l'observer. Il est plutôt séduisant, malgré qu'il ne daigne jamais sourire... On dirait que pour lui aussi, c'est un concept qui lui est inconnu… Il devrait bien s'entendre avec ma voisine. Il a un air d'ours mal léché. Ouais, c'est la seule comparaison qui me vienne parce que dans ma vie, j'ai plus côtoyé d'ours sauvage que d'hommes alors qu'est-ce que vous voulez que je vous dise. On n'a pas tous eu la chance de naitre près d'une borne 4G. Perso, dans ma campagne, on est encore en 3G et encore. La fibre ?! Mon Dieu.... Je pense que si je devais expliquer le principe à mes parents, ils en perdraient un neurone à essayer de comprendre. Je soupire de nouveau en réalisant que mes pensées divaguent complètement, signe qu'il est grand temps d'aller me coucher. Alors que je ferme la porte de mon appartement à double tour, je me dirige vers ma chambre pour me changer et me coucher. Dieu merci, j'ai reçu mon nouveau assez rapidement, car je préférais dormir sur ma chaise pliante que sur cette infection ! Encore quelques minutes à me plaindre mentalement de l'état déplorable, mais quand même en progrès, de mon appartement, puis je finis par tomber dans les bras de Morphée.
***
Une journée plutôt banale. Ces rares au Moody Snake. Soit, elles sont cools, soit hyper fatigantes, énervante, pesante, mais jamais banale... Du coup, je la trouve plutôt longue et pourtant, il n'est que 13h15.... Je suis encore là jusqu'à 22h... Soupire. Je sers les clients pendant que Dol s'occupe de la caisse et des bons de commandes et de livraisons. Aujourd'hui plus que les autres jours, c'est une journée stressante pour elle car elle doit gérer le bar, la caisse (parce que je n'ai pas vraiment le droit de m'en approcher..... ce que je peux comprendre en tant que totale inconnue fraichement débarquée.), les bons, certains habitué(e)s qui ne veulent être servi(e)s que par elle... La pauvre. C'est pour ça que je tente de l'alléger le plus possible en essayant de m'occuper du plus de client possible pour qu'elle puisse se concentrer sur la caisse et sur les bons.
Mais quand le mec chelou et balafré fait son entrée, comme d'habitude, je le regarde du coin de l'œil s'installer à une table. Je ne le calcule pas puisque je sais qu'il fait partie de ceux qui préfèrent Dol. Je m'occupe dons des autres clients, mais quand mon regard finit par croiser celui du client, je comprends qu'il veut que je vienne prendre sa commande. Mon cœur en rate un battement. Je....Je ne m'y attendais pas du tout. J'avance vers lui avec appréhension, joie et un peu de frayeur aussi. J'avais l'impression que le temps était au ralenti, de suer à grosses gouttes alors que non.... mais je ne sais pas… J'étais partagée entre l'idée d'aller vers lui et de lui dire "Ah bhein enfin ! Vous allez peut-être finir par arrêter de me regarder avec mépris ?!" ou alors "Moi ?! V....V....Vous êtes sûr que vous ne voulez pas attendre Dol ? P...Parce que je sais pas si....si je....si c'est une bonne idée..." Horrible comme sentiment ! Et pourtant, une fois devant lui, il fallait bien que je conserve mon masque de serveuse.
J'inspire un peu avant de tenter de lui offrir un aimable sourire même si je pense qu'en réalité, ça devait sûrement être un sourire discret et hésitant.
"Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?"
Tentais-je de feindre d'être décontractée. Il me passe sa commande de façon sèche et détachée. J'arque un sourcil, mais reste silencieuse, il n'est pas le premier à me parler comme ça. Mais bon, la plupart ont entre 70 et 90 ans.
"C'est noté, je reviens tout de suite."
Et oui, masque de la serveuse. J'apporte la commande au bar puis je retourne m'occuper de quelques tables en attendant. Heureusement que tous les clients ne sont pas comme lui. Une famille vient de s'en aller tout en me félicitant d'être aussi souriante. Ils m'ont même laissé un dollar de pourboire ! Je range le billet dans ma poche puis je file chercher la commande du mec chelou qui est prête. Je lui apporte rapidement.
"Et voilà, monsieur, bon appétit !"
Dis-je toujours en souriant pendant qu'il me dévisage de haut en bas. Mon premier réflexe est de rougir comme une tomate puis ensuite de froncer les sourcils. Je suis à deux doigts de lui dire "Heu....je peux vous aider ?!" mais je me rappelle que j'ai besoin de ce travail alors, je ne dis rien.... Pourtant, ce malade ne se contente pas de me dévisager comme si je lui devais de l'argent, il me menace carrément ! Cette fois, je ne tiens plus, travail ou pas, je dois rappeler à cet individu que jusqu'à preuve du contraire, on n'a pas élevé les cochons ensemble !
"Alors, déjà, bonjour, monsieur Personne." Je plaque mon plateau contre ma poitrine pour qu'il ne repose plus son regard désapprobateur sur moi. "Est-ce qu'on se connait ?! Je vous dois quelque chose peut être ?! Pour que vous ayez le culot de mon parler comme ça ?!" En tout cas, j'avais raison, il est bien affilié à la rue d'en face.... "Où vous vivez et ce que vous faites de votre vie, j'en m'en contre fou ! Continuez d'apprécier votre burger et votre whisky dans votre habituelle solitude, au lieu de menacer les inconnues !"
Bon j'avoue, j'étais un peu hors de moi ! Non mais c'est qui ce type ! Heureusement que Dol est vite arrivée, mais pour le coup, en la voyant, ma fureur est retombée aussi sec. Je sais qu'il la connait très bien.... Et si elle décidait de prendre sa défense et de me renvoyer... Je baisse la tête honteusement alors qu'elle commence à gronder le mec. J'ose à peine relever les yeux. Elle m'interpelle et comme un bon petit soldat qui veut se faire bien voir, je me mets au garde à vous ! Elle fait les présentations et je lance un regard assassin au dénommé Rowan.
"Enchantée."
Tu parles. En tout cas, maintenant Dol est libre, je n'ai plus besoin de m'occuper de cette table. Aussi, je retourne auprès des autres clients et n'adresse plus un seul regard à la table de cet abruti sans gêne jusqu'à ce qu'il s'en aille.
***
La journée s'est achevée tranquillement et c'est vers 21h que l'homme qui m'avait aidé lors de mon arrivée en ville, entre dans le bar. Quand il me voit, son regard s'illumine et il me fait un clin d'œil qui me fait sourire et rougir.
"Tiens, mais ce ne serait pas ma jolie demoiselle en détresse. Ravi de vous revoir." "Moi de même. Et encore merci !" "Avec plaisir, est-ce que je peux vous commander un scotch sans glace ?" "Bien sûr ! Je vous laisse vous installer et je vous apporte ça."
Je le suis du regard et comme le hasard fait bien les choses, il s'est assis exactement à la même place que Rowan. Je fronce les sourcils en soupirant, décidément, cette table est maudite. Quand j'apporte la commande à la table du jeune homme. Dol est en train de parler avec lui et leur conversation a l'air plutôt sérieuse puisqu'ils se sont arrêtés de parler quand je suis arrivée...
"Et voilà."
J'ai posé le verre sur la table puis je suis partie, ne voulant pas les déranger plus que ça. Et encore une fois, mon instinct me dit de me mêler de mes affaires. Aussi, je préfère les ignorer complètement. Je sers, je débarrasse, je balaye. L'heure de la fin de mon service arrive à grand pas et c'est sans me retourner que je finis par souhaiter une bonne soirée à l'équipe du Mondy Snake avant de sortir de l'établissement et d'allumer mon habituelle cigarette.
En marchant, je finis par apercevoir des gyrophares qui s'arrêtent à ma hauteur. Le conducteur en sort et je reconnais l'agent de la dernière fois.
"Mais qui voilà, la nouvelle venue, mademoiselle ?..."
Je fronce les sourcils mais… je me rappelle que je suis une honnête citoyenne.
"Rose. Rose Williams." "Enchanté, mademoiselle Williams. Je suis l'agent Espinoza. Avez-vous réussi à vous installer confortablement ?"
J'inhale la fumée de ma cigarette avant de lui répondre.
"Oui, merci."
Je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas envie de lui parler plus que ça. Je....J'ai le sentiment qu'il ne m'aborde pas par hasard à chaque fois. C'est une sensation étrange qu'on dirait qu'il cherche à me soutirer quelque chose.
"Bien, bien, je vois que vous avez également trouvé du travail. Je suis étonné que le Mondy Snake vous ait embauché..."
Il me regarde intensément, analysant chacune de mes réactions. Je hausse les épaules avec désinvolture.
"Les patrons sont très gentils, je m'intègre rapidement et parviens à gagner mon pain." "Et bien, vous m'en voyez ravi pour vous ! Je suis rassuré de voir que tout le monde vous accueille chaleureusement. N'est-ce pas ? Vous n'avez pas eu... disons de soucis avec qui que ce soit ?"
Au même moment, je vois passer Rowan. Il regarde également dans notre direction avant d'entrer dans le bar. Je détourne le regarde de lui pour me concentrer sur l'agent de police.
"Non. Je...Je n'ai eu aucun soucis... Si...Si ça vous dérange pas, je suis assez fatiguée, je voudrais pouvoir rentrer." "Oui, oui, bien sûr. Excusez-moi de vous avoir tenu la jambe. Passez une bonne nuit, mademoiselle Williams."
Et de nouveau, il soulève son chapeau comme les vieux shériffs. Je marche en repensant à tout ce qui vient de se passer. Déjà que Rowan se montrait méfiant envers moi, alors là… il doit carrément me prendre pour une espionne du gouvernement en me voyant parler à un agent de police..... Et puis merde, ce n'est pas mon problème. Je ne le connais pas ! Je ne vois pas pourquoi je devrais gagner sa confiance alors qu'il m'a parlé comme une merde. Comment ce grizzly peut-il être le frère de Dol ?!
Tandis que je me pose la question, je suis qu'à quelques portes de mon immeuble. C'est là que j'entends un coup de feu qui avait l'air de venir d'un peu plus loin dans le quartier. Mon corps se tétanise quelques secondes puis je me mets rapidement à courir jusqu'à mon immeuble. J'ai à peine eu le temps d'y entrer et de gravir les marches qui me séparent mon domicile, que j'entends déjà les sirènes de police se diriger vers l'endroit du coup de feu !
Une fois chez moi, je m'enferme à double tours avant d'aller prendre une douche et de me coucher pour faire le plein d'énergie pour demain. Demain, c'est mon jour de repos, j'avais prévu de faire quelques achats en ville et qui sait, tenter de me faire de nouveaux amis. Pour ce qui est du coup de feu, je suppose que je serai bien vite informée par la presse de ce qu'il vient de se passer.
En sortant du Moody, toujours l’air renfrogné, je marche le nez en l’air. J’envoie un message à Max lui demandant où il se trouve. Il me répond, pas moins de deux minutes après. « Je suis dans le petit parc avec Leo. » Quelques minutes plus tard, je le rejoins et m’assois à ses côtés sur un banc en bois. À quelques mètres, Leo joue avec d’autres enfants de son âge. Je m’en fais un peu pour mon frère, il a encore beaucoup de mal à marcher et semble toujours souffrir.
« - Regarde-le. Il s’amuse comme s’il n’avait jamais vécu d’atrocités. - Il va bien ? Il hausse les épaules. - En tout cas il montre pas qu’il est mal. Il est fort, ce p’tit gars. - Et toi ? »
Je le vois soupirer à en perdre haleine, et bouger sa jambe comme il le peut. Il grimace au moindre mouvement et soupire à nouveau. Il semble totalement effondré.
« - J’peux pas m’empêcher de m’dire que je pourrais plus marcher. Alors que c’est juste une putain de balle. Comme si j’en avais jamais reçu… - Celle-ci, tu l’as eu en protégeant ton fils, elle a pas la même saveur. Elle te hantera jusqu’à c’que tu crèves. Crois-moi. »
Un goût amer s’accentue dans ma bouche et je plonge mon regard au loin. Max sert les dents et son regard s’attriste. Il pose sa main sur la mienne en guise de réconfort. Alors que les rôles s’inversent, le silence nous traverse et nous unit d’autant plus.
