Il ne répondit pas à sa première réflexion. Une drôle de manière ? Est-ce que cette femme aimait se faire malmenée au lit ? Acceptant de se faire clairement attaquer par un homme qui la coince contre la porte ? Non… Parce que Sinned avait déjà fait des choses moralement discutables pour repousser les gens … Mais d’ordinaire c’est typiquement le genre d’action qui fonctionne. Personne ne devrait prendre le fait de se faire mordre, parce qu’il vient de la mordre hein, comme ça. Alors il papillonne des yeux, cachant avec force sa surprise. Elle avait un pet au casque la dame… Il fallait qu’elle rencontre Trixie. Quoi qu’il pense à la fin du monde. Leurs amis pèteraient un boulot. Et il n’était pas leur ami. Parfait. Qu’elles débarrassent le plancher. Il sent les dents de la jeune femme, mais comparer à elle, il ne sortit pas de petit cri. Il la regarda simplement en fronçant les sourcils.

- Tu viens de me mordre là ? demanda-t-il confirmation pratiquement choqué de son acte comme s’il ne venait pas de faire la même chose quelques secondes avant.

Il ne parla même pas de sa baise sauvage. Il voulait lui faire peur. Lui faire croire qu’il allait être à la limite de la violer … mais elle n’avait rien contre ? Elle ne pourrait pas être dégagée ainsi. Cela faisait aussi un peu mal à sa pureté, tout en laissant sa lumière intacte. Si seulement les deux choses allaient de paire, alors il n’aurait pas de raison de s’empêcher à la noircir. Dit comme ça. Il allait lui faire du mal. Les gens mouraient autour de lui. Il la regarde et se pousse quand elle fit un geste. Pas intimidé, juste il a comprit qu’il allait devoir trouver une autre méthode. Et la meilleure des méthodes, bien que moins classe que se faire passer pour un agresseur en herbe, il l’avait déjà. Il écouta sa question. L’ignora alors qu’il se déplaça dans sa chambre. Ouvrit la fenêtre et passa son corps à l’extérieur pour marcher sur les cristaux dont étaient fait le bâtiment. Il n’avait pas peur de sortir de l’immeuble avec l’air pollué et rassi. Il s’y était habitué. Il pensait le mériter. Alors il passait par là, enjamba sa fenêtre et se retourna vers la lumineuse.

- Dégage. Je ne te laisserais jamais m’ausculter ou toucher à mon smog. Alors abandonne, retourne dans ta vie de lumineuse et fou moi la paix.

Il n’attendit pas, encore une fois, qu’elle réponde et il sauta sur plusieurs cristaux pour descendre dans la rue. Il n’allait pas dormir cette nuit. Super. Il aurait dû dormir pendant qu’elle n’était pas là. Arrivant en bas, il releva les yeux vers elle. Il fallait qu’elle dégage. Si la peur de l’action sexuelle ne marche pas, alors il allait faire la seconde. L’éviter comme une putain de maladie virale.

OK. 99%. Assez pour tirer les conclusions qu'elle a à en tirer. Nahara s'approche de la fenêtre. Pose ses avant-bras sur le rebord de la fenêtre et regarde dehors. Ignore l'air pestilentiel d'Obscurantis. Elle attrape le cristal bleu brillant sur sa poitrine entre ses doigts et soupire. Sinned. Il a besoin d'un psy. Pas d'elle. Elle peut faire beaucoup pour son corps. Pour son fluide. Mais. Le fluide, c'est lui. Elle est quasiment certaine que son smog ne déconne pas du tout. Et qu'il ne fait que suivre les désirs de Sinned. Et pas celui de devenir un grand joueur de foot, non.

Et maintenant ? Il la rejette. Elle est beaucoup de choses, mais pas psy. Alors quoi ? Elle rentre chez elle ? Mh. Non..Pas tout de suite. Elle a l'occasion d'étudier le smog à loisir avec le reste de l'équipe. Alors elle peut quand même profiter de ça un moment. Et puis Sinned … Elle ne sait pas trop. Sa raison lui dit que ce n'est pas son rôle de le sauver, et qu'elle n'en a de toute façon pas la capacité. Et d'un autre côté … Elle se voit mal juste le laisser tomber. Même s'il ne lui a rien demandé. Et qu'elle s'enorgueille régulièrement de faire fi des sentiments humains et du pathos. Tssssss. Il fait chier.

