Sinned, il attend. Calmement. Il pouvait la voir à l’intérieur. Il arrivait à savoir où elle se trouve, même parmi les ombres. Il pouvait la voir. Elle était clairement une lumière dans l’obscurité. On ne voyait qu’elle. Elle était … putain de lumineuse. Et ça le faisait chier, Sinned. De la voir ici. Est-ce qu’il laisserait sa sœur dans ce genre d’endroit ? Non. Clairement. Il refuserait que sa sœur reste dans ce genre d’endroit qui détruit la lumière. Lux. Il avait encore le cœur qui se serre à penser à sa sœur. Il vit la jeune femme sortir avant même qu’elle ne sorte. La main sur son masque, respirant l’air pure qui s’y trouver, il observa les hommes lui faire du mal, s’inquiète mais ne bouge pas au début. Il sait qu’elle peut se défendre. Elle l’avait envoyé balader avec son fluide en une seconde. Pourquoi elle ne faisait rien. Il finit debout sur ses deux pieds, envoyant rapidement le masque sur le sol qui s’éclata dans un fracas.

- Putain, cria-t-il alors que sa main se leva.

Il sentait le smog apparaitre dans sa main. Le smog n’était rien contre un autre Shadow. Alors quand le nuage apparu à l’orée de sa main, il pu sentir quelque chose dans son cœur. Il n’aimait pas la couleur qu’il voyait. Bleu clair. Il y avait des éclairs mélangés à son nuage noir. Il ne connaissait pas ça. Il ne connaissait pas cette sensation. Comme s’il sortait quelque chose différent en lui. Il n’avait pas le temps d’y penser alors que son smog étrange entoura le premier homme et le repoussa avec une violence qu’il ne savait pas posséder. Le nuage noir avait repoussé l’homme mais pas pour attaquer et blesser l’assaillant. C’était un nuage protecteur, qui entoure la jeune femme et la protège des hommes. Il arriva entre les hommes et elle avec ce smog qui le prends à la gorge, qui le tétanise et qui pourtant, pour une fois, ne lui cause pas de souffrance. Il attrapa la main de la jeune femme et se met à courir dans la rue en laissant les assaillants dans les nuages noirs et bleu. Une fois arrivé dans un parc, sombre par l’heure et l’absence de lampadaire, il se tourne vers elle.

- Mais, commença-t-il avec une voix sèche couvant la colère sourde qu’elle commencé à connaître, normalement, qu’est-ce qui va chez toi putain ???????

Il approche sa main de sa joue, et en comparaison à toutes les autres fois, il prit son visage avec douceur pour en voir la blessure, il laissa échapper un juron et prit un baume du tigre de sa poche. Il prit la pommade et se mit à l’étaler doucement sur le visage de la jeune femme. Avec douceur sans douleur.

- Tu l’as fait exprès. Tu veux …

Perdre sa lumière. Il préféra se taire. Il avait bien compris qu’elle n’acceptait pas l’idée qu’elle soit solaire, ou lunaire dans la lumière de la lune. Alors il se tait et applique la pommade.

Ça fait maaaaaal !!! On va pas se mytho. Ça fait grave mal. Heureusement qu'elle lui a pété les doigts de sa main forte et qu'il frappe de l'autre. Elle n'imagine pas comment elle aurait dérouillé, sinon. C'est fou ce qu'elle est prête à faire pour la science, Nana. Elle essaye de se redresser, maintenue par derrière par l'autre shadow et serre les dents, prête à encaisser au deuxième coup. Un deuxième ouais, mais pas de troisième. Si Sinned n'intervient pas, elle les débrouillera juste avant le troisième.

Mais il intervient. Elle sait que c'est lui avant de le voir. La marque du souffle se mélangeant au smog. C'est forcément lui. Nahara reste pétrifiée de surprise par ces éclairs bleus auxquels elle ne s'attendait pas du tout. Et puis tout va très vite. Nana est encore en train d'admirer ce nuage noir bien moins violent et agressif que le comportement qu'a montré Sinned jusque là. Il l'épate. Vraiment. Elle est émerveillée, Nana, et se fait littéralement arracher à sa contemplation par le jeune homme.

Elle court, le suit dans les rues, jusqu'à un parc sombre dans lequel il s'arrête. Elle reprend son souffle, laissant l'excitation la gagner. Presque à sautiller comme une gosse, et elle s'exclame :

"Tu as fait de la lumière, Sinned ! Tu as fait de la- !"