« - J’suis désolé p’tit frère. - Pour ? - J’sais pas, je me plains alors que j’ai rien perdu. Et t’es là pour moi. - T’étais là pour moi aussi. Et je marche. Toi, tu courras, c’est qu’une question de temps. - Tu marches à reculons, frangin. Parfois j’ai peur de t’voir couler. »
Je ferme les yeux, ne sachant trop quoi penser de cette douce conversation. C’est beau, c’est triste. Je ressens la peur de Max, la même que j’ai eu pour lui, je sais que je fais du mal à tout le monde, et ça m’attriste au plus haut point. Pourtant…
« J’ai pas volé mon surnom, alors. » Ça ne le fait pas rire. « Si un jour j’te perds, toi ou Dol, alors je coulerai pour de bon. Fais gaffe à toi, c’est tout c’que je demande. »
Nous passons le reste du temps à apprécier le silence et les rires des enfants qui nous ramènent au bon vieux temps.
*
Au moment où je traverse le hall de l’immeuble Myers, j’entends un cri appelant mon nom venant de l’extérieur. Revenant sur mes pas, je ressors du bâtiment et cherche la voix. « En haut ! » Je lève les yeux vers notre balcon et aperçoit John qui me fait un signe de la main. « Mon père veut te voir, dépêche-toi ! » Je fronce les sourcils et remue la tête d’incompréhension. Il ne pouvait pas attendre que je monte, au lieu de gueuler comme un putois dans toute la rue ? Quel empoté. Et qu’est-ce qu’il me veut, l’autre ahuri ? Je continue à grommeler dans ma barbe le temps que l’ascenseur me monte au dernier étage. Quand j’entre sans frapper dans l’appartement d’Ozzy, celui-ci me reçoit en ouvrant les bras. Je me force pour ne pas lui enfouir mon poing dans la figure.
« Comment vas-tu, Rowan ? Assieds-toi, je t’en prie. » Je m’exécute sans dire mot. « Un verre de Whisky ? » J’acquiesce et attrape le verre qu’il me tend. « Tu sais que je me souviens de toi quand tu étais tout petit ! T’étais déjà un sacré garnement. Et Jax, toujours à te surprotéger. »
Cette fois, je peine à camoufler mon envie de vomir et ma haine envers lui. J’avale ma gorgée d’alcool et pose mon verre sans aucune délicatesse sur la table basse. Je me lève et m’apprête à sortir de l’appartement sous les yeux ébahis de mon connard d’oncle. « Attends, Rowan, je n’ai pas fini ! Je n’ai même pas commencé ! » Je lui lance un regard noir en attendant patiemment, la main sur la poignée de la porte d’entrée. Il s’empresse de continuer.
« Je voulais te parler des Russian Dolls. Alexei m’a contacté, et il souhaiterait que tu rencontres sa fille Elena le plus rapidement possible. Il m’a donné une date et un lieu, je voudrais que tu sois présent, que tu te comportes convenablement et que tu prennes conscience qu’elle deviendra ton épouse d’ici quelques mois. Qu’en penses-tu ? »
Mes paupières se ferment pour digérer les informations, ma tête tourne. Je n’étais pas prêt à ça, en tout cas pas si rapidement. Je lui réponds le plus calmement possible.
« J’en pense rien, je sais bien que j’ai pas mon mot à dire. J’y serai et je ferai de mon mieux. Par contre… » J’ancre mon regard dans le sien, sans ciller. « Je t’interdis de parler de mon père, ni même de prononcer son nom. »
Je quitte cette fois l’appartement sans lui laisser le temps de répondre. Je croise John dans l’escalier mais il ne m’adresse pas la parole en voyant mon regard. En plus d’être un fils à papa, c’est un lâche. Que cette famille me répugne… Je ressors de cet immeuble infernal bien vite et marche, bourru, vers un coin tranquille du quartier. Je n’ai pas forcément envie de boire, ni de croiser qui que ce soit. Je veux simplement respirer sans pensée aux gangs, à la violence, à la quête de pouvoir ou au mariage arrangé. Mon dieu surtout pas ça. À la limite j’aimerais bien croiser le chemin de mon père, mais qui sait où il se trouve… Peut-être est-il en train d’agoniser dans un caniveau, complètement ivre. Sur le trottoir d’en face, je vois la nouvelle voisine que je soupçonne de quelque chose discuter avec un flic. Voyez-vous ça ! Mais n’ayant pas envie de penser à cela pour le moment, je chasse cette vision de mes pensées, la rangeant dans un coin de ma tête.
L’esprit vagabondant loin dans mes pensées, je ne remarque pas les deux hommes en noir qui me suivent depuis que j’ai quitté l’immeuble. À peine cinq minutes de répit et me voilà déjà retombé dans la violence de ma vie. L’un des deux hommes me frappe violemment dans le flanc sans que je l’ai vu venir, tandis que l’autre me traîne à l’abris des regards, dans une ruelle sombre, à quelques mètres de la grande avenue de l’immeuble Myers. Ils ne lâchent pas un mot. Les coups pleuvent et je laisse faire, protégeant ma tête et mon ventre, comme pour me punir de quelque chose. Cependant, trop c’est trop. Quand la douleur commence à vraiment s’envenimer dans ma gorge, j’ouvre enfin les yeux et attrape l’une des chevilles alors qu’elle me frappe dans les côtes. Je sors un couteau de ma manche et l’enfonce dans le mollet de mon adversaire, assez profondément pour que la lame ressorte de l’autre côté de la peau. Il tombe à terre en hurlant. Je profite de l’incompréhension générale pour me relever, faisant abstraction de toute douleur. Je sors le flingue que je garde continuellement à ma ceinture et tire vers l’homme encore debout, sans sommation. La balle frôle sa joue, laissant une ligne de sang sur sa trajectoire. Je le garde en joug sans dire mot. Mes yeux aperçoivent la main du second homme blessé, essayant d’attraper son pistolet tombé au sol. J’écrase sa main brutalement avec ma semelle. Je respire difficilement et crache un molard gorgé de sang.
« Les Styx… Quand allez-vous comprendre que vous faite pas l’poids contre les Black Mamba ? Vous venez sans doute venger Richie ? Il a failli buter un gosse de huit ans, vous avez vraiment signé pour ça ? Vous êtes déjà des connards, faudrait pas qu’vous deveniez des pourritures. » J’enfonce un peu plus ma semelle contre la main de l’homme qui commençait à s’impatienter. Celui que je tiens en joug reste totalement immobile. « Je suis Ghost, l’Œil du Mamba. Si vous pensiez pouvoir me buter à deux, vous êtes vraiment très cons. Ou ignares. Mais merci pour le petit requinquement, j’en avais bien besoin. Foutez l’camp d’ici maintenant, vous méritez même pas que j’vous descende, bande d’enfoiré. »
Je les laisse s’enfuir en courant, la queue entre les jambes. Ce n’était que des gamins… C’est invraisemblable.
*
Pour le coup, mon envie de me bourrer la gueule est revenue à la charge. Je la laisse guider mes pas vers le Moody, boitillant légèrement et tenant mes côtes. J’ai sans doute une ou deux côtes fêlées, et des hématomes recouvrant quasiment l’intégralité de mon corps. Mais on verra ça plus tard. Pour le moment, je veux boire. Boire et oublier. Dol m’accueille en soupirant, voyant sans doute la tête que je fais. Elle remarque les quelques bleus qui commencent à apparaitre sur mes bras et le haut de mon cou.
« - Qu’est-ce que t’as branlé encore, Row ? - Eh bien… Toujours aussi élégante… Elle me répond d’un haussement d’épaules. - Essaie pas de changer de conversation. - Rien. Juste des Styx qui voulaient venger ce connard de Richie. - Tu leur as fait la peau, j’imagine. »
Un sourire diabolique éclaire son visage. Je fronce les sourcils en m’emparant de la pinte de bière qu’elle me sert. Elle est bien une Myers, rongée par la soif de violence et de sang. Parfois je me dis qu’elle aurait pu être extrêmement dangereuse si elle avait été un homme.
« - Dol… C’était des gamins. Elle hausse à nouveau les épaules. - Dois-je te rappeler c’que papa t’a poussé à faire quand t’avais douze ans ? - C’est pas un exemple à suivre, regarde où j’en suis. - N’empêche… T’as l’air d’en avoir sacrément bavé pour des gamins. Ils avaient des lance-pierres au moins ? - J’les ai un peu laissé faire. J’en avais besoin après c’que j’ai appris. »
Je lui parle de la requête d’Ozzy en omettant ses conneries sur papa. Dol me dit de ne pas s’en faire, que ce n’est qu’un mariage de principe et que je pourrais aller voir ailleurs si je voulais. Elle peut paraître si froide parfois, qu’elle m’en donne la chair de poule.
« - Tu t’trompes sur toute la ligne. Baiser ça m’intéresse pas. Un regard feignant l’ulcère me fait lâcher un sourire éclair. Pas à CE point, Dol. - Je sais bien que c’est le fait de t’marier qui te fait chier. T’es trop romantique mon grand. C’est qu’un mariage à la con, qui n’a aucune valeur sentimentale. - Ça reste un mariage. Et tu sais bien c’que ça veut dire. - Que tu dois divorcer ? Row, chéri, on en a déjà parlé, c’est juste un papier, elle sera toujours là. Elle… Elle t’en voudra pas. Jamais. »
Je baisse les yeux et plonge dans ma bière, signifiant la fin de cette conversation. Ma sœur me regarde tristement en me caressant gentiment le poignet. Elle est arrachée à ce moment de fratrie bien trop important par la venue de plusieurs clients. Je remarque d’ailleurs que sa nouvelle employée n’est pas présente. La vision de celle-ci parlant avec un flic me revient en tête. Quand Dol revient près de moi après quelques minutes, je la mets devant les faits.
« - Elle est pas là pour t’aider la nouvelle ? - Il est tard, elle a fini sa journée il y a plus d’une heure. Pourquoi, tu voulais encore la menacer ? Je ne tiens pas compte de cette remarque. - Je l’ai croisé tout à l’heure. Tu sais avec qui elle parlait ? Un flic. - Tiens donc. - Dol, cette fille emménage devant notre immeuble, le nez sur notre guet. Elle postule dans le bar Myers et fait tout pour y rester. Elle discute avec un flic ! Il te faut quoi d’plus merde ! »
La mayonnaise ne prend pas. Au lieu de montrer une pointe de compréhension et de doute, Dol me regarde, sans lâcher son petit sourire mesquin. Je fronce les sourcils, sans comprendre.
« - Quoi ? - Oh, rien. - Tu trouves pas qu’c’est quand même sacrément culotté de sa part ? - Tout c’que je trouve c’est que c’est sa culotte que t’aimerait bien voir. »
Le choc de cette phrase me fait avaler de travers et je tousse sous les éclats de rires de Dol, jusqu’à en devenir rouge écarlate. Quand je me calme, je la dévisage, grimaçant.
« - Tu t’fous d’ma gueule ?? Elle est bien trop jeune et c’est une putain d’espionne. - Et alors, elle est jolie et a d’la ressource dans ses réparties. Tu fais une fixette sur elle, voilà c’que j’en dis. - N’importe quoi. J’la démasquerai et après tu t’agenouilleras devant moi en me baisant les pieds ma vieille. - C’est ça, démasque-la, déshabille-la, fais-lui tout c’que tu veux, j’veux aucun détail. Dit-elle en riant une nouvelle fois aux éclats. »
Enervé et un poil vexé par tant de bouffonneries, je sors du Moody en emportant ma seconde pinte avec moi. Dehors, j’entends encore les rires de ma sœur qui semble trouver que sa connerie est la chose la plus drôle du siècle. Je fronce de plus belle les sourcils en lui lançant un doigt d’honneur à travers la vitre de l’entrée. Elle s’écroule de plus belle mais ma vision s’arrête là. Quelle empotée.