Le pauvre. Elle n'ose pas imaginer l'entreprise méticuleuse de destruction mentale qu'il a dû subir.

Quel petit con, n'empêche. Nana referme la fenêtre. Regarde la chambre autour d'elle. Rien. Juste. Le strict nécessaire à sa vie dans l'équipe. Ses affaires même pas sorties de la valise qui doit le suivre partout. 99,99%. Et puis elle sasseoit sur son lit. S'allonge. Regarde le plafond. Se retourne et colle son visage dans son oreiller. Respire son odeur et puis se relève. Ignorant les cheveux blancs qu'elle laisse derrière elle.

Elle ne sait pas trop combien de temps s'est écoulé depuis que Sinned a fui. Mais Nahara a pris sa décision. Elle ne dira rien à Artegor sur ses conclusions. Elle va rester un peu pour étudier le smog des autres. Et Sinned. On verra. Avant de partir, elle fouille sur le bureau du jeune homme pour trouver un simple stylo.

Elle se mord la lèvre inférieure. Hésite. Espère qu'elle ne va pas le pousser à bout … dans le mauvais sens. Mais. Il a besoin d'une claque. D'une grosse claque pour ébrécher un tout petit peu le mur qu'il a construit entre lui et les autres. Et entre lui et lui-même. Et. Plein d'autres choses. Finalement, elle lève le crayon et pose sa mine contre le panneau de la porte. Et elle pose quatre questions.

Pourquoi tu joues au foot ?
Pourquoi tu te bats pour être le meilleur ?
Pourquoi tu as pas envie de vivre ?
Pourquoi tu crois que je suis lumineuse ?

Et puis elle s'en va. Regagne ses nouveaux appartements. Elle mange toute seule en lisant un bouquin pour arrêter de penser à Sinned. Et puis elle ira se coucher et le lendemain … elle s'occupera des autres. Vérifiera leur santé physique, et leur smog, individuellement. Parce que ça fait partie du staff aussi. Et elle laissera le brun tranquille, ouais. Normalement. Elle le laissera peut être tranquille.

Sinned attend qu’elle parte. De manière étrange, il l’observe alors qu’il avait monté la façade de l’immeuble en face de la fenêtre de sa chambre. Elle avait fermé la fenêtre, l’idiote. Abrutie. Heureusement, il savait comment l’ouvrir de l’extérieur. Première chose qu’il a appris Sinned, pour pouvoir se casser pendant la nuit. Pour pouvoir vivre ailleurs le temps de « respirer ». Il détestait tout le monde. Il détestait qu’elle fasse sa vie dans sa chambre. Mais il la laissait faire, parce qu’il préférait qu’elle fasse sa vie dans sa chambre que de supporter sa présence. Non. Il ne bougerait pas. Il l’observait. Elle était lumineuse. Même là. Au milieu de tout, elle irradiait. Il allait se choper un coup de soleil, à force de l’observer. Mais il ne la quitte pas des yeux. Il ne pouvait pas. Il la laisse fouiller. Sauf la lettre, qu’il avait dans la poche donc qu’elle ne pourrait pas trouver, il n’avait rien. Il allait juste devoir cacher cette lettre un peu mieux. Sous le matelas, certainement. Ou sur lui. Parce qu’elle pouvait envahir sa chambre, elle ne touchera pas son corps. Mieux.

Il regarda la jeune femme écrire sur sa porte. Ok. Y a des bailles chelous parfois. Il l’observe encore et toujours et décide de sauter la distance pour revenir sur le toit de « son » immeuble. Il observa les questions sur le mur une fois que la jeune femme fut partie de sa chambre. Il rentra et s’assit en tailleur devant la porte. Il passe la nuit à regarder les mots. Il les regarda et tout l’énervé. Le lendemain, il se leva bien avant l’heure du petit déjeuner. Il engouffra la nourriture et parti s’entrainer. Ignorant tout le monde. Les mots étaient marqués dans son esprit.

