Ethan se relève avant de répondre pour aller bloquer l’infirmière. Léo ne comprend pas ce qu’il lui dit. Il l’entend, mais il ne comprend pas... De qui parle-t-il ? De Lydia ? De Malia ?

L’infirmière s’en va et Ethan vient enfin répondre à la question concernant Lydia : elle est en vie.

Sauf que, malgré son état, le garçon voit bien que quelque chose ne va pas... Le rythme cardiaque de Léo s’accélère alors qu’il attend que son jumeau reprenne la parole. Il le peu de sang qu’il lui restait dans le visage disparait à ses mots...

Elle est en vie, pour l’instant...

Le garçon ferme les yeux et serre les dents. Fait chier... c’est de sa faute, quoi qu’en disent les autres. Et qu’ils arrêtent de vouloir le décharger, ça ne sert à rien...  

Il garde les yeux fermés lorsque son jumeau lui enjoint de se reposer. Il est inquiet, et il devrait en vouloir à Léo au lieu d’essayer de le rassurer...

Le garçon tente de respirer le plus calmement possible, mais une boule lui obstrue la gorge. Putain, il ne va certainement pas se mettre à pleurer aussi...  

Lorsqu’Ethan reprend, il finit par ouvrir les yeux, le regard sombre. Son frère l’engueule à nouveau, d’une certaine façon, et il soupire avant de répondre.

”Je n’veux pas de gardes du corps...”

Il tourne les yeux vers Ethan. En plus de s’être fait tabasser à cause de lui, il lui a donné son sang ?! Mais il se fout de sa gueule là... ?!  

Heureusement, il est trop fatigué que pour se mettre réellement en colère, et sa voix est éraillée lorsqu’il reprend, ce qui en diminue grandement l’impact de ses mots...

”Bordel Ethan, vous pouvez dire c’que vous voulez mais tout ça c’est de ma faute, OK ? Arrêtez de vouloir me rassurer en m’assurant le contraire ! Et parce que c’est ma faute et que tu es mon jumeau, je s’rai mort pour toi s’il l’avait fallu ! Et j’recommencerait encore si...”

La porte s’ouvre sur un homme en blouse blanche. Le médecin. Léo grimace d’avoir trop parlé sous le coup de l’énervement et détourne les yeux de son frère pour cacher les larmes qui tentent d’en sortir. Le médecin, trop occupé que pour prendre le temps de laisser la tension redescendre, s’approche du lit en lisant un bloque note.

- Monsieur Léo Collins. Notre petit miraculé. Vous m’avez l’air en forme pour quelqu’un qui vient de passer trois jours dans le coma après avoir reçu une balle...

Léo écarquille les yeux malgré lui. Trois jours ?! Et cela signifie également que ça fait trois jours que Lydia est entre la vie et la mort...

Le médecin demande à Ethan de sortir le temps de l’examen. Léo doit lui assurer que ça ira pendant bien deux minutes pour avant qu’il ne consente enfin à quitter la chambre. Le médecin ausculte alors le blessé et lui fait le topo sur son état.

- La balle a touché votre estomac. Nous avons dû vous opérer pour l’enlever et refermé tout ça. Vous devrez manger des petites quantités régulières pendant plusieurs semaines le temps que ça cicatrise. Si vous gonflé trop votre estomac, ça risque de rouvrir la plaie. Etes-vous anorexique, monsieur Collins ?

Léo ne cache pas sa surprise face à cette question.

”Quoi ? Non ! Je...”  

- Vous êtes beaucoup trop maigre pour votre âge et votre taille...  Si vous voulez guérir, il faudra manger équilibré et régulièrement. Vous recevrez une liste d’aliments déconseillés ou non. La mère de votre amie m’a expliqué vos soucis alimentaires, c’est une forme d’anorexie, bien que liée au stress... Après ce que vous venez de vivre, vous allez devoir suivre une thérapie. Vous auriez déjà dû commencer après votre diagnostique. On ne règle pas des soucis alimentaires juste avec des shakes nutritionnels et des soupes, jeune homme...

Léo garde le silence. Le médecin sait déjà tout, évidemment...

Il aurait dû voir quelqu’un, oui... mais faut croire qu’il préfère s’auto-saboter plutôt que de se prendre en main... Sauf qu’il n’aura plus le choix, désormais...

Le médecin reprend d’une voix un peu plus douce tout en examinant la plaie.

- Vous ne pourrez fournir aucuns efforts tant que ça ne sera pas cicatrisé. Vous aurez une radio tout à l’heure afin de s’assurer que tout est bien en place. Vous aurez également de la rééducation. Vous serez en notre compagnie quelques semaines, sachez-le.