Il doit être aux alentours de neuf heures du soir quand j’arrive devant son immeuble, ma pinte vide à la main. L’alcool aidant, j’entre à l’intérieur, décidé d’en découdre avec cette satanée Rose qui me fait passer pour le dernier des abrutis aux yeux de ma sœur. Mais ce n’est pas sur Rose que je tombe, c’est sur Olivia Higgins, en robe de chambre et pantoufles. En me voyant, elle sourit et s’approche de moi les bras grands ouverts. Je lui offre un petit sourire attendrissant et lui rend son accolade.
« - Mon petit Rowan, comment vas-tu ? Tu ne passes plus me voir ! - Bonsoir Olivia, oui je sais je suis désolé, le temps me manque… - Mais tu es là maintenant. Qu’est-ce que tu m’as apporté ? Une pinte de bière ? Et vide en plus ? - Ah… Euh… J’ai une clope si tu veux. »
La vieille femme acquiesce avec joie, et nous fumons notre cigarette dans le couloir de l’immeuble, devant les boites aux lettres. Olivia a été comme une grand-mère pour moi, et c’est vrai que depuis plusieurs années, je ne me suis pas donné le temps de passer la voir. Nous parlons pendant presque une demi-heure, assis sur les marches de l’escalier. C’est une femme incroyable. Elle semble ne pas subir son âge et je trouve ça extrêmement respectable.
« - Je voulais passer voir la nouvelle qui a emménagé ici, t’as eu l’occasion de la rencontrer ? - Ah, Rose ! Je la croise souvent ici et au Moody, oui. À croire qu’elle suit les Myers. - AH ! Elle sursaute et en lâche sa cigarette. Je la ramasse et lui tends. Enfin, enfin quelqu’un qui est d’accord avec moi ! - La bière ne fait pas bon ménage avec la marijuana mon cher Rowan. Quelle mouche te pique ? - De la mari- Oh merde j’t’ai filé le mauvais paquet de clope Olive, j’suis désolé. »
Elle me fait un mouvement de main l’air de dire qu’elle va très bien. Une vieille femme assise sur un escalier fumant du shit avec un gangster complétement défoncé, un tableau que personne ne pourrait oublier. Je sais pertinemment que mon corps n’est pas du tout adapté à la consommation de drogue, et qu’une seule cigarette me suffit pour être cuit. Sous le coup de la colère et de la surprise, je n’ai même pas fait la différence entre mes deux paquets de cigarettes. Mais où ai-je la tête ?
« Bon. Je pense que je vais retourner chez moi, mon lit m’attend. Je te remercie pour ton passage Rowan. Si tu vas voir Rose, passe-lui le bonjour de ma part. Et je la surveille, compte sur moi. »
Je la raccompagne au deuxième étage, jusqu’à son appartement dans lequel elle vit seule avec ses chats. Femme âgée tout à fait normale en apparence… Je monte jusqu’au dernier étage et frappe à la dernière porte sans cesse. Quand celle-ci s’ouvre, je ne laisse pas le temps à la demoiselle de dire quoi que ce soit et entre sans demander mon reste. Je vais jusqu’à la petite terrasse qui donne sur mon balcon et m’installe dessus en allumant une cigarette -normale, cette fois. Quand elle me rejoins, je m’adresse enfin à elle.
« T’as l’bonjour d’Olivia. » Elle s’apprête à parler mais je l’interromps avant. « Je sais, je suis un connard qui entre chez toi sans demander l’autorisation, mais toi tu nous observes d’ici sans demander notre autorisation. Je t’ai vu parler au flic tout à l’heure, avant de m’faire tabasser par des connards. Tu… Tout l’monde me prend pour un taré mais je sais que tu caches quelque chose, je t'ai vu parler à ce flic tout à l'heure et- »
Je m’interromps en voyant quelque chose bouger au loin sur le balcon de l’immeuble d’en face, le mien. C’est Max qui me fait des appels de phares avec sa lampe torche.
« - Qu’est-ce que tu fous chez elle p’tit frère, reviens ici tout d’suite ! Tu pues la beuh d’ici ! Dit-il en criant. - Bordel… ‘Manquait plus qu’lui. Pourquoi j’peux pas être tranquille dans cette ville de merde, vous m’faites tous chier. »
Je quitte la terrasse pour revenir dans l’appartement de Rose qui doit être complètement paumée.
« Excuse-moi j’suis totalement défoncé. Ça m’aide parfois, mais là je t’avoue que c’était pas trop c’que j’avais prévu. Rose… Je sais pas c’que t’as en tête… Je suis un gangster, un criminel. Je bute des gens. Ma famille est le plus grand gang du quartier. Je suis dangereux. Je te conseille de rester loin de nous. »
Je commence à tourner comme un lion en cage en apercevant Max sortir de l’immeuble en trombe, sans doute pour venir me chercher par la peau du jean. C’est noté, plus jamais je ne me ferai amadouer par une petite vieille nommée Olivia Higgins.
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Cheval de Troie
Dim 6 Aoû - 15:08
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Confortablement installée dans mon lit, j'étais loin de me douter que mon sommeil allait être troublé par l'arrivée d'un ours mal léché et.... complètement torché. Je fronce les sourcils en sortant de mon début de sommeil, si je ne suis pas en train de rêver, je dirais que quelqu'un est en train de tambouriner à ma porte. Un rapide coup d'œil sur le réveil m'indique qu'il est presque minuit. Je fronce encore plus les sourcils, qui cela peut-il bien être à une heure aussi tardive alors que je ne connais personne dans cette ville ?!...
Je me lève en tremblant légèrement, j'entre dans le salon et alors que j'entends battre mon cœur jusqu'au fond de mes oreilles, je me dirige lentement vers la porte. Dieu soit loué, j'ai un judas ! Je regarde discrètement à l'extérieur de l'appartement et ce que je vois me laisse pantoise. L'espace d'un instant, je dois atteindre le maximum de mon niveau de concentration pour être sûre de pouvoir faire confiance à mon sens de la vue. Est-ce que je viens vraiment de voir Rowan, sur le pas de ma porte ?! Mais..... Pourquoi ?! Et pourquoi devrais-je lui ouvrir ?! Au fond de moi, quelque chose me dit qu'il ne me fera pas de mal or.... la voix de ma mère raisonne dans ma tête "Rose, si tu lui ouvres cette porte, ce serait comme inviter le Mal chez toi !". Soupire. Rien que d'imaginer ma mère me faire la morale, m'a convaincue de ce que je devais faire. J'ai finalement ouvert la porte.
Sans même que je prenne le temps de lui demander la raison de sa visite tardive, il se permet d'entrer chez moi ! Je reste clouée sur place. Je fronce légèrement les sourcils quand mes neurones réussissent à se reconnecter entre eux. Je ferme la porte de chez moi tout en lançant un :
"Je t'en prie, entre, fais comme chez toi."
Mon sarcasme lui passa au-dessus de la tête, je ne saurais même pas dire s'il m'a entendu tant il avait l'air d'avoir une idée en tête et de ne pas pouvoir sur concentrer sur autre chose. Voilà qui est encore plus étrange et je me demande si j'ai bien fait de laisser le Mal entrer. Soupire. Je suis Rowan sur la terrasse en posant mes mains sur mes bras, je ne porte qu'un short et un débardeur de pyjama ainsi qu'une paire de grosses chaussettes, c'est pas vraiment ça qui me protège de la légère brise du soir.
"Qui ça ?!" Mes neurones se connectent. "Oh ! Madame Higgins...." Est-ce que je me sens légèrement vexée de voir qu'il l'appelle par son prénom quand moi je n'ai droit qu'à un misérable petit bonjour ?! Ouais carrément. Mais ce n'est pas de ma faute, c'est plus fort que moi, là d'où je viens tout le monde se connait et j'ai toujours été aimée de TOUT le monde. J'ai toujours été la petite bien élevée, j'ai toujours partagé mes jouets et mes gouters, bref, du plus jeune au plus vieux, tout le monde m'apprécie en général. Tandis que les personnes comme Rowan, on les évite ! Alors pourquoi cet ours mal léché a l'air de connaitre tout le monde et pire que ça, d'être apprécié par tout le monde ?! Madame Higgins ?! Non mais sérieusement ! "...Je la remercierai autour d'un Earl Grey demain."
Ok. Est-ce que j'ai dit ça pour lui montrer que moi aussi, je la connais ?! Ouais.... j'avoue… Est-ce que je suis en train de prendre ça pour une affaire personnelle ?! Ouais ! Carrément ! C'est plus fort que moi, je ne supporte pas la façon dont il pense avoir le dessus sur moi ! Aussi, j'essaye de ne pas lui montrer que son amitié avec MA voisine, me touche plus que je ne le devrais et tente de garder la tête haute. Même si.... en y regardant de plus près, je vois bien qu'il n'est pas en état de différencier quoi que ce soit. Je roule des yeux avant qu'il ne continue de parler. Connard, le mot est faible. J'écoute sa tirade, quand il commence à parler de l'agent Ezpinosa, mon cœur manque un battement et je rougis malgré moi. Je baisse la tête honteusement comme si j'avais fait quelque chose de mal alors que.... bhein non. Et même si c'était le cas, au nom de quoi devrais-je lui rendre des comptes ?! Le seul point que je suis prête à lui accorder, c'est qu'effectivement, on forme une belle brochette de voyeurs, lui et moi.
"Je...Je ne cache rien du tout et je ne vous espionne pas."
Je satisfais simplement ma curiosité malsaine. Ce qui est sans doute pire. Non ? Mais ça, je me garde bien de le lui demander, surtout dans son état. Qui sait s'il ne me balancerait pas du haut de la terrasse ! À cette idée, je fais un pas en arrière, sûrement mon instinct de survie. Malgré tout, j'avais quand même envie de me défendre, de lui dire que je ne parlais avec l'agent que par rapport à mon récent emménagement mais… mes mots restés coincés dans ma gorge. Pourquoi avais-je cette soudaine envie de me justifier auprès d'un inconnu sûrement bourré et drogué qui vient de s'introduire chez moi ?!
Je n'ai pas eu le temps de répondre à cette question que quelque chose d'autre fit son irruption sur ma terrasse. Décidément, je ne savais pas que c'était la soirée porte ouverte. Un faisceau lumineux envoie des signaux depuis la terrasse d'en face, jusqu'ici. Une voix forte se fit entendre et visiblement, c'était une connaissance de Rowan qui lui ordonnait de revenir. Tout se passa très vite après ça. Rowan grommela dans sa barbe avant de descendre dans l'appartement. Je le suivis de près, mais tout en laissant une certaine distance de sécurité malgré tout. Au moins, il ne montrait pas de signe d'agressivité, c'était toujours ça.
Une fois en train de faire les cent pas dans mon salon, Rowan se remet à parler, mais cette fois, il parait moins sur la défensive et ses excuses me paraissent même être sincères. J'arque un sourcil en l'écoutant encore parler puis quand il me dit que sa famille sont des gangsters et des tueurs... mon sang ne fait qu'un tour et encore une fois, je fais un pas en arrière sans avoir un frisson glacé qui me parcoure la colonne vertébrale. Il....Il a tué des gens ?! Genre....De....de vraies personnes a..Avec un cœur et des sentiments e...et une famille ?! J...Je crois que malgré moi, je fais encore un pas en arrière en fronçant les sourcils. Je... Je ne sais pas quoi penser de tout ça ! Si Rowan est vraiment dangereux alors pourquoi ne pas m'avoir éliminé tout simplement si je représente une menace à ses yeux ?! Et si Dol est aussi une criminelle, alors pourquoi est-ce qu'elle m'a embauchée ?! Je...Je commence à avoir le tournis en me demandant si je ne suis pas tout simplement en train de faire un horrible cauchemar ! C'est peut-être qu'un cauchemar ! Non mais sérieusement, madame Higgins et Rowan, amis ?! C'est forcément un cauchemar !
J'inspire et j'expire pour tenter de me calmer et de ne pas perdre mon sang froid. Je suis chez moi et si quelqu'un doit dominer la situation, c'est bien moi.
"Pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ? Est-ce que tu me fais des confidences dans le but de m'intimider ?! Ou c'est parce que tu comptes te débarrasser de moi pour que je ne sois plus une gêne ?" Je croise les bras sous ma poitrine. "Je ne savais pas que j'étais une si mauvaise serveuse."
Est-ce que mon trait d'humour va-t-il détendre l'atmosphère ? Est-ce qu'il va continuer à me percevoir comme une ennemie ? Alors que je ne suis ni son amie, ni son ennemie, je ne suis que sa voisine et serveuse, bordel de merde ! J'aime pas jurer, mais je pense que vu l'heure et la situation, je peux faire un petit écart de conduite. Rowan continue de tourner en rond tandis que j'entends la porte de l'immeuble s'ouvrir en trombe. Je suppose que c'est monsieur Lumière qui est venu chercher son acolyte. Je me mords la lèvre et me surprend à me demander si je fais bien de le laisser partir avec ce type alors qu'il n'est pas dans son état normal. Mais au fond de moi une voix me dit "Non mais t'as perdu la tête ? Il vient de te dire que c'est un tueur et là y'a un type, qui est sûrement un tueur aussi, qui va venir pour le récupérer et toi, tu voudrais t'y opposer parce que Monsieur Personne n'est pas dans son état normal ?! Non mais j'espère que tu plaisantes Rose Mary Williams ! C'est pas un chiot abandonné, c'est un tueur ! Fais-moi le plaisir de laisser cette racaille sortir de sa vie et prie Dieu pour que plus jamais il ne recroise ta route, qui sait comment cela pourrait finir !" Soupire. À défaut d'écouter ma mère, je me dis que je devrais certainement écouter la petite voix en moi.... Aussi, avant même que l'inconnu ne tape à la porte, je lui ouvre et sans un mot, je le laisse emmener Rowan, non sans lui lancer un regard pleins d'inquiétude, me demandant si tout ira bien pour lui. Au moment de fermer la porte, c'est plus fort que moi et je dis à l'inconnu :
"Vous allez prendre soin de lui ?" Il me répond et je hoche la tête avant d'ajouter : "Quand il aura repris ses esprits, vous pourrez lui dire que je ne suis pas une espionne et que les excuses, je les préfère au chocolat."
Je referme la porte avant que l'un ou l'autre n'ait pu ajouter quoi que ce soit. Je verrouille en haut et en bas cette fois. Adossé contre ma porte, je souris pour avoir réussi à ne pas flancher avant. Je regarde mes jambes et maintenant, elles tremblent comme des feuilles ! Je passe une main sur mon visage avant d'aller me prendre une bière dans le frigo. Quoi ?! Je pense que j'ai bien droit de me détendre un peu après ce que je viens de vivre. Hors de question d'en parler à ma mère ! Elle m'enfermerait dans une tour et je deviendrai la nouvelle Raiponce ! Je soupire avant d'ouvrir ma bière quand une idée me vient. Je peux peut-être les voir depuis la terrasse ? Non. Non. Mauvaise idée, ça confirmera que je les espionne. Soupire ! Je dois prendre mon mal en patience, demain, je finirai surement par le recroiser à la même place que d'habitude avec son éternel verre de whisky à la main. Abrutis.
Je roule des yeux avant d'allumer une cigarette et de mettre une vidéo sur mon téléphone. Je savoure ma bière et ma clope jusqu'à ce qu'il n'y ait plus ni l'une ni l'autre puis je retourne me coucher, en espérant cette fois ne plus être dérangée.
***
Le lendemain, c'était donc ma journée de congé. Je n'avais absolument aucune raison d'aller au café............. C'est pas faute d'avoir cherché. Soupire. Je....Je peux peut-être me contenter de passer devant ? Rooooooh la poisse ! Non ! Je vais commencer par me calmer, me laver et prendre un bon petit déjeuner. Ensuite, on avisera.
J'ai finalement passé la matinée à ranger mon appartement, car mine de rien, il ne reste que dix jours avant l'arrivée de mes parents. J'espère que tout sera parfait et que Rowan me fichera la paix pendant le week-end qu'ils passeront ici.
À midi, je décide de déjeuner sur la terrasse et là encore, pas de nouvelle de cet ours mal léché. Je roule des yeux en me disant qu'il soit surement être en train de comater. D'ailleurs, je trouve que c'est une journée bien calme pour l'immeuble d'en face. Leurs sentinelles sont toujours à leur place mais.... je sens bien que c'est différent de d'habitude. On dirait que tout le monde est tendu. Même ceux qui ne se contentent que de monter la garde, ont l'air sur les nerfs. C'est exactement à ce moment-là que je me rappelle que tout ceci ne me regarde pas.... Aussi je préfère tourner le regard pour une direction totalement opposée à celle-ci. Si je veux prouver que je ne suis pas une espionne, je devrais déjà par arrêter par épier tous leurs faits et gestes.
À quinze heures, je me dis qu'aller prendre l'air ne me fera pas de mal et me fera me familiariser avec la ville. Je marche tranquillement vers, je ne sais où, en me disant que je finirais bien par voir où le vent m'emmène. Et sans surprise, je finis par passer devant le Moody, ce qui n'a rien d'étonnant puisque c'est la direction que j'ai prise. Si je pouvais, je me giflerais ! En tout cas, en passant devant, je n'ai pas vu Rowan à travers la vitrine… Je trouve ça étrange, c'est pas le genre à attendre qu'il soit l'heure de l'apéro, je suppose que pour lui toute la journée est l'heure de l'apéro. Est-ce qu'il dort encore ?! À cette heure-ci ? Oh et puis je m'en fiche. Dol n'a pas l'air inquiète, c'est qu'il doit bien aller. Je me fais du souci pour rien. Ma bonté me perdra.
"Courage Rose, on avance et on laisse ces histoires de malfrat derrière."
Me dis-je en continuant ma route vers nulle part jusqu'à ce qu'elle me conduise à l'entrée d'un parc. Si j'en crois le panneau à l'entrée, il s'agirait du dernier vestige de verdure de la ville. Tout le reste a quasiment été entièrement rasé pour construire la ville. Que c'est triste. Moi qui adore les fleurs, c'est vrai que je déplore en avoir vu que très rarement dans cette ville. Même sur les terrasses ou les balcons, les gens ne mettent pas de fleurs dans leur vie. Je trouve cela bien triste. Je ne compte pas en faire de même en ce qui me concerne, ma terrasse sera recouverte de fleurs et de plante en tout genre ! Je redonnerai de l'oxygène à cette ville, c'est peut-être mon destin ?! Qui sait !
C'est donc gonflée à bloc que je m'engage dans l'allée principale du parc. Heureusement, j'ai trouvé une multitude de variétés de fleurs et d'arbre dans ce parc. Me voilà rassurée, j'avais peur que cette ville ait véritablement chassée toute verdure ! Dans ce parc, il fait bon vivre. J'entends des enfants s'amuser, rire et pleurer. Il y a des chiens qui aboient dans une zone spécifique pour eux. Et au loin, je vois tout un tas de gens assis sur des bancs. Je m'approche d'eux et remarque vite avec déception qu'ils sont tous occupés. Certains par des familles, d'autres par des couples. Un banc est occupé par un vieil homme qui dort dessus. Je soupire. Je suppose qu'aucune ville n'est parfaite. J'allais rebrousser chemin quand finalement le vieil homme finit par se redresser. Il se gratte le visage avant d'avoir l'air surprit. J'arque un sourcil en me réalisant qu'il était en train de se demander quelle heure il était... Je secoue la tête. Sans doute un ivrogne. Soupire. Comme dirait ma mère : Dieu aime tout le monde alors je ne suis personne pour juger. Je m'avance donc vers cet homme qui avait l'air d'avoir perdu tout gout pour la vie mais pas pour la boisson.
"Excusez-moi, cela vous dérange si je m'assois près de vous ?"
Je lui offre mon plus beau sourire. C'est drôle, vu de près, il ressemble étrangement à Rowan. Le Rowan qu'il finira par être s'il continue sur la voie qu'il s'est tracé. Malgré leur ressemblance amusante, je ne me suis pas doutée un seul instant qu'ils étaient de la même famille. Impossible pour moi. Ça ne m'a pas DU TOUT traversé l'esprit ! Enfin......si un peu.... mais j'ai compris que ce n'était pas possible, car même s'il est vrai que cet homme ressemble à la même espèce d'ours que celle de Rowan, ce vieil SDF ne peut certainement pas faire partie de la famille de Dol ! Enfin, c'est impossible ! Vous l'avez bien regardé ?! Impossible ! C'est juste un vieil homme qui a la malchance de ressembler à Rowan.
À force de penser à tout ça, je n'avais pas fait attention à ce que le monsieur me disait.
"Excusez-moi, je....je n'écoutais pas, je suis vraiment désolée. Vous pouvez répéter ?"
Il m'a simplement demandé si j'avais une cigarette.
"Oh oui, bien sûr !"
Je la lui tends, ainsi qu'un briquet. Je ne peux m'empêcher de le dévisager du coin de l'œil puis quand je me rends compte que c'est impoli, j'arrête en rougissant. Je sors de mon sac une bouteille d'eau bien fraiche.
"Vous en voulez ? Je me doute que vous allez refuser, mais croyez-moi, si vous voulez arrêter de faire peur aux gosses qui nous entourent, vous devriez boire un peu d'eau. Et manger quelque chose."
Dis-je en sortant quelques cookies que j'avais achetés sur la route et en les lui tendant. J'en prends également un pour qu'il ne pense pas que j'ai eu pitié de lui. Je veux juste le traiter comme une personne normale et le remercier de partager son banc avec moi. Pour le reste, on verra bien.
Le bruit d’un klaxon me réveille en sursaut. La pièce est sombre et mon corps complètement dans les choux. Je tente de me lever du lit mais je me retrouve bien vite face contre le parquet. Je grogne et des bras m’empoignent brutalement. Mon frère, à moitié endormi, me relève et me fait asseoir sur le matelas. J’ai l’esprit totalement brouillé et j’entends à peine ce qu’il me dit. « Je commence vraiment à en avoir marre de tes conneries. T’as plus quinze ans merde, agis comme un adulte ! Quelle idée d’entrer comme ça chez une bonne femme qui n’a rien demandé à personne !? Tu te rends compte qu’elle pourrait porter plainte ? » Je le regarde, les yeux à demi fermés. Je comprends un mot sur trois mais son ton me dit que j’ai encore fait une connerie. Je le questionne sur mes actions de la veille et il me jette un grand verre d’eau glacée à la figure, ce qui a pour effet de me réveiller instantanément. Il me raconte mes exploits et ma tête se retrouve dans mes paumes, las. Complètement démuni, mon bras cherche le verre de whisky qui se trouve habituellement sur ma table de chevet. Max me frappe dans l’épaule et attrape mon visage mouillé pour que je le regarde dans les yeux. Il a l’air énervé mais se radoucit quand il prend la parole. « Je sais que c’est dur pour toi. Je sais que tu as énormément de mal à remonter la pente mais, Row, je t’en prie… Fais un effort. Tu te fais toi-même glisser vers le bas et le jour viendra où il sera trop tard. Pourquoi tu t’es mis dans cet état hier ? Dol m’a dit que tu t’étais laissé tabasser par des gamins des Styx ? Parle-moi… » Sans émotion, je retire les mains de mon frère de mon visage et me relève pour rejoindre la cuisine où je me sers une bière dans le frigo. Max m’observe la décapsuler et en boire une grosse gorgée, la mort dans l’âme.
« - Tu fais l’enfant. - J’vois Elena tout à l’heure. - Donc ça explique totalement que tu te mettes une caisse considérable. Bien sûr. - C’est une raison suffisante pour moi. Lâche-moi maintenant. »
Il se lève et me jette un regard tellement noir que je crois qu’il va me frapper. Mais je ne reçois qu’un souffle glacial en plein visage. « Très bien. Bois, drogue-toi, saoule-toi jusqu’à en crever si ça te fait plaisir. Mais ne compte plus sur moi pour te venir en aide. Si tu pensais être seul dans ta merde, maintenant tu vas l’être. Et va offrir des chocolats à la pauvre voisine que t’as sans doute traumatisée. Tocard. » Il sort de mon appartement en claquant la porte. Les yeux embués, je finis cul sec ma bouteille de bière et la jette au mur de rage, où elle explose en mille morceaux.