« Pourquoi tu joues au foot ? » Parce que c’était le seul jeu que lui Alter et Claude pouvaient faire dans leur petite chambre. Le seul jeu qui était faisable qu’avec une boule de chaussette, ou un oreiller, puis un ballon qu’il avait volé. Puis … Bref. C’était aussi pour ça que Sinned savait jongler avec un ballon. Il était d’ailleurs en train de le faire alors qu’il pensait à tout ça.
« Pourquoi tu te bats pour être le meilleur ? » Parce qu’il fallait bien qu’il le soit, quelque part, pour valoir quelque chose. Au moins un peu. Parce qu’il ne valait rien.
« Pourquoi tu as pas envie de vivre ? » Comment ça ? Ce n’était pas qu’il n’avait pas envie de vivre … C’était juste que c’était inutile d’avoir envie de vivre. Non. Cela ça le saoule. Il vivait c’était bien. Mais il n’avait pas besoin d’avoir envie de vivre. C’était logique non ?
« Pourquoi tu crois que je suis lumineuse ? » Elle est vraiment conne, non ? Il fit plusieurs jonglages avec la balle avant de l’envoyer rageusement dans le mur. Son équipe était en train d’arriver pour l’entrainement et il savait qu’elle serait là. Putain. Il avait envie de la virer avec une telle force. Elle le faisait chier ! Putain. Il lui lança un regard noir en la voyant arriver mais ne lui parla pas.

L’ignorer. Il allait le faire, et elle allait partir. Et elle ne perdrait pas sa lumière. Ou alors il l’enlèverait pour la foutre dans une navette pour sortir de la planète. Il était sûr de pouvoir le faire.

Nahara n'avait pas eu de nouvelles Sinned. C’était prévisible. Soit il allait la bouder encore plus qu’il ne l’avait prévu de base … Soit il allait lui tomber dessus pour lui casser la gueule. Ou mettre ses menaces de baise violente à exécution. Enfin. Tenter de lui casser la gueule. Et tenter de mettre ses menaces de baise violente à exécution. Juste. Tenter. Non, elle ne s’inquiète pas, Nana, des répercussions physiques que pourrait avoir le harcèlement (parce que s’en est, faut l’avouer) qu’elle fait subir au capitaine des shadows. Mais pas aujourd’hui.

Elle a réussi à tenir la résolution qu’elle a prise la veille. En tout cas jusque-là. Elle a foutu la paix à Sinned. Elle a discuté avec Artegor à qui elle a assez largement menti par omission au sujet du jeune homme. Sur les déductions qu’elle a faites, hein. Et aussi sur la porte, la morsure, les menaces et les mains sur ses hanches. Pas que ça la gêne, juste qu’elle ne veut pas que l'entraîneur vienne foutre davantage la merde dans leur situation actuelle. Mais elle lui parle sans hésitation du refus d'obtempérer de Sinned. Comme ça son entraîneur pourra lui secouer les pouces avant, pendant, ou après, peu importe quand, tant qu’il le fait. Peut-être que s’il se fait harceler de tous les côtés, … Il finira par abandonner et juste se laisser faire en maugréant. Non ? C’est beau de rêver.

Nahara arrive à l'entraînement en discutant avec Senex, avec qui elle s’entend plutôt bien depuis la veille. Il est posé, calme, cinglant, un brin cruel et médisant. Mais il lui plaît bien quand même. En plus, il a les cheveux blancs. Alors elle arrive à le reconnaître tout de suite. Et c’est là sa principale qualité. (Ok, non, elle exagère. Quoique.) Même si elle a décidé de lui foutre la paix, le regard de la jeune femme dévie magnétiquement vers Sinned. Elle soutient son regard noir d’un petit sourire. Simple. Juste un sourire. Et elle fait demi-tour pour rejoindre Artegor aux consoles d'analyse. Lui de jeu. Elle de la conditions physique des joueurs. Elle s’intéresse assez à ce qui se passe sur le terrain. Briefée la veille par les joueurs avec lesquels elle a bu un (deux) coup. Donc elle comprend un peu plus loin que “c’est des types qui courent après un ballon”. Quoique au pire, elle s’en fout, c’est la taff d’Artegor de s’occuper de ça.

Elle, elle se contente de souligner les changements notables dans le fluide ou la condition physique des joueurs et de les rapporter à l'entraîneur. Enfin jusqu’à ce que ça la gave de devoir causer à un intermédiaire et ne s’adresse directement aux joueurs ce que ceux-ci apprécient plutôt (enfin à l’exception de Sinned et de Cron qui n’est toujours pas convaincu). Quoique même Cron admettra sans doute que c’est nettement mieux qu’entendre la douce voix de Nana leur signaler en quelques mots de faire attention plutôt que celle d’Artegor qui leur braille dans les oreilles en sous-entendant presque que s’ils se font mal c’est de leur faute, et qu’ils ont qu’à faire avec. L'amabilité, cet homme. En vrai, les deux humains de l’équipe shadows sont bien plus imbuvables que les shadows eux-mêmes, qui gardent une certaine nonchalance dans leur “agressivité”.