Magnifique... au moins, il sera obligé de manger et de ne rien faire... Ca promet...

Le médecin quitte la chambre en indiquant à Ethan qu’il peut rentrer à nouveau. Léo est épuisé, mais s’efforce de garder les yeux ouverts, fixés sur son jumeau.

”J’ai oublié d’lui demander si j’pouvais boire...”  

Il ne veut pas revenir sur la conversation que le médecin à interrompue... pas maintenant... Il y a trop à encaisser, trop à digérer... trop...

Ethan sourit en secouant la tête, il est presque désolé pour son frère pour le coup… et il préfère sourire d’une ironie parfaitement injuste que de pleurer de la réalité qui l’était encore plus.

- Mon frère, c’est le dernier ordre que Lydia est donnée, tant qu’elle ne viendra pas les trois malabars te colleront au train. Et la mère de Lydia l’a ordonné aussi, alors…Si ça peut te rassurer, elle en a embauché pour moi aussi, au cas où.

Pas comme s’il est important dans cette histoire, mais il a appris à ne jamais chercher quand une rousse décide de faire quelque chose. Il ne va pas non plus aller contre une tornade, de peur de se faire emporter. Ethan écoute la diahrée verbale de son frère et fait un autre sourire… qui voulait clairement dire « cause toujours tu m’intéresses » et un sourire un peu plus doux quand il dit qu’il mourrait pour lui, qu’on peut traduire par « on n’est pas dans la merde ». Parce qu’Ethan pourrait mourir pour lui. Le médecin arrive et le coupe dans son vomi d’auto flagellation qu’Ethan contre dégommer. Il se fait sortir mais il reste bien devant la porte. Ainsi, en blouse de malade et contre le mur, on peut voir qu’il est un patient échoué mais personne n’eut l’outrecuidance de lui demandé de partir ou de retourner dans sa chambre. Ce n’est qu’à cause des différents niveaux de gravité qu’il n’a pas été mis dans ce service, et il ne quittera pas son frère. Point final.

Quand il rentre à nouveau le médecin ne lui dit rien. Il pince les lèvres. Il a envie de le secouer et ce désir flamboie dans son esprit avec une telle force qu’il se sent trembler. Quand Léo lui pose la question, il repart à côté de la porte et attrape une femme pour lui poser la question. Il revient penaud.

- D’ici quelques minutes, tu vas avoir une radiographie, m’a dit la madame. Donc tu ne peux pas boire parce qu’ils vont te donner un liquide iodé pour voir si, il grimace à l’idée, si tu n’as pas des fuites dans l’estomac qu’il faut colmater. Et elle a rajouté que tu n’as pas réellement soif parce que la perfusion te donne ce qu’il faut pour ça. C’est juste que tu as la bouche sèche.

Il se rassit et craque ses doigts, un à un, pour se donner l’impression de gérer quelque chose au moins dans ces jours qui viennent de s’écouler. Il finit par pincer les lèvres.

- Le médecin a déjà dit à notre mère que tu va avoir besoin de nous. Alors arrête de me fuir, ou je jure que je vais nous acheter des menottes qui ne s’ouvrent pas, et tu ne pourras même plus aller chier en paix, menace-t-il en se relevant alors qu’il sentait la bougeotte le gagner.

Sur son visage, on peut lire une peine et une peur qui restent coller à son faciès comme un masque. Il reste aussi des bleus et des marques qui prouvent les évènements des derniers jours. Ethan observe son frère. Son jumeau. Le plus gros abruti de la terre alors qu’un nouveau pic de colère se fait sentir.

- Je vais choper la femme, comme ça tu passes ton examen, tu peux boire et on pourra se disputer. Tu arrêteras de te sentir coupable et je pourrais te frapper à mor…

Une femme arrive sur ces paroles. Ethan rougit. Il se sent gêné qu’on l’entende ainsi proférer des menaces sur son frère. L’infirmière vérifie les constantes de son patient et prépare un verre en plastique bleu qui dégage une odeur affreuse. Ethan fait un mouvement de dégoût.

- Heureusement que ce n’est pas pour vous, fait-elle remarqué à Ethan qui avait toujours le regard horrifié, avez-vous pris vos pilules ce matin ?
- Bien sûr ! mentit-il sans chercher à jouer la comédie.
- Votre frère, reprend la femme en tendant le verre à Léo, pense que s’il prend ses médicaments et dort un peu, vous allez disparaître. Même s’il ne fait que vous insulter depuis trois jours… C’est à peine si on arrive à le garder dans sa chambre.
- Je veux juste rester pas loin. Je peux dormir ici maintenant qu’il est conscient ?