*
C’est le cœur gros que je rejoins la grosse voiture noire que les Russian Dolls ont envoyée à ma rencontre. J’ai passé la matinée à engloutir de l’alcool, espérant que ce moment atroce passera plus vite. Je porte l’un de mes costumes, pour tout de même faire bonne figure. Avant de partir, Ozzy m’interpelle et me fait signe que tout se passera bien, hochant la tête comme pour me donner du courage en un ton paternaliste. L’envie de lui cracher à la figure et de lui faire un doigt d’honneur est si présente que je me force à entrer dans le véhicule le plus vite possible.
Le chauffeur me dépose à une dizaine de kilomètres, devant une immense bâtisse entourée de sécurités surdéveloppées. Si jamais nous en venions à tenter quelque chose pour outrepasser les Russes, la tâche s’avérerait plus compliquée que je ne l’avais jamais imaginée. Un homme en costume noir nous ouvre la porte d’entrée et nous pénétrons dans le manoir. Alexei s’empresse de descendre les escaliers et me tend une poignée de main, tout sourire. « Rowan ! Comme je suis heureux de te rencontrer réellement. La dernière fois que je t’ai vu, nous n’étions pas en si bon termes, n’est-ce pas ? » Je hoche la tête en lui rendant sa poignée de main. J’ai envie de crever. « Elena ne va pas tarder à arriver. Je suis certain que vous vous entendrez à merveille. » Alors qu’il m’invite dans son bureau, je me contente d’opiner du chef à toutes ses paroles. Je n’ai aucune envie de passer du temps avec cet hypocrite et l’alcool ne me rend pas service : je me sens incapable de feindre quoique ce soit. Il se passe une dizaine de minutes quand une jeune femme entre dans la pièce. Grande, vêtue telle une princesse de conte de fées, les cheveux noirs remontés en un chignon volontairement défait, le port haut et le sourire à faire chavirer les cœurs : elle est magnifique. Et pourtant, j’ai une seule envie, fuir, très loin. « Je te présente ma fille, Elena. » Mon cœur bat à vive allure lorsque je m’approche d’elle. Je me penche et lui baise la main, ce qui a plutôt l’air de l’enchanter. « Je suis extrêmement heureuse de vous rencontrer, Rowan. Mon père m’a beaucoup parlé de vous, en bien. Vos exploits sont surprenants ! Que je sois votre destinée m’est encore plus élogieux, je suis si chanceuse ! » Je l’observe, outré de rencontrer une telle comédienne.
Après quelques échanges superflus, Alexei nous laisse de l’intimité pour nous rencontrer. Nous sortons à l’extérieur, dans le jardin. Le sourire qu’elle arborait en la présence de son père laisse désormais place à un minois hautain et sévère. Quand nous sommes assez loin des murs, elle se plante devant moi, les mains sur les hanches. « Vous empestez l’alcool à dix mètres, vous êtes plus fermé qu’une huître, vous n’avez pas eu l’audace de me sourire ne serait-ce qu’une fois ! Je ferais tout pour mon père, mais je vous assure que si vous ne changez pas de comportement à mon égard, je vous mènerai la vie dure. Je serai une plaie pour vous. » Mes yeux s’écarquillent légèrement et je ne peux m’empêcher de pouffer de rire une demi-seconde. La jeune femme devient toute rouge et croise ses bras contre sa poitrine. « Vous me prenez peut-être pour quelqu’un de ridicule, et je suis une femme alors je ne vous reproche rien. Mais détrompez-vous, je suis capable de choses dont vous n’imaginez même pas. Je peux vous écraser entre mes doigts, comme l’ignoble insecte que vous êtes. Et je m’assurerais de ne pas épargner votre famille. » Les mains tremblantes cachées dans mes poches, je m’approche d’elle et lui écrase le pied en y mettant tout mon poids. Nos souffles se mélangent et mon regard est planté dans le sien. « Imaginez un instant que personne ne soit présent autour de nous pour nous surveiller. Est-ce que je prendrais la peine d’uniquement vous maltraiter le pied ? Quand nous serons mariés vous m’appartiendrez et vous ne pourrez plus mettre un pied dans votre petit chez-vous. À cet instant, entourée de l’entièreté de ma famille, loin de votre père, que ferez-vous ? Que pensez-vous qu’il se passera ? » Je me retire de son pied et je sens le soulagement fleurir sur son visage fermé. « Faites plaisir à votre père, taisez-vous. Si vous menacez encore une fois ma famille, je vous tue. Les exploits dont vous avez parlé tout à l’heure ne sont pas des contes de fées. Maintenant mettons un terme à cette connerie et dites à votre père que vous m’avez trouvé incroyable. »
*
Les mains dans les poches, surveillant de loin son fils, Max marchait le long du parc. Après l’altercation avec son frère le matin même, il avait eu besoin de se changer les idées. Il n’allait pas souvent dans ce parc, préférant les endroits un peu plus calmes, mais il craignait de retrouver des membres des Styx alors qu’il était avec son fils, encore traumatisé de ce qu’il avait vécu il y avait quelques jours. Léo revint vers lui pour lui tenir la main et l’aider à marcher. Max boitait encore beaucoup, à cause de sa blessure. Il sentait des améliorations dans ses pas mais la faiblesse était toujours présente. « C’est Papi là-bas ? » Max regarda Léo, abasourdi, qui pointait du doigt un vieil homme parlant sur un banc avec une jeune femme. « Je pense pas, non. » Il fronçait cependant les sourcils, reconnaissant peu à peu l’homme, au premier abord méconnaissable. Léo était déjà parti vers lui et grimpait sur les genoux du vieil homme. Max arriva en boitillant, son regard passant de son père dont il n’avait pas eu de nouvelles depuis plus d’un mois, à la jeune femme qu’il reconnu en soupirant.
« - Papa ? - Mh ? Oh… Max ? - Tu te rends compte que personne n’a eu de nouvelles de toi pendant plus d’un mois ? On pensait que t’avais fini dans un caniveau ! Et qu’est-ce que tu fais avec elle ? - Je te présente Rose, elle est très aimable et m’a offert cette bouteille d’eau. J’avais oublié à quel point l’eau était agréable en bouche. Max soupira en se grattant la tête. - Tu devrais dire ça à Rowan… Il se tourna vers Rose, le regard un peu désemparé. Mon frère est taré, et je m’excuse pour ce qu’il t’a fait subir la nuit dernière. Il est… Il est malheureux et ça le rend… complexe. D’un autre côté, c’est vrai qu’on te croise partout autour de nous… Il hausse les épaules. Après, les Myers sont partout dans cette ville : le gars que t’as sans doute cru être un sans abri alcoolique était il y a encore quelques mois le roi de cette ville. Jaxon Myers en personne ! Regarde-moi la loque qu’il est devenu… - Je suis là, je suis pas encore sourd Max. - Pourquoi t’en arrives là Papa ? Sérieux j’ai eu la même conversation avec ton abruti de fils tout à l’heure ! J’ai réellement l’impression d’être le seul mec sain de cette foutue famille. »
*
Affalé sur le canapé, la tête dans l’un des coussins et les doigts scotchés à un verre de whisky, je sors de mon coma volontaire lorsque la sonnerie de mon portable retentit. Mes doigts l’attrapent à la volée et je décroche en mettant en haut parleur.
« Quoi ? » T’es encore dans le lit en train de comater ? Je grogne en guise de réponse. Max vient de m’appeler, tu devineras jamais avec qui il est. Je soupire et ne dit rien, laissant Dol cracher le morceau quand elle le souhaiterait. Papa ! Je me redresse légèrement, les sourcils froncés en regardant le portable comme s’il s’agissait du diable en personne. « Il est toujours vivant c’t’ivrogne ? » Tu te fous de moi ou quoi, tu veux qu’on dépiste ton sang pour voir ton taux d’alcoolémie ?! Ils sont au grand parc là, Riverside. Va voir ton père et arrête de me faire chier. « Et toi t’y es pas ? » Vincent est parti pour la journée, je dois garder les petits. J’y retourne. Embrasse-le pour moi et arrête de faire des conneries.
Un bon quart d’heure plus tard, mes pas me mènent au parc. Il me faut quelques minutes pour le trouver, mais quand j’arrive, la vision de mon neveu qui s’amuse sur les genoux de mon père m’attendrit. Lorsque le petit garçon me voit au loin, il court vers moi, tout sourire. Je le prends dans mes bras et le fais tournoyer avant de l’embrasser sur le front. Léo est l’unique personne au monde qui sait me faire sourire sans dire un mot. C’est un trésor. « Tu deviens musclé mon gars, montre moi ça ? » Le garçon soulève sa manche de t-shirt et contracte son petit biceps, extrêmement fier de l’exposer à la vue de tous. « Waaah tu vas carrément m’écraser ! Aller je te laisse bonhomme, je vais parler un peu à Papi. » Léo se retourne, les bras en mode planeur et court autour de nous. Mon sourire s’évanouit lorsque mon regard se pose sur les adultes. Rose est présente et je me surprends de ne pas être plus étonné que cela. Je m’approche d’elle en soupirant, fouille dans la poche de mon costume débraillé et en sors un petit paquet de chocolats que je lui tends. « Pour excuser mon comportement d’hier. J’allais passer chez toi mais… Te voilà. » Mon visage n’exprime rien. Je me rends compte que j’en ai juste marre. De tout. Tant mieux pour tout le monde si elle n’est pas une espionne. Personne à part moi n’a l’air de se faire du souci. Alors tant mieux. Et s’il s’avère qu’elle nous trahit un jour, personne ne pourra dire que je ne les avais pas prévenu.
« - Je me rappelle pas vraiment de ce que j’ai dit hier, mais il semblerait qu’on ne se soit pas bien compris. C’est ton choix, je m’en fous. Si tu te fais tuer tu viendras pas te plaindre. - Hey Rowan, et si tu montrais sympa pour une fois ? Elle nous a rien fait de mal cette petite et tu la traites comme une despote. »
Je fronce les sourcils de plus belle, sans répondre et plaque le paquet de chocolats dans les mains de la jeune femme. Comme à son habitude, Max ne revient pas sur notre altercation et agit comme si rien ne s’était passé, assis aux côtés de Papa, qui s’efforce de ne pas s’endormir à nouveau. Léo s’approche de Rose en souriant. Il lui offre un petit paquet de marguerites et de pissenlits. En voyant ça, je ne peux m’empêcher de sourire, le cœur complètement fondu par tant de mignonneries. Max, de son côté, rit de bon cœur.
« - Rose, je crois que tu viens d’être adoptée dans la famille Myers. - Dis pas d’conneries Max. Je ris légèrement, et ça m’apaise profondément. - Je voudrais pas remuer le couteau dans la plaie mais il faut que je le sache. Comment ça s’est passé tout à l’heure, avec Elena ? - Mal. - Ah… Elle est moche ? - Non, elle est très belle. - Stupide ? - C’est une psychopathe qui menace de me casser les pieds et les vôtres jusqu'à la fin de nos jours si j’arrête pas mon comportement déplorable. - Qu’est-ce que t’as foutu encore ? Je soupire en riant jaune. - Je me noie dans l’alcool pour oublier mes peines ? Je suis un connard dangereux qui buterai le premier qui s’en prendrait à vous ? Je suis plus dur et froid que la pierre ? Sérieux, tu vis avec moi Max ou quoi ? Il rit et me tape l’épaule. - Si tu t’en rends compte c’est que t’es pas si foutu que ça. »
Je me frotte le visage avec mes paumes et lève les yeux au ciel quand j’aperçois que Rose est toujours là. Je ne veux pas m’ouvrir à ce point devant elle. Si elle ne se décide pas à bouger, je le ferai. Pour le moment, elle a plutôt l’air occupée avec Léo. Décidément elle les aura tous ensorcelés !