L'entraînement se termine finalement et Nahara profite d’avoir encore accès aux oreillettes de tout le monde pour leur causer.

“Bien joué messieurs. Qui est motivé pour être le premier à passer entre mes mains ?”

Oui, elle est tendancieuse exprès, ça la fait marrer. Elle voit le milieu de terrain s’agiter et lever une main en l’air.

“Non, pas toi Nihlis j’ai déjà vu ton smog hier. Senex ? T’as le temps ? Parfait !”

Nahara prend congé de l'entraîneur qui la regarde un sourcil en l’air. Se demandant si son allusion, c’est du lard ou du cochon. Et file à la salle de soin pour commencer ses analyses sur le smog du gardien. Et puis s’occuper de sa condition physique. Aussi. Bien sûr. Hehe.

Après avoir regardé Nahara s'éloigner, son sourcil toujours en l'air, Artegor va intercepter Sinned dans les couloirs. Lui rappelant que Nahara lui coûte un bras. (C'est faux.) Et que s'il la engagé c'est pour lui, et par pour sa santé, non. Juste pour qu'il puisse être le meilleur. Et enfin gagner cette foutue galactik football cup. Alors que ça serait bien qu'il ravale son orgueil et accepte de se faire soigner.

Sinned n’est pas choqué d’être malmené pour ce qu’il venait de faire. Pas le moins du monde. Il n’était pas choqué par le fait qu’elle lui répond. Non. Il était plus choqué par le fait qu’elle avait gémi. C’était la première fois qu’il mettait sa main dans le corps d’une femme. La première fois qu’il touchait l’intimité d’une femme comme ça. Alors, il n’était pas choqué de se faire malmené, et répondre. D’ailleurs, elle ne lui faisait pas réellement mal au cœur. Non. L’inverse se passa.

- Je ne veux pas de ton aide. Plus jamais je laisserais quelqu’un m’aider, répondit-il en remontant des yeux emplit de colère.

Il avait assez demandé de l’aide pour ne pas en avoir. Il avait supplié qu’on le sauve de l’orphelinat, qu’on l’adopte, lui et ses deux frères de cœurs. La mort de l’un avait amené la disparition de l’autre de sa vie. Il avait demandé de l’aide, il avait même « reçu » de l’aide. Pas ce qu’il espérait. Il avait failli mourir tellement souvent. Il se releva, enlevant de la poussière pour se rapprocher de Nana. Il posa un regard vers son entrejambe avant de lui murmurer simplement un « Tu as gémi ». Parce qu’il l’avait entendu. S’il ne savait pas faire, mais faisait naître des gémissements à la jeune femme, alors il ne valait mieux pas qu’elle se rapproche de lui. Il apprend vite. La prochaine fois, il se baissera pour être plus proche de l’intimité de la jeune femme et il le fera plus fort. La prochaine fois, si elle l’emmerde, il a fera jouir. C’est une promesse qu’elle pouvait lire dans ses yeux, mais pour ça, il faudrait l’occasion d’une prochaine fois, et ça, il décida que c’était mort.

Il n’avait pas de match avant un moment, alors dès qu’il fut sortit de la pièce, il fit un petit tour dans sa chambre, se faisant bien voir par ses coéquipiers pour que tout le monde le pense boudant dans sa chambre. Il prit des affaires, une capuche, et il sauta à nouveau en bas de l’immeuble. Il avait appris qu’un jeu interdit, à base de smog utilisé illégalement, se faisait dans les égouts de la planète. Il prit une journée à trouver le lieu, quelques minutes pour expliquer qu’il avait besoin de se défouler, et il passa une première nuit à utiliser le smog comme jamais.

Ce n’était pas à cause des mots de la jeune femme qu’il utilisait le smog, mais parce qu’il en avait besoin. Il avait besoin de se dépenser jusqu’à s’en sentir mourir. Une autre forme de coma après l’effort. Il voulait se faire du mal jusqu’à ne plus pouvoir réfléchir. Alors qu’il faisait un parcours,  utilisant le fluide pour se téléporter sur des petites distances, il écrasa violement son poing contre un adversaire. Le jeu était un espèce de parcours avec adversaire. Il fallait prendre la balle et l’amener dans son camp sans se faire tabasser ou voler la balle. Sinned était doué pour jongler. Il était agile. Et son smog faisait peur à certains adversaires.