Avant de s'arrêter brusquement et de se mordre la lèvre inférieure pour se faire taire. Ne pas vexer Sinned, parce que ouais, elle a compris que ce truc d'ombres et de lumière le touche particulièrement. Et qu'il a une idée très stricte à son propre sujet. Oups. Elle n'a pas réfléchi avant de causer. Un peu trop émerveillée. Elle ferme donc la bouche, s'immobilise, le laisse râler et le laisse faire. Le laisse manipuler son visage avec une étrange douceur. Nana l'observe en essayant de garder un air le plus neutre possible.

"Je veux voir de quoi tu es fait, Sinned."

Elle chuchote très très bas. Consciente qu'elle peut le faire repartir dans les tours avec cette simple phrase. Ou le faire fuir. Et comme pour l'en empêcher, elle pose sa main sur celle du jeune homme pour la garder quelques secondes de plus contre son visage. C'est con, il l'a déjà touché, elle est censée être au courant. Mais la chaleur de ses doigts la surprend quand même. Toujours persuadée qu'il doit être froid. Et puis elle le lâche, recule d'un pas. Elle ne veut pas le brusquer. C'est étrange à dire puisque c'est lui qui l'agresse. Mais Sinned est une panthère farouche qui a pris l'habitude de cracher et mordre les mains qu'on lui tend. Plus habituer à ce que ces mains lui offrent des coups que des caresses. Sinned est un homme dont la confiance envers tous les autres a été brisée.

Nahara le regarde. Elle a envie de le secouer. De l'enlacer. De le gifler. Et peut-être un peu, bizarrement, de l'embrasser. Alors elle fronce le nez, parce qu'elle a le droit de faire aucun des quatre avec cette tête de con de Sinned. Elle ravale un soupire.

"Merci de m'avoir protégée. Tu me ramène ?"

Si lui-aussi peut rentrer par la même occasion, ce ne serait pas plus mal. Nahara n'a pas franchement envie de le laisser là, près du neitherball, après ce qu'elle l'a vu y faire.

Il ne l’écoute pas –heureusement- pour son histoire de lumière. Lui, il n’a absolument rien remarqué. Pas même de loin. Il avait remarqué que son nuage de smog était moins étouffant, mais rien de plus. Trop occupé à réagir et ne pas penser. Parce que la sauver, de sa propre merde dans laquelle elle acceptait de se plonger, l’abrutie, il n’avait pas pensé. Et ça le fait chier. Il déteste ça. Il avait essayé de la faire partir, en lui faisant du mal… Dont une fois qui mériterait des excuses … Mais qu’il ne dira pas. Et maintenant, il lui sauvait le cul ? Non… Il déraillait à cause de sa lumière et ça le faisait grandement chier. Si la première phrase avait été oubliée dans la pénombre (oui oui le son et la lumière sont liés).

- De rien, fit-il.

Sa phrase pouvait avoir un double sens, et il la laissa ainsi. Il n’avait pas eu envie de dire « De rien » pour lui dire de dire « merci », mais bien qu’il était fait de « rien ». La subtilité du langage était compliqué, et il n’avait réellement pas envie de se prendre la tête sur ça. Il l’avait laissé échapper parce que, malgré tout, son cœur tapait un peu trop fort dans sa poitrine. Il avait eu peur pour elle. Raison de plus pour qu’elle se taille loin de lui, non ? Elle serait dangereuse pour son cœur. Pour sa santé mentale. Et il ne laissera pas voir ce qu’il y avait « dessous ». Elle en savait déjà trop. Plus que ce que la plupart des shadows avaient remarqués. Même dans son équipe.

Il n’était pas sociable. Il le savait. Il mettait tout sur le dos de l’arrogance et de la provocation. Il avait de la fierté à montrer et se savait pouvoir être le meilleur. S’il était au top… peut-être que sa sœur serait fan de football et l’aimerait un peu ? Après tout, il faisait parti des footballeurs avec la plus grande popularité. S’il venait à apprendre que sa sœur préféré D’jok à lui, pas sûr qu’il n’exploserait pas. Heureusement pour lui, sa sœur était quelque part, loin, dans la galaxie, adoptée par une petite famille aimante qui la protègerait du mal. Et puis, même si elle préfère D’jok, ça serait pas grave en vrai, parce qu’elle serait heureuse sa petite Lux. Alors il ne bougea pas quand la jeune femme prends sa main contre sa joue, enfermé celle de l’homme entre ses peaux. Il la regarde simplement. Incapable de comprendre ce qu’il se passe dans sa tête à ce moment là.