Elle soupire avant de secouer la tête. Les médecins ont déjà pris des initiatives pour faire ça. Une fois que Léo est réveillé, il ne peut pas rester dans une salle pour les personnes qui sont inconscientes alors mettre les deux « jumeaux » ensemble, ça fait un gain d’une place. Ce n’est pas négociable. L’infirmière secoue la tête pour expliquer cette histoire d’iode mais Ethan précise qu’il a déjà expliqué. Elle prend une chaise roulante et l’approche mais Ethan est déjà en train d’aider son jumeau. Ou en tout cas, il propose son aide en lui tendant la main et en le regardant droit dans les yeux.

- Allez, tu es plus seul, laisse-moi t’aider, connard.

Oui. Bon. Il ne pourra pas enlever la colère de son mouvement stupide de venir lui sauver la vie comme ça. Ethan aurait préféré être le seul à l’hôpital… et certainement que Lydia aussi aurait préféré être la seule blessée. Mais ça n’empêche qu’il faut qu’il accepte qu’il n’est pas coupable.

Ethan affirme que Léo n’a pas le choix pour les gardes du corps. Lorsqu’il lui précise qu’il en a aussi, ça le rassure en effet, mais pas comme il le pense...

Après le passage du médecin, Ethan va se renseigner pour le fait de boire et reviens, penaud. Le garçon écarquille les yeux lorsqu’il lui annonce ce qu’il va subir et se rembruni quand il lui sort que, selon l’infirmière, il n’a pas vraiment soif.

”Putain, j’aurai mieux fait de rester dans le coma... Et c’est pas la perfusion qui va m’empêcher de me dessécher...”

A peine réveillé et il doit déjà faire des examens, super...

Lorsque son jumeau reprend la parole, il tique enfin sur un détail, et ce n’est pas les menottes et la nouvelle menace de son jumeau...

”Catherine n’est pas en train de consolé son mari du fait qu’on ne soit pas mort ?”

Il ne sait pas que leur mère est restée à l’hôpital la plupart du temps, et notamment à son chevet. Il ne se rappel pas la présence féminine durant son sommeil. Ses mots sont amers, mais en voyant l’expression de son frère, il s’efforce de reprendre d’une voix moins rude.

”J'veux pas m’battre contre toi, Ethan... Et j’vais pas mourir, ok ? Alors arrête de t’inquièter...”

C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité, pour le coup...

Mais l’infirmière revient, vérifie que tout va bien et prépare la fameuse boisson que Léo est sensé boire avant sa radio. Ça pue, mais il a tellement soif qu’il le boit d’une traite avant d’avoir un haut le coeur.

”C’est immonde...”  

”Mais nécessaire.”

Lorsque la femme précise à Léo que son frère ne se repose pas comme il devrait, ni même ne se soigne correctement, c’est à son tour de fusiller son jumeau du regard.

”Tu t'fous de ma gueule ? Si tu veux que j’me soigne correctement, commence par me montrer l’exemple, crétin !”

L’infirmière fait des yeux ronds.

”Et bien... il faut croire que les insultes sont de famille...”

En d’autres circonstances, Léo aurait ri, mais là il reste parfaitement sérieux en ne quittant pas son frère des yeux.

Mais il doit aller faire sa radio, et Ethan lui tend la main pour l’aider à passer du lit à la chaise roulante. Le garçon reste immobile un instant avant de la prendre. Le moindre mouvement lui provoque une douleur qu’il n’avait encore jamais connue malgré ses nombreuses blessures. Il n’avait jamais eu d’organes touchés jusqu’à maintenant, aussi...

Le simple fait de s’asseoir dans le fauteuil le vide de son énergie et il manque de s’évanouir. Mais il parvient à rester conscient. Il s’adresse alors à son frère d’une voix fatiguée.  

”Va t'reposer. Il ne va rien m’arriver pendant l’examen à part peut-être le fait que j’m’endorme, t’inquiète...

Puis faut veillez sur Lydia...”  

Il est en vie, mais si elle meurt... il ne se le pardonnera jamais...

- Hé ! contre Ethan tout de suite, tu es mieux réveillé. Cela enlève une grande pression à toutes ces personnes que j’ai menacé de frapper à mort si ce n’était pas le cas.

Et il déconne qu’à moitié… il a, en effet, insulter et menacer la moitié des gens jusqu’à ce que sa mère, -bon dieu que c’est bizarre de le dire-, le calme et prenne les choses en main… en insultant les personnes avec plus de subtilité tout en les menaçant avec plus de nuance. Les chiens font pas des chats comme on dit. Et pour le coup, sa mère a réussi là où lui n’arrivait à rien faire. Donc. Il tique d’ailleurs quand Léo parle de leur mère… il ne sait pas comment lui expliquer, mais son visage exprime son sentiment d’étrangeté.