Il eut le droit de dormir dans un coin de la pièce. Il le fit. Il n’avait aucune envie d’aller supporter l’autre petasse blanche. Il ne voulait plus jamais demander de l’aide. Il attendrait qu’elle se casse. Si Artegor comprenait que c’était ou son meilleur joueur ou la pute, alors il le choisira. Parce que même s’il n’était pas un Shadow, il était l’élément le plus puissant de l’équipe. Il était celui qui arrivait à faire face à la plupart des autres fluides et équipes. Le lendemain, il passa sa journée à se dépenser dans une salle de sport miteuse qu’on lui proposa. Sa respiration était haché, difficile, et plusieurs fois, il dû utiliser un masque pour pouvoir respirer.

Le soir du second jour, il était à nouveau dans la course. Il venait d’envoyer un violent coup de coude dans le visage d’un shadow avant de se relever avec la balle et de l’envoyer plus loin. Il la récupéra en faisant un saut, utilisant le smog pour l’atteindre. Le smog l’étouffait mais il n’en avait rien à foutre, Sinned. Il méritait chaque douleur. Le lieu était lugubre, encore plus que la planète. Le sang séchait attester de la violence de l’endroit. La sonnerie prévenant de la fin de ce match se fit entendre, et Sinned était encore premier. Il regarda les quelques centaines de spectateurs. C’était quelque chose de clairement illégal, après tout.

Regardant rapidement, son regard fut attiré par le soleil. Il se figea. Au milieu du monde remplit de crasse et de pourriture, Nahara était là. Elle était là, grande et belle, irradiant de lumière comme seules les personnes lumineuses pouvaient le faire. Il vit quelqu’un s’approcher et comprit qu’il allait lui mettre la main au cul. Il fit jongler la balle entre ses pieds pour l’envoyer sur la main perverse dans une violence que tout le monde remarqua. Il se jeta parmi les spectateurs, attrapa la main de la lumineuse et la tira sans ménagement pour la coincer –oui ça va devenir une habitude- dans le minuscule coin qu’on lui avait donné. C’était un placard à balai recyclé en vestiaire.

- Mais putain, ragea-t-il alors, qu’est ce que tu fais là, bordel de merde ? Tu veux vraiment perdre ta lumière par tous les moyens comme la grosse abrutie que tu es ?

Il se stoppa se souvenant de sa stupide question sur sa porte.

- Qu’est ce que je dois faire pour que tu ailles te faire voir ailleurs ? Loin de moi, putain. Et loin de ce qui te blessera !?

Bah oui elle a gémit. Les gémissements de douleur, il connaît le petit ? Visiblement non. Elle lui serrera la quique un peu fort la prochaine fois (la prochaine fois que quoi wesh ??? et on verra s’il ne gémit pas !) Enfin bref. Nettement plus intéressant que ce détail, c’est le “Plus jamais je laisserais quelqu’un m’aider” qui la frappe. Elle rassemble le puzzle petit à petit, mais elle le laisse partir. Étape pas étape. Mine de rien. Étape par étape, elle avance. Dans la compréhension de l’animal en tout cas. Pas dans les soins qu’elle est censée lui apporter. Peut-être … peut-être que ça viendra. Non, Nahara n’est pas une optimiste. Elle observe juste la situation. Et la situation, c’est qu’il est venu la voir de lui-même, héhé. Bon ok, le plan n'était pas terrible, mais c’est quand même lui qui est venu.

Par contre, aucune nouvelle le lendemain. Ni le surlendemain. Personne ne semble franchement s’inquiéter. Il semblerait que ce ne soit pas la première fois que Sinned fait l’école buissonnière. Mais personne ne semble vraiment savoir où il est allé se planquer. Sauf Cron. C’est presque étonnement lui qui vient vers elle lui glisser une information à propos du neitherball. A croire qu’il y a quand même une forme de loyauté dans cette équipe. Même envers ce casse-pieds des familles. En tout cas, la jeune femme, immuablement poussée par sa curiosité et son besoin de réponses, finit par trouver le lieu de ces matchs clandestins. Elle se fond, qu’elle croit, dans la foulle. Et le regarde jouer. Oui, elle l’a retrouvé. Elle regarde Sinned jouer, même si “jouer” n’est pas le terme qui lui vient le plus à l’esprit. “Lutter”, “souffrir”, “se battre”, ou “se punir”, c’est plus ce genre de mots qui lui viennent à l’esprit quand elle regarde le ténébreux se débattre avec son adversaire, la balle, le smog, et ses démons. Et puis elle se fait surprendre par son geste, sursaute et se retourne vers le type qui se fait percuter par le ballon, comprenant à son drôle d’air de “omg le bon dieu lui-même m’a punit” ce qu’il allait faire. Elle lui adresse une moue blasée avant de se faire embarquer par Sinned.