Il ne réponds pas au « merci » prouvant s’il le fallait que la réponse était bien pour dire ce qu’il était fait et non pour lui demander de la gratitude. Il range son baume qui ne le quitte pas… Quand on est un enfant battu, on apprends à garder ce qui fait du bien avec soi, et tourne les talons en lui disant un « viens », tout simple. Il marche, approchant de l’immeuble pour l’équipe. Il s’arrête parfois, laisse le temps à la blanche de revenir à ses côtés, puis il repart sans « faire attention » si elle le suit ou non. Mais il le sait. Elle suit. Et il s’arrête quand il semble trop loin. Diminue même son allure parfois. Il la ramène devant l’immeuble. Il lui montre l’entrée.

- Voilà.

Il allait tourner les talons, mais son ventre se mit à gargouiller violemment. Ouais, utiliser le fluide ça faisait mal. Déjà, son utilisation était interdite hors des entrainements et des matchs normalement. En plus ça donnait faim avec une telle intensité. En plus, il n’avait pas mangé depuis un moment. Il observa la rue vide d’un regard à peine désespéré. Pas question qu’il rentre pour manger, et pour repartir ensuite. Non. Il n’en avait aucune envie. Il attendrait que quelque chose ouvre, quelque part. Parce que. Il se retourne vers la blanche.

- Sérieusement, Nahara, casse toi. Laisse tomber.

Ooouuuuuuuh le vilain menteur. Les gens fait de rien ne produisent pas autant de souffle. Et encore moins deux. Menteur, menteur. Reste à savoir à qui il est en train de mentir. A elle ? Ou à lui-même ? Elle commence à comprendre le fauve, Nana, alors elle a une assez bonne idée de la réponse. Donc elle n'insiste pas. De toute façon, c'est son nouveau protocole expérimental officiel concernant Sinned. Instiller des idées dans son crâne. Ne pas insister. Le laisser digérer ces idées comme il le souhaite (en l'agressant, en fugant, ou en la suivant … les réponses sont vachement diverses, en vrai … ce qui le rend encore diablement plus intéressant qu'il ne l'est). Et puis recommencer.

En tout cas pour le moment, elle le suit. Plutôt ravie que Sinned ne l'ai pas plantée là. Pas qu'elle en est grand chose à foutre d'être plantée là, mais ça lui donne plus de temps avec lui. Ils sont d'ailleurs officiellement en train d'écraser leur record de temps passé ensemble. Et sans crier, en plus. Enfin plus depuis la dernière fois qu'il a crié quoi.

En chemin, Nahara ne peut pas s'empêcher de traîner exprès. Juste pour voir. Comment il agit. Il l'entend. Sans crier. Elle a grave envie de lui donner une friandise et de lui frotter la tête. Sauf que c'est pas un putain de capucin volant, on se calme Nana !!! Elle se bouffe l'intérieur des joues pour rester calme et rentrer sans déclencher d'autres protocoles expérimentaux foireux à l'encontre du ténébreux qui doit déjà faire de son mieux pour ne pas se casser en courant. (En vrai il a grave raison de la fuir en fait … c'est juste qu'il a pas les bonnes raisons … enfin de son avis à elle …)

"Voilà."

Elle répète en levant les yeux vers le complexe de l'équipe des shadows. Puis les tournent vers le ventre de Sinned qui se manifeste soudain à grand bruit. Avant de les relever vers son regard sombre. "Casse-toi" encore. Nahara sourit à peine.

"Tu sais pourquoi tu es aussi têtu, toi ?" Question rhétorique. "Moi c'est parce que je suis folle dingue. Et les fous, c'est vachement difficile à raisonner."

Même Malvor, son maître, avait abandonné l'idée. Et par là s'entend qu'il avait : 1) finit par accepter de devenir son maître même s'il comprenait pas bien pourquoi elle le voulait lui plutôt que d'autres plus vieux et plus expérimentés. 2) finit par arrêter de vouloir la protéger de tout, et il se contentait de lui donner les instructions pour que ses expériences se passent au mieux et la laissait faire. 3) finit par coucher avec elle, parce que même ça c'était son idée à elle. 4) finit par accepter sans trop de résistance à ce qu'elle aille sur Obscurantis étudier Sinned, lui filant juste un bon gros stock de masques (dont elle ne se servait pas franchement pour l'instant, erm) et de bouffe saine d'Atlantide. D'ailleurs. Maintenant qu'elle y pense.