- Catherine… C’est… Elle est restée avec toi presque deux jours. J’ai à peine réussi à la faire partie pour aller dormir. Elle ne t’a pas quitté.

Il ne sait pas, Ethan, pourquoi. Ce qu’il sait ? Elle n’était pas maquillé, ni coiffé, elle n’a que peu dormi et surtout elle semblait aussi attaché à l’un qu’à l’autre. Il se demande si une discussion avec la mère de Lydia n’a pas réveillé ses instincts maternels, et ça fait un peu peur à Ethan, qui n’a aucunement l’habitude d’avoir une mère. Il ne dit pas tout de suite à son jumeau qu’elle a même parlé de divorce… et de virer le père Maguire. Parce qu’Ethan ne sait pas si elle le fera… mais rien que d’y penser ça l’étonne et le surprends tout à la fois. Ethan soupire.

- Tu as plutôt intérêt de pas mourir, pour ce qui est de ne pas m’inquiéter, tant que tu ne seras pas sur un ring pour essayer de me donner une patate, je ferais ce que je veux.

Pour le moment, Ethan n’aurait qu’à atchoumer pour battre son frère, alors il s’inquiète s’il veut, ok ? Puis d’abord, c’est lui le seul qui est resté éveillé pendant trois jours pendant que les deux autres se tapaient un sieston d’insouciance et de risque de mourir, alors… prout. Voilà. Il réagit de manière mature. Prout. Il lance un regard noir à son frère.

- Si elle m’avait pas balancé tu n’en aurais rien su, rétorque-t-il avant de lancer un regard pareil à l’infirmière qui lève les mains en l’air.

Il l’aide à se mettre sur la chaise et secoue la tête pour dire qu’il est hors de question qu’il dorme.

- Votre frère sera transféré dans votre chambre, on vous le ramène après l’examen.
- Mais…
- Et il va devoir se mettre tout nu pour passer la radio, continue l’infirmière fortement avant que Ethan n’abdique.

Il repart dans sa chambre, un étage au-dessus alors que l’infirmière tapote l’épaule doucement de Léo.

- Ne vous en faites pas, vous n’aurez pas à être nu. Et Lydia n’est pas en état de recevoir de la visite, mais tout ira bien. Elle a le meilleur chirurgien du pays avec elle.

Enfin, elle l’espère elle aussi. Depuis trois jours, elle a eu assez de larmes d’Ethan pour en être attendrit. Elle amène Léo pour son examen, le fait se coucher sur une table qui prend en compte l’iode dans son organisme pour voir son écoulement le long de ses organes. Elle vérifie les fuites éventuelles. Mais ça va. Il n’a rien. Il l’aide à se remettre d’aplomb avec un sourire indulgent et rassurant. Il la ramène dans une autre chambre, comme elle a prévu…mais juste avant d’arriver, Malia sort de la chambre et le voit. Elle s’approche en courant.

- Mon Dieu ! Léo ! Je suis si contente que tu ailles bien, crie-t-elle un peu fort avant de faire un mouvement pour se taire.

Elle lui embrasse la joue avant de regarder s’il va bien, comme si elle peut trouver toutes ses pathologies dans ses prunelles. On finit par lui dire de partir et l’infirmière rejoint Ethan dans sa chambre. On peut sentir fort les fleurs et un burger.

- Ethan Quinton Maguire ! Avez-vous encore demandé à votre amie de ramener de la nourriture de l’extérieur ?
- Nopch, répondit-il clairement après avoir avalé le burger sans attendre.
- Mon Dieu. Vous êtes un gouffre sans fin.

Très clairement, pense Ethan alors qu’elle aide son frère à se mettre dans son lit avant de les laisser. Elle précise qu’un repas sera proposé dans deux heures et que Léo peut boire maintenant. Elle disparaît. Ethan sourit.

- J’ai aussi des bun’s, des frites, des nuggets, un autre burger et plusieurs paquets de biscuits… Si tu as faim.

”C'est à se demander comment tu ne t’es pas fait virer de l’hôpital...”  

Léo sourit faiblement. Mais son sourire s’évanoui lorsque son jumeau reprend par rapport à leur mère. Il n’a pas l’air surpris par ses paroles, il est juste... dubitatif. Non pas parce qu’il se questionne sur le pourquoi elle serait restée à son chevet, mais plutôt sur la véracité des dires de son frère. En réalité, il n’en croit pas un mot, mais il se garde bien de le dire vu la tête d’Ethan. Il y croit, lui...