« Papa, tu marches avec moi un moment ? »
Je jette un regard à mon frère qui m’envoie un clin d’œil encourageant. J’aide Ozzy à se lever et le tiens lors des premiers pas. Lorsqu’il a retrouvé l’équilibre, je le lâche et nous partons tranquillement sur le chemin. Il semble vieilli, fatigué, las de la vie. Je ne sais pas s’il sera vraiment de bon conseil…
« - Tu sais avec ta mère ce n’était pas facile non plus. Elle m’en a fait voir des vertes et des pas mûres ! Mais les moments que tu n’oublieras jamais sont les plus beaux. Elena est un bon parti pour toi. Tu sauras l’apprivoiser et elle saura t’élever au plus haut. - Me marier est la dernière chose que je souhaite. - Je sais bien. Il n’empêche qu’il faudra que tu le fasses. Il en va de la survie des Myers. - Les Russes vont nous trahir et tu le sais très bien. Jamais tu n’aurais accepté cette stupide alliance. Jaxon est un bon à rien, il va tous nous faire courir à notre perte. - Ne sois pas si sûr de toi. Il est odieux et détestable mais loin d’être stupide. Ma condition actuelle en est une preuve : ni toi, ni moi, ni personne d’autre ne l’avait vu venir aussi rapidement. Je pense qu’il sait ce qu’il fait. Et il connaît ton potentiel, il ne te jetterait pas dans la gueule du loup sans avoir un coup d’avance. - Comment tu fais pour ne pas avoir envie de le buter la nuit tombée ? - Pourquoi crois-tu que je m'enivre à ce point ? Admettre son meurtre serait la fin pour moi. Et contrairement à lui, je ne peux me résoudre à faire du mal à mon propre sang. - Je suis loin d’avoir ta force, Papa… - Bah, il est toujours en vie, non ? - J’en peux plus. Je sais pas si je vais tenir. C’est trop dur de vivre sans elles et avec lui juste à portée, sans rien pouvoir faire. Les larmes me montent aux yeux et je renifle, retenant ma tristesse. Il m’arrête et me prend dans ses bras. Je plonge mon visage contre lui, comme un enfant. - Il paiera un jour, mon fils. Crois-moi, tout finit par se savoir. Tiens bon, sois fort, encore plus fort que tu ne l’es. - J’ai tout essayé. - Tu trouveras, je crois en toi. »
Nous marchons encore un peu et parlons de tout et de rien. Parler ainsi ne m’était pas arrivé depuis longtemps, j’avais oublié à quel point il pouvait être agréable de tout étaler, de vive voix.
@ Nemo
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Cheval de Troie
Lun 7 Aoû - 19:03
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Au final, le vieil homme était de bonne compagnie. Il était loin d'être aussi amoché que je le pensais. Au contraire, il a encore l'esprit assez vif. Bien trop vif pour quelqu'un qui a l'apparence d'un SDF. Nous papotons de tout et de rien. Il me demande d'où je viens, car il dit ne m'avoir jamais vu en ville. Alors, je lui raconte mon histoire, celle de la petite fille heureuse qui a grandi dans un foyer chaleureux bien qu'un peu trop protecteur et qui pour éviter de devoir se marier avec son abruti de voisin, comme ça se fait encore dans les vieux patelins américains, elle a préféré rejoindre la ville la plus proche pour essayer de tenter sa chance. Rien de bien extraordinaire.
"Et quel est le rêve que vous êtes venu accomplir ici ?"
Me demanda-t-il. Je lui offris mon plus beau sourire et les yeux brillants, je lui dis.
"J'aimerais devenir fleuriste ! Je voudrais avoir ma propre boutique, qu'elle soit belle et lumineuse et que tout le monde vienne acheter mes fleurs et mes plantes pour égayer leur vie !"
Il se contenta de me sourire en reprenant une cigarette. À force de travailler au Moody Snake, j'ai vite fini par reconnaitre les gens qui aiment parler de leur vie et ceux qui n'aiment pas. Et je peux vous dire qu'aussi gentil soit-il, papi à côté de moi n'a pas envie que je commence à lui poser des questions sur son passé. Aussi, je me contente de le questionner sur son présent et pourquoi pas son avenir.
"J'espère que vous ne comptez pas passer la nuit sur ce banc ?!"
Il n'eut pas le temps de me répondre qu'un enfant adorable se jeta dans ses bras et grimpa sur ses genoux. Mon premier réflexe a été de chercher ses parents du regard et visiblement, l'homme qui clopine droit vers nous doit être son père. Plus je le regarde et plus, je lui trouve un air de ressemblance avec.... C'est pas possible, c'est pas vrai. C'est une secte ! C'est le frère de Rowan ! Je dois admettre que la réaction du dénommé Max est compréhensible, je suis la première surprise à voir que ces deux-là sont de la même famille..... Puis j'avoue que ça n'arrange pas mes affaires dans le délire paranoïaque de Rowan...
Je souris à la présentation charmante du vieux monsieur.
"Je vous en prie, c'était avec plaisir et votre compagnie m'a été agréable."
J'écoute les excuses de Max et les justifications qu'il trouve à son frère. Aucun doute, il doit vraiment l'aimer du fond du cœur pour être toujours prêt à s'excuser à sa place.
"Ce n'est rien. Et puis tu n'as pas à t'excuser à sa place, tu n'y es pour rien. Mais merci de m'en avoir débarrassé."
J'avoue que j'avais peur qu'il finisse par me faire du mal à croire que je suis une espionne venue de, je ne sais où dans le but de le nuire, lui et toute sa famille. Non mais faut être complètement taré pour croire un truc pareil !! Ou d'une paranoïa sans nom ! Je ris à la remarque de Max sur son père, c'était agréable de voir un père et son fils se chamailler. Je suis fille unique alors ce n'est pas le genre de chose à laquelle j'ai pu assister, étant moi-même une enfant exemplaire. J'ai aussi l'impression qu'il est le seul mec sain de leur famille, mais je me suis bien gardée de leur dire. Encore une fois, j'ai appris dans cette ville à parler au bon moment.
***
Les minutes passent, Max parle avec son frère et s'intéresse même à moi par moment. En ce qui me concerne, je joue avec le petit garçon qui finalement s'appelle Léo.
"Alors Léo, est-ce que t'es un gentil petit garçon ou bien un méchant petit garçon que je vais devoir chatouiller jusqu'à ce qu'il devienne gentil ?" "Même pas peur !"
Qu'il me dit sans hésitation, je souris de plus bel et tandis qu'il est assis sur mes genoux, je lui chatouille le cou, les aisselles et le bidon. L'enfant part en fou rire et en petit cri aigu tout en se tortillant pour essayer d'échapper à mes assauts.
"Ouuuuuuh c'est bien ce qui me semblait, on a là un méchant, très, très méchant garçon ! Il faudra beaucoup plus de chatouilles alors pour le rendre plus gentil !"
Les rires de l'enfant sont tellement communicatifs qu'on finit tous par rire avec lui. Une fois qu'il devient tout rouge, je le libère et le laisse courir et s'amuser. Une fois qu'il s'est éloigné, je profite de ce repris pour allumer une cigarette, j'en propose une aux hommes à mes côtés puis je commence à fumer tranquillement en soupirant d'aise. Si on m'avait dit que je passerais une aussi bonne journée avec une famille que je ne connais pas, je ne l'aurais jamais cru !
Max et son père se remettent à discuter et je profite du fait de n'avoir rien à faire d'autre que fumer pour suivre Léo des yeux. Même si je viens de le rencontrer, c'est normal de faire attention à lui, c'est un enfant. Je le vois se jeter dans les bras d'un homme qui vient d'arriver et je me redresse tout de suite sur le banc pour mieux voir de loin.
"Ah bhein tiens, l'arrivée du fils prodige."
J'ai entendu des rires étouffés donc je prends quand même ça pour une victoire. L'ours mal léché joue avec son neveu puis il s'approche de moi en bougonnant. Il farfouille dans la poche de son pantalon qui a l'air d'avoir pris un sacré coup. Il en sort un petit paquet de chocolat et me le tend. Ok ! Deux choses ! 1 - Un sourire satisfait et victorieux se dessine instantanément sur mon visage, mais en comme je suis bien élevée et adorable, je lui ai très chaleureusement dit :
"Merci, c'est très gentil. N'en parlons plus si tu veux bien."
Deuxièmement - Il allait de nouveau se pointer chez moi ?! Je rougis très légèrement en fronçant les sourcils à l'idée de le voir encore débarqué dans mon salon... Heureusement que cette fois, c'est dans un lieu public. Si c'était encore pointé chez moi bourré, je pense que j'aurais fini par l'assommer à coup de poêle !
Ma satisfaction retombe immédiatement après ses propos odieux. J'en reste bouche bée tant je ne m'y attendais pas, mais je reprends vite de la contenance et lui envoie un regard noir. J'ai envie de le traiter de malotru, d'individus ignoble et puant, mais je me suis retenue parce qu'encore une fois, j'ai été bien élevée et qu'il y a un enfant. Enfant, qui, tombe à pic. Léo me tend un bout de fleurs et mon cœur s'attendrit de nouveau. Je lui caresse tendrement le haut de la tête.
"Oh merci, elles sont magnifiques ! Je vais les garder précieusement !"
Je souris à Max et envoie un regard noir à Rowan et je ne m'en cache même pas. Ordure. Je n'écoute pas leurs inepties sur une prétendante à Rowan, j'en ai strictement rien à foutre. Tant mieux si sa pouffe lui en fait baver. Ça lui apprendra un peu. Puis Rowan fait son éloge et.... la stupide petite fille naïve et tendre ne peut pas s'empêcher de ressentir de l'empathie pour lui. Quand il parle comme ça, il n'a pas vraiment l'air méchant, juste perdu, perturbé, blessé... peut-être même détruit. Je me mordille discrètement la lèvre pour me convaincre de pas me laisser attendrir par ces conneries. Il l'a dit lui-même, c'est un tueur de sang-froid, c'est normal qu'il soit perturbé ! Rose, ce ne sont pas tes histoires, arrête de vouloir aider tout le monde, t'es une serveuse, pas une assistante sociale.
Rowan et son père finissent par s'éloigner et je reste seule avec Max. Je soupire avant de lui dire.
"Je suis désolée de me trouver constamment sur votre chemin... mais je vous assure que je ne vous suis pas ou ne vous espionne pas. Je n'ai clairement pas ni la force ni le courage de suivre ou d'espionner qui que ce soit !"
Dis-je en souriant et en haussant les épaules.
"Si je peux me permettre, vous n'avez jamais eu envie de quitter cette ville ? Ou même le pays pour aller recommencer une vie ailleurs ?" Parce que je ne voulais pas qu'il pense que j'essaye de lui soutirer, je ne sais quelle information, je décide de lui parler franchement aussi. "J'ai quitté tout ce que je connaissais depuis ma naissance pour venir dans cette ville, dans le but de vivre la vie que j'espérais ! C'est pas encore gagné, mais par un sacré coup de chance, le hasard a voulu que votre famille soit celle qui allait m'aider à réaliser mon rêve. Je travaille au Moody Snake pour économiser et aussi pour payer mes factures, je voudrais ouvrir une boutique de fleurs ! Je suis pas serveuse parce que j'aime qu'on pelote les fesses à tout bout de champ..." Je hausse les épaules. "Mais bon, Dol et son mari sont des gens formidables, votre père aussi, même si je suis triste de le voir dans cet état. Toi aussi, tu as l'air d'être le plus normal de tous et d'être un homme sur qui on peut compter. Quant à Léo, c'est un garçon tellement adorable et attachant... Je suis heureuse de vous avoir rencontré."
Sur cette dernière note d'émotion, qui je l'espère aura au moins servi à prouver que je suis juste une paysanne arrivée en ville, je me dis que je devrais peut-être les laisser en famille. Aussi, je m'excuse poliment auprès de Max et lui dit que je dois rentrer maintenant. Je salue Léo et demande à Max de saluer Jaxon de ma part. Quant à Rowan..... Il peut bien aller se faire voir !