"Je fais des pancakes aux œufs de dodos à mourir de plaisir. Ou des gaufres. Au choix."

Elle annonce ça comme un fait. Plutôt que de proposer directement à Sinned de lui faire un truc à manger. Parce qu'il refuserait très certainement l'invitation avec la politesse qui le caractérise. Alors elle annonce. Et il fait ce qu'il veut de l'info.

Sinned observe la blanche comme s’il était en face d’un putain d’alien. Et là, il ne parle pas des habitants d’une autre planète au pif. Il parle bien d’une entité nouvelle et inconnue qui débarquerait alors que tout le monde connait déjà la carte de l’univers. Un peu comme s’ils découvraient que certains aliens vivaient parmi eux depuis toujours, invisible car hors du spectre lumineux. Ouais. Voilà. On en revient à la lumière. Nahara, c’était un putain d’alien dans un nouveau spectre lumineux… et qu’importe que la jeune femme ne le remarque pas. Il s’en tape. Il sait qu’il a raison. C’est tout. Il lui laça un mauvais regard quand elle l’appela « têtu ».

- Toi qui parle, fit-il en pinçant ses lèvres violemment.

Elle était encore là alors qu’il l’avait pratiquement … complètement … fin… Putain. Ce qu’il avait fait ne devrait pas être fait, et la « victime » ne devrait pas avoir envie de passer plus de temps avec son « agresseur ». Cela le fait chier. La colère avait obscurci son jugement. Il voulait juste lui faire mal pour qu’elle dégage, pour qu’elle court dans le sens opposé … Mais au lieu de pleurer comme une personne normale, elle continué à lui dire … à lui… Qu’il était têtu.

- Folle, tu l’es, murmura-t-il avant de poser son regard sur elle plus franchement.

Clairement, elle lui donnait l’eau à la bouche. Il n’avait pas mangé depuis longtemps … et il n’avait pas cherché à trouver un endroit où manger mieux ici. Il ne méritait pas de manger mieux. Il n’avait aucune envie de faire mieux. Il ne méritait pas mieux. Cette planète était clairement ce qu’il méritait. Il méritait de ne pas respirer comme il faut, de ne pas être qui il doit. Le fait d’être un grand joueur pouvait l’aider, le sauver, parce que sa lumière principale, quelque part, était peut-être en train de le regarder. Il soupira. Un long soupire. Il avait envie de manger quelque chose de bon pour une fois.

- Cela fera mon salaire alors, fit-il dans l’idée de lui en voler, purement.

Elle n’avait pas proposé de le nourrir, alors il s’invitait. Et il allait même en manger plus qu’elle pour le plaisir de « gagner ». Voilà. Et cela suffirait comme excuse bidon pour cette fois. Parce qu’il avait juste faim… et qu’il n’était pas parti avec de l’argent. Parce que l’argent était pour l’équipe et Sinned n’avait même pas son propre argent. Il était clairement le genre de mec qui avait tout perdu le jour où ses parents étaient morts. Il n’avait rien. Plus rien. Son père et sa mère étaient soldats. Il était la pupille de l’état… et sa majorité avait rendu Sinned à la vie civile sans penser qu’on ne lui avait rien appris. Il finit par sauter, rapidement, sur la façade. Il grimpa tel un singe et arriva devant la fênetre de la jeune femme, qu’il ouvrit de l’extérieur, pour attendre sur son lit. Ouais, voilà. Il se venge de ce qu’elle a fait, elle-même, dans sa chambre. Il a pas du tout la dalle et envie de manger quelque chose de bon. Il observa la porte, rien d’autre, juste la porte de la jeune femme. Il se demanda quoi écrire dessus pour se venger jusqu’au bout.