Lorsqu’il essaie de rassurer son jumeau, ce dernier lui répond avec un soupire. Il continuera de s’inquièter, Léo n’en doute pas... et en soi il ne peut pas vraiment le lui reprocher, même s’il estime qu’il devrait être en colère contre lui plus qu’autre chose...

Lorsque l’infirmière arrive et explique qu’Ethan n’est pas le patient le plus assidu des lieux, celui-ci lance un regard noir aux deux, reprochant à la jeune femme de l’avoir “balancé”.  

”J’aurai fini par le savoir...”

Tout se sait ou presque, avec son jumeau...

Une fois dans la chaise, Léo peine à rester éveillé. L’infirmière bataille pour qu’Ethan accepte de le laisser mais lui n’a plus la force de dire quoi que ce soit. L’inquiétude se lit clairement sur son visage lorsqu’elle lui affirme que tout ira bien pour Lydia, mais il garde le silence.  

L’examen est rapide et sans douleur, du moins pas plus que celle, constante, qui vrille son corps tout entier.  

Au retour, il constate qu’en effet il ne retourne pas dans sa chambre. Il a besoin de dormir, mais quelque chose lui dit que ça n’est pas encore pour tout de suite... Et en effet, avant même d’atteindre la porte, Malia apparait et se précipite sur lui. Aller bien est un bien grand mot, mais Léo s’oblige à sourire malgré qu’il peine à garder les yeux ouverts.

”Salut Malia... Désolé de t’avoir inquiétée...”

Heureusement, la brune est rapidement congédiée. Léo adorerait passer un peu de temps avec elle, mais pas tout de suite... il est bien trop fatigué pour ça...

Dans la chambre, il a un haut le cœur lorsque l’odeur lui assaille les narines. Trop occupée à rabrouée son jumeau, l’infirmière ne le remarque pas. Elle l’aide à s’allonger dans son nouveau lit, rebranche tout ce qui doit l’être et, avant qu’elle ne sorte, il lui demande pour ouvrir la fenêtre, sans préciser que l’odeur lui donne mal au cœur...

Son frère est un gouffre sans fond, oui...

Une fois les deux frères seuls dans leur chambre, Ethan propose à manger à son frère, tout sourire. Léo ferme les yeux et grimace.

”J’veux juste de l’eau... et dormir...”

Il ne sait pas si le médecin a parlé de l’anorexie à son jumeau. Même si ce n’est pas conscient, le garçon se sent quand même mal par rapport à ça. Sans rouvrir les yeux, il reprend en soupirant.

”J’peux pas manger trop d’un coup, ni c’que j’veux... et je doute que le fast-food fasse partie des aliments conseillés...”

Il s’efforce de sourire sans même savoir si son frère le regarde. Et, malgré tous ses efforts pour rester éveillé, il finit par s’endormir, épuisé, sans même avoir bu.

Il est réveillé deux heures plus tard avec l’arrivée du repas. Il fixe le plateau posé devant lui d’un air encore ensommeillé. Un bol de soupe plus froide que tiède, une tranche de pain avec du fromage blanc et un yaourt. L’infirmière arrive pour lui expliquer son nouveau régime et lui donner une feuille explicative. Pas de chaud dans un premier temps, des aliments “mou”, non acides, etc... et surtout un apport complet en vitamines, protéines et féculents à chaque repas.

"Punaise... C’est pire qu’un régime de miss monde ma parole...”

Mais au moins, ce premier repas ne le change pas vraiment de d’habitude...

Ethan comprend vite que l’odeur dérange. Ce n’est pas comme si on ne lui a pas déjà dit. Mais il a faim. Bordel qu’il a faim. Et depuis qu’il est là, il a mangé encore plus jusqu’à s’en faire mal à l’estomac. On lui a demandé de se gérer, mais il a réussi à « mentir » à Malia pour qu’elle l’aide à se nourrir. Elle sait qu’il a besoin de nourriture. Elle sait qu’il mange beaucoup. Et elle connait les repas de l’hôpital. Donc. Un plus un faisant d’eux, elle décide de l’aider. Mais il mange beaucoup trop. Le psychiatre qui est venu le voir, parce qu’il a tout de même était kidnappé et torturé dans une moindre mesure, explique qu’il compense son stress en nourriture. Que c’est une action qu’il a toujours fait et qu’il doit absolument arrêter, parce qu’il doit apprendre à gérer sa panique et sa peur autrement que par l’engouffrement de tonnes de nourriture. Il lui a dit bien proprement d’aller se faire foutre. Il mange parce que son jumeau dormait dans un semi-coma et que sa meilleure amie est toujours en bloc opératoire. Pas depuis trois jours, non, mais depuis au moins six heures, ressenti comme vingt jours dans son cœur. Alors, il bouffe. Et merde. Il ouvre sa fenêtre aussi et regarde son frère dans le lit exigue. Parce qu’ils sont riches et que leur mère est influente, ils ont le droit à un lit moins étroit, mais ça reste un lit une place. Il repense au visage de son frère, qui ne le croit pas du tout pour Catherine. Ouais. Lui non plus ne l’aurait pas cru si on venait à lui dire que sa mère psychopathe qui lui rappelle toujours qu’elle est la seule à l’aimer est en réalité une mère inquiète. Est-ce que c’est possible que son père soit obligé sa mère à choisir ? Est-ce qu’elle a voulu Léo comme lui ? Après tout, elle a tout de suite su que l’autre amant était mort pour demander Léo. Il n’a même pas eu le temps réellement d’aller dans un foyer alors… Est-ce que … ?