“Hééé !!”

Elle proteste, plus surprise qu’autre chose, avant de se retrouver ENCORE coincée entre le jeune homme et une paroi quelconque.

“Ça devient une habitude ou bien ?”

Elle râle, et levant un regard attentif vers lui, se demandant ce qu’il lui veut, ou plutôt ce qu’il va lui faire cette fois. Sinned ouvre le bec, et perd Nana un bref instant.

“Q-quoi ? Mais de quoi tu parles ?”

Elle ne comprend pas. Fronce les sourcils en reculant le visage d’incompréhension. De quelle foutue lumière il lui cause ? Sinned continue. N’apporte pas de réponse à cette interrogation. Mais à une autre. A pourquoi il ne veut pas d’elle. A pourquoi il creuse avec force et violence cette distance entre eux. Nana bat de ses grands yeux bleus levés vers le jeune homme, vachement près. Et elle rit. Enfin. Elle pouffe. Froidement. Seulement deux secondes en secouant la tête.

“Faut arrêter les contes pour enfants, Sinned. T’as cru que j’étais quoi ? Une princesse ou une fée ?”

Elle roule ses yeux dans ses orbites et pousse Sinned en arrière. Agacée. Vexée. Enervée. Pour de bon. Il l’a traitée de pute. Il lui a mordu le visage. Il l’a doigté et a collé ses doigts couverts d’elle dans sa propre bouche. Il a même insulté son intelligence. Mais ça l’a à peine bousculée. Et puis là, il la traite de lumineuse. Et de petite chose que lui, le beau, grand, talentueux et ténébreux Sinned, pourrait blesser. Nahara retrousse les muscles de son nez et de sa lèvre supérieure. A pas grand chose de le gifler. Ou de le mordre. Encore, mais pour de bon, cette fois. Et puis elle le frappe. Pas violemment, hein. D’agacement. D’un petit poing fermé contre son buste.

“T’es un crétin !” Et puis encore un coup. “T’es un foutu crétin !” Et encore un. “Tu crois franchement que toi tu vas arriver à me blesser ? Je - suis - pas - une - putain - de - princesse !! Foutu crétin !”

Elle continue de le marteler pour ponctuer sa phrase en le repoussant vers l’arrière. Et puis elle se marre à nouveau. Passe une main sur son visage et soupire fort pour relâcher ses muscles. Bon. Bref. Ne pas le prendre personnellement. Ça n'a rien de personnel. En tout cas, tout ça explique une partie de son comportement avec elle. Explique aussi une partie de son comportement envers lui-même. Elle le regarde un instant. Secoue doucement la tête.

“T’as certainement pas envie d’entendre ça de ma part. Mais. J’suis désolée. De ce qui t’as … amené à tout ça.”

Elle fait un vague signe de la main autour d’elle. Tout ça. Tout. ce qu’il pense d’elle. Ce qu’il pense de lui. Ce qu’il fout sur cette planète, pas viable pour lui. Bref. Mais elle en fait pas des tonnes Nana. Elle comprend pourquoi la tout de suite, il la hait, même si … ses raisons sont erronées. Peu importe. Pour lui, elles sont vraies. Elle regarde vers la sortie, se dit qu’elle devrait partir, retourne ses yeux vers ceux de Sinned, puis les baisse vers le sol avant de murmurer.

“T’as la possibilité de vivre. Et en grand maintenant que t’es dans cette équipe. Alors fais-le. Gâche pas ça en laissant le smog te tuer. T’as la putain de possibilité de vivre, Sinned.”

Nahara serre les dents et s’en va, sans dernier regard. Punchline. Menace. Rien. Elle se casse juste pour aller prendre un verre au bar miteux du coin. Boire un coup. Danser sans doute un peu avec des inconnus qui lui mettront sans doute des mains au cul, et à qui elle brisera peut-être quelques phalanges. Ouais. Et ensuite elle rentrera au complexe des shadows.