“Payé en pancakes …”

Nahara commente, amusée, la drôle de réponse de Sinned. En tout cas, sa petite ruse a fonctionné. Et elle est satisfaite. Non pas d’avoir réussit à avoir embobiner (non ok, le mot c’est “manipuler”) le jeune homme, mais juste parce qu’il va manger. Un truc sain qui plus est. Alors oui, elle est contente. Elle le regarde jouer les petits singes en secouant doucement la tête (et en se disant que s’il savait qu’elle vient de le surnommer “petit sing” dans sa tête, il risque de la décalquer contre un mur). Et puis elle pénètre dans le bâtiment par la voie usuelle. Trop classique, nana, elle prend les portes, les escaliers, tout ça. Pour arriver dans sa chambre trois petites minutes plus tard.

Elle constate avec un petit sourire que Sinned est installé sur son lit. Et que ses affaires sont toujours dans le même bordel. Bon en vrai, elle n’a pas franchement moyen de savoir s’il a fouillé ou pas, puisque c’est le bordel. La chambre de Nana est dans un état relativement similaire à celle de Sinned. Tout encore dans les valises, qui dégueulent dans tous les sens. (Et son stock de masque respiratoire encore intact, erm.) Parce qu'elle n'a pas le temps de ranger. Et qu’elle s’en cogne pas mal que cette chambre soit jolie et bien rangée. Une chambre, c’est pour pioncer. Point. Et faire quelques autres trucs qui n’ont pas besoin d’une jolie déco.

“Pancake ou gaufre ?”

Elle se renseigne sur la forme de pâte cuite qu’il préfère, en se rapprochant du réfrigérateur qu’elle ouvre. Et se fait presque aveugler par tout le vert qui en dégueule. C’est une couleur quasi bannie sur Obscurantis, et ça la surprend presque. Déjà plus habituée la petite. Nana attrape deux gros œufs de dodo et rattrape in extremis un melon avec son pied. Elle le garde en équilibre sur sa cheville le temps de poser les œufs sur le plans de travail, et jongle avec le fruit pour qu’il revienne dans ses mains et qu’elle puisse le remettre à sa place. Non, elle n’a jamais joué au foot, Nahara. Elle a juste la fâcheuse manie de faire tomber des trucs et à pris l’habitude de les rattraper avec ses pieds. Enfin y a des trucs qui se rattrape plus ou moins bien. Genre les bouquins, c’est pas facile. Les tubes à essai, c’est impossible. Et c’est pas une bonne idée parce que des fois il y a des trucs suspects dedans … Elle a une cicatrice de brûlure sur la cheville gauche pour le prouver.

Nana ne dit rien du tout. A Sinned en tout cas. Elle chantonne tout bas un air étrange, bizarrement sexy et mélancolique en même temps. Elle aime bien cette chanson. Elle ne comprend pas bien ce qu’elle raconte à vrai dire, mais elle trouve qu’elle correspond pas trop mal à la situation. Quelque part. Enfin peu importe. La jeune femme brise les oeufs, les mélanges à la farine, à un peu de sucre, de rhum, Elle finit rapidement se préparation dans le calme et puis attrape de quoi la cuire selon le désir du jeune homme. Elle n’interrompt sa petite chanson et relève les yeux vers le jeune homme que quelques petites secondes. Juste pour demander :

“Tu veux boire quoi ?”

Sinned aurait peut-être dû fouiller dans ses affaires ? Il ne sait pas. Il avait fait bien pire à la jeune femme question … viole de l’intimité … Il pourrait le faire. Mais il ne le fit pas. Parce qu’il n’était pas en colère comme la dernière fois… Et qu’il s’en voulait déjà assez pour la dernière fois… Alors il avait juste mis ses pieds sur le lit, avec ses chaussures, et il l’avait attendu. Sans rien toucher. Il la regarde rentrer, il la rencontre jeter un coup d’œil à ses affaires. Il aurait dû fouiller dans ses affaires. Pour qu’elle stresse de ce qu’il aurait pu trouver ou non. La prochaine fois.

- Les deux, répondit-il simplement.

Parce qu’il avait la dalle, et qu’il avait envie de tout lui prendre. C’était qu’une petite vengeance. Mais au moins, il avait l’impression que ce n’était pas simplement parce qu’il en avait envie. Et il ne profitait pas de sa lumière, il ne lui faisait pas du mal… Il mangeait juste sa nourriture, c’est tout. Rien de bien … rien de répréhensible. Il la regarde jongler et se surprends à profiter des mouvements de la jeune femme. Il regardait comment son corps attrapa les choses. Il y avait quelque chose de, à nouveau, lumineux, dans ce geste. Il l’écoute. La chanson qu’elle chantonne était clairement tendancieuse. Il s’approcha d’elle et la regarde trimer. Il ne dit rien, observe juste. Profite de cette chanson qu’il n’apprécie pas pourtant. Il la trouve stupide.