Il entend un sifflement de la part de son frère. Il tourne la tête. Son frère dort déjà. Il finit de manger pour prendre une douche. Lui, il n’est relié qu’à un machin sur le doigt pour vérifier que son cœur bat, et même s’il l’enlève, plus personne ne vient le voir. Il prend une douche et remplace l’odeur de nourriture par celle, plus agréable, du jasmin et de la vanille. Il revient dans la chambre. Son frère dort encore. S’il ne se réveille pas… Il a si peur. Il se met en tailleur sur son lit et regarde son frère dormir. Parfois, il s’approche et repousse une mèche de ses cheveux, il le voit respirer. Quand il se fait réveiller pour le repas, Ethan fait clairement une grimace devant le repas. Quand on lui porte son repas, presque pareil sauf que la soupe est en réalité du riz qui baigne dans une sauce étrange, il a un regard horrifié. L’infirmière lui précise que Léo a un régime strict, et que lui va devoir s’y mettre. D’ailleurs, elle lui a confisqué sa nourriture.

- Mais mais… je vais mourir ! J’aurais tellement faim que je risque de devoir manger mon frère ! C’est ce que vous voulez ? Me faire devenir un cannibale et que je mange mon propre jumeau à cause d’une fringale ?

La femme ne se démonte pas et lui laisse son repas, avec d’ailleurs des pilules qu’il doit prendre pour se soigner quelques plaies qui ne sont pas belles. Il n’a pas pris de balle, réellement. Pas comme Lydia ou Léo où il a fallu aller les chercher, mais il s’est pris assez de coup pour avoir la mâchoire toute bleu et des hématomes sur le torse digne des disputes avec son père. Sauf que, il vient de l’apprendre, un gros bleu c’est une hémorragie interne qu’il faut vérifier. Il ne le savait pas. Lui, avoir des marques, ça ne l’a jamais choqué plus que ça. Il baragouine et mange en silence.

- C’est pas bon, ça pue, j’ai faim, et toi tu vas vite aller mieux pour qu’on aille se faire un restaurant à volonté où on se pète le bide jusqu’à rouler, qu’il menace.

Une fois le repas terminé, on vit leur prendre les plateaux. Ethan défie l’infirmière de lui faire un commentaire sur le fait qu’il est laissé son fromage. Même s’il mange tout et son inverse, il ne fera jamais confiance à un fromage qui à l’apparence de plastique visuellement. Il ne faut pas beaucoup de temps pour que son jumeau se rendorme. Ethan reprend sa surveillance, d’abord en tailleur dans le lit, puis à côté de son frère pour lui enlever ses mèches rebelles. Il essaie de lui parler.

- Dis, tu dors ?

Pas de réponse. Il vérifie que personne n’approche… et il pousse un peu son frère pour se mettre dans le lit avec lui. Ouais. Il lui fait un câlin. Oui. Il lui a dit dans sa lettre qu’il aimerait pouvoir l’avoir pour chasser ses cauchemars auprès de lui. Comme deux frères dans les séries, qui dorment dans les lits superposés. Il s’endort en prenant le moins de place possible… Il a une main qui emprisonne le poignet de Léo, comme s’il était continuellement en train de vérifier son pouls, au cas où.

Il fut réveillé par l’arriver de Maurice, l’un des gardes du corps qui a été assigné à Léo. Ethan papillonne des yeux quand Maurice dit que quelqu’un veut voir Léo. Ethan se réveille totalement. Qui que ce soit, d’abord il prend les armes et ensuite on vérifie s’il a le droit de l’approcher. Il se tourne vers Léo (//Qui peut donc être réveillé à l’instant, depuis un moment, ou réveiller par Ethan, dans tous les cas, il est à peine sorti du lit héhé)

Le plateau d’Ethan n’est pas très différent de celui de son frère, ce qui effare le jumeau. Lorsqu’il menace de manger Léo pour compenser, ce dernier à un petit rire qui le fait aussitôt grimacer.