Cela ne serait pas une habitude si la putain d’enquiquineuse décidait enfin de se casser chez les cyclops. Putain. Il en avait ras le bol. Il n’avait pas mangé correctement depuis qu’il était parti. Il respirait mal. Il se faisait du mal à être ici. Et il le sait. Il le ressent. Mais il fait ce qu’il veut. Il se sent en colère. Il sent la haine qu’il ressent pour la situation. Il avait envie de la tabasser. Il avait envie de lui faire du mal. Il avait envie qu’elle se casse et dise à tout le monde que Sinned était un salaud des familles. Putain. Il voulait qu’elle se casse. Il avait besoin du smog pour arriver à son but. Il était hors de question qu’on lui enlève. Le smog l’étouffait et le tuait peut-être mais il lui donnait aussi la force et la possibilité d’avoir ses adversaires. Il en a rien à foutre qu’elle rit. Elle pouvait rire. C’était un fait. Elle était lumineuse. Et ici, tout était moisi jusqu’à la moelle. Il la laisse le taper. Augmentant son agacement et sa colère à chaque coup.

- TU ES LUMINEUSE PUTAIN, cria-t-il en lui attrapa la main, que tu le veuilles ou non, certaines personnes sont lumineuses, d’autres sont sinistres, d’autres sont naturels, et moi je noircis les gens comme toi !

Il n’avait pas le choix de lui expliquer. Il fallait qu’elle comprenne et qu’elle se casse putain. Il fallait qu’elle se taille de sa proximité. Il pouvait la toucher. Il pouvait l’avoir et elle ne se cassait pas. C’était plus simple avec Nitty. Il lui avait fait peur en la poussant. Nitty avait été effrayé et était tombé dans les escaliers. Il avait dit qu’il l’avait poussé. Parce que c’était mieux. Nitty était persuadé qu’il l’avait poussé, et elle ne se rappelait que de la peur qu’elle avait ressentie. Nana, elle, n’avait pas eu peur et il n’y avait pas d’escalier. Il allait l’assommer et la foutre dans une navette. C’était la seule solution. Il allait la droguer et la foutre dans une putain de fusée pour se débarrasser de son existence.

- Je ne te laisserais pas me blesser, ni te blesser.

Savoir la vérité, ça serait lui laisser la possibilité de le blesser aussi. Lui donner sa vérité, son passé dont elle s’excuse, si elle venait à le savoir … Si elle venait à le comprendre, alors elle aura les cartes pour le blesser pour le faire souffrir bien plus que maintenant. Et si elle restait, il la blesserait. Pas que physiquement. Il allait la noircir. Qu’elle dise non ou pas.


- Je n’ai jamais eu la possibilité de vivre… souffla-t-il alors qu’elle partait.

Il n’allait pas commencer aujourd’hui. Il sortit pour voir un « ami » du neitherball. Il lui propose de l’aide pour son petit problème. Sinned l’écoute à peine. L’homme reprit doucement.

- Ta blanche, elle a été suivie par deux gars pas fréquentables. Ils vont essayer de se la faire. Suffit que tu me dises si tu veux qu’elle disparaisse en prime.
- Quoi ? Non. Non. Surtout pas !

Est-ce qu’elle risquait pire que de devenir noir ? Ouais. Elle risquait plus. Merde. Il avait pourtant fait le même genre de chose. Il avait mit son doigt en elle, sans lui demander. Il pensa à Tia et Nitty. Des lumineuses. C’était chiant putain. Il regarda son téléphone. Il n’y avait pas de contact plus que les professionnels. Et celui d’Alter. Il appela. L’appel tomba dans le vide alors qu’il se tient contre le mur. Le numéro n’était plus attribué depuis longtemps. Il arrêta son appel et cogna sa tête contre le mur. Une première fois doucement, puis une seconde fois, une troisième fois, et plus fort à chaque fois, jusqu’à ce qu’il sente du liquide couler le long de son crâne. Il ne pouvait pas laisser Nahara se faire prendre par des connards. Même s’il l’avait été aussi.

Il se leva et rejoint le bar miteux à proximité de l’entrée des égoûts. Il vit rapidement la blanche. Il arrivait à la voir si rapidement. Les lumineuses étaient si simplement remarquables. Elles irradiaient. Nahara irradiait. Il s’assit en face du bar, et attrapa son masque à oxygène pour reprendre un peu de respiration. Il allait la surveiller le temps qu’elle rentre dans le centre d’entrainement des Shadows. Il observa sa main alors qu’il tenait son masque. Le smog sortait de sa peau et l’étouffait. Les lumineuses le rendaient ainsi. Il l’avait comprit depuis le temps.