Sinned trouve beaucoup de choses stupides. Il n’y a pas beaucoup de choses qu’il apprécie réellement. Rien. Pour tout avouer. Il l’avait dit. Il n’était fait de « rien ». Et c’était largement suffisant pour le faire chier tout le temps.

- Quelque chose de fort, proposa-t-il quand elle lui demanda ce qu’il voulait boire.

Quelque chose qui lui fera oublier les deux jours qu’il venait de passer. Qui lui fera oublier ce qu’il a fait à la blanche. Qui lui fera oublier jusqu’à qui il est. Elle n’avait pas du rhum ? Il est presque sûr d’en avoir vu. Ou cet alcool super fort qui, si on le boit, peut nous rendre aveugle. Il ne veut pas en boire jusqu’à être aveugle mais jusqu’à oublier. Il avise la bouteille de rhum et n’attendant pas en faite qu’elle le serve, attrape la bouteille et se mit à boire à grande goulée. Il boit et laisse même en couler le long de son menton. Il avait besoin d’oublier. Avant d’exploser.

- Tu en veux ? lui tendit-il.

Les deux. Monsieur a décidé de lui casser les pieds ou bien ? Bah. Elle s’en fout, ça ne change pas grand chose. Et c’est pas hyper violent comme vengeance. Moins que ce qu’il lui a déjà fait en tout cas, haha. Erm. Elle s'exécute, termine sa chanson. Propose à boire à Sinned. Elle réfléchit à ce qu’elle a de fort à boire mais il jette son dévolu sur la bouteille de rhum qu’elle a laissée sur le plan de travail. Et bah écoute. Comme ça elle n'a pas à le servir et peut commencer à faire cuire les gaufres et les pancakes en même temps. Et puis le brun lui propose de boire. Elle suspend son geste en l’air, surprise. Le fixe une seconde, et regarde la goutte d’alcool tracer tranquillement son trajet sur son menton.

“Oui. Merci.”

La jeune femme attrape la bouteille tendue par Sinned et l’imite, buvant aussi directement au goulot. Une gorgée nettement plus petite que celle que le brun a pris. Pas qu’elle boit peu. Juste que lui boit vraiment beaucoup. Il a dû se cramer le gosier et l'œsophage. Pourtant il n'a pas cillé. Il aime se faire mal. Ou en tout cas, il se fait du mal. Peu importe la raison pour laquelle il le fait, il le fait. Ça ne lui plaît pas à Nana. Ça la rend triste. Mais ce ne sont pas franchement ses oignons. De l’aider avec ça, oui, mais il ne veut pas de son aide. Alors c’est tout. Elle ne va pas verser dans le pathos. Elle attrape plutôt une serviette et éponge d’un geste très bref, très furtif, mais très doux le menton de Sinned. Elle repose le tissu, mine de rien, bois une nouvelle gorgée en regardant autre part, n’importe où on s’en fout, mais pas lui, et elle pose la bouteille pour terminer de faire cuire les pancakes et les gaufres en silence, cette fois.

Elle entasse les pancakes dans une assiette. Les gaufres dans une autre. Ouvre les placards, parce que la bouffe, c’est le seul truc qu’elle a rangé depuis qu’elle est arrivée. C’est important la bouffe. Et Nahara en sort une bouteille de sirop des lianes d’Atlantide. Des plus vieilles, parce que c’est meilleur. Enfin c’est plus fort. Les jeunes préfèrent les lianes plus jeunes parce que c’est plus doux, et c’est plus sucré. Mais elle, elle préfère quand c’est un plus fort. Et amer.

Elle s'assoit enfin, chope une assiette vide dans laquelle elle met une gaufre et en remplit méticuleusement les alvéoles une après les autres, à raz bord, avant de reposer la bouteille. Heureusement qu’elle en a apporté plusieurs, parce que celle-ci vient de perdre un cinquième de son volume d’un coup. Et puis Nana attrape sa gaufre, mord dedans et en fout PARTOUT. Parce que c’est plus drôle de manger comme ça. Et c’est pour ça, l’assiette vide, pour rattraper tout ce qui dégouline. Le reste, qui ne coule pas dans sa bouche, va se coller sous son nez, sur ses joues, sur son menton et sous son menton, dégoulinant jusque dans son cou. La jeune femme y écrase ses doigts pour essuyer la coulée et éviter que sa finisse entre ses siens. Elle bouffe comme un porcinet parce que c’est drôle, et quand la gaufre est finie, elle relèche ses doigts un par un, avant de choper un pancake pour éponger l’assiette du sirop qui y a coulé.