***
Une fois à la maison, j'appelle mes parents, je fais un brin de ménage puis je me lave et me change pour manger. Je regarde des vidéos sur mon téléphone puis je vais descendre la poubelle. En remontant, je vois que madame Higgins sort de chez elle.
"Bonsoir, madame Higgins, comment allez-vous ?"
J'avoue… Je n'ai pas osé l'appeler par son prénom... Elle ne me l'a jamais dit, ça serait étrange...
"Ça va merci, et vous ? J'ai entendu du vacarme hier, tout va bien ?" "Oui.... Des voisins un peu trop envahissants… c'est tout."
Je garde mon sourire pour essayer de paraitre naturelle.
"Hum. Tâchez de ne pas vous faire d'ennemis inutiles. Quant à vos amis, dans cette ville, choisissez les avec clairvoyance ou vous risquerez de le regretter."
Après m'avoir lancé sa quasi-malédiction, elle s'en va sans même un au revoir. J'ai envie de lui demander où est-ce qu'une femme de son âge peut aller à une heure pareil mais encore une fois, je sais que certaine personne ne veut pas parler de leur vie..... Satané ville pleine de secrets ! Je dois bien être la seule personne normale de toute cette fichue ville ! Si j'en avais les moyens, je pense que je serai partie dès ce soir ! Comme ça, tout le monde aurait été content ! Mais je n'en ai pas les moyens alors tout le monde devra se contenter de me voir dans le paysage ! Je soupire, puis une fois chez moi, je monte sur la terrasse pour fumer une ou deux cigarettes avec une bonne bière. Je regarde l'horizon, la nuit est belle et chaude. Je ne peux pas m'empêcher de jeter un coup d'œil au bâtiment d'en face. Toujours les mêmes sentinelles en bas, pas de mouvement de voiture et dans les appartements, je ne vois pas beaucoup de lumières. Peut-être ne sont-ils tout simplement pas rentrés. Ils ont dû passer un moment en famille… Soupire. Mes parents me manquent... Accoudé au rebord de la terrasse, je fume en ne pensant à plus rien ou à pleins de chose à la fois.
Dans le parc, Max observe son frère s’éloigner aux côtés de son père en souriant tendrement. S’il le pouvait, il remonterait le temps pour changer le cours des événements. Il se demande à quoi ressemblerait Rowan s’il n’avait pas vécu cette tragédie. Sans doute serait-il un jeune homme plein de vie, souriant à la vie… Il soupire, regrettant l’époque où il semblait heureux.
Les pensées de l’aîné Myers sont rapidement brouillées par la jeune femme qui s’excuse. Max l’avait presque oubliée. Il rit à ses mots, des fossettes se creusent sur ses joues. Il lève un sourcil, l’écoutant parler sans dire mot. Il baisse les yeux, le regard plaqué sur ses mains. « Tu devrais pas dire ça, Rose… Je suis pas tout le temps d’accord avec Rowan, mais pour le coup il a raison. C’est très dangereux ici, avec les gangs qui se font la guerre, le combat de pouvoir… C’est pas un endroit pour une gentille fille comme toi. » Il se racle la gorge et se redresse sur le banc, les yeux fixés tendrement sur son fils. « Il y a quelques jours, Léo s’est fait enlever par un gang rival. Il ne le montre pas forcément mais ça le travaille encore beaucoup. Il m’a vu me prendre une balle dans la jambe… Si Rowan n’était pas arrivé à temps… » Il secoue la main vivement, comme pour effacer ce sujet et passer à un autre. « J’ai choisi cette vie, je suis un Myers et je n’ai pas forcément le choix. » Il hausse les épaules. « De toute façon, je sais pas faire grand chose d’autre. » Max se relève et pose sa paume de main contre son cœur et sourit à la jeune femme. « En tout cas, je suis également heureux de t’avoir rencontrée. Et je te souhaite tout mon courage dans ton projet, j’espère que tu réussiras. Je viendrais t’acheter des fleurs ! » Il s’éloigne en faisant un dernier signe à Rose, suivi de son fils, courant derrière lui. « Au revoir Madame ! »
*
Après l’épisode du parc, mon cœur est un peu plus léger. Papa sait y faire dans ce genre de situations. Alors qu’ils se sont tous rejoint au Moody pour continuer le bon vivre en famille, j’ai préféré m’isoler et rentrer à l’appartement. L’épreuve de cet après-midi me taraude l’esprit et je ne sais pas comment faire pour me rassurer. Papa a l’air de dire que ce con d’Ozzy sait ce qu’il fait. Est-ce que je dois vraiment me marier à cette femme ? Ce n’est pas tant elle qui m’inquiète. Alexei cache quelque chose, il n’est pas aussi bienveillant qu’il le laisse paraître. J’ai la mauvaise sensation qu’il va vouloir retourner sa veste tôt ou tard. Dans ce cas-là, entre deux grandes familles, deux gangs, je serai en très mauvaise posture. Je soupire, clope au bec, affalé sur mon canapé. Mes phalanges serrent mon téléphone que je regarde en fronçant les sourcils. Sur l’écran, un numéro trône, au nom d’Elena. Mon pouce frôle l’icône verte : est-ce que je l’appelle ? Pour dire quoi ? M’excuser de mon comportement de tout à l’heure ? Lui dire que j’ai hâte de la revoir ? Quelles conneries.
Je verrouille mon téléphone et tire sur la cigarette qui se consume entre mes lèvres. Une fois debout, j’expire toute la fumée, essayant de refouler également toutes les mauvaises ondes qui persistent en moi. Pauvre gars… Si ça se passait réellement, il ne resterait plus un poil de toi. T’es si mauvais… Je soupire et m’approche de la fenêtre du balcon. Dehors, la nuit commence à tomber et la ville est calme. La cigarette finit son chemin dans le cendrier de la table basse et je décide de me relaxer sous la douche. Je suis perdu avec cette Elena, je ne sais pas quoi faire d’elle. L’eau chaude devrait me détendre, au moins un peu.
Une dizaine de minutes s’écoulent et je finis par sortir de la douche. Lorsque j’attrape la serviette pour me sécher, j’entends des bruits résonner dans l’appartement voisin. Un cri. Un coup de feu. Encore trempé de ma douche, je prends simplement le temps d’enfiler un caleçon et je m’empare de mon pistolet. La seconde d’après, un homme en noir défonce la porte de mon appartement et tire une balle dans ma direction, que j’évite de justesse en plongeant derrière le canapé. Mon cœur bat à toute allure : il n’y a personne dans l’immeuble, à l’exception du voisin sans doute en train de se faire passer à tabac, et des sentinelles à l’entrée, à mon avis bien décédées. Et eux, combien sont-ils ? Bordel, j’suis mort.
Accroupis, je ne prends pas le temps de réfléchir davantage, m’élance dans la direction opposée et tire vers l’homme. Je le frôle sans le toucher. Alors qu’il se remet de ses émotions, je cours discrètement vers ma chambre, fouille à toute vitesse dans mon armoire de laquelle je sors un fusil de chasse. Je l’attends de pied ferme, avec pour seul rempart un matelas. Quand il approche, je tire une fois. La balle l’atteint à l’abdomen et il s’écroule presque. Je saute sur lui, martelant son visage de coups de poings. Il lâche son dernier soupir à l’instant où une balle laisse une traînée de sang au niveau de mon bras. Je ne crie pas mais la douleur est bien présente. « C’est quoi ton nom pauvre tâche ? » Je crie, protégé par l’armoire en bois. J’entends l’autre homme s’approcher mais tire un coup dans le mur devant lui pour l’en dissuader. Il recule de quelques pas mais garde sa position. « Curtis » Je m’élance vers lui alors qu’il parle et le plaque au sol avant qu’il n’ait eu le temps de faire le moindre mouvement. La crosse du fusil lui bousille le nez et il crie de douleur. « Tu vas crever Curtis. » Dans son dos, je pointe le canon sur sa nuque et tire. Adieu Curtis. Je n’ai pas le temps de respirer qu’un troisième homme, plus costaud que les deux autres me plaque au sol, m’assomme de coups de poings. J’ai du mal à réaliser ce qui est en train de m’arriver et lâche mon fusil. Il me soulève et me lance contre la baie vitrée qui se brise entièrement sous le poids de mon propre corps.
Des points noirs s’agglomèrent devant mes yeux et j’ai énormément de mal à reprendre ma respiration. Je me contorsionne de douleur entre les éclats de verre, sur le sol de la terrasse. J’aperçois le gorille s’apprêtant à me porter un coup qui me briserai les os. Je roule sur le côté, enfonçant de nouveaux éclats de verre dans ma peau. Avec quelques difficultés, je me relève et crache du sang. Sans ciller, j’empoigne le plus gros morceau de verre coincé dans mon flanc et saute sur l’homme. De ma peau, l’arme passe à une peau plus dure. Elle reste logée au niveau de son cou, s’abaissant au même rythme que sa respiration hachée. Hélas, c’est loin d’être suffisant. Il sort un couteau de son pantalon et s’élance vers moi. Un duel inégal se déroule alors sur la terrasse. Le couteau finit par voler et devenir inaccessible, au grand damn de son propriétaire. Il n’aura pas manqué de me blesser à divers endroits sur le corps avant. Le colosse continue de me marteler de coups, lui ne semble pas se fatiguer alors que mon corps crie de douleur. J’ai envie de tout arrêter, de ne plus me battre. À quoi bon ? Je crois que c’est le bon moment pour le tomber de rideau. Le bon moment pour me libérer de tous ces poids. Il me porte le coup de trop, celui qui me fait vriller. Je ne l’encaisse pas et m’écroule au sol, le corps recouvert de blessures. Il prend le temps, boitillant, d’aller récupérer son flingue, le pointe vers moi et s'apprête à tirer. Le moment est venu, je le regarde dans les yeux et sourit, le visage sanglant. Ça y est. Je n’attends plus qu’il tire. Je me suis bien battu, non ?
*
10 minutes avant
Après avoir été prévenus par Rose ; Max, Dol, Vincent, Jaxon et Léo sortent en trombe du Moody, courant à toute allure vers leur immeuble. Ils ne savent pas à quoi s’attendre. Rowan est seul là-bas, ils doutent de le voir tenir debout devant plusieurs hommes armés. Arrivés devant leur immeuble, Vincent va aux devants des deux gardes à terre. Ils n’ont plus de pouls.
« Rose. Rentre chez toi et ne sors pas, laisse Léo à Olivia Huggins, ta voisine. Elle s’en occupera. Papa ! » Max se tourne sur lui-même, cherchant son père. Il lui fait signe de le suivre et ils pénètrent tous les deux dans l’immeuble. Au même moment, la vitre de la terrasse se brise sous leurs yeux. Dol crie, complètement apeurée. « MAX ! Il est en train de se faire tuer, oh mon Dieu. » Un sanglot sort de la gorge de la jeune femme qui se blottit contre les bras de son mari. Lorsque l’homme pointe l’arme sur Rowan, Dol perd tout contrôle. « ROWAN BATS-TOI CRÉTIN ! » Hébétée de le voir baisser les bras ainsi, elle ne reconnaît plus son frère. Alors que le gorille s’apprêtait à tirer, il s’écroule au sol inerte, près de Rowan qui le regarde, presque déçu. Max, pistolet encore fumant à la main, s’approche de son frère et l’aide à se relever, les larmes aux yeux. Il le prend dans ses bras et lui murmure : « Row. Me fais pas ça. Si tu meurs, j’en crèverai. Arrête, s’il te plait. Je t’en prie. » Mais le corps affaibli du jeune homme ne répond plus et s’écroule dans l’inconscient.
@ Nemo
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Cheval de Troie
Ven 11 Aoû - 19:18
Rose Williams
J'ai 24 ans et je vis à ... Etats Unis. Dans la vie, je suis serveuse jusqu'à ce que je réalise mon rêve d'être fleuriste. Je suis célibataire car je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser à l'amour et je m'en sors plutôt bien, je me dis que tout vient à point.