”T’auras pas grand-chose à manger non plus avec moi...”

Il a perdu tellement de poids en si peu de temps... lui qui n’était déjà pas très épais...

L’infirmière ne se laisse pas attendrir et s’en va en les laissant comme ça. Ethan est donc obligé de manger ce qu’on lui a apporté, ce qu’il fait en bougonnant et en affirmant à son frère que ce dernier a intérêt à guérir vite pour qu’ils puissent aller se faire péter la pense dans un resto à volonté.

”Ouai, ça serait cool...”

Il réplique avec un petit sourire, pour rassurer son jumeau. Il n’est pas vraiment tenté par un resto, là tout de suite, et surtout il se doute qu’il va lui falloir beaucoup de temps avant de pouvoir remanger correctement... Mais il garde ces réflexions pour lui, et il sourit, parce qu’Ethan s’est déjà assez inquiété comme ça...

Léo a bu toute sa bouteille d’eau et doit se forcer à manger, lentement et à petites bouchées. C’est fade... même pour lui...

Ethan mange tout, sauf le fromage, malgré ses plaintes. Et une fois les plateaux débarrassés, le garçon se rendors rapidement, épuisé.

Il ne sait pas combien de temps il dort, mais lorsqu’il émerge, il est surpris de voir son jumeau dans son lit, endormit contre lui et lui tenant le poignet comme s’il avait peur qu’il parte. Il pique aussitôt un fard et est soulagé que personne ne soit là pour le voir...

Il s’apprête à réveiller son frère lorsque l’un des gardes du corps débarque, s’en chargeant à sa place. Pas gêné pour un sou, Ethan se lève lorsque le garde dit que quelqu’un veut voir Léo. Le garçon fronce les sourcilles en se demandant bien qui ça peut être (si ça avait Malia le garde l’aurait laissé entrer sans rien dire...). Curieux et malgré le regard inquisiteur de son frère, il fait signe au garde de laisser rentrer la personne. Cela lui évitera au moins de devoir revenir sur ce moment gênant au réveil...

Moins d’une minute plus tard, un grand type entre dans la chambre et se rue sur Léo pour l’enlacer. Ce dernier l’a reconnu tout de suite.

”Tyler, tu m’fais mal...”

Sa voix est étouffée par son ami qui se recule aussitôt et lui fait une pichenette sur le front.

”Espèce d’abrutit profond ! J’ai cru que t’étais mort ! Je t’avais dit de pas faire de conneries ! Mais non, monsieur en a fait qu’à sa tête, comme toujours !”

Le regard de Léo est posé sur son jumeau afin de lui indiquer que tout va bien, puis il revient sur Tyler qui continue de l’insulter pendant encore quelques secondes avant qu’il ne puisse en placer une.

”Comment t’as su que j’étais là ?”

Tyler secoue la tête pour dire que ça n’a pas d’importance puis il se tourne vers Ethan, se rendant enfin compte de sa présence. Un grand sourire apparait alors sur son visage et il lui tend la main d’un air décidé.

”Tu dois être le fameux jumeau. Tyler Powell, enchanté. C’est moi qui prenais soin de ce p’tit con avant qu’il ne débarque chez toi.”

Léo roule des yeux avant de répliquer dans sa barbe, qu’il n’a pas...

”Ethan, j’te présente mon chef et ami...”

Il n’a jamais dit à son jumeau qu’il était dans un gang de rue, à New-York. Mais sur le coup, il ne fait pas attention à ses paroles. Il ne sait pas comment Tyler a fait pour venir jusqu’ici, mais ce qu’il sait c’est qu’il n’est pas prêt de se reposer...

Il a du mal à émerger et il ne fait même pas semblant d’avoir oublié sa position. Il se met juste instinctivement entre lui et l’inconnu qui débarque. Il n’a pas envie de voir son frère encore blessé… Léo est venu pour aider Ethan. Ethan compte lui prouver à quel point ça compte pour lui. Son frère n’a pas hésité et Ethan n’hésitera jamais, non plus. C’est ainsi qu’il décide de vivre sa vie avec son jumeau nouvellement obtenu, et avec un frère différent. Il reste tendu, même quand l’homme se présente.