“Ça te va ?”

Elle ne parle pas du spectacle étrange qu’elle offre, hein. Mais de la bouffe. Même si elle se doute qu’il va répondre un truc super gentil et agréable, comme à son habitude. Elle cherche juste à garder un tout petit peu son attention. Des fois qu’il lui passe par la tête de prendre l’assiette et de se casser manger tout, tout seul dans sa chambre. Ce qui serait fort digne de lui.

Oui. Il avait décidé de lui casser les pieds. Mais ça, normalement, ce n’était pas une nouvelle. Il le faisait depuis son arrivé, et il continuerait certainement encore jusqu’à ce qu’elle abdique et disparaisse de sa vie. Il avait bu, il aurait besoin de plus. Il n’avait jamais pris la décision de fumer. Plus depuis qu’il était devenu un footballeur professionnel. Il aurait peut-être du continuer à fumer de l’herbe pour se détendre. C’était aussi une idée pour voir des éléphants roses et ne plus avoir la vérité sur sa condition dans la gueule à chaque fois qu’il se regardait dans le miroir. Mais bon. Avec une lumineuse dans la pièce, il doute même de réussir à se bourrer la gueule, c’était dire si le monde ne tournait qu’autour de ses princesses trop éclairé. Alors clairement la grosse goulée lui avait fait mal, mais ça lui avait fait du bien. Parce qu’il avait cru pouvoir tout oublier. Sauf que les lumineuses avaient le chic pour prendre la noirceur et essayer de la virer. D’éblouir les sinistres personnes comme lui et les mettre à terre. Le geste de la jeune femme, de l’essuyer alors qu’elle en avait surement aucune envie, le choqua comme se prendre de la lumière après avoir passé trois ans au fond d’une grotte. Ça douille. Et il prend la bouteille pour reboire une grosse gorgée pour oublier l’aveuglement. Il n’allait pas survivre avec elle dans les parages. Il le savait. C’était un putain de fait. Il la regarde faire, tout ça, et il a envie de finir la bouteille d’un coup. De boire le tout parce qu’il allait mourir de toute façon, à l’avoir dans sa vie. Il ne voyait pas comment il pourrait vivre avec une lumineuse dans sa vie, qui essaie de voir ses pires travers. Il refusait cela. Il le refusait du plus profond de son être.

Il attrape lui aussi une gaufre, la prendre entre ses dents, mais le rhum était toujours dans sa bouche. Il la regarde s’en mettre partout. Une idée vicieuse se fait en lui… mais elle ne réagirait pas comme il le voudrait. Bien qu’il s’en veuille de l’avoir agresser, le fait est simple, cela ne l’avait pas fait fuir. Alors il croque dedans, mâche, avale, sent son estomac assez content que l’homme ne l’ait pas oublié, et la regarde avec une sale expression dans les yeux.

- C’est mangeable. Tu n’es pas une très bonne cuisinière. Mais tu me devais au moins ça, après que je t’ai sauvé ton joli petit cul.

Bon. Il avait dit ça avant de réfléchir. Parce que connaissant le phénomène, et ça le faisait chier de voir qu’il la connaissait déjà autant, elle allait presque apprécier le commentaire sur son cul. Le prendre pour un vrai compliment… alors qu’il s’en fou en faite de son cul. Comme de tout le reste. Il s’en tape. Il ne la trouve même pas belle. Juste lumineuse. Il avait pensé à prendre tout et à partir dans sa chambre, mais il n’avait pas envie de croiser ses coéquipiers. Alors il prit une assiette, mit plusieurs dedans, reprit la bouteille de rhum et retourna s’assoir sur le lit de la jeune femme avec ses chaussures. Il mange en silence, alternant les gaufres / pancakes et l’alcool avant qu’il finisse par lâcher la question qui lui brule les lèvres depuis sa rencontre.