Rose est une jeune femme qui a hâte de croquer la vie à pleine dent. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle a décidé de quitter sa campagne natale. Elle y était bien pourtant, c'est le genre de campagne où vous avez une maison au milieu d'un champ et votre premier voisin se trouve à au moins deux kilomètres ! Vous voyez ce genre de bail, c'est de là que vient Rose. Pour l'école, c'était compliqué, sans cesse obligée de se réveiller deux heures et demie avant pour pouvoir se préparer et arriver à temps grâce au car scolaire, qui dieu merci, passait par sa ferme. Ses parents ont toujours été très gentils et très aimants, dans sa campagne tout le monde se connait et vit en communauté. Pour autant, même si Rose a toujours aimé sa vie à la ferme, elle a toujours eu envie de voir à quoi pouvait ressembler le reste du monde. Aussi, c'est sans se retourner qu'elle a décidé de s'installer dans la ville la plus proche de sa campagne pour se faire une première expérience en territoire inconnu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'une souris des champs n'a pas sa place en ville, au risque de faire dévorer par de vilains matous !
Je finis par écraser ma cigarette sur le cendrier de ma terrasse quand soudain, je vois une voiture noire s'arrêter en bas de l'immeuble d'en face. Curieuse de savoir s'il s'agit de Rowan et de sa famille, je reste quelques secondes pour regarder. Mais ce que je vis, me terrifie profondément. Deux hommes sortent de la voiture, cagoulés et armés, avant de se mettre à tirer sur les gardes de l'immeuble. Je me recule si vite du bord que je trébuche et tombe sur les fesses. Prise de panique, je descends les escaliers à toute vitesse pour rentrer dans mon salon par la fenêtre. Je pose une main sur mon cœur qui fait des loopings ! Je vois des lumières un peu à tous les étages jusqu'à l'appartement des Myers.... Chacun d'eux a l'air d'être mis à sac !
Je ne sais pas quoi faire... Est-ce que je dois appeler la police ?! N...Non. Je suppose que non étant donné que c'est tous des putains de criminels et probablement des tueurs !
"Je ne sais pas quoi faire…"
Je fais les cent pas tout en réfléchissant. Je ne peux pas rester ici sans rien faire alors qu'il se passe probablement quelque chose d'affreux juste en face ! Je ne peux pas ne rien faire, vis-à-vis de Dol et de Max qui sont si gentils..... Et.... Même ! C'est mon devoir de citoyenne !
"Ok, ok, pas de panique Rose. Je....Je devrais aller voir au resto. Vu l'heure, Vincent et Dol y seront sûrement encore."
Sans hésiter, je sors de chez moi en prenant à peine le temps de fermer la porte derrière moi. Pour moi, plus rien ne compte à ce moment-là, je ne réfléchis plus et je fonce comme une fusée vers le restaurant. Je dévale les marches des escaliers, je cours sur le trottoir comme une dératée jusqu'au restaurant. Dieu merci, il n'est qu'à une dizaine de minutes de marche. Vu l'allure à laquelle je courrais, je pense y être arrivée en même pas cinq minutes.
"Au secours ! Dol ? Vincent !"
Un seul regard me fit comprendre qu'en réalité, ils étaient tous ici.
"C...C'est votre immeuble…" Je dois reprendre mon souffle. "Il...Il est saccagé ! Dépêchez-vous ! Des hommes ont été blessés en bas !"
Je ne prends pas la peine de tout leur expliquer, je me mets tout de suite à courir dans la rue, suivis de toute la famille. Il ne nous faut pas longtemps pour arriver en bas de l'immeuble et tout le monde s'arrête à quelques pas des blessés. Vincent s'approche des corps pour les examiner et Max me parle, mais je n'entends de vraiment audible. La seule chose que mon esprit se demande, c'est : Où est Rowan ?.... Je n'ai pas pris le temps de demander, car il y avait urgence, mais maintenant… où est-il ? Pourquoi il n'est pas avec eux ?! Est-ce qu'il serait encore... ?!
Je lève les yeux vers la fenêtre, quelques secondes avant qu'elle ne soit fracassée, mon visage se transforme et une terreur incommensurable se dessine sur mon visage. Est-ce qu'il allait mourir, là, devant mes yeux ?! Mes oreilles se mettent à bourdonner et je ne perçois plus aucun son distinctement. Tout n'est plus qu'un brouhaha incessant. Je vois Max rentrer dans l'immeuble, au ralenti. Dol pleure et son mari la réconforte. J'ai l'impression que tout ceci n'est qu'un cauchemar duquel je vais me réveiller. Mon cœur tambourine contre ma poitrine et j'ai l'impression que ça fait des heures que je ne respire plus. J'ai l'horrible sensation d'être en pause. De vivre quelque chose d'épouvantable dont je ne peux plus me sortir. Les minutes défilent, j'entends des coups de feux. Dol ne tient plus, elle monte, suivit par son père et son mari. Encore une fois, je les vois se précipiter, au ralenti. Je papillonne des cils en me disant que tout ceci n'est qu'un cauchemar. Les yeux rivés sur la fenêtre brisée, je me surprends à prier. Je suis pas hyper croyante et encore moins pratiquante. Je viens d'une famille chrétienne comme sans doute 90% des Américains vivant dans le sud, mais je suis pas une experte en catéchisme. Pourtant, j'ai prié. J'ai prié de tout mon cœur : Je vous en supplie, Seigneur, je ne veux pas qu'il meure. Je vous en prie, aidez cette famille. Il... Il ne peut pas mourir... Pitié, Seigneur.... Amen.
Je sens des larmes rouler sur ma joue. Seule sur le trottoir en bas de l'immeuble je n'ai pas bougé d'un iota. Je suis toujours en bas et j'attends le cœur battant. Je me dis que si Rowan avait été mort, j'aurais entendu des hurlements, pas vrai ? Pas vrai ? Si....S'il n'y a pas de hurlement, c'est qu'il n'est pas mort... Pas vrai ?
Mon corps se met à trembler et je sursaute quand une voix, vraiment tout près de moi, se met à me parler.
"Alors, mon p'tit, vous allez pas rester là toute la nuit ?"
Je tourne la tête comme si décrocher mon regard de la fenêtre était un effort considérable. En voyant qu'il s'agissait de Mme Higgins, je me reconcentre sur la fenêtre.
"Et, Rose, vous m'entendez ?"
Je ne dirais pas que je l'ignore, je dirais plutôt que je préfère me concentrer sur mes prières. Mais elle insiste.
"Vous ne pouvez pas rester dehors, vous êtes en pyjama, tout le monde va vous prendre pour une folle."
C'est vrai, elle a raison, avec tout ça, je n'ai même pas fait attention que je portais mon pyjama short, Winnie l'Ourson et que j'étais coiffée comme Fifi Brindacier.... Mais ça m'est complètement égal. Je ne bougerais pas d'ici tant que je ne saurais pas comment il va. Je fronce les sourcils, l'air déterminé. Mme Higgins soupire avant de sourire légèrement.
"Je comprends. Mais ne vous inquiétez pas, il est bien plus résistant que vous ne le pensez. Ou que lui-même ne le pense."
Puis en me jetant un dernier regard pour être sûre que je n'allais pas bouger, elle retourne dans notre immeuble. Moi, je n'ai toujours pas bougé. Répétant inlassablement ma prière, jusqu'à être entendue. Bizarrement, personne ne semble avoir l'air d'avoir appelé les pompiers ou la police. Cette ville est vraiment étrange. Comme si personne ne voulait se mouiller dans ces histoires ! Les voisins seraient prêt à laisser des gens mourir devant leur trottoir plutôt que prendre le risque de représailles s'ils appellent la police ! Enfin bon… Moi non plus, j'ai appelé personne… Mais si j'avais su que Rowan était dedans, j'aurais au moins appelé les pompiers ! Est-ce que je n'aurais pas dû ?! Je m'en fiche ! Je l'aurais fait, c'est sûr !
Je finis par voir du mouvement à la porte de l'immeuble et mon regard se pose dessus, c'est Vincent qui sort.
"Tu es encore là, Rose ?!" "Comment va-t-il ?"
Ma voix était cassante, suppliante. Il me regarde avec compassion.
"Il est salement amoché, mais il est vivant."
Je laisse de nouveau couler des larmes sur mes joues sans m'en rendre compte et je laisse expulser l'air de mes poumons. J'ai l'impression de savoir de nouveau comment on respire normalement.
"Je...Je suis très heureuse de l'apprendre."
Et je ne sais même pas pourquoi.
"Tu devrais rentrer, tu as l'air épuisée."
Mon regard se repose immédiatement sur la fenêtre de l'immeuble.
"Oui. Je vais rentrer."
Pas convaincu, Vincent remonte pour se rendre utile. Moi, je suis la seule personne à être restée inutile de toute la soirée… Je n'ai absolument rien fait pour l'aider. Je suis simplement restée plantée là comme un clou ! Au bout de, je ne sais pas combien de temps, Dol, Vincent et Jaxon finissent par redescendre. Vincent fronce les sourcils en me voyant toujours là. Dol est effondrée et a l'air épuisée, la pauvre. Dire que ce n'est sans doute pas la première fois qu'elle vit ce genre de chose....
"Rose, sérieusement, rentre chez toi.... On a appelé un médecin, il arrive. Rowan va s'en sortir et on te préviendra de tout, si tu veux." "Oui, je vais rentrer."
Lui répétais-je comme un robot. Mais il avait bien mieux à faire que de s'occuper de moi. Il aida sa femme à s'installer dans une voiture pour la raccompagner chez eux, avec son beau-père. Ou pas ? Je n'en sais rien à vrai dire. Je ne fais que des suppositions à partir des bruits que je finis par percevoir, mais en réalité, mes yeux sont encore braqués vers la fenêtre. Je ne sais pas ce que j'attends… ou ce que j'espère. Sans doute que je finisse par le voir apparaitre, avec son air d'ours mal léché en train de fumer une cigarette. Puis me voyant en bas de chez lui, il froncerait les sourcils en me disant de foutre le camp parce que c'est dangereux, bla bla bla..... Alors pourquoi il n'apparait pas ?!
***
Je ne sais pas depuis combien de temps, je suis ici. Mes jambes ne font pas mal ou bien est-ce que je ne les sens plus tout simplement ? Le froid ? Ça fait un moment aussi que je ne le sens plus. Un homme finit par entrer dans l'immeuble et je me demande si c'est le médecin. De nouveau, mon cœur se serre et j'ai l'impression que mon cerveau oublie comment on fait pour respirer. Je reprends mes prières de plus belle en espérant qu'il ne soit pas trop tard, que le médecin puisse l'aider. J'attends encore et toujours. Je crois qu'inconsciemment, je me suis dit que je partirais quand j'aurais vu le médecin partir aussi. En fonction de sa tête, je saurais. Oui, je vais rester jusqu'à ce que le médecin parte.
Alors j'attendis, encore et encore et encore… Jusqu'à ce que le soleil pointe le bout de ses premiers rayons. Mes jambes tremblent comme des feuilles, de froid et de tétanie de ne pas avoir bougé pendant des heures et des heures. Je me sens toute engourdie, mais je l'ignore complètement. Quand le médecin finit par sortir, il n'est pas tout seul, Max l'accompagne.
Ils ont l'air plutôt rassurés alors mon cœur se gonfle et mes yeux bouffis implorent les deux hommes de me dire ce qu'il se passe.
"Tiens, cette jeune femme était déjà là tout à l'heure, quand je suis arrivé... Ne me dis pas qu'elle a passé la nuit ici ?!"
Dit le médecin à Max. Mais une fois encore, leurs mots ne sont que des sons superflus à mes oreilles. Tout ce que je veux savoir, c'est comment va Rowan. Est.... Est-ce que je suis arrivée à temps ? Est-ce qu'on a entendu mes prières ? Je vous en prie… il faut que je sache. Mon cœur se serre, mes mains deviennent moites et j'ai soudainement envie de pleurer en repensant aux paroles que Rowan a dites, le concernant dans le parc. Cette journée ne peut pas se finir comme ça. Pitié.