“T’es lumineuse putain !!”

Qu’elle se met à brailler en pleine rue. Singeant les gestes et l’attitude de brute de Sinned. Se marrant ensuite. S’attirant quelques regards interloqués. Rien à foutre. Lumineuse ses fesses, oui. Ou. Elle l’avait été oui, ça c’est sûr. Pas mal d’eau avait coulé sous les ponts. Pas mal de larmes et de sang s’étaient mêlés à ses eaux claires. Et elle pense, il lui semble bien, tout à fait objectivement, qu’elle avait perdu de son éclat d’enfance. Elle le sait même. Elle le sent à chaque fois qu’elle tombe sur des photos d’elle gamine et qu’elle sent ses tripes se retourner. Donc. Lumineuse, bof. Après, elle regarde autour d’elle, Nana en gagnant le bar. Repassant des images de Sinned jouant au neitherball dans sa petite tête. Ouais. La luminosité, c’est relatif. Suffit de voir celle de son téléphone. Comment ça le parallèle est pourri ? Absolument pas. Avoir la lux de son écran au max permet à peine d’y voir quelque chose par temps très ensoleillé. L’avoir au minimum arrive quand même à éblouir quand on chercher à lire un message à trois heures de mat’. Sinned est entouré de tellement de ténèbres … que oui. Elle doit lui paraître brillante. Ok. Cette théorie-ci, elle veut bien y adhérer.

Enfin bref. Elle repousse Sinned de son esprit. Verrouillé tant bien que mal sa curiosité grandissante à son sujet. Il faut l’avouer. A chaque fois qu’il lui parle, à chaque fois qu’il agit devant elle, elle capte de petits détails qui lui font comprendre son état d’esprit, et le vaste bordel qu’à dû être son existence avant qu’il ne se retrouve ici. Tout ce qu’Artegor avait été capable de lui dire, c’était son passage à l’orphelinat. Pour les détails de l’histoire …. bah on repassera, hein. STOP. On a dit “stop Sinned”. Nana secoue la tête et vide cul sec son premier verre avant d’en commander un autre. Elle rappe le gosier, cette spécialité d’Obscurantis, mais elle n'est vraiment pas dégueu. Elle sirote tranquillement son deuxième verre. Ignorant royalement les types qui lui causent et tapant la discute uniquement au barman qui est de toute façon toujours la personne la plus intéressante dans un bar. Puis finit par l’abandonner pour aller danser un peu, parmi les ombres. Littéralement. Celles des stroboscopes dans un premier temps, seule, tant que les autres n’ont pas encore osé l’approcher, puis parmi les shadows qui tentent de se faire apprivoisés. Et quand ils prennent trop leur aise, Nahara se faufile entre eux, vers la sortie.

Elle sort, oui, et aperçoit Sinned. Instantanément. Sa présence la frappe immédiatement et la prend par surprise, autant par son évidence que son imprévisibilité. Pourquoi il n'en a pas profité pour filer ? Qu’est-ce qu’il fait ? Qu’est-ce qu’il veut ? Décontenancée par le jeune homme, elle ne fait pas gaffe au shadow qui l’a suivi hors du bar et glisse ses mains autour de ses hanches. Elle réagit par réflexes plus qu’autre chose. Lui chope une main, entrecroise leurs doigts, pivote par dessous comme pour exécuter une danse, sauf qu’elle arrache un cri au shadow en lui pétant les doigts dans la rotation. Mais monsieur a ses alliés qui sortent à leur tour du bar, l’un attrapant la jeune femme par les bras, par derrière. Les yeux de Nahara virent au blanc, prête à leur envoyer une bombe de souffle dans la face s’il le faut pour les calmer. Sauf qu’elle croise le regard de Sinned. Et son esprit tordu prend une autre décision. Ses yeux repassent au bleu, elle regarde le jeune homme encore une seconde avant de tourner la tête vers le type à qui elle a pété les doigts. Juste à temps pour le regarder serrer sa main valide et lui éclater son poing dans la tronche. Elle lâche un cri de douleur, entend son maître lui répéter, encore “t’as vraiment des idées tordues Nana”. Mais elle a vraiment très très envie de voir comme Sinned va réagir.