- Sérieusement ? Pourquoi tu ne lâches pas le morceau avec moi ? Ce n’est pas comme si ça te fera un second trou du cul si je tombe en effet presque mort pendant un match. Tu n’en as rien à foutre du foot et tu ne me connais pas. Alors pourquoi tu me les casses comme ça ?

Non parce qu’il n’y avait aucune bonne raison à se faire ainsi emmerder par la blanche. Elle ne l’aimait pas, dans le sens connaissances du terme, et sauf ses petites soucis avec le smog il n’avait rien de bien intéressant … alors pourquoi elle ne se casse pas ? La planète était pollué, difficile à supporter, l’ambiance aussi était compliqué… alors pourquoi elle ne laisse pas simplement tomber ? Qu’est ce qui fait qu’elle était aussi têtue pour son cas ? Il prit une nouvelle gorgée et bu, avant de réaliser qu’il avait fini la bouteille. Il fit une moue presque adorable.

- Y a plus de rhum.

Aaaah voilà les gentillesses qu'elle attendait. Il ne la déçoit jamais dis donc. Qu'elle s'attende à ses réactions ou pas. Elle n'est jamais ni déçue, ni ennuyée par Sinned. Heureusement, parce que l'ennuie, ça tue. Nana se demande s'il a vraiment un avis sur son cul, ce qui est une fort mauvaise idée parce que ça lui donne envie de rire alors elle préfère s'étouffer avec son pancake pendant qu'il s'éloigne. Le silence revient presque avant que le ténébreux ne lui pose une drôle de question. Tiens donc ? Presque qu'il s'intéresserait à elle ? Presque hein. Nahara esquisse un sourire en coin qui s'agrandit devant la moue tristouille d'un Sinned à court de rhum.

"Il y a toujours du rhum."

Elle soupire comme si c'était é-vi-dent. Levant les yeux au ciel, elle retourne vers les placards pour en tirer de l'alcool. Et puis elle commence à répondre à la question du jeune homme.

"Ça te choquerait si je te disais que ça n'a rien à voir avec toi ?"

Question rhétorique. Nana ouvre la nouvelle bouteille de rhum mais ne la donne pas à Sinned. Elle reste appuyée contre le plan de travail et en boit une longue gorgée douloureuse en réfléchissant à la suite de sa réponse. Elle connaît la réponse. Et la donner à Sinned ne lui pose pas de problème. Mais il faut qu'elle trouve la formulation adéquate pour qu'il comprenne. Parce que pour la plupart des gens … ses raisons ne sont pas compréhensibles. En même temps, la plupart des gens ne sont pas dans sa situation.

"J'ai besoin de comprendre comment fonctionnent les choses. J'en ai pas ENVIE, hein. J'en ai BESOIN. Je peux démonter et remonter la totalité des objets dans cette pièce, même si ça n'a aucune foutue utilité. Mais j'ai besoin de savoir le faire."

Elle montre d'un geste les appareils électroménagers, la télévision, les lampes, et sa main dessine un cercle en direction de la salle de bain parce qu'elle peut aussi démonter le chiotte et la douche si elle veut. La jeune femme reprend une nouvelle goulée de rhum.

"Le savoir c'est le pouvoir. Je suppose que t'as déjà entendu cette phrase. Et bah c'est ça. Jveux pas de pouvoir sur toi, hein. C'est sur moi que j'en ai besoin. Alors je DOIS savoir comment les choses et les gens fonctionnent et ..."

Et la suite ne va pas lui plaire. Nope. Alors Nahara fronce les sourcils. Boit à nouveau. Réfléchis.

"... et puis je les répare. Et t'énerves pas ! Ça a que dalle à voir avec toi. Jveux pas TE sauver. Je veux ME sauver MOI. Mais je peux pas. Alors je le fais avec le reste. Ça s'appelle de la projection… ou un transfert. Je sais plus. Faudra demander a mon psy."

Ouais. Voilà. Elle lui évite les détails mélodramatiques parce que … et bah parce que tout le monde s'en fout. (C'est faux.) Elle la première. (C'est faux.) Nahara lui lance un regard sombre avant qu'il s'excite de nouveau. Pour rien. Elle ne parle pas de lui. Elle se décolle du plan de travail en buvant une nouvelle gorgée d'alcool avant de poser la bouteille sur la table et de rouler un pancake qu'elle grignote du bout des lèvres en maintenant son regard sur Sinned. Même si elle regarde plus à travers lui qu'autre chose.