Mais il papillonne aussi des yeux plusieurs fois, se demandant si le manque de sommeil des derniers jours ne le faisait pas délirer. L’homme qui débarque est étrange, et Ethan ne lui ferait pas confiance, même si c’est la dernière chose qu’il doit faire. Il ne le connait pas et il sait que les monstres ont pleins de visages différents. N’empêche… Quand l’homme parle, après l’étreinte avec son jumeau, Ethan s’éveille totalement. Il l’écoute l’insulter et à presque envie de l’applaudir pour tout. Certes, grâce à Léo il est en vie. Et aussi grâce à Lydia… mais n’empêche que ça reste un abruti d’avoir fait tout ça. Alors même s’il ne connait pas du tout l’homme en face de lui, il lui donne raison. Il fait un mouvement de tête pour accentuer le fait que l’inconnu marque des points dans la discussion.

- AH ! Merci ! Je suis d’accord avec vous, pour l’abruti et tout le reste. Je suis le jumeau, Ethan.

Il est le jumeau, mais ça ne le dérange pas. Il sait ce qu’il est, maintenant. Il est un frère. Et les frères ça botte les culs de ceux qui veulent du mal… et bien, à leur frère ? Ce qui donnerait raison à Léo d’être venu… DONC. BREF.

- Chef de ?

Il se demande un instant si son frère a commencé un travail alors qu’il était sous la supervision de son père. Cela étonnerait beaucoup Ethan, puisqu’ils étaient souvent ensemble, malgré qu’ils s’évitaient une partie du temps mais…

- Hein ? reprends-t-il en ayant bien conscience d’avoir la tête d’un mec qui ne comprends rien à rien. Attends… de quoi on parle ?

D’instinct, il se remet entre son frère et l’homme. Même s’il lui a fait un câlin, on ne sait jamais avec les gens versatiles qui mouillent dans des choses pas nettes, hein. Il le toise un instant et ne cherche pas à bouger.

- Si les connards sont morts, c’est de la faute à eux-mêmes, donc il ne faut pas que ça lui retombe dessus. S’il faut de l’argent ou quoi, je prends sa place mais lui il a fait son taf, il ne doit plus rien, compris ?

Ouais… Même s’il y a un câlin… ça n’empêche que ça reste suspect et qu’il n’aime pas l’idée que son frère puisse être encore en danger.

Lorsque Tyler se présente, Ethan valide sa tirade envers Léo. Le chef sourit de plus bel.

”Enchanté, Ethan.”

Mais le jumeau bug alors sur les deniers mots de Léo, ayant bien entendu le mot “chef” et ne comprenant pas de quoi son frère parle. Tyler se tourne alors vers Léo, soudain mal-à-l'aise, ne sachant pas ce qu’il peut dire ou non... Léo, lui, prend seulement conscience de ce qu’il vient de lâcher et il blêmit un peu plus qu’il ne l’est déjà.

Alors que le silence plane, Ethan vient se placer entre les deux membres du gang et commence à vouloir jouer les héros en prenant la défense de son jumeau. Si Léo est touché sur le coup, il est également agacé. Il soupire et attrape doucement le bras de son frère pour le faire se tourner vers lui.

”Réfléchi, avant de porter des conclusions hâtives...”

Tyler éclate alors de rire et vient poser une main sur l’épaule d’Ethan dans un geste amicale.

”Crois moi, ça nous arrange bien que ces salopards soient enfin hors d’état de nuire. Pour ma part, jamais je n’ferai de mal à Léo, il est comme un frère pour moi. On est sa famille ! Enfin... celle de New-York, du coup...”

Léo laisse retomber sa tête sur son oreiller et soupire de nouveau. Il n’a pas de raison de cacher le gang à son jumeau, juste... c’est son monde, pas celui de son frère... et même s’ils commencent enfin à trouver un équilibre, bien que précaire, il n’est pas certain de vouloir le mêler à son passer... enfin, encore plus...

Tyler jette un regard à Léo avant de reprendre pour lui.

”J'suis le chef d’un petit gang de quartier à New-York. Les Red Fox. Léo est l’un de nos membres. J’te rassure, on a rien du gros cartel, on est juste... des gamins des rues, si on veut.”

Des gamins des rues, oui... Léo remarque que Tyler a parlé au présent, le considèrent toujours comme des siens. Il sourit malgré lui, mais son sourire se fige lorsqu’il tourne le regard vers son frère. Il finit enfin par prendre la parole.

”Je n’serais plus là depuis longtemps sans eux, et particulièrement sans Tyler, alors interdiction de lui casser la gueule...”

C’est grâce au gang qu’il a pu survivre toutes ces années. Combien de fois Tyler ne l’a pas hébergé lorsque son père le foutait à la porte ou était trop saoul ? Combien de fois n’a-t-il pas été récupéré et soigné par l’un des membres après une rouste ? Certes, les Red Fox ne sont pas des enfants de cœur, mais ils sont loyaux les uns envers les autres et chaque membre donnerait sa vie pour les autres.